de la guerre

Trouvé dans le Journal « hors de moi » de Yann Moix, ces mots sur la guerre qui semblent étonnamment prémonitoires. On pourrait les lire comme un commentaire récent à propos de la guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Ils figurent dans l’entrée du 19 août 2016 du Journal.

C’est un leurre, c’est une erreur (qui risquerait bien de nous être fatale) que de croire que l’avenir est aux seules guerres « asymétriques ». La vraie guerre classique, telle qu’on la déteste, telle qu’elle nous fait peur, avec des vrais civils qui meurent, des vraies bombes, de véritables bombardements, des cadavres d’enfants, du sang, des plaies, des cris, des hurlements, des barbaries à tous les étages, cette guerre-là n’est pas morte ; elle reviendra. Tôt ou tard.
Une guerre qui ne sera pas celle d’une poignée de détraqués contre nous, mais d’un pays, un vrai, un vrai pays tout entier - une nation. Avec des combattants dedans. Prêts à en découdre. Une guerre comme on n’en fait plus depuis longtemps. Nous ne comprenons pas que nous venons, depuis 1945, de vivre une parenthèse enchantée ; et plus exactement depuis 1989. Mais que cette parenthèse est en train de s’achever. De se refermer. Bientôt, dans un futur assez proche, la vraie guerre reviendra. De pays à pays, d’État à État, de nation à nation.

Yann Moix
« Hors de moi », Journal p. 441-442
Vendredi 19 août [2016]

V.K.