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In girum

D 1er janvier 2000     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Tout d ?abord, merci pour avoir relevé cette séquence du film "In girum imus nocte et consumimur igni", 1978, de Guy Debord, dédiée à Venise et dont un extrait est visionnable plus avant, une mise en cause de la société de consommation capitaliste, et de la condition d ?esclave moderne qui y est associée.

« Je m’étonne qu’un "debordien" tel Philippe Sollers n’ait cité celui-ci
depuis
"In girum imus nocte et consumimur igni ", »
dîtes-vous. Et si je traduis bien, Sollers ne citerait plus Debord ?depuis 1978. Pourtant dans son Dictionnaire amoureux de Venise, 2004, Sollers consacre à Debord une des entrées les plus longues de ce livre (10 pages). Et In Girum, y est amplement cité et commenté.

La cible de Debord est l ?Employé. Il y a les maîtres, il y a les employés.
Les employés ?
« Quel respect d ?enfant pour des images ! Il va bien à cette plèbe des vanités, toujours enthousiaste et toujours déçue, sans goût parce qu ?elle n ?a eu de rien une expérience heureuse , et qui ne reconnaît rien de ses expériences malheureuses parce qu ?elle est sans goût et sans courage : au point qu ?aucune sorte d ?imposture, générale ou particulière n ?a jamais pu laisser sa crédulité intéressée. »
[...] « un film qui méprise cette poussière d ?images qui le composent ». Renversement de la formule de Saint Just à la Convention : "Je méprise cette pousière qui me constitue et qui vous parle." Or Debord, précisément pense et parle.

« Oui, je me flatte de faire un film avec n ?importe quoi ; et je trouve plaisant que s ?en plaignent ceux qui ont laissé faire de leur vie n ?importe quoi. »
[...]

Et voici Venise. La voix dit : « J ?ai mérité la haine universelle de mon temps et j ?aurais été fâché d ?avoir d ?autres mérites aux yeux d ?une telle société. »
Les travellings sur l ?eau, s ?éloignant de la Giudecca en direction de Venise, puis longeant un mur aveugle de l ?île San Giorgio, ou dans le canal de la Giudecca et vers cette île ?

ou bien,

La voix : Allusion à « passer la rivière et se reposer à l ?ombre des arbres » d ?un général sudiste repris par Hemingway.[?]
Image : « Travelling sur l ?eau, tout au long des murs de l ?Arsenal de Venise. »

La voix : « Avions-nous à la fin rencontré l ?objet de notre quête ? Il faut croire que nous l ?avions au moins fugitivement aperçu. »
Image : « Travelling sur l ?eau ; l ?entrée du port de l ?île san Giogio »

ou encore ce travelling sur l ?eau, par le travers de la pointe de la Dagona, suivis des portraits des dadaïstes en groupe, du Cardinal de Retz et du général Von Clausewitz

Extrait de In girum
( Travellings sur Venise à peu près au milieu)

[ titre du film en forme de palindrome latin signifiant : « Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu ».]

*

« De toute façon, on traverse une époque comme on passe la pointe de la Dogana, c’est à dire plutôt vite. » dit Debord que vous citez. Dernière remarque : selon que l ?on est sur l ?eau ou à terre, on peut y passer vite, ou s ?asseoir sur un banc rouge des Zattere, et Philippe Joyaux le fait volontiers (A Venise, les bancs publics ne sont pas verts mais rouges. C ?est vrai que la verdure n ?est pas ce qui est le plus visible à Venise et sans être omniprésente, la brique rouge fait davantage partie du paysage ? de l ?influence des paysages sur la couleur des bancs publics !) On s ?assied aussi volontiers sur les marches de la Salute :


Santa Maria della Salute, Venise
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La Salute

Je suis resté là, souvent, dans la nuit, assis sur les marches du grand escalier. Le quai élargi est grandiose. En face, au loin, le Grand Canal, ses hôtels, ses dîneurs, son bruit humain. À droite, la pointe de la Dogana. Nous sommes ici dans l ?autre Venise. L ?église de la santé vous salue.
[?]
Le 21 novembre, ici, procession en hommage à l ?intercession de la Vierge lors de la grande peste de 1630. Pont de bateaux sur le Grand Canal vers ce magnifique hôpital désert. Tout ce qui se passe la nuit derrière la Salute, jardins invisibles, terrasses devinées, sotoporteghos à peine éclairés, coudes brusques vers les Zattere, murs, silence, eau noire, est indéfinissable, léger, frais, suspendu, secret. Je me surprends souvent à Venise, au détour d ?un coup de soleil dans les mâts, en fin d ?après-midi, à penser « les dieux sont là ». Et en effet, ils sont là.

Philippe Sollers,
Dictionnaire amoureux de Venise, Éditions Plon, 2004. Dessins d ?Alain Bouldouyre.

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Dictionnaire amoureux de Venise, p.181

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