La Deuxième Vie
« On oublie que le vieux Dieu est mort d’ennui, à force de gérer l’incroyable bêtise de ses créatures humaines. Le nouveau Dieu n’a rien d’humain, et choisit ses croyants par révélation personnelle, en leur offrant, par là même, une Deuxième Vie. Ces révélations se font soit par illuminations soudaines, soit à travers des expériences multiples, dont la maladie. Le nouveau Dieu guérit, il prévient, il sauve, il est là quand on ne l’attend pas, inutile de l’appeler, il ne répond pas. Il peut surgir d’un rayon de soleil ou d’un léger coup de vent. Grâce à lui, je sais que ma Deuxième Vie fonctionne. » Ph.S.
« Voici le dernier livre de Philippe Sollers, écrit jusqu’au bout d’une main claire. Chaque phrase brûle : il médite sur sa mort, mais son cœur s’élance avec une ivresse calme, avec drôlerie aussi, vers ce qu’il appelle la Deuxième Vie : "Je n’ai pas été un bon saint lors de ma première vie, mais j’en suis un très convenable dans ma Deuxième."
Tout Sollers est ici concentré dans la lumière dépouillée de trois heures du matin : il parle de la médecine, de Dieu, de Venise, de ses passions fixes, et même de Houellebecq ; il note inlassablement ses pensées, et voici qu’elles glissent, apaisées, vers une dernière lueur qui brille dans la nuit : "Si le néant est là, il est là, en train de voir le monde éclairé par un soleil noir." » Yannick Haenel