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Des Chinoises par Julia Kristeva et le réseau sociial Weibo

Weibo, réseau socila à la sauce pékinoise

D 22 juin 2011     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Paris (GMT+1)

Pékin (GMT+8)

Quel est le mot commun entre
- le papier de Julia Kristeva dans Le Monde (Le féminisme chinois en danger) signalé dans les commentaires par A.G. ?
- son livre Des Chinoises, déjà ancien, à la suite de son premier voyage en Chine avec le groupe Tel Quel (1974) ?
- et le Weibo, qu’il faut maintenant ajouter au dictionnaire chinois et qui s’est choisi pour reine, l’actrice de série TV, Yao Chen, plébiscitée là bas ?

C’est le mot liberté ! Et plus précisément la liberté des Chinoises, saisie au prisme de ces trois diffractions.

"WEIBO" Microblog

Par Chen Yan

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Weibo
Calligraphie de Hélène Ho

Techniquement, Weibo n’est pas autre chose que la copie chinoise de Twitter. La différence est que le site de microblogging américain est un outil libre, tandis que Weibo est sous le contrôle des autorités chinoises. Au lieu d’interdire purement et simplement l’outil, elles ont fait le choix de le siniser pour mieux le contrôler, tout comme pour Internet. Résultat : Weibo supplante Twitter en Chine. Fin 2010, il y avait plus de 100 millions de microblogueurs chinois. 2010 a été baptisé l’an I de Weibo ! Aux yeux des internautes, malgré la censure et l’autocensure, la propagation de Weibo constitue une véritable révolution de l’information. Radicalement différent de la presse traditionnelle, le microblog se distingue du blog par son extraordinaire rapidité, ses messages brefs, son autonomie grâce à ses multiples supports : Internet, SMS. En 2010, pour la première fois, les affaires de corruption, les conflits sociaux, les suicides d’ouvriers chez Foxconn ou les immolations des petits propriétaires expulsés ont été rapidement relayés par Weibo auprès du public. Tout en évitant les sujets interdits, les microblogueurs, émetteurs et démultiplicateurs d’informations, ont saisi ce puissant outil pour dénoncer les injustices et défendre les droits des individus. Tout compte fait, le développement d’un outil d’information ne profite pas qu’au pouvoir. Tout comme Internet, le microblog est devenu l’un des plus puissants éclaireurs de la conscience citoyenne durant l’année 2010 et n’en est qu’à ses débuts. Face à cette réalité et à l’exemple de la révolution arabe, il ne serait pas étonnant que les autorités songent à mettre un terme définitif au microblogging en Chine.


Crédit : Courrier international

Yao Chen, actrice, Reine du Weibo

(D’après le magazine en langue française ChinePlus [1] )


ZOOM, cliquer l’image

Yao Chen est l’une des premières adeptes de Weibo. Elle s’est inscrite sur Sina Weibo le l" septembre 2009, quelques jours après son lancement. Jeune vedette de Lurk, série télévisée à succès, elle aurait pu ne retenir l’attention qu’un court moment, sa sincérité et son naturel en ont décidé autrement. En quelques mois, son micro-blog cristallisa l’intérêt de manière spectaculaire. Première célébrité chinoise à dépasser le million de fans, elle afficha rapidement deux fois plus de fans qu’Oprah Winfrey, la célèbre journaliste américaine, sur son Twitter. Sa carrière en fut illuminée... Yao Chen, devenue une vraie star fait partie des actricesles plus aimées et les mieux payées du pays. La plateforme de celle que l’on appelle désor mais « La Reine du Weibo », la plus suivie du monde, compte aujourd’hui
plus de 8 millions de fans.

ChinePlus. Quel est le secret de la réussite de votre Weibo ?

Yao Chen. Si je ne m’exprime pas sur certains sujets, une chose est sûre, je ne mens jamais. J’ai été une des premières à me livrer sur Weibo. Au début, je le faisais avec légèreté, comme on parle de soi à ses amis dans une soirée privée, mais les réactions des fans exigeaient des réponses et cela a fini par créer une certaine pression. Au point qu’à un moment, j’ai même pensé abandonner mon Weibo. Puis je me suis sentie de plus en plus touchée par la confiance que m’accordent tous ces gens derrière leur écran, j’ai envie de leur transmettre de l’énergie positive en leur parlant. Je partage avec eux ma philosophie « La vie est belle », je pense que je les comprends car je viens moi aussi de la classe moyenne. Bien sûr, parler à une centaine de fans n’est pas la même chose que de s’adresser à dix mille, voire plusieurs millions, mais je reste sincère et j’essaie toujours d’être moi-même.

Que représente le Weibo pour vous ?

C’est une nouvelle plateforme d’échanges d’une formidable puissance qui fait circuler les informations à une vitesse incroyable. Moi, je me qualifie désormais de
« bénévole de Weibo » car je me prépare à lancer à partir de ma plate-forme un projet de « microcharité », Mon Weibo jouera le rôle d’un pont entre des personnes ayant la volonté d’aider et d’autres qui en ont besoin.

Pensez-vous être une accro de Weibo ?

Oui, très nettement (éclats de rire). Ce qui existe entre Weibo et moi tient de la relation amoureuse. Au départ, dès que j’avais un

peu de temps, je me connectais. Je me suis bien calmée, mais lorsque je dîne avec mes amis, avant même de parler et de prendre nos baguettes, peut-être à cause de moi, nous commençons par nous prendre en photos puis nous shootons les plats et, presque inconsciemment, chacun met vite fait son Weibo à jour avant d’attaquer le repas !

La globalisation profite au féminisme chinois

C’est du moins ce qu’on peut lire dans ce point de vue sur Agoravox qui commente la prise de position de Julia Kristeva dans Le Monde :

Alors que l’exploit de la jeune chinoise, Li Na, lors du tournoi de Roland Garros s’est réfléchi sur l’image internationale de la Chine, Julia Kristeva, écrivaine et présidente du Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes nous interpellent dans une tribune du Monde du 14 juin 2011, sur les menaces qui pèsent sur la condition des femmes chinoises et sur leur combat.

Nombreux sont les exemples de tensions extrêmes entre l’État chinois et les associations de femmes. Dans le contexte du capitalisme mondial, les décisions prises par le gouvernement de la République populaire de Chine à l’encontre de femmes influentes persistent alors qu’elles sont de plus en plus reconnues au niveau international.

Guo Jianmei, avocate et vice-présidente de l’Association des femmes avocates de Pékin, en est un exemple. Elle a fondé l’ONG des Etudes féministes en droit et centre d’aide juridique, au sein de l’université de Pékin. L’ONG s’illustre « par la défense et la promotion de changements dans le dispositif législatif, à l’amélioration de la condition des femmes en Chine. »

Au mois de mars, elle fut la première lauréate chinoise de l’International Women of Courage Award 2011, qui lui a été remis par Hillary Clinton, deux mois après, l’exclusion de son ONG par l’université de Pékin était consommée.

Selon Julia Kristeva, le féminisme chinois représente une nouvelle phase de l’émancipation de la femme, en bénéficiant de la globalisation, il contribue d’ailleurs à l’orienter vers plus de liberté pour tous. La lutte dépasse les simples protestations initiales pour engendrer tant la mise en pratique de leurs droits que celles des conventions internationales signées par la Chine.

« La femme libre est seulement en train de naître » écrivait Simone de Beauvoir. « Elle poursuit sa longue marche en Chine : un espoir de liberté pour la planète de demain. » ajoute Julia Kristeva.

Crédit : agoravox

Le féminisme chinois en danger

par Julia Kriteva
Le Monde du 14.06.2011

N’en déplaise à ses détracteurs, le féminisme non seulement n’est pas mort mais, en bénéficiant de la globalisation, il contribue à l’orienter vers plus de liberté pour tous. La participation des femmes au "printemps de jasmin", la sensibilisation de l’opinion française contre "la violence faite aux femmes", l’accompagnement du désir de maternité et de ses implications éthiques : autant d’événements qui témoignent d’une nouvelle phase dans l’émancipation féminine.

L’histoire ancienne et récente semble avoir préparé la vitalité combative de cette "moitié du ciel" qu’est le "deuxième sexe" en Chine. Se souvient-on qu’au pays du yin et du yang, du taoïsme et du confucianisme, la révolution bourgeoise fut nationaliste, socialiste et féministe ? Que les suffragettes chinoises avaient envahi le Parlement en 1912 ? Que le Mouvement pour les droits des femmes inspira le Mouvement du 4 mai 1919 pour exiger, déjà, l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, l’abolition de la polygamie, la liberté du mariage, l’enseignement supérieur pour les filles ? Que la loi du mariage de la Chine communiste (1950) abolit "le chef de famille" et permet à la mère de garder son nom et de le léguer aux enfants ; tandis que le travail de la ménagère lui donne droit à la propriété ?

Pressions, harcèlements

Aujourd’hui, de plus en plus nombreuses sont celles qui ne se contentent pas de participer à l’essor du géant émergent, ni même de protester d’en être les "laissées-pour-compte". Ni victimes consentantes de l’intégrisme religieux qu’on déplore sous d’autres régimes, ni dociles exécutantes du marketing hyperconnecté, elles ne se laissent pas non plus intimider par les manquements aux droits de l’homme. De plus en plus nombreuses sont les femmes qui défendent et promeuvent les droits des femmes. Elles ont conscience d’oeuvrer en faveur des réformes sociales et de l’évolution vers une démocratie constitutionnelle, en incitant les autorités de l’Etat à mettre en pratique les conventions internationales que la Chine a signées, ainsi que les articles de la Constitution du 4 décembre 1982 traitant des libertés individuelles (art. 33-37). Tout en dénonçant les scandales, les abus, les corruptions.

Ce sont ces femmes aussi qui subissent pressions, harcèlements et intimidations. Ces durcissements s’ajoutent au climat de surveillance accrue sur Internet et au contrôle resserré qu’exercent tous les services de censure, craignant la contagion des rébellions du Proche-Orient et des pays de la Méditerranée.

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La Remise du Prix Simone de Beauvoir 2010 à Guo Jianmei (à gauche) au café Les Deux Magots
par Julia Kristeva (à droite) - 11 janvier 2010

En janvier 2010, les membres du jury du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes ont choisi d’honorer deux Chinoises pour leur oeuvre et leurs actions exemplaires dans le combat des femmes : Guo Jianmei, avocate, et Ai Xiaoming, professeur de littérature comparée et cinéaste. La cérémonie de remise du prix, à Paris, au début du mois de janvier 2010, n’a eu lieu qu’en présence de Guo Jianmei, Ai Xiaoming n’ayant pas reçu l’autorisation de sortir du territoire chinois.

Avocat de formation, membre de l’association des avocats de Chine et vice-présidente de l’association des femmes avocates de Pékin, Guo Jianmei a fondé, au sein de l’université de Pékin, l’ONG Etudes féministes en droit et centre d’aide juridique, qui oeuvre, par la défense et la promotion de changements dans le dispositif législatif, à l’amélioration de la condition des femmes en Chine. Au mois de mars, elle fut la première lauréate chinoise de l’International Women of Courage Award 2011, qui lui a été remis par Hillary Clinton.

Ai Xiaoming est professeur au département de langue et de littérature chinoises, directrice de la section de littérature comparée, à l’université Sun Yatsen, à Guangzhou. En plus de ses recherches académiques sur la condition féminine, Ai Xiaoming est aussi reconnue, pour ses documentaires qui traitent aussi bien des violences faites aux femmes, que de la difficulté de vivre avec le sida, des conséquences dramatiques du tremblement de terre au Sichuan, ou des problèmes du monde paysan.


Réception à l’Hotel de Ville de Paris, Guo Jianmei, Sylvie Le Bon de Beauvoir, Bertrand Delanoë, Julia Kristeva, Fatima Lalem, 13 janvier 2010 (photo Sophie Zhang)
ZOOM, cliquer l’image

Deux mois après la réception du prix Simone de Beauvoir 2010, en mars 2010, Guo Jianmei nous avait alertés sur l’exclusion de son ONG par l’université de Pékin. Nous sommes de nouveau inquiets : Ai Xiaoming est aussi victime depuis quelque temps de multiples formes d’intimidation : violations de domicile, harcèlement téléphonique et menaces de mort.

Déni machiste

L’opinion a accueilli avec étonnement la puissance du tennis de Li Na et la force de son caractère qui, en s’affranchissant des pesanteurs administratives de son pays et en défiant des concurrentes plus expérimentées, ont fait de cette jeune Chinoise la nouvelle championne de Roland-Garros : un exploit qui rejaillit sur l’image internationale de la Chine. Pourtant, l’intérêt que la communauté internationale porte à l’économie chinoise ainsi que le déni machiste plus ou moins conscient et lui aussi globalisé qui s’oppose à l’expression des femmes empêchent de prendre la juste mesure de ces combats exemplaires que des Chinoises telles que Guo Jianmei et Ai Xiaoming mènent pour la liberté des femmes et des hommes.

Nous appelons celles et ceux qui sont convaincus que le respect et l’émancipation des femmes sont des droits inaliénables à se joindre à nous pour faire connaître aux autorités chinoises leur inquiétude et leur soutien à Guo Jianmei et à Ai Xiaoming. "La femme libre est seulement en train de naître", écrivait Simone de Beauvoir. Elle poursuit sa longue marche en Chine : un espoir de liberté pour la planète de demain.

Julia Kristeva, écrivain, présidente du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes.

Crédit : Le Monde

Site de Julia Kristeva


Des Chinoises

par Julia Kristeva

Flashback, qu’écrivait Julia Kristeva des Chinoises lors des années Mao ?

Pauvert, 2005, (1ère édition : 1974 )

1974. Julia Kristeva fait un voyage en Chine en compagnie de Roland Barthes, de Philippe Sollers. Nous sommes, dans les pays occidentaux, en plein combat féministe. La Chine vit au rythme de la révolution culturelle. En s’interrogeant sur ses ambitions, ses violences et ses non-dits, Julia Kristeva découvre le destin moderne des chinoises. Héritières d’une civilisation complexe dont ce livre retrace quelques grands moments relatifs aux femmes, elles défient la conception occidentale de l’identité sexuelle et nous incitent à penser autrement l’« homme » et la « femme », dont le pacte constitue le fondement de toute politique. Cet essai n’a pas vieilli. Il révèle la prochaine « crise de l’identité qui sera la véritable révolution d’une humanité industrialisée, délivrée de l’angoisse de procréer et de produire : ni homme ni femme, ni uni-sexe : tourbillon des heurts et des rires... » Dans sa préface d’aujourd’hui l’auteur démontre de façon magistrale que la lumière reste toujours à faire sur le fameux « continent noir », afin de refonder le lien social. En Chine comme partout, la liberté des femmes est à « réinventer » : elle est au coeur des libertés politiques.
(Présentation de l’éditeur)

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1974, Roland Barthes et Julia Kristeva devant la Pagode de la Grande Oie à Xian


Le livre sur amazon


[1JUIN / SEPTEMBRE 2011 ? N°19 CHINEPLUS

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