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"Commencements" - Dernier livre de Catherine Millet

D 18 août 2022     A par Viktor Kirtov - C 7 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


A paraître
aux Editions FLAMMARION
le 31 août 2022

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le livre sur amazon.fr
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Le livre

Premières lectures, premières amours, découverte de l’émotion esthétique, premiers écrits. Catherine Millet tente de détisser le mystérieux entrecroisement de hasards, de désirs confus, d’opportunités plus ou moins bien comprises qui conduisent une jeune fille sans bagage, sans argent et sans grande culture à quitter sa banlieue pour le Saint-Germain-des-Prés des artistes et des galeries d’art. La vie intime et la vie professionnelle inéluctablement se mêlent. L’époque, c’est Mai 68 à Paris et l’émergence du quartier de SoHo à New York, l’apparition d’un art qui ne ressemble pas à l’art, la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui "l’art contemporain. Commencements est le récit d’une éducation sentimentale qui est aussi une éducation sexuelle et une formation intellectuelle.

A propos de l’auteure

Catherine Millet dirige la revue artpress depuis sa fondation en 1972. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur l’art contemporain et, notamment, de La Vie sexuelle de Catherine M. (2001, traduit dans une quarantaine de langues), Jour de souffrance (2008) et Une enfance de rêve (2014).

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La critique de Telerama par Fabienne Pascaud

 : Comment devient-on visionnaire critique d’art, fondatrice en1972—et toujours directrice, à74—d’une exigeante et dérangeante revue, Art Press ? Avec Commencements, Catherine Millet poursuit le récit explosé de son existence. En2001, La Vie sexuelle de Catherine M. dévoilait ses libertinages avec une impavide distance ; en2008, Jour de souffrance, les vertiges de sa jalousie ; en2014, Une enfance de rêve, ses fondatrices premières années. Voilà ses débuts dans le métier, à peine sortie de l’adolescence à Bois-Colombes et aux côtés de Daniel Templon, futur grand galeriste aux allures de Rastignac balzacien. En même temps que l’ego minutieusement observé, surgit donc l’avant-garde artistique des années1960. Le narcissique et le collectif. Le détail et la fresque historique. La solitaire qui pleurait alors « tout le temps » selon Templon, évoque, impassible, Mai 68, les délires maoïstes, comme sa sexualité aux multiples partenaires, du sculpteur César au designer Roger Talon… Autant d’intimes échanges qui n’ont jamais gêné une carrière de critique d’art qui démarre en1968, aux Lettres françaises, en même temps que Catherine Millet s’initie à l’art et à la littérature contemporaine. Dans ce temps-là, les créateurs refusaient tout modèle, autant de « fugitifs s’échappant du vieux monde où se lisaient encore les stigmates de la guerre, pour s’installer en terre inconnue et, ainsi que le font les pionniers, tout fabriquer de leurs mains à partir de presque rien… Ce fut l’avènement des autodidactes qui ne doutaient pas que le monde leur appartînt » ; à l’image d’un Christo, qui empaquette en1969 rien de moins qu’une falaise en Australie… Autodidacte, Millet l’est aussi, qui avoue s’être longtemps vécue en usurpatrice, sans autre université ni légitimité que l’obstination d’un regard qui s’immergea d’abord dans l’art conceptuel américain, puis accompagna l’éphémère mouvement français Supports/Surfaces. Commencements témoigne d’une fascinante construction de soi. À la fois active et étrangement passive. Comme s’il suffisait de regarder les autres avec assez de désir pour avoir la grâce d’en jouir. Malgré elle, celle qui se rêvait jeune fille en Nadja d’André Breton est bel et bien devenue personnage de roman et pas seulement d’autobiographie. Entre l’indifférence écorchée d’une héroïne de Marguerite Duras et le parfait égotisme d’un héros de Stendhal. Par-delà les genres. Par-delà les mots. Comme toujours insaisissable et dérangeante.

Éd. Flammarion, 306 p., 20 €.

Feuilleter le livre

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Les 32 premières pages en format pdf

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Résumé (amazon) :
Après Une enfance de rêve, Catherine Millet poursuit dans la veine autobiographique avec le récit de ses débuts dans le monde de l’art contemporain. Son histoire personnelle, ses rencontres amicales et amoureuses, son passage à l’âge adulte, sont étroitement mêlées à la découverte de ce milieu dont elle choisit de faire son métier. Ce faisant, elle brosse le portrait d’une époque et d’une génération, marquées par des artistes dont les carrières se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui.

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7 Messages

  • Viktor Kirtov | 7 octobre 2022 - 11:05 1

    Par Patrick Grainville
    Figaro, 05/10/2022

    Catherine Millet s’est imposée comme une spécialiste de l’art conceptuel.

    CRITIQUE - Un récit autobiographique sur les années 1960 et sa découverte de l’art contemporain.

    Après avoir raconté son enfance sage à Bois-Colombes, l’auteur de La Vie sexuelle de Catherine M., passe au récit de son adolescence et de son entrée dans la vie. Elle souffre toujours de vivre dans une famille qui l’aime mais dont les parents se déchirent dans une guerre de tranchées traumatisante. Elle se met à lire les classiques et écrit des poèmes. Elle tombe justement sur un groupe de quatre lycéens pleins de toupet qui ont créé une revue de poésie, Strophes, à laquelle vont bientôt contribuer Jean Wahl, Michel Leiris…

    Catherine est née sous une bonne étoile, elle n’a qu’un pas à faire et la voilà admise dans le cénacle vivifiant. Le groupe est animé par un certain Patrick, beau et sentencieux, dont elle est amoureuse mais qui se contentera de lui donner des conseils littéraires. Elle a 16 ans, il en a 18. Comme Daniel T, autre mousquetaire de la poésie, semble plus entreprenant, elle devient son amante. Ce qui n’est pas révélé tout de suite est que ce Daniel s’appelle Templon et qu’il va ouvrir une des galeries parisiennes le plus prestigieuses. On est des poètes -dont Jean Frémon, édité chez POL, aujourd’hui directeur de la galerie Lelong- et on commence par manger de la vache enragée en banlieue, puis dans une chambre de bonne de la rue Bonaparte, au Quartier latin. Une galerie d’art est associée à la revue qui s’est installée toujours dans la même rue. On s’emballe pour le nouveau réalisme et sa passion des objets de récupération, des éléments bruts du continent urbain. Pierre Restany est le grand gourou messianique, virtuose des oukases de l’avant-garde. Fi du tableau, fi du beau !

    César, Pollock et De Kooning

    Catherine Millet assure un petit boulot chez PUF tout en devenant critique d’art auxLettres françaises. Elle visite les ateliers, toujours assez silencieuse mais très observatrice, scrutant, analysant, nouant, avec certains des artistes, des relations amoureuses. Le sculpteur César devient son amant et elle assiste dans une fonderie formidable au moulage d’un sein géant !

    Elle qui s’éprendra des minimalistes et du rigoureux Ad Reinhardt n’est pas imperméable au tonnerre tentaculaire de César. De même qu’elle s’est d’abord passionnée pour l’abstraction lyrique, adorant la primitivité exubérante desFemmesde Willem De Kooning. Jackson Pollock la subjugue. Certes, Catherine Millet va devenir une spécialiste de l’art conceptuel dont l’inflation de discours didactique et démonstratif personnellement m’épuise. Mais c’est toujours avec curiosité, ouverture qu’elle rencontre les œuvres inédites, enquête sur les mouvements radicaux. Avec des pointes d’humour quand elle évoque les bananes vraies ou fausses exposées par Gérard Titus-Carmel, ou cette œuvre volatile constituée par l’entretien d’un collectionneur et de Ian Wilson, sans témoin ni enregistrement.

    À LIRE AUSSI Catherine Millet : « Le plaisir féminin reste un grand mystère »

    Catherine voyage, explore, et mène une vie assez échevelée avec Daniel en écumant les expositions, en embarquant les œuvres extravagantes, dans des circonstances rocambolesques. Une vraie jeunesse ! Avec la même mobilité, la même liberté que dans le domaine amoureux. Ainsi, à New York, un rendez-vous professionnel avec Joseph Kosuth, chef de file
    des conceptuels, est agrémenté d’une nuit amoureuse à laquelle se joint Michael Baldwin. Le concept n’exclut pas le coït. Avec Daniel Templon, Catherine participe à des soirées, des échangismes de voisinage détendu ou plus unanimistes avec Roger Tallon.

    Ce qui n’empêche pas la jeune femme de traverser une crise de mélancolie. Elle vit exactement la vie qu’elle a rêvée mais quelque chose fait défaut. Elle est là et elle n’y est pas. Derrière tant de fluidité, de spontanéité, des blancs intérieurs semblent la happer. C’est au fond une timide qui n’a pas un socle solide de confiance en elle. Elle perd un frère dont elle parle merveilleusement. Et se séparera de Daniel quand elle va rencontrer l’écrivain Jacques Henric.

    La fameuse revueArt Pressest fondée après la mémorable exposition60-72, douze ans d’art contemporain en France. C’est une bataille rangée dont Catherine Millet ne définit pas clairement les enjeux, mais on y reconnaît l’affrontement entre une sélection d’artistes reconnus par le système et des libertaires qui dénoncent déjà le marché de l’art et le poids du pouvoir. Art press aura, entre autres, pour mission de clarifier le débat.

    Le roman autobiographique de Catherine Millet est une aventure juvénile et jubilatoire dans les arborescences acrobatiques de l’art contemporain.

    Commencements. De Catherine Millet, Flammarion, 250 p., 20 €.FLAMMARION

    VOIR AUSSI :

    Frédéric Beigbeder : « La vie artistique de Catherine M. »

    https://www.lefigaro.fr/livres/


  • Viktor Kirtov | 30 septembre 2022 - 10:58 2

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    Livre après livre, Catherine Millet construit une œuvre autobiographique captivante. Après le libertinage ("La vie sexuelle de Catherine M", 2001), la jalousie ("Jour de souffrance", 2008), ses parents ("Une enfance de rêve", 2014), l’auteure nous raconte dans "Commencements" (Flammarion) ses éveils : intimes, professionnels, culturels, politiques. Mai 68, l’avant-garde artistique, la parole qui se libère… Dans un café, une adolescente – Catherine Millet – observe un groupe de jeunes gens absorbés dans une vive discussion sur la poésie. La jeune fille, fascinée, se lie d’amitié (et plus) avec eux et, bientôt, découvre ses premières lectures fondatrices, connaît ses premiers émois amoureux et esthétiques, invente ses premiers écrits. Un récit remarquable, drôle et touchant,
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    Ce récit nous parle, sans nostalgie mais avec beaucoup de justesse, d’une époque dorée…

    Oh, pas si dorée que cela ! Économiquement, les choses étaient certes plus faciles qu’aujourd’hui, mais la société était répressive, il y avait des lois dures, une censure très fréquente. Nous sommes arrivés après ceux qui avaient connu la guerre d’Algérie, c’est vrai, mais notre époque n’était pas si simple qu’on l’imagine.

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    C’est un roman autobiographique, avec un double regard : vous êtes témoin et actrice…

    Je vais vous reprendre sur le terme "roman autobiographique" : c’est un récit, rien n’est inventé. Pour autant, vous avez raison : j’avais cette double posture, à la fois grande spectatrice de ce bouillonnement artistique, et également très active, j’avais un véritable esprit d’initiative – il en faut pour créer Art Press et y être encore 50 ans plus tard ! Nous étions la génération d’après-après-guerre ; nous percevions les lointains échos de la guerre, et nous reprenions tout à zéro. Il n’y avait pas d’école d’art, il fallait y aller carrément, tout était possible. Ce fut notre chance. Nous découvrions chaque jour des artistes qui prenaient un objet et en faisaient une œuvre d’art !

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    D’où ce pluriel dans le titre : "Commencements"…

    Oui, ce sont mes commencements intimes, mes premières rencontres, professionnelles ou personnelles et sexuelles, mes premiers écrits sur l’art. Il faut se souvenir qu’à l’époque, il y avait peut-être à Paris quinze galeries d’art contemporain – d’ailleurs, on ne l’a appelé "art contemporain" que plus tard… Aujourd’hui, c’est un phénomène de société.

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    Votre écriture est presque cinématographique : nous sommes assis dans ce café à vos côtés et observons avec vous ces jeunes poètes…

    Cela me fait plaisir car je voulais, à la manière d’un romancier, embarquer le lecteur avec moi, tout en restant précise dans mes souvenirs, et notamment celle des lieux – j’ai des souvenirs très forts des spectacles (y compris ceux de la vie) et de la configuration des lieux. J’ai conservé toutes les lettres de mes amoureux, toute la correspondance de mes parents, des papiers, mes bulletins scolaires et toute la presse artistique de l’époque.

    J’ai voulu dresser les portraits de quelques artistes grâce auxquels j’exerçais mon regard devant les œuvres d’art. Le scénario de ma vie ? Disons que c’est comme si je raconte le film de ma vie tout en le regardant défiler sous mes yeux…

    Propos recueillis par Yves Gabay
    ladepeche.fr


  • Viktor Kirtov | 19 septembre 2022 - 19:23 3

    Entretien avec Jean-Michel Devésa, Station Ausone / Mollat à Bordeaux (En 2012, Mollat a lancé Station Ausone, un portail en ligne des événements culturels de la métropole Bordelaise, sélectionnés avec une même exigence de qualité éditoriale que celle qui a fait la renommée de la librairie, la plus grande librairie indépendante française.)
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    Si vous disposez d’un peu de temps, l’entretien dure 64’, nous vous le conseillons vivement. Un entretien avec des questions différentes de celles posées habituellement pour un entretien promotionnel. Un entretien en profondeur qui éclaire la personnalité, le parcours et l’époque de Catherine Millet, à l’occasion de la parution de "Commencements" paru aux éditions Flammarion.

    Un entretien d’exception par la qualité de l’interviewer, et l’authenticité et l’intelligence avec lesquelles l’interviewée essaie de répondre. Au début, elle y évoque son analyse de plusieurs années pour dénouer les nœuds de sa propre vie avant de nous éclairer sur le milieu de l’art dit contemporain et de la revue ArtPress dans lesquels elle a évolué :

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    Mollat

    Station Ausone, Bordeaux


  • Viktor Kirtov | 16 septembre 2022 - 10:41 4

    Avec « Commencements », l’autrice poursuit son entreprise autobiographique. On y lit l’éveil esthétique de la jeune fille qu’elle fut, l’émergence de l’art contemporain et le règne de la liberté.

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    Catherine Millet, à Paris, le 7 septembre. (Marie Rouge/Libération)
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    VOIR ICI (pdf)


  • Viktor Kirtov | 15 septembre 2022 - 11:41 5

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    DE VIVE(S) VOIX

    Par :Pascal Paradou

    RFI, 13/09/2022 –

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    Catherine Millet tente de détisser le mystérieux entrecroisement de hasards, de désirs confus, d’opportunités plus ou moins bien comprises qui conduisent une jeune fille sans bagage, sans argent et sans grande culture à quitter sa banlieue pour le Saint-Germain-des-Prés des artistes et des galeries d’art. La vie intime et la vie professionnelle inéluctablement se mêlent.

    L’époque, c’est Mai-68 à Paris et l’émergence du quartier de SoHo à New York, l’apparition d’un art qui ne ressemble pas à l’art, la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui « l’art contemporain ».

    Invitée : Catherine Millet, pour son roman autobiographique Commencements, publié aux éditions Flammarion, l’autrice du sulfureuxLa vie sexuelle de Catherine M. raconte sa jeunesse dans le Saint-Germain-des-Prés des années 68 et ses rencontres avec de jeunes artistes.

    RFI

    AUSSI SUR RFI :

    LITTÉRATURE SANS FRONTIÈRES
    L’écrivaine française Catherine Millet


  • Viktor Kirtov | 2 septembre 2022 - 11:05 6

    L’écrivaine et critique d’art poursuit son oeuvre autobiographique avec « Commencements », qui retrace ses débuts dans le monde des galeries d’art et du libertinage : bouleversante naissance.
    Par Jean Birnbaum
    Le Monde, le 31 août 2022

    LIRE L’ARTICLE ICI


  • Viktor Kirtov | 1er septembre 2022 - 10:08 7

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    Mardi 30 août 2022


    La critique d’art, commissaire d’exposition et écrivaine Catherine Millet ©AFP - Ulf Andersen / Aurimages
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    L ’Heure bleue

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    Après "Une enfance de rêve", Catherine Millet publie "Commencements" (Flammarion), son quatrième livre autobiographie dont les récits ont des points de départ différents.

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    En savoir plus
    Un café, une adolescente observe de loin un groupe de jeunes gens absorbés dans leur discussion. Elle ne sait pas encore qu’ils préparent une revue de poésie mais, bientôt, elle attachera ses pas aux leurs. Premières lectures, premières amours, découverte de l’émotion esthétique, premiers écrits. Le décor est planté.

    Dans Commencements Catherine Millet détisse le mystérieux entrecroisement de hasards, de désirs confus, d’opportunités plus ou moins bien comprises qui conduisent une jeune fille sans bagage, sans argent et sans grande culture à quitter sa banlieue pour le Saint-Germain-des-Prés des artistes et des galeries d’art. La vie intime et la vie professionnelle se mêlent.

    L’époque, c’est Mai 68 à Paris et l’émergence du quartier de Soho à New York, l’apparition d’un art qui ne ressemble pas à l’art, la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui "l’art contemporain".Son histoire personnelle, ses rencontres amicales et amoureuses, son passage à l’âge adulte, sont étroitement mêlées à la découverte de ce milieu dont elle choisit de faire son métier. Un livre qui brosse le portrait d’une époque et d’une génération, marquées par des artistes dont les carrières se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui

    À réécouter :Catherine Millet : "Ma seule puissance c’est la liberté !"

    Commencementsc’est aussi le récit d’une éducation sentimentale qui est aussi une éducation sexuelle et une formation intellectuelle.

    EXTRAITS

    Laure Adler : "Dans ce livre, Catherine Millet, vous dites que vous n’êtes rien. Comment êtes-vous devenue uneregardeuse, une voyeuse et peut-être une voyante ?"

    L’écrivaine raconte : « Voyante… ? Je n’ai jamais été de ce genre de critique d’art qui prévoyait ce qui allait se passer. J’ai suivi les avant-gardes, mais je n’ai jamais cherché à les devancer. Je ne suis pas non plus une suiveuse. Mon rôle de critique était d’accompagner les artistes, et pas d’essayer de leur dire ce qu’ils avaient à faire.

    Un des projets de ce livre était d’essayer de comprendre alors qu’on n’a pas grand-chose :on vient d’un milieu pas spécialement cultivé, pas misérable non plus, qu’on n’a pas encore trop d’idées sur ce qu’on veut faire… Comment trouve-t-on les bons rails qui vont vous amener là où vous êtes. Le point de départ de Commencements était de comprendre cette trajectoire sans apriori. La réponse ? Ce sont les hasards de la vie, mais aussi une façon peut-être inconsciente d’exploiter ses qualités, et ses défauts. »

    Une passivité qui l’a servie

    Catherine Millet reconnaît : « Au départ, j’étais quelqu’un que le monde terrorisait. Très timide, j’avais peur de sortir de l’enfance, qui avait été parfois difficile. J’étais assez passive. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer, très jeune, un homme avec qui j’ai vécu dix ans : Daniel Templon. Lui, au contraire, était un actif. J’ai pu m’en remettre à lui pour mes premiers pas dans la vie d’adulte. »

    Catherine Millet a mis beaucoup de temps à s’affirmer

    « J’avais peur des autres, mais ça n’entamait pas la confiance que j’avais en moi. On pouvait me faire des critiques, je les entendais, je les respectais. Mais cela ne m’empêchait pas de continuer à faire comme j’avais envie de faire. J’avais cette indépendance d’esprit peut-être forgée dans une enfance assez solitaire. Je ne faisais pas trop confiance aux jugements de mes parents. » Explique l’autrice de Commencements.

    Ses parents ont cru enelle

    Catherine Millet poursuit :« Ma mère est une femme qui n’avait peut-être pas réalisé la vie qu’elle aurait aimé avoir. Elle était contente de voir sa fille prendre un chemin un peu marginal, mais avoir l’air d’être libre, de s’amuser. Mon père m’avait toujours surnommée « Catherine Millet de l’Académie française ».Donc je pense qu’ils auraient été contents de me voir publier mes premiers livres. »

    L’écriture :un travail de recherche de la précision

    Catherine Millet lève le voile sur sa technique d’écriture : « Je n’avance pas dans l’écriture tant que je n’ai pas le vocabulaire exact. Jacques-Henri, avec qui je vis, se moque de moi en disant : « Catherine passe plus de temps le nez dans le dictionnaire qu’à écrire ». Je cherche le mot juste, ou la construction de la phrase qui va donner au mot le sens qu’il faut lui donner. Ce sont plus les mots, que le style, qui m’intéresse. Je suis à recherche de l’exactitude dans l’écriture. »

    Raconter une famille au nom courant

    Au départ de sa volonté de raconter sa famille, le décès de son frère : « Il faut exister avec ce nom banal : "Millet". D’ailleurs, ce livre se termine là-dessus :j’avais un frère. Et il est mort. Ça a été la première très grande blessure de ma vie. Ce genre de plaie dont on ne guérit jamais. L’un des premiers petits pansements que j’ai trouvé à mettre sur ma tristesse, a été de me dire que c’était à moi de faire exister ce nom-là. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Mais, dans mes livres, je raconte ma vie, et il est beaucoup question de ma famille. C’est une façon de faire exister ses parents qui s’étaient déchirés. Ce que je raconte dans mon ouvrage sur l’enfance est commun. Les gens ont pu se reconnaître. »

    Elle a toutgardé

    Catherine Millet s’interroge : « C’est quelque chose de peu énigmatique pour moi. Je ne sais pas pourquoi j’ai conservé tous ces papiers. J’ai perdu très tôt, et de manière consécutive, pratiquement tous les membres de ma famille. Un jour, j’ai vidé la maison. Et j’ai gardé des boîtes dans lesquelles j’ai entassé, sans les regarder, tous les documents trouvés dans cette maison : les cartes postales, les bulletins scolaires, les cahiers d’école de ma mère, les papiers militaires de mon père et toute cette paperasserie familiale. Je n’ai rien jeté et peut-être parce que j’étais dans le traumatisme de cette perte.

    Les années ont passé, j’ai, à mon tour, déménagé, et ouvert l’une de ces boîtes.Je suis tombée sur les cartes postales que ma mère envoyait à sa mère pendant son voyage de noces. Cela m’a frappée, car ensuite son mariage a été un désastre. J’ai tout refermé. Je me suis demandée pourquoi je gardais tout ça.

    Je ne savais pas encore qu’un jour j’écrirais un livre dont la matière première serait cette documentation familiale. Mais on doit être habité par des choses dont on est très loin d’avoir conscience. Il y a peut-être une seconde Catherine Millet enfouie qui, de temps en temps, se réveille. Quand on arrive à un certain âge, ce qui est mon cas, on se dit qu’on est habité par soi-même. On a des incubes qu’on ne connaît pas, mais qui sont présents. »

    En retrait du monde

    Où se situe Catherine Millet ? A quelle distance de la société se met-elle pour écrire ? L’écrivaine analyse : « Je suis en retrait du monde pour être un peu plus avec moi-même. Ce n’est pas forcément pour faire de l’introspection. Mais simplement pour avoir cette sensation d’être soi, comme un petit animal qui se repose plein de son existence. L’écriture nécessite l’isolement. »

    La suite est à écouter...

    Musiques

    « Sea, Sex and Sun » de Serge Gainsbourg

    « L’idole des jeunes » de Johnny Halliday

    « No prizes » de Kae Tempest en duo avec Lianne La Havas

    Archives

    Archive INA du 12 janvier 2011 (au micro de François Busnel)- Annie Ernaux sur l’autobiographie et son principe d’ « écrire la vie »

    Archive INA du 11 janvier 1977 (au milieu de Paula Jacques)- Michel Foucault parle de la sexualité qui est devenue notre vérité.

    Générique

    « Veridis Quo » des Daft Punk

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