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L’origine du délire (sur L’Origine du monde de Courbet)

Ce sexe qui dérange

D 2 février 2018     A par Viktor Kirtov - Albert Gauvin - Jean-Paul Fargier - C 41 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Facebook devait répondre ce 1er février d’accusation de censure devant la justice française, pour avoir suspendu le compte d’un internaute ayant partagé L’Origine du monde de Courbet (cf. message ICI). Mais comme à son habitude, le géant américain a préféré prendre des chemins détournés plutôt que de répondre à la question. » (Marianne, 01-02-18). Cette décision de justice est « extrêmement importante » d’après le spécialiste de l’oeuvre Thierry Savatier, car « nous n’avons aucune jurisprudence sur l’oeuvre d’art et la pornographie » et « il est important qu’un tribunal français puisse dire si oui ou non une oeuvre d’art peut-être pornographique ». Jugement le 15 mars.

Interview de Thierry Savatier dans "Calmos" sur Couleur 3 (2 février 2018).

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Sous le titre « L’origine du délire » paraît dans la dernière livraison de l’Infini n° 97, hiver 2006, un article de Sollers préalablement publié le 15 juin 2006, dans le Nouvel Observateur sous le titre : « Ce sexe qui dérange » à l’occasion de la sortie du livre : « L’Origine du monde : histoire d’un tableau de Gustave Courbet » de Thierry Savatier.
Un autre livre : « Le roman de l’Origine » avait aussi été publié en 1996 sous la signature de Bernard Teyssère, dans la collection L’Infini/Gallimard dirigée par Ph. Sollers.
Peint par Courbet en 1866 pour un riche collectionneur ottoman, « l’Origine du monde » n’a cessé de choquer et de fasciner.


L’origine du délire


Gustave Courbet, L’Origine du monde, 1866.
Photo A.G., 15 septembre 2019. Musée d’Orsay. ZOOM : cliquer sur l’image.
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C’est une histoire très folle qui a duré près d’un siècle et demi, avant de se calmer, et encore, dans l’indifférence générale. Cette histoire est celle d’un petit tableau français peint, en 1866, par un révolutionnaire de génie, Gustave Courbet. On a pris l’habitude étrange de l’appeler « l’Origine du monde ». Comme si le monde, atomes, galaxies, océans, déserts, fleurs, fleuves, vaches, éléphants, pouvait sortir de ce tronc voluptueux de femme sans tête, ni mains, ni pieds, au sexe largement proposé et offert. Cachez-moi ce tableau que je ne saurais voir. C’est un vin enivrant, une insulte à nos feuilles de vigne.
La toile est admirable de puissance et de délicatesse, et sa navigation, en plongée, à travers le temps, méritait, après bien des approximations, des fantasmes, des désinformations intéressées, une enquête rigoureuse comme un grand roman policier. Le voici. C’est à peine croyable.

Nous sommes dans les coulisses du Second Empire, nous allons traverser la Commune, deux guerres mondiales, le stalinisme et le nazisme, nous retrouver à Budapest, réapparaître à Brooklyn après nous être caché chez Lacan, rester légendaire mais invisible, être un objet fétiche parfois montré à quelques élus pétrifiés, avant de nous retrouver, comme si de rien n’était, au Musée d’Orsay, simple et sage image parmi tant d’autres. De quoi s’agit-il ? De qui ? Pourquoi ? Comment ? Tout le monde est d’accord : ce tableau est unique. Avant, rien de tel. Après, non plus. De nos jours, spectacle d’effacement permanent, cinéma, photo, publicité et pornographie rentable, la belle déesse de Courbet paraît négligeable, exotique, presque une curiosité qui ne peut plus choquer que quelques touristes américains ou japonais arriérés. Son triomphe est une défaite : c’est la carte postale la plus vendue, entre « Le Moulin de la Galette » de Renoir et la « Pie » de Monet. Circulez, il n’y a rien à penser. Et pourtant quelle révélation, quel radar.

L’hypocrisie est de tous les âges, mais, de temps en temps, quelqu’un n’a pas froid aux yeux et retourne froidement les cartes. Baudelaire, par exemple. Ou Manet. Courbet, lui, n’a pas pour rien participé, en communard enthousiaste, à l’abattage de la colonne Vendôme. Sous ce monument guerrier napoléonien, quelle surprise de découvrir deux chefs-d’oeuvre hypersensuels. Les deux femmes nues et exténuées de plaisir (une blonde, une brune) du « Sommeil » et « l’Origine ». Sous le bronze, les lits. Sous les millions de morts inconnus, le bouillonnement des chairs et des linges. Sous le mensonge, la vérité. Sous la sexualité forcée, le désir.


Courbet, Le sommeil, 1866. 135x200. Paris, Petit Palais. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Un peintre, donc. Et pas n’importe quel commanditaire de l’ombre. Khalil-Bey est un riche collectionneur ottoman pour qui Courbet compose ces deux merveilles interdites. « Le Sommeil » est scandaleux, soit, mais « l’Origine » carrément inacceptable, inmontrable, inexposable, bien qu’un jour ou l’autre extrêmement vendable. Aussi surprenante que la rencontre d’un parapluie et d’une machine à coudre sur une table de dissection, le duo d’un pinceau subversif français et d’un amateur turc va donc produire des ravages. Khalil-Bey installe le tableau dans sa salle de bains derrière un rideau vert (couleur de l’islam). Il le montre parfois, on n’y voit que du feu, on en parle, on imagine, on chuchote. Qui est le modèle ? Mystère. Est-ce Joanna Hiffernan, l’explosive rousse irlandaise, maîtresse de Whistler et de Courbet ? Non, la carnation ne convient pas. Alors qui ? La jolie demi-mondaine Jeanne de Tourbey, dont le salon est fréquenté par tout ce qui compte à l’époque à Paris (Sainte-Beuve est là, dans un coin) ? Peut-être. Un modèle inconnu ? Pourquoi pas. Est-ce une mère, une fille, une prostituée, une femme du monde, une amante ? Tout ça, tout ça. La société, c’est, comme d’habitude, pruderie et conformisme en surface, et micmac plus ou moins glauque en profondeur (Proust viendra éclairer ce théâtre). Et n’allez pas dire que seuls les bourgeois et les dévots réactionnaires sont chargés de faire la morale : le clergé socialiste (Proudhon) est aussi puritain qu’eux. Le bras d’honneur de Courbet s’adresse aux uns comme aux autres, et c’est un étranger, toléré à cause de sa fortune, qui abrite cette incongruité. Courbet, d’ailleurs, n’hésite pas à se comparer à Titien, à Véronèse ou à Raphaël, trouve sa toile excellente, allant jusqu’à dire : « Nous n’avons jamais rien fait de plus beau. » Nous, c’est-à-dire tous les grands peintres et lui-même.

« L’Origine », après la vente de la collection de Khalil-Bey, disparaît et, de temps en temps, fait signe. Le tableau est caché, maintenant, derrière un autre tableau de Courbet, assez insignifiant, souvent décrit comme une église de village dans la neige, alors qu’il s’agit d’un château au bord d’un lac. Mais peu importe, il faut désormais faire coulisser un panneau pour dévoiler l’autre. Ça s’appelle tomber dans le panneau. L’autre grand amateur et collectionneur qui va s’en emparer est un Hongrois, le baron Havatny, et nous voici à Budapest. Les nazis arrivent : « l’Origine » est cachée, sous un nom d’emprunt (Havatny est juif), dans une banque. Les nazis pillent tous les biens juifs, mais passent à côté de la plaque (tête de Goering ou Hitler s’ils avaient vu ça). Les Russes débarquent : eux, ils pillent tout, « l’Origine » se retrouvant ainsi derrière le rideau de fer de Staline (tête des vertueux communistes s’ils avaient eu le temps de regarder de près leur razzia). Nous retrouvons ainsi Eichmann, tout près du secret, et, plus heureusement, un officier de l’Armée rouge corrompu à qui Havatny rachète son tableau de rêve. Ensuite, de nouveau, plongée. Et puis réapparition à Paris, et pas chez n’importe qui.


André Masson, Terre érotique. 1955. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

C’est Lacan lui-même, jouant à Lacan-Bey (avec Georges Bataille à l’horizon du fantasme). Sylvia, l’ancienne femme de Bataille, est maintenant celle de Lacan. Elle pense qu’il faut voiler le tableau (« les voisins et la femme de ménage ne comprendraient pas ») et demande à son beau-frère, André Masson, de peindre le cache coulissant. Masson s’exécute, et compose une allusion abstraite et estompée de « L’Origine  » qu’il appelle « Terre érotique » (c’est marron et plutôt chocolat). Voilà pour la tranquillité des familles. Nous sommes dans les années 50 et 60 du dernier siècle, mais personne ne sait où est la Chose, elle n’existe que pour la jouissance de Lacan (qu’elle fait cogiter). Comme dans un cérémonial, Lacan, pour quelques invités, la montre de temps à autre. On retrouve ici, devant le sphinx éblouissant, des célébrités diverses (la liste finit par être comique) : Lévi-Strauss (qui ne se souvient d’aucun commentaire), Duras, Dora Maar, Pontalis (qui a oublié ce qui a pu être dit), Leiris, Picasso, Duchamp.

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Le cache (sexe), extrait du DVD de J.-P. Fargier

Pour tout le monde, motus, et c’est le plus impressionnant. Ensuite, rumeurs, diversions, fausses informations. Sylvia s’occupe de « l’Origine », prête la bombe pour une exposition aux Etats-Unis puis en France, laisse penser qu’elle est partie au Japon, jusqu’à ce que la revue Art Press (Henric, Muray, moi) mette enfin le public au courant. Dernier acte : en 1995, le tableau, devenu une affaire embrouillée de succession, rentre, comme dation, au Musée d’Orsay. Ce jour-là, il y a beaucoup de monde. L’Etat est représenté par le ministre Douste-Blazy, ultime ironie de l’Histoire. Ce dernier, évidemment, pour éviter de choquer ses électeurs de Lourdes, évite de se faire photographier à côté du tableau. Celui-ci est là, mais il n’est plus là. Après tant de délires et de cachotteries, il est redevenu invisible en étant visible sans arrêt par toutes et par tous. Ce qu’il fallait démontrer, sans doute.

Philippe Sollers, le Nouvel Observateur du 15 juin 2006.


André Masson, Hommage à Courbet.
ZOOM : cliquer sur l’image.
Gravure originale signée.1964. 27 x 38 cm, sous encadrement.
Gravure originale pour illustrer Le Mort de Georges Bataille,
numérotée à 60 exemplaires et signée au recto par André Masson.
Cette gravure reprend le thème d’un dessin d’André Masson, réalisé à la demande de Jacques Lacan
pour masquer le célèbre tableau de Courbet l’Origine du Monde qui lui appartenait.
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L’Origine du monde

une vidéo de Jean-Paul Fargier, 1996

En 1982, lors d’un entretien réalisé par Jean-Paul Fargier, Le Trou ce la Vierge, dans lequel Philippe Sollers est interrogé par Jacques Henric, Alain Cuny révèle avoir vu le tableau de Courbet chez Lacan, caché derrière un tableau d’André Masson. Jacques Lacan, comme les précédents possesseurs du tableau, avait trouvé un moyen de le soustraire au regard commun pour mieux le faire briller lorsqu’il apparaissait dans des conditions exceptionnelles à ses visiteurs.

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L’analyse de Jean-Paul Fargier (pdf)

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L’histoire récente du tableau (1982-2007)

1982

Le tableau de Courbet figure en couverture du n° 59 d’art press.
Sommaire du dossier « Obscénités »
Jacques Henric, Egon Schiel l’obscène
Judith Brouste, I can’t stop now
Henry Spencer Ashbee, My secret life
Guy Scarpetta, Le sexe n’est pas naturel
Jean-Luc Hennig, Le putain (témoignage)
Jean Baudrillard, La scène et l’obscène
Textes cités en encadré
James Joyce, lettre à Nora, 9 décembre 1909
Antonin Artaud, fragment des Cahiers de Rodez
Jayne Anne Phillips, extrait de Billets noirs
Mozart, lettre du 5 novembre 1777 à sa cousine sur le « Chie-en-Koi » et le « Spuni Cuni », dont voici la dernière phrase : « Je vous souhaite maintenant une bonne nuit, chiez dans votre lit à le faire éclater, dormez en bonne santé, tendez votre cul jusqu’à votre bouche. »

Sollers parle longuement du numéro d’art press dans Le Trou de la Vierge, vidéo de Jean-Paul Fargier. En voici un court extrait.

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A.G.

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1994

Adorations perpétuelles

Jacques Henric publie « Adorations perpétuelles » (Seuil), livre sur l’art avec en couverture une reproduction du tableau. A Clermont-Ferrand et à Besançon, des fonctionnaires de police, à la demande d’associations de défense des familles, interviennent pour que le livre soit retiré des vitrines de deux librairies.

« Peut-on opposer efficacement à la scène d’un monde qui part à vau-l’eau l’ordre d’un monde de la scène ? Le narrateur de cette histoire y a cru. Répondant à la commande officielle d’une pièce de théâtre, il avait pourtant mis tous les atouts de son côté. De grands thèmes : l’utopie sociale, la création littéraire et artistique, le bonheur, le sexe, la mort ; pour personnages, deux fortes figures : Fourier et Courbet ; un metteur en scène aguerri, ami de Genet, ancien aumônier en Algérie, qui fut donc formé aux plus rigoureux des spectacles : la messe, la guerre. Rien n’y fait. Ainsi, à Besançon, Doubs, nous assistons, impuissants, terrifiés, amusés, au spectacle d’un monde en train de sombrer.
En vérité, la vie - c’est une des leçons de ce livre - ressemble plus au roman qu’au théâtre. Dans le roman, comme dans la vie, c’est le petit rien qui déclenche tout : ici, l’achat d’une moto, un nouveau panama, la mort d’un père, la perte d’une vésicule, un séjour à l’hôpital... Tout s’enchaîne, des figurants défilent, certains connus :
Genet, Lacan, Aragon, le spectacle se détériore et, pourtant, dans le même temps, le réel est magnifié. Par le miracle de quelle grâce ? La réponse est dans un tableau de Courbet : L’Origine du monde. Oui, par elles, perpétuellement dénudées, le monde est perpétuellement transfiguré. Autant d’adorations que de femmes. Ce livre n’est rien de plus que l’hymne enjoué qui leur est dû. »

Feuilletez le livre.

Le sexe reste subversif

« Mais le laissera-t-on jamais en paix ? On a tellement fait chier Gustave Courbet de son vivant... Cette affaire montre en tout cas qu’il demeure subversif, sulfureux. » Jacques Henric réagit avec vigueur aux actes de censure dont son livre est l’objet. « Ces descentes de police dans des librairies s’inscrivent dans un climat général qui me paraît accablant, celui d’un retour à l’ordre moral. Philippe Muray, dans un pamphlet intitulé « l’Empire du bien », montre bien comment un humanitarisme délirant cache la plus dégoûtante hypocrisie. »

« Cette histoire-là me blesse, non tant du fait de l’action policière ou les plaintes des ligues de vertu, mais de l’attitude des libraires. Il y a des exceptions, des gens courageux — rendez-vous compte, qu’on considère comme courageux quelqu’un qui ose exposer un tableau que le musée d’Orsay rêve d’acheter ! —, mais des librairies aussi connues comme « La Hune » ou « Gallimard » (boulevard Raspail) le planquent... Quand un livre de Pierre Guyotat avait été interdit par le fameux Marcellin, des libraires avaient continué à le diffuser, de façon militante. »

« Mais le contexte est différent aujourd’hui, depuis que le nouveau Code pénal a retenu une loi scélérate qui peut viser tous les livres. Un bouquin de poche de Genet peut être interdit comme « violent, pornographique, portant atteinte à la décence ». J’aimerais bien qu’une de ces personnes qui a porté plainte la maintienne pour qu’un débat s’instaure. Qu’est-ce qui est de l’art ? Qu’est-ce qui n’en est pas ? Courbet ? »

Selon des avocats, cette loi — c’est Badinter qui a pondu ce code — est le fruit d’un compromis entre socialistes et droite : vous ne touchez pas à la loi sur l’avortement, et on vous donne un amendement musclé. Elle est intolérable. Le pire est sans doute qu’elle incite à une autocensure dans les têtes. Des amis m’ont dit ces derniers jours que je n’aurais pas dû choisir le tableau de Courbet en couverture, que j’allais ainsi couler mon bouquin. Faudrait-il céder dès le départ à la bêtise, alors que depuis quinze ans nous nous battons avec Sollers pour ce tableau, que je n’ai vu qu’une fois, lorsqu’il a été exposé — sans avoir été annoncé — au musée d’Ornans ? Admettre la censure rampante ? »

« Le communard Courbet lui au moins ne cédait pas. Dans cette société molle, balladurienne, nous avons bien besoin de nombreux Courbet ! »

Article paru dans l’Humanité du 25 mars 1994.

Mais «  la censure n’existe pas ».

André S. Labarthe, FR3 Limoges, 17 août 1995.

« La presse s’empare de l’affaire. Son auteur ne sera jamais invité aux émissions littéraires ni au journal télévisé. Jacques Henric décrit le tableau de Courbet et explique pourquoi il a tant scandalisé. Il explique son rapport à l’image. Selon lui, "une image n’est scandaleuse que parce qu’on peut la parler". Pour Philippe Sollers, le fond du problème est que cela soit un tableau. Les gens, face à ce tableau, pensent que c’est une photo pornographique. Comme il l’explique : "Le choc est tel qu’il faut absolument que cela soit une image, or c’est un tableau".Les propos des deux hommes sont entrecoupés par les images d’une jeune fille nue lisant un passage du livre de Jacques Henric. Un peu plus loin, la caméra se promène en gros plan sur le corps de la jeune fille, des seins au pubis. »

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LIRE AUSSI :
Jacques Henric, Le silence des intellectuels face au nouvel ordre moral (Libé, 5 mai 1995)
Jacques Henric, Retour aux sources
Patrick Amine, Jacques Henric
Philippe Sollers, Qui a peur de Gustave Courbet ? (Le Nouvel Observateur).
Pierre Guyotat, Déclic sur l’infini (Libération).
Entrevue avec Jacques Henric

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1995

Le ministre Philippe Douste Blasy inaugure le tableau au Musée d’Orsay, acquis par les Musées nationaux en tant que dation de la succession du psychanalyste Jacques Lacan, dernier propriétaire du tableau. L’Humanité titre : "L’ Origine du monde, enfin à tous", un article de Jean-Pierre Leonardini.
Voir article de L’Humanité ... (Sauvegarde )

L’Humanité publie une reproduction en noir et blanc à la une du journal. Tollé des lecteurs.
Voir article de L’Humanité ... (Sauvegarde )

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1996

Le musée d’Orsay consacre une exposition autour du tableau : Dossier et film documentaire de Jean-Paul Fargier
Voir dossier du Musée d’Orsay ... (Sauvegarde )

Voir ci-dessus la vidéo de Jean-Paul Fargier L’Origine du monde, 1996.

Voir article du Monde de Philippe Dagen

Bernard Teyssèdre, Le roman de l’Origine, publié aux éditions Gallimard, collection L’infini avec sur le bandeau rouge d’accompagnement, la reproduction du tableau.

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Juin 2006

Thierry Savatier, L’Origine du Monde - Histoire D’un Tableau De Gustave Courbet, , Bartillat.

Voir résumé, autre critique et extrait

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Décembre 2006

Le président Valéry Giscard d’Estaing, qui a fait transformer la gare d’Orsay en Musée, revisite les lieux en compagnie de Vincent Josse de France Inter. Que dit-il en passant devant ce tableau, une des stars du Musée d’Orsay (la carte postale reproduisant le tableau vient en tête des ventes à la librairie du Musée) ?

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Avril 2007


Bernard Teyssèdre, Le roman de l’Origine.

Nouvelle édition revue et augmentée, L’infini/Gallimard.

Dans le livre de Teyssèdre on peut lire (p. 413-416) :

« En mai 1982 l’attention du grand public est attirée par une photo : L’Origine du Monde (pas l’original, la copie) en couverture du magazine Art Press. Elle sert de frontispice à un dossier sur l’obscénité. Une féministe s’en est offusquée, paraît-il, au point d’adresser à Henric ses semonces (pourtant elle connaissait bien Lacan, qui avait projeté en 1974 de faire avec elle le voyage en Chine ; preuve qu’il ne montrait pas son tableau à toutes ses amies, même féministes) [1]. L’image, d’un grain grossier, reproduit une diapositive (le cache de sa bordure, en noir, arrondit les quatre angles) sans commentaire ni indication de provenance. »

Suit le sommaire du numéro d’art press puis :

« Le 21 novembre Philippe Sollers a exhibé cette couverture d’Art Press [59] dans un long monologue pour bande video sur Le trou de la vierge [note 2]. La mise en scène est cadrée sur le visage et le haut du buste de l’orateur, avec de temps à autre un zoom au ralenti vers sa bouche ou ses mains, ou un panoramique sur les livres d’art posés sur la table, suivi de l’arrêt sur un tableau, soit le Courbet, soit, à plusieurs reprises, un Picasso. J’ai noté au passage ce que j’ai cru comprendre.

Sollers expliquait que pour aller à l’endroit d’où ça sort, le corps humain, et où ça s’abime, il fallait s’occuper de la chose qui ne peut pas se voir sauf dans l’aveuglement, en mettant dessus un blanc ou un fétiche. L’absence d’art, c’est ça la frigidité et pas autre chose, ça ne se passe pas au niveau des petits organes qui se tripotent. Courbet a eu l’audace de représenter un tronc. C’est une innovation par rapport aux troncs d’église. Ce ne sera jamais quelqu’un ni quelqu’une car, comme vous voyez, ça ne marchera pas. De là Sollers en venait au trouage de celle qui, en cette affaire de femme nue, n’est jamais nue mais qui est appelée à s’élever dans les nues. Vénus n’a pas de trou, la Vierge Marie n’est qu’un trou. Son trouage est venu du dedans. La Vierge n’est pas du tout pucelle : elle a été effractée de l’intérieur par un corps qui est passé à travers elle. La logique de trou de Vierge, c’est que l’organe masculin n’a pas y pénétrer mais qu’il en sort un corps quand même...

Moi, je perdais un peu pied dans cette théologie. Il me semble (je me trompe peut-être) que ce qui a ému Sollers, c’est l’instant où, à l’improviste, il a reconnu dans L’Origine du Monde la naissance de sa propre voix. Cela se devinait à ses mains filmées en gros plan, mains parlantes, tendues, et je suis sûr que si le plan vidéo avait été cadré sur son sexe, ça se serait vu à son sexe aussi. Sollers disait :

« Il y a très peu de chances pour que quelqu’un dise quoi que ce soit de vrai sur la question des questions, sur ce qu’il fait qu’il est là en train de parler. Est-ce ma voix qui sort de mon corps ? L’humanité croit spontanément qu’il y a une soupe biologique en cours, et qu’ensuite, en un second temps, le temps de refaire la soupe, le temps que la soupe se se représente à elle-même, eh bien, ça parle. Ca fait des bulles. Les bulles de la soupe éclatent, la soupe continue. Les bulles, c’est ce qui se sera exprimé, comme moi en ce moment, le temps de vivre. Imaginons l’inverse : que mon corps soit dans ma voix ; que j’ai à saisir ensemble le sexe (qui n’est pas le corps) et la voix, juste à l’endroit où ça produit des boursouflures. Le corps ne donne pas naissance à la voix. En revanche ma résistance nerveuse, ma fureur physique, la santé de mes cellules, mon obstination musculaire, l’allégement de ma circulation, viennent de ma voix. C’est concret, une histoire d’avoir ma peau. Je ne me déplace plus que par affinités physiques. » [2]

L’étonnant est que Sollers ignorait que le Tableau avait appartenu à Lacan. C’est une voix venue du fond de la matrice qui le lui a appris, la voix d’Alain Cuny : "Je l’ai vvu. Dans sa ccampaaagne." Lacan, je suppose, l’avait invité dans son pavillon de style anare pour le cérémonial du thé, leurs yeux diffus dans l’oeil creux d’un bol de l’ère Mono-yama. »

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Mais encore

Benoite Groult : « c’est tout de même un comble : on ne peut pas écrire "vagin" sans choquer, d’ailleurs on ne l’écrit plus, alors que toute l’humanité sort de là ! »
cité par Pierre Assouline

« Lacan dans l’extrait du film de Benoit Jacquot que j’ai cité dans mon film, sur Courbet [3] : "dire toute la vérité est impossible, les mots y manquent" — (les images aussi). »
Jean-Paul Fargier
De l’action des effets spéciaux dans un documentaire
(Gentilly - Jussieu - 6 novembre 97)

Plus loin dans le temps, Pierre de Ronsard (1524 - 1585) :

« Ô petit trou, trou mignard, trou velu,
D’un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domptes les plus rebelles :
Tous vers galans devraient, pour t’honorer,
A beaux genoux te venir adorer,
Tenant au poing leurs flambantes chandelles ! »


Mai 2012


Conférence de Thierry Savatier sur l’Origine du monde

Documentaire de 60 mn, filmé à la Ferme Courbet de Flagey, par Lionel Georges, pour le Conseil général du Doubs, le 13 mai 2012, lors de la conférence de Thierry Savatier à l’exposition Jean-Pierre Sergent.


Conférence de Thierry Savatier sur l’Origine du...

Que reste-t-il de la provocation de Courbet aujourd’hui ?
Regards d’écrivains

Valérie Duponchelle, Le Figaro.fr 8/02/2013

Que reste-t-il de la provocation de Courbet aujourd’hui ? Paul Ardenne, historien de l’art et écrivain, et Christine Orban, écrivain, se livrent.

GIF Paul Ardenne : « La provocation aujourd’hui ? La pudeur »

Ce n’est pas tant la pose de la femme, obscène mais classique dans l’œuvre dessiné, gravé et surtout photographié, qui fait deL’Origine du monde l’objet du scandale. Ces images n’entraient pas au musée, restaient dans le répertoire pornographique. En sortant de sa pénombre discrète et interlope par le biais de la peinture, cette mise à nu de la féminité change de sens. On a toujours dit que Courbet avait peint son amante, Jo l’Irlandaise.

Conformément à son Manifeste du réalisme de 1885, Courbet peint son époque telle quelle et rompt avec l’académisme d’un corps féminin idéalisé de manière apollonienne, petits seins, sexe esquissé et sans poils. Rappelons-nous que Napoléon III a frappé de sa canne l’Olympia de Manet, en signe d’indignation.

Ce qui est nouveau — que Courbet ait coupé en deux le tableau ou qu’il se soit concentré sur un seul sujet —, c’est qu’il en résulte un portrait du sexe féminin. Contrairement au visage, le sexe n’identifie pas. Cette vision renversante a passionné la modernité, de Duchamp à Lacan. Après le symbolisme éthéré, l’art moderne d’un Egon Schiele examine la femme au plus près de son sexe rouge dans Contemplée en rêve. Picasso doublera sa production de séries érotiques, de scènes de copulation, y compris zoophiles avec le Minotaure. Dans l’orbite du freudisme, les surréalistes, de Dali à Breton, y verront l’amour fou et l’inconscient. Dans les années 1970, les féministes le revendiqueront crûment dans leurs performances, d’Annie Sprinkle à Orlan. La Viennoise Valie Export en tirera son action dite Panique génitale contre les spectateurs d’un ciné porno. En 1996, Elke Krystufek poussera le geste jusqu’à la masturbation dans un « group show ». Aujourd’hui, la provocation ultime serait... la pudeur !

GIF Christine Orban : « Sans ruban joli à la Manet »

Pour mon roman J’étais l’origine du monde (Albin Michel), j’avais beaucoup lu ce qui existait sur Courbet. Joanna Hiffernan, modèle et compagne de James Whistler, est séduite par Courbet sur une plage à Trouville. Whistler avait eu la mauvaise idée de partir en voyage, laissant cette rousse qu’il avait peinte en blanc, virginale comme un lys, à la portée de Courbet, séduisant, séducteur, aussi mufle que talentueux. Tout cela se lit dans le tableau. Vu les dates, il m’a semblé que c’était bien elle, la femme au corps découpé au-dessus des seins et à mi-cuisse. Et qui accepte de poser ainsi. Non pour une coquinerie entre amants. Mais pour vendre, en l’occurrence à Khalil-Bey, un diplomate qu’une maladie vénérienne prévenait de toute action.

Je me suis glissée dans l’esprit de cette femme. La provocation de Courbet réside, à mon sens, dans le cadrage qui transforme le corps offert en viande découpée à l’étal d’un boucher. Les animaux découpés par Damien Hirst n’en sont que la suite provocatrice. Elle tient aussi au réalisme.


« L’origine du monde » de Courbet a-t-il trouvé un visage ?

7 février 2013. C’est le scoop du jour révélé par Paris Match et commenté par toute la presse. Ici la version de

Dominique Poiret
Next Libération

Un amateur d’art aurait retrouvé l’autre partie du célèbre tableau, selon « Paris Match ». Au musée d’Orsay, « personne ne se prononce pour l’instant sur cette affaire ».

Mettant fin à un mystère, en « exclusivité mondiale » ce jeudi, Paris Match révèle le visage caché de l’Origine du monde, de Courbet. Un amateur d’art aurait retrouvé l’autre partie du sulfureux tableau. Le nu féminin, peint en 1866 et qui n’avait pas été baptisé par le peintre, est exposé depuis 1995 au musée d’Orsay. La fondation Lacan a fait dation de l’œuvre à l’Etat, cette-année là, après la mort de son dernier propriétaire, Jacques Lacan.

Paris Match affirme, expertises scientifique à l’appui, que tout prouve qu’il s’agit d’une seule et même œuvre. Conctacté par Libération, le musée parisien déclare « que personne du musée ne se prononce pour l’instant sur cette affaire ». Il a fallu deux ans d’expertises et d’analyses pour s’assurer qu’il s’agit bien de la même œuvre, d’après Paris Match.

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Paris-Match du 7 février 2013, page intérieure. (Photo DR)

L’histoire remonte à 2010, lorsqu’un amateur d’art acquiert le tableau d’une « belle lascive » dans la boutique d’un antiquaire parisien, pour 1400 euros. De retour chez lui, il remarque que les bords de la toile (41 centimètres sur 33) ont été découpés, comme si l’œuvre était extraite d’une plus grande. Le découvreur remarque aussi qu’elle n’est pas signée. Par contre, au verso, un cachet, peut-être celui d’un nom de marchand de couleurs de l’époque. Persuadé de détenir une perle rare, le collectionneur, à partir de 2012, passe des heures dans les bibliothèques pour découvrir l’identité de cette femme. Puis une nuit... « Fébrile, il pioche L’origine sur Internet, l’imprime grandeur nature (46 cm x 55 cm), la superpose à son tableau avec un léger décalage... Et c’est la révélation », explique Paris Match.

En juin, la chance lui sourit à nouveau : il découvre une reproduction du tableau de Gustave Courbet, La femme au perroquet (conservé au Metropolitan Museum of Art de New York), dont le portrait correspond au sien. La femme s’appelle Joanna Hiffernan, une irlandaise, modèle et maîtresse du peintre français, elle serait également le modèle de L’origine du monde. Après quatre mois d’investigation, il rencontre Jean-Jacques Fernier, expert à l’Institut Gustave-Courbet, « le seul à attribuer officiellement des œuvres du maître et à certifier ou non les hypothèses », souligne Paris Match.

L’expert confirme que le tableau scandaleux est une œuvre incomplète, issue d’une plus grande. Le collectionneur confie sa belle aux experts du Centre d’analyses et de recherche en art et archéologie (CARAA), qui, après avoir passé tous les examens, confirme que tout correspond point par point, jusqu’à l’écartement des poils du pinceau. Toutes ces preuves lèvent les réserves de Jean-Jacques Fernier qui l’inscrit au tome III du « catalogue raisonné de Gustave Courbet ». Fernier imagine, dessins à l’appui, que les dimensions de l’œuvre d’origine pourraient être de 120x100 centimètres.

Au musée Courbet à Ornans, on est plus circonspect. Contacté par Libération, la conservatrice en chef et directrice du musée, Frédérique Thomas-Maurin, déclare « qu’elle n’est pas convaincue », d’autre part, « il n’y a aucune preuve du côté des musées de France ». La toile reproduite dans Paris Match, « est très éloignée des autres portraits de cette femme, Jo, même si je ne l’ai pas vue ». Selon elle, « ce n’était pas l’objet de la commande du diplomate turc de l’époque, Khalil-Bey ».

Peut-être que l’exposition que le musée Gustave Courbet consacrera à L’origine du monde, en 2014, permettra d’en savoir plus.

Crédit : next.libération

La vidéo des explications de Paris Match :

“L’Origine du monde” : Le secret de la femme cachée sur Paris-Match

V.K.

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J’écrivais dès le 7 février à propos de l’article de Paris Match : « Une affaire comme celle de la Chasse spirituelle attribuée à Rimbaud et qui s’avéra un faux ? » Simple réflexe de prudence par rapport à l’origine même du « scoop » et à l’emballement médiatique de notre société (toujours à la recherche du) spectaculaire (vérifiez sur la "toile", c’est hallucinant !). André Gunthert, enseignant-chercheur, analyse le phénomène. Cf ? Le fiasco du loltoshop de l’Origine du monde. Lire aussi : Philippe Dagen, L’Origine du monde" : le poids des mots, le choc du faux.

A.G.

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Jacques Henric et Catherine Millet
devant L’Origine du monde.

T. Savatier et J.J. Fernier sur France Culture


08/02/2013

Un visage pour « L’Origine du monde » de Courbet : « découverte miraculeuse » ou coup monté ?

Deux protagonistes de l’affaire s’expriment, tous deux ont été consultés par l’acquéreur du tableau : Thierry Savatier (contre) et Jean-Jacques Fernier (pour).

Le texte de présentation de l’émission (pdf)

Voir aussi un article très complet, argumenté et pondéré de Thierry Savatier récapitulant sa position sur l’affaire Courbet, ici (pdf).

24 mai 2014

Les regardeurs. Avec l’artiste Jean-Jacques Lebel et l’historien d’art, Thierry Savatier.

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A.G.

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Affaire Courbet : la réfutation officielle d’Orsay

Eric Bietry-Rivierre, Le Figaro.fr 8/02/2013

Dans un communiqué, le musée réfute officiellement la thèse selon laquelle un amateur d’art serait en possession de la partie haute du chef-d’œuvre de Courbet.

Fait exceptionnel car il rompt son devoir de réserve, la direction du musée d’Orsay publie une réfutation claire et nette de l’hypothèse publie dans le Paris Matchde cette semaine d’un morceau de tableau complémentaire à L’Origine du monde. Voici son communiqué intégral :

Des hypothèses fantaisistes ont récemment été développés autour de L’Origine du monde de Gustave Courbet conservée au musée d’Orsay. Celui-ci souhaite rappeler certains faits bien connus des historiens de l’art. L’Origine du monde est une composition achevée et en aucun cas le fragment d’un œuvre plus grande. Longtemps entourée de secrets y compris dans ses dispositifs de présentation.

Certaines zones d’ombre subsistent dans son historique. Une certitude cependant, confirmée par tous les témoignages du XIXe siècle : le tableau visible chez Khalil-Bey, son premier propriétaire et probable commanditaire, était bien ‘une femme nue sans pieds et sans tête. À cette description de l’œuvre par Gambetta répond celle de Maxime Ducamp qui mentionne en 1878 que Courbet n’avait pas représenté « le cou et la tête » de ce « portrait de femme bien difficile à décrire ».

Les éléments relatifs à la technique de l’œuvre étudiée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France après l’acquisition du tableau par le musée d’Orsay ne révèlent que des données très habituellement observées sur les toiles des peintres de cette époque : la toile et les pigments utilisés ici ont été préparés de façon industrielle. La seule description objective que l’on puisse faire du support original est qu’il s’agit d’une toile assez fine et de tissage simple, dont la trame comporte des irrégularités observables sur la plupart des tableaux de cette époque. L’Origine du monde présente par conséquent des caractéristiques techniques tout à fait communes que l’on retrouve sur des centaines de toiles contemporaines.

*

12 février 2018. Suite à la mise en ligne de La face cachée de L’Origine du monde pdf par Johan de la Monneraye, metteur en scène de théâtre, Le Temps publie un article intitulé L’affaire du visage de « L’Origine du monde » relancée alors que Thierry Savatier sur son blog du MondeLes Mauvaise fréquentations — préférait parler de Farce cachée. LIRE LES DEUX ARTICLES ICI (sauvegarde pdf  [4]).

État provisoire du feuilleton...

A.G.


[1Jacques Henric évoque dans son dernier livre Politique « la rupture en 1982 avec notre vieille camarade Maria-Antonietta Macciocchi, ancienne résistante à Mussolini, députée du Parti communiste italien, amie d’Althusser, de Pasolini, de Moravia, spécialiste de Gramsci et auteur de De la Chine (Maria-Antonietta, devenue une farouche féministe et prenant pour une photo porno le tableau de Courbet, L’Origine du monde, publié en couverture d’Art press, avait vu rouge et publié dans Le Monde un article où nous étions accusés, Sollers et nous, d’être des suppôts du fascisme). »

[3Courbet - L’Origine du monde, 1996.

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38 Messages

  • Albert Gauvin | 25 janvier 2024 - 15:18 1

    « L’Origine du monde » de Courbet : anatomie d’un scandale, en lumière dans l’expo Lacan à Metz. LIRE ICI.


  • Viktor Kirtov | 9 octobre 2023 - 11:15 2

    …Sur votre site Pileface apparait une version obsolète de mon ouvrage « La face cachée de l’origine du monde ». Pourriez-vous SVP mettre en ligne sa dernière version qui est aussi en ligne en PDF sur mon site : lafacecacheedeloriginedumonde.com,
    Bien cordialement,
    Johan de la Monneraye

    Merci pour votre message, voilà qui est fait !


    Nouvelle version 122 pages au lieu de 114 pages (pdf)
    oOo


  • Albert Gauvin | 14 décembre 2022 - 12:45 3

    Bernard Teyssèdre, auteur de Le roman de l’Origine, est décédé le 29 décembre 2021 à l’âge de 91 ans. Le n° 32 de la Nouvelle Revue d’Esthétique lui sera consacré. LIRE ICI.


  • Viktor Kirtov | 5 janvier 2021 - 11:39 4

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    Pablo Picasso / Gustave Courbet
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    Avant sa réouverture en juillet 2021 avec l’exposition "Courbet/Picasso Révolutions !", le musée Courbet d’Ornans fait peau neuve. Installation climatique repensée, modernisation des éclairages, réalisation d’un parcours permanent inédit, de nombreux travaux d’intérieur qui laisseront place à un nouvel écrin dans la vallée de la Loue. Pendant les travaux, le musée des Beaux de Besançon accueille en son sein une grande partie de la collection du musée Courbet d’Ornans.
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    Courbet et l’invention de la femme moderne : quand la vérité des corps fait scandale

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    Witold et Rita Gombrowicz
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    Beau parleur, sûr de son génie, Courbet, né le 10 juin 1819, révolutionna la peinture au milieu du XIXe siècle. Jusqu’à oser montrer une vraie femme en peinture. La bourgeoisie du Second Empire cria au scandale.

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    Le 26 juin 1995, vers midi, la grande nef du musée d’Orsay accueillait une cérémonie inhabituelle. Un tableau légendaire entrait officiellement dans les collections nationales françaises. Un tableau longtemps cru perdu puis, depuis qu’on l’avait su retrouvé, vu seulement de quelques rares privilégiés : L’Origine du monde de Courbet. Cette joyeuse entrée se déroulait en présence du ministre de la Culture. Le tableau était donc finalement accroché à la cimaise, non loin d’Un enterrement à Ornans et de L’Atelier du peintre, comme un chef-d’oeuvre de plus du maître. Le fauve était apprivoisé, comme tenu en laisse par son lourd cadre doré avec, au milieu, en guise de collier, le cartouche portant le nom du peintre, le titre et la date supposés de l’œuvre

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    Crédit : Jérome Coignard, Connaissance des Arts, 14.06.2020


  • Albert Gauvin | 30 mars 2020 - 16:52 5

    Lu dans Connaissance des arts

    Disparition de Jean-Jacques Fernier, architecte de l’Hôtel Drouot et spécialiste de Courbet


    Jean-Jacques Fernier est décédé mercredi 25 mars.
    Photo ©Yin Xin 2005. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Mercredi 25 mars, Jean-Jacques Fernier est mort à l’âge de 89 ans. L’architecte était connu pour ses édifices tels que l’Hôtel des ventes Drouot ou le théâtre du Rond-Point mais également pour son expertise de l’œuvre de Gustave Courbet.

    Un an après le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, un spécialiste du maître d’Ornans s’en est allé. Jean-Jacques Fernier, né en 1931 à Pontarlier (Doubs), est mort le 25 mars à son domicile parisien. Avant de se spécialiser dans la peinture de Courbet, Jean-Jacques Fernier était architecte.

    Après avoir fait ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (Ensba), et être passé par l’atelier d’Auguste Perret, Jean-Jacques Fernier a obtenu le grand prix international d’urbanisme et d’architecture en 1969. Entre 1980 et 1985, il a mené une carrière d’architecte aux côtés d’André Biro au sein du cabinet Biro & Fernier. Puis, il a créé l’agence Fernier & associés, transmise à sa fille en 2005. Il est l’auteur de nombreux projets urbains tels que l’Hôtel des ventes de Drouot, le théâtre du Rond-Point aux Champs-Élysées (Paris VIIIe arrondissement) ou encore la cathédrale de Tahiti.

    L’architecte de l’hôtel Drouot, Jean-Jacques Fernier, est décédé &#128546;Conservateur du musée Courbet à Ornans de 1977 à…
    Publiée par Drouot sur Vendredi 27 mars 2020

    L’œuvre de Gustave Courbet, une passion transmise de père en fils

    Jean-Jacques Fernier était le fils de Robert Fernier, auteur du catalogue raisonné de l’œuvre de Gustave Courbet et fondateur du musée dédié au peintre, qui se situe dans la maison ayant appartenu à la famille de Courbet à Ornans. À la mort de son père en 1977, Jean-Jacques Fernier a repris le flambeau en devenant conservateur bénévole du musée Courbet. Spécialiste du peintre à l’instar de son père, il a organisé près de 40 expositions sur l’œuvre de Courbet, au musée d’Ornans et dans des institutions à travers le monde. Grâce à lui, en 1991, le célèbre tableau L’Origine du monde est présenté pour la première fois au public européen au musée Courbet, avant sa dation au musée d’Orsay.

    En 2001, Jean-Jacques Fernier a transformé l’Association des amis de Gustave Courbet, à l’origine de la création du musée d’Ornans, en Institut Gustave Courbet-Association des amis de Gustave Courbet et du musée. À la tête de l’Institut, il a continué de donner son expertise et de développer le rayonnement de l’œuvre du maître d’Ornans à l’international. En 2008, il a quitté le poste de conservateur du musée Courbet.

    Sa dernière prise de position publique en tant que spécialiste date de la polémique autour de L’Origine du monde. En 2013, l’hebdomadaire « Paris Match » médiatise l’hypothèse selon laquelle l’iconique tableau de Courbet aurait été initialement plus grand et aurait comporté le visage du modèle. D’après Jean-Jacques Fernier, le portrait non signé d’une tête de femme renversée appartenant à un collectionneur anonyme correspondrait au reste de l’œuvre iconique de Courbet. En réponse, les conservateurs du musée d’Orsay rejettent la théorie, la qualifiant de « fantaisiste » dans un communiqué intitulé L’Origine du monde n’a pas perdu sa tête

    Aujourd’hui encore, la passion pour l’œuvre de Courbet se transmet de père en fils chez les Fernier. Sébastien Fernier, le fils de Jean-Jacques Fernier, est secrétaire de l’Institut Courbet.

    Agathe Hakoun, connaissancedesarts, 30 mars 2020.


  • Albert Gauvin | 15 décembre 2019 - 00:08 6

    Constance, la femme sans tête

    Un documentaire d’Ilana Navaro. Réalisation : Annabelle Brouard. Prise de son : Benjamin Vignal, Déborah Dagobert. Mixage : Guillaume Le Du. Documentation : Antoine Vuilloz. Archives INA : Hervé Evanno. Recherche et documentation internet : Annelise Signoret. Collaboration : Suzanne Saint-Cast.
    Avec les voix de : Lara Bruhl, Cécile Laffon et Annelise Signoret

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    Avec : Claude Schopp, chercheur et biographe d’Alexandre Dumas-fils ; Isolde Pludermacher, conservatrice en chef au Musée d’Orsay ; Bertrand Tillier, historien, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Edhem Eldem, historien, Collège de France et l’université de Bogaziçi.

    Pendant plus de 160 ans, l’identité du modèle d’un des chefs d’œuvre de Gustave Courbet était une énigme pour des journalistes, des historiens, des amateurs d’art et de scandale.


    Constance Quéniaux photographiée par Nadar en 1861.
    BnF/Département des estampes et de la photographie. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Qui était-elle ? Savait-elle qu’elle acceptait le rôle de celle qui fut à l’Origine du Monde ? Comment en était-elle arrivée à cette place qui lui donnait, malgré elle, un pouvoir subversif ?

    Le foyer de l’opéra était purement érotique, puisque c’était un foyer d’échanges, où les mères de famille, les vieilles tantes marchandent les danseuses. C’est une sorte de bordel pour riches et aisés. - Claude Schopp


    Photographies de Constance Queniaux par Eugène Adolphe Disdéri, 1860. Musée d’Orsay.
    ZOOM : cliquer sur l’image.
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    L’histoire de cette découverte, nous fait plonger dans le monde de Constance Quéniaux, danseuse à l’opéra et courtisane de Khalil Bey, l’énigmatique collectionneur d’art ou le « Turc du boulevard ».
    Une traversée dans le Paris du Second Empire à travers l’histoire de l’art, l’orientalisme, et le monde des courtisanes.

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    Nazli, le harem revisité

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    Khalil Bey achetait des tableaux qui n’étaient pas tous de ceux qu’un mari laisse voir à sa femme.


    La princesse Nazli Fazil photographiée par A.B. De Guerville, 1806.
    ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Les Parisiens ne se sont pas attristé du sort de Khalil Bey, le dandy ottoman qui avait tout perdu au jeu et qui en quittant Paris, avait du vendre toute sa collection, y compris l’Origine du Monde de Gustave Courbet.


    Photographie de Khalil Bey.
    Anonyme, vers 1877. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

    En fin de compte, même si sa maîtresse Constance Quéniaux n’était plus là pour lui porter chance, le Turc des Grands boulevards pourrait se consoler dans les bras de la multitude de femmes qui à n’en pas douter, l’attendaient chez lui à Istanbul. Pour les français, c’était un peu comme si Khalil Bey s’était évaporé dans le Bain Turc d’Ingres, qui fut — dans la vraie vie — un des chefs d’oeuvre de sa magnifique collection.

    Mais non ! La princesse Nazli que Khalil Bey épousa n’était pas une odalisque et ne sortait pas d’un tableau orientaliste. Elle n’avait rien à voir avec cet imaginaire occidental.

    Mais dans cette époque où l’idéologie orientaliste bas son plein, même une princesse qui se considérait « moderne » pouvait être réduite à une simple odalisque dans le marché de l’art en Europe.


    "La princesse Nazli Hanoum", 1875 - Collection privée.
    Crédits : Elisabeth Jerichau Baumann - Getty.. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Mais la princesse Nazli suiva son chemin. Arrière-petite-fille de Mehmet Ali pacha, le premier khédive, le gouverneur ottoman d’Egypte, elle créa dans les années 1880 en Egypte, puis au début des années 1900 en Tunisie, des salons littéraires. Elle était loin de s’imaginer qu’un jour elle serait considérée comme une des inspiratrices du féminisme dans le monde arabe.

    Avec : Edhem Eldem, historien, Collège de France et l’université de Bogazici ; Mary Roberts, historienne de l’art, université de Sydney ; Zeynep Inankur, historienne de l’art, université Mimar Sinan à Istanbul ; Sinan Kuneralp, historien et éditeur (ISIS) ; Lilia Labidi, anthropologue, ex-ministre des femmes en Tunisie.

    Crédit France Culture


  • Johan de la Monnerayr | 11 janvier 2019 - 12:09 7

    INFOX :
    Constance Quéniaux n’a jamais été la face cachée de l’Origine du monde
    L’information fallacieuse sortie d’un livre entièrement basé sur une interprétation scabreuse et une succession de suppositions et d’hypothèses, ne repose sur aucune source écrite, car Alexandre Dumas-fils ignorait totalement l’existence de l’Origine du monde. Comment, par une annonce dithyrambique, devançant la sortie d’un livre, le plus beau Hold-up et la plus belle usurpation d’identité de toute l’Histoire de l’Art, a fait le tour du monde ?
    La lettre d’Alexandre Dumas-Fils à George Sand est pourtant limpide : « sans compter qu’on ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore, l’intérieur de Mlle Queniault de l’Opéra pour le Turc qui s’y hébergeait de temps en temps, le tout de grandeur naturelle et de grandeur naturelle aussi deux femmes se passant d’hommes ; Tout cela est ignoble. » Son auteur ne cite absolument pas l’Origine du monde, tableau sur lequel il n’a jamais écrit quoique ce soit… mais il parle de l’intérieur de Mlle Quéniaux, un intérieur grandeur naturelle, un lupanar luxueux peint par Courbet pour Khalil-bey au format grandeur naturelle habituellement réservé aux Princes et aux tableaux historiques, avec deux femmes grandeur naturelle se passant d’hommes. Alexandre Dumas-fils ne parlait uniquement, que du tableau « les Gougnottes » que l’on appelle aujourd’hui « Le Sommeil ». Une ignoble insulte à l’Empire, un outrage au régime, pour Alexandre Dumas…
    Découvrez le démontage de tout ce scandale sur notre site : (8 pages d’explications documentées)
    https://www.lafacecacheedeloriginedumonde.com
    + Les TENANTS et ABOUTISSANTS de cette Infox impliquant la BNF et le MUSEE D’ORSAY à la rubrique BLOG

    Voir en ligne : LA FAKE-NEWS CONSTANCE QUENIAUX


  • Albert Gauvin | 28 septembre 2018 - 12:44 8

    L’une des plus grandes énigmes de l’histoire de l’art vient d’être résolue. L’identité du modèle de L’Origine du monde de Gustave Courbet est désormais connue : il s’agit de la danseuse et courtisane Constance Quéniaux.

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  • Albert Gauvin | 26 septembre 2018 - 21:35 9

    En allant sur Gallica.fr, le site de documents numérisés de la BnF, on a accès aux photographies de Constance Quéniaux et à la lettre d’Alexandre Dumas, qui a permis de la démasquer comme étant la femme qui a posé pour le célèbre tableau de Gustave Courbet. VOIR ICI.


  • Albert Gauvin | 25 septembre 2018 - 19:49 10

    Claude Schopp, dans un ouvrage à paraître le 4 octobre, révèle l’identité de la femme qui a posé pour le sulfureux tableau de Gustave Courbet. Voici, en avant-première, son visage.


    Constance Quéniaux, ici photographiée par Disdéri,
    serait le modèle de Gustave Courbet pour « L’Origine du monde ».

    BnF/Département des estampes et de la photographie. ZOOM : cliquer sur l’image
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    Son sexe a été peint par l’un des plus grands peintres du XIXe siècle, Gustave Courbet. On connaît maintenant son nom et son visage. Et celui-ci – quel roman – a été immortalisé par les plus grands photographes de son temps, les pionniers de cet art : Nadar, mais aussi Disdéri, qui déposa en 1954 le brevet de la photo de carte de visite. La femme qui a servi de modèle pour « L’Origine du monde » s’appelait Constance Quéniaux (Quéniau sur certaines photos), ancienne danseuse de l’opéra. C’est la thèse, confirmée par les experts, du livre de Claude Schopp à paraître le 4 octobre, « L’Origine du monde, vie du modèle », (éditions Phébus).

    Un visage et un nom. Après 152 ans de mystères, de rumeurs, de fantasmes et de fausses pistes. Depuis 1866 et la réalisation, d’abord secrète, de ce tableau sulfureux d’un sexe féminin en gros plan par le peintre réaliste Gustave Courbet, on n’avait jamais mis de visage sur cette intimité. Ces dernières années, les thèses les plus farfelues avaient même circulé, comme celle d’un tableau découpé dont on aurait découvert le reste du corps. Un chef-d’oeuvre qui, après être passé de main en main, et notamment dans celles du psychanalyste Jacques Lacan, qui le posséda longtemps et le montrait caché derrière un rideau, est devenu la propriété de l’Etat et du musée d’Orsay, où il trône en majesté depuis 1995.

    LIRE ICI

    Claude Schopp, qui révèle le visage du modèle du tableau de Courbet dans « L’Origine du monde, vie du modèle », nous raconte sa trouvaille… et sa vie.

    Claude Schopp, spécialiste mondial d’Alexandre Dumas, père et fils, nous raconte la vie de celle qui a inspiré le fameux tableau « L’Origine du monde » de Gustave Courbet, et comment il a découvert par hasard l’identité du modèle, Constance Quéniaux.

    Vous écrivez qu’Alexandre Dumas fils révèle le nom du modèle de « L’Origine du monde », Constance Quéniaux, dans une lettre à George Sand. Comment peut-on en être si sûr ?

    CLAUDE SCHOPP. Alexandre Dumas fils ne raconte pas de salades quand il parle à George Sand, qui est un peu sa « maman ». Et puis lui-même est un collectionneur de peintures, comme Khalil Bey, le premier propriétaire de « L’Origine du monde ». Tous les deux sont des hommes à femmes et se connaissent bien. Khalil Bey lui a sûrement fait cette confidence sur le modèle. Enfin, dans l’inventaire de décès de Constance Quéniaux, dont j’affirme qu’elle est le modèle du tableau, on a trouvé un tableau de Courbet qu’elle possédait, de 1863, trois ans avant l’Origine. Ils se connaissaient.

    Constance aurait été la maîtresse de Khalil Bey, le propriétaire du tableau. Elle aurait aussi pu être celle de Courbet ?

    Constance n’avait pas d’a priori. Elle a vécu largement, presque royalement, de la galanterie. C’est le monde des danseuses de l’époque. On ne vivait pas de ce métier. Elle a été engagée à l’Opéra, mais dans des petits rôles… Ces danseuses, c’est le terrain de chasse de beaucoup d’hommes.

    Pourtant, vous écrivez qu’elle s’en sort très bien. Ce n’est pas une prostituée. Plutôt une courtisane ?

    À sa mort, son patrimoine fait penser à celui des aristocrates, avec une maison à Cabourg. Elle a franchi le plafond de verre du demi-monde au monde. Elle a vécu des hommes largement, mais surtout avec des femmes, souvent artistes.

    Elle n’a pas eu d’enfant ni été mariée. Vous voulez dire qu’elle était lesbienne ?

    Probablement.

    Pourquoi n’a-t-elle jamais parlé du tableau ?

    On ne parle pas de ces choses-là. Elle n’est qu’un tronc dans cette peinture… Et puis, à la cinquantaine, elle est devenue une femme très honorable, qui pratique les bonnes œuvres, aide des femmes dans le besoin, des orphelins, des aveugles. Elle n’oublie pas d’où elle vient. Cette enfant naturelle non reconnue, née d’une fille-mère qui ne s’est jamais mariée non plus, devait être d’une intelligence redoutable. Elle était élégante, racée. Les journaux parlaient d’elle. Il y a au moins trois Constance : la fille pauvre engagée à l’Opéra à 14 ans, la courtisane, la femme qui fait autorité et de bonnes actions grâce à l’argent récolté. Constance, c’est le récit d’une réussite.

    Rien n’est romancé dans votre livre ?

    Rien. J’ai travaillé à l’américaine. Si l’on imagine des choses, je veux que cela vienne de l’enchaînement des faits eux-mêmes. Et ceux-ci sont exacts.


  • Albert Gauvin | 29 juillet 2018 - 19:34 11

    Nudité sur Facebook : quand la fondation Rubens réplique avec humour

    Le tableau du maître flamand Pierre-Paul Rubens, "La descente de Croix", a été censuré par l’algorithme de Facebook pour sa représentation d’un Christ (presque) nu ! La maison Rubens à Anvers a répondu avec humour en faisant circuler de faux agents de sécurité dans le musée pour écarter les visiteurs des tableaux "indécents". VOIR ICI.


  • Albert Gauvin | 12 avril 2018 - 12:23 12

    D’utiles précisions sur le livre d’Yves Sarfati, L’Anti-Origine du monde – Comment Whistler a tué Courbet sur le site les presses du réel et des extraits du livre.


  • de la Monneraye Johan | 12 avril 2018 - 10:20 13

    Commentaires sur le livre de Yves Sarfati : "L’Anti Origine du Monde- Comment Whistler a tué Courbet"


  • Albert Gauvin | 17 mars 2018 - 02:16 14

    Censure de « L’Origine du monde » : une faute de Facebook reconnue, mais pas sur le fond.]]

    Le compte du plaignant, M. Durand-Baïssas, ne sera pas réactivé. Celui-ci a d’ores et déjà décidé qu’il ferait appel.
    Jacques Henric et Catherine Millet (photo) sont perplexes... LIRE ICI.


  • de la Monneraye | 19 février 2018 - 19:13 15

    Le 16/02/2018 Réponse adressée à Mr Savatier
    Fini le temps où l’anonymat m’empêchait de répondre publiquement …

    Mon-Sieur Savatier, joue les Stars sur son blog ;
    S’il ne parlait que de lui-même, cela n’aurait qu’une portée très limitée, mais quand il parle de quelqu’un d’autre, ou plutôt des écrits de quelqu’un d’autre, sur un sujet dont il s’imagine être le seul dépositaire, il devient pédant et suffisant. Arborant de grands airs, c’est d’un ton hautin qu’il tente de ridiculiser son interlocuteur, pensant que son humour -qui est d’ailleurs est plutôt lourd- et que son verbe précieux, le rendront indétrônable.
    Mais sur quel trône est-il assis ? Il s’est autoproclamé « Le Grand, et Unique Spécialiste de l’Origine du monde ». Loin de moi l’idée de le détrôner, mais humblement je souhaiterais qu’il reconnaisse les lacunes volontaires qui parsèment son bouquin. Serait-ce chose impossible ?
    Difficile pour Mr Savatier, d’admettre qu’un simple néophyte n’appartenant pas au sérail des Historiens de l’Art, puisse encore faire des découvertes historiques dans un domaine qu’il est censé dominer.
    Bourré de certitudes, mais surtout très opportuniste, il participe depuis 1995 auprès du Musée d’Orsay au montage de la légende et à la création du mythe autour de l’Origine du monde, en martelant que l’intention originelle du peintre était de peindre uniquement un ventre féminin… Le pire, c’est qu’il développe l’idée saugrenue que Courbet se serait servi d’une photo pornographique cadrée, prise par Mr Belloc… alors qu’en 1866, Courbet avait un magnifique modèle dans son lit : Johanna Hiffernan. Aussi, et sans aucune preuve historique à l’appui, il balaye d’un revers de main altier toute autre hypothèse que la sienne.

    Evidemment, dans son livre qu’il voudrait être la Bible de l’Origine du monde, il omet volontairement de citer l’article de Jules Noriac sur Khalil-Bey, paru dans le Monde Illustré du 25 Janvier 1879, qui stipule que l’Origine du monde n’est qu’un FRAGMENT de tableau.
    ( voir page 98 de mon enquête gratuite : La Face Cachée de l’Origine du monde)

    Evidemment, dans sa soi-disant Bible, il oublie par mégarde d’encadrer le poème d’Ernest Feydeau sur l’Origine du monde, du dessin présentant la genèse de l’Extase et son découpage pour Khalil-Bey. (voir page 97 de La Face Cachée de l’Origine du monde).

    Enfin, pour répondre aux propos mal appropriés qu’il tient sur son blog, concernant la Biographe de jacques Lacan, Md Elizabeth Roudinesco, que je cite dans mon enquête, je confirme qu’elle est la seule à avoir écrit une biographie sur le célèbre psychanalyste. Visiblement, Mr Savatier ignore les liens d’amitiés et de respects qui se sont tissés entre ces deux confrères, malgré leur différence d’âge. (voir citation sur Jacques Lacan et l’Origine du monde que je reprends page 59 de La Face Cachée de l’Origine du monde.)

    Aussi, pour que vous cerniez mieux l’opportunisme de Mr Savatier qui cite Mr Rouillac sur son blog comme étant son ami de longue date, et qu’il défend formellement d’avoir dit que l’Origine du monde présentait de la toile peinte sur les chants du châssis, voici ces propos ainsi que ceux de son ami, tenus aux journalistes de France 2 TV, le 08/02/ 2013 :

    Les bords de "L’Origine du monde" sont-ils coupés ?
    « Les bords du portrait acheté en 2010 sont coupés, ce qui suggère qu’il faisait partie d’un tout », assure Jean-Jacques Fernier, l’expert sollicité par le propriétaire.
    En toute logique, il devrait en aller de même pour L’Origine du monde. "C’est le cas", assure Philippe Rouillac.
    Lors de l’installation de l’œuvre au musée d’Orsay, en 1995, il a pu constater que "la toile se prolongeait sur le bord et recouvrait le châssis derrière." Pour autant, est-ce suffisant pour expliquer que le tableau est le morceau d’un puzzle ? Pas forcément, explique Thierry Savatier. "Le fait que le tableau ait les bords coupés est relativement fréquent. Rappelons que l’œuvre a fait l’objet de nombreuses restaurations, qu’elle a été rentoilée…"
    Une telle composition est-elle cohérente avec l’œuvre ?
    A la lumière de l’œuvre présentée dans Paris Match, Thierry Savatier reconnaît quelques éléments intéressants dans le portrait : "Il y a le même coup de pinceau [que dans L’Origine du monde], la même souplesse. C’est techniquement assez troublant." Mais l’expert oppose là encore quelques réserves. "J’aimerais bien le voir ce tableau. On a une idée générale sur la photographie présentée dans l’article de Paris Match", certes, mais il assure que ce n’est pas suffisant.
    La controverse est lancée. "Je ne pense pas qu’il faille s’emballer, c’est une découverte qui peut être intéressante. Pour moi, la seule chose qui compte, c’est d’avoir des certitudes scientifiques", résume Thierry Savatier.
    Il y a un point sur lequel tous les experts s’accordent. Il faudra organiser une confrontation entre l’œuvre présentée au musée d’Orsay et le portrait de la collection privée. Reste à savoir si le musée national va jouer le jeu.
    Article signé Fabien Magnenou

    Vous pouvez apprécier ci-dessus les propos enregistrés par plusieurs journalistes, qui seraient démentis aujourd’hui …par Mrs Rouillac et SAVATIER … mais qu’elle volte-face !!! Pourquoi ???
    Appréciez leur fiabilité…
    Pourquoi Mr Savatier ne demande-t-il plus aujourd’hui d’analyse comparative des deux tableaux dans un même laboratoire scientifique ??? Et pourquoi le Musée d’Orsay refuse-t-il toujours ces analyses ???
    Quand certains m’accusent de vouloir saccager l’image de l’Origine du monde, je leur réponds ceci :
    Ce n’est pas moi qui ai commencé les hostilités ; Si le Musée d’Orsay avait accepté dès 2013 une analyse scientifique comparative des deux tableaux, jamais je n’aurais entamé les quatre années d’enquête qui aboutissent aujourd’hui à dévoiler la vérité sur la construction absurde du MYTHE qu’ils ont créé autour de l’Origine du monde. L’intention première de Courbet n’a jamais été, de ne peindre qu’un ventre féminin anonyme ; Il avait, tout au contraire, peint secrètement l’Extase de sa maîtresse Johanna en entier ; J’en veux pour preuve qu’il n’avait ni nommé, ni signé le tableau que vous appelez aujourd’hui l’Origine du monde, car ce n’était qu’un FRAGMENT d’une œuvre secrète, dont on retrouve aujourd’hui la signature secrète, cachée dans l’oreille de Johanna.


  • Albert Gauvin | 13 février 2018 - 15:27 16

    L’affaire du visage de « L’Origine du monde » relancée

    Le tableau de Courbet n’est-il qu’un fragment d’une œuvre plus importante ? Cinq ans après la publication d’une enquête défendant cette thèse, le propriétaire du « visage » de la « Joconde » du Musée d’Orsay rend publiques ses preuves. « Révélations » pour certains, « foutaises et affabulations » pour d’autres.


    Le Temps du 12 février 2018.
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    En février 2013, Paris Match publiait une enquête intitulée « On a retrouvé le haut du chef-d’œuvre de Courbet », dans laquelle l’hebdomadaire dévoilait le visage de L’Origine du monde : un petit tableau (41 x 33 cm) représentant une jeune femme à l’opulente chevelure, la tête renversée et la bouche entrouverte, qui ne serait autre que Joanna Hiffernan (1843-1903), la maîtresse de Gustave Courbet (1819-1877). Il y a quelques jours, Johan de la Monneraye, le propriétaire de ce « visage », a rendu publique une étude de plus de 100 pages réunissant un faisceau d’éléments visant à prouver que sa « belle décapitée » est bien la tête du célèbre corps tronqué, conservé au Musée d’Orsay depuis 1995.

    « Révélations » pour certains, « foutaises », « affabulations », « hallucinations visuelles et pensée magique » pour d’autres, son étude, intitulée La Face cachée de « L’Origine du monde », en libre accès sur le Net, a déjà commencé à réveiller les polémiques. Acquise en 2010 chez un antiquaire parisien pour la somme de 1400 euros, la petite toile ne peut être, selon son propriétaire, que le visage de L’Origine du monde, qui aurait été découpée : « Même échelle, même angle de fuite, même carnation, même teinte de capillarité et pilosité… »

    Même coup de pinceau

    Interrogé sur les « preuves » réunies par Johan de la Monneraye, le Musée d’Orsay n’a pas répondu aux demandes d’entretien du Temps. « L’Origine du monde est une composition achevée et en aucun cas le fragment d’une œuvre plus grande », martelait dans un communiqué, il y a cinq ans, la direction du musée. Plusieurs experts ont pourtant affirmé le contraire ces dernières années.

    Le 15 janvier 2013, Jean-Jacques Fernier, expert de Gustave Courbet, certifiait dans un rapport écrit que le visage était bien celui du célèbre tableau. Les conclusions des analyses confirment que ce portrait de femme correspond bien au corps du modèle représenté par le peintre français, écrivait alors cet homme qui est aussi le vice-président de l’Institut Gustave Courbet et l’ancien conservateur du Musée Courbet d’Ornans. L’œuvre « sera inscrite au tome III du Catalogue raisonné de Gustave Courbet en préparation sous mon autorité », ajoutait-il.

    Eric Tariant, Le Temps, 12 février 2018.


    Dessin réalisé par Jean-Jacques Fernier.
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    MISE AU POINT.

    La « Farce » cachée de L’Origine du monde

    par Thierry Savatier

    Dans ces colonnes, je rends souvent compte des essais les plus sérieux publiés sur Gustave Courbet ; aujourd’hui, par exception, j’évoquerai le livre de Johan de la Monneraye, La Face cachée de L’Origine du monde (114 pages). Cet ouvrage reste assez difficile à définir. Ce n’est pas un roman, bien que la fiction et l’imagination, voire le fantastique y tiennent une certaine part. Ce n’est pas non plus un essai puisqu’au doute qui accompagne le raisonnement scientifique, l’auteur substitue une suite d’affirmations péremptoires qui, pour peu que l’on prenne le temps de les vérifier, tournent vite – le sujet y aurait-il invité ? – à la pantalonnade quand ce n’est pas à la déculottée. Nous avons plutôt ici affaire à un récit.
    Johan de la Monneraye est l’heureux propriétaire d’un portrait de femme dont il veut non seulement qu’il ait été peint par Courbet, mais surtout qu’il constitue la « tête » du célèbre tableau du maître, L’Origine du monde. En 2013, l’hebdomadaire Paris-Match en avait tiré un « scoop ». Courbet y était supposé avoir peint un tableau scandaleux de grand format représentant une femme nue allongée, jambes et bras écartés, dans une pose orgasmique, un perroquet lui tenant compagnie. L’auteur intitule arbitrairement ce prétendu tableau L’Extase. La composition reconstituée par l’auteur à partir de son seul portrait et de L’Origine du monde, était purement fictive et surtout d’une esthétique douteuse et vulgaire que Courbet n’aurait guère pu imaginer. Ce prétendu grand tableau impossible à exposer, invendable, aurait alors, selon lui, été découpé par le peintre qui en aurait tiré plusieurs petites toiles, dont le visage qui lui appartient et celle conservée au musée d’Orsay…
    L’affaire, au départ prise au sérieux par la presse, tourna court. A l’invitation des journalistes, j’intervins, dès le jour de la publication de l’article, sur les radios et dans les journaux, pour souligner un obstacle majeur : les deux toiles ne se raccordaient pas d’un point de vue anatomique, puisque l’épaule gauche du modèle du portrait était clairement plus haute que la droite, tandis que le corps de L’Origine du monde présentait des caractéristiques rigoureusement inverses. Plus tard, le musée d’Orsay publia un communiqué repoussant également l’hypothèse développée dans l’hebdomadaire. En 2014, dans le catalogue de l’exposition « Cet obscur objet de désirs, autour de L’Origine du monde » organisée au musée Gustave Courbet d’Ornans, un article du Centre de recherche et de restauration des musées de France ajoutait, après examen, que les bords de L’Origine n’étaient pas peints, ce qui prouvait que ce tableau n’avait pu être issu d’un découpage et qu’il était autonome.
    Pour l’auteur, ces arguments n’avaient aucune valeur. Son livre développe donc une théorie complotiste, comme tel est souvent le cas de titres incluant l’expression « face cachée », étayée (si l’on peut dire) par une série de signes cryptés que plusieurs œuvres recèleraient et un secret qui se serait transmis de propriétaires en propriétaires, jusqu’au musée d’Orsay, institution où se dissimulerait le centre du complot ! Son scénario se situe donc à mi-chemin entre Le Da Vinci Code et les « Illuminati » d’Anges et Démons, malheureusement sans la plume de Dan Brown. On prendra donc la teneur du livre avec une infinie prudence. Car le contenu qu’il propose, sous couvert d’annoncer des « révélations » sensationnelles, offre surtout un florilège d’interprétations tendancieuses de textes de l’époque ou plus récents, d’affabulations, voire d’hallucinations visuelles et de pensée magique, le tout assorti d’affirmations selon lesquelles lui seul détient ici la « vérité vraie ». Tout ce dispositif ne répond qu’à une unique motivation : faire croire en sa théorie. Il est de coutume qu’une hypothèse tienne compte de la réalité pour s’établir, ici, c’est à la réalité de s’adapter pour que l’hypothèse de départ ait un sens.
    J’aborderai, dans la cinquième édition augmentée de mon essai sur L’Origine du monde à paraître à la fin de cette année, les nombreux arguments contestable développés dans ce livre. Je me limiterai donc ici à mettre en lumière quelques fables abusivement présentées comme des « preuves irréfutables ».
    Les deux premières reposent sur ce que l’on pourrait penser des hallucinations visuelles de l’auteur. La première (pp. 17 et 18) concerne une célèbre caricature de Courbet par Léonce Petit publiée en « Une » du journal satirique Le Hanneton du 13 juin 1867. Le peintre y est dessiné entouré de plusieurs toiles facilement identifiables (La Femme au perroquet, La Remise de chevreuils, Les Demoiselles de village…). Une autre représente une grande feuille de vigne symbolisant L’Origine du monde. Au-dessus de la tête de Courbet, se trouve un autre tableau dans lequel l’auteur voit : « Une Femme très chevelue, les bras écartés vers le ciel, accompagnée sur sa gauche d’un perroquet. » Il s’agirait d’une allusion codée issue de la complicité de Courbet et de Petit, destinée à rappeler le prétendu grand tableau, affirme l’auteur… Or, comme on peut le constater ci-dessous, le dessin ne montre qu’un innocent paysage peuplé d’arbres dont le feuillage n’abrite ni femme, ni perroquet.


    Le Hanneton.
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    La seconde hallucination visuelle (pp. 37 et 38) se rapporte au portrait de Cézanne par Camille Pissarro exposé à la National Gallery de Londres. A l’arrière-plan, sur la droite, on retrouve la caricature du Hanneton, ce qui n’a rien de surprenant puisque Cézanne admirait Courbet. Mais, selon Johan de la Monneraye, Pissarro, au lieu de la feuille de vigne, aurait peint « l’arrière-train d’un éléphant bleu, un perroquet au-dessus du fessier et une paire de ciseaux entre les deux. » On ne sait pas trop ce que vient faire cet éléphant (que l’on attendait rose, pour le moins), mais le perroquet serait un rappel du prétendu grand tableau initial et les ciseaux une allusion à son découpage, bref, un « message codé uniquement compréhensible que par de rares initiés », soutient l’auteur. Une fois la phase de fou-rire estompée, le lecteur pourra se rendre sur le site de la National Gallery qui présente une photo du portrait de Cézanne. En zoomant sur la feuille de vigne, il verra le détail ci-dessous. Point d’éléphant, point de perroquet ni autres animaux d’une ménagerie imaginaire, pas de ciseaux non plus. Juste une feuille de vigne peinte « de chic », en quelques coups de brosse rapides, et une légère trace de salissure (ou une petite craquelure) sur la droite de la tige, qui n’a guère à voir avec des ciseaux. A défaut d’être des initiés, nous sommes surtout les témoins d’un naufrage.


    Zoom : cliquez l’image.
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    Ces deux « erreurs d’interprétation », au-delà de leur effet comique ou consternant, ruinent une grande partie de la « construction intellectuelle » de l’auteur qui repose notamment sur ce qu’il avait cru voir dans la caricature de Petit et la toile de Pissarro.
    Les deux autres fables auxquelles je me limiterai ne sont plus visuelles. La première est une interprétation d’un texte qui figure dans l’essai d’Elisabeth Roudinesco Lacan, envers et contre tout. Evoquant les mystiques, l’historienne de la psychanalyse y utilise le mot « extase » ; or, Lacan ayant été le propriétaire de L’Origine du monde, cela suffit à Johan de la Monneraye pour établir un lien avec le prétendu grand tableau, auquel il a arbitrairement donné le nom d’Extase et dont la tête qui lui appartient serait issue. Le raisonnement est un peu court, et même beaucoup. On trouve encore dans cette section du livre cette perle assez étonnante : « Elisabeth Roudinesco tissa avec son confrère une relation de confiance suffisante pour devenir son unique biographe. » Avec les 40 ans qui les séparent, peut-on qualifier Jacques Lacan de « confrère » d’Elisabeth Roudinesco ? « Maître », sans doute, mais « confrère » traduit une totale méconnaissance du sujet ; quant à l’idée que suggèrerait cette phrase, suivant laquelle Lacan aurait, en quelque sorte, adoubé l’historienne unique biographe, reconnaissons qu’elle aurait pris tout son temps pour matérialiser cette « relation de confiance », son monumental Jacques Lacan ayant été publié douze ans après la mort du psychanalyste…
    La dernière fable est encore plus préoccupante et ne fait plus rire du tout, car elle témoigne de la conception que se fait l’auteur de la déontologie. Dans une section technique, Johan de la Monneraye développe une théorie suivant laquelle les bords de L’Origine du monde fixés sur le châssis auraient été peints. En conséquence, il accuse sans beaucoup de précautions le musée d’Orsay d’avoir sciemment commandité une « mutilation physique radicale » et « criminelle » (p. 95) de la toile dont il assure la conservation, dans le but de faire disparaître toute trace de peinture qui aurait prouvé un découpage à partir d’un plus grand tableau. On ignore quel aurait été l’intérêt du musée, mais quelle importance, puisqu’il faut bien un complot. Pour donner à cette idée ridicule une caution sérieuse, l’auteur pense sortir de son chapeau un « témoignage irrécusable ». Il s’agit de celui de « Philippe Rouillac (Commissaire-priseur et expert auprès de la Cour d’Appel) qui a eu le tableau dans ses mains et a pu l’examiner, [et] a constaté que la toile peinte se prolongeait sur les bords, et passait même sur l’arrière du châssis. » Rien de moins. Or, le choix de Johan de la Monneraye quant à son témoin se révèle ici particulièrement malheureux. Il se trouve en effet que Philippe Rouillac est un ami ; nous nous sommes même rencontrés pour la première fois en 2006 alors que nous donnions une conférence commune sur – le sort est parfois ironique – L’Origine du monde ! Lorsque je lui fis part de la citation qui le mettait en cause, il opposa le démenti le plus formel : non seulement il n’avait jamais tenu ces propos, mais encore à quel titre aurait-il eu ce tableau entre les mains ?
    Est-il besoin d’apporter d’autres démonstrations du piètre crédit que l’on peut accorder à ce livre ? Dans cette affaire, ce qui me peine le plus, ce ne sont pas les postures ou impostures de l’auteur – qui n’hésite pourtant pas à émailler son texte de leçons de morale dirigées contre ceux qui ne partagent pas sa thèse. A son endroit, le mot de Chamfort s’impose : « Prendre les gens pour ce qu’ils sont et les laisser pour ce qu’ils ne sont pas. » Je pense plutôt à Jean-Jacques Fernier, qui fut le conservateur de l’ancien musée Courbet d’Ornans et actuel vice-président de l’Institut Courbet. J’ai beaucoup d’amitié et de respect pour lui. Sur le portrait de Johan de la Monneraye, nous nous sommes opposés en 2013, ce qui relève du débat d’opinion le plus normal. En revanche, utiliser en préface d’un livre publié en 2018 un texte qu’il écrivit en septembre 2013 relève du mauvais coup. Car je ne puis croire qu’il aurait accepté, après avoir lu cet ouvrage, de lui apporter sa caution tant les arguments qui y sont développés se révèlent fantaisistes. Finalement, ce récit, La Face cachée de l’Origine du monde, pourrait gagner à être rebaptisé : La Farce cachée lui conviendrait sans doute davantage.

    Thierry Savatier, 10 février 2018.


  • A.G. | 31 janvier 2018 - 17:05 17

    Facebook devant la justice française jeudi pour avoir censuré L’origine du monde

    Facebook confond-il oeuvre d’art et pornographie ? Le géant américain devra répondre jeudi d’accusations de censure devant la justice française pour avoir fermé le compte d’un particulier reproduisant une photo du tableau de Gustave Courbet L’origine du monde.

    Point de départ du litige : l’action en justice d’un enseignant qui reproche au réseau social d’avoir désactivé son compte personnel, « sans préavis ni justificatif », le 27 février 2011.

    Une coupure intervenue après la publication sur son mur du célèbre tableau du 19e siècle de Courbet représentant un sexe féminin, une photo qui renvoyait à un lien permettant de voir un reportage sur l’histoire de cette oeuvre.

    Il avait publié cette image quelques jours après la même mésaventure survenue à un artiste danois, Frode Steinicke. Facebook avait alors expliqué que ses règles interdisaient entre autres la nudité, mais avait fini par réactiver le compte du Danois, sans le tableau litigieux.

    Le 4 octobre 2011, l’internaute français assignait Facebook en justice pour réclamer la réactivation de son compte, au nom de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux.

    Pendant cinq ans, la compagnie américaine a bataillé, de recours en recours, pour tenter d’échapper à la justice française, avec comme principal argument le fait qu’étant domiciliée en Californie, la société ne pouvait être jugée qu’aux États-Unis.

    En février 2016, la cour d’appel de Paris a mis fin à cette bataille procédurale, en confirmant la compétence de la justice française pour juger le réseau social.

    La cour a confirmé l’ordonnance du Tribunal de grande instance de Paris du 5 mars 2015 qui avait jugé « abusive » la clause exclusive de compétence, obligatoirement signée par tous les utilisateurs de Facebook. Cette clause désigne un tribunal de l’État de Californie comme étant le seul habilité à trancher les litiges.

    L’avocat de l’internaute, Stéphane Cottineau, s’était alors félicité auprès de l’AFP d’un arrêt qui promettait de faire jurisprudence et d’« obliger Facebook et toutes les autres sociétés du cybercommerce étrangères qui disposent de ce type de clause à modifier leur contrat ».

    Me Cottineau se réjouit désormais que la justice puisse « enfin se pencher sur le fond du dossier ». Car le tableau de Gustave Courbet, explique l’avocat, est « une oeuvre majeure [qui] fait partie du patrimoine culturel français ».

    Tout en notant que le règlement de Facebook interdit les publications « contenant de la nudité », il souligne qu’avec ce tableau, « il s’agit à l’évidence d’une représentation magnifiée, sublimée, par le talent de l’artiste ».

    Peint en 1866, L’origine du monde avait choqué la société bourgeoise de l’époque. La commande du tableau est attribuée à un diplomate turc installé à Paris qui, croulant sous les dettes, a été contraint de le vendre. L’oeuvre, peu montrée en public, a plusieurs fois changé de mains et son dernier propriétaire privé a été le psychanalyste français Jacques Lacan.

    « Courbet n’a cessé de revisiter le nu féminin, parfois dans une veine franchement libertine. Mais avec L’origine du monde, il s’est autorisé une audace et une franchise qui donnent au tableau son pouvoir de fascination », relève la note explicative qui accompagne le tableau sur le site du musée d’Orsay à Paris, où il est aujourd’hui exposé.

    Et c’est « grâce à la grande virtuosité de Courbet, au raffinement d’une gamme colorée ambrée, selon le musée, que L’origine du monde échappe cependant au statut d’image pornographique ».

    Radio Canada


  • Albert Gauvin | 8 mars 2015 - 12:54 18

    Pourquoi Facebook a une dent contre "L’Origine du Monde" de Courbet
    Le tribunal de grande instance de Paris s’est déclaré compétent pour juger le réseau social, dans le cadre d’une plainte déposée par un Français qui avait posté le tableau sur sa page. L’OBS


  • A.G. | 20 novembre 2014 - 18:00 19

    Retour aux sources

    Thierry Savatier
    Courbet. Une révolution érotique.
    Bartillat

    Le revoilà, le fameux tableau. Là où on a pu le voir, il y a de ça ??? ans, Philippe Muray, Catherine Millet, Bertand Lavier et moi. Tableau alors visible pour la première fois en France mais exposé en catimini dans le modeste musée Courbet de la petite ville natale du peintre, Ornans. Après bien des aventures et mésaventures, le revoilà dans sa gloire, enfin délivré des enfers de l’histoire de la peinture, trônant pour l’été dans une exposition d’œuvres contemporaines ayant pour thème le sexe féminin.
    Je ne vais pas revenir sur les péripéties qui ont conduit l’Origine du monde de tableau méconnu, objet de dédain, sinon de mépris de la part de ceux qui avaient pu le voir, peu nombreux, ou en avaient simplement entendu parler (relisons ce qu’en écrirent ou en dirent d’éminents critiques, historiens d’art, conservateurs de musées... — leur remettre sous le nez leurs propos ne manquerait pas de les plonger dans quelque gêne), à chef-d’œuvre de la peinture universelle, qui l’ont fait passer du statut de « médiocre pochade » à celui de fleuron du musée d’Orsay. Je renvoie aux numéros d’art press où sont contées dans le détail l’histoire de la résurrection de ce tableau et, disons-le, toute modestie à part, la part que la revue y a prise, avec les complicités d’Alain Cuny et Philippe Sollers. Pour dire vite les choses, et pour rafraîchir la mémoire de ceux qui s’esbaudissent aujourd’hui sur la grandeur et la singularité absolue de l’Origine du monde : sans notre petite ballade impromptue au musée d’Ornans en ??, et les polémiques qui s’ensuivirent, il est probable que le tableau non seulement n’aurait jamais abouti au musée d’Orsay et n’aurait eu aucune chance de se trouver aujourd’hui à présider l’ensemble d’œuvres rendant hommage à ce sexe qui, bien entendu, n’est en rien à l’origine du monde. [...] Jacques Henric (lire l’article)


  • A.G. | 3 septembre 2014 - 22:14 20

    Après Ornans "L’origine du monde" part en voyage à Bâle

    Durant tout l’été, les amateurs de belles oeuvres ont pu admirer au musée d’Ornans une exposition autour du thème "Cet obscur objet de désirs". Au milieu de la collection, l’oeuvre particulière et sulfureuse de Gustave Courbet a attiré plus de 40 000 visiteurs. "L’origine du Monde" part aujourd’hui en voyage à Bâle en Suisse avant son retour à Orsay en 2015. (francetvinfo)


  • A.G. | 5 juin 2014 - 00:45 21

    On aura tout vu... Deborah de Robertis expose son sexe devant l’Origine du Monde. "Voir" ici.


  • A.G. | 1er juin 2014 - 20:39 22

    Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur L’origine du monde de Gustave Courbet France 3 Franche Comté


  • A.G. | 25 mai 2014 - 19:21 23

    Au musée Courbet d’Ornans, du 7 juin au 1er septembre 2014

    Quasiment inconnue du vivant de Gustave Courbet et ignorée du grand public jusqu’en 1995, L’Origine du monde est une oeuvre inclassable et ambigüe, aussi fascinante que troublante. Au-delà d’une étude consacrée à l’histoire de l’oeuvre et ses dispositifs de monstration, cette exposition est l’occasion de questionner la représentation du sexe féminin dans l’histoire de l’art. La présentation des oeuvres joue sur une mise en scène du regard et propose, du corps-paysage au sexe offert, une focalisation progressive sur l’objet du désir. Regard du collectionneur, regard érotique, regard anatomique, regard poétique sont autant de clés de lecture de l’oeuvre de Courbet qui, dans le même temps, montrent que la représentation du sexe féminin a passionné les artistes quelles que soient les époques. C’est ainsi près de 70 oeuvres (peintures, sculptures, dessins, gravures) d’Annibale Carrache, Dürer, Ingres, Rodin, Degas, Odilon Redon, Marcel Duchamp, Louise Bourgeois, etc... qui sont réunies autour de L’Origine du monde et invitent le visiteur à s’interroger sur la place du spectateur face à l’oeuvre d’art. Musée Courbet


  • V.K. | 26 mai 2013 - 20:36 24

    "L’ORIGINE DU MONDE, GUSTAVE COURBET"

    Superbes analyse et anagramme érotico-poétiques dans :

    Crédit : libellule.patchouli (facebook)

    Le livre sur amazon.fr

    La charade des auteurs : Mon premier est Etienne Klein, un physicien démiurge qui décompose les mots en particules élémentaires avant de les ressusciter en anagrammes renversants.
    Mon second est Jacques Perry-Salkow, un pianiste qui fait jazzer les mots comme sa musique.
    Mon tout est un festival pour l’esprit.

    JPEG - 23.8 ko
    Marie-Thérèse Walter, blonde, nez aquilin

  • A.G. | 13 février 2013 - 21:00 25

    Il n’est pas interdit de s’amuser.

    L’enquête du dernier Tintin reporter en herbe est sur agoravox, « le média citoyen ».
    Mais Tintin n’a-t-il pas perdu la tête et est-il vraiment le mieux placé pour enquêter sur la substance féminine, lui qui ne rencontra jamais que les bijoux de famille de... la Castrafiore ? Voici ce qu’en pense Michel Serres, grand tintinophile...


  • A.G. | 11 février 2013 - 13:11 26

    J’écrivais dès le 7 février à propos de l’article de Paris Match : « Une affaire comme celle de la Chasse spirituelle attribuée à Rimbaud et qui s’avéra un faux ? » Simple réflexe de prudence par rapport à l’origine même du « scoop » et à l’emballement médiatique de notre société (toujours à la recherche du) spectaculaire (vérifiez sur la "toile", c’est hallucinant !). André Gunthert, enseignant-chercheur, analyse le phénomène.

    L’article d’André Gunthert. pdf .


  • V. K. | 10 février 2013 - 23:55 27

    Caricature de Gustave Courbet encadré d’une auréole de ses œuvres

    En bas de page du journal satirique, manuscrit de Gustave Courbet

    « J’ai toujours trouvé souverainement ridicule qu’on me demande l’autorisation de publier mon portrait de quelque façon que ce fut, mon masque appartient à tous c’est pourquoi j’autorise le hanneton à le publier sous condition cependant qu’il n’oublie pas de l’encadrer d’une belle auréole »
    Gustave Courbet
    Paris le 17 avril(?) 1867

    C’est ainsi que l’on peut voir Courbet, croqué par le caricaturiste Léonce Petit, entouré de plusieurs de ses tableaux célèbres : « La remise de chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine », « Les demoiselles de village », « La Femme au perroquet » (présentée au Salon officiel de 1866). La version édulcorée, très académique de l’Origine du Monde en quelque sorte, datée aussi de 1866.) et last but not least, son nu réaliste, sous ce cadrage subjuguant et hyperchoquant pour l’époque, si bien que le caricaturiste l’aurait représenté par un simple cadre avec une feuille de vigne, et ce serait ainsi la première représentation publique du tableau. Courbet le détient dans son atelier, réservé aux seuls yeux avertis.

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    Courbet, La Femme au perroquet (1866)

    Nota . Cette page du Hanneton est citée dans l’article de Paris Match. Outre le cadre à la feuille de vigne, cette mention : « Au-dessus de la tête du peintre, on discerne une femme avec une chevelure abondante, la main droite tendue vers un oiseau à large bec. La voilà l’étude préparatoire inconnue ! » qui évoquerait « La Femme au perroquet » et le tableau présenté comme le haut de « L’Origine du monde ».

    Dois avoir de mauvaises lunettes. N’ai rien vu de tel, même en grossissant l’image.

    *

    Maxime Du Camp dans les Convulsions de Paris

    Courbet avait mis au point un décorum particulier autour de son tableau : la toile, présentée dans une pièce aveugle, n’était pas visible de prime abord. Un rideau vert l’occultant. Maxime Du Camp dans les Convulsions de Paris a fait une description de ce dispositif :

    « dans le cabinet de toilette[...]on voyait un petit tableau caché sous un voile vert. Lorsque l’on écartait le voile, on demeurait stupéfait d’apercevoir une femme de grandeur nature[...]Mais par un inconcevable oubli, l’artisan, qui avait copié son modèle sur nature avait négligé de représenter les pieds, les jambes,la poitrine, les mains, les bras, les épaules, le cou et la tête. »

    Nota : L’extrait de Maxime Du Camp accrédite la présence d’un tableau tel que nous le connaissons aujourd’hui, en contradiction avec la thèse dans l’article de Paris-Match, d’un nu complet présenté au riche acquéreur ottoman Khalil-Bey. Avant son découpage.

    Plus troublants dans l’article de Paris-Match, des observations en laboratoire (CARAA, Centre d’analyses et de recherche en art et archéologie ) : « John examine la marque de l’ancienne barre centrale (du supposé chassis d’origine) révélée à la lumière rasante. Elle mesurait 4,6 centimètres de large. Il assemble les radiographies et jubile : cette barre, c’est le raccord évident entre les deux œuvres. Cela se confirme encore avec l’observation d’une irrégularités dans le tissage de la toile : deux gros fils de trame verticaux se recoupent parfaitement sur le haut et le bas »
    Ce que pourrait confirmer ou infirmer une contre analyse si Orsay souhaitait balayer la controverse autrement que par un « fantaisiste » !

    *

    Dans Paris-Match

    « John (le propriétaire de la « tête »), se dit qu’il a encore du pain sur la planche. En attendant, il reconstitue avec Jean-Jacques Fernier la fabuleuse histoire du chef-d’œuvre. La voici. » _ Une histoire mystérieuse et merveilleuse comptée avec la plume imaginative d’Anne-Cecile Beaudoin. Il était bien dit dans l’article que c’était une histoire « reconstituée ».

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    Courbet, Jo, la belle Irlandaise

    Reste que l’histoire était belle, même en « réalité augmentée », avec pour héroïne « Jo, la belle Irlandaise » 1885-1866 (Metropolitan Museum of Art, de New York), modèle et amante de Courbet au moment de « La Femme au perroquet » et de « L’Origine du monde ». Même si L’Origine du monde a la toison brune et que la belle Irlandaise Joanna Hifferman soit rousse. Subterfuge ou « vérité d’artiste » !
    Une œuvre d’art doit garder sa part de mystère pour que l’imaginaire y trouve son compte.


  • V. K. | 10 février 2013 - 21:41 28

    Danielle Attali - Le Journal du Dimanche
    09 février 2013

    Le ministère de la Culture ne demandera pas d’examen du tableau présenté comme un fragment de L’Origine du monde. La polémique risque de durer, faute de preuves convaincantes.

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    Ce chef d’oeuvre n’est-il qu’une partie d’un tableau plus grand ? (Reuters)

    Gustave Courbet avait-il peint un haut à son tableau le plus sulfureux ? L’affaire lancée par l’hebdomadaireParis Matchjeudi n’en finit pas de faire grand bruit et d’agiter les experts des milieux artistiques. Mais, dans la coulisse, nombre de conservateurs restent dubitatifs, en dépit du devoir de réserve auquel ils sont soumis pour ne pas faire monter la cote des artistes. Si un laboratoire privé, le Centre d’analyse et de recherche en art et archéologie, a effectivement trouvé des concordances sur les pigments utilisés et a travaillé sur les poils du pinceau, ces éléments semblent "insuffisants" pour dire qu’il y aurait une partie manquante au tableau de Courbet et que ce serait justement ce beau visage de femme.

    Mais pour Jean-Jacques Fernier, auteur du catalogue raisonné de Courbet, la toile de lin serait semblable à celle utilisée dans le tableau du musée d’Orsay. Il y aurait aussi une trace de barre centrale, ce qui voudrait dire queL’Origine du mondeaurait été découpée. Problème, on ne retrouve pas ces marques sur l’original.

    Le début d’une polémique à rallonges ?

    Hubert Duchemin, expert en peinture du XIXe siècle, affirme, de son côté, que "les deux tableaux ne viennent pas du même pinceau". Frédérique Thomas-Morin du musée Courbet d’Ornans (Doubs) se montre également très "sceptique". Alors qui pourrait trancher ?

    Contacté vendredi, le ministère de la Culture a déclaré qu’il ne demandera pas de contre-expertise du "visage" au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Ce dernier ne peut travailler que sur des tableaux des musées nationaux. Les choses en resteront donc là au risque de faire des mécontents. "De toute façon, confie une conservatrice, que dire de plus ? Au mieux, confirmer que certains pigments sont identiques et que la toile date bien du XIXe et provient du même lot que le tableau de Courbet. Et après ?" Pas assez pour confirmer la théorie de M. John, qui l’a racheté à un antiquaire en 2010. Pour l’heure, c’est donc bien une polémique à rallonges qui se dessine. À moins que l’affaire ne rebondisse... Ou qu’elle se dégonfle faisant s’évanouir les espoirs et les millions d’euros rêvés par M.John.

    Danielle Attali - Le Journal du Dimanche
    09 février 2013


  • A.G. | 10 février 2013 - 14:57 29

    Thierry Savatier sur France Inter.

    Rappelons le livre : L’Origine du Monde - Histoire D’un Tableau De Gustave Courbet , Bartillat, 2006.

    Résumé

    Histoire du cheminement de cette oeuvre depuis son projet jusqu’à son entrée au Musée d’Orsay, en 1995, soit près de 130 ans après sa création. Une présentation de la toile à travers ses différents propriétaires, de Khalil-Bey à Jacques Lacan.

    Quatrième de couverture

    Fruit de plusieurs années de recherche, ce livre retrace toute l’histoire de L’Origine du monde, des arcanes de sa création en 1866 jusqu’à son entrée au musée d’Orsay en 1995. Conçu à l’origine pour Khalil-Bey, collectionneur ottoman résidant à Paris, le tableau de Gustave Courbet a connu un itinéraire des plus extraordinaires que Thierry Savatier éclaire d’un jour nouveau. L’ouvrage s’appuie sur de nombreuses archives publiques et privées françaises, anglaises, hongroises et américaines, et dévoile un pan secret à ce jour : le transfert du tableau en 1945 de Hongrie vers l’Union soviétique, où après bien des drames son propriétaire le baron Hatvany parviendra à le récupérer. Au début des années 1950, L’Origine du monde revient en France, acquis par Jacques Lacan, avant d’être livré au public. De nombreuses personnalités des XIXe et XXe siècles ont croisé le chemin du tableau : Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Edmond de Goncourt, Sylvia Bataille, Alain Cuny, Marguerite Duras, Claude Lévi-Strauss, Dora Maar, René Magritte...

    Scandale majeur de l’histoire de l’art, objet de fascination et de répulsion, cette oeuvre, offerte à toutes les interprétations, marque une date de rupture dans l’aventure de la peinture occidentale, qui justifie pleinement cette première « biographie » à part entière.

    *

    Regardez aussi :

    le documentaire de 60 mn, filmé à la Ferme Courbet de Flagey, par Lionel Georges, pour le Conseil général du Doubs, le 13 mai 2012, lors de la conférence de Thierry Savatier à l’exposition Jean-Pierre Sergent à la Ferme Courbet de Flagey.


  • Thierry Savatier | 10 février 2013 - 11:35 30

    L’article de Philippe Dagen confirme les arguments que j’avais développés la veille sur France Inter et RTL, puis, le 8 février, dans une chronique publiée sur mon blog "Les Mauvaises fréquentations".
    Thierry Savatier

    Voir en ligne : L’Origine du monde de Gustave Courbet, faut-il croire au miracle ?


  • V. K. | 9 février 2013 - 15:39 31

    Que reste-t-il de la provocation de Courbet aujourd’hui ? Paul Ardenne, historien de l’art et écrivain, et Christine Orban, écrivain, se livrent.
    C’est ici


  • A.G. | 8 février 2013 - 17:06 32

    L’article de Philippe Dagen

    L’Origine du monde est aujourd’hui la toile la plus célèbre de Gustave Courbet. Cette gloire a un revers : elle est livrée à toutes les élucubrations. Ainsi apprend-on dans un article signé d’Anne Cécile Beaudouin dans le dernier numéro de Paris Match, le 3 325e de l’hebdomadaire, que l’"on a retrouvé le visage de L’Origine du monde" — comprenez le visage de la dame qui aurait posé pour ce tableau où ne se voient ni tête, ni bras, ni jambes, mais seulement le ventre et le bas-ventre.
    Belle histoire, quoique assez prévisible : un amateur appelé "John" — il tient à rester anonyme —, un jour de pluie à Paris, un brocanteur pour s’abriter, la toile qui arrête le regard, un achat à bas prix et, après des recherches, la révélation. L’oeuvre est non seulement un Courbet, mais un fragment d’une plus grande, dont L’Origine du monde serait une autre partie.

    Suit la reconstitution de ce qui se serait passé. En 1866, Courbet peint La Femme au perroquet que l’on admire à New York au Metropolitan Museum, ici qualifiée de "nu très académique", ce que nul n’avait remarqué jusqu’alors. Pourquoi faut-il qu’il soit devenu "édulcoré" ? Parce qu’il y en aurait eu un autre, nu de face, sexe et toison pubienne livrés à la vue, la tête renversée, les bras relevés, sur lequel se poserait le susdit perroquet : la version hard. Cette toile, le collectionneur turc Khalil-Bey la voit dans l’atelier et veut l’acheter. "Courbet propose de la lui vendre selon un nouveau cadrage. D’un coup de couteau, il coupe la toile. Finalise (sic) le plissé du jupon, cède le bas à Khalil-Bey, conserve le haut." Un coup de couteau...

    Et pas un coup de hache, pour couper le bois du châssis ? Et pourquoi ce découpage ? Aucun des contemporains qui ont vu l’oeuvre — Maxime Du Camp surtout — ne dit mot d’une telle opération. Et pourquoi Khalil-Bey aurait-il accepté d’emporter un morceau et non l’oeuvre entière ?

    Des preuves ? La conviction de "John", qui aurait emporté celle de l’expert Jean-Jacques Fernier, dont les avis ont été souvent contestés. Et des indices matériels : les deux peintures auraient été exécutées sur le même genre de toile, avec la même trame, et par la même main. A en juger d’après les photographies de Paris Match, la proximité stylistique est douteuse. Ni la lumière, ni la touche, ni la texture de la peau, ni le chromatisme ne sont homogènes. A supposer que ce visage soit de Courbet, il daterait de ses débuts.

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    L’Origine du monde au musée d’Orsay depuis 1995.

    La similitude des textiles n’est pas plus probante : tous les peintres parisiens avaient les mêmes fournisseurs, peu nombreux. Embarrassantes aussi quelques erreurs. Passons sur ce monogramme CG qui se cacherait dans l’oreille de la femme : un moment d’égarement de l’amateur chercheur. Plus ennuyeuse la mention de l’étude partielle pour La Femme au perroquet, que l’"on n’a jamais retrouvée". Elle figurait néanmoins dans la rétrospective Courbet au Grand Palais en 2007, numéro 180, et appartient à Jeff Koons. Mais elle diffère si profondément par le style de la tête redécouverte qu’il aurait été en effet préférable pour la démonstration qu’elle ait disparu. Dans la même exposition était aussi L’Origine du monde, dont rien ne signale dans le catalogue qu’elle serait une partie découpée dans une toile plus grande. Et pour cause : son format, 46 × 55 cm est aussi celui de La Réflexion (1864), de la Femme aux dahlias (1871-1872) et de nombreuses natures mortes de Courbet. C’est un "10 Figure" dans la typologie française des formats standards.

    Mais le plus gênant se trouve dans la reconstitution de ce qu’aurait été la toile avant découpe. Pas besoin d’être anatomiste pour remarquer que, pour que ces épaules soient attachées à cette poitrine et ce ventre, il faudrait des seins très bas — ou une gorge très haute — et une colonne vertébrale d’une rare souplesse : le modèle de L’Origine du monde est à demi couché vers la droite alors que le cou et le visage du tableau réapparus sont tournés vers la gauche.

    Pour un peintre aussi attentif à la réalité des corps que Courbet, cette absurdité serait pour le moins étrange. A moins que se cache là la clé de l’énigme. Comme les odalisques d’Ingres, la modèle de Courbet jouissait de quelques vertèbres supplémentaires qui lui auront permis une élasticité hors du commun. La version "hard" de la Femme au perroquet était donc en vérité un hommage rendu par Courbet à Ingres, dont le Bain turc se trouvait alors chez Khalil-Bey, heureux possesseur au même moment de L’Origine du monde... On plaisante, évidemment.

    Lire aussi : notre note de blog sur ce sujet.

    Philippe Dagen, Le Monde du 8 février 2013.

    Lire aussi :
    L’Atelier des icônes
    et La Tribune de l’Art.


    • Dans un communiqué, le musée réfute officiellement la thèse selon laquelle un amateur d’art serait en possession de la partie haute du chef-d’œuvre de Courbet.

      Fait exceptionnel car il rompt son devoir de réserve, la direction du musée d’Orsay publie une réfutation claire et nette de l’hypothèse publie dans le Paris Match de cette semaine d’un morceau de tableau complémentaire à L’Origine du monde.

      Voici son communiqué intégral.

      Des hypothèses fantaisistes ont récemment été développés autour de L’Origine du monde de Gustave Courbet conservée au musée d’Orsay. Celui-ci souhaite rappeler certains faits bien connus des historiens de l’art. L’Origine du monde est une composition achevée et en aucun cas le fragment d’un œuvre plus grande. Longtemps entourée de secrets y compris dans ses dispositifs de présentation.

      Certaines zones d’ombre subsistent dans son historique. Une certitude cependant, confirmée par tous les témoignages du XIXe siècle : le tableau visible chez Khalil-Bey, son premier propriétaire et probable commanditaire, était bien ‘une femme nue sans pieds et sans tête. À cette description de l’œuvre par Gambetta répond celle de Maxime Ducamp qui mentionne en 1878 que Courbet n’avait pas représenté « le cou et la tête » de ce « portrait de femme bien difficile à décrire ».

      Les éléments relatifs à la technique de l’œuvre étudiée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France après l’acquisition du tableau par le musée d’Orsay ne révèlent que des données très habituellement observées sur les toiles des peintres de cette époque : la toile et les pigments utilisés ici ont été préparés de façon industrielle. La seule description objective que l’on puisse faire du support original est qu’il s’agit d’une toile assez fine et de tissage simple, dont la trame comporte des irrégularités observables sur la plupart des tableaux de cette époque. L’Origine du monde présente par conséquent des caractéristiques techniques tout à fait communes que l’on retrouve sur des centaines de toiles contemporaines.

      lefigaro.fr.

  • V. K. | 7 février 2013 - 19:25 33

    C’est le scoop du jour de Paris-Match

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    Paris-Match du 7 février 2013, page intérieure. (Photo DR)

    Voir ici.


  • anonyme | 8 juin 2010 - 23:02 34

    Jules a dit...

    On peut voir ce tableau, on peut aussi l’entendre, c’est ce qu’à fait le compositeur Tony Hymas dans sa suite intitulée "De l’origine du monde" qui utilise des textes de Courbet, Baudelaire, Pierre Dupont, Christian Tarting (chantés ou dits par Marie Thollot, Monica Brett Crowther, Nathalie Richard et Violeta Ferrer). Hymas voit et entend le lien entre la peinture de Courbet et la participation du peintre à la Commune. Les illustrateurs Daniel Cacouault, Simon Goinard Phélipot, Rocco, Stéphane Courvoisier, Zou, Eloi valat, Jeanne Puchol, Benjamin Bouchet, Sylvie Fontaine, Chloé Cruchaudet, Stéphane Levallois, Nathalie Ferlut ont participé au projet publié par les disques nato.


  • A.Gauvin | 28 mai 2007 - 16:15 35

    Dans le livre de Teyssèdre on peut lire (p. 413-416) :

    " En mai 1982 l’attention du grand public est attirée par une photo : L’Origine du Monde (pas l’original, la copie) en couverture du magazine Art Press . Elle sert de frontispice à un dossier sur l’obscénité. Une féministe s’en est offusquée, paraît-il, au point d’adresser à Henric ses semonces (pourtant elle connaissait bien Lacan, qui avait projeté en 1974 de faire avec elle le voyage en Chine ; preuve qu’il ne montrait pas son tableau à toutes ses amies, même féministes) [note 1]. L’image, d’un grain grossier, reproduit une diapositive (le cache de sa bordure, en noir, arrondit les quatre angles) sans commentaire ni indication de provenance. [suit le sommaire du numéro]
    Le 21 novembre Philippe Sollers a exhibé cette couverture d’ Art Press [59] dans un long monologue pour bande video sur  Le trou de la vierge [note 2]. La mise en scène est cadrée sur le visage et le haut du buste de l’orateur, avec de temps à autre un zoom au ralenti vers sa bouche ou ses mains, ou un panoramique sur les livres d’art posés sur la table, suivi de l’arrêt sur un tableau, soit le Courbet, soit, à plusieurs reprises, un Picasso. J’ai noté au passage ce que j’ai cru comprendre.

    Sollers expliquait que pour aller à l’endroit d’où ça sort, le corps humain, et où ça s’abime, il fallait s’occuper de la chose qui ne peut pas se voir sauf dans l’aveuglement, en mettant dessus un blanc ou un fétiche. L’absence d’art, c’est ça la frigidité et pas autre chose, ça ne se passe pas au niveau des petits organes qui se tripotent. Courbet a eu l’audace de représenter un tronc. C’est une innovation par rapport aux troncs d’église. Ce ne sera jamais quelqu’un ni quelqu’une car, comme vous voyez, ça ne marchera pas.
    De là Sollers en venait au trouage de celle qui, en cette affaire de femme nue, n’est jamais nue mais qui est appelée à s’élever dans les nues. Vénus n’a pas de trou, la Vierge Marie n’est qu’un trou. Son trouage est venu du dedans. La Vierge n’est pas du tout pucelle : elle a été effractée de l’intérieur par un corps qui est passé à travers elle. La logique de trou de Vierge, c’est que l’organe masculin n’a pas y pénétrer mais qu’il en sort un corps quand même...

    Moi, je perdais un peu pied dans cette théologie. Il me semble (je me trompe peut-être) que ce qui a ému Sollers, c’est l’instant où, à l’improviste, il a reconnu dans L’Origine du Monde la naissance de sa propre voix. Cela se devinait à ses mains filmées en gros plan, mains parlantes, tendues, et je suis sûr que si le plan vidéo a été cadré sur son sexe, ça serait vu à son sexe aussi. Sollers disait :

    Il y a très peu de chances pour que quelqu’un dise quoi que ce soit de vrai sur la question des questions, sur ce qu’il fait qu’il est là en train de parler. Est-ce ma voix qui sort de mon corps ? L’humanité croit spontanément qu’il y a une soupe biologique en cours, et qu’ensuite, en un second temps, le temps de refaire la soupe, le temps que la soupe se se représente à elle-même, eh bien, ça parle. Ca fait des bulles. Les bulles de la soupe éclatent, la soupe continue. Les bulles, c’est ce qui se sera exprimé, comme moi en ce moment, le temps de vivre. Imaginons l’inverse : que mon corps soit dans ma voix ; que j’ai à saisir ensemble le sexe (qui n’est pas le corps) et la voix, juste à l’endroit où ça produit des boursouflures. Le corps ne donne pas naissance à la voix. En revanche ma résistance nerveuse, ma fureur physique, la santé de mes cellules, mon obstination musculaire, l’allégement de ma circulation, viennent de ma voix. C’est concret, une histoire d’avoir ma peau. Je ne me déplace plus que par affnités physiques.

    L’étonnant est que Sollers ignorait que le Tableau avait appartenu à Lacan. C’est une voix venue du fond de la matrice qui le lui a appris, la voix d’Alain Cuny : " Je l’ai vvu. Dans sa ccampaaagne. " Lacan, je suppose, l’avait invité dans son pavillon de style anare pour le cérémonial du thé, leurs yeux diffus dans l’oeil creux d’un bol de l’ère Mono-yama. "

    note 1 : Jacques Henric en parle dans son dernier livre  Politique à propos de "la rupture en 1982 avec notre vieille camarade Maria-Antonietta Macciocchi, ancienne résistante à Mussolini, députée du Parti communiste italien, amie d’Althusser, de Pasolini, de Moravia, spécialiste de Gramsci et auteur de De la Chine (Maria-Antonietta, devenue une farouche féministe et prenant pour une photo porno le tableau de Courbet, L’Origine du monde, publié en couverture d’Art press, avait vu rouge et publié dans Le Monde un article où nous étions accusés, Sollers et nous, d’être des suppôts du fascisme). "

    note 2 : Voir Le trou de la Vierge , vidéo de Jean Paul Fargier, publiée en avril 2007 en DVD avec une autre vidéo, Sollers joue Diderot . Voir aussi Comment aller au paradis , entretien de Ph. Sollers avec Jacques Henric.


  • Livia | 28 mai 2007 - 00:39 36

    Réédition récente chez Gallimard (avril 2007) de ce livre très intéressant dans la collection dirigée par Sollers.

    LE ROMAN DE L’ORIGINE de Bernard Teyssèdre [1996] , 464 pages, 140 x 205 mm. Collection L’Infini, Gallimard -ess. ISBN 2070746151. 24,40 ?
    le même ouvrage . Nouvelle édition revue et augmentée en 2007, 544 pages, 140 x 205 mm. Collection L’Infini (2007), Gallimard -ess. ISBN 9782070784110. Parution : 20-04-2007. 25,00 ?


    Résumé

    Le personnage central est un tableau de Courbet, le plus scandaleux de toute l’histoire de la peinture, L’Origine du Monde. Il lui en arrive, à ce tableau, des aventures ! Le plus drôle, c’est qu’elles sont vraies. Car ce livre est en même temps un roman et une enquête d’historien (ou de détective). Qui était ce diplomate turc, Khalil-Bey, qui acheta au peintre l’image libertine pour la cacher dans sa salle de bains derrière un petit voile vert ? Qui était ce baron Hatvany qui emporta en Hongrie le ventre nu caché sous un paysage de neige ? Comment le tableau a-t-il échappé aux Allemands, puis aux Russes, et a-t-il traversé clandestinement le rideau de fer pour refaire surface près de Mantes-la-Jolie dans la maison de campagne du psychanalyste Lacan ?
    Ce livre a été publié sous une première forme en 1996. Dix années ont passé. Les documents sur l’histoire du tableau ont afflué. Certains étaient restés inaperçus, d’autres avaient été délibérément occultés ou falsifiés. Bernard Teyssèdre a voulu mettre les informations à jour et faire le point sur les questions en suspens : Rodin avait-il vu L’Origine du Monde lorsqu’il a entrepris sa série de dessins sur le sexe de la femme ? Ce tableau a-t-il inspiré à Picasso la Grande Pisseuse et à Duchamp Étant donnés ? Est-il vrai que Magritte en ait peint une copie qu’on a longtemps fait passer pour l’original ?
    Cette édition nouvelle n’est donc pas une simple reprise de la précédente. Ette a été entièrement revue et considérablement augmentée de façon à fournir un « ouvrage de référence » sur le plus étonnant des tableaux.

    Voir en ligne : http://www.gallimard.fr/


  • viktor | 12 décembre 2006 - 09:15 37

    A propos du message de DB relatif au commentaire de VGE.
    Certes, le sujet, le cadrage spectaculaire, le réalisme anatomique vulve rose et téton en érection, ne sont pas évoqués, mais voici la transcription des paroles de VGE en passant devant le tableau :
    « C’est difficile à décrire en terme de radio. [...] C’est admirable comme peinture, il faut dire, et très fort. [...] Il faut se mettre dans le contexte des différentes époques [...] Il y avait des choses que l’on ne montrait pas. Il y a, d’ailleurs, toujours des choses que l’on ne montre pas. [Courbet] a choisi de montrer quelquechose que l’on ne montrait pas et il l’a fait avec un immense talent. »


  • db | 11 décembre 2006 - 21:03 38

    "Indescriptible" ce tableau, pour VGE, qui propose pourtant de le commenter (!) sans rien en dire... sans rien pouvoir en dire. Misère de notre homme politique qui aurait tant aimé être Guy de Maupassant...