Dès qu’on parle de révolution en France, on pense immédiatement bien sûr à 1789 et à la Révolution française.
Mais aussi à la Commune, à la révolution américaine, aux idéaux révolutionnaires du bolchevisme en 1917, à la révolution culturelle chinoise, aux révolutions baroques en Amérique latine. Et plus près de nous à mai 68, à la révolution sexuelle gay, au féminisme, à la révolution Bio. Que se trame-t-il dans un processus révolutionnaire ? Qu’est-ce qu’une révolution ?

LCP, 6 décembre 2020 [1].
Invités :
- Marcel Gauchet, philosophe et historien, rédacteur en chef de la revue Le Débat
- Aurélie Filippetti, écrivaine, ancien ministre
- Philippe Sollers, écrivain
- Hervé Le Bras, démographe, directeur d’étude à l’EHESS











Dans La France et l’Europe, un entretien paru en juin 2019 dans la Revue Politique et Parlementaire et repris dans L’Infini 146, Sollers déclarait déjà :
Il y a une falsification de la Révolution française, le plus grand événement de tous les temps avec l’avènement du christianisme. Il faut lire l’excellent livre de Marcel Gauchet Robespierre : L’homme qui nous divise le plus. Ses analyses sont particulièrement subtiles, y compris celle sur la vocation christique de Robespierre, prenant sur lui tous les excès de la Terreur pour que le peuple n’en soit pas coupable. Mettez-vous dans l’espace de la Convention. Il devait y avoir deux volumes des Orateurs de la Révolution française : la Constituante et la Convention. La Constituante est parue dans la Pléiade, mais le volume sur la Convention n’existe pas. Voilà des personnes qui montaient en scène et qui pouvaient être arrêtées et perdre la tête dans les minutes suivantes. Vous parlez à un girondin de Bordeaux. La Révolution française a toujours été imitée et, à chaque fois, falsifiée. Vous avez des gens qui croient que la Révolution d’Octobre en Russie a été la continuation de la Révolution française suivie par la Révolution chinoise : ils ne savent pas à quel point ils sont la dupe des simulacres…
RPP - Voulez-vous dire que la France « moisie » d’aujourd’hui regarde en chien de faïence les Conventionnels ?
Philippe Sollers - Allez donc passer votre vie à la Convention à l’époque, vous saurez si votre système nerveux est résistant. Vergniaud était un orateur admirable, il était inventif, il n’écrivait pas ses discours, il improvisait, il était très supérieur, il a donc été éliminé.
RPP - Ce qui n’était pas le cas de Robespierre qui n’était pas un bon orateur. Et que pensez-vous de Saint Just ?
Philippe Sollers - Le dernier discours de Robespierre est extraordinaire, Saint Just se tait, il sait que c’est terminé. C’est un épisode magnifique.
RPP - Que pensez-vous de cette phrase de Saint Just « Ce qui constitue une République c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé » ?
Philippe Sollers - Le bonheur est une idée neuve en Europe, j’aimerais bien qu’on médite là-dessus. Ce n’était pas du tout une idée neuve, mais elle demandait à être rafraîchie. Pas d’abstraction. Vous êtes maintenant perdu dans des déluges d’abstraction à propos des choses essentielles comme la mort, l’identité, le transcendantal. Si vous acceptez cette hypothèse, il y a quand même une bibliothèque considérable. Il y a un esprit européen fabuleux. Qui nous en parle ? Jamais les intellectuels qui découvrent cela tardivement. L’Europe centrale très bien, mais… (Politique de l’Europe)
Dans l’émission diffusée par LCP, il est beaucoup question du livre de Marcel Gauchet, Robespierre. L’homme qui nous divise le plus. Précisions.


VOIR AUSSI : Robespierre 2018 et Les droits de l’homme, une révolution sans fin ? (avec Marcel Gauchet).
[1] Présenté par Émile Malet.
L’actualité dévoile chaque jour un monde qui s’agite, se déchire, s’attire, se confronte... Loin de l’enchevêtrement de ces images en continu, Émile Malet invite à regarder l’actualité autrement... avec le concours d’esprits éclectiques, sans ornières idéologiques pour mieux appréhender ces idées qui gouvernent le monde.