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Le Journal du mois d’avril 2008

Le Spectacle a ses lois

D 29 avril 2008     A par Albert Gauvin - C 8 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Flamme

Les Jeux olympiques ont donc commencé beaucoup plus tôt que prévu, et par un nouveau sport : la guerre des images, l’empoignade publicitaire. Il faut bien reconnaître ici que les Services de renseignements chinois se sont montrés étrangement nuls, ne prévoyant rien, ne comprenant rien, ayant sous-estimé, de façon peu stratégique, les énormes moyens de leur adversaire principal, le diable dalaï-lama, ce coureur souriant, qui est bouddhiste comme moi skieur de fond. Il devrait y avoir des limogeages au plus haut niveau à Pékin, l’agitation autour de la flamme l’exige. La momie de Mao s’en retourne dans son mausolée, l’infiltration américaine a réussi un coup planétaire, car qui oserait dire qu’il n’est pas pour les droits de l’homme au Tibet comme ailleurs, qui oserait douter de la flamme intérieure des moines ? Le Bouddha plus fort que tous les contrats ? On verra. Le dalaï-lama est sexy, aucun doute, même si son représentant français en robe, Mathieu Ricard, est plus plan-plan, avec sa bonne bouille et ses bras nus qui, paraît-il, ont séduit d’emblée le président de la République. Quoi qu’il en soit, les manifestations chinoises, mal préparées, ont été particulièrement pénibles. Cette jeunesse aurait besoin d’un bon conseiller en communication, et j’aurais sûrement trouvé mieux que les pancartes « Jeanne d’Arc prostituée, Napoléon pervers, France nazie (avec croix gammées), Corse libre ! » C’est franchement idiot, et, en plus, écrit en anglais. « Jeanne d’Arx prostitute », quel slogan en faveur du bûcher consumant la sainte ! Napoléon pervers ? C’est oublier que la première chose que Mao dit à Malraux lorsque celui-ci lui rend visite, est « Parlez-moi de Napoléon. » Quant à « France nazie », aujourd’hui, c’est quand même très exagéré, et ne peut venir que de provocateurs à l’intérieur même des Services. Que les Chinois me lisent, bordel ! Ou alors ils ont mal entendu : il faut dire « France moisie », pas « nazie » !

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Jin Jing

Médailles d’or, d’argent et de bronze aux sportifs tibétains, jusqu’ici peu connus pour leurs performances dans les stades, qui viennent donc de faire une entrée fracassante sur les podiums. La contre-attaque chinoise, il est vrai, commence à peine. Les Chinois ont quand même trouvé leur Jeanne d’Arc : la ravissante Jin Jing « l’ange souriant en fauteuil roulant », escrimeuse célèbre et handicapée, que le monde entier a vue, héroïque, à Paris, protégeant la flamme olympique contre ses barbares agresseurs. La Chine tout entière est désormais derrière Jin Jing. Le dalaï-lama macho contre Jin Jing angélique, quel match ! Cette fois, c’est le Président qui se trompe en choisissant ses émissaires vers l’empire du Milieu. Quelle idée, en effet, d’envoyer le vieux Poncelet, du Sénat, faire la bise à Jin Jing ! J’ai vainement attendu d’être sélectionné pour cette mission de charme. Et maintenant Raffarin ! S’agit-il d’effacer la déclaration de Ségolène Royal, menaçant, depuis le radieux Poitou-Charentes, la Chine arriérée ? Peut-être. En tout cas, le Président s’est excusé auprès de l’ange en fauteuil roulant, et l’a même invitée personnellement en France. Je vois ça d’ici : Jin Jing et Carla Bruni dans le parc de Versailles ! Au Louvre ! À Rambouillet ! Mieux que pour Kadhafi ! Le Spectacle a ses lois.


Couacs

Faut-il transporter les restes d’Aimé Cesaire au Panthéon, à côté de ceux d’Alexandre Dumas ? Ici, une commission s’impose, comme pour la Villa Médicis. Les lycéens sont-ils vraiment dangereux ? Une enquête indique que la plupart d’entre eux, entre 18 et 20 ans, sont incapables de répondre à la question suivante : « Quand a eu lieu mai 1968 ? » C’est à peu près aussi énorme que de rester interdit devant la blague « De quelle couleur est le cheval blanc d’Henri IV ? » L’énorme bouillie de commentaires et de témoignages autour de mai 1968 aura été particulièrement réjouissante. Aussi réjouissante que l’invention d’un nouveau concept à propos de Mitterrand : il y a eu des « vichystes-résistantialistes ». Bousquet et Papon, par exemple, et le tour est joué. Dernière question : qui est plus beau, plus grand, plus fort ? Sarkozy (63% de mécontents) ou Berlusconi (réélection triomphale) ? À propos de réélection triomphale, j’ai vu Juppé à Bordeaux. Je tiens beaucoup à ce qu’après avoir nettoyé et récupéré sa ville, il gagne le concours pour « Bordeaux, capitale culturelle de l’Europe en 2013 ». Juppé m’a paru en grande forme, son exil au Canada lui a fait du bien. Naturellement, il n’est pas du tout candidat pour 2012, mais s’il devient bouddhiste, comme Delanoë, on ne sait jamais.


Amérique

Hillary Clinton ou Obama ? Une femme ou un Noir ? Ou encore, comme chacun le pressent, le vieux républicain en embuscade de toutes les peurs et de tous les conformismes ? Des journalistes femmes demandent au romancier américain Douglas Kennedy si Hillary a des chances en tant que femme. Il répond froidement : «  J’ai des doutes quand je vois où en sont les femmes américaines. Dans ma génération post-soixante-huitarde, toutes les filles qui allaient à l’université étaient féministes. Trente ans après, 60% de celles que je connaissais sont des femmes au foyer ». Il continue en évoquant le puritanisme américain, l’histoire lamentable d’Eliot Spitzer, gouverneur démocrate de l’État de New York, qui a dû démissionner parce que le New York Times avait révélé ses relations avec une call-girl. Le même avait fait voter une loi pour que les clients des prostituées soient considérés comme coupables. Il précise : « Je pense qu’environ la moitié des femmes vont voter pour Hillary parce que c’est une femme, mais que beaucoup, au contraire, voudront défendre leur propre image de femmes au foyer, de bonnes mères ». Et puis, il y a eu l’affaire Monica Lewinski : « Les conservatrices ont été choquées et ont assimilé le couple Clinton au péché, et quant aux féministes, elles ont trouvé qu’Hillary passait un peu facilement l’éponge. »
Je ne sais pas si Douglas Kennedy a lu mon roman, Femmes (sinon, il devrait), mais il est sûrement lucide, lorsqu’il décrit le « gouffre » qui s’est creusé entre l’opinion américaine et des types comme lui, « qui viennent de la côte Est, boivent du vin blanc, voyagent à l’étranger, ont des amis homosexuels, parlent français... autant dire des « faux Américains ». Et de conclure : « Aujourd’hui, on a de nouveau Desperate Housewives : c’est Mme Bovary et Flaubert, cent cinquante ans après ». Éprouvant.


Debord

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Kriegspiel

Au début des années 1990, Guy Debord sort de son héroïque clandestinité, publie ses livres chez Gallimard (où il a désormais ses Oeuvres complètes), et, le dernier volume de sa Correspondance le prouve [1], s’en prend violemment à moi. Insultes diverses, comparaisons absurdes (Cocteau, Bernard Tapie), il semble me considérer alors comme un simple agent « médiatique » ou un employé d’édition. Il paraît très fâché des éloges sincères que j’ai écrits à son sujet. Mais voici le plus beau, une lettre du 30 mars 1993, envoyée, depuis Venise, à son ami Jean-Jacques Pauvert :
« On a fait un saut ici (à Venise, donc) pour voir vite par nous-mêmes si la ville avait gardé ses meilleurs charmes. La réponse est clairement oui. On vous en montrera de peu connus, si seulement vous promettez de n’en rien dire à Sollers, qui ne saura pas plus les trouver que le reste des beautés du temps. »
Quelle imprudence. Si j’étais Sollers, surtout lorsqu’une autre lettre de Debord lui apprend que ce dernier a lu, en 1991, La Fête à Venise [2], j’entendrais là non seulement une charmante dénégation, mais une secrète tendresse. Absolution.

Philippe Sollers, Le Journal Du Dimanche du 27 avril 2008.


[1Fayard.

[2Folio n° 2463.

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8 Messages

  • A.G. | 18 avril 2011 - 16:01 1

    Marc’O aime Debord. Il déteste Sollers. Un charmant échange nous opposa à ce sujet il y a trois ans (voir commentaires plus bas).

    Foin de polémique !

    Le 15 avril dernier Laure Adler recevait Marc’O (dramaturge, metteur en scène et cinéaste), lors de son émission Hors-champs (avec les voix d’Alain Vian, Isidore Isou et Jean Eustache). Cela valait le coup de prendre le périphérique avec celui qui, comme moi, aime La route parallèle.


  • A.G. | 7 juillet 2008 - 10:14 2

    Dans le dernier numéro d’ art press , le feuillleton de Jacques Henric avec ce passage sur Guy Debord :

    « [...] Si Guy Debord, dans une lettre datée du 13 mars 1993, exprimait sa crainte que «  tout finisse par quelque abominable "meilleur des mondes" », il n’en souhaitait pas pour autant, comme son adepte Manchette, la « conservation du capitalisme ». Faut-il rappeler que la Société du spectacle, outre une critique du communisme soviétique, des démocraties, développait une analyse irréfutable du capitalisme, ce qui le prémunissait contre le « véhément tourbillon de conneries suraccélérées » débitées par la « stupéfiante bande d’extrémistes » qu’il voyait composée de maoïstes, nazis, intégristes, anarchistes, ra cistes, situationnistes, et même, ajoutait-il, debordistes.
    Debord jugeait qu’à l’origine de ce déconnage généralisé, il y avait « l’effondrement vraiment spectaculaire du langage », avec, entre autres conséquences, l’incompréhension de ce que fut Mai 68, et le succès croissant d’un « néo-moralisme indigné » se manifestant chez les « moutons de l’intelligentsia » et autres « fonctionnaires médiatiques ».
    Le septième et dernier volume de la Correspondance qui va de janvier 1988 à novembre 1994 est consacré pour l’essentiel à la très agitée « dissolution et liquidation » des Éditions Gérard Lebovici et aux non moins difficiles tractations avec Gallimard. Fidèle à sa précoce conviction selon laquelle la liberté d’un écrivain dépendait de l’absolue maîtrise de son lieu d’édition, on suit, notamment dans les lettres à Jean-Jacques Pauvert, avec quelle extrême vigilance, pour la réédition de ses ?uvres, Debord suivait les négociations avec l’éditeur, dont il jugeait, sans état d’âme, qu’il était « le seul à être capable de payer ». Un fois ces problèmes réglés, son film Guy Debord, son art et son temps terminé, le constat avéré de l’incurabilité de sa maladie, une polynévrite alcoolique, il dicte à Alice Becker-Ho un texte d’une sobriété exemplaire puis se tire une balle en plein c ?ur. Si n’était le risque d’une poisseuse familiarité, devant une telle sortie de scène, à celui qui citait cette forme rajeunie d’une ancienne boutade des voyous de Paris : « Salut les artistes ! Tant pis si je me trompe », on aurait envie de lancer : « Chapeau l’artiste ! ». »

    Jacques Henric

    Voir en ligne : art press 347


  • A.G. | 28 mai 2008 - 23:01 3

    Marc’O sait tout, a tout lu. N’est-ce pas lui (mais c’est peut-être son frère) qui, un jour, dans ce forum, s’est pris pour le Pic de la Mirandole ? Reconnaissons-le : pseudo pour pseudo, Marc’O lui va mieux.

    Il nous parle du volume VII de la Correspondance de Debord (qui, lui, n’a « jamais rien publié sous un pseudonyme »), on lui répond sur le volume VII.
    Voilà qu’il nous parle du volume V. Pourquoi pas ?

    En attendant de relire les quatre premiers volumes, que trouve-t-on dans ce fameux volume V ?
    Ceci (lettre à Gérard Lebovici du 19 août 76, p.362) :

    « Les dernières nouvelles que j’ai du véritable auteur du Véridique Rapport sont datées du 26 juillet. Il est donc bien peu probable que la Contrescarpe ait été si vite renseignée sur un éventuel accident. Selon La Repubblica de Rome, du 1er avril, dans un congrès en Italie, Sollers s’est déclaré « très frappé » par le livre de Sanguinetti-Censor, qui lui apparaît comme « une impeccable démonstration ». Mais ceci est un accident d’un tout autre genre. »
    Dont acte.

    Je ne ferai donc qu’une observation, mais qui va loin.

    Accident pour accident, un lecteur attentif aura bien entendu remarqué que la revue L’Infini, dans son numéro 88 (automne 2004), a publié --- ne vous demandez surtout pas pourquoi — sous le titre VERITES, juste après un texte de Sartre « Nizan, 1960 », des extraits du Véridique Rapport, 1975.

    On y lit : « On sait que la vérité est d’autant plus dure à entendre qu’elle a été plus longuement tue. »


  • Marc, O | 28 mai 2008 - 20:16 4

    Comme j’ai aussi autre chose à faire, je prends à l’instant connaissance des réactions suscitées par mes très légitimes remarques.

    Vraiment, le courage manque devant tant de si fières sottises !

    Confucius, pourtant patient, dit à propos des choses qu’on ne peut rectifier : "il est aussi impossible de sculpter du bois pourri que de passer la truelle sur un mur de gadoue", mais il admet - héroïque - qu’on doit essayer quand même "tout en sachant que c’est peine perdue".

    Je n’ai pas la longanimité de Confucius.

    Je ne ferai donc qu’une observation, mais qui va loin. Ce sera en tout cas bien assez pour donner une idée des intelligences du temps.

    Gauvin, sur un ton doctement pédagogique, avec force caractères gras et paragraphes, écrit : "c’est dans sa correspondance PRIVEE que Debord parle pour la première fois de Sollers. Très précisément dans une lettre à René Basse (...)"

    Le problème des sollerserfs, c’est qu’ils se contentent de lire ce que leur maïtre à penser leur met sous les yeux. On parle du volume 7 de la correspondance de Debord ; ils le lisent et reconstruisent aussitôt l’Histoire à partir de là. Drôle de logique...Le 7 ne suit-il pas le 6 ? Et le 6 le 5 ?

    Je vous aide un peu. Volume 5, lettre à Lebovici, un 19 août...

    Aux oreilles maintenant averties, la modestie de la phrase gauvinienne sonne différemment : "C’est dans sa correspondance privée que debord parle POUR LA PREMIERE FOIS de Sollers. TRES PRECISEMENT dans une lettre à René Basse (...)"

    Pardonnez-lui ses fautes.


  • A.G. | 14 mai 2008 - 23:20 5

    Poker ou le jeu de la guerre ?.

    Avant d’y revenir plus longuement, il me semble intéressant de signaler que :

    1. Debord a toujours réfuté, de manière argumentée, « tous les jugements tant élogieux qu’hostiles » émis sur ses écrits ou ses films. C’est bien sûr le cas dans son film de 1975 intitulé — à juste titre — « Réfutations de tous les jugements tant élogieux qu’hostiles qui ont été jusqu’ici portés sur le film « La Société du Spectacle » ».

    2. Il fait de même, en 1993, un an avant sa mort, dans « Cette mauvaise réputation... ». Citant, là encore, longuement tous ceux qu’il réfute, il n’a concernant Sollers que cette phrase, bien connue : « Dans l’Humanité du 5 novembre 1992, dégoûtant journal tout aussi chargé de sang et de mensonges que les comptes du docteur Garetta, il y a même quelques éloges à mon propos. Mais ce n’est qu’insignifiant, puisque signé Philippe Sollers . » C’est tout. C’est peu. Pas d’autre critique publique.

    3. C’est dans la Correspondance privée que Debord parle pour la première fois de Sollers. Très précisément dans une lettre à René Basse, un ancien ami, devenu membre du parti socialiste, en date du 31 octobre 1989 (Sollers venait d’écrire dans Le Monde « Connaissez-vous Guy Debord ? » suite à la sortie du premier tome de « Panégyrique »).
    Debord écrit alors ceci qui vaut son poids de dénégation :
    «  Moi non plus, je n’aime pas Sollers, sans le connaître, heureusement.  »

    4. Il s’en prend encore violemment à Sollers, dans une lettre à Michel Bounan du 1er mars 1993 (Sollers venait de publier « Le secret » et utilisait des extraits des « Commentaires de la société du spectacle » pour présenter son livre).
    Debord écrit : « Tout cela ne restera certainement pas impuni  » !. Mais, là encore, pas de réfutation...
    Enfin, le 27 mai 1993, l’évitement suivant : «  De Sollers je dis seulement que je ne souhaite pas parler davantage.  »

    En quatre ans, donc, pas la moindre réfutation. « L’étrange guerre de Guy Debord »...


  • Thelonious | 14 mai 2008 - 12:37 6

    Cher Marc’O,

    Il aurait fallu aussi achever le journal du mois d’avril où Sollers ne nie pas les insultes de Debord, mais et c’est une grande qualité chez lui, il met la littérature au-dessus des sentiments.Qu’importe l’opinion d’un grand écrivain sur un autre en fait.
    Le mois dernier sortait un grand livre de Zagdanski sur Debord,sur mai 68 et sur 2008 ; c’est le plus beau livre des dernières semaines. Zagdanski a lu Debord à fond, il connaît donc sa correspondance, et c’est tout à son honneur, il ne mentionne jamais l’opinion de Debord sur Sollers.

    Absolution !


  • A.G. | 13 mai 2008 - 23:34 7

    Comme vous l’imaginez nous tiendrons, comme toujours, le plus grand compte de vos remarques.

    Du 19 décembre 1989 au 27 mai 1993, Debord étrille donc "Sollers" (vous avez oublié la page 382) sans jamais citer ce qu’il écrit.

    Pour ceux qui aime vraiment lire Debord, on peut aussi recommander la lecture de tout le reste (et notamment ce qu’il dit du poker et du bluff [1]).

    Puis-je vous faire un aveu ? Que Debord ait pu, à un moment donné, écrire de telles conneries, que le premier Nietzsche ait pu à ce point se tromper sur Wagner, que Breton ait tenu tant de propos légers sur Bataille (et vice-versa), que Sartre ait toujours eu tort (quoiqu’il ait fait) ou que Sollers ait pu écrire des choses aussi aussi contradictoires que celles que j’ai précédemment relevées sur Mai 68, etc, etc., me rassure : décidément seul le pape est infaillible !

    [1] « Bluff : procédé qui consiste à miser gros sans avoir un bon jeu, pour que l’adversaire renonce à jouer . »


  • Marc, O | 13 mai 2008 - 20:40 8

    Je viens d’achever l’instructive lecture du dernier volume de la correspondance de Guy Debord. A la lumière de ce qu’on y apprend, je vous propose d’actualiser votre excellent site à la rubrique "Debord". Sollers a longtemps voulu convaincre ceux qui ne savent pas lire que le jugement de Debord à son endroit était en fait "ambigu". Bien inutilement, car la levée de doute est violente ! (cf volume 7 pages 123, 151, 311, 312, 313, 344, 393, 394, 395, 377, 405).
    Debord s’étant montré partout si lucide, on ne voit pas bien pourquoi il s’aveuglerait subitement sur Sollers et son art ; et par quelles contorsions intellectuelles on pourrait relativiser un tel jugement. A moins, bien sûr, de nier névrotiquement une vérité trop cruelle.