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Algérie, notre histoire

D 20 décembre 2012     C 1 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Algérie notre histoire
de Jean-Michel Meurice et Benjamin Stora

DVD PAL Version Française, 52 min.
Zadig Productions - ARTE France - INA 2011

Avec l’historien Benjamin Stora, qui a grandi à Constantine, le réalisateur Jean-Michel Meurice, appelé en Algérie de 1960 à 1962, confronte l’histoire de la guerre à la subjectivité de sa mémoire. Une chronique sensible où résonne la voix des vaincus.

« J’étais à l’école d’officiers de Cherchell. J’apprenais à faire la guerre, c’est-à-dire à tuer de toutes les manières possibles. Mais on ne nous disait jamais pourquoi ni qui étaient ces fellaghas. » En 1960, alors qu’il a 20 ans, le réalisateur Jean-Michel Meurice est affecté en Algérie. Comme 1,5 million d’appelés du contingent durant les presque huit années que durera cette vaste « opération de maintien de l’ordre », selon la dénomination officielle jusqu’en 1999. Cinquante ans après, escorté par Benjamin Stora, désormais spécialiste de la question algérienne, mais alors gamin de la communauté juive de Constantine, il confronte les replis subjectifs de sa mémoire à l’histoire de la guerre d’indépendance. Exhumant les souvenirs d’une insouciance lézardée, d’une candeur apolitique qui se fissure au gré des événements et l’amène à se poser la question de la légitimité de sa présence. Spectateur privilégié du ­chaos grandissant, il raconte le basculement, en avril 1961, de centaines d’officiers du côté des putschistes décidés à renverser de Gaulle, finalement acquis à l’indépendance. Évoque le déchaînement de la violence les derniers mois.

Film singulier à la première personne, le documentaire est gros de ressentiments non digérés, des promesses non tenues aux harkis, aux pieds-noirs, aux soldats. Fort d’un montage habile et d’une bande-son qui joue parfois à l’extrême le contraste entre l’époque yéyé et le ratissage des douars, il entrelace les propos du réalisateur et le contrepoint historique et humain de Stora, dialogue avec l’écrivain Pierre Guyotat [1] et son ami, l’ancien parachutiste Philippe Durand-Ruel. Emaillant son film d’extraits de longs métrages [2] et d’archives d’actualités, Meurice, tout en dévidant sa petite musique mémorielle, donne corps au terrible sentiment de gâchis face à cette « guerre injuste et inutile ».

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[1Tombeau pour 500 000 soldats.

[2Avoir 20 ans dans les Aurès, de René Vautier ; Adieu Philippine, de Jacques Rozier ; Au biseau des baisers, de Guy Gilles.


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1 Messages

  • Albert Gauvin | 31 mai 2021 - 14:02 1

    L’Historien Benjamin Stora plaide le refus de ce qu’il nomme la mémoire “hémiplégique” dans la colonisation et la guerre d’Algérie. Il est l’auteur du rapport qui a donné le livre “France-Algérie, les passions douloureuses” (Albin Michel, 2021) et notre invité aux côtés du réalisateur Lucas Belvaux.


    Le président Jacques Chirac en visite à Oran (Algérie) le 3 avril 2003.
    Crédit : Gilles BASSIGNAC. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    France Culture, La Grande Table, 31 mai 2021.

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    Benjamin Stora est historien et universitaire, enseignant à l’Université Paris 13 et à l’INALCO. Paraît France-Algérie, les passions douloureuses (Albin Michel, mars 2021), version en librairie du rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie que lui avait demandé Emanuel Macron en juillet 2020 et qu’il avait remis à l’Élysée le 20 janvier 2021. Il a ensuite défendu ce rapport devant les députés le 5 avril 2021.

    Il fallait oublier, pour vivre, pour exister, pour reconstruire. Trente ans plus tard, nous sommes sortis de l’oubli dans une sorte de confrontation des mémoires. (Benjamin Stora)

    Cette sortie de l’oubli s’est faite dans le désordre, dans la confusion, dans le repli identitaire.(Benjamin Stora)

    Chacun de ces groupes a voulu qu’on reconnaisse sa vérité de manière exclusive (...) sans essayer de comprendre la souffrance des autres.(Benjamin Stora)

    Benjamin Stora y formule plusieurs préconisations "pour une possible réconciliation mémorielle entre la France et l’Algérie" et pour favoriser "la circulation mémorielle". Parmi elles, la mise en place d’une commission “Mémoire et vérité” chargée d’impulser des initiatives partagées entre la France et l’Algérie, mais aussi le fait d´accorder une plus grande place à l’histoire de la France en Algérie dans les programmes scolaires et de faciliter les travaux universitaires sur les sujets mémoriels entre les deux pays ou encore la creation d´un "guide" des disparus.

    Ce rapport, je l’ai construit comme une sorte de compromis. Ce n’est pas un texte définitif qui est soit une mise en accusation radicale de ce qu’a été le système colonial soit au contraire d’acceptation des massacres commis par la France pendant cette histoire. J’ai essayé de faire un texte où on puisse se retrouver.(Benjamin Stora)

    Des moment, des lieux, des situations, des personnages où on puisse s’identifier et se rassembler. C’était ça l’objectif de ce rapport. .(Benjamin Stora)

    Dans la dénonciation idéologique, forcément, on garde les mains toujours pures. Mais on n’avance pas.(Benjamin Stora)

    Benjamin Stora préfère ainsi des mesures concrètes et symboliques aux excuses et a la repentance, ce dernier terme relevant selon lui d´un piège politique pour ne pas affronter la réalité de cette histoire complexe.

    Une émission avec Lucas Belvaux, qui nous parlait en première partie de son film adapté du roman éponyme de Laurent Mauvignier, Des Hommes.

    A partir du moment où on se sent seul et incompris, c’est facile d’attiser cette douleur pour l’instrumentaliser politiquement. (Lucas Belvaux)

    Ceux qui ont forcé le blocus de cette mémoire fragmentée, ce sont les romanciers. (Benjamin Stora)

    Pour aller plus loin : Benjamin Stora était l’invité de La Grande table des idées à l’occasion de la présidentielle qui se tenait en Algérie en 2019.