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Sollers (Suite sans fin)

Par Jean-Paul ENTHOVEN

D 12 avril 2024     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


En s’acclimatant de longue date à sa dernière demeure dans l’île de Ré, Philippe Sollers avait habilement laissé entendre que la mort ne priverait personne de son allègre présence - puisque le nom de ce lieu est composé des initiales, très nietzschéennes, d’un Retour Eternel. Le voici qui, sans surprise, fait retour avec quelques dizaines de pages dictées avant son départ, à peine relues, sans doute pas corrigées, qui bouleverseront ceux qui savent, contre vents, rumeurs, médisances et marées, que cet écrivain, né Philippe Joyaux, était, est - bien que privé de son vivant de la Pléiade qui lui était due - l’un des plus importants, des plus intelligents, des plus subtils de l’époque.

Quatre-vingts pages, donc. Du super-Sollers. Énigmatique, électrique, impassible, agile, procédant par aphorismes ou quasi-haïkus, et qui, tandis que s’essouffle son Cœur absolu, médite sur la « deuxième vie ». Impossible de préciser avec rigueur ce qu’il entendait par cette expression qui semble n’avoir rien de commun avec une résurrection (le titre aurait alors été La Seconde Vie), bien qu’il y soit vivement question de ciel et de corps glorieux. Ce que le Grand Joueur semble insinuer, c’est que cette deuxième vie commence tout de suite, depuis toujours, pourvu que son dépositaire soit pourvu d’un tempérament de foudre et d’une sagesse « non publicitaire », qu’il soit un haut technologue de l’autre sexe, du Spectacle généralisé, de Venise, du bonheur et qu’il ait compris le devenir-télé du monde actuel. C’est très beau, très pur. Egalement très obscur, « deuxième vie », malgré l’émouvante et virtuose postface de Julia Kristeva, intitulée Le vivace aujourd’hui. Pour en savoir davantage sur l’art romanesque si déconcertant de l’écrivain, on se reportera avec profit à l’ouvrage (réédité et complété) de Pascal Louvrier Philippe Sollers entre les lignes (Le Passeur). Le plus glaçant, tout de même, c’est la dernière phrase de cet opuscule - où résonnent intensément les derniers mots pensés et tracés par l’auteur : « Si le néant est là, il est là, en train de voir le monde éclairé par un soleil noir. » À quoi pensait Philippe à cet instant ? Que voyait-il ? Que sentait-il ? Mystère. Proximité fraternelle. Sa Deuxième Vie peut commencer. Et à jamais continuer

La Deuxième Vie, de Philippe Sollers, postface de Julia Kristeva
(Gallimard, 70 p.,13 €).

Le Point, 11 avril 2024, N° 2697


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