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Un corps en état de résurrection permanente

Les Voyageurs du Temps, Jacques Henric, art press 53, février 2009

D 21 janvier 2009     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Résurrection
in Sollers au Paradis de Jean Paul Fargier
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« D’abord (premier état, lignes gravure — le jeu commence), c’est peut-être l’élément le plus stable qui se concentre derrière les yeux, le front. Rapidement, il mène l’enquête. Une chaîne de souvenirs maritimes passe par son bras droit : il la surprend dans son demi-sommeil, écume soulevé de vent. La jambe gauche, au contraire, semble travaillée par des groupements minéraux. Une grande partie du dos garde, superposées, les image de pièces au crépuscule (...) »

Nous sommes en 1965, ces lignes sont celles qui ouvrent un roman qui a pour titre Drame et pour auteur Philippe Sollers. Un corps est là, le corps d’un homme qui écrit, un corps « inconnu » à l’écoute duquel se met le narrateur au long des soixante-quatre « chants » qui composent le livre.
2009, près de quarante-cinq après Drame, paraît les Voyageurs du temps (Gallimard). Dans ce nouveau roman de Philippe Sollers, le corps du narrateur-auteur lui parle cette fois en direct, « sèchement » : il lui signifie que « c’est lui, rien d’autre, qui a toujours pris les décisions, choisi les orientations, les situations ». Que s’est-il passé au cours de ces quarante-cinq ans dans l’écriture, dans l’existence, de celui qui dit vivre une vie divine (titre de son précédent roman) ? Pour le savoir, il convient de lire, mais de lire vraiment, l’ensemble de ses romans qui sont le récit des étapes successives d’une nouvelle odyssée. Une odyssée plus étrange, plus improbable, plus inconcevable que celle de l’Ulysse grec, puisqu’en l’occurrence il ne s’agit plus pour un sujet humain de parcourir les mers et de revenir à son point de départ, mais de voyager dans le temps. Or, ce temps, on en a la vivante preuve pour le dernier de ces voyageurs, ne se réduit pas aux quarante-cinq ans couvrant la publication de ses livres, pas plus aux sept décennies qu’une biographie aveugle à ce qu’est une très grande longueur d’ondes du temps assignerait à l’auteur, pas même aux siècles qui séparent celui-ci des autres voyageurs. Il s’agit d’un temps dont l’exergue du livre, emprunté à l’écrit gnostique l’Évangile selon Philippe, donne le sens, un sens insensé aux oreilles de qui n’entend pas que ce temps-là « ne passe pas », mais qu’« il surgit », qu’« il est un feu ».

Qui dit corps, dit incarnation, mais incarnation n’est pas incarnement (« ils incarnent, ils incarnent », ricanait Céline, de ses contemporains). Le corps des voyageurs du temps étant le corps des « voyageurs de l’Être », ce corps est un corps qui échappe à la mort, un corps qui est en état de « résurrection permanente ». Sollers en propose quelques exemples : le corps d’Hölderlin, de Nietzsche, de Rimbaud, de Lautréamont, de Baudelaire, de Kafka, de Bach, de Goya, de Watteau, de Picasso, d’un clarinettiste de jazz, Johnny Dodds, de T.E. Lawrence, d’un pape, d’un certain Jésus, bien sûr... Ce que racontent les premières pages du roman, c’est qu’un tel corps, monstrueux à sa façon, une « Bête » en quelque sorte, ne peut qu’être assiégé en permanence par ses parasites, ne peut que déchaîner sur lui la rage des prédateurs. Comment leur échapper ? C’est ce qui est narré dans ce récit d’une expérience intérieure, éloignée de toute démarche philosophique ou littéraire, expérience qui, paradoxalement, se situe dans un lieu étroit, très circonscrit, à l’histoire mal connue : le 7e arrondissement de Paris. Étonnerai-je les lecteurs de Sollers si je précise que dans ce roman, qui tient pour une part du polar d’espionnage, des femmes, dont vers la fin une jeune chinoise, accompagnent le narrateur dans son voyage au bout de la lumière.

Comment donner à entendre que les Voyageurs du temps est un des romans les plus accomplis, les plus forts, de Sollers ? En donnant à lire les quelques extraits qui suivent.

Jacques Henric, art press 53, février 2009.

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Les extraits d’art press (après le texte de Henric) :
Un génie militaire (T.E. Lawrence), p. 54 du livre.
La laitière de Bordeaux, p. 118.
Gnose et temps, p. 143

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Photo S. Zhang
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Entretien avec Alain Veinstein

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Johnny Dodds

Du jour au lendemain, sur France Culture, le mercredi 11 février (40’16).
Musique : Johnny Dodds (longuement évoqué dans Les Voyageurs du Temps, p.74 et suivantes).
Avant de parler de son roman, Philippe Sollers revient sur sa rencontre avec Jacques Henric en 1965 (année de Drame), la polémique lancée par François Wahl suite à la publication des inédits de Barthes.
Hommage appuyé envers André Breton.

Crédit : Du jour au lendemain

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Le numéro 53 d’art press contient un important dossier sur la photographie japonaise.

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art press 53
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