4 5

  Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » SUR DES OEUVRES DE TIERS » Le chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée
  • > SUR DES OEUVRES DE TIERS
Le chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée

D 17 avril 2024     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



« Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux.
[...] La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.
[...] La France moisie a bien aimé le XIXe siècle, sauf 1848 et la Commune de Paris. Cela fait longtemps que le XXe lui fait horreur, boucherie de 14 et humiliation de 40. Elle a eu un bref espoir pendant quatre ans, mais supporte très difficilement qu’on lui rappelle l’abjection de la Collaboration. »

Philippe Sollers, La France moisie, janvier 1999.

Avant de lire, en 1973, le livre La France de Vichy, de Robert Paxton, un historien américain qui révélait à une France stupéfaite et à une jeunesse à laquelle on n’avait rien appris dans les écoles de la République gaullienne que le maréchal Pétain était à l’origine de la loi sur le statut des juifs, une des plus dures d’Europe, que les nazis n’avaient jamais demandé que les enfants soient déportés et que c’est Pierre Laval qui avait pris cette initiative lui-même, j’avais vu, dans une salle du Quartier Latin, le Saint-Séverin, le documentaire de Marcel Ophuls, Le chagrin et la pitié à sa sortie en 1971 — donc après Mai 68 qui avait fait sauter bien des tabous. Il y a une douzaine d’années, j’avais présenté ce film sur Pileface. Arte vient de diffuser un nouveau documentaire qui retrace l’histoire de sa censure par l’ORTF (il sera diffusé pour la première fois à la télévision, le 28 octobre 1981 sur FR3 [1].) et de sa réception en France.

« C’était quand même très naïf, on ne se rendait pas compte à quel point on allait provoquer la controverse, moi en tout cas, je ne le savais pas. C’était complètement dingue, s’il n’y avait pas eu mai 68 et qu’il a fallu chercher du boulot ailleurs, le film tout simplement ne se serait pas fait, c’est tout. »

Marcel Ophuls.

Le chagrin et la pitié - La France de Vichy dynamitée

Réalisation : Joseph Beauregard

France, 2024

En 1971, la sortie du documentaire de Marcel Ophuls, Le chagrin et la pitié, brise le mythe gaullien d’une France unie contre l’envahisseur nazi. Histoire d’une déflagration historique qui, entre tabous et polémiques, a bouleversé le regard hexagonal sur les années d’Occupation.

(Disponible en replay jusqu’au 24 octobre 2024 sur Arte.tv).

Le 14 avril 1971 sort en catimini, dans une petite salle du quartier Latin, un documentaire qui va provoquer un séisme dans l’opinion française : pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un regard sans concession est porté sur l’Occupation. Pour Le chagrin et la pitié, Marcel Ophuls est parti enquêter à Clermont-Ferrand. Il dresse le portrait d’une ville de province située non loin de Vichy, et prise au quotidien, de 1940 à 1944, entre pétainisme et résistance, milices et collaboration. Le fils du célèbre cinéaste Max Ophuls (La ronde, Le plaisir, Lola Montès…) y rencontre notables, commerçants, paysans et enseignants, et croise leurs témoignages avec la parole de nombreuses personnalités, de Pierre Mendès France à Christian de La Mazière, engagé français de la Waffen-SS. Éclairant un versant jusqu’ici occulté de la mémoire collective hexagonale, Le chagrin et la pitié brise le mythe gaullien d’une France unie dans la résistance contre l’ennemi nazi. Petit à petit, l’écho du film grandit, et les polémiques et scandales qu’il déclenche lui assurent un succès public retentissant, marquant d’un sceau indélébile l’histoire de la France au XXe siècle.

Machine de guerre

Plus de cinquante ans après sa sortie, Joseph Beauregard retrace l’épopée de ce film hors du commun, d’une durée de plus de quatre heures et interdit d’antenne par l’ORTF pendant dix-huit mois. Le chagrin et la pitié – La France de Vichy dynamitée restitue au plus près son impact sur un pays qui n’avait jusqu’ici jamais été confronté à son propre comportement pendant la guerre. Il raconte comment, déjouant les tabous et la mauvaise conscience, Marcel Ophuls a mis au jour la fracture entre la génération post-68 et le pouvoir, dont l’intérêt était de laisser dans l’ombre "l’invraisemblable vérité" (Vichy n’a jamais aidé les juifs, par exemple), pour ne pas ternir l’image d’une nation en reconstruction. "C’était un film de combat, une machine de guerre contre le gaullisme et sa vision de l’histoire", confirme Sylvie Lindeperg, l’une des intervenantes, historienne, du documentaire. S’appuyant aussi sur les expertises d’autres historiens (dont Vincent Lowy, Henry Rousso ou Pascal Ory), du critique de cinéma Samuel Blumenfeld et de journalistes (Anne Sinclair, Antoine Spire), Joseph Beauregard fait œuvre salutaire : en soulignant l’exigence de justice du Chagrin et la pitié, il rappelle les tentations de falsification historique de tout pouvoir politique.

« “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée », histoire d’un film choc


« “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée ».
©LES FILMS DU TAMBOUR DE SOIE -ARTE/YAN. ZOOM : cliquer sur l’image.
Le réalisateur Joseph Beauregard revient sur la sortie mouvementée du documentaire de Marcel Ophuls en 1971, qui a jeté une lumière crue sur le comportement des Français durant l’Occupation.

Par Arnaud Gonzague

Le Nouvel Obs. Publié le 10 avril 2024.

A l’heure où un Eric Zemmour falsifie sans vergogne les faits historiques, affirmant que le maréchal Pétain a « sauvé » des juifs français, il est salutaire de regarder ce remarquable travail sur « le Chagrin et la Pitié ». Pourquoi ? Parce que, précisément, quand ce documentaire sort en 1971, presque clandestinement, dans une seule salle du quartier Latin à Paris, la plupart des Français ne savent rien ou presque de ce qui s’est réellement passé sous l’Occupation. Et ce docu coup de poing sera le premier à leur faire tomber les écailles des yeux. Il faut dire qu’en cette ère d’insouciant pompidolisme, la Seconde Guerre mondiale, achevée un quart de siècle plus tôt, n’est pas un objet de débat.

L’opinion se berce plutôt d’une histoire, aussi réconfortante que mensongère, que l’historien Henry Rousso appellera plus tard le « mythe résistancialiste ». Selon ce doux récit, tous les Français, gaullistes ou communistes, basés à Londres ou habitant les campagnes les plus reculées, ont vaillamment résisté à l’occupant nazi. Bien sûr, il y eut « une poignée de misérables et d’indignes » (dixit de Gaulle) qui s’est vautrée dans la collaboration. Mais le peuple, les institutions, bref « la France éternelle » (de Gaulle, encore) ne se sont, eux, jamais déshonorés.

Censuré par l’ORTF

C’est dans ce ciel sans nuage qu’explose l’atomique « Chagrin et la Pitié », cofinancé par des producteurs suisses et concocté par le caustique Marcel Ophuls. Celui-ci, fils du grand cinéaste Max Ophuls et auteur de reportages à l’ORTF, est bien décidé à éparpiller les certitudes collectives façon puzzle. Mai-68 est passé par là, et il compte, de son propre aveu, produire un film capable de « surprendre, chez lui et en pantoufles, ce qu’il est convenu d’appeler le Français moyen ».

Mais c’est un travail bien plus puissant que son œuvre accomplira. Car le Français moyen, notamment quand il est jeune en ce début des années 1970, a soif d’en apprendre plus sur un passé dont il pressent qu’il n’a pas livré ses plus âpres secrets. Et le public fait un triomphe au petit documentaire rendu sulfureux grâce à sa censure par l’ORTF, télé gaullienne s’il en est, qui refusa obstinément de le diffuser.


« “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée ».
©LES FILMS DU TAMBOUR DE SOIE. ZOOM : cliquer sur l’image.

Mais à quoi ressemble « le Chagrin et la Pitié » ? C’est une succession d’interviews de Français ordinaires, résidant presque tous à Clermont-Ferrand. Répondant aux questions posées par la drôle de voix nasale d’Ophuls, ils racontent ce dont ils se souviennent. Certains, comme l’ex-Waffen-SS Christian de La Mazière, ont été de fervents collabos et en restent fiers.

D’autres ont agi quelque peu vilement, comme ce boutiquier clermontois qui, sous l’Occupation, a publié une annonce dans la presse locale pour dire que, malgré ce que laissait penser son patronyme, il n’était pas juif. Certains se sont planqués, d’autres ont tondu les femmes à la Libération… Tout cela est présenté d’une manière terriblement acide, avec en fond sonore les chansons guillerettes de Maurice Chevalier (« Ça fait d’excellents Français »…) et de Brassens (« la Tondue »), dont l’effet est malaisant au possible.


« “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée ».
©LES FILMS DU TAMBOUR DE SOIE. ZOOM : cliquer sur l’image.

Dans « le Chagrin et la Pitié », il n’y a pas que des quidams qui s’expriment. Il y a aussi la colère du résistant Claude Lévy, accusant l’Etat français et la police d’avoir livré des juifs, y compris des enfants. Cela paraît une triste évidence aujourd’hui, mais à ce moment, il ne vient à l’idée de personne en France de songer que les institutions se sont volontairement compromises avec l’occupant. Quant à la tragédie singulière des juifs, elle est pour ainsi dire négligée par l’opinion, mêlée dans l’esprit des Français aux autres épreuves subies pendant la guerre. Le film d’Ophuls change tout ça.

« Un film qui a changé des choses, qui a changé la vie, des vies »

Bien sûr, tout ce remue-ménage agace le pouvoir gaulliste, qui n’a aucune envie que la complexité, la crudité du réel ne viennent bousculer ce qui ressemblait à un consensus historique. « Le moment n’est-il pas venu de jeter le voile, d’oublier ces temps où les Français ne s’aimaient pas, s’entredéchiraient et même s’entre-tuaient ? », tonne le président Pompidou dans une conférence de presse en 1972 (il vient alors de gracier Paul Touvier, chef de la Milice à Lyon). La gaulliste Simone Veil, elle aussi, rejette le documentaire qu’elle résume (faussement) à l’affirmation « Tous les Français auraient été des salauds ».


« “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée ».
©LES FILMS DU TAMBOUR DE SOIE. ZOOM : cliquer sur l’image.

L’écrivain et critique Michel Mohrt (qui avait, dans sa jeunesse, publié quelques papiers dans l’hebdo collaborationniste « Je suis partout ») s’empourpre au micro du « Masque et la Plume » : « C’est un film qui est un mensonge du début à la fin, qui est mesquin, qui est bas, qui est un film de guerre civile ! » L’extrême gauche n’est pas beaucoup plus tendre : dans « la Cause du peuple », Jean-Paul Sartre, jamais avare de sornettes, fustige un film qui « a déformé la Résistance, blanchi des collabos ».

Une fois aux affaires en 1981, le pouvoir socialiste acceptera que soit enfin diffusé le film maudit à la télévision. Mais François Mitterrand, ami notamment de René Bousquet (ex-secrétaire général de la police de Vichy et grand organisateur de la rafle du Vel’d’Hiv), ne goûtera jamais le brûlot.
René Bousquet, directeur général de la police de Vichy dans « “le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée »


René Bousquet, directeur général de la police de Vichy dans « “Le Chagrin et la Pitié”, la France de Vichy dynamitée ».
©LES FILMS DU TAMBOUR DE SOIE. ZOOM : cliquer sur l’image.

Heureusement, le public ne s’est pas laissé décourager : il a vu « le Chagrin et la Pitié », l’a commenté, ingéré, puis, longtemps après, digéré. Au point qu’il n’est pas excessif d’écrire qu’Ophuls a, comme peu de réalisateurs avant et après lui, modifié profondément le rapport des Français à un moment très spécial de leur histoire. Les fictions « Lacombe Lucien » (1974), « Monsieur Klein » (1976) avec Alain Delon, et même le potache « Papy fait de la résistance » (1983) marchent dans son sillage, d’une manière plus ou moins explicite. « C’est un film qui a changé des choses, qui a changé la vie, qui a changé des vies », résume le critique Samuel Blumenfeld.

Deux ans après sa sortie, la traduction du livre de l’historien américain Robert Paxton « la France de Vichy, 1940-1944 » vient d’ailleurs scientifiquement confirmer que la politique de collaboration n’avait pas été subie par les dignitaires vichystes, mais vigoureusement soutenue sur le plan idéologique et mise en œuvre avec « un zèle au-dessus de tout éloge » (Claude Lévy). Mais il faudra bien longtemps encore pour que les autorités reconnaissent la terrible accusation portée par le documentaire : à l’été 1995, le président Jacques Chirac admet que « la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français ».

La noblesse des frères Grave

Que reste-t-il aujourd’hui du « Chagrin et la Pitié » puisque, précisément, il a rempli sa mission ? Un ton mordant qui n’est plus guère au goût du jour ? Une colère contre un silence qui n’a plus vraiment lieu d’être ? Non. Ce sont sans doute les « beaux » témoignages qui demeurent. Celui, puissant et digne, de Pierre Mendès France, député de la IIIe République arrêté, jugé et incarcéré par Vichy, avant de parvenir à s’évader. Ou encore, plus que tout, celui des deux frères Alexis et Louis Grave.

Deux paysans auvergnats au parler lent mais à la parole sûre. Dans les heures les plus noires, ils ont monté un réseau de Résistance, cachant des armes et de l’argent. L’un des deux, Louis, a été attrapé par la Milice, torturé - il n’a pas parlé -, a été déporté à Buchenwald dont il est revenu la peau sur les os. De tout ça, il ne dit rien à la caméra, lâchant seulement des petites périphrases ironiques. Cette humilité souriante, cette idée qu’ils ont fait « ce qu’ils devaient faire », vaut plus que tous les mythes sur une France qui ne se serait pas trompée. Les frères Grave sont tout simplement le visage lumineux de l’humanité.

Arnaud Gonzague, Le Nouvel Obs, 10 avril 2024.

Le Chagrin et la pitié, la France des années noires

Par Eric Neuhoff

Le Figaro. Publié le 17/11/2011 à 17:58, Mis à jour le 18/11/2011 à 10:48



Le film, prévu au départ pour la télévision, dut être programmé au cinéma.
Le succès fut à la mesure de l’entreprise : 600 000 spectateurs, un record pour le genre. (Gaumont).
ZOOM : cliquer sur l’image.
Le film de Marcel Ophüls paraît en DVD. Sortie en 1970, cette chronique de l’Occupation conserve toute sa force.

« Si vous croyez que j’ai le temps d’aller voir un film qui dure quatre heures et demie ! » Voilà ce que répondait un des protagonistes du Chagrin et la pitié au moment de sa sortie en salle, en 1970. Il faut dire que ce paysan auvergnat en avait connu d’autres. Il vivait pas loin de celui qui l’avait dénoncé aux autorités durant la guerre. C’est une des figures qui émergent de ce long documentaire, chronique d’une ville française sous l’Occupation, plongée en noir et blanc au cœur de Clermont-Ferrand.

On y découvrait une vérité rarement abordée à l’époque : nos compatriotes n’avaient pas tous été de valeureux résistants. La légende en prenait un coup. Résultat : le film, prévu au départ pour être diffusé à la télévision, dut être programmé au cinéma. Le succès fut à la mesure de l’entreprise : 600.000 spectateurs, un record pour le genre. Il est vrai que les apparitions des divers intervenants avaient de quoi passionner le public. Ne pas oublier que le livre de l’historien Robert Paxton, La France de Vichy, n’était pas encore paru.

Sur l’écran défilent une pléiade de témoins. Mendès France, intelligence et cheveux teints, raconte avec un certain humour le procès qu’on lui fit alors pour désertion. Détail croquignolet : son évasion fut retardée par la timidité d’un séducteur maladroit. Voici ce commerçant qui publie dans la presse locale un entrefilet pour certifier qu’il n’est pas juif, contrairement à une rumeur persistante.

Dans les bonus, Marcel Ophüls se demande si ce Marius Klein n’aurait pas inspiré Joseph Losey pour son célèbre Monsieur Klein. Une coiffeuse confesse son maréchalisme. Sous des lambris, Christian de La Mazière détaille son engagement de jeune homme dans la division Charlemagne. On s’aperçoit ensuite que la séquence a été tournée au château de Sigmaringen. L’effet est stupéfiant. Derrière ses lunettes fumées, La Mazière dit « les chleuhs ». Dans d’autres ­bouches on relève les mots « boches », ­« doriphores », « frisés ». Autre temps.

Des images d’actualité montrent des femmes tondues sur la place publique. En fond sonore, il y a la chanson de Brassens sur le sujet. Un agent anglais homosexuel ne cache pas sa liaison avec un soldat allemand. Un ancien de la Wehr­macht marie sa fille et arbore fièrement ses décorations au revers. Tous ces gens parlent avec une franchise inouïe. Le champion cycliste Raphaël Géminiani a ouvert un bar. Derrière son comptoir, parmi les bouteilles de whisky, il se souvient des années noires. Les femmes se peignaient la couture des bas sur le mollet. Il y a ceux que les Allemands gênaient à peine et ceux qui les voyaient partout. Drôles de sons de cloche.

Des lacunes mais pas d’erreurs

La chronologie zigzague. Les mêmes événements sont éclairés par une lumière différente. En gros, la période semble avoir été grise. Les langues se délient. Voici Jacques Duclos, Emmanuel d’Astier de La Vigerie. Des anonymes évoquent leur vie quotidienne. La nourri­ture était apparemment l’obsession principale. Dans son bureau londonien, Anthony Eden refuse de juger. Un pays qui n’a pas été occupé ne sait pas ce que pouvaient ressentir ses habitants. Avec ses 134.000 âmes, Clermont-Ferrand offre un échantillon de personnalités. Campagne française.

Ophüls accepte les reproches : des lacunes, oui, des erreurs, non. L’ensemble constitue une date. On n’a pas fait mieux. Ce qui frappe, en particulier, c’est la façon dont s’exprimaient les interrogés. Quel que soit le milieu, une langue impeccable, des phrases complètes, des adjectifs choisis. Le titre ? Il est d’un pharmacien à qui sa petite-fille demandait ce qu’il avait ressenti de 1939 à 1944. Chapeau. Le Chagrin et la pitié resta longtemps mythique. Durant la campagne électorale de 1981, Jack Lang promit de le passer sur une chaîne publique. Promesse tenue : 20 millions de téléspectateurs se rivèrent à leur poste. On ne sait pas ce qu’en avait pensé Mitterrand. Qu’aurait-il dit, hein, si le réalisateur lui avait tendu le micro pour le film ? ­Vichy ? Quoi, Vichy ?

Eric Neuhoff, Le Figaro, 17 novembre 2011.

Le chagrin et la pitié sur wikipedia

Marcel Ophuls, sa vie, son oeuvre, son siècle. Les épisodes 23 à 26 sont consacrés au Chagrin et la pitié.


[1Cf. sur le site de la Cinémathèque, Arthur Conte, président de l’ORTF, s’explique sur son refus de diffuser le documentaire Le chagrin et la pitié consacré à la collaboration ainsi que l’analyse des réactions suscitées à l’époque.

Un message, un commentaire ?

Ce forum est modéré. Votre contribution apparaîtra après validation par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
  • NOM (obligatoire)
  • EMAIL (souhaitable)
Titre

RACCOURCIS SPIP : {{{Titre}}} {{gras}}, {iitalique}, {{ {gras et italique} }}, [LIEN->URL]

Ajouter un document