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Lire Marc Pautrel

L’édito culture du Jeudi de France Inter

D 12 janvier 2024     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Ce matin, sur France Inter, une voix capte mon oreille, elle parle du dernier livre de Marc Pautrel, un auteur que l’on aime retrouver sur pileface. La voix est monocorde mais on devine l’empathie sans emphase, la chronique est précise, une analyse au scalpel, professionnelle, efficace, même si au final son personnage public reprend le dessus pour défendre ses thèmes socio-politiques de prédilection.

Mais qui parle ainsi de Marc Pautrel ?

Quelqu’un qui le connaît bien, et le lit, assurément !

Devinez !

Je n’avais pas entendu sa voix depuis longtemps. Pourtant, elle ne m’était pas inconnue. Elle écrit aussi et Sollers avait eu une belle critique de son livre « Rendez-vous ».

Avez-vous trouvé ?

Christine Angot.

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(c) Gallimard

Ecoutez :

"L’île au trésor", c’est le dernier livre de Marc Pautrel. Cette île, la maison que ses parents ont fait construire pour vivre leur retraite.

Il écrit : « être chez soi », c’est :
« … pouvoir être seul dans une pièce fermée à clé. Le principe est celui de la prison inversée : tous ceux qui ne sont pas dans la pièce sont emprisonnés et moi je suis en liberté.  »

Il raconte les visites à ses parents :
« … je sens la fébrilité et la joie enfantine que mon père et ma mère ont de me voir et qu’ils ne parviennent pas à cacher. C’est comme si j’étais leur plus beau cadeau. Je suis revenu, je suis là, ils ne font mine de rien, ils font les gestes habituels, ma mère me demande si j’ai fait bon voyage, si j’ai mangé <suffisamment, si j’ai faim, mon père plaisante, mais je sens qu’ils sont métamorphosés, qu’ils sont comme à la fête. »

« Ils découvrent encore que je suis leur fils, et donc, pour eux, que je suis un miracle, alors que pour moi je ne suis que moi.  »

Un livre par an qu’on a tous envie de lire

Marc Pautrel écrit un livre par an, ce sont des livres courts, quand on en lit un, en général, on se met à les lire tous, les uns après les autres, au rythme de leur parution.
La colère n’y apparait jamais, ou de façon latente, contrôlée par la phrase, tenue par la grammaire, le rythme.

Quand on lui parle au téléphone, on est surpris qu’il puisse avoir l’air inquiet, ou contrarié, Il parle travail, édition. Un livre par an, pour un éditeur, c’est trop, il préfère tous les deux-trois ans.

Quand ça se bouscule, Marc Pautrel s’autoédite. Et envoie le livre à une centaine de personnes pour les fêtes de fin d’année. Il a vu que Georges Pérec faisait ça. Il l’a fait pour L’île au trésor.

Dans une interview à Libération il y a quelques années, il parlait de son système d’écriture :
« C’est un système complètement improductif et pas économiquement viable, comme une usine qui produirait plein de pièces et qui se rendrait compte que seules quelques-unes sont en bon état.

Peut-être. N’empêche que, quand on lit le livre, quel qu’il soit, on a la certitude d’être dans la littérature, pendant les deux heures que dure la lecture.

Celui qui a eu le plus de lecteurs, La Vie princière, c’était le déroulé d’un amour, de la rencontre à la compréhension qu’il sera impossible de le vivre, parce que la jeune femme a un « compagnon ». Ce sont toujours des sujets comme ça, extrêmement simples, et connus de tous. Les situations sont si précisément décrites, qu’on les ressent, et qu’on en pleure.

Dans l’interview à Libération il disait : "J’ai à la fois la liberté d’écrire autant que je veux, et la nécessité de trouver des financements".
Il n’en trouve pas toujours, mais il en trouve. Le nombre de livres publiés en sont les preuves multiples. L’œuvre est là, sur mon étagère.

Les financements de la littérature et du cinéma

Les coûts de la littérature sont sans commune mesure avec ceux du cinéma. L’argent n’a pas d’incidence sur le nombre de personnages dans un roman. Juste sur la possibilité pour l’auteur de vivre ou pas de son écriture.

Justine Triet recevant la Palme d’or a dû penser que c’était le moment de rappeler la nécessité des financements publics, et ses inquiétudes sur la question.
L’administration n’a pas apprécié qu’elle se mêle de politique, devant les caméras du monde entier.

Macron a préféré parler de la fierté de la France au sujet de Depardieu que du film de Triet.

Et la France, plutôt qu’être représentée aux Oscars, par un film sur les hommes-les femmes, la vie sexuelle, les accusés, les plaignants, la salle d’audience, la justice, a préféré l’être par un film sur la cuisine française, les produits du terroir, avec des plans de grands acteurs qui se lèchent les doigts.

Christine Angot

Crédit : radiofrance

Qu’est-ce qu’un roman nécessaire ? Georges Bataille disait : « Un livre auquel l’auteur a été contraint. » On a toujours ce sentiment en lisant Christine Angot. Mais surtout [avec] « Rendez-vous » [1], son meilleur livre.

Philippe Sollers

Rendez-vous avec Christine Angot
Nouveau rendez-vous avec Christine Angot

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Marc Pautrel

Marc Pautrel est né en 1967. Il a suivi des études de droit avant de se consacrer entièrement à l’écriture. Il a publié huit romans aux Éditions Gallimard dans la collection L’Infini : L’homme pacifique (2009), Un voyage humain (2011), Polaire (2013), Orpheline (2014), Une jeunesse de Blaise Pascal (2016), La sainte réalité (2017), La vie princière (2018) et L’éternel printemps (2019).
Marc Pautrel sur pileface


[1Christine Angot, Rendez-vous. Editions Flammarion, août 2006

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