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Macron : triomphe royal ?

D 17 juin 2017     A par Albert Gauvin - C 5 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Je reçois ce courriel de Florence Didier-Lambert (dont, par ailleurs, on peut lire un beau texte — Opéra Garnier — dans le dernier numéro de L’infini) :

Bonjour Albert Gauvin
Situation : "Politique"
https://mobile.twitter.com/ottokarl...
"Il semble que la réalité proprement politique et révolutionnaire des arts en général et de la littérature en particulier, soit une des choses les plus difficiles, pour ne pas écrire des plus impossibles, à faire entendre... " MP
Voilà qui est fait... À suivre ! et faire suivre...
Bien à vous
Florence Didier-Lambert
ottokarl
@ottokarlll
Mais que faisait déjà Edouard Philippe entre Roland Barthes et
Philippe Sollers à l’époque, place Place Tian’anmen ?
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Erwan Desplanques @edesplanques·2 juin
En réponse à @ottokarlll
Je crois qu’il imitait (déjà) Marcelin Pleynet

Grâce à l’élection d’Emmanuel Macron et à la nomination du Premier ministre Edouard Philippe, sosie incontestable de Marcelin Pleynet, nous serions donc de retour, en un clin d’oeil, dans la Chine révolutionnaire des années 70, cette Chine qui hante l’imaginaire de certains intellectuels alors que sa puissance réelle est chaque jour plus manifeste... Mais que faisaient donc Roland Barthes, Marcelin Pleynet et Philippe Sollers à l’époque, place Place Tian’anmen ? Le mieux est de relire Le voyage en Chine ou Le retour de Marcelin Pleynet.

*

12 juin. « Dégagez les tous ! » Mélenchon l’a dit (victoire secrète), Macron 1er l’a fait.
Plus de la moitié des électeurs ont dégagé en touche (victoire discrète).
Français, encore un effort si vous voulez être républicains !
Dans ma circonscription, neuf candidats se sont pris une pâtée et le second tour opposera une jolie chef d’entreprise (trente ans, mariée, un enfant) en marche dans le tourisme vitivinicole et une républicaine au nom balzacien très soucieuse des gens du 3e âge.
Ne cherchez pas pour qui mon coeur — républicain ! — balance.

15 juin. Tourbillon. Lu dans L’OBS de ce jour : « Des ministres du gouvernement qui soutiennent des candidats rivaux dans la même circonscription. Des socialistes tendance réformiste qui lèvent le poing avec La France insoumise. Des communistes qui rejoignent le milliardaire Serge Dassault dans la défense de Manuel Valls. Des frontistes de province appelant à voter pour les camarades de Jean-Luc Mélenchon, cet homme qui les traite de "fascistes". On a beaucoup dit que l’élection de Macron brouillait les repères. L’écrasante victoire de La République en marche qui se profile au second tour des législatives provoque depuis dimanche d’étonnantes consignes de vote. Florilège. »

Pourquoi la situation politique actuelle me fait-elle penser à ce passage prophétique de Paradis qui date d’il y a quarante ans ?

« ... la suite de notre journal l’aile gauche du parti socialiste a retrouvé l’aile droite du parti dit communiste dont l’aile gauche a rejoint l’aile centrale des conservateurs lesquels ont expédié leur aile droite sur les libéraux alliés à l’aile gauche des centristes ainsi qu’à une partie de l’aile droite des socialistes lesquels influencent désormais la politique du gouvernement dont ils représentent en même temps le principe d’opposition le président de la droite est de plus en plus populaire le leader de la gauche s’enferme dans son manoir... »

Philippe Sollers, Paradis, 1981 (Folio Points 879, p. 80).

La révolution est en marche. A suivre...

17 juin. La République en Marche, le « mouvement » du Président Macron, va donc obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale (80% des élus issus pour 68,6% des classes supérieures et représentant environ 14% des électeurs inscrits, rappelons-le [1]). Y-aura-t-il un troisième tour social ? Un armistice ? Y-aura-t-il, dès demain, un nouvel Appel du 18 juin ? Anticipant sur cette victoire annoncée du camp des « progressistes » (ainsi se désignent-ils), Bernard-Henri Lévy y voit, dans son dernier bloc-notes du Point, repris sur le site de La Règle du jeu, le signe d’un possible renouveau de la vie politique française. Fini le clivage droite-gauche ! Finie la Révolution ! Obsolète l’idée révolutionnaire même ! Dans sa « chronique de l’Année Zéro » (Lacan Quotidien 722, 16 juin 2017), Jacques-Alain Miller écrit :

« BHL : dans le magazine Le Point paru ce jour, Bernard-Henri Lévy, notre partenaire des Forums parisiens, argumente que le moment Macron clôt le cycle ouvert par la Révolution française. Original, provocant, force à penser. »

Clôture du cycle de la « Révolution française » ? Clôture de « la séquence 89 » (BHL) ? Pourquoi « 89 » et pas « 93 » ou « 94 » ? Pour BHL comme pour Clémenceau, « la Révolution est un bloc ». Pour BHL, la Révolution est la « matrice des totalitarismes » et, comme pour Furet et ses épigones, elle est « terminée » [2]. 1793 a englouti inexorablement 1789 qui a englouti tout le reste. Et si, pour clore définitivement la « séquence » 1793-1794 (La Terreur et son calendrier régressif), il fallait rouvrir, pour la repenser, la séquence 1789 (Serment du Jeu de paume, Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) ? Peut-être est-il bon, avec Milner, sans Milner ou contre Milner, de Relire la Révolution (2016). Ou de relire Pour célébrer la vraie révolution française (Sollers, 1989) ou Poésie et « Révolution » (Pleynet, 1999). Ou, avec Sollers et quelques autres, peut-être est-il encore plus salutaire de s’interroger, plus paradoxalement et plus mystérieusement, sur « le Royaume », cet « endroit » où, loin de se clore, « la Révolution française, pas plus que le christianisme, n’est finie », mais « s’approfondit. »
Sollers :

« Une certaine pensée moyenne croit que la Révolution s’achève en produisant comme résultat la République. Mais la Révolution est plus vaste que cela. Elle déborde son résultat. »

« Qu’est-ce que le Royaume ? Rien d’autre que le passé dans sa forme révolutionnaire, et tel que la Révolution l’approfondit. On comprend alors pourquoi ni les progressistes ni les réactionnaires n’y comprennent rien. »

Les progressistes et les réactionnaires peuvent être, tour à tour, les mêmes : « Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. » (Lettre de Ducasse au banquier Darasse, 12 mars 1870)

*

Sans cacher son enthousiasme pour la période qui s’ouvre avec « le moment Macron », force est de reconnaître que BHL (se) pose autant de questions qu’il n’apporte de réponses.

Macron : triomphe oblige

par Bernard-Henri Lévy

17 juin 2017

Que s’est-il, au juste, passé pour que Macron, à qui l’on prédisait mille et une cohabitations, ait réussi cette performance unique dans les annales de la République ?

Emmanuel Macron
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Non, les électeurs ne sont pas « à vomir », comme l’a déclaré le pathétique Henri Guaino.

Non, l’abstention, dont on nous serine depuis trente ans qu’elle « avantage toujours le Front national », n’est pas soudainement devenue la cause de la déferlante En Marche !

Et non, Emmanuel Macron ne commence pas plus une carrière de dictateur à 39 ans que le général de Gaulle à 67 !

Bref, à peu près rien de ce qui se dit, ces jours derniers, ne rend compte du raz de marée électoral auquel nous assistons.

Et la débauche de commentaires qui tournent en boucle, depuis dimanche, sur l’agora numérique et cathodique fonctionne comme un énorme acouphène aux oreilles de ceux qui, depuis des années, ne veulent rien voir ni entendre.

Alors quoi ?

Que s’est-il, au juste, passé pour que ce jeune lion, à qui l’on prédisait mille et une cohabitations, ait réussi cette performance – unique dans les annales de la République : voir 400 et quelques députés entrer, sous ses couleurs, à l’Assemblée ?

D’abord, bien sûr, cette « virtuosité » dont Hannah Arendt disait, dans son commentaire à l’« Ethique à Nicomaque », qu’elle apparente le « politique » à l’« artiste » car elle est un autre nom de sa « vertu ».

Ensuite, la médiocrité propre à ces populistes (Le Pen… Mélenchon…) qui disputaient à La République en marche l’espace du « renouveau » et qui se sont vu aspirés dans le siphon de leur propre dégagisme.

Mais l’essentiel tient au bouleversement fondamental et, en réalité, structural que je décrivais, il y a dix ans, dans « Ce grand cadavre à la renverse » [3] et dont nous vivons l’ultime péripétie.

Tout commence avec la Révolution française.

Tout se joue, plus exactement, avec cette invention récente (« que pensez-vous, aurait demandé Kissinger à Zhou Enlai, de l’impact de la Révolution française ? »… réponse, après un long silence, du Chinois : « il est encore trop tôt pour se prononcer »…), tout se joue, donc, avec cette invention française récente qu’est le concept de « révolution » s’installant, tel un astre fixe, au faîte de nos représentations politiques et voyant le reste des étoiles s’aligner par rapport à lui : était « de gauche » quiconque jugeait aimable cette perspective révolutionnaire – et se rangeait côté « droit » quiconque la voyait comme une menace et s’employait à la conjurer.

Or une découverte s’est faite dans le mince laps de temps qui va, précisément, de la révolution chinoise au cauchemar cambodgien.

Et cette découverte, ce fut le fait, pour la première fois si visible, que plus une révolution est radicale, plus elle est sanguinaire et barbare ; ce fut l’idée que la révolution n’était plus seulement « difficile », ou « chimérique », ou « impossible », mais profondément détestable ; et ce fut, dans la mesure même où l’astre fixe s’obscurcissait et se transformait en un corps noir absorbant sa propre lumière et celle des astres de moindre éclat gravitant autour de lui, tout le système politique qui se condamnait à imploser.

Nous en sommes là.

Ce n’est pas la première fois que le clivage « droite-gauche » est brouillé.

Ce fut déjà le cas – pêle-mêle – au moment de Valmy, de l’affaire Dreyfus, de Vichy, du colonialisme.

Mais c’est là, sur cette scène d’il y a quarante ans, qu’a été pulvérisé et, donc, neutralisé son noyau rationnel et imaginaire – c’est ce choc long, cette déflagration lente et l’effet de souffle qui l’accompagne, c’est cette invalidation programmée des partages, des querelles et, finalement, des signifiants constitutifs de l’« exception française » dont l’événement Macron est, aujourd’hui, le dernier nom.

Mille questions se posent à partir de là : comment se conduiront les probables 400 nouveaux représentants de la nation, enivrés par leur triomphe ? d’où, par qui, et quand, viendra le souhaitable dégrisement ? et comment s’inventeront les contre-pouvoirs indispensables au bon fonctionnement d’une démocratie ?

D’autres : la « règle » (anglo-saxonne) ne se portant, aux dernières nouvelles, pas mieux que l’« exception » (française), où va-t-on ? avec quelle boussole, quelle rose des vents, quel horizon ? et suffira-t-il, pour y aller, de réconcilier La Fontaine et les start-up, Jupiter et Internet – l’« en-même-tempstisme », en d’autres termes, fait-il (durablement) une politique ?

Et encore : si c’est vraiment la séquence 89 qui se clôt, est-ce à dire que nous sommes revenus au stade Lumières ? à celui de la réinvention, avant elles, d’un nouveau droit naturel et de l’idée de République qui va avec ? et récrira-t-on « Le Léviathan » ou, ce qui revient au même, les traités de Westphalie sans avoir à en passer par la radicalisation tragique des guerres européennes et mondiales en cours ou en gestation ?

Mais le fait massif est là.

Emmanuel Macron a vu ce que ses prédécesseurs avaient entrevu.

Il a été, il est, l’instrument ou la ruse de cet événement de longue durée en train de s’objectiver sous nos yeux.

Et c’est à lui, dès lors, qu’incombe la tâche de reconstruire sur ce champ de ruines ; d’œuvrer à ce que la fin d’une certaine façon de considérer la politique ne signifie pas celle de la politique comme telle ; c’est à lui qu’il appartient, avec le peuple qui l’a élu en même temps qu’avec celui qui a voté contre lui ou, pire, s’est abstenu, de faire ce que peut faire de mieux un homme d’Etat dans les âges sombres : créer, penser et inventer à neuf le régime historique où nous entrons – cet art du « commencement » où Hannah Arendt, une fois de plus, discernait le fin mot de l’action publique.

BHL, laregledujeu.org

*

La France est violette

Note du 19 juin 2017

Ici, je suis obligé de relever que La République en Marche a fait un score moins important que les sondeurs ne l’avaient prévu. Elle aura bien la majorité absolue avec 308 députés (350 avec le déjà vieux MODEM), mais pas les 400 annoncés. 430 députés sur 577 (75%) sont nouveaux. L’Assemblée comptera désormais 224 femmes (39%), mais aucun ouvrier (20% de la population). L’abstention, en nette progression, aurait atteint 57,40% des inscrits, score jamais vu sous la Ve République. Beaucoup, semble-t-il, ne marchent déjà plus ou, en tout cas, n’ont pas marché vers les urnes (c’est mon cas, je le confesse). Battront-ils le pavé plus tard ? C’est le souhait vite exprimé de Mélenchon, élu avec 60% des voix à Marseille (mais avec 64% d’abstentionnistes, record national pulvérisé), qui aura son groupe d’insoumis à l’Assemblée alors que Marine Le Pen, élue elle aussi, ne devrait pas en avoir. Spectacle sportif attendu.

« La visualisation ci-dessous, qui montre les nuances politiques arrivées en tête dans chaque circonscription, au second tour de 2012 et au premier tour de 2017, permet de se rendre compte de la performance du nouveau parti d’Emmanuel Macron » (source : leparisien.fr).
Cette fois, plus aucun doute, Sollers le prophétisait dans le JDD de juin 2007 : « comme le bleu et le rose ont de plus en plus tendance à se conjuguer, vous êtes dans le violet », la France est violette !

Ce constat, je le fais en écoutant une excellente émission sur France Culture : Un exemple d’histoire marchée : les godillots. — A.G.

*


Louis XIV par Juste d’Egmont, 1654.
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Le Royaume

par Philippe Sollers

Extraits d’un entretien avec Ligne de risque (2016).

Le « Royaume » : cette notion est aujourd’hui complètement étrangère aux locuteurs de la langue française. Tout au plus, un vague souvenir. Et pourtant, bien qu’intempestive, elle paraît vous intéresser. En quoi ce passé lointain vous semble avoir un futur ? Et qui seraient aujourd’hui les témoins de ce futur ? Les écrivains ? Les artistes ? A ce sujet, peut-on dire comme Heidegger : « Provenance est aussi avenir » ? Mais si oui, en quel sens ?

Je m’étonne tout de suite que vous pensiez aux locuteurs de la langue française. Où en sont-ils, ces malheureux ? De toute évidence, ils retardent par rapport à la langue elle-même. On les trouve englués dans toutes sortes de fixations communau­taires, empêtrés dans ce qu’ils appellent leur « identité malheureuse ». Le plus pro­bable, ce serait qu’ils n’ont plus la moindre notion du Royaume. C’est beaucoup trop pour eux. Trop grand. Peut-être subsiste-t-il un vague souvenir chez quelques nostalgiques de la monarchie. Même dans ce cas, ce n’est le plus souvent qu’un écran. Non, le Royaume semble avoir disparu pour les Français. Il ne renvoie plus à rien pour eux. A peine se doutent-ils qu’il y a eu un royaume de France.
Vous parlez d’un passé lointain, et vous avez raison pour les Français, le Royaume relève de quelque chose qui s’éloigne dans le temps. Mais la vérité est que ce qui a eu vraiment lieu une fois ne cesse jamais d’être. Le Royaume est donc tou­jours là, sous nos yeux, mais recouvert par un refoulement considérable. Que per­sonne ne s’en aperçoive n’a rigoureusement aucune importance. De ce point de vue, je ne suis pas du tout démocrate.
La question du temps est ici fondamentale. Être écrivain, c’est comprendre que le passé vient à l’horizon du futur. Il y a, si vous voulez, la ligne temporelle, dans laquelle se succèdent passé, présent et futur, et la redoublant, vous avez un passé qui vient après le futur, qui l’oriente, le soutient et le profile. D’une certaine manière, le futur le plus avancé n’est rien d’autre que le passé. Que la mentalité moderne soit réfractaire à cette évidence n’y change rien.
« Provenance est aussi avenir » : cette formule de Heidegger me semble d’une justesse irrémédiable. Cette lucidité sur le temps motive d’ailleurs la haine, et l’on peut constater qu’elle se déverse par tombereaux entiers sur Heidegger.

[...] Le geste de Ducasse consiste à renverser la légende douloureuse. Aucun besoin de remettre l’homme sur son trône, il suffit de ne plus chanter la misère. Car ce n’est pas par elle que l’homme entre dans le Royaume. En effet, la promotion du discours du malheur a toujours pour contrepartie la promotion de la servitude volontaire. Rien n’est plus étranger à la véritable poésie : en elle, la grandeur réfute les traces de la misère.
Dans la Divine Comédie, au chant XXVII du Purgatoire, Virgile dit à Dante que son jugement étant libre, droit et sain, il a dorénavant à suivre son plaisir. Au terme de cette initiation, il couronne le poète roi et pape de lui-même. Par cet acte, il le fait entrer dans le Royaume [5].

Avec l’avènement de l’instantanéité numérique et le règne planétaire du marché, on assiste à un aplatissement du temps. Ce qui se réclame encore des « Temps modernes » s’effiloche sous nos yeux et menace de ruine. Ainsi, par exemple, de cette entité française : la « Répu­blique », que chacun invoque mais qui ressemble de plus en plus à un mot creux. Issu d’un sédiment plus ancien, en quoi ce « Royaume » s’approche-t-il dans son éloignement ? Comment peut-on avoir l’expérience de cette étrange proximité ? Et de quelle nature est cette expérience ?

La République est aujourd’hui dans une drôle de situation. Elle a un problème d’identité. J’étais l’autre soir à la terrasse de la Closerie des Lilas, et j’ai vu appa­raître trois jolies femmes nanties d’un charmant tchador. Les locuteurs du français ne savent pas quoi faire devant ce retour du religieux, et d’autant moins que ce n’est pas le leur. Ils se sentent particulièrement misérables. En fait, ils sont perdus. Avec la Ve République, De Gaulle a fait ressurgir le régalien, mais celui-ci est devenu spectral. L’armée, la diplomatie, le droit de grâce forment le domaine réservé du Président, qui prend dans ce régime l’allure d’un roi de substitution. Avec De Gaulle, la République a été retapée dans le sens de la monarchie, mais ce replâtrage est en train de s’écrouler sous nos yeux. La République devient de manière obscène une entité creuse. On a sans arrêt à la bouche les Droits de l’Homme. Pourquoi pas, à condition d’ajouter la sororité à la fraternité, sans oublier la laïcité, la procréation médicalement assistée et la mort dans la dignité. C’est à ce compte qu’on peut apparaître encore comme progressiste, c’est-à-dire comme une Grande Tête Molle.
Le problème de la République, et l’histoire du Panthéon le prouve, c’est qu’elle n’a jamais pu dire ou faire quoi que ce soit de conséquent face à la mort. Celle-ci révèle donc la misère de toute symbolique républicaine.

Jean-Claude Milner vient de publier un livre qui tombe à pic : Relire la Révolution. Même si je n’en partage pas les thèses, j’approuve sa manière d’insister sur le langage, c’est-à-dire de prendre la Révolution sous un angle de parole. Qu’il parle de « lecture » me convient tout particulièrement. Je crois en effet que la Révolution est encore à « lire ».
Parmi les choses sur lesquelles il faudrait revenir, évidemment il y a la place concédée aux Girondins. À cet égard, mon grand homme, c’est Vergniaud ; pas Robespierre. Sur ce point, désaccord total avec Milner, qui essaie de dédouaner historiquement le rôle de celui-ci au Comité de Salut Public. Néanmoins, un point m’intéresse dans sa démonstration quand il affirme que si la Révolution française a eu lieu, et elle semble bien avoir eu lieu, les autres, qui la singent, n’ont peut-être pas eu lieu. Elles n’auront été, dans ce cas, que des prises de pouvoir par la violence.

Si on prend au sérieux, comme vous le faites, le caractère événementiel de la « Révolution française », comment l’articuler avec la notion de « Royaume » ? « Royaume » et « Révolution » ont-ils part l’un à l’autre ?

Comme Milner, je pense qu’il n’y a qu’une seule Révolution : la française. Ainsi Hegel pouvait-il affirmer l’existence de deux événements historiques de même ampleur : le christianisme et la Révolution française. Dans Mouvement, j’insiste sur le lien nécessaire entre ces deux bouleversements. À mes yeux, la Révolution française, pas plus que le christianisme, n’est finie. Même si les locuteurs de la langue française ne semblent pas au courant, elle continue inlassablement son travail. On peut soutenir que la Révolution continue, mais en fait on devrait dire qu’elle s’approfondit.
Une certaine pensée moyenne croit que la Révolution s’achève en produisant comme résultat la République. Mais la Révolution est plus vaste que cela. Elle déborde son résultat.
Ma thèse serait de prétendre que plus la Révolution s’approfondit, plus le Royaume, ô surprise, s’approfondit par la Révolution elle-même et en son coeur.
En somme, quelque chose a eu lieu dans la Révolution, qui est une révolution dans la Révolution. Les grands noms propres de la littérature, à commencer par le Marquis de Sade et par Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, ont pressenti cela. Mais je ne suis pas sûr, malheureusement, que les philosophes en aient été avertis.
Plus la Révolution s’approfondit, plus elle fait revenir le prétendu passé, qui se présente alors sous sa forme révolutionnaire, que je propose d’appeler avec vous le « Royaume » .
Qu’est-ce que le Royaume ? Rien d’autre que le passé dans sa forme révolutionnaire, et tel que la Révolution l’approfondit. On comprend alors pourquoi ni les progressistes ni les réactionnaires n’y comprennent rien. Et pourquoi les uns comme les autres ne font que cultiver l’aveuglement sur fond de surdité.
Ce n’est pas le royaume des morts, ce n’est pas non plus le royaume des cieux, c’est celui où chacun peut être roi. En somme, le Royaume auquel ouvre la litté­rature. Pour y entrer, à chacun de creuser son propre symptôme et de le surmon­ter. Il y faut, comme dirait Danton, de l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace.

Permettez-moi de vous lire quelques lignes de mon roman Beauté :

« La France est le pays des accomplissements imprévus. Toutes les contradictions, comme des fleuves, coulent vers elle. Elle les intègre et les assimile, non sans mal, dans des synthèses instables qui, sans arrêt, se métamorphosent. C’est le pays des fins qui s’ignorent. Drôle de royaume révolutionnaire, évoqué par Rimbaud dans Illumination. Le texte s’appelle Royauté : "Un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes criaient sur la place publique. "Mes amis, je veux qu’elle soit reine !" "Je veux être reine !" Elle riait et tremblait. Il parlait aux amis de révélation, d’épreuve terminée. Ils se pâmaient l’un contre l’autre.
« En effet ils furent rois toute une matinée où les tentures carminées se relevèrent sur les maisons, et toute l’après-midi, où ils s’avancèrent du côté des jardins de palmes. »

« C’est un rêve et ce n’est pas un rêve. Les Français ont fait la révolution et systématisé la Terreur. Mais un beau matin, ils se sont transformés, pour un jour, en peuple fort doux. Un homme et une femme superbes crient sur une place publique. Mettons la place de la Concorde, à Paris, ex-place Louis XV. Le roi et la reine, guillotinés sur place, se relèvent, métamorphosés sur une arche, en couple de jeunesse ravi. L’égalité entre roi et reine, jusque-là interdite, est proclamée dans une tonalité extatique et ini­tiatique, comme une révélation et une épreuve terminée. On se croirait dans La Flûte enchantée. Ils crient tous les deux. Elle rit. Elle tremble. Il parle. Et ils se pâment l’un contre l’autre. Leur spasme est spirituellement réciproque. Nous sommes à deux pas du Jeu de Paume, où a eu lieu le Serment du 20 juin 1789. Pour cet événement grandiose, qui ne dure que toute une matinée et toute une après-midi, il est juste qu’une couleur carmin soit convoquée sur les belles maisons de la place. Ce rouge intense des tentures est soulevé par le vent nouveau. Quant à l’après-midi, il n’en finira pas d’avancer avec le roi et la reine du côté des jardins de palmes, aux Tuileries, si l’on veut, jardin où il est légitime de se pâmer. Royauté est un psaume chanté à Paris par un jeune homme de vingt ans après une révolution dans la Révolution. Vous auriez pu être à Babylone ou dans la Jérusalem céleste de l’Apocalypse, mais ici le monde n’a pas disparu, et la beauté, par-delà les ténèbres, brille de tous ses feux quand elle veut. Le Royaume est une révolution permanente dont la langue, portée à un certain niveau, reçoit tout et traduit tout en mieux. Ce roman est très mystérieux. » [...]

Philippe Sollers, Réponses à des questions de Ligne de risque.
Ligne de risque n°2, mai 2017. L’Infini 139, Printemps 2017 [6].


Portrait de la marquise de Pompadour par Quentin de La Tour, 1752-55.
Le Louvre. Photo A.G., 25-01-17. Zoom : cliquez l’image [7].
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Déjà, en 2002, Sollers nous parlait du « Royaume » dans Nietzsche, miracle français :

Le Miracle français aurait consisté à faire de l’absence Dieu une fête grandiose. Où les corps humains — minoritairement d’où la sanction — auraient fait une grande fête pour rien, sans valeur. La question est celle de la valeur. C’est sans valeur autrement dit, ça n’a pas de prix. C’est ce que Bataille va appeler bientôt la Part maudite. Part maudite parce qu’elle est miraculeuse.
Le français est maudit à cause de ce miracle. Cette malédiction requiert l’attention. Si je me sens français, si je suis curieux, pas mouton, ça m’intéresse, je vais droit à cette malédiction. Je me demande pourquoi ? De quoi s’agit-il ?
Là je vais trouver un certain nombre de témoignages importants. C’est en effet la fidélité presque mystique de Bataille pour Nietzsche. Sur Nietzsche, Memorandum... Comme s’agissait d’une vie de saint... A la limite, Nietzsche est un saint... Un bouffon, un saint, un danseur, tout ça récusant le culte.
Il y a aussi un nombre considérable d’écrivains qui vont montrer comme une sorte d’attirance très profonde, très magnétique vers quelque chose comme un Royaume. Je laisse Chateaubriand, c’est tellement visible, mais prenons Genet par exemple. Je peux vous montrer point par point comment Jean Genet est un écrivain qui se réclame du Royaume. Je le prends exprès parce que vraiment, il n’en a pas l’air... Villon, Genet, Rimbaud... Rimbaud, aussi, est un écrivain du Royaume.

Zarathoustra parle ainsi de son Royaume :
« Et dans mon Royaume, dit-il, je ne veux pas que qui que ce soit souffre, ni désespère. Montez chez moi, vous allez vous reposer, manger mon miel, là-haut dans ma caverne, avec mes animaux, vous allez vous entretenir avec mes animaux. »
La présence des animaux chez Nietzsche est très significative. Il y a l’Aigle, le Serpent, l’Âne, les Colombes, le Lion. Les animaux, chez Nietzsche, ont l’air d’en savoir davantage que les hommes qu’ils rencontrent, ils sont plus sages. Il y a l’Aigle donc, le Serpent ou le Lion qui arrive à la fin et qui rit.
C’est une fable magnifiquement orchestrée par un grand artiste. Ce sont des animaux réconciliés avec quelque chose qui prétend avoir dépassé l’humain.
(dans Discours Parfait, Gallimard, 2010, p. 230-231 ; Folio 5344, p. 249-250)

Il est étrange qu’aucun critique n’ait jamais relevé cette importance du Royaume chez tous ces écrivains français (Sollers propose qu’on lise Nietzsche comme un auteur français).


Le Bernin, Ébauche en terre cuite pour le monument équestre de Louis XIV, 1669-1670.
Rome, Galerie Borguèse. Photo A.G., 23 juin 2015. Zoom : cliquez l’image.
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Le Président Macron sera-t-il à la hauteur d’un roi ? Relisez Macron lacanien.

LIRE AUSSI : Marcelin Pleynet, Place de la Concorde (« Du siècle de Louis XIV au siècle de Voltaire, même combat. Il faudrait enseigner aux enfants que c’est l’esprit même du siècle de Louis XIV (Molière) qui renverse la Bastille. Au demeurant, peu importe, tout passe dans l’air vide et plein de musique : sonate, fanfare, orchestre de la lumière. À vous de jouer »).


On peut relire aussi, pour se détendre, de Victor Hugo (« Victor Hugo, le phare au bord de l’Océan de l’Absurde », l’une des Grandes Têtes Molles de Ducasse) ces vers médiocres extraits de La Légende des siècles, V, « Après les dieux, les rois » :

« Les peuples n’ont pas tous les mêmes mœurs ; les Scythes,
Qui font à l’Occident de sanglantes visites,
Vont tout nus ; le Macron, qui du Scythe est rival,
A pour casque une peau de tête de cheval
Dont il a sur le front les deux oreilles droites »
« Huit chevaux blancs tiraient le chariot divin
De Jupiter, devant lequel le clairon sonne
Et dont le cocher marche à pied, vu que personne
N’a le droit de monter au char de Jupiter. »
*

[1Etude du Cevipof :
« Une majorité de "classes supérieures"
Si les candidats REM sont pour moitié des "novices" de la politique, plus jeunes que nos députés actuels, le "renouvellement" n’a en revanche pas eu lieu côté origine sociale.
Le constat est même sévère.
"Si l’on réunit l’ensemble des professions en trois grands groupes sociaux, on s’aperçoit que les candidats des classes populaires constituent 8,5% du total alors que les représentants des classes moyennes en constituent 23% et ceux des classes supérieures 68,6%." »

[2Sollers a partagé ce point de vue. Dans Guerres secrètes (2007, folio 4995, p. 351), il écrit :

« Je rappelle le scandale provoqué par François Furet quand il nous a dit que la Révolution française était terminée. Blasphème ! J’ai rencontré Furet au moment où je publiais Sade contre l’Être suprême. Il était venu me parler pour me dire qu’il avait trouvé mon livre remarquable. Il m’a alors raconté ses années d’enfer au Parti communiste français. Comme quoi, le temps... »

Sollers rappelle encore cette anecdote dans un entretien récent avec Jean-Claude Milner. Nous verrons plus loin que sa position semble pourtant avoir sensiblement évolué. La relecture de Hegel n’y est sans doute pas pour rien (cf. Mouvement).

[4La reproduction de ce tableau figure, en noir et blanc, dans L’Infini 139, p. 30.

[5« Je t’ai mené ici par la science et par l’art ;
prends désormais ton plaisir pour guide ;
tu es hors des voies étroites et escarpées.
Vois le Soleil qui brille à ton front ;
vois l’herbe, les fleurs et les arbustes
qu’ici la terre produit d’elle-même.
Tandis que viennent, pleins de joie, les beaux yeux
qui, en pleurant, m’ont fait venir à toi,
tu peux t’asseoir, tu peux aller par là.
N’attends plus mon dire ni mon signe ;
ton jugement est libre, droit et sain,
ne pas faire à son gré serait une faute ;
aussi je mets sur toi la couronne et la mitre. »
(Traduction Jacqueline Risset)

[6JAM dans Lacan Quotidien 722, déjà cité :

« L‘INFINI : le numéro 139 vient de paraître avec un bandeau où s’écrit « la science des rêves ». Sollers commence à narrer ses amours avec une Nora, psychanalyste ; c’est sans doute le début de son prochain roman. Étonnant entretien du même sur « le Royaume », qui lui « semble beaucoup plus important que la Nation ». Il discute les thèses de Milner sur la Révolution française en antirobespierriste de naissance. Selon lui, « le mot littérature est socialement caduc » et le mot poésie, « imprononçable ». Josyane Savigneau souligne une phrase de son dernier roman, Beauté : « L’expérience consiste à tout voir pour la première fois. » Un paradoxe parmi beaucoup d’autres, qui fait penser. Un article signé Nadine Candolle, « Poétique du réel », entremêle des fils lacaniens et sollersiens avec pertinence. On regrette seulement que C. Soler s’y trouve citée, l’auteure ignorant que ladite pompe passionnément mon cours. Est-ce l’effet euphorisant sur moi de l’Année Zéro ? J’ai le sentiment que ce numéro dans son ensemble sort du lot des livraisons toujours stimulantes de cette revue-monument. »

[7Un détail de ce tableau figure, en noir et blanc, dans L’Infini 139, p. 37.

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5 Messages

  • A.G. | 16 décembre 2017 - 16:34 1

    Emmanuel Macron fête ses 40 ans à Chambord : "Qui c’est le roi ?"
    Le président loue un gîte du domaine de Chambord sur ses fonds propres, ce qui n’empêche pas une pluie de critiques. LIRE ICI.


  • A.G. | 8 septembre 2017 - 12:16 2

    Il y a royaume et royaume, roi et roi. Il y a aussi les déçus du "roi". Cf. Quelque chose de pourri dans le royaume de Macron pdf .


  • A.G. | 20 juillet 2017 - 00:32 3


    Technikart, été 2017.
    Philippe Sollers. Zoom : cliquez l’image.
    GIF


  • A.G. | 29 juin 2017 - 18:20 4

    Jean-Claude Milner parle de Macron. "Je vote à la maoïste, en fonction de l’ennemi principal".

    GIF


  • A.G. | 22 juin 2017 - 17:39 5

    Laurent Joffrin est en pleine forme en ce moment. Voici sa dernière lettre de campagne (Libération du 22 juin 2017).

    Macron et les sept nains

    Face au gouvernement Philippe II, ce pack de macroniens, de macronistes et de macronophiles, y aura-t-il une opposition ? Oui. Beaucoup d’oppositions : sept. Telles les paramécies, les partis politiques français se reproduisent désormais par scissiparité. Ils se coupent en deux ou en trois et continuent leur vie comme des organismes autonomes, à chaque fois plus petits.

    Entre les pour et les contre Macron, cinquante nuances de bleu, de rose ou de rouge s’épanouissent : opposition frontale, opposition nuancée, opposition constructive, coopération distante, coopération franche, alliance énamourée. Entre ces diverses postures, les courants se scindent en autant de sous-groupes. On en compte sept, désormais, à l’Assemblée. La vie politique française prend ainsi l’allure d’un conte de Grimm : Macron et les sept nains.

    De gauche à droite, chacun prend son rôle : la France insoumise, atrabilaire à souhait, sera Grincheux. Le PCF miraculé et discret est Timide. Le PS qui doit reprendre sa pédagogie à zéro est Prof. Le Modem qui n’en revient pas d’avoir plus de trente députés est Joyeux. Les « constructifs », qui laisseront le gouvernement en paix, se reconnaissent dans Dormeur. Et le groupe LR maintenu qui vient de reconduire à sa tête Christian Jacob, dont les capacités intellectuelles sont parfois mises en doute, est Simplet. Reste le septième nain, Atchoum, pour le Front national, ce qui ne veut pas dire grand-chose. On verra plutôt dans Marine Le Pen la méchante reine qui veut tuer le Prince Charmant de l’Elysée et sa Blanche-Neige.

    La métaphore s’arrête là. Il ne manquera pas d’orateurs fiévreux, de procureurs pointilleux, de contempteurs compétents pour animer le débat parlementaire. La démocratie n’est pas en péril. Mais l’univers politique est radicalement neuf, avec une grosse étoile centrale qui attire les planètes voisines au risque de les faire fondre, et laisse les autres en orbite lointaine, minuscules dans le froid sidéral. Pour reconstituer une opposition digne de ce nom, il faudra de nombreuses étapes. En Marche d’un côté, la longue marche pour les autres.

    Et aussi

    François de Rugy, écolo d’expérience, se verrait bien au perchoir. Il a toutes les qualités requises sauf une : il n’est pas une femme. Quoique omnipotent, Emmanuel Macron n’y peut pas grand-chose. Beau joueur, Rugy en a convenu volontiers. Dans une assemblée féminisée, l’élection d’une présidente et non d’un président serait logique. Ecce homo, ou ecce mulier ?

    En pleine cohérence le Front national dénonce les affaires qui troublent la majorité mais Louis Aliot refuse de se rendre à la convocation des policiers qui enquêtent sur les assistants parlementaires du FN. Vérité en deçà de Montretout, erreur au-delà.

    Bonne interview de Macron dans le Figaro, avec le rappel utile de ce qui unit les Européens : « L’Europe est le seul endroit où les libertés individuelles, l’esprit de démocratie et la justice sociale se sont mariés à ce point. » Il y a certes des progrès à faire dans ces trois domaines. Mais il est juste de dire qu’en comparaison des autres régions du monde, l’Union a réussi quelque chose. L’obsessionnelle propagande des souverainistes et des populistes avait fini par le faire oublier.