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Le peintre Raphaël est en réalité mort d’une « maladie de type coronavirus »

suivi de L’ANNEE RAPHAEL 1520-2020 (I)

D 20 juillet 2020     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Un mythe populaire veut que le peintre ait succombé en 1520, à seulement 37 ans, à la syphilis après avoir courtisé une dame de trop. Mais les experts ont une autre explication.
2020, l’année du 500ème anniversaire de sa mort : une occasion de revisiter son oeuvre et les expositions qui lui sont consacrées.

Le peintre Raphaël est en réalité mort d’une « maladie de type coronavirus »

Par L’Obs avec AFP
le 18 juillet 2020


Autoportrait de Raphaël conservé à la Galerie des Offices à Florence.
(Alfredo Dagli Orti / Photo via AFP)
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Un Raphaël fiévreux souffrant d’une « maladie de type coronavirus » est mort après avoir omis de dire à ses médecins qu’il rendait secrètement visite à ses conquêtes par des nuits glaciales, ce qui les a conduits à prescrire à tort des saignées, affirme une nouvelle étude consacrée au maître de la Renaissance.

Une mythe populaire veut que le peintre, dont on célèbre cette année le 500e anniversaire de la mort, ait succombé en 1520, à seulement 37 ans, à la syphilis après avoir courtisé une dame de trop. Les experts s’accordent à dire qu’il a succombé à une infection.

Un « excès d’humeurs »

La fièvre qui a terrassé le prolifique peintre et architecte a été soignée par « les meilleurs médecins de Rome, envoyés par le pape » qui craignaient de perdre cet artiste inestimable, a déclaré à l’AFP l’historien de la médecine Michele Augusto Riva.

Selon le peintre italien Giorgio Vasari (1511-1574) et son chef-d’oeuvre « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes » consacré à la vie des peintres, Raphaël a omis de parler aux médecins de son temps de ses« fréquentes sorties nocturnes dans le froid »pour rendre visite à ses amantes.

« Il faisait beaucoup plus froid en mars à cette époque, et il est très probable qu’il ait attrapé une pneumonie », a déclaré M. Riva.

Les médecins ont diagnostiqué une fièvre causée par un « excès d’humeurs » ou de sang et ont donc réalisé des saignées - via des incisions ou des sangsues - qui ont mortellement affaibli l’artiste, enfant prodige faisant partie du trio des maîtres de la Renaissance, avec Michel-Ange et Léonard de Vinci.

Raphaël eut droit à sa mort à de grandioses funérailles au Vatican. Sa dépouille repose au Panthéon de Rome où une rose rouge orne sa tombe tout au long l’année 2020 marquant le demi-millénaire de sa disparition.

« Une erreur médicale »

« A cette époque, les médecins étaient conscients des dangers de la saignée dans le traitement des maladies infectieuses, mais ils agissaient sur la base de fausses informations », a expliqué M. Riva, qui a cosigné l’étude avec trois collègues chercheurs de l’université de Milan Bicocca.

« Une erreur médicale, et sa propre erreur en ne racontant pas fidèlement son histoire, ont contribué à la mort de Raphaël », a-t-il affirmé.

Les chercheurs avaient préparé la courte étude, qui a été publiée cette semaine dans la revue Internal and Emergency Medicine, avant que Covid-19 ne s’empare du nord de l’Italie fin février.

« D’après ce que nous savons, Raphaël est mort d’une maladie pulmonaire très similaire au coronavirus que nous connaissons aujourd’hui », a-t-il déclaré.

« Chambres de Raphaël »

Des récits contemporains de sa mort révèlent que la maladie du peintre « a duré 15 jours, Raphaël étant suffisamment calme pour mettre de l’ordre dans ses affaires, confesser ses péchés et recevoir les derniers sacrements », selon l’étude. Elle indique qu’il s’agissait d’une maladie aiguë, caractérisée par une fièvre élevée et continue.

« Une infection sexuellement transmissible récente - comme la gonorrhée et la syphilis - ne pouvait pas expliquer la période d’incubation ».« Une manifestation aiguë d’hépatite virale ne pouvait être envisagée sans jaunisse et autres signes d’insuffisance hépatique. Aucune épidémie de typhus ou de peste n’a été signalée dans la ville de Rome à cette époque », précise l’étude.

Malgré sa mort prématurée, Raphaël a produit une grande quantité d’oeuvres majeures, dont une grande partie se trouve au Vatican, dont les musées comprennent plusieurs salles remplies de ses fresques.

Achevées par les élèves de Raphaël après sa mort, ces salles dites « Chambres de Raphaël » restent parmi les plus populaires des musées du Vatican.

Crédit : L’Obs

La Fornarina de Raphaël


Raphaël, La Fornarina, 1518-19
Huile sur bois, 85 x 60, Palais Barberini, Rome
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Le peintre préféré du pape Jules II était un grand amoureux

Avec son sourire ingénu et ses grands yeux de jais innocents, elle est délicieuse, la Fornarina. Piquante, un brin perverse, sous le voile indécent d’où jaillissent des seins menus. Selon Vasari, elle fut le modèle et la maîtresse de Raphaël, une certaine Margherita, fille de boulanger, d’où son surnom [1] était le modèle et maîtresse de Raphael. Archétype de la relation modèle-artiste,

Il en était tellement amoureux que l’un de ses commanditaires, le banquier Agostino Chigi, dut installer la belle sous son toit pour permettre au peintre de terminer son chantier dans la sérénité. Ce dernier mourut, dit-on, d’ "excès sexuels" [aujourd’hui, on parle plutôt de fièvre de type coronavirus], un vendredi saint, le 6 avril 1520, à l’âge de 37 ans. Au sommet de la gloire.

Crédit : Colonna-Césari Annick, L’Express

Durant ses dernières années, l’énergie de Raphaël s’oriente vers l’activité publique, ou du moins vers des commandes de personnages influents de la ville ou des états pontificaux. Il conçoit ainsi la villa Madama, pour Giulio cardinal de Medicis.

Le célèbre portrait d’une jeune femme, appelé La Fornarina, doit être apprécié dans cette perspective. La signature est gravée sur le ruban mince que la jeune fille porte juste sous son épaule gauche. La tradition l’identifie avec Margherita Luti, fille de Francesco Senese, boulanger important du quartier romain de Santa Dorotea.

Décrit par Vasari, La Fornarina a été également peint par Raphaël en femme voilée (Palazzo Pitti), La figure de La Fornarina a été au centre du mythe romantique de la muse développé au dix-neuvième siècle qui a grandi autour de la personnalité de l’artiste et de celle qui fut certainement sa maîtresse et qui entra au couvent de Santa Apollonia juste après la mort du peintre.

La peinture, datable aux environs de 1520, année de la mort de Raphaël est restée dans son atelier et a probablement été terminée par Giulio Romano, son élève le plus doué. Récemment, une analyse radiographique a en effet déterminé que le tableau a été peint en deux étapes successives. Le fond original, un paysage léonardesque avec bosquet et temple consacré à Venus a disparu au profit d’un lourd effet de clair-obscur.

Très tôt, des copies de ce tableau ont circulé. La plus célèbre est aujourd’hui à la Galerie Borghese.

Crédit : www.cineclubdecaen.com/

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Picasso : Raphaël et la Fornarina

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En 2001, Le Musée du Jeu de Paume réunissait 336 oeuvres de Picasso, dont plus de la moitié n’avaient jamais été montrées en France. Toutes concernaient l’un des thèmes de prédilection de l’artiste - la scène érotique.

La scène est parfois donnée brute, mais souvent inscrite dans un dispositif qui introduit le regard du ou des tiers. La femme, l’amant, le voyeur : un dispositif classique des représentations érotiques, mais que Picasso renouvelle en le confrontant à son symétrique : le modèle, l’artiste, l’amateur, posant ainsi - assez crûment - la question du rapport entre désir et art.


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Plus sur pileface

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A propos de La Fornarina de Picasso, dans L’Eclaircie de Ph. Sollers

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Le 18 décembre 1968, une galerie parisienne expose 21 gravures du Minotaure, exécutées entre mars et octobre. Thème général : Raphaël et la Fornarina, séquences érotiques directes. Les gravures sont présentées dans une salle privée et fermée à clé, par crainte des représailles policières. Vous vous frottez les yeux, vous avez bien lu. La police, pourtant, n’est pas intervenue contre cette exposition maoïste. Un an plus tard, à Avignon, Picasso fait scandale aux yeux de la critique anglo-saxonne, « gribouillages incohérents exécutés par un vieillard frénétique dans l’antichambre de la mort ». Avez-vous déjà vu un Américain ou une Américaine admirant Le Viol de Lucrèce du vieux frénétique Titien peignant avec ses mains à Venise ? Moi non.

Philippe Sollers, (L’Éclaircie, p. 160.)


Cinq-centième anniversaire de la mort de Raphaël

2020 célèbre les 500 ans de la mort de Raffaello Sanzio da Urbino (1483-1520) . Né à Urbino en 1483, le jeune prodige fait son apprentissage dans l’atelier familial avant de partir pour Florence où il est fasciné par la manière moderne de Léonard de Vinci et de Michel-Ange. Mais c’est à Rome qu’il donne toute la mesure de son génie en se confrontant à l’antique, comme voulait le démontrer avec brio l’exposition organisée aux Scuderie del Quirinale rassemblant plusieurs centaines d’œuvres. Au château de Chantilly, les collections permanentes du duc d’Aumale révèlent un Raphaël plus intime, virtuose du dessin et continuellement en train de se renouveler ; tandis que le Louvre a achevé la restauration d’un précieux carton préparatoire au décor des Chambres du Vatican dessiné par l’un de ses plus brillants élèves, Giulio Romano.

Ces deux manifestations majeures ont été perturbées en raison de la pandémie mondiale mais la revue L’Objet d’Art nous propose de les visiter à travers un dossier réalisé par Mathieu Deldicque, Vincent Delieuvin et Armelle Fayol.

D’autres expositions notamment à Milan, Urbino, Belgrade, Washington, Pasadena, Londres.


Raphaël :, tête d’un jeune garçon.

Il est incontestable que, dans la conscience collective occidentale, Raphaël, aux côtés de Michel-Ange et Léonard de Vinci, s’érige comme un des artistes les plus géniaux incarnant sans doute le mieux la « Renaissance italienne ».

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L’Ecole d’Athènes

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Bien que mort à l’âge de 37 ans, Raphaël a pu dévoiler au monde son immense talent, en particulier en réalisant, entre 1509 et 1511, plusieurs fresques monumentales au Vatican, la plus célèbre d’entre elles, longue de 7,7 mètres et haute de 5 mètres, est connue sous le nom de L’Ecole d’Athènes.


Raphaël, L’Ecole d’Athènes (détail)
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Le spectateur se trouve à l’intérieur d’un édifice réunissant la pensée de l’humanité toute entière : unis dans un espace hors du temps, une cinquantaine de philosophes, de mathématiciens et d’astronomes de tous les âges s’y rencontrent pour échanger sur leur vision de l’homme et de la nature.


Notre Assemblée Nationale accueille une copie de l’Ecole d’Athènes, la fresque de Raphaël, sous la forme d’une tapisserie de la Manufacture des Gobelins, réalisée entre 1683 et 1688 à la demande de Jean-Baptiste Colbert, fondateur de notre propre Académie des Sciences.
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L’image puissante que dégage cette fresque incarne tellement « l’idéal » d’une République démocratique, qu’en France, lors de la révolution de février 1848, le tableau représentant Louis Philippe – suspendu derrière le Président de l’Assemblée nationale – fut décroché et remplacé par une copie de la fresque de Raphaël, sous la forme d’une tapisserie de la Manufacture des Gobelins, réalisée entre 1683 et 1688 à la demande de Jean-Baptiste Colbert, fondateur de notre propre Académie des Sciences.

Ensuite, en France, est apparue l’idée que Raphaël, « le Prince des peintres », incarne « l’artiste ultime ». Bien mieux que Rubens ou le Titien, Raphaël aurait su réaliser la subtile « synthèse » entre « la grâce divine » d’un Léonard de Vinci et la « puissance sourde » d’un Michel-Ange. Qui dit mieux ? Une observation vraie tant qu’on se penche uniquement sur la pureté des « formes » et donc du « style ». Adoré ou détesté, Raphaël fut érigé en modèle à imiter par tout jeune talent fréquentant nos Académies des Beaux-Arts. [2]

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Raphaël, dernière renaissance aux Ecuries du Quirinal à Rome

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Fermée dès que l’Italie s’est confinée, l’exposition consacrée au maître florentin a rouvert le le 2juin. Et sera même prolongée. Pas uniquement par amour de l’art.


L’exposition « Raphaël 1520-1483 » aux écuries du Quirinal, à Rome, devait se dérouler du 5 mars au 2 juin. PIERO TENAGLI / IPA AGENCY / MAXPPP
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Très symboliquement, les Ecuries du Quirinal, siège d’événements culturels à Rome, ont choisi le 2 juin, le jour où devait s’achever la grande exposition « Raphaël 1520-1483 », pour rouvrir cette dernière au public. Fermée dans la panique en raison de la pandémie de Covid-19, à peine trois jours après son inauguration, le 5mars, elle bénéficiera d’horaires élargis, de 9 heures à 22 heures, jusqu’au 30 août. L’accrochage de 200 œuvres, dont la célèbre Fornarina, vient célébrer les 500ans de la mort du génie de la Renaissance, fauché à l’âge de 37ans par une fièvre.

« Le premier jour du confinement en Italie, j’ai dit aux organisateurs qu’on ferait tout pour que les prêts soient prolongés. » Sébastien Allard, directeur du département des peintures au Louvre

Dans la communauté des musées, accablée par l’épidémie d’annulations et de reports, l’annonce de cette résurrection a sonné comme un miracle. « Je l’espérais de tout mon cœur, s’enflamme Sébastien Allard, directeur du département des peintures au Louvre, qui a notamment prêté un chef-d’œuvre, le Portrait de Baldassare Castiglione. Le premier jour du confinement en Italie, j’ai dit aux organisateurs qu’on ferait tout pour que les prêts soient prolongés. Il n’y a pas eu l’ombre d’une hésitation. » [3]


Raphaël, La Dispute du Saint-Sacrement (détail), 1509-1510.. Fresque de la Chambre de la Signature au palais du Vatican. © De Agostini Picture Library / G. Cigolini / Bridgeman Images
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Pour célébrer le cinquième centenaire de la mort de Raphaël, les Scuderie del Quirinale ont organisé une vaste rétrospective de plus de 200 œuvres, qui veut démontrer la relation fondamentale de l’artiste avec la Ville éternelle

par Vincent Delieuvin, conservateur en chef du patrimoine au département des Peintures du Louvre

Le 6 avril 1520, jour de son anniversaire, Raphaël mourait à Rome à l’âge de 37 ans, des suites d’une violente fièvre, dans le magnifique palais Caprini édifié par Bramante. Les causes de son décès demeurent inconnues. On a souvent repris le récit de Giorgio Vasari, dans sa biographie publiée en 1550, selon lequel l’artiste aurait succombé à une fièvre née d’un excès « de plaisirs amoureux », mais on a parfois aussi supposé qu’il avait été épuisé par les nombreux ouvrages qu’on ne cessait de lui commander.Raphaël a fait l’objet de plusieurs belles expositions ces dernières années. Londres (National Gallery, 2004-2005) puis Urbino (Galleria Nazionale delle Marche, 2009) avaient mis en lumière ses années de formation dans les Marches, en Ombrie et en Toscane. Madrid et Paris (musée du Prado et musée du Louvre, 2012-2013) s’étaient concentrées sur ses années de maturité à Rome. Enfin, Oxford et Vienne (Ashmolean Museum et Albertina, 2017-2018) avaient proposé une synthèse sur ses dessins. C’est fort naturellement au tour de Rome de proposer pour cet anniversaire une grande célébration du maître, en insistant sur son rapport avec la Ville éternelle. Les commissaires, Marzia Faietti et Matteo Lafranconi, sont parvenus à rassembler environ 120 œuvres de l’artiste et de son cercle, soit une trentaine de peintures et près de quatre-vingt-dix dessins. L’exposition présente également plusieurs pièces antiques mises en rapport avec les créations de Raphaël, mais aussi des gravures, des tapisseries et des objets d’art conçus d’après ses inventions. Toutes les grandes institutions italiennes ont soutenu l’événement, principalement la Galerie des Offices qui est le co-organisateur de l’événement, mais aussi les principaux musées internationaux, tel le musée du Louvre, les National Gallery de Londres et de Washington ou le musée du Prado.

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GIFRAPHAËL ET LA ROME ANTIQUE

Si l’exposition des Scuderie offre un panorama sur l’ensemble de la carrière de Raphaël et ses multiples activités, elle se concentre néanmoins sur l’importance de l’art antique pour le maître. De fait, le parcours de la rétrospective a été conçu de façon inattendue, à rebours, de sa mort dans la Ville éternelle à sa jeunesse dans les Marches. Le visiteur est ainsi accueilli par une reproduction grandeur nature de la chapelle du Panthéon où le peintre a voulu être enterré. L’introduction permet de rappeler le récit de sa mort rapporté par Vasari, à travers plusieurs peintures et dessins de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle représentant le lit funèbre dominé par l’imposante Transfiguration, la dernière œuvre de Raphaël, commande du cardinal Giulio de’Medici pour la cathédrale de Narbonne. On peut admirer aussi plusieurs beaux dessins préparatoires à ce retable, réalisé en rivalité avec Sebastiano del Piombo qui devait peindre pour le même lieu une Résurrection de Lazare, sur les conseils de Michel-Ange. La Transfiguration, restée au Vatican, illustre le style de pleine maturité de Raphaël, marqué par un clair-obscur dramatique et une manière aussi monumentale et terrible que Michel-Ange. Tout le début du parcours de l’exposition est consacré à l’importance de la Rome antique pour l’artiste.


Raphaël, Portrait de Baldassare Castiglione, vers 1514-1515. Huile sur toile, 82 x 67 cm. Paris, musée du Louvre. Photo service de presse. © musée de Louvre, Dist. RMN-Grand Palais
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Raphaël appartient à une génération passionnée par la civilisation romaine, qui commence à fouiller les vestiges du passé et devient consciente de l’intérêt de sa préservation. On sait qu’il descendit dans les grottes de la Domus Aurea de l’empereur Néron au moins dès 1514-1515. En avril 1516, il se rendit à Tivoli pour voir la villa d’Hadrien, accompagné de plusieurs amis lettrés, Baldassare Castiglione, Andrea Navagero et Agostino Beazzano. Cette passion explique qu’en 1515, le pape Médicis Léon X lui confia la mission de sauver les restes importants de l’Antiquité de leur lente destruction ou d’un banal remploi, notamment les pierres portant des inscriptions, si utiles à la compréhension de l’histoire et dont plusieurs exemplaires sont présentés dans l’exposition. Vers 1519, Castiglione et Raphaël rédigèrent une célèbre lettre destinée au souverain pontife dans laquelle ils dénoncent les effroyables outrages du temps faits à la ville et la destruction toujours active des souvenirs de cette Antiquité « mère de la gloire et grandeur italienne ». Ils y exhortent le pape à la conservation de ces reliques du passé mais aussi à leur étude, en proposant de réaliser un relevé de la ville antique, un projet malheureusement abandonné à la mort de l’artiste. On peut voir aux Scuderie la fameuse lettre, aujourd’hui aux archives de Mantoue, et certains des rares dessins liés à cette vaste entreprise dont une reconstitution a été conçue spécifiquement pour la rétrospective.

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GIF VIRTUOSE DU PORTRAIT

Les protagonistes de ces événements sont réunis à travers leur effigie peinte par l’artiste qui était alors le principal portraitiste de la cour pontificale. L’exposition réunit exceptionnellement l’image des deux papes qu’il a servis, Jules II della Rovere et Léon X Médicis. Le premier, sur un fond de tenture verte, est calmement assis, les yeux baissés, dans une attitude introspective qui semble vouloir insister sur son rôle spirituel. Léon X est mis en scène de façon plus somptueuse, accompagné de ses deux cousins cardinaux, le regard au loin et l’expression déterminée, assis devant une table avec une Bible enluminée ouverte sur l’Évangile selon saint Jean.


Raphaël, Portrait de Léon X avec Giulio de’Medici et Luigi de’Rossi, 1518. Huile sur bois, 155,2 x 118,9 cm. Florence, Galerie des Offices. Photo service de presse. © Gabinetto Fotografico delle Gallerie degli Uffizi
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Ce portrait politique manifestant la puissance du clan médicéen a été peint en 1518, au moment du mariage de Laurent de Médicis avec Madeleine de La Tour d’Auvergne, scellant ainsi l’alliance avec le roi François Ier. Les portraits les plus frappants de Raphaël sont ceux de ses proches. L’ostentation du pouvoir cède la place à la simplicité de l’amitié. Sur des fonds uniformes souvent sombres, l’artiste saisit sur le vif leur expression douce et familière, pour révéler la singularité de leur caractère. Si l’économie de moyens et la force psychologique de ces chefs-d’œuvre s’inspirent d’exemples vénitiens de Giorgione, de Titien ou de Sebastiano del Piombo, la fermeté du dessin et le sens de la grâce relèvent pleinement de son génie. Rarement le précepte du grand théoricien de l’art Alberti sur le portrait, lequel doit « rendre présent l’absent » aura été aussi bien illustré. Pour l’occasion, le musée du Louvre a prêté deux de ses chefs-d’œuvre du genre, et d’abord l’Autoportrait avec un ami qui demeure la plus fidèle image du Raphaël romain, en pleine force de l’âge, vers 1518-1519. Son interprétation est toujours débattue car l’identité du jeune homme tourné vers le maître demeure mystérieuse. Le plus séduisant est certainement Baldassare Castiglione dont les yeux bleus étincelants respirent l’intelligence, la bienveillance et l’humanité. L’image est justement devenue le symbole de l’humaniste et du parfait homme de cour de la Renaissance. Sa mise sombre et élégante, subtilement rehaussée par le fond gris, son expression retenue, légèrement souriante, sa gestuelle simple et calme révèlent une parfaite assurance, prônée dans le célèbre Livre du courtisan.

L’une des salles les plus émouvantes de l’exposition est celle qui réunit les deux plus célèbres effigies féminines du peintre, La Donna Velata et La Fornarina,


Raphaël Portrait de femme voilée dite la Dona Velata vers 1512-1518, huile sur toile 82x60,5 cm, Florence,Galleria Palatina, Palazzo Pitti © Archives Alinari, Florence. dist. RMN – R. Bencini
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VOIR AUSSI L’ANNEE RAPHAEL 1520-2020 (II) / Raphaël à Chantilly. Le maître et ses élèves.

Crédit : L’Objet d’Art / numero-566/


[1Margherita Luti, fille du boulanger - "fornaio" en italien, "fornaro" dans le dialecte de Rome

[3Crédit : Roxana Azimi, Le Monde, 01 juin 2020

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