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Sollers, Mozart et l’ésotérisme

Légende Agent secret, roman

D 27 janvier 2024     A par Albert Gauvin - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


J’écoute en ce moment même France Musique qui me rappelle que Mozart est né le 27 janvier 1756. Philippe Cassart nous fait écouter Mozart, l’œuvre pour piano : ma discothèque idéale : un enchantement. Mystérieux Mozart, on sait que c’est le titre d’un essai de Sollers publié il y a une vingtaine d’années. Après avoir attiré l’attention il y a quelques jours sur un aspect de la personnalité de Sollers avec Pourquoi Sollers en temps de détresse — disons le explicitement : sa foi —, n’est-il pas temps d’éclairer un autre aspect de son oeuvre — encore plus « curieusement occulté par ses actuels thuriféraires » (Henric) ? Car il y a aussi un très très mystérieux Sollers dont l’ésotérisme des derniers livres (si on considère les romans, au moins depuis Les Voyageurs du Temps, 2009, mais, si on considère l’ensemble de l’oeuvre, depuis bien plus longtemps) n’a, semble-il, pas encore été vraiment perçu, fût-il clairement affirmé jusque sur sa pierre tombale. N’ayons pas peur de nous répéter en vous proposant quelques clefs.

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« Ici est la rose, ici il faut danser.
Ce qui constitue la différence entre la raison comme esprit conscient de soi et la raison comme réalité présente, ce qui sépare la première de la seconde et l’empêche d’y trouver sa satisfaction, c’est l’entrave d’une abstraction qui n’a pas pu se libérer ni se transformer en concept. Reconnaître la raison comme la rose dans la croix du présent et se réjouir d’elle, c’est là la vision rationnelle qui constitue la réconciliation avec la réalité, réconciliation que procure la philosophie à ceux à qui est apparue un jour l’exigence intérieure d’obtenir et de maintenir la liberté subjective au sein de ce qui est substantiel et de placer cette liberté non dans ce qui est particulier et contingent, mais dans ce qui est en soi et pour soi. »

Hegel, Préface à la Philosophie du droit. Berlin, le 25 juin 1820 [1].

Pourquoi commencer par cette citation de Hegel ? Parce que vous pouviez lire au début de Complots cet AVERTISSEMENT, daté de mai 2016 :


« La rose de la Raison dans la Croix du Présent ».

« Paradoxe : plus le bruit de la violence et de l’ignorance augmente, plus les marchés financiers s’enfoncent dans le numérique fou, plus l’illettrisme et le terrorisme s’incarnent comme des religions nouvelles, plus la science du silence se fait sentir.
Elle se révèle à travers le temps, cette science, comme une vaste série de complots menés par des singularités insoumises et irréductibles.
Au cœur des ténèbres, donc, se tient la lumière, "rose de la raison, dans la croix du présent". »

Parce qu’on lit dans Le Nouveau (Gallimard, 2019, p. 102) : « Je serai enterré dans un cimetière du coin, non loin des aviateurs australiens ou néozélandais qui sont venus se battre et s’écraser sur l’île. Ma dalle funéraire verticale est prête, et comporte une rose sculptée. »

Quelle est cette « rose sculptée » ? Écoutez ce que Sollers déclarait en mars 2019 au micro de rfi [2].

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Et, de manière encore plus précise, dans son entretien du 15 avril 2021 avec Laure Adler.

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Mais le mieux est encore de lire ce qu’écrit Sollers dans Agent secret (p. 95-98) :


Manet, Roses dans un verre à champagne, 1882.

« La rose de la Raison dans la Croix du Présent. » J’ai fait sculpter pour ma tombe future, dans le cimetière d’Ars-en-Ré, une croix et une rose avec cette phrase de Hegel. Ma tombe est prête, elle m’attend, près du carré des aviateurs anglais, néo-zélandais et australiens, qui sont venus se battre contre les nazis au-dessus de cette île, entre 1940 et 1942, pour ma liberté. Ils avaient vingt-deux ou vingt-trois ans, pilotes ou mitrailleurs, morts en grande jeunesse, personne n’a jamais réclamé leurs corps, le carré est très bien entretenu par les Britanniques. Ce voisinage me plaît. On peut trouver facilement ce cimetière, le clocher d’Ars-en-Ré est reconnaissable de loin, il est peint en noir et blanc car il servait d’amer aux marins, il est en cours de restauration. Ma maison du Martray n’est pas loin. Les lauriers sont immobiles, le ciel s’est figé en plaques grises, la marée est haute, des mouettes passent au-dessus de moi. Les fleurs respirent, le pin parasol et les acacias sont à leur place, l’herbe dans le léger vent, tout cela m’accompagne et m’accompagnera toujours. Encore une histoire de confiance. La rose de la Raison dans la Croix du Présent, donc. C’est parfait. Il faut tout prévoir, on est joueur professionnel ou on ne l’est pas. Sans pathos ni rien, juste de la lumière et de la musique. Cette rose est un motif de réconciliation, motif qui traverse d’ailleurs toute l’oeuvre de Hegel. Le présent, qu’est-ce que c’est ? La guerre. La Croix du Présent, c’est le combat, le souci, le difficile cheminement à travers les obstacles. La Croix, quoi. Et la Croix ce n’est pas rien, on en parle encore, c’est lourd à porter. La rose, c’est ce qui doit guider malgré le supplice du présent. Il n’y a qu’à consulter l’actualité pour savoir de quoi je parle. Donc, l’existence humaine doit être menée par une raison qui dépassera la raison au sens habituel, et je n’en veux pour preuve que le texte des Illuminations de Rimbaud, qui s’appelle « À une raison ». Je voudrais le reproduire ici intégralement cette fois. Le voici :

« Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie.
Un pas de toi c’est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.
Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, - le nouvel amour !
"Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps", te chantent ces enfants. "Élève n’importe où la substance de nos fortunes et de nos vœux", on t’en prie.
Arrivée de toujours, qui t’en iras partout. »

La nouvelle Raison (révolutionnaire) est donc susceptible d’être appelée « le nouvel amour ». Et cette magnifique conclusion : « Arrivée de toujours, qui t’en iras partout. »
Il est clair que c’est là une définition de l’amour tout à fait subversive que donne Rimbaud, révolutionnaire lui-même (Verlaine ne comprend rien à ce que Rimbaud dit là) : « arrivée de toujours », c’est le temps, et « tu t’en iras partout », c’est l’espace. L’espace-temps. Nous sommes là ou pas. C’est cela la nouvelle raison, la rose de la Raison. Comprise comme ça, ce n’est évidemment pas la raison raisonnable, mais la raison en tant que nouvel amour. Et « arrivée de toujours qui t’en iras partout », c’est la définition même de ce que j’appelle la Révolution française. C’est en français que ça a été écrit, par un poète, Rimbaud. Hegel, lui, est le seul penseur qui a compris la Révolution française parce qu’il a saisi qu’il s’agissait avant tout de la mort, qu’un peuple tout entier avait compris la signification formidable de la mort. C’est d’ailleurs l’exergue qu’a choisi, si étrangement, Bataille pour sa préface à Madame Edwarda : « La mort est ce qu’il y a de plus terrible, et maintenir l’œuvre de la mort est ce qui demande la plus grande force. » Oui, supporter, éprouver, être en face de la mort, c’est ce qui donne la plus grande force. Cette force pousse à quoi ? À la rose de la Raison. Et à un nouvel amour qu’il faut redéfinir, parce que l’amour c’est bourré de clichés, de névroses, d’utilisations falsifiées etc. Rien de plus falsifiée que la notion d’amour, dont Céline a eu raison de dire que c’était, le plus souvent, « l’infini mis à la portée des caniches. » En général. Il n’y a qu’à ouvrir la presse et nous en avons l’illustration constante, dans Paris-Match par exemple, ou dans d’autres magazines du même esprit.

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Maintenant regardons une nouvelle fois ce film.

Légende Agent secret, roman

Un film de G.K. Galabov et Sophie Zhang

« Heureux celui dont la façon de procéder rencontre la qualité des temps » (Machiavel [3])

Ré-Londres-Pékin-Paris, 2020-2021.

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Il y est longuement question de Mozart, de la franc-maçonnerie et d’un arc-en-ciel. Essayons, à travers la lecture d’un tableau, de quelques illuminations et une certaine écoute musicale de voir ce qui est en jeu.

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Mozart et la franc-maçonnerie


Tableau qui représente l’intérieur de ce que l’on croît être la loge Zur neugekrönten Hoffnung (« L’espérance nouvellement couronnée »), à Vienne.
On pense que Mozart est représenté en bas à droite, avec un habit noir et épée,
assis au côté de son ami Emanuel Schikaneder (avec un habit rouge).
Musée de Vienne. Peinture à l’huile, vers 1785.

ZOOM : cliquer sur l’image.
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En voyant le film, en janvier, j’avais noté : le musée de Vienne date A l’Espérance nouvellement couronnée de 1785. Sollers, dans le film, mentionne « 1789 ». Ce choix n’est pas insignifiant : début de la Révolution française. On sait par ailleurs que Mozart resta membre de cette loge jusqu’à sa mort à Vienne le 5 décembre 1791, deux mois seulement après la première représentation de La Flûte enchantée au théâtre de Schikaneder.

Dans Légende, Sollers écrit, chapitre « ESPÉRANCE », p. 76 (L’espérance, seconde vertu théologale) :

Encore une question de date :
Il y a, au Musée historique de Vienne, un tableau exceptionnel par l’information qu’il révèle. Une trentaine de personnages, tous masculins, sont réunis dans une loge maçonnique appelée « l’Espérance Nouvellement Couronnée ». La date d’une notice française le donne comme ayant été exécuté en 1782, énorme erreur, alors que la notice anglaise le situe justement en 1789, année d’une subversion mondiale. L’ignorance française à propos de la franc-maçonnerie apparaît ici en plein jour, ainsi que l’occultation, plus ou moins volontaire, des vraies sources de la Révolution elle-même.

C’est Joseph II, à Vienne, qui, en tant que despote éclairé, a décidé de faire un peu le ménage dans les Sociétés secrètes. Les Illuminés de Bavière, très radicaux, sont venus de là. Dans le tableau de l’Espérance nouvellement couronnée, un personnage assis, en bas à droite, attire notre attention : c’est Mozart. Il est en noir, avec un grand nœud papillon blanc, l’épée au côté, à gauche. Il porte sa main droite sur son cœur, ou plutôt sur un compas, bijou qui, avec l’équerre, fait partie des symboles maçonniques courants. On sait que Mozart est entré en maçonnerie entre la fin de 1784 et le début de 1785, ce dont témoignent, si on les écoute en profondeur, les concertos pour piano n° 19 et surtout n° 20. Mozart, de toute évidence, a été bouleversé, de façon dramatique, par son initiation. Dans le tableau, son voisin de droite est l’homme de théâtre Emanuel Schikaneder, et nous voici donc en pleine Flûte enchantée.

Sur l’appartenance de Mozart à la franc-maçonnerie, Ferdinand Zörrer écrit dans Mozart : les chemins de l’Europe (direction Brigitte Massin, p. 257-259) :

« [...] Aux antipodes des Gold und Rosenkreuzer [4] ainsi que des Frères asiatiques, on trouvait l’ordre des Illuminés, fondé le 1er mai 1776 à Ingolstadt par le pro­fesseur Adam Weishaupt, qui le nomma Orden der perfedibilisten (ordre des Perfectibilistes). Le nouvel ordre se considérait comme une unité de combat contre les "ennemis de la raison et de l’humanité", comme un puissant parti uni contre les jésuites et une forte institution contre les Rose-Croix allemands. L’ordre des Illuminés était diamétralement opposé aux autres sociétés secrètes. C’est aux environs de 1781-1782 que les Illuminés réussirent à prendre fermement pied à Vienne. Leurs activités furent de courte durée car en 1786 l’organisation cessa manifestement de fonctionner.
C’est en raison de rivalités internes au sein des sociétés secrètes et de l’exubérante prolifération de loges non officielles et non affiliées à la Grande Loge nationale qu’un certain nombre de frères souhaitèrent une organisation plus stricte. L’empereur lui-même désirait insérer les loges dans une structure contrôlée. C’est ainsi que Joseph II édicta en décembre 1785 le célèbre Freimaurerpatent (édit sur la franc-maçonnerie), qui reconnaissait l’existence de l’ordre mais restreignait le nombre de loges. Les toutes premières phrases du texte contenaient aussi des observations inamicales de l’empereur. De nombreux frères en conçurent de l’amertume. Le contrôle des autorités entraîna rapidement un certain déclin de la vie des loges. Deux loges collectives furent fondées à Vienne : Zur Wahreit (A la Vérité) et Zur neugekronten Hoffnung (A l’Espérance nouvellement couronnée) ; les activités de la première durèrent une seule année. La Neugekronte Hoffnung, elle, subsista jusqu’en 1794 après avoir repris, à la suite de la disparition de la Grosse Landeslage (Grande Loge nationale), le nom de Gekronte Hoffnung (A l’Espérance couronnée).

Sous le règne de Léopold II, la franc-maçonnerie connut une brève prospérité bien que le siècle des Lumières touchât à sa fin. Le régime réactionnaire de l’empereur François marqua l’extinction de la maçonnerie en Autriche. C’est la Révolution française qui conduisit tous les systèmes monarchiques à craindre toute activité libérale. La révélation d’un prétendu complot jacobin et une sanglante persécution, qui fit de nombreuses victimes parmi les francs-maçons, marquèrent le point culminant des mesures prises à l’encontre de l’ordre. Diverses réglementations criminalisèrent la franc­ maçonnerie. Sous la monarchie des Habsbourg, elle resta interdite (sauf en Hongrie après 1867) jusqu’à la fin de la première guerre mondiale et à la fondation de la République.

Pour en venir à présent à Mozart lui-même, le 5 décembre 1784, la loge viennoise Zur Wohltatigkeit (A la Bienfaisance) adressa aux loges sœurs le document suivant : "Candidat : maître de chapelle Mozart. Notre ancien secrétaire, le Frère Hoffmann, a omis d’annoncer cette candidature aux très honorables loges sœurs ; elle a déjà été communiquée il y a quatre semaines à l’honorable loge de district, et nous devrions donc prendre des mesures pour l’admission du maître de chapelle Mozart au cours de la semaine prochaine, si les très honorables loges sœurs n’élèvent pas d’objection. Fait en l’Orient de Vienne..." On ignore qui présenta la candidature de Wolfgang Amadeus Mozart à la franc-maçonnerie ; peut-être s’agissait-il du maître de la loge, le baron Otto von Gemmingen, protecteur du compositeur à Mannheim en 1778 et qui s’était établi à Vienne quatre années plus tard.

A la suite de son initiation survenue le 14 décembre 1784, Mozart visita la célèbre loge Zur Wahren Eintracht (A la Vraie Concorde) qui fonctionnait dans les mêmes lieux. C’est cette loge qui admit l’apprenti au grade de compagnon le 7 janvier 1785, à la demande de sa petite loge. Nous ne connaissons aucun document attestant de l’élévation de Mozart au troisième grade (maître maçon), mais elle a dû avoir lieu peu après comme le voulait la coutume à cette époque.

C’est Wolfgang Amadeus lui-même qui présenta la candidature de son père Leopold à l’admission dans sa loge. L’initiation eut lieu le 6 avril 1785 et fut suivie par l’élévation au deuxième grade le 16 avril, puis au troisième le 22 avril. Le 24 avril 1785, père et fils visitèrent la loge Zur gekronten Hoffnung (A l’Espérance couronnée) où l’on honorait lgnaz von Born, maître de la loge Zur Wahren Eintracht (A la Vraie Concorde). C’est à cette occasion que fut jouée une nouvelle cantate de Mozart : Die Maurerfreude (La Joie du maçon) K.471.

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Grâce aux actes de la Wahre Eintracht, nous savons que Mozart fréquentait assidûment les réunions des loges.
Haydn fut initié à la loge Wahre Eintracht le 11 février 1785 ; peut-être sa candidature a-t-elle été présentée par Mozart.
C’est en raison du Freimaurerpatent de l’empereur Joseph Il, de 1785, que Mozart fut reçu à la loge A l’Espérance nouvellement couronnée, dont il resta membre jusqu’à sa mort. Nous ne connaissons pas à ce jour l’existence d’actes relatifs à cette période, mais nous savons, grâce à un grand nombre d’œuvres musicales maçonniques, d’avis et d’invitations, que Mozart se livrait assidûment à des activités maçonniques, se distinguant en cela d’un grand nombre d’autres membres célèbres de l’ordre.
Après la disparition de Mozart, l’acteur Karl Friedrich Hensler prononça, devant une assemblée de maçons du troisième degré, un discours maçonnique qui fut imprimé par le frère lgnaz Alberti. Nous y lisons : "Le grand maître de l’Univers a voulu retirer de la chaîne l’un de nos membres les plus aimés et les plus méritants. Qui ne le connaissait ? Qui ne l’estimait ? Qui ne l’aimait ? Notre digne frère Mozart [...] maçon par la raison et par l’esprit [...] qui n’oublia jamais de se conduire en être humain." »

On croit souvent que le Requiem, une commande, est la dernière oeuvre de Mozart parce qu’il le laissera inachevé. En fait, le 15 novembre 1791, pour l’inauguration du nouveau lieu de réunion de la loge « À l’Espérance nouvellement couronnée », Mozart écrit encore la Petite cantate maçonnique K.623, qu’il nomme « L’éloge de l’amitié ».

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Dans Mystérieux Mozart, Sollers écrit (folio, p. 68) :

On ne connaît que depuis 1991 les témoignages sur l’exécution du Requiem (l’Introït et la fugue du Kyrie) lors d’un service à la mémoire de Mozart en l’église Saint-Michel de Vienne, dix jours après sa mort. Cela dissipe quelques malentendus.
Sa dernière œuvre importante est pourtant datée du 15 novembre 1791, trois semaines avant sa disparition. Il s’agit de la Petite cantate maçonnique K. 623, pour deux ténors, basse, deux violons, altos, basse, flûte, deux haut-bois, deux cors. Les premiers mots : « Que le gai son des instruments. »
D’après Constance, la santé de Wolfgang s’était suffisamment améliorée pour qu’il puisse non seulement composer cette cantate, mais se rendre à la loge « À l’Espérance nouvellement couronnée » pour en diriger la première exécution.

Que le gai son des instruments
proclame à voix haute notre joie,
que le cœur de chaque frère perçoive
l’écho de ces murs.

Nous entendons aussi : « Nous consacrons ce lieu à la sainteté de notre travail, qui doit déchiffrer le grand secret. » Nous entendons encore que, dans ce lieu, pour le cœur de tout frère, « ce qu’il fut, ce qu’il est et ce qu’il sera est parfaitement clair ». Là, donc, « la bienfaisance règne dans son éclat silencieux, comme sont bannies à jamais l’envie, l’avarice et la calomnie » (est-ce possible ?). On peut donc recevoir « dignement la vraie lumière de l’Est ».
Nous devons maintenir ces trois données : Mozart sait qu’il écrit son propre Requiem, qu’il va le laisser inachevé et il en est désolé. Il compose en même temps une cantate de joie. Il s’intéresse enfin passionnément, jusque dans ses derniers moments, aux représentations en cours de la Flûte : « Il gardait sa montre à la main, la suivait des yeux, et disait, après que le temps de l’ouverture fut écoulé : "Maintenant, c’est le premier acte." Ou bien : "Maintenant, c’est le moment : À toi, grande Reine de la Nuit !" »
Ou bien : « La veille de sa mort, il disait encore à sa femme : ’’Je voudrais bien entendre encore une fois ma Flûte enchantée." Et il fredonna d’une voix presque imperceptible : "Der Vogelfänger bin ich, ja ! (C’est moi qui suis l’oiseleur !)" Feu M. le Kapellmeister Roser, qui était à son chevet, se leva, se mit au piano et chanta le lied ; et Mozart en manifesta une joie visible. »
Enfant, Mozart s’est souvent entendu appeler « Wolfgangerl ».
Tout cela à la fois.

Sur La Flûte enchantée et son lien avec la franc-maçonnerie, je ne peux que renvoyer au documentaire d’Axel Brüggemann et Axel Fuhrmann « La Flûte enchantée » : Le message secret [5]. Mais vous pouvez aussi regarder La Flûte enchantée, l’opéra franc-maçon de Mozart :

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La Lettre de Mozart à son père du 4 avril 1787

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Photogramme du film de Galabov (2020-2021)

Dans le film de Galabov, Sollers cite une lettre de Mozart à son père d’avril 1987. Il l’avait déjà fait en mai 1983 dans une introuvable série d’émissions de France Musique consacrée à Mozart avec Sade que j’avais mise en ligne en janvier 2009. Sur la musique d’Idoménée (dir. Nikolaus Harnoncourt, 1980), la lecture à haute voix que fait Sollers de la lettre de Mozart à son père malade (il mourra le 28 mai) est alors d’un ton alerte et enjoué — contrairement à la lecture silencieuse et, finalement, plus grave, à laquelle il nous invite en 2021, même s’il le fait, bien sûr, sur l’allegro du Concerto N° 20 in D minor, K466 (dir. Ferenc Fricsay — piano Clara Haskil, 1957).

1983 : « Et quant à son père », donc...

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Lettre de Mozart à son père malade (avril 1787)

« Mon tres cher pére ! [en français dans le texte]

J’apprends maintenant que vous êtes vraiment malade. Je n’ai pas besoin de vous dire avec quelle impatience j’attends une nouvelle rassurante de votre propre plume ; et je l’espère aussi fermement — bien que je me sois habitué à imaginer toujours le pire en toutes circonstances. Comme la mort (si l’on considère bien les choses) est l’ultime étape de notre vie, je me suis familiarisé depuis quelques années avec ce véritable et meilleur ami de l’homme, de sorte que son image non seulement n’a pour moi plus rien d’effrayant, mais est plutôt quelque chose de rassurant et de consolateur ! Et je remercie mon Dieu de m’avoir accordé le bonheur (vous me comprenez) de le découvrir comme clé de notre véritable félicité. Je ne vais pas jamais me coucher sans penser (quel que soit mon jeune âge) que je ne serai peut-être plus le lendemain — et personne parmi tous ceux qui me connaissent ne peut dire que je sois d’un naturel chagrin ou triste. Pour cette félicité, je remercie tous les jours mon Créateur et la souhaite de tout coeur à tous mes semblables. Dans ma lettre, je vous exposais ma manière de penser sur ce point (à l’occasion de la triste disparition de mon excellent ami le comte von Hatzfeld), il avait tout juste trente et un ans comme moi ; ce n’est pas lui que je plains, mais plutôt, et cordialement, moi et tous ceux qui le connaissaient aussi bien que moi. J’espère et souhaite que vous alliez mieux au moment où j’écris ces lignes ; si contre toute attente vous n’alliez pas mieux, je vous prie par... de ne pas me le cacher et de m’écrire, ou de me faire écrire, la vérité pure, afin que je puisse aller me blottir dans vos bras, aussi rapidement qu’il serait humainement possible ; je vous en prie par tout ce qui — nous est sacré. . »

Sollers : « Son père a la permission de mourir. » (il le répète deux fois).

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Photogramme du film de Galabov (2020-2021)

Dans Mystérieux Mozart (2001), Sollers cite cette lettre "extraordinaire" et la commente ainsi :

« Ce véritable et meilleur ami de l’homme » : Tod, la mort, est au masculin en allemand (comme la mer est au masculin en italien ou en espagnol). La mort est un ami.
« Vous me comprenez » est une allusion maçonnique transparente. Clé doit aussi s’entendre comme un signe musical (clé de sol).
« Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé, un musicien même qui ai trouvé quelque chose comme la clé de l’amour » (Rimbaud).
Les points après « je vous prie par ... » sont, de la main de Mozart, une autre allusion maçonnique (trois points) très claire.
On lit bien « mon Dieu », « mon Créateur » et « félicité ».
En français, on peut dire : « la liberté ou la mort », deux féminins. En allemand, c’est « la liberté ou le mort ». Il ne s’agit pas d’un détail.
Que dit en somme Wolfang à son père ? Vous savez, votre mort n’est pas plus importante que la mienne à laquelle vous ne pensez pas, mais vous avez tort, car moi j’y pense sans cesse. Mon excellent ami le comte Hatzfeld est bien mort à trente et un ans, mon âge (erreur : Hatzfeld, chanoine violoniste, avait deux ans de plus que Mozart). Cela m’a beaucoup affecté (il n’y a pas que de mauvais comtes dans la vie). Donc si vous mourez, mon cher papa, c’est moi et non pas vous qu’il faudra plaindre.
Amen.
Wolfang n’ira pas à l’enterrement de son père. Le 2 juin, il écrit à sa « soeur chérie » qu’il lui est « absolument impossible de quitter Vienne actuellement » (opéra d’abord).
[...] Froideur apparente, débordement d’émotion maîtrisé dans la musique de chambre : c’est le système Mozart. »
(Plon, p. 165-166. Folio, p. 217)

Plus loin, dans le livre, Sollers parle de la Musique funèbre maçonnique K. 479 A, du 10 novembre 1785. Elle était également au programme de l’émission de 1983.

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« "Vous me comprenez" est une allusion maçonnique transparente ». Transparente ? Pour un initié. Sollers écrit dans ses Mémoires (Folio, p. 253) :


Deuxième clef, gravure sur bois, 1678. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

« J’ai la plus vive sympathie pour la franc-maçonnerie, dont j’ai tendance à idéaliser la nature, m’intéressant peu, je l’avoue, à sa fonction sociale, mais beaucoup à son enseignement intérieur. De même que j’ai parlé à Rome, à Saint Louis-des-Français, et devant des Dominicains, du catholicisme de Joyce, j’ai planché en loge, avec plaisir, sur Dante, Casanova et Mozart, au point de m’entendre dire qu’après tout "il y avait des maçons sans tablier". Une affiliation ? Pourquoi pas, mais manque de temps. »

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Sollers a par ailleurs participé il y a quelques années à une émission de télévision sur la franc-maçonnerie. Même si personne ne semble l’avoir remarqué, il y a sans doute quelque chose à chercher de ce côté aussi.

Sollers et la franc-maçonnerie

Avec Michel Chomarat, André Combes, Roger Dachez, Maurice Harel, Ludovic Marcos et Philippe Sollers.

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La séquence avec Sollers commence après 9’30. Il y évoque les questions de l’alchimie, des mutations et de la "résurrection" qui doivent interpeller « quelqu’un qui a envie de se réveiller et de ne pas mourir dans l’ignorance. »

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Un peu d’humour :

L’ESPRIT : Quelle est l’occasion, Albert, que tu m’as tant fait de conjuration pour me faire venir ?
ALBERT : Je te la veux dire, moyennant que tu me donnes assurance pour mon corps, ma vie et mon âme, et que je n’aurai aucun déplaisir de toi.

Colloque de l’esprit de Mercure à Frère Albert
Les douze clefs de la philosophie.

CLEFS


Huitième clef, 1678.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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Dans Légende (le film comme le roman) il est question des Douze clefs de la philosophie de Frère Basile Valentin de l’ordre de Saint-Benoît [6] (p. 73) :

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CLEFS
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Les planches des Douze Clefs, d’abord publiées en 1678, sont extraordinaires. Le frontispice s’appelle Paradigme du Grand Œuvre, avec la formule, en latin, connue de tous les ésotéristes : « Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem. » Le VITRIOL est là pour faire réfléchir. La pierre cachée peut être trouvée par le visiteur souterrain, dûment rectifié.

Les douze planches sont plus belles et significatives les unes que les autres. L’opération fondamentale porte sur les métaux, mais surtout sur l’opérateur lui-même. Pour cette raison, ma Clef préférée est la huitième, définie ainsi : « La Putréfaction, Clef Majeure de la Résurrection et du Grand Œuvre. »

Nous sommes dans un très étrange cimetière, où, devant nous, un cadavre nu, qui n’a plus que la peau sur les os, est allongé sur un plancher, le crâne délicatement posé sur une botte de paille. En bas, à gauche, un semeur répand des graines de la main gauche, mais, de la main droite, exhibe une brassée de moisson. Toujours en bas, à droite, au-delà d’une croix plantée dans le sol, un ange entre en scène, pieds nus, tenant une crosse royale de la main gauche, et soufflant, de la main droite, dans une trompette. Juste derrière le cadavre, surgit, à mi-corps, un personnage vivant qui sort d’une tombe préparée pour l’ensevelir. Il regarde le ciel, et joint les mains.

Le cimetière, où d’autres tombes, déjà réservées, attendent leurs chairs, est fermé par un haut mur en forme d’aqueduc. Deux tireurs à l’arbalète sont là, assis, l’un sur une forme cylindrique, l’autre sur un cube qui ressemble à un dé. La cible est déjà percée dans le mille. Mort et Résurrection, ça marche, si on sait tirer. En haut de la cible, une clef renversée garde son mystère.

La plupart des alchimistes de l’époque chrétienne (ils étaient là depuis très longtemps) se sont adaptés aux circonstances, tout en étant souvent persécutés et assassinés. Ils n’ont eu aucun mal à déchiffrer dans leur sens l’inscription du haut de la croix de la crucifixion, INRI, l’intérieur de la Nature Rénovée Par le Feu (IGNIS). Mort et Résurrection ont lieu par le Feu, et c’est toujours pour quelqu’un, ici-bas, que cela se passe.

Un kabbaliste était donc là à Jérusalem, lors d’un événement considérable. Il a soufflé à un consul romain cette plaque qui semble vouloir dire « Iesus Nazarenus Rex ludaeorum », Jésus le Nazaréen Roi des Juifs. Les chefs juifs ont demandé à Pilate de retirer cette inscription infamante, mais se sont attirés comme réponse le fameux « Quod scripsi, scripsi », « ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ». Scandale pour la foule juive de cette époque (tollé !), obscurité pour les autres. Lumière pour l’avenir (Juifs compris) , c’est-à-dire Splendeur.

Le Zohar, ou Livre de la Splendeur, est écrit entre 1270 et 1300, au moment même où Dante conçoit sa Divine Comédie. Grâce à la diaspora juive, le Zohar se répand très vite en Europe. Il est encore étudié aujourd’hui par les kabbalistes du monde entier.

La douzième et dernière clef est également intéressante. À l’intérieur d’un laboratoire, un alchimiste se tient avec des pinces dans la main gauche, tandis que de la droite, il montre un creuset triangulaire sur un banc derrière lui, avec deux fleurs en forme de rose et le symbole de Mercure au-dessus. Sur la gauche se trouve un four en forme de tonneau au sommet duquel des flammes émergent. Sur la droite, la balance de la justice derrière un lion dévorant un serpent. À travers une fenêtre ouverte derrière, le soleil a rendez-vous avec la lune .


Douxième clef, 1678.
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Du nouveau sur la lettre de Mozart

« Cette lettre n’avait pas été étudiée depuis plus de quatre-vingt-dix ans. Elle n’a jamais été présentée dans aucune collection publique dans le monde. Et il n’en existait jusqu’alors aucune photo ! » (Ulrich Leisinger [7])


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Manuscrit de la Lettre de Mozart.
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Que le grand public n’ait jamais vu la photo de la lettre manuscrite est peut-être vrai, mais qu’elle n’ait jamais été étudiée, c’est faux (voir ci-dessus). Il y a pourtant du nouveau.

Le Figaro de Jeudi 19 [novembre 2020] et le site Diapason publient des articles expliquant que la dernière lettre que Mozart a écrit à son père Leopold le 4 avril 1787 peu avant la mort de celui-ci, récemment acquise et présentée à la presse par le Mozarteum de Salzbourg (et que l’on peut voir sur le site Mozarteum.at), « apporte un nouvel éclairage sur ses idéaux maçonniques ».

Comme l’explique Le Figaro, Mozart y écrit en effet : « Comme la mort (si l’on considère bien les choses) est le but ultime de notre vie, je me suis familiarisé depuis quelques années avec ce véritable et meilleur ami de l’homme, de sorte que son image non seulement n’a pour moi plus rien d’effrayant, mais est plutôt quelque chose de rassurant et de consolateur ! Et je remercie mon dieu de m’avoir accordé le bonheur (vous me comprenez) de le découvrir comme clé de notre véritable félicité. » Une phrase connue des spécialistes (…) Mais qu’il avait toujours été difficile de rattacher avec certitude à la pensée maçonnique. Or un détail ne trompe pas, qui attire l’attention en regardant l’original : « Juste à côté de sa signature, après l’abréviation “manu propria”, on déchiffre un petit symbole qui s’apparente clairement à deux triangles entremêlés : l’un pointe vers le haut, l’autre vers le bas », relève Ulrich Leisinger. Un triangle hiéroglyphe maçonnique que l’on retrouve « dans de rares documents qui sont liés à la franc-maçonnerie, comme une lettre de 1785 de Leopold (que Wolfgang venait d’initier, NDLR) à l’éditeur franc-maçon Pasquale Artaria, ainsi qu’une note de Mozart lui-même dans le livre d’or de son frère de loge Johann Georg Kronauer. » (…) En dehors des quelques opus musicaux connectés à la franc-maçonnerie (des cantates, sa Musique funèbre maçonnique ou La Flûte enchantée), les témoignages émanant du musicien ou de sa famille sur son appartenance au mouvement sont rares. (…)

« On a souvent dit que Mozart avait pu se convertir bien avant 1784 au contact de francs-maçons rencontrés à Paris ou Strasbourg, par exemple. Mais tant qu’il résidait à Salzbourg, il n’aurait jamais pu afficher publiquement le moindre signe d’appartenance à une loge quelconque. Même à Vienne, cela lui a pris trois ans avant d’être initié. Son éventuel parcours franc-maçon avant 1784 reste un mystère » (…) [8]

Ces deux triangles entremêlés, l’un pointe vers le haut, l’autre vers le bas forme une étoile : l’étoile de David ou le Sceau de Salomon. Il y a de nombreux exemples où figurent les signatures de Leopold ou de Wolfang ou des deux à la fois.


Registre de la Tenue de Zur wahren Eintracht, le 22 avril 1785.
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Autographe de Leopold Mozart
sur sa lettre du 8 juillet 1785 à Artaria.
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Autographe de Mozart sur le livre d’or de J.G. Kronauer.
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Autographe de Mozart dans sa lettre du 4 avril 1787.

« Les deux triangles entrelacés constituent une figure encore appelée "Sceau de Salomon", qui était fort utilisée par les alchimistes. Ils y voyaient une combinaison des quatre éléments et même, par ses sept surfaces, des sept planètes de l’Antiquité et des sept métaux de base. C’était une représentation du Grand Œuvre d’autant plus que, dans les deux triangles, on peut voir les deux sexes, le masculin le triangle pointe en haut, et le féminin le triangle pointe en bas. C’est donc, à tous égards, une représentation de l’union des contraires [9] . »

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Arcs-en-ciel

Rimbaud d’Une Saison en enfer (une saison)

1. « Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j’aimais comme si elle eût dû me laver d’une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J’avais été damné par l’arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver : ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.
Le Bonheur ! Sa dent, douce à la mort, m’avertissait au chant du coq, — ad matutinum, au Christus venit, » Rimbaud, Une Saison en enfer. « Alchimie du verbe ». « Délires II ».

aux Illuminations

2. « Aussitôt que l’idée du Déluge se fut rassise,
Un lièvre s’arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes et dit sa prière à l’arc-en-ciel à travers la toile de l’araignée. » Rimbaud, Illuminations. « Après le Déluge ».

« À la lisière de la forêt — les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, — la fille à lèvre d’orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu’ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer. » Rimbaud, Illuminations. « Enfance I ». (je souligne)

Dans la Bible — que Rimbaud, poète de sept ans, a lu (« pommadé, sur un guéridon d’acajou, / Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ») —, l’arc-en-ciel est le signe de l’alliance de Dieu avec les hommes à la suite du déluge (Genèse 9, 8-17 [10]). Le film de G.K. Galabov tourné sur l’île de Ré et le tableau qui représente l’intérieur de la loge L’espérance nouvellement couronnée, présent comme un leitmotiv du film au même titre que la musique de Mozart, nous montre de manière répétée un arc-en-ciel.

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Un des tout premiers plans du film de Galabov.
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Photogramme du film de Galabov.
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Dernier plan du film.
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Voici ce que René Guénon, auteur, entre autres, de L’Ésotérisme de Dante — Guénon que Sollers cite à plusieurs reprises dans Légende et ailleurs dans l’indifférence générale [11] — écrit dans Symboles fondamentaux de la science sacrée (chap. LVII) :

Les sept rayons et l’arc-en-ciel

René Guénon (juin 1940)

Nous avons déjà parlé en différentes occasions du symbolisme des « sept rayons » du soleil ; on pourrait se demander si ces « sept rayons » n’ont pas quelque rapport avec ce que l’on désigne ordinairement comme les « sept couleurs de l’arc-en-ciel », car celles-ci représentent littéralement les différentes radiations dont se compose la lumière solaire. Il y a bien un rapport en effet, mais, en même temps, ces soi-disant « sept couleurs » sont un exemple typique de la façon dont une donnée traditionnelle authentique peut être parfois déformée par l’incompréhension commune. Cette déformation, dans un cas comme celui-là, est d’ailleurs assez facilement explicable : on sait qu’il doit y avoir là un septénaire, mais, un de ses termes ne pouvant être trouvé, on lui en substitue un autre qui n’a en réalité aucune raison d’être ; le septénaire semble être ainsi reconstitué, mais il l’est de telle sorte que son symbolisme est entièrement faussé. Si maintenant l’on demande pourquoi un des termes du véritable septénaire échappe ainsi au vulgaire, la réponse est facile aussi : c’est que ce terme est celui qui correspond au « septième rayon », c’est-à-dire au rayon « central » ou « axial », qui passe « à travers le soleil », et que celui-ci, n’étant pas un rayon comme les autres, n’est pas susceptible d’être représenté comme eux [12] ; il a donc par là même, et aussi en raison de tout l’ensemble de ses connexions symboliques et proprement initiatiques, un caractère particulièrement mystérieux ; et, à ce point de vue, on pourrait dire que la substitution dont il s’agit a pour effet de dissimuler le mystère aux yeux des profanes ; peu importe d’ailleurs en cela que son origine ait été intentionnelle ou qu’elle n’ait été due qu’à une méprise involontaire, ce qui serait sans doute assez difficile à déterminer exactement [13].

En fait, l’arc-en-ciel n’a pas sept couleurs, mais six seulement ; et il n’est pas nécessaire de réfléchir bien longtemps pour s’en rendre compte, car il suffit pour cela de faire appel aux notions les plus élémentaires de la physique : il y a trois couleurs fondamentales, le bleu, le jaune, le rouge, et il y a trois couleurs complémentaires de celles-là, c’est-à-dire respectivement l’orangé, le violet et le vert, soit en tout six couleurs. Il y a aussi, naturellement, une indéfinité de nuances intermédiaires entre ces couleurs, la transition de l’une à l’autre s’opérant en réalité d’une façon continue et insensible ; mais il n’y a évidemment aucune raison valable d’ajouter l’une quelconque de ces nuances à la liste des couleurs, ou alors on pourrait tout aussi bien en considérer ainsi une multitude, et, dans ces conditions, la limitation même des couleurs à sept devient au fond incompréhensible ; nous ne savons si quelques adversaires du symbolisme ont jamais fait cette remarque, mais, en ce cas, il serait bien étonnant qu’ils n’en aient pas profité pour qualifier ce nombre d’« arbitraire ». L’indigo, qu’on a coutume d’énumérer parmi les couleurs de l’arc-en-ciel, n’est en réalité rien de plus qu’une simple nuance intermédiaire entre le violet et le bleu [14], et il n’y a pas plus de raison pour le regarder comme une couleur distincte qu’il n’y en aurait pour envisager de même toute autre nuance telle que, par exemple, un bleu vert ou jaune ; en outre, l’introduction de cette nuance dans l’énumération des couleurs détruit complètement l’harmonie de la répartition de celles-ci, qui, si l’on s’en rapporte au contraire à la notion correcte, s’effectue régulièrement suivant un schéma géométrique très simple, et en même temps très significatif au point de vue symbolique. En effet, on peut placer les trois couleurs fondamentales aux trois sommets d’un triangle, et les trois couleurs complémentaires à ceux d’un second triangle inverse du premier, de telle façon que chaque couleur fondamentale et sa complémentaire se trouvent placées en des points diamétralement opposés ; et l’on voit que la figure ainsi formée n’est autre que celle du « sceau de Salomon ». Si l’on trace le cercle dans lequel est inscrit le double triangle, chacune des couleurs complémentaires y occupera le point situé au milieu de l’arc compris entre ceux où sont placées les deux couleurs fondamentales par la combinaison desquelles elle est produite (celles-ci étant, bien entendu, les deux couleurs fondamentales autres que celle dont la couleur considérée est la complémentaire) ; les nuances intermédiaires correspondront naturellement à tous les autres points de la circonférence [15], mais, dans le double triangle qui est ici l’essentiel, il n’y a évidemment place que pour six couleurs [16]. Ces considérations pourraient même paraître trop simples pour qu’il soit utile de tant y insister ; mais, à vrai dire, il faut bien souvent rappeler des choses de ce genre pour rectifier les idées communément admises, car ce qui devrait être le plus immédiatement apparent est précisément ce que la plupart des gens ne savent pas voir ; le « bon sens » véritable est bien différent du « sens commun » avec lequel on a la fâcheuse habitude de le confondre, et il est assurément fort loin d’être, comme l’a prétendu Descartes, « la chose du monde la mieux partagée » !

Pour résoudre la question du septième terme qui doit réellement s’ajouter aux six couleurs pour compléter le septénaire, il faut nous reporter à la représentation géométrique des « sept rayons », telle que nous l’avons expliquée en une autre occasion, par les six directions de l’espace, formant la croix à trois dimensions, et le centre lui-même d’où ces directions sont issues. Il importe de noter tout d’abord les étroites similitudes de cette représentation avec celle dont nous venons de parler en ce qui concerne les couleurs : comme celles-ci, les six directions y sont opposées deux à deux, suivant trois lignes droites qui, s’étendant de part et d’autre du centre, correspondent aux trois dimensions de l’espace ; et, si l’on veut en donner une représentation plane, on ne peut évidemment les figurer que par trois diamètres formant la roue à six rayons (schéma général du « chrisme » et des divers autres symboles équivalents) ; or, ces diamètres sont ceux qui joignent les sommets opposés des deux triangles du « sceau de Salomon », de sorte que les deux représentations n’en font qu’une en réalité [17]. Il résulte de là que le septième terme devra, par rapport aux six couleurs, jouer le même rôle que le centre par rapport aux six directions ; et, en fait, il se placera aussi au centre du schéma, c’est-à-dire au point où les oppositions apparentes, qui ne sont réellement que des complémentarismes, se résolvent dans l’unité. Cela revient à dire que ce septième terme n’est pas plus une couleur que le centre n’est une direction, mais que, comme le centre est le principe dont procède tout l’espace avec six directions, il doit aussi être le principe dont les six couleurs sont dérivées et dans lequel elles sont contenues synthétiquement. Ce ne peut donc être que le blanc, qui est effectivement « incolore », comme le point est « sans dimensions » ; il n’apparaît pas dans l’arc-en-ciel, pas plus que le « septième rayon » n’apparaît dans une représentation géométrique ; mais toutes les couleurs ne sont que le produit d’une différenciation de la lumière blanche, de même que les directions de l’espace ne sont que le développement des possibilités contenues dans le point primordial.

Le véritable septénaire est donc formé ici par la lumière blanche et les six couleurs en lesquelles elle se différencie ; et il va de soi que le septième terme est en réalité le premier, puisqu’il est le principe de tous les autres, qui sans lui ne pourraient avoir aucune existence ; mais il est aussi le dernier en ce sens que tous rentrent finalement en lui : la réunion de toutes les couleurs reconstitue la lumière blanche qui leur a donné naissance. On pourrait dire que, dans un septénaire ainsi constitué, un est au centre et six à la circonférence ; en d’autres termes, un tel septénaire est formé de l’unité et du sénaire, l’unité correspondant au principe non manifesté et le sénaire à l’ensemble de la manifestation. Nous pouvons faire un rapprochement entre ceci et le symbolisme de la « semaine » dans la Genèse hébraïque, car, là aussi, le septième terme est essentiellement différent des six autres : la création, en effet, est l’« œuvre des six jours » et non pas des sept ; et le septième jour est celui du « repos ». Ce septième terme, qu’on pourrait désigner comme le terme « sabbatique », est véritablement aussi le premier, car ce « repos » n’est pas autre chose que la rentrée du Principe créateur dans l’état initial de non-manifestation, état dont, d’ailleurs, il n’est sorti qu’en apparence, par rapport à la création et pour produire celle-ci suivant le cycle sénaire, mais dont, en soi, il n’est jamais sorti en réalité. De même que le point n’est pas affecté par le déploiement de l’espace, bien qu’il semble sortir de lui-même pour en décrire les six directions, ni la lumière blanche par l’irradiation de l’arc-en-ciel, bien qu’elle semble s’y diviser pour en former les six couleurs, de même le Principe non manifesté, sans lequel la manifestation ne saurait être en aucune façon, tout en paraissant agir et s’exprimer dans l’« œuvre des six jours », n’est pourtant aucunement affecté par cette manifestation ; et le « septième rayon » est la « Voie » par laquelle l’être, ayant parcouru le cycle de la manifestation, revient au non-manifesté et est uni effectivement au Principe, dont cependant, dans la manifestation même, il n’a jamais été séparé qu’en mode illusoire.

et au chapitre LXIV (mars 1947 — notez ce qui est dit du symbolisme du serpent et de la spirale) :

Le pont et l’arc-en-ciel

Nous avons signalé, à propos du symbolisme du pont et de sa signification essentiellement « axiale », que l’assimilation entre ce symbolisme et celui de l’arc-en-ciel n’est pas aussi fréquente qu’on le pense habituellement. Il y a assurément des cas où une telle assimilation existe, et un des plus nets est celui qui se rencontre dans la tradition Scandinave, où le pont de Byfrost est expressément identifié à l’arc-en-ciel. Ailleurs, quand le pont est décrit comme s’élevant dans une partie de son parcours et s’abaissant dans l’autre, c’est-à-dire comme ayant la forme d’une arche, il semble plutôt que, bien souvent, ces descriptions aient été influencées par un rapprochement secondaire avec l’arc-en-ciel, sans impliquer pour cela une véritable identification entre ces deux symboles. Ce rapprochement s’explique d’ailleurs facilement, par là même que l’arc-en-ciel est généralement regardé comme symbolisant l’union du ciel et de la terre ; entre le moyen par lequel s’établit la communication de la terre avec le ciel et le signe de leur union, il y a une connexion évidente, mais qui n’entraîne pas nécessairement une assimilation ou une identification. Nous ajouterons tout de suite que cette signification même de l’arc-en-ciel, qui se retrouve sous une forme ou sous une autre dans la plupart des traditions, résulte directement de sa relation étroite avec la pluie, puisque celle-ci, comme nous l’avons expliqué ailleurs, représente la descente des influences célestes dans le monde terrestre [18].

L’exemple le plus connu en Occident de cette signification traditionnelle de l’arc-en-ciel est naturellement le texte biblique où elle est nettement exprimée [19] ; il y est dit notamment : « Je mettrai mon arc dans la nuée, et il sera pour signe de l’alliance entre moi et la terre » ; mais il est à remarquer que ce « signe d’alliance » n’y est aucunement présenté comme devant permettre le passage d’un monde à l’autre, passage auquel d’ailleurs, dans ce texte, il n’est même pas fait la moindre allusion. Dans d’autres cas, la même signification se trouve exprimée sous des formes très différentes : chez les Grecs, par exemple, l’arc-en-ciel était assimilé à l’écharpe d’Iris, ou peut-être à Iris elle-même à une époque où, dans les figurations symboliques, l’« anthropomorphisme » n’avait pas encore été poussé par eux aussi loin qu’il devait l’être plus tard ; ici, cette signification est impliquée dans le fait qu’Iris était la « messagère des Dieux » et jouait par conséquent un rôle d’intermédiaire entre le ciel et la terre ; mais il va de soi qu’une telle représentation est fort éloignée à tous égards du symbolisme du pont. Au fond, l’arc-en-ciel paraît bien, d’une façon générale, avoir été surtout mis en rapport avec les courants cosmiques par lesquels s’opère un échange d’influence entre le ciel et la terre, beaucoup plus qu’avec l’axe suivant lequel s’effectue la communication directe entre les différents états ; et d’ailleurs ceci s’accorde mieux avec sa forme courbe [20], car, bien que, comme nous l’avons fait remarquer précédemment, cette forme même ne soit pas forcément en contradiction avec une idée de « verticalité », il n’en est pas moins vrai que cette idée ne peut guère être suggérée par des apparences immédiates comme elle l’est au contraire dans le cas de tous les symboles proprement axiaux.

Il faut reconnaître que le symbolisme de l’arc-en-ciel est très complexe en réalité et présente de multiples aspects ; mais, parmi ceux-ci, un des plus importants peut-être, bien qu’il puisse paraître assez étonnant tout d’abord, et en tout cas celui qui se rapporte le plus manifestement à ce que nous venons d’indiquer en dernier lieu, est celui qui l’assimile à un serpent, et qui se retrouve dans des traditions fort diverses. On a remarqué que les caractères chinois désignant l’arc-en-ciel ont le radical « serpent », bien que cette assimilation ne soit pas exprimée formellement par ailleurs dans la tradition extrême-orientale, de sorte qu’on pourrait voir là comme un souvenir de quelque chose qui remonte probablement très loin [21]. Il semblerait que ce symbolisme n’ait pas été entièrement inconnu des Grecs eux-mêmes, tout au moins dans la période archaïque, car, suivant Homère, l’arc-en-ciel était représenté sur la cuirasse d’Agamemnon par trois serpents azurés, « imitation de l’arc d’Iris, et signe mémorable aux humains que Zeus imprima dans les nues [22] ». En tout cas, dans certaines régions de l’Afrique, et notamment au Dahomey, le « serpent céleste » est assimilé à l’arc-en-ciel, et, en même temps, il est regardé comme le maître des pierres précieuses et de la richesse ; il peut d’ailleurs sembler qu’il y ait là une certaine confusion entre deux aspects différents du symbolisme du serpent, car, si le rôle de maître ou de gardien des trésors est assez souvent attribué en effet, entre autres entités décrites sous des formes variées, à des serpents ou à des dragons, ceux-ci ont alors un caractère souterrain bien plutôt que céleste ; mais il se peut aussi qu’il y ait entre ces deux aspects apparemment opposés une correspondance comparable à celle qui existe entre les planètes et les métaux [23]. D’un autre côté, il est au moins curieux de remarquer que, sous ce rapport, ce « serpent céleste » a une similitude assez frappante avec le « serpent vert » du conte symbolique bien connu de Goethe qui se transforme en pont, puis se fragmente en pierreries ; si ce dernier doit aussi être regardé comme ayant un rapport avec l’arc-en-ciel, on retrouverait dans ce cas l’identification de celui-ci avec le pont, ce qui en somme serait d’autant moins étonnant que Goethe peut fort bien, sur ce point, avoir pensé plus particulièrement à la tradition Scandinave. Il faut dire, du reste, que le conte dont il s’agit est fort peu clair, soit quant à la provenance des divers éléments du symbolisme dont Goethe a pu s’inspirer, soit quant à sa signification même, et que toutes les interprétations qu’on a essayé d’en donner sont réellement peu satisfaisantes dans l’ensemble [24] ; nous ne voulons pas y insister davantage, mais il nous a paru qu’il pouvait n’être pas sans intérêt de marquer occasionnellement le rapprochement quelque peu inattendu auquel il donne lieu [25].

On sait qu’une des principales significations symboliques du serpent se rapporte aux courants cosmiques auxquels nous faisions allusion plus haut, courants qui, en définitive, ne sont pas autre chose que l’effet et comme l’expression des actions et réactions des forces émanées respectivement du ciel et de la terre [26]. C’est là ce qui donne la seule explication plausible de l’assimilation de l’arc-en-ciel au serpent, et cette explication s’accorde parfaitement avec le caractère reconnu d’autre part à l’arc-en-ciel d’être le signe de l’union du ciel et de la terre, union qui en effet est en quelque sorte manifestée par ces courants puisque sans elle ils ne pourraient se produire. Il faut ajouter que le serpent, quand il a cette signification, est le plus souvent associé à des symboles axiaux tels que l’arbre ou le bâton, ce qui est facile à comprendre, car c’est la direction même de l’axe qui détermine celle des courants cosmiques mais sans pourtant que celle-ci se confonde aucunement avec celle-là, pas plus que, pour reprendre ici le symbolisme correspondant sous sa forme géométrique la plus rigoureuse, une hélice tracée sur un cylindre ne se confond avec l’axe même de ce cylindre. Entre le symbole de l’arc-en-ciel et celui du pont, une connexion similaire serait en somme celle qu’on pourrait regarder comme la plus normale ; mais, par la suite, cette connexion a amené dans certains cas une sorte de fusion des deux symboles, qui ne serait entièrement justifiée que si l’on considérait en même temps la dualité des courants cosmiques différenciés comme se résolvant dans l’unité d’un courant axial. Cependant, il faut aussi tenir compte du fait que les figurations du pont ne sont pas identiques suivant qu’il est assimilé ou non à l’arc-en-ciel, et, à cet égard, on pourrait se demander s’il n’y a pas entre le pont rectiligne [27] et le pont en arche, en principe tout au moins, une différence de signification correspondant d’une certaine façon à celle qui existe, ainsi que nous l’avons indiqué ailleurs, entre l’échelle verticale et l’escalier en spirale [28], différence qui est celle de la voie « axiale » ramenant directement l’être à l’état principiel et de la voie plutôt « périphérique » impliquant le passage distinct à travers une série d’états hiérarchisés, bien que, dans l’un et l’autre cas, le but final soit nécessairement le même [29].

René Guénon, Symboles fondamentaux de la science sacrée. (1962)

Note : Pour l’anecdote (ou pour l’histoire), on notera que le tableau d’investiture reçu le 20 janvier 2021 par Joe Biden, deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis, après John F. Kennedy, est Paysage à l’arc-en-ciel de Robert S. Duncanson (cf. Décryptage : pourquoi le tableau d’investiture de Joe Biden est un symbole ?). A noter aussi la magnifique tenue violette de la vice-présidente Kamala Harris lors de la cérémonie d’investiture. La vérité (américaine) serait-elle aussi violette ?

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Ésotérisme

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Caractère chinois correspondant au mot wang, mot désignant le roi. Les trois lignes horizontales correspondent au Ciel, à l’« Homme » et à la Terre de la Grande Triade. Le trait vertical unifie les trois plans. D’après Guénon, une signification plus profonde du mot wang est donc le Roi-Pontife qui est l’équivalent de l’« Homme universel ».

J’ai dit que Sollers citait Guénon à plusieurs reprises dans Légende. Il y a d’abord La Grande Triade (1946), chapitre « PARADOXES » (p. 44). Selon une logique très chinoise, nous sommes là au coeur des contradictions : mais « jamais l’odorat, le toucher, le goût n’ont été si précis » (le "sujet" n’est donc pas ici la victime d’un virus couronné).

Dans la phase terminale de sa planète, l’être humain vit de plus en plus dans des paradoxes. Plus le temps va vite, et plus il est lent, plus l’espace grandit, et plus il se centre, plus la mort est proche, et moins elle fait peur. La vue et l’audition diminuent, mais s’affinent, jamais l’odorat, le toucher, le goût n’ont été si précis. La mémoire accuse ou se félicite, le sommeil est lourd, les rêves légers.

Tout se détraque, et se recompose en douce. On n’a jamais vu autant de folie, mais celui qui garde sa raison tient de l’or. La perversion règne, l’innocence brille. L’escroquerie est partout, l’honnêteté se renforce. Le désert s’accroît, les fleuves débordent. Le doute prolifère, la foi s’approfondit. L’ignorance augmente, la science progresse. La vulgarité explose, la délicatesse s’impose. La violence s’acharne, la douceur répond.

Heureusement pour vous, votre vie est paradoxale. Vous avez plusieurs adresses, des identités multiples, des amis différents dans tous les milieux, des femmes incompatibles, mais très sûres. On vous prête régulièrement des opinions opposées, personne ne semble connaître vos véritables croyances. Vous n’avez jamais parlé de votre affiliation ancienne à la plus célèbre des triades chinoises, la Tien-ti-houei, que l’on traduit par « Société du Ciel et de la Terre ». C’est, de loin, la société la plus secrète.

En 1946, René Guénon publie un de ses livres fondamentaux, La Grande Triade. La deuxième édition paraît en 1957, la troisième en 2016. Vous tombez tout à coup sur le carré magique qui, selon le Lo-chou, ou « Écrit du lac », a été apporté à l’empereur Yu le Grand par une tortue. Vous vérifiez qu’en additionnant les nombres disposés en carré, vous obtenez toujours, de toutes façons possibles, le chiffre 15 :

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4 9 2
3 5 7
8 1 6
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Mais le chapitre essentiel, du moins celui qui vous concerne directement, s’appelle La Cité des Saules. On ne peut pas être plus informé et plus clair :
« Dans l’initiation à la Tien-ti-houei, le néophyte, après être passé par différentes étapes préliminaires, dont la dernière est désignée comme le "Cercle du Ciel et de la Terre", arrive finalement à la "Cité des Saules", qui est aussi appelée la "Maison de la Grande Paix". Le saule, en Chine, est un symbole d’immortalité, comme l’acacia dans la Maçonnerie, ou le "rameau d’or" dans les mystères antiques. Là est le séjour des Immortels. »

J’ai longtemps habité, à Paris, près d’un saule, au bord de la Seine. Rien de plus faux que l’expression « saule pleureur », alors qu’il a sans cesse représenté pour moi une pluie de joie. Pleurer de joie, quand je suis très ému, est dans ma nature. Voilà un paradoxe à mettre sous le boisseau.


Qu’est-ce que le LO-CHOU ? Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Qu’est-ce que le Lo-chou ? Vous êtes un peu perdus... Pourtant vous aviez quelques indications. Légende, p. 24 :

Votre boussole est la gamme pentatonique, cinq notes, qui correspond aux cinq éléments fondamentaux chinois : la Terre, le Métal, le Bois, le Feu, l’Eau. Avouez que vous n’attendiez pas le Bois à la place de l’Air. Touchez mieux votre table, vous comprendrez un geste de superstition millénaire. Le Diable est chassé du bois. Maintenant, les directions :
La Terre au centre
Le Métal à l’ouest
Le Bois à l’est
Le Feu au sud
L’Eau au nord.
Débrouillez-vous avec ces indications précieuses. Là où je suis, en effet, la grande forêt est à l’est, et l’or invisible au sud-ouest.
Vous voilà en possession de votre tablette magique, qui, mille fois mieux qu’un ordinateur, vous fera passer à travers tous les phénomènes. Vous avez un trait simple (yang) et un trait brisé (yin). Vous les superposez, et vous obtenez vite des trigrammes, qui n’attendent, pour être complets, qu’à se transformer en hexagrammes. Avec 64 hexagrammes (le Yijing) , le vrai réel, en cours de mutation, est à vous.

Si vous voulez en savoir plus sur « le carré magique », lisez René Guénon - LE « MING-TANG ».
Vous n’êtes pas obligés de me croire si je vous dis que dans le jardin de la maison familiale où j’ai passé une partie de mon adolescence,
rue Mozart, à Saint-Saulve, près de Valenciennes, il y avait deux saules pleureurs. Cet arbre, originaire de Chine, a inspiré une toile très "chinoise" au peintre Claude Monet. Saint Saulve, évêque d’Amiens, à la fin du VIe siècle, fit construire la première cathédrale de la ville. « C’est à la cathédrale d’Amiens, autre monument alchimique, que m’attend l’émotion la plus intense, La Rosée des philosophes, au portail de la Vierge Mère. Un adepte contemple le flot de la rosée céleste tombant directement sur une masse attractive, sans doute un aimant puissant. C’est la cascade du don. » (Légende, p. 69).


Claude Monet, Le saule pleureur, 1918.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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Autre citation (pour les happy few) : Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps (1945), chapitre « TÉMOINS », p. 95 :

En 1945, les Éditions Gallimard publient, dans leur collection « Tradition », un livre d’une grande importance de l’ésotériste René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps. Son propos est très clair : un cycle va finir, et le monde moderne tout entier va se dissoudre comme une illusion :
« Ces choses ne pourront pas être comprises par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c’est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l’inévitable incompréhension des autres. Il est vrai que ces autres sont et doivent être, pour un certain temps encore, l’immense majorité, mais précisément ce n’est que dans le "règne de la quantité" que l’opinion de la majorité peut prétendre à être prise en considération. »

Ce pourrait être l’’exergue ou le centre de quelques Complots (toujours pour les happy few) :

La véritable pensée de l’Histoire ne sera reconnaissable qu’au petit nombre.

Ceux qui sont tournés vers l’avenir, en leur petit nombre, comptent parmi eux ces considérables invisibles, qui ne jouissent d’aucune publicité, mais qui rassemblent en leur beauté intérieure l’annonce de l’éclat du dernier dieu [30] et en gratifient par reflet ceux qui sont peu nombreux et les rares êtres libres. (Heidegger)

Pourquoi citer Heidegger ici ? Relisez les pages 58 et 59 de Légende. Sollers cite, sans mentionner la provenance, des extraits de Méditation, écrit à la fin des années trente, et conclut le chapitre de son roman intitulé « LOGIQUE » (logique du silence), par ces mots, que vous n’attendiez pas et qui sont écrits pour la première fois dans un roman :

Si vous voulez dépasser toute la bibliothèque, écrivez le seul livre crédible de votre temps : Histoire de l’Être, roman.

*

Alchimie du verbe

Conclusion logique du livre (le dernier paragraphe est celui que vous avez sans doute lu en premier car il est aussi en quatrième de couverture), p. 122 :

VERBE
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Jean vient très vite révéler la clef fondamentale du roman : le Verbe est Dieu, il est au commencement avec Dieu, rien ne s’est fait sans lui, il est la lumière que les ténèbres ne peuvent ni saisir ni comprendre. On ne doit adorer le Verbe qu’en Esprit et en Vérité.

Les représentants du vieux Dieu mort et de la vieille littérature sont destitués, mais continueront à parler et à écrire comme si de rien n’était, ce qui est sans importance, puisque plus personne n’écoute ni ne lit vraiment. Les Banques, le Sexe, la Drogue et la Technique règnent, la robotisation s’accélère, le climat explose, les virus poursuivent leurs ravages mortels, et la planète sera invivable pour l’humanité dans trente ans. Malgré tout, un nouveau Cycle a déjà commencé, et les masques tombent. À vous de juger.

*

[1Je souligne. Sur l’ésotérisme de Hegel qui ne sera pas notre propos ici, je renvoie à deux essais :
Bruno Pinchard, Le Système et son secret (Bruno Pinchard est le président de la Société Dantesque de France. Cf. Dantedì : du nouveau sur La Divine Comédie).
Jacques D’Hondt, Hegel secret. Recherches sur les sources cachées de la pensée de Hegel -.
LIRE AUSSI : Hegel et la Révolution. A.G.

[4Ordre de l’Or et des Rosicruciens. A.G.

[6Le livre en fac simile et en français moderne .

[7Directeur du département de recherches du Mozarteum.

[8Crédit : hiram.be.

[9Jean-Claude Mondet, La Première lettre, Editions du Rocher, 2006.

[10Traduction de Chouraqui (1987) :

« 8. Elohîms dit à Noah et à ses fils avec lui pour dire :
9. "Et moi, me voici, je lève mon pacte avec vous, avec votre semence après vous,
10. avec tout être vivant qui est avec vous, le volatile, la bête, tout vivant sur la terre avec vous, parmi tous les sortants de la caisse, pour tous les vivants de la terre,
11. je lève mon pacte avec vous : nulle chair ne sera plus tranchée par les eaux du déluge, il ne sera plus de déluge pour détruire la terre".
12. Elohîms dit : "Voici le signe du pacte que je donne entre moi, entre vous et entre tout être vivant qui est avec vous pour les cycles en pérennité.
13. Mon arc à la nuée je l’ai donné, il est le signe du pacte entre moi et entre la terre,
14. et c’est quand je ferai nuer la nuée sur la terre et que l’arc se verra dans la nuée,
15. je mémoriserai mon pacte entre moi, entre vous et entre tout être vivant en toute chair. Les eaux ne seront plus pour le déluge, pour détruire toute chair.
16. Et c’est l’arc dans la nuée : je le vois pour mémorisation du pacte de pérennité, entre Elohîms et entre tout être vivant, en toute chair qui est sur la terre".
17. Elohîms dit à Noah : "Voici le signe du pacte que j’ai levé entre moi et entre toute chair qui est sur la terre". »

[11Cf. entre autres, Beauté, dernier chapitre « Infini » (et dernière page du livre), 2017, folio 6545, p. 222.

[12On pourrait, en se référant au début du Tao-te-king, dire que chacun des autres rayons est « une voie », mais que le septième est « la Voie ».

[13Nous avons trouvé, malheureusement sans référence précise, une indication qui est assez curieuse à cet égard : l’empereur Julien fait quelque part allusion au « dieu aux sept rayons » (Heptaktis), dont le caractère « solaire » est évident, comme étant, dans l’enseignement des Mystères, un sujet sur lequel il convenait d’observer la plus grande réserve ; s’il était établi que la notion erronée des « sept couleurs » remonte jusqu’à l’antiquité, on pourrait se demander si elle n’a pas été répandue volontairement par les initiés à ces mêmes Mystères, qui auraient trouvé ainsi le moyen d’assurer la conservation d’une donnée traditionnelle sans pourtant en faire connaître extérieurement le véritable sens ; dans le cas contraire, il faudrait supposer que le terme substitué a été en quelque sorte inventé par le vulgaire lui-même, qui avait eu simplement connaissance de l’existence d’un septénaire et en ignorait la constitution réelle ; il se peut d’ailleurs que la vérité se trouve dans une combinaison de ces deux hypothèses, car il est très possible que l’opinion actuellement courante sur les « sept couleurs » représente l’aboutissement de plusieurs déformations successives de la donnée initiale.

[14La désignation même de l’« indigo » est manifestement assez moderne, mais il se peut qu’elle ait remplacé ici quelque autre désignation plus ancienne, ou que cette nuance elle-même ait été, à une certaine époque, substituée à une autre pour compléter le septénaire vulgaire des couleurs ; pour le vérifier, il faudrait naturellement entreprendre des recherches historiques assez compliquées, pour lesquelles nous n’avons ni le temps ni les matériaux nécessaires à notre disposition ; mais ce point n’a d’ailleurs pour nous qu’une importance tout à fait secondaire, puisque nous nous proposons seulement de montrer en quoi la conception actuelle exprimée par l’énumération ordinaire des couleurs de l’arc-en-ciel est erronée et comment elle déforme la véritable donnée traditionnelle.

[15Si l’on voulait envisager une couleur intermédiaire entre chacune des six couleurs principales, comme l’indigo l’est entre le violet et le bleu, on aurait en tout douze couleurs et non pas sept ; et, si l’on voulait pousser encore plus loin la distinction des nuances, il faudrait, toujours pour des raisons de symétrie évidentes, établir un même nombre de divisions dans chacun des intervalles compris entre deux couleurs ; ce n’est là, en somme, qu’une application tout à fait élémentaire du principe de raison suffisante.

[16Nous pouvons remarquer en passant que le fait que les couleurs visibles occupent ainsi la totalité de la circonférence et s’y rejoignent sans aucune discontinuité montre qu’elles forment bien réellement un cycle complet (le violet participant à la fois du bleu dont il est voisin et du rouge qui se trouve à l’autre bord de l’arc-en-ciel), et que, par conséquent, les autres radiations solaires non visibles, telles que celles que la physique moderne désigne comme des rayons « infrarouges » et « ultraviolets », n’appartiennent aucunement à la lumière et sont d’une nature tout à fait différente de celle-ci ; il n’y a donc pas là, comme certains semblent le croire, des « couleurs » qu’une imperfection de nos organes nous empêcherait de voir, car ces prétendues couleurs ne pourraient trouver place en aucune partie de la circonférence, et l’on ne saurait assurément soutenir que celle-ci soit une figure imparfaite ou qu’elle présente une discontinuité quelconque.

[17Signalons encore qu’on pourrait considérer une multitude indéfinie de directions, en faisant intervenir toutes les directions intermédiaires, qui correspondent ainsi aux nuances intermédiaires entre les six couleurs principales ; mais il n’y a lieu d’envisager distinctement que les six directions « orientées » formant le système de coordonnées rectangulaires auquel tout l’espace est rapporté et par lequel il est en quelque sorte « mesuré » tout entier ; sous ce rapport encore, la correspondance entre les six directions et les six couleurs est donc parfaitement exacte.

[18Voir La lumière et la pluie ; cf. aussi La Grande Triade, ch. XIV.

[19Genèse, IX, 12-17.

[20Il est bien entendu qu’une forme circulaire, ou semi-circulaire comme celle de l’arc-en-ciel, peut toujours, à ce point de vue, être regardée comme la projection plane d’une portion d’hélice.

[21Cf. Arthur Waley, The Book of Songs, p. 328.

[22Iliade, XI. – Nous regrettons de n’avoir pu trouver la référence d’une façon plus précise, d’autant plus que cette figuration de l’arc-en-ciel par trois serpents semble assez étrange à première vue et mériterait sans doute d’être examinée de plus près.

[23Cf. Le Règne de la quantité et les signes des temps, ch. XXII.

[24Il y a d’ailleurs souvent quelque chose de confus et de nébuleux dans la façon dont Goethe met en œuvre le symbolisme, et on peut le constater aussi dans l’arrangement qu’il a fait de la légende de Faust ; ajoutons qu’il y aurait plus d’une question à se poser sur les sources auxquelles il a pu puiser plus ou moins directement, ainsi que sur la nature exacte des rattachements initiatiques qu’il a pu avoir en dehors de la maçonnerie.

[25Nous ne pouvons prendre en considération, pour l’assimilation plus ou moins complète du serpent de Goethe à l’arc-en-ciel, la couleur verte qui lui est attribuée, bien que certains aient voulu faire du vert une sorte de synthèse de l’arc-en-ciel, parce qu’il en serait la couleur centrale mais, en fait, il n’y occupe une position vraiment centrale qu’à la condition d’admettre l’introduction de l’indigo dans la liste des couleurs, et nous avons expliqué précédemment les raisons pour lesquelles cette introduction est en réalité insignifiante et dépourvue de toute valeur au point de vue symbolique (Les sept rayons et l’arc-en-ciel). – À ce propos, nous ferons remarquer que l’axe correspond proprement au « septième rayon », et par conséquent à la couleur blanche, tandis que la différenciation même des couleurs de l’arc-en-ciel indique une certaine « extériorité » par rapport à ce rayon axial.

[26Voir La Grande Triade, ch. V.

[27Nous rappellerons que cette forme rectiligne, et naturellement verticale, est celle qui correspond notamment au sens précis de l’expression eç-çirâtul-mustaqîm dans la tradition islamique (cf. Le Symbolisme de la Croix, ch. XXV).

[28Voir Le symbolisme de l’échelle.

[29L’usage initiatique de l’escalier en spirale s’explique par l’identification des degrés d’initiation à autant d’états différents de l’être ; on peut en citer comme exemple, dans le symbolisme maçonnique, l’escalier tournant (winding stairs) de 15 marches, réparties en 3 + 5 + 7, qui conduit à la « Chambre du Milieu ». Dans l’autre cas, les mêmes états hiérarchisés sont aussi représentés par les échelons, mais la disposition et la forme même de ceux-ci indiquent qu’on ne peut s’y arrêter et qu’ils ne sont que le moyen d’une ascension continue, tandis qu’il est toujours possible de séjourner plus ou moins longtemps sur les marches d’un escalier, ou tout au moins sur les « paliers » qui existent entre les différentes séries en lesquelles elles sont divisées.

[30Der letze Gott : « le Dieu à l’extrême ». In Apports à la philosophie. Traduction F. Fédier modifiée.

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3 Messages

  • Albert Gauvin | 19 juin 2021 - 21:09 1

    Ou p. 67-68 de Paradis II dans l’édition blanche, Gallimard, 1986. Et encore p. 74 : « la mort de la vie est comme dit Mozart la meilleure amie de l’homme... » — etc.


  • Lecteur | 19 juin 2021 - 13:36 2

    Voilà, après consulation du folio : p. 77, 78


  • Lecteur | 16 juin 2021 - 23:46 3

    De par la référence à la franc-maçonnerie dans la dernière vidéo de Zang et Galabov j’ai recherché en vain quelque commentaire aux pages de Paradis II (je ne saurais en donner la numérotation n’ayant pas le folio chez moi actuellement) où se suivent des degrés du rite écossais. Hors aucune mention de ces lignes. Je me suis demandé à plusieurs reprises que viennent faire ces degrés au milieu du texte, que j’ai parcouru plusieurs fois. Dire aussi que je me rappelle avoir vu il y a longtemps un entretien sur YouTube, qui se passait dans une bibliothèque (je ne l’ai pas pu retrouver et ne retiens hélas autre élément), où Ph S semblait faire mention de l’Écosse allusivement à un des interlocuteurs.