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Anjelica Huston raconte James Joyce

D 13 mai 2018     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Anjelica Huston raconte James Joyce
(James Joyce : A Shout In The Street)

Réalisation : David Blake Knox, Kieron J. Walsh
Présentation : Anjelica Huston
Pays : Irlande
Année : 2017

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L’actrice Anjelica Huston, qui lui doit l’un de ses plus beaux rôles avec le film "Gens de Dublin", retrace le destin hors norme de James Joyce (1882-1941), géant des lettres irlandaises.

Anjelica Huston doit à James Joyce, géant des lettres irlandaises, deux rôles également mémorables, même si en France, on ne connaît que le premier. En 1987, dans l’une des plus belles adaptations de l’écrivain au cinéma, elle incarne une inoubliable Gretta dans Gens de Dublin, l’ultime film de John Huston, son père. Plus récemment, sur une scène de Los Angeles, elle a prêté sa voix au fameux monologue de Molly Bloom, l’une des héroïnes d’Ulysse, le grand œuvre autant célébré que redouté du monstre de la littérature mondiale. Joycienne et irlandaise de cœur (elle a été nourrie de l’admiration inconditionnelle que John Huston portait à l’écrivain et a grandi à Galway, dans le Connemara, où sa famille s’était expatriée un temps), elle est à la fois narratrice et protagoniste de ce portrait qui embrasse l’homme et son œuvre.

Irlandais de l’exil

Mêlant sa voix à celles d’écrivains, irlandais pour la plupart (Anne Enright, Colm Toibin, Ruth Gilligan, Edna O’Brien, Frank McGuinness, Eimear McBride, et l’Américain Jeffrey Eugenides), et de lecteurs fervents comme le critique Fintan O’Toole, ou encore David Simon et Dominic West (respectivement auteur et acteur de la série Sur écoute), Anjelica Huston déroule avec limpidité le fil d’une existence errante vouée à l’écriture – et à l’Irlande, que Joyce quitta pourtant définitivement en 1904, à l’âge de 22 ans. Quelques mois plus tôt, le 16 juin, avait eu lieu sa rencontre décisive avec Nora Barnacle, sa future épouse, qui le précéda dans l’exil. C’est à cette date que le romancier situera l’action de son chef-d’œuvre expérimental Ulysse, paru en 1922 à Paris, pour relater en quelque mille deux cents pages la journée de trois Dublinois de la petite classe moyenne. Si le Bloomsday (du nom du personnage Leopold Bloom, l’époux de la Pénélope infidèle, Molly) est désormais fête officielle en Irlande, l’écrivain et sa patrie entretinrent longtemps une complexe relation d’amour/haine, explorée ici en détail. Au plus près des textes, restitués aussi par les extraits des quelques adaptations réalisées au fil du temps, dont celle de John Huston, le documentaire réussit sans didactisme ni simplification abusive à faire vivre les grandes lignes d’une œuvre réputée intimidante pour donner envie de s’y plonger. En partie parce que, comme le fit jadis le film dont elle tint le premier rôle avec tant de flamme, Anjelica Huston transmet avec une simplicité de bonne vivante son amour, renforcé par celui de son père, pour l’écriture de Joyce et le pays qui l’a fait advenir.

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Critique

Par Alexandra Klinnik

« Les nouvelles de Joyce sont à l’Irlande ce que celles de Tchekhov sont à la Russie  », estimait John Huston. Grand admirateur du monument de la littérature irlandaise, le réalisateur américain tient à lui rendre hommage. En 1987 sort son dernier film, inspiré du recueil des nouvelles des Gens de Dublin. L’adaptation est une réussite. Anjelica Huston, fille du cinéaste, y interprète l’un de ses plus beaux rôles dans la peau de Gretta Conroy. Si les souvenirs du tournage sont évoqués, c’est le portrait d’un James Joyce, en perpétuelle déroute, qui intéresse ce documentaire limpide. Très émue, face caméra, la Morticia de La Famille Adams évoque ce monstre des lettres, tantôt admiré, tantôt détesté par ses contemporains. Introduisant la notion de flux de conscience, une forme de monologue intérieur, dans le roman, son œuvre bouleversa les conventions littéraires.

La voix de l’actrice se mêle à celles d’écrivains irlandais notables, comme Anne Enright ou encore Colm Tóibín. En ressort un portrait peu conventionnel de James Joyce où l’on aborde aussi bien les côtés prosaïques de son parcours — ses nombreux soucis financiers et de santé — ainsi que la relation complexe qu’il entretenait avec sa ville natale, Dublin, clé de son œuvre. Ecœuré par le conformisme social et religieux de la capitale, cet éternel expatrié ne cessa de s’en inspirer, notamment dans son roman phare Ulysse. Si méticuleux dans ses descriptions, Joyce prétendait que si Dublin disparaissait, il serait possible de la reconstruire à partir de son récit.

Télérama, 9 mai 2018

VOIR : Gens de Dublin

James Joyce sur Pileface

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1 Messages

  • Pierre Vermeersch | 1er juillet 2018 - 16:36 1

    Dans le film d’Ajelica Huston nous voyons surgir l’attracteur étrange de Mandelbrot qui, selon les physiciens ferait valoir la structure de Finnegans Wake. En effet une enquête sur le Net nous apprend que le Professeur Stanisław Drożdż de l’Institut de physique nucléaire de Pologne a déclaré : "Les résultats de notre analyse [ de Finnegans Wake ] sont pratiquement indiscernables des multifractales idéales, purement mathématiques’’. Les multifractales sont des structures caractéristiques ‘’d’ensembles irréductiblement entrelacés’’.
    Cela n’est pas sans nous évoquer l’analyse du dripping de Pollock par le Professeur Robert Taylor physicien de l’université de l’Oregon, dont nous avions rendu compte dans la note du 12.07.2007, A propos de ‘’Fracas sur les fractals’’, de notre blog Théorie de la pratique.
    Soulignons que ces multifractales idéales, dans l’irréductibilité de leur enlacement échappent à tout algorithme consistant, parce qu’il y a du sujet dans le réel. Cf., notre message, L’enchantement du virtuel, sur l’article de V. Kirtov, Homo Europeanus : existe-t-il une culture européenne ?
    En ce qui concerne Finnegans Wake l’auto inclusion de la structure est due à l’outrepassement du message par le passage de la chaîne signifiante à l’infini en acte. Nous renvoyons à l’article de V. Kirtov Three quarks for muster mark- L’histoire joycienne d’un cri d’oiseau. Le physicien M. Gell-Mann intitula sa particule quark en référence au cri d’oiseau chez Joyce, il y verrait l’analogie avec le saut quantique, dont on sait qu’il parcourt tous les chemins possibles à la fois.
    Nous pouvons en effet y reconnaître la multiplicité infinie du sens telle que Philippe Sollers l’a exprimée en sa Théorie des exceptions : « Mon hypothèse en effet, est que Finnegans Wake est un mot, un seul et immense mot mais en état de dérapage, de lapsus. Un mot bourré de mots, et à vrai dire un nom plein de noms mais « ouvert », en spirale ».
    Or le biographe de Joyce, Ellmann nous apprend que celui-ci tenait auprès de lui le Livre de Kells dont il étudiait la technique et à propos duquel il disait « C’est la chose la plus purement irlandaise que nous ayons, et quelques-unes des grandes initiales …ont l’essentiel qualité d’un chapitre d’Ulysse. Vous pouvez comparer bien des passages de mon œuvre avec ces enluminures compliquées. »
    C’est ainsi que nous rencontrons en une topologie commune l’articulation spatiale des échelles de l’entrelacs et l’écriture diagonale de Joyce.

    Voir en ligne : A propos de "Fracas sur les fractals".

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