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Le retour de L’Infini (n°147, Printemps 2021)

Parution le 17 juin

D 16 juin 2021     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Mai 1968 avait tout interrompu sauf la parution de la revue Tel Quel. Après plus d’un an d’absence en raison d’une interminable épidémie, L’Infini est de retour. Alleluia !

Philippe Sollers, Légende 3

Philippe Sollers, Entretien avec Luigi Ballerini pour La Repubblica [1] 12

Philippe Sollers, Réponses à La Règle du jeu sur le complot 14

Philippe Sollers, Bataille, seul 17

Michaël Ferrier, Kenichi Watanabe, Notre ami l’atome [2] 27

Yannick Haenel, Le Trésorier-payeur 43

Marc Pautrel, Le peuple de Manet [3] 56

Georges Bataille, Trois lettres à Isabelle Waldberg [4] 65

Jean Narboni, La grande illusion de Céline 78

Valentin Retz, Une sorcellerie 84

Marcelin Pleynet, Le Déplacement. Journal des années 1982-1983 98

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Feuilletez la revue

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Manet et Le Christ mort

qui ouvre ce numéro de L’Infini...


Manet, Le Christ mort et les anges, 1864.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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« Quelle audace ! Faire renaître l’art quand il est mort ! C’est pour ça que le Christ mort (1864) de Manet, dont Courbet se moquait parce que, disait-il, "je n’ai jamais vu des anges aux ailes bleues", est un tableau très important et très mystérieux. Comme vous savez, Baudelaire lui avait fait remarquer qu’il n’avait pas placé la blessure de la lance au bon endroit [5]. Il n’y a aucun Christ mort comme ça dans l’histoire de la peinture. Cela va beaucoup plus loin que le religieux. Ce tableau est extrêmement dramatique et n’est pas pieux. Il y a aussi le Christ aux outrages, qui est indubitablement autobiographique, car il est en train de se faire cracher dessus. C’est un autoportrait. » (Philippe Sollers, La révolution Manet, 2010)

« On a deux tableaux très étranges de Manet, tous les deux datés de 1864, année où il est attaqué de partout. L’un s’appelle Le Christ aux outrages, l’autre Le Christ mort. Ils sont évidemment autobiographiques, mais le second, surtout, défie toute l’iconographie chrétienne, et les dizaines de Descentes de Croix. Là, le corps mort du Christ est confortablement assis sur un linge, avec de chaque côté de lui deux anges aux ailes gris-bleu. Il est très détendu, on a l’impression qu’il va se lever et marcher. C’est le Dieu de Manet, inexposable dans une église, et, s’il faut en croire la réaction furieuse de Courbet (donc de Proudhon), une régression réactionnaire. Une fois de plus, Manet est seul, et il n’est ni chrétien, ni bien-pensant, ni socialiste. Ce n’est pas une raison pour le priver d’un magnifique enterrement catholique à Saint-Honoré-d’Eylau. Cet enterrement à tout casser de l’auteur du Bar aux Folies-Bergère est rarement commenté par les historiens d’art. Même étrange censure du biographe officiel de Proust sur son enterrement à Saint-Pierre-de-Chaillot. » (Philippe Sollers, Légende, 2021)


Manet, Le Christ aux outrages, vers 1865.
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[1Cf. La Repubblica.

[3Cf. Le peuple de Manet.

Le 27 mai, 16h45
Cher Marc Pautrel,

J’ai bien reçu hier matin votre "Manet" et je vous en remercie. Evidemment, j’ai lu une première fois le livre en entier dans l’après-midi, toute affaire cessante. Vous avez réussi une fois de plus à nous restituer comme de l’intérieur l’artiste face à la violence de son époque — qu’on ne soupçonne plus guère en ce 150ème "anniversaire" de la Commune. Le livre ne comporte pas de reproduction, excepté celle, splendide, du bandeau, on peut le regretter ou pas. Et finalement pas. Comme je venais de me replonger dans l’oeuvre de Manet à l’occasion de la republication du "Manet" de Bataille, j’avais beaucoup de ses toiles en tête. J’ai donc lu, volontairement sans revoir les toiles, la deuxième partie de votre roman et la description des 46 tableaux que vous avez retenus (son "peuple") et, là, surprise, que l’on ait en mémoire les toiles ou non, vous avez réussi à les rendre présentes. Elles sont . Comme autant de petits romans. J’ai été particulièrement sensible à la manière dont vous avez réussi à rendre les "personnages" — chacun, chacune, unique —, présents en leur Temps. Reprenant d’ailleurs, d’une description à l’autre, d’un portrait à l’autre, en la modifiant imperceptiblement, la même phrase (les mêmes mots) — ce qui donne à l’ensemble une musicalité et une résonance profondes. J’ai repris ce matin le roman depuis le début (et donc, à partir de la citation de ce maudit Heidegger, qui donne le ton fondamental). Bravo l’artiste ! Vive Manet ! Vive Pautrel ! Et encore merci !

Bien cordialement,
Albert Gauvin

Le 27 mai, 22h05
Cher Albert Gauvin,

Merci pour votre lecture, très fine (la "résonance").

Et en effet, c’est volontairement que je n’ai pas mis de reproductions, le langage prime toujours sur l’image. Lire, c’est former en soi des images.

Ceci étant, j’ai repris il y a quelques mois le Manet de Georges Bataille dans son édition originale Skira de 1955 (format carré, couverture rigide avec jaquette) et l’ajout de reproductions y produit un effet très intéressant, même si la lecture devient différente. Il faut aussi noter que Bataille avait particulièrement soigné le choix des peintures, leur succession et leur mise en page (choix hélas non respecté dans la réédition de L’Atelier contemporain).

Pour en revenir au "Peuple de Manet", c’était important, je crois, d’essayer de rappeler, dans une époque assez agitée (j’ai écrit ce roman de 2019 à 2021, entre gilets jaunes, grève historique des transports publics, et confinements sanitaires à répétition), avec les moyens d’un écrivain de 2021, aussi modestes soient-ils, l’importance de Manet, le plus grand peintre français. Picasso a affirmé : "Manet est un géant", ce qui veut tout dire. Il y a une sorte de leçon de Manet, de toute première importance, il faut donc méditer sa peinture.

Bien cordialement,
Marc Pautrel

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[4A propos d’Isabelle Waldberg.

[5Baudelaire critique Le Christ aux anges d’Edouard Manet, mais défend le peintre (1er janvier 1969).

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Manet a-t-il plus tard corrigé son erreur comme il est dit dans le commentaire ? Non, si l’on en juge par cette gravure de 1866-1867.


Manet, Le Christ mort et les anges, 1866-1867.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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