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Picasso et la Préhistoire

8 février/22 mai au Musée de l’Homme

D 20 janvier 2023     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Picasso serait mort, dit-on, à Mougins le 8 avril 1973 et, déjà, cinquante expositions sont programmées. On ne parle pas, cette fois, de commémoration, mais de célébration. Nuance. Qui connaît l’oeuvre pléthorique du peintre n’a aucun doute sur ce qu’il va voir : qu’il s’agisse de ses tableaux, de ses dessins, de ses sculptures, de ses céramiques, il n’y a que des chefs-d’oeuvre. Comment les oeuvres seront-elles choisies et montrées ? Nous verrons. Avec quels commentaires ? Quelles « approches inédites » ? Attendons. Alors qu’ici ou là, avec la « cancel culture » qui vire vite à la « call-out-culture », celui que Sollers appelait Picasso le héros devient désormais sous des plumes progressistes, forcément progressistes, Picasso le mufle, voire Picasso le monstre, et on peut s’attendre à tout.
Picasso n’est pas un peintre moderne. Sa peinture remonte et traverse le temps [1]. Son origine est lointaine comme la naissance de l’art lui-même. On se souvient que Bataille avait intitulé naguère un livre formidable Lascaux ou la naissance de l’art [2]. En ce sens, il n’est pas inutile de commencer à « célébrer » Picasso par l’exposition qui va s’ouvrir le 8 février au Musée de l’Homme « Picasso et la préhistoire » dans le cadre plus large de l’exposition « Arts et Préhistoire » débutée en novembre 2022 (visible jusqu’au 22 mai). Un documentaire diffusé sur arte il y a quelques années, 36 000 ans d’art moderne de Chauvet à Picasso, ouvrait la voie.

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Arts et Préhistoire

Découvrez l’exposition « Arts et Préhistoire » du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023 au Musée de l’Homme.

Des pièces originales, des joyaux inestimables et incontournables, des chefs-d’œuvre venus du monde entier... Embarquez pour un voyage dans l’espace et le temps à la découverte des arts préhistoriques !

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50 expositions et évènements pour célébrer Picasso 

2023 marque le cinquantième anniversaire de la disparition de Pablo Picasso et place ainsi l’année sous le signe de la célébration de son oeuvre en France, en Espagne et à l’international. Célébrer aujourd’hui l’héritage de Picasso c’est s’interroger sur ce que cette oeuvre majeure pour la modernité occidentale représente aujourd’hui. C’est montrer sa part vivante, accessible et actuelle. 


Picasso, L’acrobate bleu, 1929.
Photo A.G., Metz, 10-09-15. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Pablo Picasso, « L’acrobate », 1930.
© RMN-Grand Palais (Musée national Picasso)
Photo Adrien Didierjean 
© Succession Picasso 2023 
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Picasso. En arrière plan photographique,
Femme qui pleure (Dora Maar)

La Célébration Picasso 1973-2023 —, sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République – est initiée par le Musée national Picasso-Paris, principal prêteur de l’évènement et coordinateur, et Bernard Picasso, petit-fils de l’artiste et président de la FABA et du musée Picasso de Malaga.

Elle s’articule autour d’une cinquantaine d’expositions et de manifestations qui se tiendront dans des institutions culturelles de renom, en Europe et en Amérique du Nord et qui, ensemble, grâce à des relectures et des approches inédites, permettront de dresser un état des études et de la compréhension de l’oeuvre de Picasso. 

Les gouvernements français et espagnol ont souhaité porter ensemble cet événement transnational d’ampleur, ainsi la commémoration sera rythmée par des temps de célébrations officiels en France et en Espagne et se terminera par un grand symposium international à l’automne 2023, au moment de l’ouverture du Centre d’Études Picasso à Paris. C’est un « Picasso aujourd’hui » qui incarne cette Célébration et qui pose les jalons du musée national Picasso-Paris de demain. 

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Picasso, Femme lançant une pierre, 1931. © Succession Picasso 2023.
Photo A.G., janvier 2017. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Dans le cadre de sa saison « Arts et Préhistoire », le Musée de l’Homme propose, du 8 février au 12 juin 2023, une exposition inédite consacrée à « Picasso et la Préhistoire ». Sur 240 m2, une quarantaine de peintures, sculptures, dessins, céramiques et galets gravés de Pablo Picasso, sont présentés en dialogue avec des oeuvres préhistoriques et des objets de ses ateliers, explorant la relation de Picasso à ce passé lointain. Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la « Célébration Picasso 1973 – 2023 ». 

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L’authentification des premiers objets et peintures de la Préhistoire, au début du XXe siècle, marque profondément les artistes de l’époque et ouvre leur regard. Par le biais d’expositions et de publications, ils accèdent à un catalogue d’oeuvres venues d’ailleurs, dont le réalisme schématique leur apparaît d’une modernité remarquable.

Corps modelés

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Vénus de Lespugue

L’artiste est né en 1881, deux ans après la découverte des premières peintures préhistoriques en Espagne. Elles ont été trouvées dans la grotte d’Altamira. Mais ce n’est qu’en 1902 qu’elles ont été reconnues comme un art pariétal paléolithique original. Ce début du XXe siècle est aussi marqué par un renouveau artistique avec des expérimentations cubistes et surréalistes, dont Picasso est l’une des figures de proue. 

Comme d’autres de ses contemporains, Pablo Picasso est réceptif à la découverte de ces sources lointaines qui touchent aux origines de l’humanité et au mythe du premier artiste. Il entre très tôt en possession de deux moulages de la Vénus de Lespugue, découverte en 1922. La revue Cahiers d’art est créée. Elle dévoile au public des objets d’art mobilier et de l’art pariétal. L’original est présenté dans l’exposition « Arts et Préhistoire ».

Picasso compose à partir de l’été 1927 des dessins, peintures et sculptures qui renouvellent la représentation des corps féminins en associant volumes lisses et renflés, faisant presque abstraction du visage. Femme lançant une pierre, peinte en 1931, et présentée dans la première partie de l’exposition, « Corps modelés » est emblématique de cette recherche (illustration de l’entête de l’article NDLR) 

Bestiaire et grands décors

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Empreinte (au sucre)
de la main de Picasso. 1936.
© RMN – Grand Palais –
Mathieu Rabeau
© Succession Picasso 2023 

Un deuxième espace de l’exposition, « Bestiaire et grands décors », rassemble un corpus d’animaux et de créatures de Picasso, dont l’écriture au trait redouble le motif et les attitudes, à l’instar des groupes animaliers peints sur les parois de sites préhistoriques en Espagne et en France. 

Empreintes et abstractions

La partie « Empreintes et abstractions », fait résonner les mystérieux signes abstraits incisés dans la pierre avec quelques dessins de Picasso, et son Empreinte (au sucre) de la main de Picasso sur une plaque de cuivre avec les saisissantes empreintes négatives ornant les plafonds de la grotte d’Altamira ou de celle du Pech Merle. En élisant sa main comme sujet et motif, Picasso assigne un caractère permanent à l’acte créateur, dans la continuité des premiers humains [3]

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Déesses primitives

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Vénus du gaz. Pablo Picasso, 1945.
© RMN – Grand Palais –
Rachel Prat – © Succession Picasso 2023

Une cinquième et dernière partie de l’exposition, consacrée aux « Déesses primitives » confronte un ensemble de moulages de Vénus préhistoriques aux sculptures de Picasso, parmi lesquelles la Vénus du gaz, créée en 1945 à partir d’un brûleur de gazinière dressé à la verticale, qu’il qualifiait de «  déesse des temps modernes ». Une manière de se projeter dans le temps et d’interroger comme un éternel retour la permanence et la transcendance de l’art. 

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Objets trouvés

Une quatrième section, « Objets trouvés », explore la façon dont Picasso regarde, collecte, détourne les objets naturels comme ces cailloux que de simples trous transforment en têtes de mort, réunis pour la première fois, ou ces galets de plage que l’artiste a enrichi de quelques visages gravés. Ce rassemblement de petits fétiches détournés à des fins esthétiques ou utilitaires fait écho aux matières animales et minérales utilisées par les premiers artistes. 

Crédit wukali

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De Chauvet à Picasso

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« 36 000 ans d’art moderne, de Chauvet à Picasso » : fascinante préhistoire de l’art moderne

Picasso, Nicolas de Staël, Penone racontent dans ce documentaire l’influence qu’a exercé sur eux l’art des cavernes.

Par Harry Bellet

Si l’influence des arts dits premiers sur l’art moderne est bien étudiée depuis que le Musée d’art moderne de New York a consacré au phénomène une exposition désormais historique, La part de l’art pariétal, celui réalisé à la période paléolithique, reste encore largement inexplorée. 36 000 ans d’art moderne, de Chauvet à Picasso, un documentaire réalisé par Manuelle Blanc à l’occasion de l’exposition du Centre Pompidou « Préhistoire, une énigme moderne », qui se tient à Paris jusqu’au 16 septembre, éclaire un peu l’art des cavernes et son impact sur l’art du XXe siècle.
Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Exposition : la préhistoire, matrice des imaginaires modernes

Sa découverte est alors d’une actualité brûlante pour les artistes : la grotte espagnole d’Altamira est mise au jour en 1879, celle de Lascaux (Dordogne) en 1940. L’écrivain Nicolas de Staël visite la première en 1935. Pourtant généralement avare de compliments, Picasso, en ressortant, dira de ses lointains prédécesseurs : « Ils ont tout inventé ! » Son compatriote Barcelo nous confia jadis avoir terminé la visite de Lascaux à genoux, tant par respect que par fascination.

C’est une des forces de ce documentaire que de donner la parole aux artistes. Penone dit mieux que personne l’émotion que l’on ressent devant des images peintes il y a 36 000 ans (la grotte Chauvet, découverte en 1994), le sentiment, puissant dans un siècle qui a connu deux guerres mondiales, d’une permanence de l’humanité, d’un imaginaire qui appartient à tous les hommes et à toutes les époques.

De cela l’art moderne fera son miel. La juxtaposition, dans le film, de tableaux modernes, ceux de Miro notamment, et d’œuvres des cavernes est saisissante. Les signes abstraits de l’un répondent presque littéralement à ceux des autres. Il en tire, en particulier avec la série des « Constellations », un monde nouveau, une poétique propre et surprenante. Une lueur d’espoir aussi : si des humains ont pu, il y a 36 000 ans, réaliser des images qui nous parlent et nous émeuvent encore, l’espèce n’est pas nécessairement foutue…

Un chapitre particulièrement réjouissant traite des « Vénus ». Ainsi nomme-t-on des petites statuettes féminines qui permettent aux étudiants d’histoire de l’art d’apprendre le mot « callipyge ». Leurs prudes professeurs le préfèrent à sa définition complète : elles ont de gros fessiers et des seins énormes. A une époque où l’espérance de vie ne devait pas excéder 20 ans, la maternité a son importance… A tout point de vue puisque, comme le fait remarquer un philosophe qui n’a pas ses yeux dans sa poche, vues de profil, ces statuettes font penser à des sexes masculins. Ce que Barcelo confirme d’un radical « C’est comme des bites », avant d’en conclure qu’une femme aurait très bien pu les façonner…

« J’étais là. »

Comme elles auraient pu être les auteures des peintures pariétales, d’autant que leurs hommes étaient au boulot, dehors, à traquer l’aurochs, et que ces œuvres témoignent d’une maîtrise qui n’est pas celle d’un amateur se délassant en peignant au retour de la chasse. A dire vrai, et ce n’est pas non plus pour rien dans le fascinant mystère de l’art des cavernes, on n’en sait rien. Cela n’empêche toutefois pas de rêver, devant ces empreintes de mains, signe millénaire qui veut toujours dire la même chose : « J’étais là. » On le retrouve aujourd’hui dans les graffitis du street art, ceux de Banksy notamment.

Le Monde, 19 mai 2019.

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Pigments : les couleurs de la terre de Lascaux à Picasso

Un film d’Alain Jaubert et Marie-José Jaubert (2003)

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Les expositions de la Célébration Picasso en France 

Musée de Montmartre, Paris 
Fernande Olivier et Pablo Picasso, dans l’intimité du Bateau-Lavoir
14.10.2022 – 19.02.2023 

Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lyon 
Picasso / Poussin / Bacchanales 
26.11.2022 – 05.03.2023 

Musée de l’Homme – Muséum national d’Histoire naturelle, Paris 
Picasso et la Préhistoire 
08.02.2023 – 12.06.2023 

Musée national Picasso-Paris, Paris 
Célébration Picasso, la collection prend des couleurs ! 
Sous la direction artistique de Paul Smith 
07.03.2023 – 27.08.2023 

Musée Picasso, Antibes [4]
Picasso 1969 – 1972 : La fin du début 
08.04.2023 – 25.06.2023 

Musée Magnelli, Musée de la céramique, Vallauris 
Formes et métamorphoses : la création céramique de Picasso 
06.05.2023 – 30.10.2023 

Musée Goya – Musée d’art hispanique, Castres 
Goya dans l’oeil de Picasso 
30.06.2023 – 01.10.2023 

Collection Lambert, Avignon 
Picasso à la collection Lambert en Avignon 50 ans après 
13.07.2023 – 15.10.2023 

Musée national Picasso-Paris, Paris 
À toi de faire ma Mignonne – Sophie Calle au Musée Picasso 
03.10.2023 – 28.01.2024 

Musée du Luxembourg, Paris 
Gertrude Stein et Picasso 
L’invention du langage 
13.09.2023 – 21.01.2024 

Palais princier de Monaco, Monaco 
Modernité et Classicisme 
19.09.2023 – 15.10.2023 

Centre Pompidou, Paris 
Picasso. Dessiner à l’infini 
18.10.2023 – 22.01.2024 

Petit Palais, Paris 
Le Paris des modernes 1905 – 1925 
14.11.2023 – 14.04.2024 


[1Dans Picasso qui ne triche pas est vivant jusque dans la mort, un entretien de 1996 qu’il faut à tout prix relire, Sollers disait :

« On atteint à un autre concept d’histoire. De même que Picasso transforme la présence humaine en question, de même il a de l’histoire, au travers de sa transformation de la représentation, une conception que nous n’avons pas eue, que nous n’avons pas encore et qui nous a été bouchée par un surcroît d’historicisme et de propagande comme maintenant, par un surcroît de publicité. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une nouvelle conception de l’histoire. C’est l’idée même de la peinture. »

[3VOIR AUSSI : Les mains de Picasso.

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