Bien plus qu’une muse, l’artiste est une femme émancipée à laquelle l’histoire de l’art rend enfin grâce, et le marché aussi !
« Pas facile d’être la femme de Picasso. Plus d’une a été broyée par cette rencontre fatidique : Fernande Olivier a fini dans la pauvreté, Dora Maar dans une solitude mystique, Marie-Thérèse s’est pendue et Jacqueline Roque s’est suicidée d’un coup de fusil... Une seule a su tenir tête au démiurge et même le dépasser en longévité : Françoise Gilot s’est éteinte le 6 juin 2023, à New York, à l’âge de 101 ans.
Après avoir mis un terme à sa vie commune avec Picasso, Françoise Gillot a pu se dédier à sa peinture et réaliser plus de 1 600 toiles et 3 600 œuvres sur papier ».
Le 7 mars 2024 sera mis en vente à l’Hôtel Drouot, Femme à la guitare,
Femme à la Guitare (circa 1953)
Françoise GILOT (1921-2023) Femme à la guitare, (circa 1953)
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Il y a dans cette étude préparatoire à l’huile sur panneau d’une Femme à la guitare de multiples influences, à la fois du Picasso et du Matisse. Au premier, elle emprunte le sujet et le retour au cubisme mais avec son trait, plus rond, plus souple. Du second, pour qui elle avait une amitié teintée d’admiration, elle choisit le fond aux formes dansantes et l’équilibre des lignes
Anne Doridou-Heim
Gazette Drout
DESCRIPTION (Gazette Drouot)
Françoise GILOT (1921-2023)
Femme à la guitare, Circa 1953
Etude préparatoire non achevée.
Huile sur panneau.
Non signée.
Dim. : 162 x 130 cm
Provenance :
Collection privée d’une famille amie des Picasso à Mougins
Cette oeuvre est une des études préparatoires exécutées par l’artiste pour le tableau ""Joueuse de Mandoline"", 1953.
Nous remercions Madame Aurélia Engel, fille de l’artiste qui a confirmé l’authenticité de cette oeuvre sur photo et nous a fourni des informations sur cette oeuvre.
Cette œuvre est un tableau préparatoire à la « Joueuse de Mandoline », une huile sur toile (146 x 114 cm) exécutée par l’artiste en 1953. Françoise Gillot s’empare de cette figure musicale, que Picasso et Braque avaient respectivement représentée en 1910 et 1917 dans un style résolument cubiste. L’artiste s’engage, elle, ici, dans un manifeste de la féminité avec une œuvre où la rondeur et la souplesse des formes conjuguée à l’harmonie des couleurs domine. L’héritage de Matisse, que Picasso avait présenté à Françoise et avec qui elle entretint une longue correspondance, est bien présent dans cette œuvre tant dans l’agencement du décor que la mélodie des formes. Cette œuvre est réalisée à l’époque où l’artiste met un terme à sa vie commune avec Picasso, notamment pour se dédier à sa peinture. Grande force de travail, Françoise Gillot réalise au moins 1 600 toiles et 3 600 œuvres sur papier ». Elle est présente dans les collections du Metropolitan Museum of Art et du Museum of Modern Art à New York, et u centre Pompidou à Paris.
En vente à lhôtel Drout le 7 mars 2024
Estimation 25 000 - 35 000 EUR
Paloma à la guitare, 1965
En 2021, un autre de ses tableaux, sur le même thème : Paloma à la guitare (sa fille) s’était envolé pour un million d’euros chez Sotheby’s Londres
Françoise Gilot, Paloma à la Guitare, huile sur toile, 130 x 125 cm (sans cadre). Vendue 922 500 livres sterling chez Sotheby’s Londres.
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Après sa rupture avec Pablo Picasso en 1953, Françoise Gilot poursuit sa carrière d’artiste peintre sous son nom. D’une mère aquarelliste, l’artiste avait abandonné ses études de droit contre l’avis de son père qui lui coupe rapidement les vivres. Son style fait ensuite le lien entre l’école de Paris des années 1950 et la scène américaine. Peintre reconnue, elle expose ses toiles à Paris, New York, Hong-Kong…
Françoise Gilot devant son œuvre
Paloma à la Guitare, frappant par sa couleur et imposant par son ampleur, a été réalisé en 1965 lorsque Françoise Gilot vivait à Londres. Dépeignant sa fille Paloma, c’est un portrait audacieux et captivant qui met en valeur l’approche novatrice de l’artiste en matière de couleur et de forme. Née et élevée à Paris, Gilot s’est lancée dans une carrière artistique étroitement liée à l’évolution de l’art moderne et à une vie personnelle marquée par une relation de dix ans avec Pablo Picasso. Cette peinture confiante est une expression évocatrice de l’autonomie de Gilot, qui a progressivement augmenté après qu’elle a quitté Picasso en 1953.
Alors que les parents de Gilot voulaient qu’elle devienne avocate, son esprit précoce et indépendant l’a poussée à poursuivre une carrière dans l’art. À l’âge de dix-neuf ans, elle a abandonné ses études de droit et, à vingt et un ans, était déjà l’une des artistes les plus respectées de la nouvelle École de Paris. Gilot a rencontré Picasso au printemps 1943, la même année que sa première exposition importante à Paris. Malgré ses quarante ans de plus, les deux ont entamé une relation de dix ans, qui a abouti à la naissance de leurs deux enfants, Claude et Paloma.
De 1964 à 1968, Gilot résidait dans un studio d’artiste à Chelsea, organisé par le directeur de la Tate Gallery à Londres. Paloma, avec qui elle était très proche, vivait en France mais lui rendait souvent visite. En 1949, l’influent Daniel-Henry Kahnweiler a proposé à Gilot un contrat pour devenir son marchand exclusif. En 1952, elle a reçu un encouragement supplémentaire lorsqu’elle a signé des contrats subsidiaires avec la galerie Curt Valentin à New York et la Leicester Gallery à Londres. Cela lui a accordé une certaine indépendance qui a incité une augmentation importante de l’échelle et de l’ambition de ses peintures. Elle décrira plus tard sa représentation à Londres et à New York comme une impulsion renforcée pour forger une carrière distincte de celle de Picasso.
"Je savais que Paris n’était plus le centre mais j’hésitais entre Londres et New York. Mon travail était avec deux galeries à Londres, parce qu’en France les choses étaient devenues plutôt difficiles pour moi — quitter Picasso était considéré comme un grand crime et je n’étais plus la bienvenue. Pendant les années 1960, j’avais un studio à Sydney Close, Chelsea, donné sur recommandation du directeur de la Tate, mais j’avais toujours plus de collectionneurs aux États-Unis qu’ailleurs, donc il était logique de déménager ici pour travailler."
FRANÇOISE GILOT
L’artiste et sa fille Paloma en 1964
Pour Gilot, l’acte de peindre des portraits était avant tout un moyen d’expérimenter avec la couleur et l’ambiance. Gilot représente Paloma paisiblement en train de jouer de la guitare, mais l’atmosphère est intensifiée par les teintes vibrantes de bleu et les lignes angulaires qui composent la composition, ainsi que par sa coiffe élaborée qui dégage un sentiment d’exotisme. Picasso avait présenté Gilot à Henri Matisse dès le début de leur relation et les deux ont ressenti une complicité presque instantanée. Cette œuvre est un hommage à l’homme que Gilot considérait comme le maître de la lumière et de la couleur ; elle citait souvent la conviction de Matisse selon laquelle "la couleur est le résultat d’une sensation condensée, donc elle est intuitive et passionnée."
2021, après la vente de "Paloma à la guitare" par Sotheby(s
FRANÇOISE GILOT (1921-2023)
L’Oeil de Pierre - C à Vous - 07/06/2023
Pablo Picasso avec sa femme Françoise Gilot et son neveu (détail).
Golfe-Juan, France, 1948. Robert Capa (1913-1954), © CC by 2.0
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Françoise Gilot a rendu son dernier souffle à Manhattan le 6 juin 2023, a l’âge de 101 ans. Longtemps occultée par sa relation avec Pablo Picasso (1881-1973), cette artiste solaire n’a jamais cessé d’affirmer sa liberté et de poursuivre sa quête picturale.
Née en 1921, Françoise Gilot s’initie tôt à l’aquarelle avec sa mère, elle-même artiste peintre. Malgré la réticence et la fermeté de son père, elle lui annonce dès 1943 vouloir être artiste, tandis que ses œuvres sont pour la première fois exposées dans une galerie parisienne. Elle fait à cette occasion la rencontre de Pablo Picasso, alors amant de Dora Maar.
Les années avec Picasso : « un prélude à sa vie »
S’ouvre alors une période riche d’influences artistiques durant laquelle la jeune artiste progresse dans l’ombre impitoyablement projetée par le génie du maître. Avec Picasso, elle partage toit et atelier, devient la « Femme-fleur » et a deux enfants, Claude et Paloma. C’est bientôt pour elle le temps d’une première reconnaissance artistique : son œuvre est exposée en 1951 à la galerie Kahnweiler et se dévoile aux marchés britannique et américain.
Vivre avec Picasso
Lorsque Françoise Gilot rencontre Pablo Picasso en 1943, elle a 22 ans, il en a 61. Quelques années plus tard, en 1953, la muse quitte le peintre, une première dans la vie de ce dernier. Pendant leurs années ensemble, qui donneront lieu à la naissance de deux enfants, Picasso représente Gilot sous les traits de la « femme-fleur », solaire et hautaine. En 1964, Françoise Gilot publie Vivre avec Picasso, livre autobiographique sur sa vie partagée avec le peintre. Dressant un portrait manipulateur et cruel de Picasso, il tentera de faire interdire sa publication, en vain.
Sur Picasso, Françoise Gilot raconte : « Intellectuellement » dit-elle « nous nous entendions bien, humainement, c’était un enfer. Il n’était pas méchant mais cruel, c’était un sadisme masochiste. (…) À la fin, ma jeunesse lui devenait insupportable, et moi, je changeais aussi ».
Une reconnaissance française tardive
Partie vivre aux États-Unis, elle défend une peinture aux couleurs chaudes, oscillant entre figuration et abstraction. Plus reconnue outre-Atlantique qu’en France, son œuvre a finalement bénéficié de deux expositions récentes dans l’hexagone :
D’après Gaspard Douin
Et L’Eclaireur FNAC
1 Messages
Francoise Gilot, peintre et muse de Picasso , Albert Gauvin | 24 février 2024 - 19:39 1
Voici la Joueuse de Mandoline de Françoise Gilot (1953) dont l’oeuvre présentée plus haut est une des études préparatoires.
Puis les toiles de Picasso et Braque peintes en 1910 et 1917 sur un thème analogue.
Françoise Gilot, Joueuse de mandoline, 1953.
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Pablo Picasso, Jeune fille à la mandoline, 1910.
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Georges Braque, Joueuse de mandoline, 1917.
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LIRE AUSSI : Françoise Gilot, Vivre avec Picasso (extraits)
Picasso, Matisse et Françoise Gilot dans L’Éclaircie