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La Nuit rêvée de... Philippe Sollers

France Culture, 25 mai 2014 - Manuel de contre-folie.

D 25 mai 2014     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


La Nuit rêvée de... Philippe Sollers

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Philippe Sollers avec Chrisitine Goémé

Pour Philippe Sollers, vivre, c’est pratiquer la langue sous toutes ses formes : parler, écouter, lire et écrire, plus quelques autres plaisirs connexes, comme boire un bloody Mary en fumant une cigarette...

Sollers occupe une place singulière dans la littérature française contemporaine : romancier et essayiste, fondateur et directeur de Revues littéraires importantes, il est aussi un grand lecteur qui aime les écrivains. Il remet dans le circuit des écrivains oubliés ou mal compris, auxquels il redonne toute leur place dans la conversation et la pensée vivantes (Saint Simon, Casanova, Lautréamont.....)

Egalement éditeur, il publie des écrivains émergents ou très atypiques qu’il s’attache à faire découvrir avec une belle générosité.

Son œuvre (plus d’une soixantaine de livres) passionne par sa multiplicité foisonnante... et ses curiosités très hétérogènes (romans, certes, mais aussi essais sur les livres, sur la peinture, ou la musique....)

Car Sollers à l’évidence aime la diversité.

Dans cette "Nuit Rêvée", il affirme ses goûts («  je reconnais un écrivain en quelques lignes »), ses affections (son amour des femmes intelligentes et belles : «  les sorcières ne m’aiment pas »), ses raisons de vivre (la lecture de Bataille...), et il crée des relations inédites entre des oeuvres apparemment hétérogènes : littéraires, musicales, et picturales....

Il nous fait partager ses rencontres avec André Breton ou André Malraux... ou encore avec François Mauriac...

Il nous rend attentif aux voix (celle d’Artaud...), à la musique (Bach interprété par Glenn Gould...), aux sons et aux souffles (James Joyce, Louis-Ferdinand Céline...).

Il nous fait écouter Marcelin Pleynet et nous parle de son amitié littéraire indéfectible pour le poète et complice dans l’aventure de Tel quel, puis de la revue l’Infini.

Il nous fait pénétrer dans son intimité heureuse avec deux femmes, qui écrivent elles aussi : il nous parle de sa maison de l’Ile de Ré — où il séjourne souvent avec l’épouse : la psychanalyste, linguiste, et romancière Julia Kristeva, et leur fils David...

Ou encore de Venise longtemps partagée avec la belle écrivain raffinée : Dominique Rolin (disparue en 2012) et à qui il dédia son Dictionnaire amoureux de Venise...

La radio se prête parfaitement au plaisir de ses confidences sur les archives... pour qui veut passer une nuit à rêver en compagnie de Philippe Sollers.

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1. 00:00 - 00:30

Entretien avec Philippe Sollers 1/3

Par Christine Goémé
Réalisation Virginie Mourthé
1ère diffusion : 25/05/2014

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2. 00:30 - 00:55

Entretiens avec André Breton 3/16

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Par André Parinaud
1ère diffusion : 06/03/1952

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3. 00:55 - 01:40

Pour en finir avec le jugement de Dieu

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D’Antonin Artaud
Avec Antonin Artaud
1ère diffusion : 02/02/1948.

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4. 01:40 - 02:15

Qui êtes-vous ? - Georges Bataille

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Par André Gillois
Avec Emmanuel Berl, Maurice Clavel, Jean Guyot et Georges Bataille
Réalisation Jacques Guinchard
1ère diffusion : 15/07/1951

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5. 02:15 - 03:05

Impromptu de vacances - François Mauriac

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Par Harold Portnoy
1ère diffusion : 23/08/1965

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6. 03:05 - 03:40

Entretien avec Philippe Sollers 2/3

Par Christine Goémé
Réalisation Virginie Mourthé
1ère diffusion : 25/05/2014

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7. 03:40 - 04:10

Entretiens avec André Malraux :
à l’occasion de la publication des Antimémoires

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Parties 1 et 2/3
Par Pierre de Boisdeffre
1ère diffusion : 27 et 28/09/1967

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8. 04:10 - 04:35

Démarches - Fragments du choeur

Par Gérard-Julien Salvy
Avec Marcelin Pleynet
1ère diffusion : 21/04/1984

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9. 04:35 - 05:25

Du jour au lendemain
Dans la bibliothèque de Dominique Rolin

Par Alain Veinstein
Réalisation Bernard Treton
Avec Dominique Rolin
1ère diffusion : 02/04/1994

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10. 05:25 - 06:20

24 h dans la vie de - Julia Kristeva à l’Ile de Ré

Par Colette Fellous
Avec Julia Kristeva
Réalisation Vincent Decque
1ère diffusion : 31/07/2010

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11. 06:20 - 06:29

Entretien avec Philippe Sollers 3/3

Par Christine Goémé
Réalisation Virginie Mourthé

Lecture d’un extrait du « Manuel de contre-folie » dans Médium, Gallimard, 2014, p. 45-48

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MANUEL DE CONTRE-FOLIE


Vous êtes fou, c’est entendu, mais vous n’avez aucune raison de préférer la folie des autres à la vôtre. Celle des autres, vous la connaissez depuis l’enfance, elle est lourde, elle vous suit partout, elle essaye, par tous les moyens, de briser la vôtre, que vous avez la folie (c’est le mot) de trouver enchantée, légère.


Vous avez l’intention d’être clair, précis. Il faut que ce Manuel puisse vous servir en toutes circonstances, dans les situations les plus imprévues. La folie est un tourbillon continu, la contre-folie doit être un contre-tourbillon constant. Poison ? Contre-poison. Blessures ? Cicatrices, Cauchemars ? Extases programmées. Mauvaise humeur ? Rires. Problèmes d’argent ? Augmentez les dépenses.


La folie vous guette ? Vous la devinez. Elle s’exprime ? Vous faites le mort. Elle augmente son bruit ? Montez la musique. Elle rentre chez vous comme si elle était chez elle ? Sortez, disparaissez, revenez. Inutile d’opposer à la folie la raison, le bon sens, la décence, la compassion, le respect, le souci de l’humanité ou de l’autre. Par définition, même avec des discours « humains », la folie est furieuse. Elle n’en a pas l’air, mais ça va venir. Cet orage vous surprend ? Cette agression vous gêne ? Vous avez des progrès à faire, c’est urgent.


Plus vous vous sentez à l’aise avec votre folie, plus la folie générale est désorientée par votre existence. À l’aide de votre contre-folie, vous lisez dans les pensées des fous qui se croient normaux. Ils se répètent, vous divaguez. Ils insistent, vous changez de sujet. Ils vous accablent de clichés, vous leur récitez des poèmes.


Le silence réprobateur des fous vous fatigue. Vous en rajoutez donc dans la gratuité, la désinvolture, le narcissisme épanoui. Vous blasphémez allègrement les poncifs moraux, vous dites du mal de toutes les religions et des plus grands philosophes. Avec les folles, pas d’efforts à faire : elles parlent tout le temps, c’est commode. Vous ponctuez de temps en temps, tout en pensant intensément à tel détail de tableau ou de paysage. Vous faites semblant d’être là, vous êtes dehors, et vous oubliez instantanément ce qu’elles viennent de dire. Supposons que vous soyez écrivain : vous avez une phrase à finir, c’est le moment, en plongée, d’écouter mieux sa cadence. Malgré le bruit, ça s’écrit. Comme elles ne lisent rien, vous êtes tranquille.


La folie fait du cinéma, votre contre-folie est astrophysique. La matière noire vous émeut, la découverte du boson vous comble, le néant marche avec vous dans la rue. Vous aimez les enfants, dont la contre-folie est évidente. On tente sans arrêt de les rendre fous, mais ils multiplient les incartades, les jeux de mots idiots, les maladies, les chagrins rentables. Ils sont là pour aggraver la folie de leurs parents, des éducateurs, des maniaques sociaux. Ces emmerdeurs-nés enfantins sont coriaces. Vous êtes comme eux, mais, vous, vous allez le rester contre vents et marées. Ils grandissent, vous rapetissez, ça y est, vous êtes maintenant un atome invisible. Pas besoin de dissimuler, vous êtes caché.


Vous êtes récusé, gardez-vous d’accuser. Vous savourez ce rejet, cet hommage. Plus la folie vous oublie, plus elle s’inquiète de son oubli. Elle sent que son temps est compté, pesé, divisé, alors que vous avez atteint la durée. La folie a besoin de se renouveler pour se répéter, la contre-folie, au contraire, est immuable, comme les mathématiques ou les pyramides sur les- quelles passe soudain un vent frais. Vous êtes dans le désert, servi par des anges. Votre retraite est introuvable, les oiseaux et les papillons vous aiment. La lune, toutes les nuits, vous sourit.


Encore des factures, des rappels à l’ordre, des chèques à remplir, des prélèvements en tous genres ? Vous payez selon votre contrat avec la folie. Après tout, c’est votre employée. Ne soyez pas grossier ni méprisant avec elle, le mépris est un mauvais placement, une faiblesse qu’il faut éviter. Vous ne méprisez personne, vous comprenez. Vous payez vos impôts, vos dettes, vous êtes un citoyen irréprochable, un virtuose de duplicité. Vous ne mentez pas, vous omettez. La vérité est un manteau sombre, une déesse que vous avez rencontrée. Dans votre vie, au fond très simple, les calculs se font d’eux-mêmes, les chiffres se débrouillent seuls, l’ordre règne sans avoir à se prononcer. Vous avez faim ? Vous mangez. Soif ? Vous buvez. Sommeil ? Vous dormez.

Crédit France Culture

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