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Le portrait de Saint-Simon par Hyacinthe Rigaud désattribué

Il ne serait pas de Rigaud et ne représenterait pas Saint-Simon...

D 29 novembre 2016     A par Albert Gauvin - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Ecole française du XVIIe siècle, portrait de Louis de Rouvroy de Saint Simon, v. 1680.
Chartres, musée des Beaux-Arts. Zoom : cliquez l’image.
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Vous pensiez que ce portrait ovale qui se trouve, depuis cent-cinquante ans, au musée des Beaux-Arts de Chartres avec la mention « Rigaud » et qui est reproduit sur le premier volume des Mémoires de Saint-Simon dans la Pléiade après l’avoir été dans le volume de la Bibliothèque nationale consacré à l’exposition du deuxième centenaire de la mort du mémorialiste en 1955 [1], était le portrait du célèbre duc ? Eh bien si l’on en croit Ariane James-Sarazin qui vient de publier le catalogue raisonné des oeuvres de Hyacinthe Rigaud (Faton, novembre 2016), non seulement ce portrait ne serait pas de la main du peintre, mais ce ne serait pas non plus celui de Saint-Simon ! C’est ce qu’affirme le Figaro dans son édition du 27 novembre 2016. Mais alors où est le portrait de Saint-Simon de Rigaud ? Quel est le « vrai » portrait de Saint-Simon ? Stéphan Perreau, auteur en 2004 de Hyacinthe Rigaud, 1659-1743 : Le peintre des rois, et d’un catalogue concis de son oeuvre (Nouvelles Presses du Languedoc, Sète, 2013), affirmait, de son côté, en octobre 2015 : « Si l’identité du tableau de Chartres ne semble pas devoir être mise en doute, son appartenance au répertoire du Catalan [2] doit cependant en être totalement rejetée aujourd’hui » — et présentait d’autres peintures de Saint-Simon dont une, superbe, un portrait de jeune militaire de 1695, attribué à Rigaud et mis en vente par Sotheby’s. Portraits.

Où est le portrait de Saint-Simon par Rigaud ?

Le catalogue raisonné d’Hyacinthe Rigaud oblige à réviser l’identité de quelques tableaux célèbres, dont celui du « petit duc ».


Le pléiade Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Dans la planète des lecteurs fanatiques des Mémoires de Saint-Simon, c’est un séisme. Le célèbre portrait du jeune homme au fin sourire, qui figure sur le coffret du premier volume de ses oeuvres dans la « Pléiade » et dans tous les bons livres, un des chefs-d’oeuvre du Musée des beaux-arts de Chartres, est doublement désattribué dans le catalogue raisonné d’Hyacinthe Rigaud (16591743), que vient de publier Ariane James-Sarazin après plus de dix années de recherches.
Non seulement cette conservatrice du patrimoine passionnée, chartiste et docteur en histoire de l’art démontre que ce ne peut pas être Saint-Simon, mais cet élégant tableau ovale n’est pas non plus dû au peintre immortel du Louis XIV en costume royal. Le vrai visage de Saint-Simon dans sa jeunesse est perdu, ou presque, car Ariane James-Sarazin, confirmant plusieurs hypothèses qu’elle cite avec une parfaite érudition, propose de le reconnaître dans un portrait de militaire passé en vente chez Sothebys en 2015. Un « ricordo », reproduction dans un format plus petit, dû au maître et à son atelier, peint pour conserver une trace de cette composition mythique.
Saint-Simon, lié à Rigaud, organisa la rocambolesque séance de pause qui permit de transmettre à la postérité l’image du vénérable abbé de Rancé, qui n’aurait jamais accepté de se prêter à ce jeu de la vanité qui attirait chez l’artiste tout ce qui comptait à la cour.
Le catalogue dressé par cette Ariane qui, comme le dit Pierre Rosenberg dans sa préface, n’a jamais perdu le fil de ses recherches, est un bottin mondain illustré du Grand Siècle et de la Régence. Toute la comédie humaine de Saint-Simon s’y retrouve : le clan des Noailles, le duc de Bourgogne, Vauban, Bossuet, plus quelques figurants non identifiés, et la mention de ceux qu’on cherche encore dans les greniers, Louis Anisson ou AnneÉlisabeth de Lamoignon, la mère du célèbre Malesherbes, tableaux disparus. Perdus aussi, les portraits des Durfort et celui de Mme d’Hozier, cités dans les inventaires.

Un récit très vivant

Ces deux énormes volumes sont une contribution majeure à l’histoire de l’art français, au-delà des règles sacro-saintes du grand « catalogue raisonné » : c’est l’étude d’une société, d’une carrière d’artiste, entre Perpignan et Paris. Le premier tome, qui prend en compte l’étude des dessins et des gravures, analyse l’invention d’un style. L’auteur passe de manière brillante de l’histoire sociale à l’histoire économique et réussit à rendre très vivant le récit, que nul n’avait jamais entrepris, de la construction de cette immense gloire qui dure jusqu’à aujourd’hui.

Adrien Goetz , Le Figaro, 27 novembre 2016.

Ariane James-Sarazin, avec Jean-Yves Sarazin, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), tome 1 : L’homme et son art, tome 2 : Catalogue raisonné, préface de Pierre Rosenberg, de l’Académie française, avant-propos de Dominique Brême, Éditions Faton, 320 €.
L’ouvrage a reçu le prestigieux Prix Marianne Roland Michel en 2014.
L’œuvre du portraitiste des rois de France et de l’immense artiste qu’était Hyacinthe Rigaud (Perpignan, 1659 – Paris, 1743) n’avait jamais fait l’objet d’un catalogue raisonné, ni d’une monographie exhaustive et parfaitement documentée. Cet ouvrage, fruit d’un travail minutieux et rigoureux de plusieurs années de recherches, se compose de deux volumes. — Feuilletez le livre.
LIRE AUSSI : Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud et ces messieurs d’Aix-en-provence.
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Voici le portrait de militaire passé en vente chez Sothebys en 2015.

L’image retrouvée du duc de Saint Simon par Hyacinthe Rigaud

par Stephan Perreau


Hyacinthe Rigaud et Nicolas Joseph Le Roy, Portrait de Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon, 1695.
Détail avant restauration. Paris, coll. priv. © Sotheby’s NY. Zoom : cliquez l’image.
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Le front haut, le visage fin et juvénile, le regard assuré porté sur l’horizon à gauche de la composition, un « homme en armure » s’invitait sous le lot 484 dans la vente de prestige proposée à New York par Sotheby’s le 30 janvier dernier. Bien que de format réduit (41,5 x 32,5 cm) cette toile attribuée à l’atelier d’Hyacinthe Rigaud « avait tout d’une grande ».


Hyacinthe Rigaud et Nicolas Joseph Le Roy, Portrait de Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon,
1695 (avant restauration). Paris, coll. priv. © Sotheby’s NY

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Figuré au centre de la scène, jusqu’aux genoux, vêtu d’une armure française caractéristique de la dernière décennie du XVIIe siècle, le jeune modèle portait, nouée à la taille, un grande écharpe blanche symbolisant le commandement militaire et brandissait, dans la main droite, un bâton non fleurdelisé, second emblème de cette charge. Sa main gauche était posée sur un casque, lui-même déposé sur le velours amarante d’un grand rideau recouvrant en partie le plat d’une lourde table. L’étoffe, remontée sur la droite de la scène, se lovait autour d’un tronc noueux pour atteindre la ramure d’un arbre. À gauche, on aperçevait un choc de cavalerie et de fantassins et, sur l’horizon, les fumées d’une ville en flammes dont on semblait faire le siège.


Extrait du catalogue de l’exposition de Bruxelles en 1904.
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L’œuvre n’était pas inconnue. Avant d’être transmise par héritage au sein de la famille lithuanienne des Klabin [3], riches industriels immigrés au Brésil à la fin du XIXe siècle en se spécialisant dans la fabrique de papier, elle avait en effet été exposée à Bruxelles en 1904 par son premier propriétaire connu, le fantasque polémiste Henri Rochefort (1831-1913) [4]. Aux côtés d’un projet de plafond par Noël Hallé et d’un portrait de Louis XV « jeune », Rochefort avait ainsi présenté la petite toile comme une effigie quelque peu complaisante du « prince de Conti », probablement parce que l’image partageait un certain faste juvénile avec le portrait de ce dernier, peint par Rigaud en 1697 [5]. Le catalogue reproduisait également le tableau en vignette, lui concédant avec raison « la belle allure d’un petit Van Dyck ».


Atelier d’Hyacinthe Rigaud, Portrait du prince de Conti (réduit à mi-corps). Coll. privée.
« Prenons le prince de Conti : "C’était un très bel esprit, lumineux, juste, exact, vaste, étendu, d’une lecture infinie, qui n’oubliait rien, qui possédait les histoires générales et particulières, galant avec toutes les femmes, amoureux de plusieurs, bien traité de beaucoup." Mais voici tout de suite le contrepoids : "Cet homme si aimable, si charmant, si délicieux, n’aimait rien. Il avait et voulait des amis comme on veut et qu’on a des meubles." » Ph. Sollers, Quand Saint-Simon cognait sur Versailles.

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La réapparition récente de l’œuvre a donc permis de confirmer qu’il s’agissait probablement du riccordo d’une œuvre de plus grande envergure, peinte dans les années 1690-1694. On y retrouvait en effet bien des éléments caractéristiques du Rigaud de cette période, à commencer par un air de « délicate fierté », insufflé par l’artiste à d’autres modèles adolescents tels le chevalier de Croissy (1693), Louis III de Bourbon-Condé (1690) ou le comte de Sansøe (1696), tous trois respectivement âgé de 16, 12 et 18 ans.


Hyacinthe Rigaud, Portrait du chevalier de Croissy. Château des Essarts.
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La perruque, terminée en son faîte par deux « cheminées » légèrement écartées et aplaties sur le dessus, y est tout à fait illustratrice de la mode qui courait alors. Ce n’est en effet qu’à la fin du siècle qu’elle prendra de la hauteur et s’étoffera sur les épaules, avec des boucles finement peignées, les « cheminées » se rejoignant au sommet par deux grandes « cruches ». Un certain paroxysme sera atteint dans les années 1710-1720 où l’on verra la perruque devenir presque trapézoïdale, le sillon central très marqué, partant en biais du front vers l’arrière du crâne. À partir de 1730, la mode optera pour un accessoire nettement plus court et ramassé.


Hyacinthe Rigaud, Portrait de Jean-Baptiste Durey de Vieuxcourt, 1696.
Norfolk, Chrysler museum of art © CMA. Zoom : cliquez l’image.
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Un autre élément aidait également à dater le portrait. Le piètement de la table et son lourd décor fait de volutes en rinceaux et feuilles d’acanthes se retrouvait en effet dans d’autres portraits peints par Rigaud à plusieurs années d’intervalle. Au prix de quelques variantes, c’est ainsi le même accessoire qui apparaissait dans les portraits du duc de Boufflers (1694), du marquis de Grossoles (1695) de Durey de Vieuxcourt, de François Secousse (1696) ou des Lebret père et fils (1697).


Armet à visière amovible de type Bourguignotte.
Paris, musée de l’armée. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Le casque, quant à lui, sorte d’armet à visière amovible de type « Bourguinotte » surmonté d’une haute crête centrale, constituait l’un des éléments caractéristiques des armures revêtues par les modèles de Rigaud en cette fin du XVIIe siècle. Équipé d’une large visière, de gardes-joues bilobées très enveloppantes et d’un gorgerin prononcé, on le retrouvera notamment dans l’effigie du jeune Christian Gyldenloeve Danneskjold vu plus haut (gravé par Pierre Drevet en 1696). Ces deux œuvres ont d’ailleurs également en commun de figurer un personnage d’âge voisin, dont le corps juvénile revêtu des attributs militaires se trouve mis en scène devant un paysage évoquant au loin un bataille proche ou tout juste victorieuse. [...]


Pierre Drevet d’après Rigaud, Portrait de Christian Gyldenloeve Danneskjold, 1696.
Coll. privée. Zoom : cliquez l’image.
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Agrémenté d’un panache de plumes, cet armet sera repris dans les effigies du roi Frédérick IV de Danemark et de Louis-François Henri Colbert de Croissy, toutes deux peintes en 1693. Quatre ans plus tard, lorsque Rigaud inaugurera sa célèbre série des « militaires brandissant un bâton de commandement » avec le portrait du Grand Dauphin, la pièce d’armure s’ouvrira progressivement sur le devant avec un nasal et, sur le menton, des gardes-joues désolidarisées. Notons que le prince de Conti, qui se fit également peindre en 1697, optera quant à lui pour un casque très voisin.

Tous ces indices nous ont donc semblé très tôt suffisamment convaincants pour qu’un seul nom porté aux livres de comptes de Rigaud puisse être avancé en guise d’identification [6] : celui du célèbre mémorialiste Louis de Rouvroy de Saint-Simon (1675-1755), peint en 1692 contre l’importante somme de 420 livres [7]. Âgé de 17 ans, bientôt duc (1694), l’adolescent venait à peine d’intégrer les mousquetaires gris et s’apprêtait à servir, en mai 1692, comme chef de bataillon au siège de Namur, aux côtés d’un roi qui le trouvait pourtant « l’air délicat » et « encore bien jeune ». Commande probable de son père, Claude, le portrait du jeune Louis devait donc avoir été entamé dès 1691, son paiement total n’ayant été effectué qu’un an plus tard comme ce fut souvent le cas.


Extrait des livres de comptes d’Hyacinthe Rigaud pour l’année 1692.
Paris, Bibliothèque de l’Institut © photo S. Perreau. Zoom : cliquez l’image.
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La thèse apparaissait d’autant plus crédible que le riccordo semblait lui-même correspondre à l’esquisse du portrait de Saint Simon que Rigaud commanda en 1695 à l’un de ses aides, Nicolas Joseph Le Roy, contre une rémunération de 6 livres [8]. L’aspect ébauché de certaines parties du tableau plaidait en cette faveur même si l’on sentait qu’une seconde main, plus assurée, passa derrière le travail initial de Le Roy, notamment pour fixer les effets de matière, vérifier les couleurs, affiner le dessin. La récente restauration minutieuse du tableau a pu en effet révéler une main plus sûre, allant bien au delà de l’esquisse. Les reflets des cuirs et des tissus sur le métal de l’armure, la délicatesse des carnations (notamment sur les mains et l’ajout délicat de l’humeur dans les yeux) le tout ajouté à une grande finition des nuances dorées du piètement de la table montrent un métier remarquable.


Hyacinthe Rigaud et Nicolas Joseph Le Roy, Portrait de Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon, 1695.
Paris, coll. privée. Zoom : cliquez l’image.
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Le revers du rideau à la teinte électrique, à la manière des « colori cangianti », appellait également à une réelle implication du maître dans cette œuvre. Par contre, le fond de bataille et l’enrochement qui le précède sur la gauche restent encore difficiles à identifier, même s’il serait tentant d’y voir une évocation du siège de Namur…


Hyacinthe Rigaud et Nicolas Joseph Le Roy, Portrait de Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon, 1695
(détail du fond).

Paris, coll. privée. Zoom : cliquez l’image.
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[...]

Les traits du visage de Saint Simon, sans doute sommairement reproduits dans le riccordo de Sotheby’s, se retrouvent pourtant assez nettement dans ceux d’un autre portrait du futur duc, aujourd’hui conservé au musée de Chartres [9]. Le modèle, plus jeune, vêtu d’une armure et le cou ceint d’un superbe nœud rouge très en vogue dans les années 1660-1680, ne semble pas avoir plus de cinq ans : on y retrouve les mêmes yeux ronds, les mêmes lèvres pulpeuses, des sourcils bien dessinés et montants, le même petit nez rond très court et le même ovale du visage.


Ecole française du XVIIe siècle, Portrait de Louis de Rouvroy de Saint Simon, v. 1680.
Chartres, musée des Beaux-arts. Zoom : cliquez l’image.
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Si la plupart des historiens se sont très tôt accordés sur la grande qualité du tableau chartrain, son attribution fut davantage sujette à caution [10], même si l’on avança très tôt, et sans doute un peu trop facilement, le nom de Rigaud. La tradition fantasma principalement l’épisode rocambolesque de la redécouverte du tableau au début du XIXe siècle, sous le maître-autel de l’église de Mézières-en-Drouais en Eure-et-Loir. La commune étant voisine du domaine de Maillebois qui avait été racheté par la légataire de biens de Saint Simon, la comtesse de Valentinois, il n’en fallu pas plus à l’antiquaire Gillard de Nogent-le-Roi (en Beauce), premier détenteur de l’œuvre, pour faire de ce portrait miraculeux d’une figure de l’histoire de France la nécessaire production du « premier peintre de l’Europe pour la ressemblance des hommes » (pour paraphraser Saint Simon). Vendue comme « Rigaud » après 1858, l’œuvre fut rachetée par le musée chartrain en 1863 où elle reste encore, malgré tout, cataloguée sous « Rigaud ».

Si l’identité du tableau de Chartres ne semble pas devoir être mise en doute, son appartenance au répertoire du Catalan doit cependant en être totalement rejetée aujourd’hui. N’ayant visiblement pas été tronqué d’un plus grand format, il ne peut en aucun cas correspondre par son format au prix tout à fait exorbitant du tableau peint par Rigaud en 1692. L’entier vocabulaire de la mode vestimentaire, trop tôt dans le siècle, ne concorde pas non plus avec l’établissement plus tardif du Catalan dans la capitale.

L’image juvénile de Saint Simon devint rapidement obsolète et ne fut pas diffusée par l’estampe. Il fallut attendre les années 1728, date à laquelle le duc reçu le cordon bleu de l’ordre du Saint Esprit, pour qu’une nouvelle iconographie voie le jour. Elle fut commandée par le modèle au peintre parisien Pierre Cavin (1670-1736) [11], surtout connu pour ses copies de grands maîtres.


Pierre Cavin, portrait du duc de Saint Simon, v. 1728. Collection privée.
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Modeste artiste issu de l’Académie de Saint Luc, il s’était en effet fait remarqué par ses répliques du portrait de Louis XIV en costume de sacre peint par Rigaud en 1701. Il en fit don d’un exemplaire en 1712 au couvent des Grands Augustins de la Place des Victoires, paroisse du Catalan à cette époque, ce qui fut signalé par Piganiol de La Force dans sa Description de Paris : « Le portrait du Roi Louis XIV a été peint par Cavin, peintre estimé surtout pour les bonnes copies, d’après le portrait original fait par Rigaud, le plus habile Peintre de nôtre tems pour le portrait » [12]. Devenu avec le temps l’« artiste à tout faire » de Saint Simon, Cavin travailla activement pour ses maisons, comme le montrent différentes quittances de portraits et autres « ouvrages de peinture » pour ses résidences à Paris ou à La Ferté émises entre le 23 janvier 1719 au 21 mai 1734.

Cependant, peu imaginatif, et au prix de quelques variantes, l’artiste se contenta pour son effigie du mémorialiste, d’adapter une posture inventée par Rigaud pour son effigie duc d’Antin ou du comte de Guldenleuw [13].

[...]

Son efficacité à contenter le duc de Saint Simon, à une époque où Rigaud était devenu fort cher [14], fut jugé suffisante pour que le portrait qu’il livra de son employeur monopolise l’iconographie, passant même pour une réplique d’un original de Rigaud. D’évidentes maladresses anatomiques avaient pourtant figé le visage du mémorialiste dans une image quelque peu engoncée qui rendait peu justice aux traits du modèle dont on reconnaît encore la forme des sourcils et la moue des lèvres. Pour paraphraser Georges Poisson, il n’en restait pas moins que les tableaux dus au modeste talent de Cavin ne laissaient pas de constituer les seuls éléments iconographiques et picturaux qui fassent alors référence, au point d’ailleurs d’être reprises en tête de toutes les éditions des Œuvres de Saint Simon et comme illustrations des expositions nationales dédiées au mémorialiste [15]. L’oubli dans lequel Cavin tomba rapidement expliquèrent sans doute que les estampes faites par Ingouf et de Mariage en contrepartie de son portrait du duc de Saint Simon, furent respectivement titrées comme réalisées « d’après Van Loo » et « d’après de Troy ». Lorsque le musée de Versailles en construction commanda en 1887 à Perrine Viger du Vigneau une réplique à l’huile de la toile originale, le nom de Cavin était déjà bien oublié puisque les différents catalogues du musée ont décrit l’image comme « dérivée d’un portrait attribué à François de Troy connu par une copie ancienne » [16].

Si Saint Simon avouait en 1696 que « Rigault était alors le premier peintre de l’Europe pour la ressemblance des hommes et pour une peinture forte et durable », le riccordo de l’ancienne collection Rochefort semble donc un témoin très précieux du travail du peintre sur l’image de celui qui allait être considéré comme le maître incontesté du portrait littéraire.
Comme c’est souvent le cas, il reste cependant difficile de retracer l’historique du tableau avant sa publication comme issue de la collection Rochefort. Lorsque les notaires Guillaume Claude Delaleu et son confrère Doyen furent chargés d’effectuer, à partir du 13 mars 1755, l’inventaire des biens du duc, répartis dans son hôtel parisien de la rue de Grenelle où il mourut et au château de La Ferté-Vidame, ils ne firent, ainsi que cela se pratiquait, que peu de véritable description des « portraits de famille » [17]. Tout juste sut-on, grâce à l’expertise de Gabriel Cornu, peintre à l’Académie de Saint Luc, que Saint Simon s’était constitué une belle collection de tableaux italiens où se côtoyaient les noms de Bassan, Corrège, Reni, Véronèse, Léonard de Vinci, Titien… mais aussi de Le Brun et Jordaens. Les portraits, quant à eux, étaient considérés par tradition comme des biens domestiques, « prisés pour mémoire », la plupart du temps légués d’un bloc aux héritiers pour en disposer comme bon leur semble. Le duc n’avait pas dérogé à la règle, notifiant par testament ses dernières volontés : « Je donne et substitue à ma petite-fille et unique héritière, la Comtesse de Valentinois, tous les portraits que j’ay à La Ferté et chés moy à Paris, qui sont tous de famille, de reconnoissance, ou d’intime amitié. Je la prie de les tendre et de ne les pas laisser dans un garde meuble » [18].

La duchesse renonça pourtant rapidement à la succession par acte passé devant Me Baron, le 4 septembre 1755, laissant à sa propre nièce, Marie Christine Grimaldi (1728-1774), comtesse de Valentinois, née de Saint Simon de Ruffec, le soin de se charger de l’héritage. On ne sait ce que devinrent individuellement les tableaux. L’inventaire des notaires avait pourtant noté à Paris, en marge des œuvres expertisées par Cornu, un portrait de Madame de Pontchartrain, un autre de la duchesse de Berry et un autre du maréchal de Lorges. Plus nombreux furent les item conservés à la Ferté. Dans un petit cabinet jouxtant celui « en Bibliothèque », on voyait les portraits de Madame de Gamache et de la princesse de Conty. Au dessus de la cheminée, était accroché une réplique du portrait devenu célèbre de son voisin et mentor, Armand Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), abbé de la Grande Trappe, peint en 1696 par Rigaud à la demande de Saint Simon [19].


Atelier d’Hyacinthe Rigaud, Portrait de l’abbé de La Trappe.
Carpentras, musée des Beaux-arts. Zoom : cliquez l’image.
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Dans le grand cabinet, on trouvait les effigies du cardinal de Noailles, du cardinal Gualterio et du Régent, trois personnages peints également par Rigaud en 1690, 1706 et 1689 mais sans que l’on puisse nécessairement dire s’il s’agissait ici de ces créations. En effet, François de Troy avait lui aussi figuré Noailles laissant à Jean-Baptiste Santerre, le soin d’immortaliser les traits du Régent. Jouxtant les même murs, les notaires signalèrent un portrait de Madame de Saint Simon « en ovale », sans doute l’une des versions décrites par Poisson dans son important article de 1975 [20]. Dans une garde robe, on trouvait un exemplaire de l’estampe figurant le cardinal Dubois, par Pierre-Imbert Drevet d’après Rigaud et, dans la chambre à coucher qui lui faisait suite, un portrait de Louis XIII sur toile accompagné de « onze tableaux qui sont des Portraits de famille ». Dans une chambre au premier étage ayant vue sur le parc, étaient enfin accrochés cinq tableaux sur toile et dans une autre, dont on fit l’inventaire le même jour que celui de la chapelle du château, les portraits « de la feue Duchesse » et du duc de Saint Simon, ce dernier encadré dans la boiserie.

S’agissait-il du grand tableau de 1692 ? Impossible d’avancer la moindre thèse en ce sens. La réapparition du beau riccordo de la vente Sotheby’s permet donc d’imaginer la splendeur du tableau original aujourd’hui disparu, tout comme les murs qui probablement l’ont porté.

Stéphan Perreau, Hyacinthe Rigaud, le peintre des rois.


Qui n’a jamais rencontré ce Louis XIV en majesté au fil des pages de ses livres d’écolier ? Qui n’a désormais associé le Roi-Soleil à cette effigie grandiose, symbole du pouvoir absolu et de la magnificence de la cour de Versailles ? L’auteur de ce tableau, le Catalan Hyacinthe Rigaud (1659-1743), s’était, après de solides études d’art, rapidement spécialisé dans le portrait, un genre tenu pour mineur à cette époque et auquel il donna ses lettres de noblesse. Due à la perfection de ses ressemblances et de ses jeux d’étoffes, sa renommée fit le tour de l’Europe, et lui permit de peindre quasi toutes les têtes couronnées de son temps. Son atelier bourdonnait d’activité pour satisfaire à la demande, sans cesse grandissante, de tout ce que comptaient Paris, et même la province, de seigneurs, prélats et bourgeois désireux de s’offrir les services du maître. Pourtant, ni sa vie ni sa peinture n’avaient jusqu’à présent fait l’objet d’une monographie d’ensemble. Et ses œuvres, conservées aux quatre coins du monde, attendent encore d’être réunies au sein d’une vaste exposition. Cet ouvrage explore donc pour la première fois l’intimité et l’art du peintre, s’attachant à comprendre sa technique, ses doutes, ses joies et sa position dans le siècle. Le récit alerte de Stéphan Perreau, appuyé sur une abondante documentation, et l’iconographie, jamais encore aussi largement rassemblée, nous permettent d’apprécier enfin à leur juste mesure le talent et les mérites d’Hyacinthe Rigaud, l’un des plus prestigieux portraitistes français.

Commandez le catalogue de l’oeuvre complet de Hyacinthe Rigaud.

Catalogue des œuvres de Hyacinthe Rigaud.
De la gloire à l’émotion, Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud.

Note du 7 décembre 2016 : Stéphan Perreau a décidé de mettre en ligne son catalogue raisonné des oeuvres de Hyacinthe Rigaud. « C’est le premier site numérique entièrement dévolu au peintre. Outil simple et pratique, il propose l’ensemble des productions peintes, dessinées et gravées par et d’après l’artiste. Ordonné de manière scientifique et à jour des dernières récouvertes, il reprend notre catalogue raisonné, entamé il y a plus de vingt ans, et publié en partie en 2013 sous forme d’un catalogue concis (Sète, Les nouvelles presses du Languedoc). »
On ne peut que remercier l’auteur-pionnier du catalogue de sa généreuse initiative.

*

[1Cf. Gallica.

[2Rigaud est né à Perpignan le 18 juillet 1659 et mort à Paris le 29 décembre 1743.

[3Les Klabin avait émigré en Angleterre à la fin du XIXe siècle pour fuir les persécutions du Tsar contre les Juifs, avant de s’établir au Brésil dans les années 1910. Le tableau fut acquit en 1935 par Luba Klabin (1888-1969) et conservé dans ses collections à Sao Polo. Il passa par héritage à son fils Horacio (1918-1996) à Rio de Janeiro, puis au fils de ce dernier, Claudio, qui le donna en 2005 à un collectionneur privé.

[4L’Art français au XVIIIe siècle. Exposition organisée sous le haut patronage de Sa Majesté Léopold II, Roi des Belges par la Société française de bienfaisance de Bruxelles, janvier-février-mars, 1904, p. 144, n° 59.

[5Perreau, 2013, cat. *P.490, p. 127. Malgré sa fortune, le prince n’aurait pas eu véritablement de raison d’avoir commandé une autre composition que celle de 1697 qui se voulait, elle, commémorative du trône de Pologne que Louis XIV venait de lui offrir.

[6Et ceci, même si l’on sait que certains portraits attestés du maître ne furent pas portés aux livres de comptes. Ces « oubliés » figurent cependant en trop faible minorité pour que la règle du doute ne prenne le pas sur l’exactitude de ces livres de comptes, très largement vérifiée.

[7Paris, bibliothèque de l’Institut de France, ms. 624, f° 7 v°. Roman, 1919, p. 29 (ne localisait pas le riccordo) ; Stéphan Perreau, Catalogue raisonné de l’œuvre d’Hyacinthe Rigaud, Sète, 2013, cat. P.276, p. 96-97 (ill. P. 276-1).

[8Paris, bibliothèque de l’Institut de France, ms. 625, 1695, f° 2 v° : « une esquisse de Mr le duc de St Simon ». Le Roy était maître peintre à l’Académie de Saint Luc et habitait rue Montmartre.

[9Huile sur toile ovale, 65,5 x 55,5 cm. Inv. 5409. Inscription à gauche (ôtée après restauration) : Duc de St Simon Vidame de Chartres ; Reportée au dos, sur la traverse du châssis ; traces de cachets de cire rouge.

[10Les différents catalogues du musée sont d’ailleurs le reflet de cette constante interrogation : Cat. Chartres 1863, n°72 (Rigaud) ; Cat. Chartres 1893 (comme auteur inconnu) et la note : « a été attribué à Mignard » ; Cat. Chartres 1931 (comme attribué à Largillière).

[11Georges Poisson, « Rigaud, Cavin et Saint-Simon », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art Français, 1975, p. 191-205.

[12Jean-Aymar Piganiol de La Force, Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de Saint-Cloud, de Fontainebleau et de toutes les belles maisons & Châteaux des environs de Paris, tome 2, Paris, 1742, p. 560.

[13Perreau, op. cit., cat. P.1108 et P.345.

[14On sait en effet que de nombreux artistes au sein de l’Académie de Saint Luc (dont Cavin dépendait), s’exerçaient à la duplication de postures crées par Rigaud. Librement ou redevables au créateur, ils palliaient ainsi à l’indisponibilité du maître débordé et participaient à sa publicité (Stéphan Perreau, op. cit., « À l’école de Rigaud, pastiches et suiveurs », p. 42).

[15Des estampes d’après le tableau de Cavin furent notamment diffusées dès la fin du XVIIIe siècle par Ingouf comme « d’après Van Loo » puis au XIXe siècle par Mariage comme « d’après de Troy ».

[16Claire Constans, musée national du château de Versailles, Catalogue, les peintures, volume II, 1995, cat. 5264, MV 6656, p. 936.

[17Paris, archives nationales, CVIII, 511, res. 1155. Décrit et cité par Armand Baschet, Le Duc de Saint-Simon, son Cabinet et l’historique de ses manuscrits d’après des documents authentiques et entièrement inédits, Paris, 1874, p. 65.

[18Testament de Louis de Rouvroy de Saint Simon, déposé le 2 mars 1755 à l’étude de Delaleu.

[19L’original fut donné par le duc à l’abbaye où il est toujours conservé. Dans son autobiographie de 1716 Rigaud relate brièvement la genèse de ce tableau : « M. le duc de Saint-Simon, intime ami de M. de Rancé, abbé de la Trappe, désirant avoir le portrait d’un si grand homme, et n’ayant pu l’obtenir de lui, détermina Rigaud par beaucoup de prières, d’aller avec lui à cette abbaye […] pour y peindre d’idée ce saint homme. Il y resta quatre jours avec ce seigneur, et pendant ce temps-là, il fit, par un effort d’imagination, la ressemblance si parfaite de cet homme de Dieu, que tous ceux qui l’ont connu regardent cet ouvrage comme un chef-d’œuvre de l’art. Le tableau a cinq pieds de haut. Cet illustre abbé y est peint assis, méditant devant un crucifix qui est sur son bureau ; il a la plume à la main comme un homme qui compose, ayant plusieurs de ses ouvrages autour de lui. Le fond du portrait est la cellule qu’il habitoit. M. le duc de Saint-Simon le garde précieusement » (Rigaud, 1716, dans Mémoires des membres de l’Académie, Paris, 1854, p. 118).

[20L’une à Paris (ancienne collection Oberkamp et l’autre anciennement au château de Chasnay dans la Nièvre. Poisson, 1975, fig. 9, p. 201.

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3 Messages

  • A.G. | 5 février 2017 - 12:19 1

    Temps fort de l’été 2017 : ouverture du nouveau musée d’art Hyacinthe Rigaud à Perpignan

    En juin 2017, la ville de Perpignan, surnommée « la Catalane », offre à ses habitants et à ses visiteurs un musée nouvelle génération en plein cœur de son centre historique et dans un site patrimonial remarquable entièrement reconfiguré. Le nouveau musée d’art Hyacinthe Rigaud, ainsi baptisé en mémoire du célèbre peintre perpignanais de la fin du XVIIe siècle, fera rayonner le pouvoir d’attractivité et d’effervescence artistique d’un territoire qui a accueilli Matisse, Dufy, Maillol, Miro, Picasso, Dali,… ouverture prévue le 24 juin.
    Et pour donner le « la » d’une programmation exigeante et alléchante, le musée rouvrira ses portes après 3 ans de fermeture, non seulement avec un parcours permanent allant du XIIIe au XXe siècle, mais aussi avec une importante exposition « Picasso à Perpignan », révélant l’influence des séjours perpignanais sur l’œuvre de l’artiste espagnol. LIRE ICI.


    Hyacinthe Rigaud, Autoportrait au ruban.
    Zoom : cliquez l’image.
    GIF


  • A.G. | 7 décembre 2016 - 18:13 2

    J’apprends que Stéphan Perreau a décidé de mettre en ligne son catalogue raisonné des oeuvres de Hyacinthe Rigaud. « C’est le premier site numérique entièrement dévolu au peintre. Outil simple et pratique, il propose l’ensemble des productions peintes, dessinées et gravées par et d’après l’artiste. Ordonné de manière scientifique et à jour des dernières récouvertes, il reprend notre catalogue raisonné, entamé il y a plus de vingt ans, et publié en partie en 2013 sous forme d’un catalogue concis (Sète, Les nouvelles presses du Languedoc). »
    On ne peut que remercier l’auteur-pionnier du catalogue de sa généreuse initiative.


  • A.G. | 3 décembre 2016 - 14:51 3

    Suite à mon article, j’ai reçu ce mail de Mme Catherine Plisson qui apporte des précisions. Je le reproduis volontiers.

    Monsieur,

    Je voudrais vous remercier de [votre] article honnête et courageux en réponse à Alain Goetz.

    En regardant la notice concernant Saint-Simon dans le catalogue raisonné d’Ariane James-Sarazin, j’ai été surprise de lire qu’elle aurait eu un échange de courrier avant la vente, avec Sotheby’s New York, dans lequel elle leur aurait écrit que le tableau était un "ricordo du Duc de Saint Simon".
    Ce qui ne correspondait pas avec ce qui était dans le catalogue de la vente, 5 mois plus tard.
    Pour en avoir le coeur net, nous avons demandé à Sotheby’s ce qu’il en était, et voilà la réponse :
    « Please note that there was a Sales Room Announcement read by the auctioneer before the lot was offered which stated : Please note the present lot depicts Louis Rouvoy, duc de Saint-Simon (1675-1755) and is likely a riccordo created by Rigaud’s workshop (see S.Perreau, Hyacinthe Rigaud. Le Peintre des Rois, Montpellier 2004, pp.96-97, discussed under P.276) »

    Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. J’ai eu aussi la désagréable surprise de trouver dans le catalogue raisonné d’AJS plusieurs de mes propres photos dont j’avais donné l’exclusivité à Stephan Perreau, avec des informations qu’elle ne pouvait pas avoir eu et qu’elle a copié-collé dans le catalogue concis et le blog de Stephan.

    Un autre exemple dont on a beaucoup parlé est la découverte du portrait de l’évêque Thimoléon de Cossé-Brissac. Elle cite sa lettre à la galerie Marty de Cambiaire en date du 2 avril 2013, mais oublie de dire que la découverte en revient à Stephan Perreau, car la sortie du tableau sale et troué, du grenier où il était remisé, a eu lieu le 12 janvier 2013, j’y étais et cela m’amusait de voir le propriétaire, accroupi devant la toile, fasciné par tout ce que lui expliquait Stephan Perreau, sur la technique de la peinture de Rigaud dont il reconnaissait les détails caractéristiques, avant de passer une bonne partie de la matinée à situer l’évêque et sa carrière dans l’histoire de son époque. Le propriétaire nous dit qu’il en parlerait à deux conservateurs spécialistes de l’art religieux dans la région, ce sont vraisemblablement eux qui en ont parlé à leur collègue du musée d’Angers, à une dizaine de km du château de Brissac !
    Suite à cette visite le propriétaire écrivit le 14 janvier 2013 à Stephan Perreau pour le remercier de "ce moment passionnant de découverte" lui souhaitant bon courage pour l’arrivée du catalogue concis.

    Je trouve très "moche" ce pillage du travail des autres, et je trouve fort malhonnête aussi de laisser croire qu’il n’y a qu’elle qui a travaillé sur Rigaud, qu’elle est la première, et que rien d’important n’a été écrit avant elle.
    J’aime bien ce que produisent les éditions FATON, dont je suis une lectrice depuis les débuts, et je ne voudrais pas faire d’action judiciaire qui risquerait de les mettre en péril dans une période difficile pour eux et que la sortie de ce livre fort onéreux ne va pas arranger.
    Mais ce pillage systématique du travail d’un autre me révolte.
    C’est pourquoi votre article sur Saint Simon qui rend à chacun sa part, est réconfortant.

    Bien cordialement.
    C.Plisson