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Terreur et contre-terreur (les ombres du Bataclan)

D 18 septembre 2021     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


J’ai cherché dans le JDD ce que Sollers avait bien pu dire sur la tuerie du Bataclan (13 novembre 2015)... j’avais oublié que le journal l’avait « remercié » en 2012. Quant aux chroniques de Philippe Twitter dans Le Point, elles ont été interrompues en juin 2014... Mais dans Beauté (quel titre provocateur !), un roman écrit en 2016 et publié en 2017, je lis — c’est ça « l’air du temps » — au chapitre « Terreur » ) (Folio 6545, p. 149-152)

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TERREUR
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Il faudra s’habituer à ce que les tueurs de l’État islamique ne viennent pas obligatoirement de Syrie ou d’Irak. N’importe quel délinquant marginalisé, en mal de vengeance, pourra faire l’affaire. C’est un homme jeune, il constate que le règne de l’homme est terminé, il n’en peut plus de la féminisation universelle propagée par le cinéma et la publicité, il se sent profondément ravalé, humilié, châtré. Il déteste aller en boîte écouter du rock et voir des filles impudiques se contorsionner. Il va se radicaliser peu à peu, et, soudain, à toute allure. Pas besoin de kalachnikov ou de ceinture explosive : un couteau suffira, ou une simple bagnole, fauchant les passants et fonçant sur les terrasses des cafés.

Des promeneurs, des filles en tenue beaucoup trop légère, des mères poussant leurs enfants, une femme enceinte ? C’est du pain bénit pour la mort. Non, cette espèce mécréante, abrutie dans sa routine narcissique, ne mérite pas de vivre. On va transformer tous ces consommateurs en charpie. Pas besoin de Coran, de mosquée, de Dieu, de sourates, de prêches : Internet dicte la conduite à suivre. Il faut tuer le plus possible de ces figurants du Spectacle. Les survivants entasseront sur place des milliers de fleurs, de bougies, de nounours. Certains iront même à la messe écouter un sermon lénifiant. Le Dieu des chrétiens n’a plus aucun pouvoir. Il était mort, il veut de nouveau mourir.

Voyez comme ce garçon est étrange : timide, effacé, réservé, rien à signaler sinon son peu d’intérêt pour les jeux vidéo genre Pokémon, ou les bandes dessinées. Pourtant, il passe le plus clair de son temps devant son ordinateur, son isolement augmente, sans que sa famille, plus ou moins décomposée, ou ses voisins, accros à leur télé, ne le remarquent. Comment, lui, l’auteur de ce brusque carnage ? Oui, c’est lui, et en voici un autre, radicalisé récemment. Ils se vengent de votre stagnation molle, et, surtout, laide. Que vous le vouliez ou non, ce sont des militants de la beauté que vous censurez.

Ce jeune Afghan exilé a été logé chez une « famille d’accueil ». Au bout de deux ans, il trouve ces gens idiots, repus, affalés, d’une laideur satisfaite insoutenable. Il étouffe, il agit. C’est horrible, bien entendu, et peu digne d’entrer dans les annales du surréalisme, mais ce « crime abject et inqualifiable » (comme dit un ministre qui vient donc de le qualifier) s’enfonce dans les esprits. Les femmes devinent mieux de quoi il s’agit dans cette pulsion de mort visant directement leur fonction reproductrice. Elles sont en première ligne dans l’émotion et les cris.

Vos manifestations n’aboutissent à rien, les lois sont votées d’office. Vos « minutes de silence » font rire les nouveaux tueurs. Ils savent qu’en se taisant vos têtes sont pleines d’images et de récriminations mesquines. Depuis le paradis où ils se situent en mourant, ces martyrs vous méprisent. Ils sifflent les discours officiels, et, à Baton Rouge, en Louisiane, de jeunes Noirs, en représailles contre des bavures policières, abattent froidement des policiers blancs. Aucun rapport ? Mais si, justement, c’est dans l’air du temps.

Vous n’êtes en sécurité nulle part, « le risque zéro n’existe pas ». Cet hétéro frustré est sur votre piste. Ce gay perturbé va faire exploser un bar gay, cet adolescent fuyant serre son couteau dans sa poche, ce motard fou attend son heure : ils seront tous revendiqués par l’État islamique, qui est chez vous comme chez lui. Vous pouvez vous mettre en « état d’urgence », multiplier les écoutes et les perquisitions, attendre des appels de mères inquiètes, devenir sentinelles, la terreur surgit là où vous ne l’attendiez pas. Vous êtes obligés de parler sans cesse d’« union nationale », ou de « cohésion nationale », mais ce mot, « national », répété indéfiniment avec ceux de « République » et de « Valeurs », n’a aucune influence sur le divertissement général. Commerce d’abord, « Valeurs » ensuite.

Voilà un gros malaise dans l’effondrement d’une civilisation. Tant pis, vous gardez votre cap, avec Lisa [1], en appliquant cette formule d’un grand joueur d’échecs du passé : « Renforcer les points forts, jamais les points faibles. » Sous la pression de l’opinion, jamais aucun gouvernement ne pourra se permettre une stratégie de cet ordre. On pare au plus pressé, mais les tueurs ne sont pas pressés. Ils attendent un relâchement de la vigilance, ici, là ou là-bas. De toute façon, les candidats au suicide de meurtre ne manqueront pas.

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Yannick Haenel, lui, garde une tribune dans Charlie Hebdo. Après avoir suivi pendant trois mois l’an dernier le procès du 15 janvier 2015, il écrit dans sa dernière chronique (15 septembre 2021) :

H comme hanté

Ce matin, en me réveillant comme d’habitude à 6 h 30, j’ai eu un coup au cœur : j’avais oublié d’écrire ma chronique sur le procès. J’ai bondi du lit et, en prenant ma douche, j’ai réalisé que je n’étais pas le chroniqueur du procès des attentats du 13 Novembre.

Ça ne m’a pas tellement soulagé : que faire quand on n’assiste pas à un procès  ? La question peut sembler loufoque, et pourtant, depuis le début du procès des attentats du 13 Novembre, je dois bien avouer que je ne pense qu’à ça. Après avoir passé trois mois, l’année dernière, à suivre pour Charlie celui des attentats de janvier 2015, et encore six mois à écrire à son propos, il me semblait en effet raisonnable de ne pas consacrer neuf nouveaux mois de ma vie à celui qui vient de commencer.

Mais voyez : chaque matin, après avoir accompagné ma fille à l’école, mes pensées vont vers le palais de justice où les audiences se déroulent sans moi  ; je me précipite sur Internet pour lire les excellents comptes rendus dessinés de Charlie, je clique sur le site de France Inter pour dévorer les chroniques remarquables de Charlotte Piret et de Sophie Parmentier, puis sur celui de L’Obs où je lis celles, tout aussi passionnantes, de Mathieu Delahousse et d’Emmanuel Carrère. Je cherche ­encore, ça ne s’arrête plus  ; puis, quand je ne trouve plus rien, voici que je me plonge dans la lecture du livre extraordinaire d’Etty Mansour, Convoyeur de la mort (Éditions des Équateurs), consacré à Salah Abdeslam et à Molenbeek, dont je reparlerai bientôt en détail, quand je l’aurai fini. [...] Paru dans l’édition 1521 du 15 septembre.

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Un documentaire du réalisateur d’investigation rémois Francis Gillery (je l’ai bien connu naguère), diffusé récemment sur la chaine Arte, tente de faire le point sur les ombres du Bataclan.

Les ombres du Bataclan

Réalisation : Francis Gillery (2021)

Alors que s’ouvre le procès des attentats du 13 novembre 2015, ce documentaire fouillé, coécrit avec le président de la commission d’enquête parlementaire Georges Fenech, revient sur les dysfonctionnements qui ont jalonné une nuit tragique.

Comment, au cœur de Paris, un tel massacre (131 morts au total) a-t-il pu se produire aussi facilement ? En lien avec son président Georges Fenech, alors député LR, le réalisateur Francis Gillery s’est penché sur les travaux méconnus de la commission d’enquête parlementaire qui a épluché en 2016 le dossier des attentats du 13 novembre 2015 et pointé des failles. À l’aube du procès fleuve qui s’ouvrira le 8 septembre, ce documentaire rappelle les faits, les ramifications des réseaux terroristes de l’époque, les initiatives individuelles qui ont permis de sauver des vies, comme la courageuse interposition des vigiles du Stade de France. Il enquête sur les zones d’ombre qui ont apparu une fois la sidération passée. Comment des attaques d’une telle ampleur n’ont-elles pu être évitées alors que le Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’ex-juge antiterroriste Marc Trévidic et les services de renseignements les redoutaient ? Pourquoi les forces de police ont-elles mis autant de temps à intervenir au Bataclan ?

Manque de coopération

Ce documentaire donne la parole à un nombre impressionnant de protagonistes du drame, notamment, outre les personnalités citées précédemment, des membres des services de renseignements et du GIGN, des experts internationaux, une journaliste d’investigation, l’avocate de victimes Samia Maktouf, le rapporteur de la commission d’enquête Sébastien Pietrasanta (PS) ou encore Georges Dallemagne, vice-président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats belges de 2016. Il ressort de leurs témoignages et du recoupement des faits l’échec patent de la coopération des services de renseignements européens, les ravages causés par les guerres de chapelles au sein des forces régaliennes et un protocole d’intervention inadapté aux nouvelles formes de terrorisme. Habituée aux prises d’otages et à la négociation, la France n’était, entre autres, pas préparée à ces attaques disséminées, semant le trouble chez ses policiers et convergeant vers un assaut final. Éclairant pour saisir le contexte fragilisé qui a conduit à ce drame, ce film s’avère aussi inquiétant car toutes les leçons ne semblent pas avoir été tirées, les pays européens ne présentant toujours pas de front uni face au terrorisme.

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« Une mise en cause aussi violente qu’odieuse »

Un nommé Franck B., présenté comme un «  ancien officier de renseignement » déclare dans le film (de manière peu convaincante, il faut le dire) : « A ce moment-là, nous étions dans un contexte particulier : nous avions Manuel Valls qui, en tant que Premier ministre, visait clairement le poste de président de la République, explique-t-il. Donc il avait besoin de s’accaparer les bonnes grâces des policiers, ce qui n’était pas gagné. Il fallait qu’il mette en avant des policiers sur une intervention, quitte à ne pas faire intervenir certains et à en privilégier d’autres, comme par exemple la BRI (...). C’était l’occasion de mettre en avant, face à un attentat d’ampleur nationale, des héros qui seraient en mesure de lui retourner la pareille, en mettant en avant la coordination et le travail du gouvernement. » L’ancien Premier ministre Manuel Valls a dénoncé « une mise en cause aussi violente qu’odieuse » et a annoncé, jeudi 16 septembre, son intention de porter plainte pour « diffamation publique envers une personne publique » contre la chaîne Arte. Il a reçu le soutien de Gérald Darmanin, actuel ministre de l’Intérieur, et et de son prédécesseur, Christophe Castaner. L’ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui intervient dans un entretien avec Arte diffusé à la suite du documentaire, a, de son côté, estimé « abject de dire des choses comme ça » et que « les laisser dire et diffuser ne peut pas produire d’autres effets qu’une forme de nausée ». Il a demandé à Arte de pouvoir faire « une mise au point » après la diffusion du documentaire.

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Le documentaire-choc d’ARTE pose les questions qui dérangent

A quelques jours du début du procès de Salah Abdeslam, un documentaire passionnant vient bousculer les thèses officielles à propos de l’intervention policière au soir du 13 novembre 2015.

Par Frédéric Andréa

Aurait-on pu éviter un tel massacre ? Ou en tout cas réduire le bilan dramatique des assauts terroristes de cette soirée de l’hiver 2015 : 131 morts et 350 blessés ? C’est la terrible question que pose ce film diffusé le 3 septembre sur Arte.
L’un des intérêts, et non le moindre de ce documentaire intitulé « Les Ombres du Bataclan », est qu’il fait resurgir l’hypothèse d’un dysfonctionnement dans la gestion de la réplique policière aux attaques simultanées dans la capitale. De nombreux éléments de ce travail proviennent des travaux de la Commission d’enquête parlementaire dirigée à l’époque par l’incontournable Georges Fenech. Mais l’enquête menée par réalisateur d’investigation Francis Gillery – on lui doit des enquêtes sur la mort de Pierre Bérégovoy et du Juge Borrel – va beaucoup plus loin. Il a rencontré presque tous les responsables de l’époque : de Didier Le Bret ancien coordinateur du Renseignement à l’ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic en passant par l’ex-patron du RAiD Jean Michel Fauvergues ou de simples policiers de terrain interviewés de manière anonyme. Tous apportent leur version. Et de ces innombrables témoignages en ressort une forte impression de malaise.

Une immense gêne

À l’époque, le protocole en matière d’attaque terroriste est clair : les forces de l’ordre doivent agir sous le commandement de la FIPN. Cette Force d’Intervention de la Police Nationale est alors placée sous la responsabilité du patron du RAID, son adjoint étant le chef de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention). Comment expliquer que cette force, qui avait été déclenchée lors de l’attaque de l’Hypercacher en janvier 2015 ne l’ait pas été le soir de l’attaque conjuguée du Bataclan, des terrasses et du stade de France  ?
Le malaise est d’autant plus prégnant lorsque ce sont de hauts responsables politiques de l’époque qui tentent d’apporter une explication. On ne ressent qu’une immense gêne aux réponses agacées ou alambiquées apportées par Manuel Valls, ancien premier Ministre et Bernard Cazeneuve ancien ministre de l’Intérieur.

L’histoire de la Brigade d’Intervention

Même gêne et même silence des responsables quand le réalisateur évoque l’histoire peu connue de la B.I. Une Brigade d’intervention — à ne pas confondre avec la BRI —, unité d’élite assez discrète formée à ce genre d’opération, qui était fin prête le soir de l’attaque. Prête à intervenir quelques minutes seulement après le début de la fusillade dans la salle de concert. Le témoignage — anonyme — de l’un de ses membres est glaçant. «  L’un de nos collègues a demandé l’autorisation d’intervenir. Elle a été refusée. »
6 ans après ces hommes de la BI ne comprennent toujours pas la raison de ce refus. Et le vivent très mal. D’autant plus que le fameux « Commissaire X » qui est intervenu au Bataclan de sa propre initiative, sans demander la moindre autorisation, est considéré aujourd’hui et à juste titre comme un héros.

F. A.

Pour aller plus loin : Rapport de la Commission d’Enquête Parlementaire relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015

Georges Fenech « Bataclan, le procès » Editions du Rocher 17.90 €
Laurence Beneux « B.I. Brigade d’intervention » Le Cherche Midi 18 €

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Dans Charlie, on lit des récits étonnants...

Attentat du Bataclan : éloge de la désobéissance

Antonio Fischetti

La question de la désobéissance est au cœur de l’attentat contre le Bataclan. La tuerie a été stoppée par un commissaire de la brigade anticriminalité (BAC) qui a enfreint les consignes. À l’inverse, huit soldats de la force Sentinelle y assistaient les bras ballants, comme on le leur avait ordonné. Ces sujets très sensibles sont abordés dans le documentaire Les Ombres du Bataclan, de Francis Gillery (en ligne sur arte.tv), et dans le livre Le Procès, de Georges Fenech (Éditions du Rocher), d’après les rapports de la commission d’enquête parlementaire.

Quatre-vingt-dix morts, c’est déjà suffisamment monstrueux. Mais le bilan aurait été bien plus lourd sans l’action d’un homme qui a enfreint le protocole. Cet homme, appelons-le commis­saire X, vu qu’il a toujours tenu à garder l’anonymat. En novembre 2015, il fait partie de la brigade anticriminalité (BAC), et patrouille dans le 17e arrondissement de Paris lorsqu’il apprend, par sa radio de bord, l’attentat au Stade de France. Ni une ni deux, il décide de s’y rendre. Il est alors 21 h 25. Quelques minutes plus tard, ce sont les tirs sur les terrasses dans le 11e. Aussitôt, changement de direction. Puis c’est le Bataclan : le commissaire X y parvient à 21 h 54. Devant l’établissement, il trouve des militaires de la force Sentinelle, qui étaient là par hasard. À l’intérieur, ça tire. Il demande aux soldats d’intervenir : leur hiérarchie refuse. Il leur demande alors de lui filer leurs armes : ils leur répondent qu’ils n’ont pas le droit de s’en séparer.

Le protocole aurait exigé que le commissaire X attende sagement l’arrivée des forces d’élite. Mais ce n’est pas son choix. Il appelle sa femme pour lui dire adieu, persuadé qu’il n’en sortira pas vivant, et décide, sans demander l’autorisation de sa hiérarchie, d’entrer avec son équipier dans la salle de concert. Il abat un terroriste, ce qui contraint les deux autres à se replier à l’étage. Dès lors, il n’y aura plus aucun tir sur les spectateurs. On peut affirmer que le commissaire X a mis fin au massacre. Il faudra attendre plus de vingt minutes — durant lesquelles les terroristes n’auraient pas cessé de tirer — pour que la brigade de recherche et d’intervention (BRI) arrive au Bataclan, à 22 h 20 précisément.

Aujourd’hui, le commissaire X est célébré, à juste titre, comme un héros. Mais, selon la rigide logique hiérarchique, il pourrait être sanctionné, puisqu’il a délibérément contrevenu aux consignes. Le livre de Georges Fenech rapporte son témoignage devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats : « Humainement, compte tenu de ce qui se passait, on sentait bien qu’ils étaient en train d’achever les otages, on ne pouvait pas rester à l’extérieur. Un des fonctionnaires a proposé d’attendre la BRI. J’ai répondu non. »

À LIRE AUSSI : David, rescapé du Bataclan : « J’étais sûr qu’on allait s’en sortir, j’y croyais »

L’attitude du commissaire X est à opposer à celle des soldats de la force Sentinelle. Car il y avait non pas un ou deux, mais huit — oui, huit  ! — militaires équipés de fusils d’assaut devant le Bataclan. Quand les policiers demandent à la préfecture l’autorisation de les faire intervenir, on leur répond : « Négatif, vous n’engagez pas les militaires, on n’est pas en zone de guerre. » Alors, à quoi servent ces guignols en treillis  ? S’ils voient une femme en train d’être violée, ils restent les bras ballants tant qu’ils ne reçoivent pas l’ordre d’intervenir  ?

On a également dit qu’ils n’étaient pas formés pour ce genre d’intervention. Sans doute. Mais avec un tel raisonnement, le commissaire X ne serait jamais entré dans le Bataclan. La commis­sion d’enquête parlementaire a auditionné le général Bruno Le Ray, alors gouverneur militaire de ­Paris. Sa justification de la passivité des soldats est telle­ment hallucinante que ça vaut le coup d’en citer de larges extraits : « On n’entre pas dans une bouteille d’encre, c’est-à-dire sans savoir où l’on va, ce que l’on va faire et contre qui […] en mon âme et conscience, je n’aurais donc pas donné l’ordre à mes soldats de pénétrer dans le bâtiment sans un plan d’action prédéfini […] il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres hommes […] ils n’ont pas vocation à se jeter dans la gueule du loup s’ils ne sont pas assurés de disposer de chances raisonnables d’accomplir leur mission.  »

Je pensais naïvement que les militaires étaient entraînés pour faire face à n’importe quelle situation d’urgence. Je ­découvre que non, bien au contraire. Qu’ils ne donnent ­l’assaut qu’après mûre et patiente analyse de la situation, et qu’à la condition d’être certains de ne prendre aucun risque et de réussir, cela quand bien même des gens se font canarder à quelques mètres d’eux  ! Georges Fenech, lui non plus, n’en ­revient toujours pas, et n’hésite pas à écrire que « cette passivité confine à de la non-assistance à personne en danger ».

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Justement, c’est le coeur du sujet. Quand vous êtes huit militaires lourdement armés et que des gens se font tuer à deux pas, n’est-ce pas de la non-assistance à personne en danger que de rester passif (de surcroît en laissant de simples policiers munis de leur flingue de service aller au feu)  ? Il y a les ordres, certes. Mais, dans certains cas, on a non seulement le droit, mais le devoir d’y désobéir. L’article D. ­4122–3 du Code de la défense stipule que le militaire « ne doit pas exécuter un ordre prescrivant d’accomplir un acte manifestement illégal  ». Ce texte a été rédigé pour éviter (ou du moins limiter) la torture ou les massacres de civils. Mais si l’ordre contrevient à l’obligation de porter secours, est-il lui aussi « manifestement illégal »  ? En droit pénal, cette obligation de désobéissance porte un nom : la «  théorie de la baïonnette intelligente ». Un concept qui semble totalement échapper au général Bruno Le Ray.

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« Ils étaient en train d’achever les otages, on ne pouvait pas rester à l’extérieur. »

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Il y en a d’autres qui n’ont pas attendu les ordres. Ce sont les hommes du Raid. Cette unité était alors dirigée par Jean-Michel Fauvergue : «  J’étais en train de dîner avec mes hommes quand j’ai appris l’attentat. J’ai alors décidé de me rendre aussitôt, de ma propre initiative, au Bataclan. Mais je n’ai jamais été appelé officiellement. » Jean-Michel Fauvergue aurait eu le temps d’avaler dessert et digestif s’il avait attendu l’ordre de sa hiérarchie. Pourquoi le Raid — unité a priori la plus compé­tente dans ce genre de situation — n’a-t-il pas été mobilisé  ? Cela reste, encore aujourd’hui, un mystère. Bizarrement, le préfet de police, Michel Cadot, a décidé de confier les rênes de l’opération à la BRI, dont Georges Fenech dit qu’elle est «  habituellement compétente pour neutraliser des forcenés ou des preneurs d’otages classiques ». Le Raid aurait-il été plus rapide que la BRI s’il avait dirigé les opérations – sachant que plus de deux heures se sont écoulées entre l’arrivée de cette dernière et l’assaut final  ? Impossible de répondre, mais, pour Jean-Michel Fauvergue, il est indéniable que « quelque chose ne va pas lorsqu’un groupe spécialisé de compétence nationale se met à la disposition d’un groupe non spécialisé de compétence locale ». En tout cas, ce 13 novembre, il assume totalement de ne pas avoir attendu la bénédiction de sa hiérarchie pour intervenir : «  Dans ma carrière, il m’est arrivé plein de fois de prendre des initiatives sans attendre les ordres. »

Autre problème, encore lié à cette histoire d’obéissance. Dans le documentaire de Francis Gillery, on apprend l’existence d’une brigade d’intervention (BI), à ne pas confondre avec la BRI. La BI était une brigade peu médiatisée, mais d’élite, elle aussi (elle a notamment participé à l’assaut contre l’Hyper Cacher), aujourd’hui intégrée à la BRI. Le 13 novembre, six de ses membres reviennent d’un entraînement à la tour Eiffel, lorsqu’ils ont connaissance de l’attentat au Stade de France. Ils filent illico à leur QG, s’équipent et attendent les ordres, prêts à foncer. Il est environ 21 h 30. Mais c’est la consternation : la hiérarchie leur dit non, vous n’y allez pas. Alors qu’ils sont à cinq minutes des terrasses du 11e arrondissement, on leur ordonne de se rendre au 36, quai des Orfèvres, d’attendre que la BRI s’équipe, puis de s’intégrer à celle-ci. Ce qui les fait arriver au Bataclan vers 22 h 40. Alors qu’ils auraient pu y être au moins quarante-cinq minutes plus tôt, et peut-être même avant le commissaire X  ! Un retard incompréhensible, quand chaque minute représente des dizaines de victimes supplémentaires. Dans Les Ombres du Bataclan, un ancien membre de la BI exprime ses regrets d’avoir obéi : «  Le commandant qui a appelé pour demander l’autorisation de se rendre sur place, je pense qu’il regrette, non pas d’avoir appelé, mais d’avoir demandé l’autorisation, il aurait dû appeler pour dire on y va. Point. »

Depuis, les règles ont changé : dans le même genre de situation, les soldats de la force Sentinelle pourraient intervenir, et l’unité d’élite la plus proche des lieux serait autorisée à conduire les opérations. On peut aussi tirer de cette tragédie une leçon de philosophie : ceux qui font évoluer les règles ne sont pas tant ceux qui les respectent que ceux qui les transgressent, comme l’héroïque commissaire X.

Mis en ligne le 17 septembre 2021
Paru dans l’édition 1521 du 15 septembre
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Marc Trévidic, le juge devenu témoin

S’entretenir avec l’ancien juge antiterroriste, c’est retracer vingt ans de lutte contre le jihadisme et revivre l’horreur du côté de l’appareil sécuritaire français.

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Marc Trévidic à Paris le 5 septembre.
(Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)

par Lauren Provost

Paris en sang. New York en poussière. Cette semaine, les pires souvenirs vont nous revenir en pleine figure. Mercredi, la France entame le procès hors norme de l’attaque jihadiste la plus meurtrière que le pays ait jamais connue. Quand samedi, de l’autre côté de l’Atlantique, les Etats-Unis commémorent les 20 ans de l’attaque qui a changé le monde à tout jamais.

Où étiez-vous ? Le 11 Septembre, le magistrat Marc Trévidic, lui, était dans son bureau du parquet antiterroriste. Au sous-sol… Ça en dit long sur la place qu’on accordait alors à sa spécialité, l’islam radical. Puis les tours sont tombées et tout s’est accéléré. Les appels, les dossiers. Le décompte des victimes aussi.

Deux décennies plus tard, s’entretenir avec le juge Trévidic c’est retracer vingt ans d’histoire de la terreur et de ses filières. Écouter celui qui a été magistrat au parquet antiterroriste entre 2000 et 2003 puis juge d’instruction spécialisé de 2006 à 2015, c’est se rendre compte que la France et les autres puissances n’avaient rien vu venir. Qu’on a mis les bouchées doubles mais qu’on a fini par être à nouveau dépassés par la situation. Que les méthodes d’endoctrinement, les chefs, les tueurs et leurs méthodes ont muté. Ecouter Trévidic, c’est revivre l’horreur, mais du côté de l’appareil sécuritaire français. C’est changer de point de vue pour prendre de la hauteur, examiner et comprendre. Ou ne pas vouloir comprendre comment on a pu se planter à ce point.

Marc Trévidic a regardé le terrorisme dans les yeux. Il est passé par son bureau. Contraint et forcé de s’en éloigner après dix ans au même poste, il continue de le raconter. Le juge est devenu témoin. Il ne cache pas son dégoût d’avoir dû quitter le navire alors qu’il sentait arriver le 11 Septembre français. Dès août 2015, il est averti d’un attentat contre un concert de rock. On connaît la suite : la France va la juger pendant les neuf mois à venir.

Libération, 5 septembre 2021.

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VOIR AUSSI : Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, était l’invité de BFMTVSD présenté par Jean-Baptiste Boursier, le dimanche 5 septembre 2021.

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Manet et Le savoir-vivre

Qu’est-ce que nos terroristes, tous les terroristes, finalement, ne supportent pas ? La beauté. A quoi un artiste est-il absolument réfractaire ? A tous les aménagements de la terreur. Ainsi Manet tel que Marcelin Pleynet le... peint dans ce merveilleux roman qu’est Le savoir-vivre (Gallimard, coll. L’infini, 2006, p. 146-151).


Manet, La Musique aux Tuileries, 1862.
National Gallery, Londres. ZOOM : cliquer sur l’image.
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LA MUSIQUE AUX TUILERIES ET LA PALETTE DE MANET

Quelle mémoire m’occupe et m’appelle ici, maintenant, dans cette promenade où un tableau évoque je ne sais quelle intrigue mouvante, je ne sais quel soleil aujourd’hui caché, et ma vie dépendante d’un savoir (ça voir) et d’une géométrie secrète où l’histoire, le « sentiment d’humanité » de l’avenir, le « sens historien » que Nietzsche présente comme « la sédimentation de quelque chose de nouveau et d’étrange », m’entraînent, avec cette peinture de Manet (a mani ad vesperum) La Musique aux Tuileries, à me fixer en ce lieu, en ce point du temps où se célèbre « l’Apothéose de Voltaire » et le nœud brûlant de l’Athéisme qui, de Gassendi à Guy Patin, Gabriel Naudé..., compose cette société d’esprits libres « guéris du sot », que fréquentait le très libertin chevalier Giovanni Battista Marino, protecteur de Poussin, de l’admirable, du fabuleux peintre des fables, des saisons, de la fable des saisons et des saisons des fables, plus protégé à Rome qu’à Paris ?

Que sait-il Manet, ce républicain plus prompt à applaudir la République que le Peuple ou la Nation ? Que sait-il, que célèbre-t-il avec cette « Musique... » en 1862 ?

Que sait-il des Cérémonies religieuses de la Terreur, de la Déesse Raison, de la Guillotine, un moment installée place du Carrousel... ? Quelle sédimentation de quelque chose de nouveau et d’étrange se découvre dans La Musique aux Tuileries... dans la musique, dans la disposition du monde où nous vivons ?

Comment Manet n’aurait-il pas connu l’œuvre du peintre et graveur Gabriel de Saint-Aubin qui, avant de consacrer tout un carnet au « Couronnement de Voltaire », illustre, vers 1760, dans la grande allée des Tuileries La bonne société devisant serrée sur les chaises du jardin. De cette perception, de ce savoir dans l’ordre des sensations, il y va de l’espace et des énergies, du lieu et de l’information, du mouvement mouvant des formes et des transformations mutantes...

La Musique aux Tuileries, et aujourd’hui encore l’espace qui m’entoure, l’espace est histoire (Historia Argumentum Fabulaque), savoir (ça voir où l’on s’enfonce), récits, vie qui toujours recommence ...

Napoléon III a été plébiscité empereur par les Français en 1852. Manet termine La Musique aux Tuileries en 1862...

Dix ans, c’est assez !

En 1862, le palais des Tuileries, où Napoléon III tient sa cour, est un centre de vie luxueuse qui s’étend aux jardins où, deux fois par semaine, la musique attire un nombreux public. Manet vient très souvent y travailler en compagnie de Baudelaire, et décide finalement d’en prendre possession en y installant ses familiers. Le tableau a ceci de particulier et, bien évidemment, de voulu : située aux Tuileries chacune des figures, qui composent la foule des familiers de Manet, est identifiable.

La Musique aux Tuileries : partant de la gauche, et dans le sens de la lecture, on reconnaît l’artiste (en chef d’orchestre) il tient à la main droite une canne, une baguette que l’on pourrait confondre avec un pinceau (La Musique aux Tuileries — l’art et la musique du pinceau), puis vient le peintre Albert de Balleroy avec qui Manet a partagé son premier atelier. Entre eux, on identifie une figure qui pourrait être Champfleury. Assis en arrière-plan, Zacharie Astruc, grand admirateur, avec Baudelaire, de Lola Melea (Lola de Valence). Le journaliste Aurélien Scholl, qui écrit, en avril 1876 : « Le peintre Manet a eu, avec sa femme blanchissant des langes — Le Linge [qui fut un temps dans la collection de Paul Gallimard] —, un succès inespéré... ». Au centre d’un groupe, Baudelaire, dont on reconnaît le profil, sur le modèle de l’eau-forte que Manet a déjà faite de lui. Théophile Gautier (dédicataire des Fleurs du mal) et le baron Isidore Taylor grand amateur de peintures espagnoles. Fantin­ Latour qui, en 1864, fera figurer Manet dans son Hommage à Delacroix et réalisera un grand et très élégant Portrait de Manet, en 1867. Au premier plan, le magnifique portrait de Mme Lejosne accompagnée d’une femme identifiée comme une amie de la famille de Manet. Debout, au centre de la composition, Eugène Manet, frère de l’artiste. En arrière-plan, Jacques Offenbach, l’auteur de La Vie parisienne, et le peintre Charles Monginot, un ancien de l’atelier Thomas Couture où étudia le jeune Manet.

Le kiosque à musique ne figure pas sur le tableau, et l’on ne peut alors s’empêcher de penser que Manet identifie musicalement, dans un jardin royal, la vie, la disposition et la composition de son Paris, de son monde.

C’est vu... « Monsieur Manet est un homme du monde au sourire fin et ironique... »

Manet identifie musicalement et politiquement en dialogue la disposition de ses familiers (comme l’a fait Gabriel de Saint-Aubin) qu’il ne réunit pas par hasard au jardin.

La Musique aux Tuileries... Où en sommes-nous en ces jardins ? On songe à ce que Edmond de Goncourt note dans son Journal, du 12 octobre 1866, à la suite de sa visite du musée Quentin La Tour :« Notre impression en entrant dans le musée de Saint-Quentin ... c’est mieux que l’art, c’est de la vie [...] Oui, une impression que nul autre peintre du passé ne nous a donnée ailleurs [...] Stupéfiant musée de la vie et de l’humanité d’une société. Toutes ces têtes paraissent prêtes à se tourner pour vous voir, tous ces yeux vous regardent, et il semble que vous venez déranger, dans cette grande salle, où toutes les bouches viennent de se taire, le XVIIIe siècle qui causait. »

Et comment ne pas retenir la belle citation d’un auteur du temps de Watteau, que Sollers cite dans La Fête à Venise :
« L’on trouve souvent aux Tuileries, pendant le mois de mai, des gens qui y vont le matin avec des luths et des guitares et autres instruments, pour prendre un divertissement. Les rossignols et les fauvettes viennent se placer presque sur le manche des instruments pour les mieux entendre... »

D’un très conscient et vigilant « mouvement rétrograde » avec ce premier grand tableau de La Musique aux Tuileries, Manet ne célèbre-t-il pas à sa façon en « Apothéose », l’esprit de Voltaire... la musique, l’esprit et l’art de vivre en intelligence, secrètement dans une même et tendre intimité...

J’écoute en vie tous ceux qui m’accompagnent...

La Musique aux Tuileries : Manet en son jardin... Les contemporains perçoivent confusément que c’est un geste politique (Manet et le second Empire — Manet, de Rio de Janeiro, à son cousin Jules de Jouy, en février 1849, il a tout juste dix-sept ans : « Que dis-tu, toi, grand politique, de la nomination de L. Napoléon ; n’allez surtout pas le nommer empereur, ce serait trop drôle. » Et à son père, un mois plus tard : « Vous avez donc eu des émotions à Paris, tâchez de nous garder pour notre retour une bonne république, car je crains bien que L. Napoléon ne soit pas très républicain »). La Musique aux Tuileries, un geste politique ou, plus encore, aristocratique.

En 1867, Manet est à Paris, pour l’enterrement de Baudelaire au cimetière Montparnasse. Il peint L’Enterrement (aujourd’hui au Metropolitan museum de New York) et travaille déjà à ce qui deviendra L’Exécution de l’empereur Maximilien (Maximilien d’Autriche empereur du Mexique), dont il réalisera trois versions... Les soldats mexicains du peloton d’exécution portent des uniformes sur le modèle des uniformes des soldats français...

Ses proches comme ses contemporains ne comprennent pas pourquoi Manet se situe délibérément sur le terrain de la « peinture d’Histoire » (Suzanne Manet : « Quel malheur qu’Édouard se soit acharné là-dessus ! Que de belles choses il aurait pu peindre pendant ce temps »). Et pourtant nous y sommes. La lithographie tirée du tableau sera elle aussi interdite... La censure comprend confusément que c’est une autre aventure, un autre engagement, une autre vie, une autre histoire dans l’Histoire, un autre argument dans une autre fable, un autre départ qui est pris. [...]


Manet, L’exécution de Maximilien, 1867.
Version de Copenhague. ZOOM : cliquer sur l’image.
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LIRE AUSSI : Les Voyageurs du Temps ou la résurrection spirituelle de Paris


[1La jeune héroïne du roman, musicienne.

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1 Messages

  • Albert Gauvin | 25 septembre 2021 - 12:20 1

    Réalisé par le Rémois Francis Gillery, le documentaire Les ombres du Bataclan, diffusé sur Arte, continue de faire parler de lui. Manuel Valls a dit porter plainte contre la chaîne pour diffamation, tandis qu’un ténor du barreau de Paris a évoqué le film lors du procès des attentats.


    L’Union du 25-09-21.
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