4 5

  Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » THEMATIQUES » Tribune des lecteurs / Tribune libre » Une Sollers Simphonia manquante
  • > Tribune des lecteurs / Tribune libre
Une Sollers Simphonia manquante

par Michaël Nooij

D 12 juin 2023     A par Michaël Nooij - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Nota : encarts de pileface (V.K.)

Le jazz excepté, Sollers n’avait d’oreille que pour Bach et Mozart - c’est très bien mais on peut lui reprocher d’avoir omis de nous parler des compositeurs antérieurs pionniers grâce à qui ces Wunderkinds ont pu exprimer le total de leur talent, et m’est avis que c’est la musique du Grand siècle qui a donné aux deux germaniques les clefs nécessaires pour dire le tout de leur art ...cette musique de Versailles, cette tonalité de grandeur, de retenu, d’éclat, de doux et fort, d’inventivité, ces sons fastes et amples nés dans l’esprit de Monsieur de Sainte-Colombe, de Marin Marais, de Lully, cette approche caravagiste du supérieur absolu a offert à Jean-Sébastien puis à Wolfgang Amadeus les bases pour déployer leur propre génie, primauté de la grâce et de l’élégance  : les Charpentier, Couperin, Rameau et tant d’autres ont appris aux peuplades anglo-saxons, à Vienne, à Londres, à Potsdam comment composer de la musique achevée... o.k. cette phrase est longue, trop longue, il n’en reste pas moins vrai que le lien direct de Versailles au baroque allemand n’est jamais assez souligné, Bach, Haendel, Telemann disons le haut se sont appuyés sur le modèle cisélé par les musiciens à la cour de Louis XIV.

Bach et Haendel naissent deux ans avant que Lully ne meurt, une génération les sépare.

À trente-cinq ans le Cantor compose ses Suites françaises pour dire sa dette à Monsieur de Lully dont les œuvres sont interprétées alors dans tous les châteaux d’Europe - Bach surpris l’a attentivement écouté et telle une éponge l’a absorbé, musique grave, joueuse, intelligente, percutante, sensible, spirituelle tout à son goût.

S. de façon regrettable ne parle point des compositeurs de la Grande chambre du Roy - Bach ! Bach ! "le cinquième Évangéliste" ! toujours Bach, Mozart... taïaut taïaut ! place aux Teutons ! Mais quoi ? Vous oubliez Élisabeth-Claude Jacquet de La Guerre*, Louis-Nicolas de Clérambault, Joseph Bodin de Boismortiert ? Sans eux pas de Bach ni de Haendel non plus.

S. qui aimait la profondeur, la douceur, le goût, la noblesse d’esprit, la légèreté si parfaitement mis en notes par De Lalande, Campra, Gaultier de Marseille et tutti quanti aurait pu, aurait dû les nommer, les mettre en valeur, expliquer la suprématie créatrice de l’école musicale française - entre Venise et Versailles il y a des liens anciens, Rome est à Paris et Paris à Rome, France, pays latin, premier pays christianisé du continent européen, à être éclairé par l’espérance de l’Évangile, débourré de la sauvagerie commune aux alentours, un milieu de paradis, une maison de miséricorde, pile ce qu’incarne la musique du Roi Soleil, la grâce avant tout, la finesse plutôt que la grossièreté, le bon goût de ne pas blesser, musicalité sollersienne, une attitude catholique, le tact français en somme avec l’art de gagner la guerre...

Considérations d’un vendredi après-midi esseulé

M.N

Michaël Nooij sur pileface


(*) Élisabeth-Claude Jacquet de La Guerre (1665-1729)

.

Claveciniste et improvisatrice virtuose, Elisabeth Jacquet de La Guerre est la compositrice la plus célèbre de l’Ancien Régime. Pionnière dans le domaine, elle intègre dans son écriture les différentes influences de son temps, au-delà du clivage entre esthétiques italienne et française.
Issue d’une lignée de musiciens, facteurs de clavecins à Paris, Elisabeth Jacquet est formée à la musique par son père Claude Jacquet, organiste à l’église Saint-Louis-en-l’Isle (4e arrondissement). Parmi ses frères et sœurs, Elisabeth Jacquet montre rapidement d’étonnantes dispositions pour le clavecin et pour le chant, ce qui lui vaut de se produire devant le roi Louis XIV à l’âge de cinq ans. Enfant prodige, elle s’accompagne dans des airs de sa composition, transposant facilement ses mélodies dans n’importe quel ton. Très appréciée par le Roi, elle intègre la cour à dix-sept ans sous la protection de sa favorite Madame de Montespan. A dix-neuf ans, elle épouse le claveciniste Marin de La Guerre, dont elle adopte le nom.
Radiofrance.fr

Mystérieux Mozart

Extrait d’entretien à la suite de la publication de Mystérieux Mozart.
Par Alain Duault et Bertrand Dermoncourt

Alors vous avez écrit ce livre sur Mozart...

JPEG - 21.3 ko
Mystérieux Mozart est publié chez Plon, en octobre 2001
C’est une tentative d’éclaircissement. En gros, à travers la biographie et les oeuvres, j’essaie de tisser les choses à ma manière, surtout en posant cette question : qu’est-ce que signifie pour Mozart sa situation historique ? Pourquoi la critique très sévère de la France, en 1778 ? Pourquoi était-il impossible de faire jouer, à l’époque, le moindre opéra de Mozart à Paris ? L’essentiel de mon travail a porté sur l’écoute très attentive des sept derniers grands opéras, d’Idoménée jusqu’à La Clémence de Titus, en essayant de montrer comment tous ces opéras sont liés les uns avec les autres. Il faut écouter avec le livret, plutôt dans la langue originale, et voir de quoi ça parle exactement, avec une grande précision. Mozart est le seul compositeur à avoir si bien compris les femmes avec une telle profondeur. Prenez ses opéras, prenez les rôles féminins (et travestis, bien sûr !) : tout y est. C’est sans doute pour cela que je l’aime tant (rires) ! Et aussi : qu’est-ce que le quintette pour Mozart ? Qu’est-ce que cette amitié entre Haydn et Mozart - une amitié musicale comme celle-là, qui n’a pas connu d’antécédents, comment a-t-elle pu être possible ? Alors qui est ce Mozart, au milieu de son temps ? Il n’y a pas de Mozart sans Haydn (que j’adore, et écoute tout le temps) : c’est lui qui le dit, ce n’est pas moi ! Mais il y a les opéras de Mozart. Avant, il n’y en avait de pareils ; après, il n’y en a pas de pareils. Mystérieux Mozart, oui.

Mystérieux Mozart (II)

*

Il est étrange de se dire qu’après Mozart tout s’est brusquement ralenti dans le bruit, la fureur, la lourdeur ou le tintamarre. Il y a eu une accélération de l’Histoire, soit, mais sur fond de stupeur, de torpeur. De nos jours, la vitesse est partout sauf dans les esprits. Du temps de Wolfgang, c’est le contraire. On voyage en diligence, les préjugés barrent l’horizon, c’est encore l’immense province, la noblesse, à quelques exceptions près, n’entend rien à ce qui va venir, mais le bouillonnement sensuel et neuronal est là, l’intelligence fuse à travers les doigts et les souffles. L’humanoïde actuel est un montage électronique à tête molle. La pointe du XVIIIe siècle, au contraire, est un oiseau spirituel à animalité de soie et d’acier.

Ph. S.

*

*

LES DEUX AUTRES VOLETS DE LA TRIOLOGIE "MYSTERIEUX MOZART" SUR PILEFACE :
Mystérieux Mozart (I)
Mystérieux Mozart (III)

*

VOIR AUSSI

La littérature et la musique avec Bach

Un message, un commentaire ?

Ce forum est modéré. Votre contribution apparaîtra après validation par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
  • NOM (obligatoire)
  • EMAIL (souhaitable)
Titre

RACCOURCIS SPIP : {{{Titre}}} {{gras}}, {iitalique}, {{ {gras et italique} }}, [LIEN->URL]

Ajouter un document