4 5

  Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » SUR DES OEUVRES DE TIERS » Centenaire de la mort de Franz Kafka (1883 -1924)
  • > SUR DES OEUVRES DE TIERS
Centenaire de la mort de Franz Kafka (1883 -1924)

Prologue / Pourquoi Kafka est toujours aussi actuel

D 17 février 2024     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


À l’occasion du centenaire de la disparition de Franz Kafka, un hommage lui sera rendu en France lors d’une série d’événements, concerts, expositions, théâtre, rencontres littéraires et projections


ZOOM : cliquer l’image

ZOOM : cliquer l’image

Le programme (pdf) ICI

LE SURPRENANT MUSEE KAFKA, quartier Mala Strana (VOIR ICI)

Prologue au centenaire de Kafka

par Michaël de Saint-Cheron
26 janvier 2024

Kafka au regard d’un Reiner Stach. Il est possible que l’on ne lise plus Kafka de la même manière après s’être immergé dans ce grand-œuvre biographique.


L’écrivain Franz Kafka posant devant le palais Kinsky, sur la place de la vieille ville de Prague, en République tchèque, où son père tenait une boutique, vers 1896-1906. (Photo de Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images).

Reiner Stach publie cet hiver en France, dix ans après l’édition originale en langue allemande, le deuxième tome de sa confondante biographie Kafka. Une parution qui nous arrive l’année de la célébration de son centenaire, en juin 2024.

Le présent volume s’intitule Le Temps de la connaissance, alors que le premier s’intitulait Le Temps des décisions[1]. Saluons l’admirable traduction de Régis Quatresous.

L’exergue d’Imre Kertész retenue par l’éditeur, est celle-ci : « Ce que le genre biographique peut produire de meilleur. Un roman à part entière. »

Le premier tome nous laissait sur le déclenchement de la Grande Guerre, la rupture de ses fiançailles avec Felice Bauer, et l’abandon du Procès. Reiner Stach analyse avec brio le silence assourdissant de l’écrivain au déclenchement de la guerre comme à toutes ses horreurs, alors que Felice rompait définitivement, parlant de « catastrophes de solitude ». La solitude est un des maîtres mots du livre. Comme si, en approfondissant la solitude de Kafka mais aussi son culte de la rupture amoureuse, et laissant aussi livres ou récits inachevés, on touchait au mystère même de l’homme. En 1915, Kafka avait-il vraiment l’intention de s’engager ? Il fit tout pour, jusqu’à son passage en conseil de révision. De facto, Stach opte, comme jamais biographe ne fit à ce point pour un Kafka si peu écrivain « historique », une lecture en trois temps : la temporalité historique, le temps intime et celui propre à sa force créatrice. C’est seulement à l’aune de ces trois temps que l’œuvre nous apparaît dans toute sa dimension métaphysique.

Peut-être que la rupture chez Kafka demeure l’axe infrangible de toute sa vie. /div>La seule femme dont il ne se sépara pas, sinon par la mort, fut Dora Dymant, cell


e avec qui il vécut ses derniers mois. Au milieu de ces trois femmes et d’autres encore, la figure d’Ottla, sa sœur la plus proche, irradie.
Ces « catastrophes de solitude » sont hurlantes dans Le Procès et dans les grands récits de cette époque charnière au sein de la création de Kafka. Le grand talent de Stach est de lire une lettre, une page du Journal, en nous faisant voir ce que nous n’avions peut-être pas senti avec assez de prégnance.

A la date du 19 septembre 1917, Kafka écrit sur la souffrance et le malheur de l’écrivain, une pensée majeure. Pour une fois, laissons la parole au commentateur : « Kafka parle de l’écrivain en général, et il laisse échapper une tautologie : on ne peut pas savoir si tous ceux (ou presque) qui savent écrire sont par là même capables de parler du fond du malheur, car ceux qui ne le peuvent pas ne laissent aucune trace » (p. 320).

« Elle [Milena] est un feu vivant, comme je n’en ai jamais vu »
Franz Kaka dans une lettre à son ami Max Brod, 1920.
VOIR ICI

Les chapitres sur Milena sont incandescents, l’un d’eux est intitulé « Feux vivants ». Si la question juive est fort importante dans ces pages, l’analyse de la relation Milena Pollak – Frantz (c’est ainsi qu’elle l’écrivait) Kafka, au plus intime, est admirablement analysée ici. Milena était déjà « l’amante et l’épouse d’un Juif ». Si Milena fut pour Kafka « un miracle », à qui il écrivit le 12 juin 1920 « Tu fais partie de moi », il rompit toute relation avec elle le jour où il comprit qu’elle ne se séparerait pas de son mari, Ernst Pollak – dont elle finit par divorcer en 1925. Résistante au nazisme, elle fut déportée à Ravensbrück, où elle mourut le 17 mai 1944, après des mois de tortures, de cachots, de maladies. Elle avait compris Kafka bien mieux certes que Max Brod.

Nous avons dit solitude, rupture, mais un mot capital manque, auquel Reiner Stach donne toute sa puissance reconsidérée : Juif. Les pages, voire le chapitre, sur l’hassidisme sont également centrales dans le travail de Stach autant que dans l’œuvre de Kafka. Stach montre également combien Brod a pu se tromper dans son interprétation souvent fausse de l’œuvre de son ami génial. Brod se définissait avant tout comme sioniste au tournant de la Première Guerre mondiale,

quand Kafka s’interrogeait d’une façon qu’il faut bien dire paradoxale, en 1914, dans son Journal : « Qu’ai-je de commun avec les Juifs ? ». Le dialogue avec Brod prend encore une autre dimension à partir de 1920, lorsqu’il considéra la sexualité au plus haut degré dans les catégories juives kabbalistiques. Dans une lecture percutante du Château, Reiner Stach écrit : « Un des mystères les plus insondables du grand-œuvre de Kafka – et, dans l’art du roman, un tour de force qui l’élève au-dessus du Disparu et même du Procès – est cette façon dont il fait fusionner un mythe personnel et un mythe collectif du féminin tout en ménageant la singularité et la crédibilité de ses personnages, au sein d’un univers entièrement fictif » (p. 643). Pour lui, Kafka idéalisait là encore Milena sans oublier ses défauts.

Puis Kafka s’attaque aux fantômes, remarque Stach, dans une analyse, là aussi, prégnante, qui lui a fait relire autrement ces pages du Journal datées des 24, 28 et 29 janvier 1922 :

« Je suis ailleurs, seulement la force d’attraction du monde humain est immense, elle peut faire tout oublier en un instant. Mais la force d’attraction de mon monde est grande elle aussi, ceux qui m’aiment m’aiment parce que je suis “abandonné”, […] parce qu’ils sentent que la liberté de mouvement qui me manque entièrement ici, je l’ai à un autre niveau dans des périodes heureuses. » Stach y voit un « instant rare, instant précieux », où Kafka révèle « un orgueil fondamental, la dignité de la puissance créatrice qui se passe de justification et trace sa propre voie » (p. 651).

La figure tutélaire de Dora Diamant apparaît à la fin du volume comme la seule femme avec laquelle Kafka ait jamais vécu, enfin réconcilié avec lui-même, avec son corps, avec l’amour, avec son rapport aux femmes. Un mariage était même souhaité par les deux amoureux si l’orthodoxie des pères de Dora ne l’empêcha. Après Milena, Dora est celle qui comprit le mieux Kafka : « Quand il était question de littérature, il devenait intraitable et n’acceptait pas de compromis, car elle concernait tout son être. Il ne voulait pas seulement aller au fond des choses – il était au fond de lui-même » (745). Dans ses derniers jours de cauchemar, ne pouvant plus parler, il écrivit à son médecin : « Tuez-moi si vous n’êtes pas un assassin ! ». Parole qui résonne en nous à l’heure où la question d’un projet de loi sur la fin de vie doit être débattue au parlement.

Stach évoque dans ses dernières pages le meurtre dans les camps de la mort des trois sœurs de Kafka, Elli et Valli à Chelmno, Ottla à Auschwitz, et celui de deux femmes qu’il aima Julie Wohryzek à Auschwitz et Milena à Ravensbrück. Felice Bauer émigra aux Etats-Unis avec son mari et ses enfants et Dora Diamant fuit d’abord en Union soviétique avec son mari, avant de parvenir à fuir à nouveau, lors de la condamnation de celui-ci aux travaux forcés, pour la Grande Bretagne. Le couple Brod réussit à partir pour la Palestine.

Il est possible que l’on ne lise plus Kafka de la même manière après s’être immergé dans ce grand-œuvre biographique de l’un des écrivains prophètes, visionnaires, les plus hantés du XXème siècle.


[1] Traduit de l’allemand par Régis Quatresous, Le Cherche midi éditions, 2023.

100 ans après sa mort, pourquoi Kafka est toujours aussi actuel

Le 3 juin 1924 s’éteignait à l’âge de 40 ans l’un des plus grands auteurs du XXème siècle, l’autrichien Franz Kafka. Il laissait derrière lui de nombreux manuscrits publiés à titre posthume et un héritage littéraire empreint de modernité.


Portrait de Kafka, 1923 © Klaus Wagenbach Archiv

Écrit par Agnès Blanc-Dubreuil
Publié le 31 janvier 2024,
Le Petit Journal, édition Miunich

Né en 1883 à Prague, à l’époque ville d’Autriche-Hongrie, dans une famille juive, l’écrivain Franz Kafka est un siècle après sa mort toujours aussi populaire. Ses ouvrages les plus connus (La Métamorphose, Le Procès, Le Château) sont des récits angoissants, sombres et dystopiques, où le personnage principal fait l’expérience de la froideur du monde et de sa solitude. Cette atmosphère particulière, expérience universelle du monde contemporain, trouve aujourd’hui une résonance auprès de la jeune génération (dite « gen Z ») qui s’approprie ces références et citations.

Des classiques de la littérature germanophone

Franz Kafka n’a pas connu toute l’étendue de sa reconnaissance de son vivant. Il refusait que beaucoup de ses manuscrits soient publiés et c’est grâce à son ami Max Brod, qui désobéit à son testament, que nous avons pu lire certains incontournables comme Le Procès ou Le Château.

VOIR ICI

Lorsque Gregor Samsa s’éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat.
La Métamorphose (1915)


Dessin de Benoît Monneret
benoit.monneret@gmail.com
https://www.instagram.com/monneretbenoit/

Cet écrivain torturé, qui se donnait tout entier à la littérature, fascine par ses histoires courtes et mystérieuses. Les protagonistes des récits se retrouvent à chaque fois dans des situations d’impasse, de confusion ou d’égarement qui peuvent nous sembler bizarrement familières ou nous mettre mal à l’aise. Ses ouvrages ont une large portée philosophique qui incite chacun à la réflexion. Ainsi, les mésaventures de Joseph K dans Le Procès sont souvent rapportées à une critique de la bureaucratie, mais c’est plus largement la société moderne et son manque d’empathie qui sont dépeints. La souffrance face à un monde complexe et absurde, dans lequel le héros ne trouvera jamais d’issue, soumis à l’arbitraire, est au cœur des nouvelles. Ces œuvres noires plus ou moins déprimantes ont d’ailleurs conduit à inventer un terme : « kafkaesque », qui désigne ce genre de situations surréalistes, cauchemardesques et sans échappatoire.

Kafka, affectionné par la Gen Z

La Génération Z (12-25 ans) semble se reconnaître dans les écrits de Kafka. Sur les réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram, beaucoup rapportent leur identification à la fois à l’écrivain lui-même (et son attitude pessimiste) ainsi qu’à ses personnages. L’humour noir, voire cynique est caractéristique de cette jeunesse qui démontre sa défiance en l’avenir. On peut donc lire en ligne de nombreux memes qui reprennent entre autre l’histoire de Georg dans La Métamorphose, qui se retrouve soudain isolé et étranger à sa propre famille après s’être transformé en bête immonde. La description de la médiocrité du personnage est reprise avec ironie par certains à leur propre sujet.

La seule attitude judicieuse constiste à s’accomoder de l’état des choses.
Le Procès (1925)

Franz Kafka 1/10 : Le Procès (Feuilleton / France Culture, 2014)

Traduction et adaptation radiophonique de David Zane Mairowitz
Conseillères littéraires Emmanuelle Chevrière et Katell Guillou
Réalisation Michel Sidoroff

2014 était le 100ème anniversaire de l’écriture du Procès de Franz Kafka.
L’occasion de rappeler à quel point ce livre a été important dans la littérature du XXième siècle.

L’histoire est celle de Joseph K, antihéros, arrêté un beau matin "sans rien avoir fait de mal". Accusé d’une faute qu’il ignore par des juges qu’il ne voit jamais et conformément à des lois que personne ne peut lui enseigner, il va pousser un nombre ahurissant de portes pour tenter de démêler la situation. À mesure que le procès prend de l’ampleur dans sa vie, chaque porte ouverte constitue une fermeture plus aliénante sur le monde de la procédure judiciaire, véritable source d’enfermement et de claustrophobie.
Mais le projet de Kafka n’était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le procès intenté à Joseph K. ne relève d’aucun code et ne peut s’achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseph K. n’est coupable que d’exister.

Cette adaptation radiophonique de David Zane Mairowitz insiste sur l’humour singulier de Kafka très influencé par la tradition mystique et antirationnelle du monde juif d’Europe de l’Est. Elle met en œuvre la dualité entre la mélancolie la plus noire, et l’humiliation de soi - humiliation aussi lucide que cruelle -, et elle tente de mettre en lumière l’érotisme de l’univers de Kafka, un pan de son œuvre moins souvent évoqué.

Kafka décrit souvent un sentiment d’isolement, d’incompréhension face au monde qui résonne auprès d’une génération particulièrement seule. Lire les publications sous le hashtag #franzkafka ou #kafkaesque permet de comprendre à quel point beaucoup de jeunes utilisent l’humour comme moyen de s’approprier ce sentiment de décalage avec la société. La gen Z s’approprie les références kafkaiennes pour illustrer sa propre impuissance face à un monde dans lequel elle n’a pas vraiment d’espoir.

Pour en savoir plus sur Kafka, allez lire la rétrospective du Zeitgeister qui revient sur tout ces aspects et bien d’autres encore. Vous pouvez également visiter l’exposition au Musée Villa Stuck à Munich jusqu’au 11 février ou encore aller voir le film Die Herrlichkeit des Lebens à partir du 14 mars 2024 au cinéma, adapté du roman de Michael Kumpfmüller.


Kafka à la ferme de sa sœur Ottla à in Siřem en Bohème | © Archive Klaus Wagenbach
ZOOM : cliquer l’image

Le Petit Journal (édition Munich)

*

Kafka et la limite ultime

par Yann Moix


Portrait de Kafka dessiné par Yann Moix

Alors que Yann Moix partageait son temps entre Paris, Berlin et Brasilia, . l’écrivain a accordé à nos confrères de la revue brésilienne Nova Antropofagia une série de cinquante entretiens. Ceci est le deuxième entretien publié par La Règle du Jeu.

Nous en étions restés, lors de notre précédent entretien, au « point gris » de Klee…

Oui, le point gris comme point de jonction entre un monde révolu et un monde nouveau, un point qui correspond au passage de la nuit au jour, un point d’aube, si vous voulez. Ce passage de la nuit au jour, cette zone de gris, est une question passionnante, tant chez Klee, chez Kafka, que dans le Talmud par exemple. Le Traité Berakhot démarre ainsi sur ce débat, de savoir à quelle heure on doit réciter le Chema… Est posée la question de la limite ultime pour cette récitation. Cette limite ultime, c’est le point gris de Klee. Dans le Talmud, Rabbi Eli’ezer pense que la prière doit être exécutée, récitée lors de la préparation au coucher, c’est-à-dire dans le premier tiers de la nuit. Mais quelques uns de ses collègues ne sont pas d’accord, comme il se doit (dans le Talmud, personne n’est jamais d’accord avec personne) : pour eux, la limite ultime se situe « à la fin de la première moitié de la nuit ». Une troisième réponse est apportée par Rabban Gamliel pour qui cette limite, c’est l’aube. Toute cette histoire rappelle évidemment l’épisode tragi-comique de >Amerika.

A quelle épisode faites-vous allusion ?

A l’épisode de la lettre, dans le chapitre III, intitulé « Une maison de campagne aux environs de New York ». Le « héros » (je mets évidemment des guillemets à héros), Karl Rossmann est en visite – parce qu’il n’a pas su refuser, et c’est pour cette raison une visite angoissante, intranquille – dans une immense propriété. Vite mal à l’aise, il fait tout, dans les limites de la courtoisie, pour quitter les lieux. Il tente tous les prétextes, et ses hôtes, les sinistres Green et Pollunder, finissent par céder. Mais Rossmann ne pourra pas partir avant minuit, puisque c’est à minuit pile que Green doit lui remettre, selon des indications précises, une lettre signée de l’oncle de Rossmann. Pendant près d’une heure, Rossmann devra donc patienter : sans lecture de cette lettre, pas d’autorisation de partir – d’autant que cette lettre, a annoncé Green, concerne les modalités du retour à New York. Rossmann, pour tuer le temps, visite la propriété, ce qui donne lieu à de nombreux sous-épisodes drôles, très drôles, et terrifiants. Enfin, minuit arrive. Green remet la lettre à Rossmann : son oncle lui dit que, n’étant pas rentré à temps, il le renie et ne veut plus jamais entendre parler de lui. En gros, Rossmann n’avait que la permission de minuit, et c’est à minuit qu’on devait lui remettre la lettre concernant son infraction horaire de dépassement de minuit ! Car avant minuit, il n’était pas en faute. Mais après minuit, il l’était définitivement. Voici, de manière géniale, expérimentée dans le roman de Kafka la notion de « point gris ». Le point gris de Klee, c’est le minuit de Karl Rossmann. A partir de ce point (de cette heure) de non-retour, un monde nouveau, effectivement, va s’ouvrir pour Karl : et ce monde nouveau, précisément, c’est l’Amérique, c’est-à-dire le Nouveau Monde.


Minuit est la « limite ultime » ?

Exactement ! Le minuit de Karl Rossmann dans Amerika correspond à la limite ultime du Traité Berakhot. Kafka emploie l’expression de « délai ultime ». Il faudrait que je regarde en allemand, mais l’édition que je possède ici, celle de Bernard Lortholary, traduit « délai ultime ». Voici la phrase : « Est-ce que l’enveloppe ne dit pas très clairement que minuit devait être pour moi le délai ultime ? » Le point gris, la limite ultime, le délai ultime : point du maximum d’intranquillité, que nous allons tenter, je l’espère, de circonscrire encore plus précisément, ensemble. Je n’aime toutefois pas le mot « délai », qui paraît un peu académique, ou du moins administratif – la traduction, en cela, est bonne. Mais le mot « limite » est évidemment plus fort. Il tranche de manière, non pas administrative, bureaucratique, mais existentielle, mais métaphysique. Le Talmud emploie une expression que j’aime beaucoup : la « colonne de l’aurore ». Ce pourrait être un beau titre, quoi qu’un peu parnassien peut-être, sur l’eschatologie. Le moment, dit le Talmud, où « se lève la colonne de l’aurore » est difficile à déterminer. On s’en doute, ce n’est pas là seulement une question d’astronomie.

Propos recueillis par Nelson de Oliveira.
La Règle du Jeu

*

Kafka (Steven Soderbergh, 1991) - Bande annonce

*

FRANZ KAFKA (1883-1924) – Une vie, une œuvre [1987]

*

Le mystérieux cavalier Franz Kafka regarde d’en haut touristes et Pragois (V.K., 2018).

VOIR AUSSI :

https://www.kafka-2024.fr

Centre tchèque de Paris

Goethe Institut

Kafka sur pileface

Un message, un commentaire ?

Ce forum est modéré. Votre contribution apparaîtra après validation par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
  • NOM (obligatoire)
  • EMAIL (souhaitable)
Titre

RACCOURCIS SPIP : {{{Titre}}} {{gras}}, {iitalique}, {{ {gras et italique} }}, [LIEN->URL]

Ajouter un document


1 Messages