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Pileface et Twitter/X – Revue LEXNEWS

Les lieux de Sollers

D 4 janvier 2024     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Cher Viktor,

Une belle et heureuse année 2024 !
une petite question : comment être informé régulièrement des nouveaux posts de Pileface ? je n’ai pas trouvé de newsletters et X ne semble pas à jour ???

bien amicalement

Philippe-Emmanuel
REVUE LEXNEWS
Site : www.lexnews.fr

Eléments de réponse

Votre question pouvant intéresser d’autres lecteurs, voici mes premiers éléments de réponse :

1. Effectivement, pileface n’est plus à jour sur X. Twitter a bloqué mon compte @pileface courant 2023, au motif qu’il me fallait renforcer mon mot de passe, ce que je n’ai pu faire, car pileface (créé en 2005) a été enregistré sur Twitter avec une vieille adresse wanadoo.fr devenue obsolète et à laquelle je n’ai plus accès. Ai tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec Twitter devenu X pour dénouer la situation. Il suffirait que Twitter/X change mon adresse email obsolète, par une adresse valide que je leur communiquais, puisqu’il ne m’est pas possible de le faire moi-même. En vain !
Les robots de Twitter/X me répètent inlassablement que je dois changer mon mot de passe et continuent de bloquer mon accès à Twitter/X…

2. Votre question m’incite à rechercher une solution.
Aussi, en ce début d’année, liste dans mes résolutions, celle d’ajouter une fonctionnalité « Liste de diffusion » à pileface. Cette fonctionnalité aurait pour objet d’informer les lecteurs inscrits, des nouvelles publications, (avec possibilité, bien sûr, de se désinscrire si souhaité). Vous en tiendrai informés, quand ceci sera opérationnel !

A propos de Philippe-Emmanuel Krautter et LEXNEWS

P-E Krautter est le créateur et animateur de la revue culturelle web Lexnews dont nous saluons la richesse et la longévité (depuis 1999).
Nous vous invitons à fréquenter son site, notamment la section https://www.lexnews.fr/leslivres.htm.
Vous y trouverez sûrement matière à nourrir vos attentes littéraires pour 2024.

Vous pouvez aussi retrouver quelques uns de ses écrits sur pileface, publiés avec son aimable autorisation, et listés en fin d’article.

Philippe Sollers nous a quittés en 2023 mais il nous reste ses écrits et entretiens qui continuent à le faire vivre.
Nous avons plaisir à republier ci-après, un extrait d’entretien avec Philippe Sollers par P-E Krauter, à propos de la publication de Philippe Sollers Lettres à Dominique Rolin (1958-1980),, et cité dans son « Hommage à Philippe Sollers (1936-2023) ». sur le site LEXNEWS..

L’extrait : Les lieux de Sollers

Les lieux ont, semble-t-il, toute leur importance dans cette correspondance…

Philippe Sollers : « Il y a une expression que j’aime beaucoup qui s’appelle le génie du lieu, et il y a dans l’île de Ré, un lieu tout à fait exceptionnel que je dois à un ancêtre navigateur qui a voulu se poser là parce qu’il laissait son bateau pour la pêche et pour le tir au canard devant les marais salants…

Les marais, premier livre de Dominique qu’elle m’envoie, et pour lequel, je lui réponds être un peu embêté de l’admirer, nous sommes fin décembre 58 et février de l’année suivante, je lui écris : « Dominique chérie ! » (rires)… Le type est en effet passé à l’action assez vite, j’ai vingt-deux ans, je sais un peu écrire avec une reconnaissance de Mauriac, Aragon, etc. L’autre livre de Dominique s’appelle Artémis, cette déesse grecque que les Latins ont transformée en Diane, une déesse extrêmement redoutable et très rapide dans ses interventions dont le lieu préféré est précisément la zone des marais. Vous voyez qu’immédiatement quelque chose fonctionne en mythologie comme en relation personnelle. Paris est également important, mais là, on ne s’écrit pas, c’est vécu. L’autre génie du lieu qui va être vécu de manière très intense pendant des années, c’est Venise. C’est non seulement le lieu, mais également la formule, le lieu et la formule appartient à Rimbaud et est parfaitement adapté à l’illumination très précise. Ce qui m’a frappé en relisant ces lettres est qu’il y a tout le temps de ma part une situation où la nature prend une dimension très importante : le temps qu’il fait, la nature, la végétation, les fleurs… La nature est divine comme l’a dit Spinoza à qui cela a d’ailleurs posé pas mal d’ennuis ! (Rires)

Le lieu, c’est aussi la nature. C’est ainsi que le chinois est apparu très tôt dans ma vie, je suis vraiment un admirateur inconditionnel de la poésie et de la peinture chinoise.

Crédit : art press 266, mars 2001
ZOOM : cliquer sur l’image

Si vous regardez cette calligraphie (Philippe Sollers pointe du doigt une calligraphie chinoise accrochée sur le mur de son bureau), vous « voyez » le geste immédiat et tout à fait fondamental avec le souffle, le poignet… Je deviens chinois assez vite et j’ai réalisé qu’il fallait apprendre un peu la langue si l’on voulait comprendre ce que les jésuites ont compris tel le peintre Giuseppe Castiglione et Matteo Ricci. Ils ont malheureusement été stoppés après par Rome. Cela a été une occasion unique, et vous voyez le temps qu’il a fallu par la suite pour redécouvrir toute cette richesse. Quand j’ai ouvert un jour mes volets à l’île de Ré, j’ai cru avoir une hallucination. Je voyais au loin des formes auprès des marais, c’était des Chinois qui venaient se renseigner sur la manière de recueillir la fleur de sel ! Un peu après, j’apprends qu’ils sont à Bordeaux et qu’ils achètent tous les châteaux, c’est extraordinaire. La civilisation chinoise m’a travaillé beaucoup plus profondément que l’américaine.

Propos recueillis par Philippe-Emmanuel Krautter
© Interview exclusive Lexnews
Tous droits réservés
reproduction interdite sans autorisation de l’auteur

(Philippe Sollers Lettres à Dominique Rolin (1958-1980)
Édition de Frans De Haes Collection Blanche, Gallimard, 2017)

*
LETTRE N° 48

(avec l’aimable autorisation de l’auteur, toute reproduction interdite)


Bordeaux, Vendredi
(28 décembre 1962).

Amour,

J’aimerais que tu aies un signe de moi en rentrant au Verneuil, mais les journaux sont pleins, maintenant, de « perturbations affectant les PTT ». Tant pis : ce mot parmi l’avalanche. La situation, aujourd’hui, est un peu meilleure. Je crois avoir coupé à la grippe, et je me suis remis au travail, cet après-midi, avec une sorte de bonne humeur. Les séjours à Bordeaux ont pour moi leur couleur particulière (très différente de ceux à Ré, par exemple). Il faut dire que je retrouve très exactement, ici, les bases mêmes, les dimensions de mes projets d’« adolescent ». C’est à la fois ancien et proche. Je tâtonnais, il me semble, dans un désespoir plein d’enthousiasme et de mauvais goût : persuadé d’être appelé à une destinée hors pair (une parenté naturelle, et sans le moindre humour, avec le « génie »), conscient d’une déficience et d’une faiblesse – d’un ennui d’être – représentées parfaitement par une architecture noire et rigide parmi laquelle j’allais sans rien voir.

Le problème le plus grave que je me suis posé – que je me pose toujours – revient, depuis cette époque, à celui-ci : comment est-il possible, alors qu’on a logiquement et concrètement l’expérience du meilleur, la certitude évidente d’une vérité absolue ; comment est-il possible qu’on en soit malgré tout réduit à rester dans le décor archi-connu et gâteux du temps ? Bien entendu, une telle question appelle aussitôt sa réponse – naturelle, claire : c’est que l’expérience dont on se réclame, la vérité qu’on prétend avoir ne sont pas, justement, celle qui, etc... Et pourtant... je ne sais s’il existe beaucoup d’esprits comme le mien, que leur existence irrite par ce qu’elle a de théâtral et d’obligatoire – d’obligatoire surtout.

Le suicide ? J’y pensais beaucoup à cette époque (entre 16 et 20 ans). Mais QUI tue QUI ? Au nom de quoi (c’est encore attacher trop de prix à la pièce que d’en être l’attraction se prenant au sérieux) ? Etc... Enfin, le fameux monologue d’Hamlet – que tout le monde ânonne sans le comprendre – « to dream « to sleep ? to dream ? » m’a toujours paru d’une vérité pratiquement physiologique : peut-être – et je le crois fermement – à cause d’une familiarité précoce, presque monstrueuse avec la fièvre, le délire, le sommeil. « The pains of sleep », c’est le titre d’un poëme de Coleridge. Les aventures inexprimables (et, je dois dire, troubles) qu’il m’arrive de vivre en dormant – en plongeant – jouent un rôle d’immensité intime, objective assez inquiétante. Difficile de croire – alors que le corps a disparu de l’esprit – que l’esprit puisse, lui aussi, disparaître complètement avec le corps etc... Banalités, mais qui constituent, dans cette ville, le fond d’un décor ancien, décor que j’ai hanté, que je hante comme le personnage interchangeable d’une très ancienne histoire... Impression dominante que quelque chose se jour en nous, à travers nous (cf l’Intermédiaire [1]). Quel problème ! Mais je n’en finirais pas. Tu ES ce qui fait que je peux parler de ceci, que je peux penser à un point lumineux, immédiat, tangible. Te rends-tu compte de la chance et de l’importance que tu représentes à mes yeux ? Les poètes ont tous eu raison, eux qui s’embarquaient sur cette mer de l’esprit avec un seul rythme portés, peu importe sous quelle forme, par l’amour, etc...
Finie, la dissertation. Je t’adore – t’embrasse – Ph

L’INTEGRALE DE l’ENTRETIEN ET PLUS ICI

Crédit : LEXNEWS

Philippe-Emmanuel Krautter sur pileface

Pasolini ? La Macchinazione par David Grieco. Interview par P-E Krautter
Interview Philippe Sollers : Lettres à Dominique Rolin 1958-1980
Sur Graal, Chronique
Sur Medium, Entretien
Venise et la pensione La Calcina


[1Philippe Sollers, L’Intermédiaire, Paris, Seuil, coll. « Tel Quel », 1963.

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