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Les tribulations d’un auteur de policier avec Sollers

Contre-attaque / Entretiens : Sollers avec Franck Nouchi

D 12 septembre 2016     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Sollers a beaucoup de casquettes, nous le savions, même si nous le voyons toujours tête nue. Seule une écharpe le protège parfois des intempéries. Nous attendions sa « Contre-attaque » avec le livre d’entretiens accordé à Franck Nouchi annoncé pour novembre 2016 quand nous avons cherché à cerner, un peu plus, ce nouveau chevalier-interviewer. A-t-il le profil pour fendre l’armure du réteur Sollers ? Va-t-il faire tomber quelques uns de ses masques ?
Mais ce sont d’abord les masques de Franck Nouchi que nous avons découverts.

Premier masque : Franck Nouchi auteur de roman policier

Premier masque, celui d’auteur de roman policier, c’est Sollers en personne qui nous le révèle dans son Journal du mois dans le Journal du Dimanche du 3 mars 2012. Lisez plutôt :

Voltaire
En principe, je ne suis pas très amateur de romans policiers, mais en voici un d’une originalité passionnante,Le Cerveau de Voltaire [1], d’un certain Franck Nouchi. L’auteur est-il un Anonymous [2] Son projet semble le suggérer. Il invente une histoire parfaitement crédible, à partir du vol d’un morceau du cerveau de Voltaire, conservé jusque-là à la Comédie-Française. Le cœur, lui, est dans le socle d’une statue de Houdon à la Bibliothèque nationale.

On demande une expertise ADN des deux restes d’organes, et ils coïncident. Ce test hautement technique n’échappe pas à un amateur qui envisage de cloner l’auteur de Candide, tellement il est écœuré de l’affaissement intellectuel français. Voltaire cloné ! Venant juger son pays et le monde ! Un commissaire est sur le coup, et on le sent, peu à peu, possédé par son enquête au point de frôler la folie. Au passage, un certain nombre de penseurs actuels en prennent pour leur grade. Le cloneur est sérieux, le commissaire accablé, le lecteur subjugué. Voltaire de nouveau parmi nous ? Est-ce possible ? Je ne vous raconte pas la fin, subtilement amenée. Mais qui est donc ce Nouchi ? Quelle rage l’anime ? Qui ou quoi représente "l’infâme" aujourd’hui ? Ouvrez, et lisez.

Philippe Sollers - Le Journal du Dimanche
samedi 03 mars 2012

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Deuxième masque : Sollers personnage du roman de Nouchi

Nous avons eu la curiosité d’ouvrir Le cerveau de Voltaire. Pas une autopsie médicale, non simplement le livre. Surprise : Sollers est dans le roman, dans son personnage public d’auteur, à côté du commissaire Marcel Attias, l’un des meilleurs policiers de France, chargé de l’enquête.

Editeur : Flammarion (3 mars 2012)
221 pages Le livre sur amazon.fr

Présentation de l’éditeur

L’ADN de Voltaire a été décrypté. À peine la médecine française a-t-elle proclamé ces résultats spectaculaires que le cerveau du philosophe disparaît. L’auteur du larcin menace de cloner l’auteur de Candide. Science-fiction ? Pas tout à fait. Nous sommes en 2011, la France s’enlise dans la paresse intellectuelle. Le commissaire Marcel Attias mène l’enquête, des intellectuels parisiens se mobilisent, l’opinion publique s’enflamme. Qui est le voleur ? Passera-t-il à l’acte ? Un virevoltant jeu du chat et de la souris commence…

Nouchi réussit ici un premier roman enlevé et malicieux. Il mélange les éléments d’une enquête policière traditionnelle au récit d’une histoire littéraire aussi véridique que surprenante.

Extrait :

En arrivant au Marigny, elle observa que la terrasse était presque vide. Un homme seul était attablé : Philippe Sollers buvait son café et son quart Vittel tout en feuilletant la presse du matin. À l’intérieur de l’établissement, un vieil homme remplissait une grille de Loto. Un autre, accoudé au zinc, lisait Le Parisien. Apparemment, personne ne semblait guetter l’arrivée de Clélia.

Au bout d’un instant, elle se décida.

— Monsieur, s’il vous plaît. J’attends quelqu’un que je ne connais pas. Personne ne vous a dit qu’il me cherchait ce matin, par hasard ?

Le garçon sourit :

— Eh non, chère mademoiselle. Personne. Encore un de ces idiots de Facebook. Même pas capable de se rendre à un vrai rendez-vous.

— Non, rien à voir. La personne dont je parle devait avoir un livre de Voltaire à la main.

Les entendant, un autre serveur les interrompit :

— Voltaire ? Vous avez dit Voltaire ?

Clélia crut qu’il se moquait d’elle en imitant Louis Jouvet.

— C’est bien vous qui avez parlé de Voltaire, non ?

— Oui, finit par dire Clélia.

— Alors, en ce cas, un monsieur, ce matin, a laissé quelque chose à votre intention. Il m’a dit de vous dire qu’il s’excusait, mais qu’il ne pourrait pas honorer votre rendez-vous. Attendez-moi, je reviens…

Au bout d’un instant, le serveur réapparut, un paquet à la main.

— Tenez.

Il s’agissait d’un volume des œuvres complètes de Voltaire dans la collection La Pléiade. Un petit mot manuscrit avait été glissé entre deux pages :

Mademoiselle, pardonnez-moi. Je ne savais plus si je pouvais vous faire confiance. Je ne voulais pas me retrouver en tête-à-tête avec Attias. Je suis sûr que vous me comprendrez. Si vous êtes venue seule à ce rendez-vous, considérez-moi comme le plus bête des hommes. J’en suis désolé. Vraiment. Bien à vous. L.

Que voulait dire ce « L. » ? Clélia se dit qu’elle y réfléchirait plus tard et commanda un café. Un homme venait de s’asseoir à la table de Philippe Sollers. La cinquantaine, de fines lunettes, et des cheveux auburn assez longs, il semblait bien connaître l’écrivain. Très vite, les deux hommes se mirent à rire aux éclats. S’asseyant à la table d’à côté, Clélia entendit qu’ils parlaient de Sarkozy.

— Non mais, tu l’as vu hier soir à la télé ? Cette allusion à Carla et à sa grossesse, grand style, non ?

Il arrive parfois dans la vie que l’on décide d’agir totalement à l’improviste, le cerveau déconnecté de toute prudence, de toute timidité. Une impulsion décisive :

— Excusez-moi de vous déranger. Vous êtes bien Philippe Sollers, non ?

Clélia s’était jetée à l’eau sans être certaine de savoir nager.

— Mais oui, dit l’écrivain en levant son légendaire porte-cigarettes. On ne peut rien vous cacher, chère mademoiselle. Que puis-je pour vous, si je peux quelque chose ?

— Je voudrais vous interroger à propos de Voltaire, mais ce n’est peut-être pas le moment…

L’homme assis en face de Sollers se leva :

— Bon, Philippe, faut que j’y aille. Médrano n’attend pas. Mademoiselle, je vous laisse entre les mains, et les mots, de notre meilleur spécialiste de Voltaire. Je vous souhaite une bonne journée. Salut Philippe.

L’homme alla détacher son vélo garé juste à côté du café, face au kiosque à journaux.

— Je vous dérange, dit Clélia.

— Pas du tout. C’est son heure.

&#8212 ;Il fait du cirque ?

— Non (rire de Sollers). Médrano, nom de code, c’est Le Monde, son journal. Alors, vous vous intéressez à Voltaire ?

Clélia se dit que le plus simple était de tout raconter. Sollers avait visiblement du temps. Au bout d’un quart d’heure, il l’interrompit.

— Mais c’est extraordinaire ce que vous me racontez là, mademoiselle ! Extraordinaire, vraiment ! Il n’y a pas longtemps, j’étais allé voir son cœur à la BN. Et je me disais qu’un jour j’irais voir son cerveau. Incroyable ! Il vous avait donné rendez-vous ici, au Marigny ? Et c’est au Monde qu’il a écrit une lettre, non ? Eh bien, figurez-vous que la personne avec laquelle je parlais comme chaque matin est un des rédacteurs en chef du Monde. Je crois bien qu’il s’occupe de votre affaire, sacré hasard, vous ne trouvez pas ?

Clélia se dit que rien de tout cela n’était fortuit. Le voleur devait savoir que Philippe Sollers et son ami journaliste avaient leurs habitudes au Marigny. Chaque matin, à la même heure, ils refaisaient le monde.

— Je crois que le voleur nous a fait un tour à sa façon, résuma Sollers, aux anges. Vous, mon copain et moi, cela fait beaucoup, je trouve. Curieux, tout de même…

Intrigué, l’auteur de Femmes poursuivit :

— Peut-être est-il anglais, votre voleur ? Les Anglais aiment Voltaire, les Français ne l’aiment pas. Il est mort riche, donc ça ne va pas. Il n’était pas dévot, donc ça ne va pas non plus…

— Sur Internet, j’ai vu que vous avez beaucoup écrit sur Voltaire…

— Vous devriez lire le texte de présentation que j’ai écrit pour le numéro spécial de L’Infini [3] consacré à Voltaire. Dans ce texte, que j’ai appelé « Le principe d’ironie », je cite Barthes. Le texte qui servait de préface aux Romans et Contes, en Folio. Tout Voltaire est là. Si vous m’attendez, je monte le chercher dans mon bureau…

Le bureau de Sollers était situé au dernier étage de l’immeuble surplombant le Marigny. Deux minutes plus tard, il était de retour, un numéro de L’Infini dans une main, son porte-cigarettes dans l’autre.

— Écoutez, vous allez voir : « En somme, ce qui nous sépare peut-être de Voltaire, c’est qu’il fut un écrivain heureux. Nul mieux que lui n’a donné au combat de la Raison l’allure d’une fête. Tout était spectacle dans ses batailles : le nom de l’adversaire, toujours ridicule, la doctrine combattue, réduite à une proposition (l’ironie voltairienne est toujours la mise en évidence d’une disproportion) ; la multiplication des coups, fusant dans toutes les directions, au point d’en paraître un jeu, ce qui dispense de tout respect et de toute pitié ; la mobilité même du combattant, ici déguisé sous mille pseudonymes transparents, là faisantde ses voyages européens une sorte de comédie d’esquive, une scapinade perpétuelle. Car les démêlés de Voltaire sont non seulement spectacle, mais spectacle superlatif, se dénonçant soi-même comme spectacle, à la façon de ces jeux de Polichinelle que Voltaire aimait beaucoup, puisqu’il avait un théâtre de marionnettes à Cirey. » C’est très important, vous savez, ces marionnettes. Elles préfigurent celles d’aujourd’hui…

— Que voulez-vous dire ? demanda Clélia.

— Le voleur ne disait pas que des bêtises dans son texte, mais chuutt !... (Sollers mit un doigt sur la bouche). Un écrivain heureux, vous dis-je… A-t-on encore le droit de l’être aujourd’hui, heureux, mademoiselle ?

— Et ces allusions à BHL et à Alain Minc, vous en pensez quoi ?

— Rien, ma chère amie. Rien. No comment, fit Sollers tout en allumant une cigarette.

Clélia aurait pu l’écouter durant des heures mais elle décida de ne pas abuser du temps de l’écrivain.

— Je pourrai vous revoir ? demanda-t-elle.

— Absolument. No problem. Maintenant que vous savez où me trouver. Tenez-moi au courant, elle m’intéresse beaucoup, votre affaire. À bientôt, sans faute…

Sollers fit un petit signe d’au revoir avec son fume-cigarette avant de replonger dans ses journaux.

Il était 11h30, Clélia n’avait pas la moindre envie de retourner au labo [4]

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Sur Sollers et Voltaire

UNE COURTE SELECTION

Voltaire : « Le principe d’ironie »
Sur pileface ICI

Philippe Sollers : « Il manque, Voltaire, là ! »
LE MONDE CULTURE ET IDEES|09.04.2015
Sur pileface ICI

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Troisième masque qui n’en est pas un [5] : Franck Nouchi dans le giron du Monde

Auteur de roman policier n’est qu’une fausse piste pour Franck Nouchi, né en 1956. S’il connaît bien le monde du Monde comme en témoigne son roman policier c’est qu’il est comme un poisson dans l’eau dans le microcosme du journal. Après une formation en médecine, il y couvre l’actualité médicale entre 1985 et 1994. Promu ensuite chef du service Société, puis rédacteur en chef jusqu’en 1999. Pour s’en éloigner, un peu, en 2000 où, petit écart, il devient directeur des Cahiers du cinéma, et président du directoire des Editions de l’Etoile. Mais en 2003, à nouveau Le Monde en tant que directeur adjoint de la rédaction. En passant ensuite par la direction du Monde des Livres de 2005 à 2007, puis Le Monde 2 - le magazine du Monde - jusqu’à la rédaction en chef du Monde, où il publie chaque jour une chronique. En 2013, il se propose à la succession d’Érik Izraelewicz à la direction du journal. Il est actuellement médiateur de ce quotidien. (Crédit : Wikipedia)

Quel faux-cul ce Sollers de glisser malicieusement dans son papier du JDD « Mais qui est donc ce Nouchi ? » C’est vrai que Franck Nouchi est celui qui a remplacé Josyane Savigneau, en 2005, après son éviction de la direction du Monde des livres ; – elle payait-là, en partie, un soutien indéfectible à Philippe Sollers, épisode douloureux qu’elle a exorcisé dans un livre « Point de côté »

Philippe Sollers quant-à-lui, introduit dans le saint des saints du Monde littéraire par Josyane Savigneau et François Bott comme elle le raconte dans son livre Point de côté, va écrire régulièrement dans le Monde et le Monde des livres de 1987 à 2005. Les attaques pleuvront : copinage, « pape des livres » et autres noms d’oiseaux plus violents, mais le « couple » avait tenu, jusqu’à ce jour de 2005, où Josyane Savigneau sera décapitée en même temps que dépitée. Philippe Sollers sortira aussi du jeu, dans la foulée, et voici comment Josyane Savigneau rapporte le fait dans « Point de côté. » :

« En 2005, il a décidé d’accepter la proposition que lui faisait Jérôme Garcin de collaborer au Nouvel Observateur. Contrairement à ce qu’on a rapporté ici ou là, il n’a pas quitté Le Monde par solidarité avec moi, qui venais d’être mise à l’écart : il y était prêt, je lui avais demandé de n’en rien faire. Mais ceux qui étaient parvenus à m’exclure se sont arrangés pour le pousser dehors. Il semble qu’à l’Observateur, on soit dans une atmosphère plus civilisée et qu’on accueille sa collaboration avec bonheur. »

[...]

Personne n’aurait l’idée de dire que Jérôme Garcin est « manipulé » par Philippe Sollers. Mais moi, je suis une femme. « Sous influence », comme l’avait écrit, dans Esprit, un écrivain de seconde zone se faisant courageusement passer pour un « lecteur de base » de la revue, censé exprimer l’indignation de ce lectorat devant la forfaiture d’une alliance fondée, on ne pouvait en douter, sur des « intérêts » méprisables. Ou sur l’aliénation hébétée d’une parfaite imbécile incapable de se forger une opinion personnelle. Il faisait un peu moins le fanfaron, celui-là, le jour où je l’ai pris au collet lors d’un Salon du livre de Paris, en lui enjoignant de répéter devant moi que j’étais une femme sous influence. La majorité des quelque deux cent cinquante articles écrits par Sollers pour Le Monde pendant ces années portent sur des sujets qu’on lui a proposés, et non l’inverse.

Josyane Savigneau qui écrit par ailleurs dans son livre :

Puisque c’est de Sollers qu’on s’est servi pour armer le fusil contre moi, il faut bien que je dise un mot de ces perfidies, de ces salves de calomnies qui m’ont conduite à oser écrire ce texte.
[…] J’étais une zombie sous influence, Sollers dirigeait « Le Monde des livres » à ma place. Je n’étais qu’une « ventriloquée corrompue », […]
Mais le fait est que ces petites histoires médiocres, cette « écume » de la vie parisienne, ont eu un effet, pas vraiment superficiel, sur ma vie.

Point de côté sur pileface
Le livre sur amazon.fr

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Dernier masque en guise de prologue

Nous parlons du prologue du livre « Le cerveau de Voltaire » : cette histoire de cœur et de cerveau de Voltaire, ce n’est pas de la fiction. C’est même historique :

En février 1778, usé et malade, Voltaire a quatre-vingt-quatre ans lorsqu’il entreprend un voyage qui le mènera de son domaine de Ferney à Paris. Il n’a pas quitté le pays de Gex depuis vingt ans et n’a pas revu la capitale depuis son départ pour la Prusse en 1750. Son envie d’assister à la création d’Irène, sa nouvelle –et dernière– pièce, à la Comédie-Française, est la plus forte.

Le 30 mars 1778, pour la sixième représentation, le triomphe est tel que Voltaire s’exclame : « Vous voulez donc me faire mourir à force de gloire ! » C’est son sacre. Dans les rues, des milliers de personnes l’acclament au passage de son carrosse.
[…]

Hébergé chez le marquis de Villette, dans un hôtel particulier qui se trouve à l’angle de la rue de Beaune et du quai qui, bientôt, portera son nom, Voltaire est mourant. Ses dernières visites ont été pour l’Académie et son Dictionnaire. « Notre langue est une gueuse fière, disait-il, il faut lui faire l’aumône malgré elle. »

Voltaire meurt le 30 mai 1778 dans d’horribles souffrances. Le lendemain, il est autopsié par M.Try, un chirurgien de la rue du Bac, assisté par l’apothicaire du quartier, M.Mitouart. Selon M.Try, les reins et la vessie étaient épouvantablement infectés et perforés, « semblables à du lard décomposé ». Le cœur était très petit, le cerveau très gros. Pour son dérangement, M.Mitouart demanda à garder le cerveau. Quant à M.deVillette, il se réserva le cœur, qu’il fit enfermer dans un étui d’argent doré.

Recousu tant bien que mal, le corps de Voltaire est transporté à l’abbaye de Seillières, près de Romilly, dans l’Aube. Il y restera treize ans, jusqu’au retour triomphal à Paris, le 11juillet 1791. Dans les rues qui mènent au Panthéon, des centaines de milliers de parisiens acclament le cercueil du philosophe. Sur des bannières, on peut lire : « Si l’homme est créé libre, il doit se gouverner. » Ou encore : « Si l’homme a des tyrans, il doit les détrôner. »

Le cœur de Voltaire fit un tout autre voyage. Après moult étapes, au nom de Napoléon III, le ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy, fit déposer ce « bien national » à la Bibliothèque impériale le 16 décembre 1864. Il se trouve aujourd’hui dans le salon d’honneur de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu. Sur le socle du plâtre original du « Voltaire assis » de Houdon, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette. »

Quant au cerveau…

*

On pourra lire aussi le rapport médical établi par Nathalie Buisson, laboratoire du département de Conservation de la BnF . « Le cœur de Voltaire : un secret bien gardé ». Il commence ainsi ;

« La statue de Voltaire, initialement située dans le Salon d’honneur de la Bibliothèque nationale de France sur le site Richelieu (2e arr.) renferme en son socle le cœur du philosophe. Lors de son déménagement vers le palier du musée des Monnaies et médailles en prévision des travaux, une odeur forte et inhabituelle a été remarquée par les déménageurs et l’ensemble des personnes présentes. Cette odeur ayant persisté plusieurs jours, la responsable du projet Richelieu a saisi le laboratoire afin d’étudier l’origine de cette émanation et d’effectuer un constat d’état du cœur de Voltaire. »

Dans : Actualités de la conservation, n°32, 2012, 7 :

http://www.bnf.fr/documents/lettre_cons_32_art2.pdf

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Franck Nouchi avec Alain Veinstein
Sur France Culture dans Du jour au lendemain, 19.05.2012, 32 min.

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Tout le monde cherche le cerveau de Voltaire !
Sur France Culture dans Pas la peine de crier : 10.04.2012, 34 min.
avec Franck Nouchi.


Epilogue : Contre-attaque

L’épilogue est bien sûr ce livre d’entretiens avec Sollers :

Grasset (2 novembre 2016)
260 pages
Le livre sur amazon.fr

Présentation de l’éditeur

Contre-attaquer à contre-courant : Philippe Sollers ne recule décidément devant aucun obstacle. Ni décliniste, ni souverainiste, ni communautariste, ni péguyste, ni laicard, ni populiste, ce livre en forme de discussions avec Franck Nouchi ne prétend rien moins que de redonner toute sa place – la première – à la littérature.

Seize ans après la parution de La France moisie, dans les colonnes du Monde, Sollers joue au ping-pong. En tout, treize parties, treize conversations, qui ont eu lieu du 27 octobre 2015 au 25 mars 2016, au gré d’une actualité particulièrement dense.

Idéologues et commentateurs de tous poils, à l’omniprésence médiatique arrogante, en prennent évidemment pour leur grade. Mais, l’essentiel est ailleurs. « C’est le passé qu’il faut redéfinir, dit-il. Dans ce présent instantané, il est en danger. Les morts eux-mêmes sont très en danger parce qu’il est arrivé quelque chose au temps. Hamlet dirait que le temps est sorti de ses gonds. Il y avait quelque chose de pourri au royaume de Danemark ? Il y a quelque chose de maintenant suffocant dans la République française. Il faut changer la répartition passé-présent-avenir. Puisque le présent est devenu instantané, il contamine le passé. Et quand le passé n’est plus vivant, il n’y a plus non plus de futur. C’est pour ça que tout le monde a peur ! ».

Pessimiste, Sollers ? Tout au contraire. A rebours de l’esprit du temps, cette contre-attaque est un message d’espoir. Dans trente ans, dans un siècle, les lendemains se remettront à chanter.

Franck Nouchi

Crédit : Editions Grasset


[1Flammarion, 18 euros (en librairies le 7 mars 2012).

[2L’entrée précédente du Journal du mois de Sollers dans le JDD s’intitulait Anonymous  : « Tout se passant de plus en plus sur le Net, ces terroristes d’un nouveau genre m’intriguent ?[…] Ils ne sont pas violents, ils ne font pas de politique, leur seule revendication est la libre circulation des données (ce que ne peut que redouter tout pouvoir existant). Ils disent des choses étranges : "Vous êtes. Je suis. Chacun est." Ou bien : "Nous sommes Anonymous, nous sommes légion, nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas. Unis comme un seul, indivisibles, redoutez-nous."[…] »

[3N° 25, Printemps 1989 (note pileface)

[4[Dans son labo]« …le cerveau de Voltaire l’attendait. Elle n’avait plus qu’à chercher. Un brin d’ADN suffirait. Après, il lui faudrait comparer avec un autre fragment prélevé sur le cœur. En cas de similitude, il n’y aurait aucun doute sur l’identité du cerveau entreposé à la Comédie-Française… », c’est ainsi qu’au début du livre nous faisons connaissance avec Clélia.

[5pas plus que les autres, d’ailleurs.

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