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Matisse, « La villa bleue ». Redécouverte d’un tableau oublié

suivi de Déambulation dans l’univers de Matisse

D 9 février 2022     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Découverte d’un cinquième tableau de l’idyllique série, la Villa Bleue de Henri Matisse, réalisé à Nice en 1918 et répertorié dans les Archives Matisse. La redécouverte d’une toile oubliée dans l’œuvre d’un géant est toujours un évènement. Oubliée des marchés et des catalogues raisonnés. Vierge et belle, elle vient parfaire l’existant.

Un évènement d’autant plus marquant que cette toile prend place au cœur de l’histoire d’amour naissante entre ce même géant et la région qu’il ne va plus quitter. Ainsi Nice pour Matisse, à partir de 1917. Et cette villa bleue, la bien nommée, qu’il honorera d’une série de 5 toiles (désormais !), fidèle à cette obsession d’explorer la peinture et le vivant par « la révélation de la lumière dans la nature ».

Partie 1 - La Villa bleue à Nice
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Henri Matisse, La Villa bleue à Nice, 1918,
huile sur toile, 54 x 65,4 cm, collection particulière, © 2022 Succession H. Matisse
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Elle n’a jamais été montrée auparavant au public. La Villa bleue à Nice (1918) fait partie de la série idyllique des 5 tableaux représentant la Villa bleue, ensemble qui cristallise les débuts de la relation intime du peintre fauve avec le sud niçois. Trois arbres au premier plan laissent entrevoir une villa blanche, qui surplombe un village et une mer sous le soleil azuréen. Mise aux enchères par la maison de ventes Millon , la toile inédite de Matisse sera exposée publiquement dans la salle VV à Paris (IXe arrondissement), le mercredi 9 mars et le jeudi 10 mars de 11h à 18h, avant sa vente qui aura lieu le 10 mars 2022 à 18h30. Elle est estimée entre 150 000 € et 200 000 €.

Matisse et Nice, une rencontre artistique

Arrivé à Nice en décembre 1917, Matisse est immédiatement fasciné par la lumière du Midi et ses tonalités argentées.

« Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. Je décidai de ne pas quitter Nice, et j’y ai demeuré pratiquement toute mon existence. »

Cette période marque également pour Matisse le renouement avec des thèmes plus classiques comme la figure et le paysage. Le peintre explore les environs de Nice à la recherche d’inspirations. Dans un premier temps Henri Matisse loge à l’hôtel Beau Rivage sur la promenade des Anglais, puis loue un appartement juste à côté qu’il aménage en atelier, ou il réalise ses premiers intérieurs niçois et ses fenêtres ouvertes sur la mer. En mai 1918, les Allemands réquisitionnent son hôtel, c’est alors qu’il déménage avec son fils Pierre à la Villa des Alliés sur une colline au-dessus de Nice, et fait la découverte de la Villa Bleue. Cette villa typique de la région par son architecture originale, nichée dans une nature idyllique, a frappé l’œil de l’artiste qui s’est ardemment attaché à en restituer la beauté. Aussi décrit-il son processus créatif dans une lettre à Charles Camoin, le 23 Mai 1918 :

« J’ai travaillé tous ces temps en plein soleil de 10 h à midi et je m’en trouvais crevé pour la journée. Je vais changer mes heures - dès demain je commence à 6 heures et demie ou 7 heures. Je pense avoir une bonne heure, peut-être deux, de travail. Les oliviers sont si beaux à cette heure - le plein midi est superbe mais effrayant. Je trouve que Cézanne l’a bien rendu dans ses rapports, heureusement pas dans son éclat qui est insoutenable. J’ai fait tout à l’heure une sieste sous un olivier et ce que je voyais était d’une douceur de rapport attendrissante. Il semble que c’est un paradis qu’on n’a pas le droit d’analyser, et pourtant on est peintre, N. D. Ah ! c’est un beau pays Nice ! Quelle lumière tendre et moelleuse malgré son éclat.

Il fait partie de ces artistes en contact direct avec la nature. Une nature en mouvement, que le travail en série révèle. Comme a pu le montrer Claude Monet, les séries permettent de comprendre le processus créatif de l’artiste et la traduction plastique de la lumière. Car ce qui anime Matisse, c’est la révélation de la lumière dans la nature . Bien qu’il ait déjà exploré les décors idylliques du littoral méditerranéen dans les années dites « Fauves » (de 1904 à 1907), notamment avec sa célèbre Vue de Saint-Tropez (1904), sa Fenêtre ouverte (1905) ou encore sa Vue de Collioure (1907), c’est à Nice qu’il accomplit ses œuvres de maturité en transcendant la lumière, élément clé dans ses compositions modernes. Cette ville lui offre un environnement idyllique, dont il s’est empressé de restituer la beauté avec ses pinceaux.

Le critique d’art Clément Greenberg écrit ;

« Il s’est mis à peindre avec une subtilité nouvelle et, à mesure qu’il a accru et approfondi sa maîtrise des méthodes picturales traditionnelles, la tradition a été éclairée d’une lumière nouvelle grâce à cette subtilité. Lui, ce grand champion de la couleur pure d’où naît la forme, a montré ce qu’on pouvait encore obtenir en modelant l’ombre et la lumière et de quelle manière ce modelage pouvait favoriser la tension désirée dans la composition moderne ». …

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Une des œuvres de la série. Henri Matisse, Villa bleue, entre mars et juin 1918, 33 x 41 cm,
Barnes Collection, Philadelphie ©2022 Succession H. Matisse / Artists Rights Society (ARS), New York

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Trois arbres, une villa et le ciel

Cette toile est un parfait exemple de l’accomplissement de l’artiste à Nice . En revalorisant le paysage, genre qui était légèrement tombé en désuétude au début du XXe siècle (mais revalorisé par le fauvisme et l’ impressionnisme ), le peintre fauve fait de ce décor un lieu de méditation et de contemplation, dégagé des contraintes de l’exactitude et du détail, pour fabriquer, par alchimie chromatique, un idéal de pureté. La représentation du décor naturel cherche ici à se détacher des règles et de la conception classiques de l’espace. Par l’éclat de la lumière, Matisse cherche surtout à provoquer une émotion poétique. Celle-ci est suggérée par l’attention qui est mise sur les arbres, qui cachent la villa éponyme pour mieux la révéler. La couleur est modelée de sorte à procurer une émotion poétique et spirituelle : le noir du tronc, couleur à part entière chez Matisse, s’oppose au bleu céleste du ciel balayé par le mistral et aux touches de blanc, qui apportent clarté et apaisement.

Crédit : Connaissance des Arts (Antoine Mansier) & Interencheres.com



Partie 2. Déambulation dans l’univers de Matisse
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Matisse au Centre Pompidou : d’une exposition à l’autre

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Revisitez l’exposition « Matisse, comme un roman » du Centre Pompidou ! Suivez avec Aurélie Verdier, commissaire de l’exposition, un parcours qui célébrait le 150ème anniversaire de cet immense artiste moderne, à travers dix œuvres phares, choisies parmi les 230 œuvres et 70 documents et archives présentés. L’Autoportrait peint par l’artiste en 1906, l’emblématique Blouse roumaine (1940), ou encore le grand papier découpé La Tristesse du roi (1952) jalonnent ce parcours retraçant la trajectoire de Matisse sur plus de cinq décennies.


Catalogue de l’exposition
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La belle et énigmatique Lydia Delectorskaya

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Matisse, Grand nu couché, 1935, The Baltimore Museum of Art
(Modèle : Lydia Delectorskaya) - ZOOM, cliquer l’image

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Henri Matisse meurt le 3 novembre 1954 à Nice, après avoir dessiné la veille une dernière fois le portrait de Lydia Délectorskaya, que Matisse disait connaître par cœur, il conclut d’un : « Ça ira ! », expression qui peut être considérée comme ses dernières paroles53. Matisse est enterré dans cette ville, au cimetière de Cimiez.

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Les arabesques dansantes de Matisse

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Matisse, La Danse, 1932, à Paris.
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En 1930, le Dr Albert Barnes, milliardaire américain amateur d’art moderne, demande à Henri Matisse de réaliser une grande décoration murale pour la salle principale de la Fondation Barnes à Mérion – le lieu qui abrite sa collection d’art. Henri Matisse accepte : il a déjà vendu des œuvres à Barnes, dont Le Bonheur de vivre, l’un de ses tableaux les plus importants. Pour autant, il s’agit d’un grand défi, car si Matisse a toujours peint des tableaux, il ne s’est jamais confronté à un décor architectural. Entre 1930 et 1933, Henri Matisse est accaparé par son travail : c’est La Danse.

Matisse a réalisé trois versions de La Danse : deux sont conservées au Musée d’Art moderne, l’autre est installée à la Fondation Barnes, aux Etats-Unis.

Crédit : Service culturel du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

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Matisse/Picasso à la lumière de L’Éclaircie

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LE FIGARO. — Pourquoi êtes-vous si sévère avec Matisse ?

Philippe SOLLERS. — Matisse est un enchantement permanent. Il a su dessiner dans la couleur de façon unique. Mais je ne trouve jamais quelqu’un dans sa peinture si figurative, dans ses femmes fondues dans le décor, enveloppées dans leur atmosphère, dans ce confort de l’oeil qui n’est que luxe, calme et volupté. Quand on voit Matisse, on comprend son goût pour Ingres et ses femmes passives, impassibles, d’un calme presque bovin. Je préfère l’audace folle de Picasso qui se passionne pour Le Déjeuner sur l’herbe de Manet, deux grands peintres qui s’imposent par leur intensité et leur présence.

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La chapelle du Rosaire à Vence par Matisse

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Matisse réalisa cette Chapelle pour les sœurs dominicaines au nom de son amitié pour sœur Jacques Marie et en remerciement pour les soins qu’elle lui avait prodigués en tant qu’infirmière. Aidé par les frères Dominicains, il a réalisé une œuvre totale dans laquelle pendant plus de trois ans, il s’est engagé à tous les niveaux : architecture, céramiques, vitraux, sculpture, mobilier et bien sûr, couleurs et dessins. Selon les mots de Matisse, la chapelle est « l’aboutissement de toute une vie de travail » !

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1950. Alité suite à une paralysie, Henri Matisse dessine les figures de la chapelle de Vence avec un fusain fixé à une perche, dans sa chambre-atelier de l’ancien hôtel Régina à Nice
Photo Walter Carone (1920–1982), 52 x 78 cm.
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