Cher Viktor, on entend cà et là crier "Sollers subito sancto ! Sollers dans la collection Pléiade maintenant !"
Serait-il d’accord ? Un bon cru se doit de vieillir tranquillement dans l’obscurité - après les longs soleils sur les vignes, après les rouleaux de lumière l’ombre du repos, le temps du silence qui bonifie - dirait-il que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Se débrouillerait-il pour être mis à la cave malgré la volonté générale en déclarant que son jus se doit de vieillir, le bordelais est un vin de garde ?
S. n’a jamais cherché à faire parti d’un jury ni ambitionné un fauteuil à l’Académie française - pour gagner son combat personnel il fallait se montrer sans chaînes, acrobate, libre des coteries des chapelles affranchi, valait mieux être pape actif chez Gallimard que membre d’un club de retraités quai Conti
Il aimait trop la lutte contre l’ordre impie, son programme de battre le diable n’était pas une posture, ça le tenait depuis son enfance catho, c’était son naturel et avec ça malin comme un singe, moine libidineux comme l’a décrit Marc Villemain, un dieu tao au gros ventre rond et grand rire rigolard cachant bien son jeu divin

Sollers sancto subito ? Le mettre entre Saint-Simon et Sophocle, à côté de Georges Simenon, Claude Simon et Spinoza en papier bible ? Sade est tout près, Sartre, Stendahl et Swift aussi, pas loin se tiennent saint Augustin, Nathalie Sarraute et Schiller, ils auront de passionnantes conversations dans leurs strates ma plume imagine
Qu’en penses-tu lecteur ? S. tout de suite en Pléiade ?
M.N.