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Des Glycines au Parc...(I)

ou le Parc retrouvé

D 30 octobre 2006     A par D. Brouttelande - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Dominique Brouttelande, dans cet article, a suivi Sollers autour du Parc Monceau, un des haut-lieux sollersiens, évoqué de façon récurrente dans ses romans. Pourquoi cette insistance ? Pour le parc ? Il en fera le titre d’un de ses romans : Le Parc, son deuxième roman. Pour la topologie du lieu ? Pour la rue Rembrandt proche, et l’hôtel particulier des Glycines, « ouvert de jour comme de nuit » et ses hôtesses : Madame Thérèse et sa gagneuse Catherine Louvet...? Pour les autres figures féminines qui croiseront alors son chemin, Concha-E.S.M devenue Maria ou bien la troublante Reine de Laume, celle qui résiste à Simon Rouvroy... Pas moins de sept romans de Sollers pour parcourir les allées et contre-allées de ce lieu. Quel en est le véritable secret ?

C’est tout l’objet de cette étude de Dominique Brouttelande que de le découvrir et nous le révéler. Une cartographie amoureuse et sexuelle qui n’avait "encore jamais été faite..." (pourrait dire Ph. Sollers°). Celle d’un lieu et d’un espace de temps, celui de ses « années d’études ». « ...j’avais vingt-deux, vingt-trois ans ». Une occasion aussi d’aborder les frontières de la réalité et de la fiction du romancier Philippe Sollers, son jeu cabalistique avec les nombres, ici autour du 17 et du 7. « Tout ce que j’écris est vrai » aime-t-il dire, en même temps qu’il tient beaucoup à la mention « roman » sur la couverture...

Pileface a aimé cette enquête-promenade. Clin d’oeil, on part avec Proust, on flâne, au passage, avec quelques personnages de l’Histoire, Carmontelle, le créateur du Parc Monceau voulu par le Duc de Chartres, le futur Philippe Egalité, mais c’est bien Sollers qui est au coeur du sujet, le Coeur Absolu, le sang vital de ce corps qui écrit. Corps trinitaire de l’écrivain, l’homme et son personnage. Au delà des extraits, nous vous invitons à découvrir ce texte dans sa version intégrale.

Viktor Kirtov

Des Glycines au Parc
ou le Parc retrouvé

...J’ai adoré Paris tout de suite [...] Sept années de chambres, de marches, de soûleries, de drames. [...]

Du divin bordel au parc Monceau...

Dans Le Coeur Absolu, le narrateur travaille à l’adaptation cinématographique de La Divine Comédie, et pense à un nouveau titre, Le Divin Bordel, pour désigner ce chaos à la fois horrible et comique. Enfer et dérision. Souffrances et plaisirs pour rien. Enjouement... [...]

Le Divin Bordel, c’était en pensant aux Glycines... Le petit hôtel particulier près du parc Monceau, ouvert jour et nuit... [...] Je revois la grille noire, l’allée tournante bordée de marronniers, le pavillon aux volets métalliques toujours fermés du rez-de-chaussée... Il s’en est passé des choses, là, dans la pénombre, aux deuxième et troisième étages... Le matin, l’après midi, le soir, sans arrêt... J’ai habité juste à côté pendant un an. [...]

De la gratuité divine à la monnaie royale

E.S.M. a toujours été pour moi une sorte d’ange, comme dans ce tableau du Greco. Et qui n’a évidemment rien d’asexué, bien au contraire. Cet ange signifie la gratuité. Les dieux, tout ce qui est de l’ordre du divin, sont là pour signifier aux hommes la gratuité. Un don qui surgit, ça ne se monnaie pas. Le don d’E.S.M. ne se monnaie pas. [...]

La bonne reine en son royaume

Hypothèse à défendre : le parc Monceau posé comme point de contact, de renversement par lequel passent Concha et Reine de Laume, en effet de miroir... avec la distance pour la symétrie, et en même temps, dans un rapprochement subit, la superposition [..]

Le Duc de Chartres, futur Duc d’Orléans, et surtout, Philippe Egalité, achète la terre de Monceau sur laquelle il édifie la « Folie de Chartres ». Il entend y créer un lieu de plaisir et de rencontre adapté aux fêtes et aux spectacles. La réalisation en est confiée de 1773 à 1779 à Louis Carrogis dit Carmontelle (1717-1806) ingénieur, topographe, écrivain, portraitiste, organisateur de fêtes... qui va donner naissance à un jardin pittoresque « réunissant en un seul jardin tous les temps et tous les lieux » selon sa propre formule. Le spectateur pourra y contempler ainsi la vue de dix sept points. [...]

Parfois, la promenade est « gratuite », totalement avouable : Je ne vous le cache pas, j’ai été traîner du côté de la rue Rembrandt. J’ai marché dans le parc Monceau dès qu’il a été ouvert, en revenant de temps en temps sous vos fenêtres. L’air était vif, il y avait des enfants partout.
Madame de Genlis, pour avoir été la maîtresse du Duc d’Orléans, et gouverneur de ses enfants, dont le futur Louis Philippe, a particulièrement bien connu l’endroit. Elle le rappelle dans ses Mémoires [...]

La version intégrale


Note
A.G., le 30.10.06.
"Glycine bleu violacé, tendresse" (dans Fleurs, p. 54)

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3 Messages

  • D.B. | 6 mai 2008 - 20:21 1

    Si Carmontelle vous intéresse, on signale jusqu’au 18 août 2008, une exposition le concernant organisée au château de Sceaux.

    "Voyage en images de Carmontelle"


  • anonyme | 21 décembre 2006 - 07:15 2

    Le génie du lieu

    André-Jacques Garnerin (1769-1823) est l’inventeur du parachute... Il tente et réussit son premier saut depuis un ballon, le 1er brumaire an VI (22 octobre 1797), à 5h28 du soir. Il a 28 ans... Moins d’un an plus tard, le 22 messidor an VI (10 juillet 1798), il s’élève dans les airs, en ballon, accompagné d’une jeune femme. Cela se passe toujours au même endroit : le parc Monceau.

    A la lumière de ce que l’on a compris des rôle et sens du parc Monceau dans les romans de Philippe Sollers, la relation que Louis Sébastien Mercier fait de l’événement devient ici surprenante et presque troublante :

    "Ascension de Garnerin dans un ballon avec une jeune citoyenne - 22 messidor an VI (10 juillet 1798)

    Du milieu du jardin en haut de Monsseaux en présence de soixante mille spectateurs, une jeune citoyenne s’est élevée dans un ballon aérostatique le 22 messidor an VI, semblable à l’aigle intrépide qui, balancé sur des ailes puissantes, monte jusqu’au soleil, pour le rendre témoin de son audace et de sa gloire. C’est une fille adolescente encore qui la première de son sexe a parcouru la région des Intelligences célestes sous les auspices d’un physicien célèbre ; et cet aéronaute plus sage que le jeune Icare a dirigé tranquillement sur le second océan de l’univers le navire ailé qui portait l’héroïne, compagne de son illustre voyage. On vit alors les femmes envieuses de sa gloire verser des larmes en applaudissant à son courage.

    Et quel pinceau retracera la joie rayonnante sur le front de cette fille aimable, à l’instant où, quittant la terre pour monter au ciel, elle y éleva ses regards ardents et empressés ! Est-il une langue capable d’exprimer tout ce que l’on doit voir, tout ce que l’on doit admirer, tout ce que l’on doit sentir dans ce bienheureux ravissement. Si les peintres fameux ont à l’envi fait briller toutes les richesses de leur imagination, toutes les grâces de leurs pinceaux dans les tableaux d’Assomption, c’est qu’ils ont deviné ce sentiment exquis de bien-aise qu’éprouve cette femme céleste < au moment > où son âme, en prenant son essor vers le séjour du bonheur, se fondit comme par degrés dans un torrent de délices, respirait l’air que respiraient les anges lorsqu’ils s’élevaient sur les nuages et l’éventaient de leurs ailes diaprées.

    Ah ! S’il était donné à de faibles humains de pénétrer sous leur grossière enveloppe, à l’aide d’un ballon mécanique dans la gloire des Elus, combien ne verrait-on pas d’amants sous la figure de chérubins ailés qui portés sur des nuages de gaze inflammable raviraient dans le Paradis les tendres objets de leur amour.

    Bientôt aussi, l’on ne ferait plus de voyages qu’en ballon, l’on renoncerait aux chaises de postes, aux diligences et aux phaétons. Toutes les parties de plaisir se feraient en l’air ; et principalement les mariages. On ne verrait voltiger au-dessus de sa tête que des essaims d’amour véritables enfants du ciel ; et leur nombre surpasserait celui des oiseaux."

    LS Mercier "Le Nouveau Paris" p1225-1226 Mercure de France 1994.


  • A.G. | 31 octobre 2006 - 23:23 3

    Complément au très beau texte de D. Brouttelande. Il y a aussi Asuncion dans Portrait du joueur, le roman sans doute le plus autobiographique de Sollers.

    Et encore, toujours, les parcs, la rue Rembrandt, le parc Monceau :

    " J’ai été vieux, méticuleusement, il y a vingt ans. Précautionneux. Erudit. Maniaque, économe. J’habitais des chambres confortables dans les beaux quartiers. J’allais manger seul dans un bon restaurant en face de chez moi. Octave m’envoyait de l’argent en douce. Je sens encore le goût d’une côte de veau délicieuse. Je lisais Angelus Silesius, Tchoang-Tseu (sic), Maître Eckart, Stendhal. L’après-midi, j’allais au bordel. Rien de ce qui passionnait les jeunes gens de mon âge ne m’intéressait. Je restais des heures dans les parcs. J’aimais les petites rues discrètes qui ne vont nulle part, les façades reflétant l’inutilité du temps, les perspectives sans but. La rue Cassini, par exemple, près de l’Observatoire. OU LA RUE REMBRANDT, PRES DU PARC MONCEAU. C’est ce temps-là qui va passer, que tu vas regretter et embellir, capte-le, respire-le, à fond, par principe. " (page 255)