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Cécile Guilbert : "Ne pas lire, c’est pour moi ne pas respirer"

+ Nabokov, "Lolita" : chef-d’œuvre ou "livre immonde" ?

D 13 août 2017     A par Viktor Kirtov - C 4 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Cécile Guilbert est une amoureuse de la littérature qui a été publiée par Philippe Sollers (voir son dernier livre ICI)
Nous aimons cette belle interview par Marie-Laure Delorme, chef de la rubrique "Lire" du JDD, publiée dans la dernière édition du Journal du Dimanche du 30 juillet 2017.

Nabokov avec Ada est un de ses textes fétiches. Nous avons ajouté un autre de ses points de vue sur la littérature et Nabokov à propos du livre, Lolita, tiré du hors-série de "l’Obs" consacré à la "Bibliothèque idéale du XXe siècle" du 22 novembre 2014.

Pour l’auteure Cécile Guilbert, il est "impossible" de lire en groupe. (Eric Dessons/JDD)

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Par Marie - Laure Delorme

le 2 août 2017 @leJDDM

INTERVIEW - L’essayiste et romancière Cécile Guilbert, auteure des "Républicains", rappelle que tout bon lecteur est cocréateur de l’œuvre en la lisant.

Quelle est votre trajectoire ?
Dès que j’ai su vraiment lire, à l’adolescence, j’ai voulu être écrivain. Très vite je me suis mise à écrire des textes en prose, notamment sous l’influence du Spleen de Paris, de Baudelaire, et celle de Blaise Pascal, découverts en pension grâce à une prof de lettres exceptionnelle. Grâce à eux, j’ai eu la révélation que la poésie pouvait s’écrire en prose, pas seulement en vers. J’écrivais dans mon coin, sans rien faire lire à personne, c’était une grande jouissance. Il faut dire que j’ai toujours aimé le silence, la solitude, le secret. C’est le trépied sacré de toute écriture, et par chance il correspond à mon tempérament. Par la suite, j’ai intériorisé l’idée qu’il fallait faire des études pour gagner sa vie, je suis donc entrée à Sciences-Po pour préparer l’ENA. Je m’imaginais diplomate pour pouvoir écrire à côté. Après avoir échoué à l’ENA et un peu travaillé dans des cabinets ministériels, je me suis lancée dans l’écriture d’un roman politique qui s’est transformé en un essai sur Saint-Simon, mon premier livre.

Quels sont les grands auteurs de votre vie ?
Saint-Simon, bien sûr, summum de la somptuosité que peut atteindre le français à travers ce style baroque, irrégulier, mais aussi très souple, imagé, d’une puissance extraordinaire dans la révélation du néant caché sous les dorures de Versailles. J’adore aussi Rimbaud, Lautréamont, mais aussi Sade et Balzac, Proust et Céline, le jeune Aragon, André Breton, Michaux, la liste est longue. Même si j’ai lu beaucoup d’auteurs étrangers, c’est le français qui me passionne avant tout. Il faut bien comprendre que notre langue s’est forgée à travers les siècles, à travers toutes sortes de tours grammaticaux et lexicaux que nous avons la chance de pouvoir recueillir aujourd’hui. Je m’étonne toujours que les écrivains contemporains n’en aient pas davantage conscience et n’utilisent pas cet héritage. Pourquoi rouler en 4L quand on peut piloter une Ferrari ?

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Nabokov, Marivaux, mais pas Kafka.

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Pourquoi lisez-vous ?
Par goût du luxe, pour jouir de la pensée à travers la beauté, même s’il m’arrive aussi de lire pour apprendre ou me distraire. A son degré le plus haut, la littérature est orchestrée par les écrivains et déchiffrée par les lecteurs. Comme disait Nabokov, bien lire suppose un art car le bon lecteur est cocréateur de l’œuvre en la lisant. "Le but de la littérature est de nous apprendre à lire", a même dit Claudel, manière de dire que l’enjeu de la lecture est encore plus décisif que celui de l’écriture. Surtout à notre époque où de plus en plus de gens écrivent et de moins en moins lisent de la littérature pure. Nabokov –encore lui– a formulé une hypothèse intéressante sur cette dissymétrie : imaginons un monde où ne serait plus créé aucun chef-d’œuvre, ceux du passé continueraient cependant à vivre à travers leurs bons lecteurs. Mais si les bons lecteurs disparaissaient, la littérature du passé serait anéantie et celle d’aujourd’hui aussi.

Avez-vous des mauvais goûts ?
Je ne crois pas, à moins que vous parliez des "mauvais genres" chers à mon ami François Angelier ! Il m’arrive de lire des polars et des thrillers. Il y en a de très bons, notamment ceux de Robert Littell et de Philip Kerr.

Vos goûts ont-ils évolué au fil du temps ?
Pas vraiment. Même si je n’ai jamais cessé de lire de nouveaux auteurs sans pour autant abandonner ceux que j’ai aimés plus jeune. Mais il a fallu que je sorte du lycée pour découvrir par moi-même les romantiques allemands, les surréalistes, Jonathan Swift, Laurence Sterne, mais aussi la littérature libertine du XVIIIe siècle, dont j’adore la vivacité, la gaieté, la philosophie existentielle réjouissante. Pour revenir aux strates historiques du français, j’aime par-dessus tout ce qu’il a donné à cette époque en matière de nervosité et de laconisme, héritage du latin. Crébillon, Nerciat, Beaumarchais, Marivaux, Casanova "swinguent" mieux pour moi que Chateaubriand ou Flaubert. C’est vraiment une question de tempérament, comment ça "corpore" dans la langue. Voyez la phrase de Proust, qui était asthmatique, comparez-la avec elle de Paul Morand, "l’homme pressé", tout s’explique par les nerfs. Mais pour revenir à l’approfondissement du goût, lorsqu’un auteur m’excite, je veux tout lire de lui. A contrario, il est des livres qui me tombent des mains depuis toujours : les romans de Kafka, Musil, et même Cervantès ! Comme quoi, on peut tout à fait reconnaître qu’un artiste est capital dans l’histoire de son art sans en avoir le goût.

Existe-t-il des auteurs dont vous achetez automatiquement les livres ?
Que je lis systématiquement, oui, plus que je ne les "achète" car je reçois pas mal de services de presse ! Martin Amis, Philip Roth, Nick Tosches, Sollers, Quignard, Kundera, Jacques Henric, pour parler de mes aînés. Je faisais de même avec Bernard Lamarche-Vadel et Philippe Muray de leur vivant. Mais il y a aussi Jean-Philippe Domecq, Jean-Jacques Schuhl, Yannick Haenel, Simon Liberati, Mathieu Terence, Frédéric Beigbeder, François Meyronnis, Belinda Cannone, Yann Moix et beaucoup d’autres.

La jouissance qu’il y a à lire et écrire implique celle de la solitude, de ces heures silencieuses occupées par l’imaginaire et la rêverie
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La lecture est-elle indissociable de la solitude ?
C’est l’évidence, il est impossible de lire "en groupe". Mais au-delà des conditions matérielles, la jouissance qu’il y a à lire et écrire implique celle de la solitude, de ces heures silencieuses occupées par l’imaginaire et la rêverie. "La lecture, ce vice impuni", disait Valéry Larbaud. Il s’agit bien d’une occupation retranchée de tout le reste, qui implique une scission d’avec le social, comme l’amour ou la prière. J’ajouterai que lire ne nous coupe pas de la vie mais nous en apprend davantage sur elle que tout ce que nous serions en mesure d’expérimenter à l’aune d’une seule existence humaine, la nôtre.

Pour le pire et le meilleur, ceux qui lisent sont-ils différents de ceux qui ne lisent pas ?
Rien ne me refroidit davantage que d’entrer dans une maison sans livres. Les gens qui ne lisent pas appartiennent à une autre espèce. Ils sont tout aussi à plaindre que les morts. Je les imagine livrés à la seule vie matérielle, à la furie du conformisme et de la platitude. Ne pas lire équivaut pour moi à ne pas respirer. Sans doute parce que je pense à cette situation dans les conditions du ravage nihiliste occidental, qui concerne désormais l’ensemble de la planète. A contrario, j’imagine fort bien que des êtres vivant en pleine nature ou du moins dans un cadre harmonieux, lumineux, des paysans ou des anachorètes, des moines ou des sages, puissent ne pas lire, étant déjà en prise poétique directe avec le monde. Car ce qu’on appelle littérature est d’ordre spirituel et il existe plusieurs voies d’accès à la plénitude de l’Etre.

La littérature aide-t-elle à tenir lecoup durant les épreuves ?
Cela dépend des épreuves, mais j’aurais tendance à penser qu’elle ne fait pas le poids face à l’irruption trop violente du réel, notamment de la mort violente puisque nous passons notre temps à la refouler. Il faut que la stupeur se dissipe et que le chagrin s’adoucisse pour renouer avec la lecture, notamment de livres en rapport avec les épreuves vécues, qui vous permettent alors de les apprivoiser, sinon les exorciser. Mais vivre un deuil ou une maladie n’implique pas nécessairement que l’on souhaite s’en consoler ou s’en divertir.

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"La littérature est un formidable moyen d’élargir ses perceptions, ses connaissances"

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Qu’est-ce que vous a appris la littérature ?
Hormis ce que j’ai tiré de ma propre expérience, presque tout, parce qu’elle touche à l’universel et que certains écrivains ont été assez intelligents et perspicaces pour découvrir des lois invariables. Comme Proust, par exemple, concernant l’amour, la maladie, la mort, la mondanité, l’art. La littérature est un formidable moyen d’élargir ses perceptions, ses connaissances, de voyager aussi. C’est parce que j’ai lu Moby Dick que je sais à quoi ressemble la vie sur un baleinier, même si le roman excède cet aspect documentaire par son ampleur métaphysique. De même, c’est en lisant Céline que je me sens au plus juste et au plus vrai de ce qu’a pu être le chaos de la guerre. Autant dire que la littérature permet l’accès à une vérité plus puissante que celle révélée par les historiens. Sans doute parce qu’elle ne décalque pas le monde mais en crée un à neuf, un monde d’images, pas d’idées.

Vous écrivez des essais, des récits, des romans.
Contrairement à la propagande en cours, être écrivain a de moins en moins à voir avec la condition de romancier. Il s’agit de penser rythmiquement dans la langue, et les différents genres sont autant de terrains de jeux. Pourquoi se limiter ? J’ai eu l’ambition de renouveler le genre de l’essai littéraire qui, comme le roman, suppose une forme, lui aussi. Je pense aussi au théâtre, que je n’ai jamais expérimenté. L’idéal consiste à s’exprimer de la manière la plus musicale possible. Si écrire se réduit à narrer, à "story-teller", autant fabriquer directement des scripts pour le cinéma.

Pensez-vous que l’intelligence puisse nuire à un romancier ?
Je distinguerais la cérébralité de l’intelligence. La première peut induire une sécheresse dommageable, mais la seconde n’est en aucun cas un handicap. Réussir à simultanément intéresser et émouvoir me semble la première clé d’un bon livre. Après, il y a la magie des chefs-d’œuvre.

Le rire est-il important ?
Oui, j’adore rire en lisant et j’envie les auteurs pleins d’humour comme le Philip Roth de Portnoy et son complexe, le Jack-Alain Léger de Jacob Jacobi, le Sollers d’Un vrai roman, où figure un autoportrait tordant. Louis-Henri de La Rochefoucauld est un jeune auteur qui me fait aussi beaucoup rire.

Il est bien souvent arrivé à la politique de concurrencer directement la fiction, de la chute de DSK à celle de Fillon
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La politique est l’un des sujets des Républicains.
En effet, en raison de son potentiel romanesque et de la galerie de personnages familiers que la France nous a servie pendant trente ans. D’autant qu’il lui est bien souvent arrivé de concurrencer directement la fiction, de la chute de DSK à celle de Fillon, de l’ascension sur le mode Rastignac de toutes sortes de petits marquis au triomphe d’Emmanuel Macron. Il est intéressant de voir comment le roman peut s’emparer des sujets politiques que les médias racontent autrement. Cela ne date pas d’aujourd’hui, voyez les tragédies grecques ou celles de Shakespeare.

Quels sont les liens entre politique et littérature ?
Ils sont centraux en France, qui est le seul pays au monde à avoir constamment lié la réflexion sur sa propre histoire et son destin à ses grands livres, depuis La Chanson de Roland jusqu’à nos jours. On pourrait même dire que politique et littérature s’équivalent chez nous. Les hommes d’Etat s’inscrivent dans la mémoire du pays à travers l’écrit et les écrivains ont souvent pesé sur l’histoire –pensez aux intellectuels des Lumières–, qu’ils aient été mémorialistes, chroniqueurs, poètes ou romanciers.

Avec quel livre pourriez-vous passer le reste de votre vie ?
Ada ou l’Ardeur, de Nabokov, un chef-d’œuvre absolu sur l’amour et l’art, d’une beauté et d’une intelligence inépuisables, qui contient aussi un petit essai sur le temps particulièrement libérateur.

Relisez-vous les livres ?
Oui, il m’est arrivé récemment de relire plusieurs romans de Balzac et j’ai souvent relu ceux de Barbey d’Aurevilly, me désolant qu’il n’y en ait pas davantage tant j’adore son style et son imaginaire. J’ai aussi lu plusieurs fois Les Liaisons dangereuses, La Chartreuse de Parme, Gatsby le magnifique. Sinon il y a les livres de chevet comme Les Illuminations de Rimbaud ou le Journal de Kafka, dans lesquels je replonge régulièrement. Je m’aperçois que souvent je n’ai pas besoin de relire un livre entier mais que j’aime bien juste en relire quelques pages pour me remettre sa musique en tête. Sinon, j’ouvre souvent Proust au hasard car il y a toujours de quoi faire son miel puisque son sujet principal est le temps et que mon propre vieillissement implique des changements de perspective. Aujourd’hui, je me demande quel auteur majeur j’ai encore à découvrir et je pense à W.C. Sebald. Voilà un écrivain dont je n’ai jamais rien lu et je me dis : quelle chance, j’ai toute son œuvre à découvrir.

MARIE-LAURE DELORME
Crédit Le JDD

A propos de Marie-Laure DELORME
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Marie-Laure Delorme, née en 1968 à Paris, est chef de la rubrique "Lire" du JDD. Elle a reçu le prix Hennessy de la critique littéraire (1999) et le prix Louis-Hachette du journalisme (2006). Les Allées du pouvoir est son premier livre.

Les Allées du pouvoir
Essai
Editeur : Le Seuil (novembre 2011)
288 pages
sur amazon.fr

On faisait l’ENA, au sortir de la guerre, pour servir la collectivité. Les choses étaient alors claires. On mettait son ambition au service de quelque chose de plus grand que soi. Mais, aujourd’hui, qu’en est-il ? Neuf énarques ont accepté de parler de leur enfance, de leurs admirations et détestations, de leurs réussites et de leurs échecs, de leurs changements de pied, de leur vision de la France. Tous ont fait l’ENA entre 1985 et 1999. S’ils se sont ignorés dans les couloirs de l’École nationale d’administration, ils vont se croiser dans les allées du pouvoir. Ils appartiennent au monde de la banque (Matthieu Pigasse), des médias (Denis Olivennes, Laurent Solly), des affaires (Nicolas Bazire), de la politique (Jean-François Copé), du service public (Sophie Boissard, Martin Hirsch). Ils sont passés en majorité dans le privé. Certains d’entre eux sont connus du grand public, d’autres ne le sont pas. Ils sont fiers de leur réussite sociale fulgurante, mais est-ce que cela leur suffit ?

« Qu’est-ce qu’on va laisser comme trace ? », s’interroge Alexandre Bompard (PDG de la Fnac). Car si l’on peut parler à leur propos de réussites individuelles, comme le souligne Emmanuel Hoog (président de l’AFP), on ne peut plus guère parler de réussite collective. Alors, que veulent-ils réellement ces neuf hommes et femmes qui sont le fer de lance d’une élite de plus en plus vilipendée en France ? Encore plus d’argent, de notoriété, de pouvoir ? Pas si simple. L’ENA, qualifiée d’« école du pouvoir », leur a heureusement apporté une certaine mauvaise conscience. Ils veulent aussi leur propre estime. Ils savent qu’elle passe par ce qu’ils auront mis de force au service de la collectivité.


"Lolita" : chef-d’œuvre ou "livre immonde" ?

"Lolita", l’adaptation de Stanley Kubrick (Sipa)

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Aujourd’hui, on ne pourrait plus publier le roman de Nabokov. A l’époque, ça n’a déjà pas été facile.
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Par Cécile Guilbert
Invitée de BibliObs le 22 novembre 2014

« Lolita » occupe une place unique dans l’histoire de la littérature du XXe siècle. Comme d’ailleurs dans celle de son auteur. Car si ce douzième livre (le troisième écrit en anglais) lui apporte enfin sécurité matérielle et gloire universelle, c’est celui qui lui a coûté le plus d’efforts (cinq ans de travail acharné), le plus de découragement (sa femme a dû sauver le manuscrit de l’incinérateur), le plus de tracas éditoriaux.

C’est aussi le seul de ses romans dont le manuscrit reste introuvable et qu’il ait entrepris de traduire lui-même en russe en 1967 : signes flagrants d’un désir de dissimuler sa genèse comme du statut-charnière occupé par cette œuvre dans son extraordinaire mue linguistique.

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"Amour morbide et dégénéré"

Par ailleurs, sa célèbre nymphette n’est pas seulement devenue (comme Don Juan, Harpagon et Quasimodo en leur temps) le seul archétype littéraire du siècle : près de soixante ans après sa parution, alors que plus de cinquante millions d’exemplaires s’en sont vendus à travers le monde, « Lolita » demeure scandaleuse. Déjà, en 1992, un traducteur chinois avait cru bon devoir remplacer son titre par « Amour morbide et dégénéré ». Et cela fait plusieurs années que les plus grands éditeurs occidentaux affirment en chœur qu’il serait impossible de publier ce roman aujourd’hui.

« Contrairement à la plupart des livres controversés,écrivait encore récemment Charles McGrath,éminent critique du "New York Times", la lame de "Lolita"ne semble pas s’être émoussée avec le temps. Là où Ulysse ou l’Amant de Lady Chatterley, par exemple, ont désormais un air familier, inoffensif, voire même charmant, le chef-d’œuvre de Nabokov est encore plus dérangeant qu’il ne l’était jadis. »

Réaction propre au puritanisme américain ? à la bien-pensance régressive qui sévit désormais partout ? à la montée du thème des abus sexuels commis sur les enfants dans l’actualité et l’opinion ? Sans doute pas. Car les symptômes de refoulement déchaînés par ce roman virtuose et magnétique remontent à sa naissance.

En effet, dès son achèvement en 1953, la « bombe à retardement » prévue par Nabokov (qui envisagea un temps une publication anonyme) bute sur le refus des cinq plus grands éditeurs américains. Motifs invoqués ? « Insensée perversité » et « pornographie pure ». Et si Maurice Girodias, éditeur parisien d’ouvrages sulfureux, accepte de la publier en anglais l’année suivante, c’est parce qu’il y lit - à tort, bien sûr - une apologie bienvenue de la pédophilie qui (dixit Nabokov) « pourrait mener à une transformation des attitudes sociales vis-à-vis du genre d’amours décrits. »

Aussitôt interdit en France (la censure ne sera levée qu’en 1958, date de sa publication aux Etats-Unis), « Lolita » le sera aussi en Angleterre. Entre-temps, les critiques s’empoignent avec violence. Si Graham Greene l’élit comme un des trois meilleurs romans de l’année, John Gordon déclare dans le « Sunday Express » que c’est « le livre le plus immonde » qu’il ait jamais lu.

Même réaction des prestigieux Evelyn Waugh et Edmund Wilson qui ne cachent pas leur répulsion. Tout comme Emile Henriot qui le juge « dégoûtant » et « déplaisant ». Ce qui n’empêche pas l’immense succès du livre, best-seller immédiat percutant de plein fouet une société de consommation privilégiant l’adolescence comme catégorie sociologique majeure.

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"Cloaque de montres pourrissants"

Néanmoins, Nabokov a beau multiplier mises en garde et mises au point, flanquer l’édition américaine d’une postface où il explique que « Lolita » diffère des livres licencieux et « ne contient aucune leçon morale », rien à faire, malentendus et méprises ne cesseront plus. L’identification problématique de son narrateur à son créateur non plus. Preuve que ce grand roman d’amour scandaleux - qui est aussi une satire sociale, un polar atypique, une métaphore de la confrontation entre la vieille Europe et la jeune Amérique, une réflexion sur la puissance du destin et beaucoup d’autres choses encore - demeure à ce jour l’un des meilleurs test-baromètre des capacités de lecture d’un individu.

Ayant toujours conçu l’art romanesque comme celui de « composer des énigmes aux solutions élégantes » et ses romans comme des « crystogrammes étincelants », Nabokov a eu raison d’affirmer (à propos de l’effroi initial des éditeurs envers « Lolita ») que « leur refus se fondait non pas sur ma façon de traiter le thème, mais sur le thème lui-même ». Le « thème » ? Aveuglant, il s’agit bien sûr de la liaison d’un homme mûr avec sa belle-fille aussi impubère qu’impudique et le cortège de turpitudes qu’accompagne cette passion pédophile doublée d’inceste.

Car le fameux Humbert Humbert, « l’étranger dont le sourire tranquille d’enfant sage dissimule un cloaque de monstres pourrissants », après avoir imaginé toutes sortes de stratagèmes pour se débarrasser de sa mère, n’hésite pas à se masturber sur le corps de la fillette à son insu, lui mentir et la droguer pour abuser d’elle. Devenu « techniquement » son amant (mais coup de théâtre scandaleux, c’est une Lolita même pas vierge qui fait le premier pas !), il l’enlève, multiplie les chantages, lui impose actes sexuels et silence en la menaçant de l’abandonner, ne lui donne de l’argent de poche qu’en échange de certaines caresses, monnaie coïts et fellations contre promesses pas toujours tenues de cadeaux, tente de se caresser à côté d’elle au spectacle d’autres fillettes, etc.

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La féérie des nymphettes

Or s’il suscite à maintes reprises la révolte du lecteur, ce diable de narrateur tour à tour odieux, tendre, sentimental, cynique, amoureux, calculateur, « candide comme seul un pervers peut l’être », réussit la prouesse d’emporter son adhésion par son « traitement » littéraire à mille lieues de la pornographie courante (« une copulation de poncifs », dira Nabokov) et sans prononcer le moindre mot cru.

De l’envoûter par les mille diaprures, nuances et détails d’un génie poétique subtil et lyrique, capable de « gazer » les scènes sexuelles les plus explicites. Comme de rendre (presque) acceptable son odyssée criminelle. C’est pourquoi, ainsi que l’a très justement écrit Martin Amis, « Lolita » est un roman qui « saisit le lecteur comme une drogue euphorisante, plus puissante que toutes celles jamais découvertes ou conçues. A l’image du narrateur, il est à la fois irrésistible et impardonnable. » A l’image de l’art lui-même que Nabokov a toujours identifié à une féérie, c’est-à-dire une duperie. Comme seule la nature est capable d’en produire.

Car quoi de plus féérique qu’une « nymphette », cette créature « élue », dotée de « caractéristiques mystérieuses » comme « cette grâce trouble, ce charme élusif et changeant, insidieux, bouleversant même » ? Sans cesse confondue avec l’ensorcellement même de l’art, Lolita est à l’image de la nymphe désignant chez le papillon le stade intermédiaire entre la larve et l’imago : état fragile, transitoire, certes, mais surtout merveille de la nature. Et que seul l’esthète est capable de repérer. Car comme l’écrit le narrateur,

il faut être un artiste doublé d’un fou, un de ces êtres infiniment mélancoliques, aux reins ruisselants d’un poison subtil, à la moelle perpétuellement embrasée par une flamme supra-voluptueuse (oh, cette torture sous le masque !), pour discerner aussitôt, à des signes ineffables – la courbe féline d’une pommette, la finesse d’une jambe duveteuse, et cent autres indices que le désespoir et la honte et des larmes de tendresse me retiennent d’énumérer…

Aussi, « Lolita » doit être lue de bout en bout comme une féérie éminemment ludique, une production de délectation esthétique. Humbert Humbertn’est-il pas un « vampire de conte de fées » ? Le rayon fillettes du magasin où il fait des emplettes pour Lolita « un lieu féérique » ? Cette dernière « une proie enchantée » ? Leur intimité « le pays de merveilles » ? Leur voyage « un périple enchanté » ? Et « Les Chasseurs enchantés » le nom de l’auberge où se déroule la première scène majeure du livre mais aussi celui de la pièce dans laquelle joue Lolita, écrite par ce Clare Quilty qu’Humbert Humbert tuera ?

Autre difficulté qui rend difficile le décollement identificatoire de Nabokov à son narrateur et alimente les malentendus ? La figure de l’adorable enfant aux charmes impubères qui traverse toute son œuvre et sa biographie : de son premier amour transposé dans « Machenka » à la nouvelle « l’Enchanteur » qui constitue « la première petite palpitation » de « Lolita ». En passant par la Colette réelle d’« Autres rivages » et de sa traduction en russe du chef-d’œuvre de Lewis Caroll.

Après 1955, il y aura encore « Ada », Armande dans « la Transparence des Choses », puis les Dolly et Bel de « Regarde, regarde les arlequins ». Jusqu’au posthume « Original de Laura » où cette dernière, prénommée comme la nymphette de Pétrarque, fait résonner l’écho assourdi de Lolita comme roman et personnage. Nympholâtre, Nabokov ? Assurément. Mais pas criminel. Même s’il est vrai qu’ « un style imagé est la marque du bon assassin. »

Cécile Guilbert
Crédit BibliObs
Article tiré du hors-série de "l’Obs" consacré à la "Bibliothèque idéale du XXe siècle".

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4 Messages

  • Viktor Kirtov | 16 octobre 2019 - 11:42 1

    15/10/2019 Par Elsa Mourgues

    Elle a affaibli, tué ou détruit des milliers d’écrivains mais elle a aussi été un puissant levier de création. La drogue sous toutes ses formes a fait partie du processus d’écriture de Baudelaire à Sartre en passant par Balzac ou Jules Verne.


    - William Burroughs, est-ce que vous auriez pu créer tout ce que vous avez créé sans la drogue ?
    - Non je ne crois pas.
    Extrait d’une interview de William Burroughs en 1990, sur France 2.

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    Leçon 1 : halluciner pour booster l’imagination

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    Au Ve siècle avant J.-C., Hérodote écrivait déjà sur l’influence euphorisante du chanvre. L’intensification des sensations, le développement de l’imagination, les idées saugrenues sont des effets qui ont été collectivement exploités au XIXe siècle par le Club des Haschischins.
    Cécile Guilbert, romancière, essayiste et autrice d’Écrits Stupéfiants (2019) nous explique les pratiques de ce club.
    <b<Cécile Guilbert : "Ce petit monde se livrait à des “fantasias” c’est-à-dire des séances d’ingestion de haschisch pour avoir des visions. Parmi tous ces gens il y avait Honoré de Balzac, Théophile Gautier, le plus important qui a donné le plus de textes après ces expériences, Baudelaire aussi venait en voisin, il y avait également Alexandre Dumas qui s’en est servi dans Le Comte de Monte-Cristo pour raconter une expérience de haschisch dans ce grand roman d’aventure."

    Son corps semblait acquérir une légèreté immatérielle, son esprit s’éclaircissait d’une façon inouïe, ses sens semblaient doubler leurs facultés.
    Description d’une prise de haschisch dans Le Comte de Monte-Cristo.

    D’autres drogues psychédéliques telle la mescaline ont été un outil pour des écrivains comme Henri Michaux. Il l’utilisait dans sa recherche de “l’émotion souveraine” même s’il estime qu’elle diminue l’imagination car : “Elle [la mescaline] fait des images cent pour cent pures”.


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    Leçon 2 : l’opium et ses dérivés pour calmer les nerfs

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    Pour Jean Cocteau, l’opium était une façon de soulager sa dépression après la mort de son premier amour, Raymond Radiguet. La drogue facilite son travail en l’aidant à se concentrer, en lui offrant un cadre psychologique et moral calmant sa nervosité.


    Fumer de l’opium, c’est quitter le train en marche ; c’est s’occuper d’autre chose que de la vie, de la mort.
    Jean Cocteau, Opium, 1930.

    C’est le choc d’un sevrage difficile qui permet à Jean Cocteau d’écrire en 7 jours Les Enfants terribles (1929).
    L’opium favorise la rêverie intérieure, la poésie se prête ainsi particulièrement à sa consommation comme en témoignent les poèmes d’Apollinaire, de Baudelaire et même de Jules Verne :


    Je le sens qui circule en moi et qui me pénètre !
    De l’esprit et du corps ineffable bien-être,
    C’est le calme absolu dans la sérénité.
    Jules Verne, 1886

    Mais la morphine engendre aussi d’autres types de récits.
    Cécile Guilbert : " Les morphinomanes en revanche, ont donné lieux à une littérature à la fin du XIXe siècle qui est extrêmement sensationnaliste et moralisatrice. La morphine donne lieu à des tableaux dans la littérature de fin de siècle, tout à fait terribles comme chez Catulle Mendès, et elle donne lieux à beaucoup de journaux de morphinomanes."

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    Leçon 3 : s’enivrer pour stimuler son intellect

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    Guy de Maupassant trouve dans les effluves d’éther “une lucidité supérieure”. C’est suite à des troubles oculaires qu’on lui prescrit de l’éther dont il devient rapidement addict. Il raconte n’avoir pas écrit une seule ligne de Pierre et Jean sans en respirer et livre dans sa nouvelle Rêves une description de l’ivresse éthérique :


    C’était une acuité prodigieuse de raisonnement, une nouvelle manière de voir, de juger, d’apprécier les choses de la vie.


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    Leçon 4 : des excitants pour se sentir surpuissant

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    Grâce à la frénésie apportée par la cocaïne, Robert Louis Stevenson aurait écrit en 6 jours et 6 nuits les 60 000 mots de son récit d’épouvante, L’Étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. Quant à Arthur Conan Doyle, il prête au plus célèbre de ses personnages, Sherlock Holmes, une addiction à la cocaïne qui l’aide dans ses enquêtes.


    Peut-être cette drogue a-t-elle une influence néfaste sur mon corps. Mais je la trouve si stimulante pour la clarification de mon esprit…
    Sherlock Holmes dans Le Signe des quatre.

    Autre drogue de la surpuissance : les amphétamines
    <b<Cécile Guilbert : "Les amphétamines ont été très importantes dans ce qu’on appelle la Beat Génération, ce groupe d’auteurs et de poètes en rupture de ban dans les années 50, Jack Kerouac, Allen Ginsberg ont pris des amphétamines pour écrire. On sait que Jack Kerouac a écrit Sur la route sans doute sous l’influence des amphétamines.”
    En France, Jean-Paul Sartre écrit sa Critique de la raison dialectique sous influence de Corydrane.


    Ayant pris dix Corydranes le matin pendant que je travaillais, c’était l’abandon complet de mon corps ; je me saisissais à travers les mouvements de ma plume, mes imaginations et mes idées qui se formaient.
    Jean-Paul Sartre, 1974,


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    Elsa Mourgues
    Crédit : France Culture


  • Viktor Kirtov | 18 septembre 2019 - 19:19 2

    Cécile Guilbert : « Cette anthologie revisite l’histoire littéraire à travers un prisme spécifique : la prise de substances »

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    Par Arnaud Jamin

    DIACRITIK, 17 septembre 2019

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    Avec l’anthologie Écrits stupéfiants qui rassemble aux éditions Robert Laffont dans la collection « Bouquins » des textes croisant littérature et drogues, Cécile Guilbert dévoile une somme mondialement inédite. Lumineusement érudite, l’écrivaine qui est aussi essayiste, critique et préfacière donne à lire une histoire fascinante et quasi secrète de la littérature. La description précise des substances, les textes et notices de grands comme d’inconnus auteurs forment un kaléidoscope littéraire original et incroyablement précieux. Elle nous a accordé un grand entretien.

    Ce qui frappe dès l’abord de cette anthologie, c’est la profusion des écrivains qui ont écrit sur la drogue ou sous son influence. Vous rassemblez ici 220 auteurs. Ce chiffre vous a-t-il étonné et a-t-il été facile de s’arrêter dans l’exploration de l’immense spectre de la littérature droguée ?

    Le nombre d’écrivains ayant écrit sur la drogue ou sous son influence à titre divers est considérable et plus important que je ne l’avais imaginé au début de mes relectures car naturellement, j’en ai découvert beaucoup d’autres en cours de route. Principalement concentrés au XIXe et au XXe siècle, constituant l’âge d’or désormais quasi clôturé de l’imaginaire littéraire des drogues, j’ai en effet rassemblé un peu plus de 200 auteurs à propos desquels j’ai choisi un ou plusieurs textes – ce qui fait que le nombre de textes dépasse le chiffre de 300. Mais si l’on tient compte des longs textes que j’ai écrit sur chaque drogue qui en synthétisent l’histoire médicale et culturelle ainsi que ses usages (notamment litéraires) et ceux cités dans les notes, le nombre d’écrivains concernés par les substances psychotropes dépasse ce chiffre.

    Composer un volume le plus complet possible sur ce thème implique un haut niveau d’obsesssionnalité et il m’a été difficile, sinon impossible, de ne pas tomber dans un désir d’exhaustivité que je savais vain tout en en caressant le fantasme ! Même si j’ai été “arrêtée” par la question de la langue et ne pouvait prendre en compte la bibliographie des livres étrangers non-traduits en français ou en anglais, il arrive un moment où c’est l’éditeur qui impose la limite en terme de volume physique et de coûts.

    Je crois savoir que le processus pour aboutir à la sortie d’« Écrits Stupéfiants » a été long. Dans l’introduction, vous expliquez avoir commencé ce projet dans une frénésie il y a dix ans en 2010, l’avoir « mis aux arrêts » ensuite jusqu’à ressentir un violent dégoût en 2015-2016. On suppose que des négociations sur les droits de certains auteurs ont été des freins et le texte final implique assurément une ardente application. Comment est née l’idée d’un ouvrage anthologique ? L’entreprise doit-elle beaucoup à son caractère inédit ? Et maintenant que l’ouvrage est là, est-ce qu’il ressemble à ce que vous désiriez au départ ?

    L’intégrale ICI
    (archive pdf)


  • Viktor Kirtov | 16 septembre 2019 - 10:58 3

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    Les grandes orgues des drogues, ce soir, dans l’émission "Mauvais Genres" par François Angelier qui reçoit la romancière et essayiste Cécile Guilbert pour son anthologie "ÉCRITS STUPÉFIANTS" (Bouquins/Laffont).
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    Cliquer pour démarrer l’audition

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    En 300 textes et 220 auteurs, une évocation universelle et multi-séculaire, des hymnes védiques à William Burroughs, d’Hérodote à Jean Lorrain, de l’évocation littéraire de l’expérience des psychotropes.

    Qu’ils soient médicaux, poétiques, polémiques ou initiatiques, les textes là rassemblés sont

    A l’image de la vie même, tout à la fois, joueuse et risquée, traversée d’effrois et d’extases, illuminée par la connaissance par-delà le bien et le mal, la culpabilité et l’innocence.


    le livre sur amazon.fr
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    • Broché : 1440 pages
    • Editeur : Bouquins (5 septembre 2019)

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    Présentation de l’éditeur

    Ce livre offre un formidable voyage dans le temps et l’espace à travers toutes les substances psychotropes et leur imaginaire : de l’Inde védique à l’époque contemporaine des drogues de synthèse, des pharmacopées antiques et moyenâgeuses à la vogue moderne des psychostimulants en passant par l’opiophagie britannique, le cannabis romantique, l’opiomanie coloniale, la morphine et l’éther fin-de-siècle, l’invention du " junkie " au XXe siècle et la révolution psychédélique des années 60. S’il révèle une pratique universelle, il peut aussi se lire comme une histoire parallèle de la littérature mondiale tous genres confondus puisqu’on y trouve des poèmes, des récits, des romans, des nouvelles, du théâtre, des lettres, des journaux intimes, des essais, des comptes rendus d’expériences, des textes médicaux et anthropologiques...

    Précédé d’un prologue autobiographique de l’auteur.

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    Biographie de l’auteur

    Écrivain née en 1963, Cécile Guilbert s’est fait connaître par ses essais littéraires avec Saint-Simon ou l’encre de la subversion (1994), Pour Guy Debord (1996), L’Écrivain le plus libre (2004) et Warhol Spirit, essai graphique couronné par le prix Médicis de l’essai en 2008. Elle est aussi l’auteur de romans et de récits comme Réanimation (2012) et Les Républicains (2017) publiés chez Grasset. Longtemps critique littéraire au Monde des Livres et au Magazine Littéraire, préfacière d’œuvres de Sade et, dans la collection " Bouquins " des volumes Littératures de Nabokov et Œuvres maîtresses de Sacher-Masoch, elle a rassemblé ses principaux essais dans Sans entraves et sans temps morts I & II (Gallimard, 2009, Grasset, 2015).


  • Albert Gauvin | 12 avril 2019 - 21:37 4

    Comme certains de ses personnages, Nabokov a été professeur...
    "Nabokov est un professeur solipsiste, en miroir face à ses auteurs." - Cécile Guilbert
    La Compagnie des auteurs, 11 avril 2019.