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La Chine veut décrocher la Lune

suivi de : XI Jinping en visite d’état en France

D 9 mai 2024     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


PARTIE 1. - 4 mai 2024 : Le parti pris d’Eugène Sue, sur LCI, est consacré au lancement par la Chine, le jour même, d’une sonde en direction de la face cachée de la Lune. Objectif : ramener des échantillons de roches de cette face cachée – une première mondiale . A cette occasion, Eugène Sue dresse le portrait de cette nouvelle Chine conquérante, une synthèse concise et percutante !


La Chine veut collecter environ deux kilos d’échantillons lunaires sur la face cachée de la Lune et les ramener sur Terre à des fins d’analyse. (photo d’illustration)© Fournis par La Tribune

La Chine poursuit ses ambitions spatiales. Pékin a lancé ce vendredi 4 mai 2024, la sonde spatiale Chang’e-6 pour collecter des échantillons sur la face cachée de la Lune, selon un média d’Etat. Une première mondiale et une avancée pour l’ambitieux programme du pays.

Une fusée transportant la sonde a décollé du Centre de lancement spatial de Wenchang, sur l’île tropicale de Hainan (sud), peu avant 17h30 (10h30 en France), a indiqué l’agence Chine Nouvelle. Des centaines de spectateurs se sont rassemblés à proximité pour assister à la dernière avancée du programme spatial chinois.

L’agence d’Etat Chine Nouvelle a salué ce lancement comme « la première entreprise de ce type dans l’histoire de l’exploration humaine de la Lune ». « L’ensemble de la mission comporte de nombreux défis, chacune des étapes étant liées entre elles et est éprouvante pour les nerfs », a déclaré à Chine Nouvelle Wang Qiong, concepteur en chef adjoint de la mission Chang’e 6.

Il s’agit du dernier projet de la Chine, qui, selon Washington, déguise un programme spatial militaire sous l’apparence d’un programme civil.

La mission Chang’e-6 a pour objectif de collecter environ deux kilos d’échantillons lunaires sur la face cachée de la Lune et de les ramener sur Terre à des fins d’analyse. Il s’agit d’une mission techniquement complexe, d’une durée de 53 jours, qui consiste notamment à lancer une sonde sur cet hémisphère de la Lune qui tourne le dos en permanence à la Terre. En 2019, la Chine avait déjà posé un engin sur la face cachée de la Lune mais il n’avait pas rapporté d’échantillons.


« Chang’e 6 » : La Chine a lancé une sonde pour collecter des échantillons sur la face cachée de la Lune

Des échantillons précieux pour la recherche

La sonde doit se poser dans le bassin Pôle Sud-Aitken, l’un des plus grands cratères d’impact connus du système solaire. Une fois sur place, elle ramassera du sol et des roches lunaires et mènera des expériences dans la zone où elle aura atterri. Sa mission terminée, elle doit revenir vers la Terre et atterrir au Centre de lancement spatial de Wenchang.

Selon les scientifiques, la face cachée de la Lune - appelée ainsi parce qu’elle est invisible depuis la Terre et non parce qu’elle ne capte jamais les rayons du soleil - est très prometteuse pour la recherche, car ses cratères sont moins recouverts par d’anciennes coulées de lave que ceux de la face proche. Cela pourrait donc signifier qu’il sera plus facile de collecter des matériaux afin de mieux comprendre comment la Lune s’est formée.

« Les échantillons collectés par Chang’e-6 auront un âge géologique d’environ 4 milliards d’années », a estimé Ge Ping. « La collecte d’échantillons lunaires provenant de différentes régions et de différents âges géologiques et la réalisation d’expériences sont d’une grande valeur et d’une grande importance pour l’humanité », a-t-il ajouté.
Chang’e-6 est la première des trois missions sans équipage envoyée sur la Lune prévues par la Chine pour cette décennie. Ensuite Chang’e-7 explorera ainsi le pôle sud lunaire à la recherche d’eau, tandis que Chang’e-8 tentera d’établir la faisabilité technique de la construction d’une base sur le satellite naturel de la Terre, Pékin affirmant qu’un « modèle de base » sera achevé d’ici à 2030.

Un vaisseau arrimé à la station spatiale Tiangong

Vendredi dernier, un vaisseau spatial chinois s’est « arrimé avec succès » à la station spatiale Tiangong, ont annoncé les médias d’Etat chinois, dans le cadre d’un programme visant à envoyer des astronautes sur la Lune d’ici à 2030.
Les trois astronautes de la mission Shenzhou-18 avaient décollé à bord d’un vaisseau spatial, installé sur une fusée porteuse Longue Marche-2F, du centre de lancement de satellites de Jiuquan, dans le nord-ouest de la Chine, à 20H59 heure locale (12H59 GMT). Le lancement est considéré comme « un succès complet », a rapporté l’agence d’État Chine Nouvelle.

Lire aussi Chine, Russie, Iran, Corée du Nord : le nouveau pacte des autocrates ?
L’équipage devrait rester dans la station Tiangong (« Palais céleste ») pendant six mois, pour mener des expériences dans « les domaines de la physique fondamentale en microgravité, de la science des matériaux spatiaux, des sciences de la vie spatiale, de la médecine spatiale et de la technologie spatiale », a indiqué CMSA.
Coup d’accélérateur au « rêve spatial » de la Chine

Le président Xi Jinping a donné un coup d’accélérateur au « rêve spatial » de la Chine. La deuxième économie mondiale a injecté des milliards de dollars dans son programme spatial militaire afin de rattraper les Etats-Unis et la Russie. Pékin a pour objectif d’envoyer un équipage chinois sur la Lune d’ici à 2030 et prévoit de construire une base sur la surface lunaire.

La Chine est exclue de la Station spatiale internationale depuis 2011, date à laquelle les Etats-Unis ont interdit à la NASA de collaborer avec Pékin. La Chine a alors développé son propre projet de station spatiale.

La France envoie son premier instrument sur la Lune

La sonde chinoise Chang’e 6 embarque un instrument scientifique franco-chinois, le premier jamais envoyé par la France sur la surface lunaire. DORN (Detection of Outgassing RadoN) est un des quatre instruments étrangers voyageant à bord de Chang’e 6. L’instrument de 4,5 kg est dédié à la mesure du radon, un gaz radioactif produit de façon continue dans le sol lunaire (appelé régolithe) par la désintégration de l’uranium, précise le Centre national d’études spatiales (Cnes) qui pilote le projet.
Pour la première fois, l’instrument mesurera la concentration de ce gaz présent à la surface, ce qui permettra d’étudier l’atmosphère extrêmement ténue de notre satellite naturel appelée exosphère, ajoute l’agence spatiale française.
(Avec AFP)

Crédit : MSN.com

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PARTIE 2. Xi Jinping en France : un chef d’État inflexible

France 2 - A. Miguet, G. Caron, J. Poissonnier, L. Le Moigne
France Télévisions

C’est l’image du dimanche 5 mai 2024 : l’arrivée du président chinois en France, accueilli par le Premier ministre. Une visite d’État pendant laquelle les sujets de tension et de discussion potentiels ne manquent pas.

L’accueil est protocolaire mais sobre pour l’un des hommes les plus puissants au monde, qui dirige la Chine depuis 11 ans. Xi Jinping, 70 ans, en est le maître incontesté. Au-delà du culte de la personne, jamais un dirigeant chinois n’a concentré autant de pouvoir aussi longtemps. Il a changé la Constitution pour rester président à vie et contrôle le parti qui dirige le pays.

Une main de fer

Un air débonnaire et une main de fer. Des ministres, généraux et un ancien patron d’Interpol arrêtés au nom de la lutte contre la corruption. Lorsque son prédécesseur est humilié lors d’un congrès, Xi Jinping reste de marbre.

Il a aussi connu l’humiliation lorsque son père, ex-compagnon de route de Mao, est tombé en disgrâce. Aujourd’hui héritier du grand timonier, Xi Jinping resserre l’étau, à l’image de la reprise en main de Hongkong. Au Xinjiang, des Ouïghours apparaissent menottés, les yeux bandés. À l’étranger, les frictions ne manquent pas. La Chine n’a jamais condamné l’invasion des troupes russes en Ukraine, préférant mettre en avant son amitié "sans limite" avec Poutine.

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Le contexte de cette visite d’état et le dessous des cartes

Par Julien Peyron, envoyé spécial à Pékin
Le Point, 2 mai 2024


Emmanuel Macron et Xi Jinping buvant le thé dans la résidence du gouverneur de la province de Guangdong à Canton le 7 avril 2023

« Pékin ne répond plus » était le titre d’un article du Point du 2 mai, rendant compte de la visite préparatoire, à Pékin, de notre ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné alors que les relations entre la Chine et l’Occident sont au plus mal. Mais Emmanuel Macron, après sa visite d’état en Chine en 2023, entendait profiter de « L’année de la France en Chine », célébrant le 60ème anniversaire des relations entre les deux pays pour organiser une visite d’état de Xi Jinping en France.

De fait, les deux pays ont rarement paru aussi éloignés depuis soixante ans, à l’image des vols d’Air France vers Pékin, qui mettent près de deux heures de plus pour rallier la capitale depuis qu’ils ne survolent plus le territoire russe. Le fossé apparu lors de la pandémie de Covid s’est creusé avec les guerres en Ukraine puis au Proche-Orient. La « désoccidentalisation » de la Chine est visible jusque dans les rues de la capitale. Les bars du quartier Sanlitun, naguère repaire d’Occidentaux, ont fermé. Ils ont été remplacés par des boutiques de luxe pour riches Chinois. Pour tenter de faire revenir les touristes et les investisseurs européens, les autorités viennent de lever l’obligation de visa pour les visiteurs de certains pays, dont la France. « Pour l’instant, on ne voit pas de vague arriver », se désole un employé d’un palace pékinois sur le toit-terrasse de l’hôtel, qui domine la ville.

Stéphane Séjourné est resté moins de vingt-quatre heures à Pékin. Juste de quoi jeter les bases de la venue en France du président Xi ]inping les 6 et7 mai. Une visite d’Etat « montée à l’arrache »et dont l’organisation a tourné au « casse-tête », selon Philippe Le Corre, professeur affilié à l’Essec et auteur d’un récent rapport pour le Parlement européen sur les relations UE-Chine. Une source à l’Élysée se défend : si le programme a longtemps été incertain, c’est que le protocole va être « cassé » afin que les présidents « aient le temps de se dire des choses de manière très franche ». Les équipes présidentielles se sont creusé la tête pour imaginer le nouvel épisode de la série sur la« relation personnelle » entre Emmanuel Macron et Xi Jinping. Le premier acte les avait vus prendre le thé à Canton, capitale du Guangdong. Fait rare, Xi Jinping était sorti des conversations « scriptées » et avait évoqué quelques souvenirs d’enfance datant de l’époque où son père, Xi Zhongxun, dirigeait la province. « En tout, ils ont discuté près de sept heures durant Quel autre dirigeant mondial a eu autant d’égards ? » fait ê valoir le conseiller élyséen. Grand ; spécialiste de la Chine, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin confirme : « Macron est le dirigeant du monde occidental que Xi Jinping connait le mieux. » Pour le match retour en France, il s’agit donc de se montrer à la hauteur. Si le programme débute avec du « classique » (réception aux Invalides, diner d’Etat à l’Elysée), l’accent doit être mis sur le second jour et le « côté personnel ». Plusieurs scénarios ont été avancés. Xi Jinping aurait voulu se rendre à Versailles, pour célébrer en personne le partenariat entre le château de Louis XIV et la Cité interdite. Malaise côté français. L’image aurait trop rappelé celle de Vladimir Poutine déambulant dans la galerie des Batailles, en mai 2017, à l’époque où Emmanuel Macron, à peine élu, s’illusionnait encore sur la relation qu’il pourrait construire avec le despote du Kremlin. Les deux parties finissent par trouver un terrain d’entente dans les Pyrénées, au pays de Manette :

Macron va emmener Xi Jinping sur les traces de sa grand-mère adorée, décédée en 2013. Le temps d’une courte randonnée, ils vont pouvoir afficher leur proximité. La photo des deux présidents en bras de chemise devrait à nouveau faire le tour du monde et venir s’ajouter à la galerie des couples présidentiels franco-chinois. [C’était sans compter sur le temps « dantesque » qui a régné lors de cette escapade pyrénéenne avec neige et pluie.]

Mais l’image devrait être rapidement ternie. Xi a en effet refusé de consacrer sa première visite en Europe depuis 2019 à la seule France, malgré les demandes insistantes de l’Élysée. Il s’envolera ensuite pour la Hongrie et la Serbie, les deux pays du continent dont les dirigeants sont les plus proches de la Russie. La proximité de Poutine avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, et le président serbe, Aleksandar Vucic, « les deux porte-parole de Pékin en Europe », dixit Philippe Le Corre, est un sujet de discorde au sein de l’UE. La mini-tournée européenne du président chinois est perçue à Bruxelles comme une provocation, à quelques semaines des élections au Parlement européen. Ultime affront, Xi pourrait prononcer un discours à Belgrade devant l’ambassade de Chine, bombardée par les États-Unis lors de la campagne de l’Otan, il y a vingt-cinq ans jour pour jour, le 7 mai 1999. « Un événement isolé et tragique », selon les mots adressés à l’époque par Bill Clinton à son homologue chinois, Jiang Zemin. En choisissant de raviver ce souvenir, Xi Jinping entend relancer les accusations de « deux poids, deux mesures » contre un Occident jugé belliqueux, de l’ex-Yougoslavie à l’Ukraine en passant par le Proche-Orient. De quoi éclipser rapidement¬et durablement-la visite d’amitié dans les Pyrénées...

Dérive. La France est consciente que la position « neutre » de la Chine penche en réalité de plus en plus du côté russe. Mais elle n’a pas renoncé à en faire un intermédiaire entre l’Occident et ses ennemis déclarés. Au risque de voir Macron commettre avec Xi Jinping la même erreur qu’avec Poutine, selon certains. « Faire de la Chine un agent de la paix en Europe... Personne n’y croit sérieusement », tranche Mathieu Duchâtel, directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne. Il observe une « inexorable et inquiétante dérive prorusse de la part des autorités chinoises ». Philippe Le Corre partage ce verdict. « On en est au point où on leur parle de l’Ukraine car il faut en parler, tout en sachant que cela n’a aucun impact, dit-il. La Chine bénéficie de cette guerre économiquement et n’a aucun intérêt à aider l’Occident. » Du côté de l’Élysée, un conseiller balaie les accusations de naiveté. « On est lucides, on sait bien que Xi ne va pas appeler Poutine demain et siffler la fin de la guerre. C’est un processus. La Chine est le seul pays à disposer d’un tel levier avec la Russie. Il est important de garder les canaux ouverts, surtout au plus haut niveau. Le moment venu, nous pourrions en avoir besoin. À nous de faire en sorte de disposer également de leviers sur la Chine pour la faire bouger. »

C’est ainsi que la diplomatie françaises’ est adaptée au système chinois et s’est mise à faire du « transactionnel ». Le terme est désormais ouvertement assumé-et employé- par Stéphane Séjourné. Une petite révolution au Quai d’Orsay, où on a longtemps préféré les grandes déclarations aux négociations « donnant-donnant ». Lors de la visite de Xi Jinping à Paris, il ne devrait pas être beaucoup question des droits de l’homme et des Ouïgours. C’est surtout le sujet des enquêtes anti-subventions européennes qui sera au menu des discussions. Car Pékin voit la main de Paris derrière la multiplication des investigations visant les voitures électriques, les panneaux solaires ou encore les matériels de soins médicaux chinois. Preuve en est : elle contre-attaque en ciblant le cognac et les eaux-de vie françaises. « Le bon côté de ce bras de fer, c’est que la Chine considère désormais la France comme l’acteur principal en Europe », tente de se rassurer un diplomate en poste en Asie. Il rappelle qu’autrefois les Chinois activaient leurs réseaux allemands dès qu’ils voulaient faire pression sur Bruxelles. La coalition allemande leur paraissant fragile, ils se tournent désormais vers la France. « La"séniorité" de Macron au sein de l’UE fait de lui l’intermédiaire naturel de Xi », analyse Stéphane Séjourné. La récente visite d’Olaf Scholz à Pékin n’ayant débouché sur rien de concret, la France espère qu’elle aura plus de succès en martelant son message : le soutien de la Chine à la Russie a un coût dans sa relation avec l’Europe, son premier partenaire commercial. A l’heure où les dirigeants chinois peinent à relancer leur économie, l’argument prend du poids. Pour tenter de se faire entendre des Chinois, Paris met en avant de rares sujets de convergence. Autrefois chasse gardée de Pékin, la Corée du Nord s’est récemment rapprochée de Moscou. Depuis la visite de Kim Jong-un en Russie en septembre 2023, le dictateur coréen est devenu le premier fournisseur d’obus de Poutine. Un rapprochement « pas anodin », juge Stéphane Séjourné, et qui pourrait irriter les Chinois. Autre sujet de crispation pour Pékin, le nucléaire russe. Les menaces d’utilisation de l’arme atomique par Moscou sont vues d’un mauvais œil par les Chinois. Le projet du Kremlin d’envoyer une charge nucléaire dans l’espace les a même rendus « furieux », indique une source au Quai d’Orsay. Suffisant pour les détourner du dictateur russe ? Washington est convaincu du contraire. Après une période de relative détente, les relations sino-américaines sont à nouveau en voie de dégradation accélérée. Quelques heures après que le Congrès a voté une loi contre l’application TikTok, le secrétaire d’Etat américain Blinken s’est rendu lui aussi à Pékin. Une visite glaciale. Xi Jinping l’a reçu en personne pour le sermonner. « La Chine et les États-Unis devraient être des partenaires[. .. ] rechercher un terrain d’entente plutôt que de se livrer aune concurrence vicieuse. » Concernant la guerre en Ukraine, Washington désigne désormais Pékin comme « le premier contributeur de l’industrie de défense russe ». En retour, la diplomatie chinoise dénonce l’« hypocrisie » américaine qui pousse Washington à porter des « accusations non fondées sur les échanges commerciaux normaux entre la Chine et la Russie tout en votant une aide militaire et financière à l’Ukraine ».
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« Le discours du "double standard" à la chinoise ne s’embarrasse pas de détails et met dans le même sac un pays agresseur et un autre qui se défend », observe Mathieu Duchâtel. Dans ce contexte de tensions grandissantes entre les deux superpuissances, il note que Pékin peut trouver un intérêt à jouer la carte de sa proximité avec la France : fissurer le camp occidental. « La Chine voit que l’Europe se rapproche de plus en plus de la position américaine sur les dossiers de sécurité économique et cela lui fait peur, analyse- :-t-il.. Elle redoute l’instauration de mesures européennes encre plus fortes et cherche des acteurs pour neutraliser ce processus »

Le Point, 2 mai 2024

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Trois graphiques pour comprendre le déséquilibre commercial avec la Chine

La France demeure dépendante de la Chine sur l’aspect économique, alors que le sujet figure bien au menu des discussions entre Emmanuel Macron et le président chinois Xi Jinping. En trois graphiques, on fait le point sur le rapport de force commercial entre les deux pays.


Le président français Emmanuel Macron serre la main du président chinois Xi Jinping à son arrivée à l’Élysée à Paris le 6 mai 2024. | LUDOVIC MARIN/AFP

Par Julien Peyron, envoyé spécial à Pékin
Ouest-France 02/05/2024

Premier déficitaire, 2e fournisseur, 5e partenaire commercial et 8e client. C’est la position de la Chine pour la France d’un point de vue économique, selon le ministère des Affaires étrangères. Un des sujets majeurs de cette visite.

Un déficit commercial qui n’arrête pas de se creuser depuis 20 ans

Si la balance commerciale entre les deux pays est favorable à la Chine depuis vingt ans, le déficit de l’Hexagone a atteint un record en 2022, où la France a importé plus de 78 milliards d’euros de biens et services depuis la Chine en exportant de son côté une valeur de 24 milliards d’euros vers cette dernière. Soit un solde négatif de 55 milliards d’euros. En 2004 (le début des chiffres disponibles de la Douane française), ce chiffre était de 11 milliards.

En revanche, ce déficit commercial a légèrement baissé à 46 milliards en 2023.

Selon le ministère des Affaires étrangères, le géant asiatique représente 4 % des exportations de la France dans le monde et 34 % dans la région Asie-Océanie en 2022.
Il pourrait paraître peu surprenant que l’Hexagone soit en déficit commercial vis-à-vis à la Chine, vu le déséquilibre de la taille et de la population des deux territoires. L’Union européenne est dans la même position par rapport au géant asiatique. Là aussi, ce déséquilibre s’est creusé ces dernières années, comme le montre le graphique ci-dessous.

Déficit commercial de l’Union européenne vis-à-vis de la Chine

En milliards d’euros.

L’Union européenne « n’hésitera pas à prendre des décisions fermes » si nécessaire pour « protéger son économie et sa sécurité », a déclaré ce lundi Ursula von der Leyen à l’issue de l’entretien avec les présidents chinois et français.
Menacée d’être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par la puissance publique, l’UE a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques.

Des investissements également disproportionnés

Côté investissement, qui est un autre aspect pour mesurer l’importance du pays dans le marché, le stock des investissements (IDE) français en Chine est en augmentation continue depuis 2000. Le chiffre a atteint un niveau de 31 milliards d’euros en 2022, par rapport à moins de 2 milliards en 2000, d’après Banque de France.

La France est « le premier investisseur européen (en Chine) en termes de nombre d’entreprises », a indiqué le ministère de l’Économie. Mais c’est « l’Allemagne qui occupe la première position en termes de chiffre d’affaires généré (192 Md€ pour l’Allemagne, 72 Md€ pour la France en 2020). »

Les investissements directs entre la France et la Chine
Les stocks d’investissements annuels, en milliards d’euros.

Dans l’autre sens, en France, le stock des IDE chinois représentait seulement 2,7 milliards d’euros en 2022. Ce chiffre a même connu une légère ces toutes dernières années, en enregistrant un record de 2,9 milliards d’euros en 2020.
En revanche, ce chiffre pourrait être très en deçà de la réalité « en raison de la part des investissements passant par des canaux opaques (paradis fiscaux ou sociétés écrans dans des pays tiers – le stock s’élève déjà à 8,6 Md€ d’investissements chinois en 2021 en prenant en compte les “investisseurs ultimes”) », explique le ministère de l’Économie.

Emmanuel Macron a appelé lundi devant son homologue chinois Xi Jinping, au début de sa visite d’État en France, à des « règles équitables pour tous » dans les échanges commerciaux entre l’Europe et la Chine.
« L’avenir de notre continent dépendra très clairement aussi de notre capacité à continuer à développer de manière équilibrée les relations avec la Chine », a affirmé Emmanuel Macron à l’Élysée à l’ouverture d’une réunion à trois, en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Ouest France

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L’escapade pyrénéenne

À la suite du volet économique du lundi, et du dîner d’État donné à l’Élysée, après avoir regagné son pied-à-terre du très chic hôtel The Peninsula, dans le XVIe arrondissement, Xi Jinping a retrouvé son homologue français mardi en fin de matinée à l’aéroport de Tarbes-Lourdes, dans le département des Hautes-Pyrénées.

De là, les deux dirigeants se sont rendus au col du Tourmalet, bien connu des amateurs de cyclisme pour figurer régulièrement au programme du Tour de France, et qui a servi cette fois de décor à un déjeuner entre les deux dirigeants. Dans cette région, où le président français s’est rendu à plusieurs reprises notamment en hommage à sa grand-mère maternelle, l’Élysée compte répliquer la séquence offerte lors de la visite d’Emmanuel Macron en Chine l’an passé. Le chef de l’État avait alors été invité par Xi Jinping à Canton, voyage à la symbolique personnelle forte pour le dirigeant chinois puisque son père y a exercé des responsabilités politiques avant d’être écarté du pouvoir.

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Xi Jinping en France : Macron « rejoue les mêmes erreurs qu’avec Poutine », accuse Glucksmann

< b>Lors du débat entre les sept principales têtes de liste aux européennes ce dimanche dans « Le Grand jury » de RTL, Raphaël Glucksmann a fustigé une politique d’« amitié » avec la Chine.

Par Le HuffPost


Raphaël Glucksmann s’exprimant ce dimanche 5 mai lors d’un « Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Paris Première » pour les élections européennes.

« On va lui dérouler le tapis rouge »
« Ce que je vois, c’est que le premier Chinois, Xi Jinping, va venir en France et qu’on va lui dérouler le tapis rouge », a déploré Raphaël Glucksmann ce dimanche. « On va reproduire éternellement les mêmes erreurs : installer une relation d’amitié avec le principal sponsor de la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine », a-t-il encore regretté.

« Il faut désormais parler le langage de la fermeté », a-t-il insisté, accusant Emmanuel Macron de « rejouer avec Xi Jinping les erreurs qu’il a faites avec [Vladimir] Poutine », en citant notamment la main tendue par le président de la République au dirigeant russe en août 2019 lors d’une rencontre symbolique à Brégançon dans le Var.

Différends commerciaux et concurrence déloyale
Au-delà des relations entre la Chine et la Russie, Raphaël Glucksmann a souhaité citer l’exemple de l’entreprise française Systovi, productrice de panneaux photovoltaïques dans la région de Nantes. « Cette entreprise florissante vient de fermer parce que les dirigeants chinois ont divisé par quatre les prix des panneaux photovoltaïques chinois. Donc cette entreprise a dû mettre la clé sous la porte, comme tous les champions européens du photovoltaïque qui font face à une concurrence déloyale », dénonce le candidat aux européennes.

La concurrence économique de la Chine est un des sujets clés de ces élections européennes. L’Union européenne a en effet multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence.

Dans un entretien à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron reconnaît que les Européens ne sont « pas unanimes » sur la stratégie à adopter à ce sujet car, dit-il, « certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés » alors qu’elle « exporte massivement vers l’Europe ». Il plaide pour « mieux protéger notre sécurité nationale », « être beaucoup plus réalistes dans la défense de nos intérêts » et « obtenir la réciprocité ».
À Pékin, ces mesures jugées « protectionnistes » passent mal.

Le HuffPost

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Après la France, Xi Jinping se rend en Serbie pour une visite symbolique et stratégique

Après la France et avant la Hongrie, le président chinois est attendu, mardi 7 mai 2024 en fin d’après-midi, à Belgrade (Serbie), un partenaire privilégié de Pékin en Europe. Mais la date précise de cette visite de Xi Jinping en Serbie prend une dimension particulièrement symbolique, marquant le 25e anniversaire du bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade, en pleine guerre du Kosovo.

Des personnes enroulent une banderole sur laquelle on peut lire


« Bienvenue à Xi Jinping, président de la République populaire de Chine en visite en Serbie » devant le Centre culturel chinois, bâti sur les lieux de l’ancienne ambassade, avant la visite du président Xi Jinping à Belgrade, Serbie, le 6 mai 2024. © Marko Djurica / Reuters

Par :Jean-Arnault Dérens
RFI , le : 07/05/2024 Avec notre correspondant à Belgrade,

En pleine campagne de l’Otan en Yougoslavie, des avions américains bombardaient l’ambassade de Chine à Belgrade il y a exactement 25 ans, dans la nuit du 6 au 7 mai 1999, tuant trois journalistes. Les causes exactes de ce bombardement demeurent contestées : s’est-il agi d’une « bavure », d’une provocation ou bien d’un tir ciblé ? Car l’ambassade aurait abrité des dispositifs de communication serbes. Les multiples enquêtes menées sur le sujet n’ont pas apporté de réponses définitives.
Cette tragédie a toutefois marqué un tournant dans les relations de la Chine avec le reste du monde. Cela malgré les excuses présentées dès 2000 par les États-Unis. Aujourd’hui encore, pas un Chinois de passage dans la capitale serbe ne manque de venir s’incliner devant la plaque des « martyrs » : le président Xi Jinping le fera également, avant d’inaugurer l’immense Centre Confucius. Ce dernier a été construit sur l’emplacement de l’ancienne ambassade, et dont il avait lui-même posé la première pierre lors de sa précédente visite en Serbie, en 2016.

Partenaire essentiel de la Chine en Europe

Plus qu’un partenaire important, la Serbie est devenue un partenaire essentiel pour la Chine. L’intérêt de Pékin pour les Balkans a commencé à s’éveiller à la fin des années 2000 et la Serbie s’est vite imposée comme le principal partenaire de Pékin dans la région. Depuis les ports grecs du Pirée et de Thessalonique – tombés dans l’escarcelle chinoise en raison de la crise économique grecque – la Serbie représente un axe de pénétration vers les marchés du centre de l’Europe. Cela dans le cadre des Nouvelles routes de la Soie, ce projet stratégique chinois lancé en 2013 et officiellement rebaptisé « La ceinture et la route ».

En dix ans, la Chine a investi plus de cinq milliards d’euros en Serbie, achetant en 2016 les immenses raffineries de Smederevo et, deux ans plus tard, les mines de cuivre de Bor. Aujourd’hui, la Chine est devenue le second partenaire économique de Belgrade, après l’Allemagne.

Lors du troisième sommet « Ceinture et route » en octobre 2023 à Pékin - boycotté par la plupart des pays européens en raison de la présence du président russe Vladimir Poutine -, la Chine et la Serbie ont signé un accord de libre-échange. Ce dernier a été aussitôt dénoncé par l’Union européenne, qui l’estime incompatible avec l’intégration européenne à laquelle prétend Belgrade.

« La Chine investit en Serbie pour se positionner dans la région », selon Ana Krstinovska, présidente du think tank Estima et chercheuse associée à Choice, réseau d’observateur de la Chine en Europe centrale et orientale
Justine Fontaine

Taïwan et le Kosovo, la pomme de concorde entre la Chine et la Serbie

Entre la Chine et la Serbie, les liens ne sont pas qu’économiques, mais aussi politiques. Cette convergence sino-serbe se joue autour des deux dossiers du Kosovo et de Taïwan. Belgrade peut compter sur le soutien de Pékin au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer toute reconnaissance de Pristina, tandis que le président serbe Aleksandar Vučić ne manque pas une occasion de rappeler que « Taïwan, c’est la Chine ».
L’attachement au sacro-saint principe de l’intégrité territoriale des États a tout pour rapprocher les deux pays, dans un monde de plus en plus instable.

25 ans après le bombardement de l’ambassade de Chine, Xi Jinping choisit la Serbie pour marquer son opposition à une expansion de l’Otan
Les cinq bombes américaines de haute précision qui ont frappé l’ambassade de Chine à Belgrade le 7 mai 1999, les trois journalistes chinois morts dans l’explosion et les manifestations monstres qui ont suivi dans toute la Chine figurent dans tous les manuels scolaires du pays, explique notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. À l’époque, l’Otan a évoqué une erreur de carte qui aurait faussé les GPS des missiles. Malgré les excuses et les compensations, l’évènement est devenu un symbole de la levée du peuple chinois contre l’impérialisme, dont la mémoire est régulièrement ravivée par les médias d’état. « La justice vaincra le mal, le sang des martyrs n’a pas été versé en vain », écrivait l’année dernière l’agence Chine Nouvelle.

Un message rappelé par Xi Jinping lui-même dans une tribune intitulée « Que la lumière de l’amitié à toute épreuve illumine la route de la coopération sino-serbe » et adressée au journal serbe Politika en amont de sa visite. « Nous ne devons pas oublier qu’il y a 25 ans, l’Otan a ouvertement bombardé l’ambassade de Chine en ex-Yougoslavie, écrit le numéro un chinois dans le dernier paragraphe de l’article (...) Le peuple chinois chérit la paix, mais ne permettra jamais que les tragédies de l’histoire se reproduisent. L’amitié de fer forgée dans le sang entre les peuples chinois et serbe deviendra une mémoire commune, inspirant les deux parties à avancer ensemble. » Cette étape de la tournée européenne de Xi Jinping en Serbie et la commémoration des frappes permettent aussi de renforcer le narratif porté par la propagande et la diplomatie chinoise, d’un Otan agresseur et menaçant par son expansion la sécurité de la Russie et du monde.

RFI

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