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Ces pneus chinois qui déferlent sur l’Europe

Ca roule pour les Chinois ! Pas pour nous. Décryptage

D 22 septembre 2020     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Paris (GMT+1)

Pékin (GMT+8)

Le monde politique s’est ému de l’annonce de la fermeture de l’usine de pneus Bridgestone à Béthune dans le Pas de Calais (863 salariés ). Pourtant il ne s’agit que du nième épisode d’une « mort ordinaire » d’entreprise sous les coups de boutoir d’une concurrence sauvage - venue principalement de Chine, et à un manque d’anticipation de ses dirigeants..
Les entreprises sont des êtres vivants qui naissent et meurent. Quand un arbre dépérit sous l’invasion des chenilles processionnaires, on met en place des mesures barrière et même sans attaque particulière, on le taille pour se débarrasser des branches mortes, le vivifier ou le rééquilibrer.
Les chenilles sont ici asiatiques et surtout chinoises.
Qu’ont fait nos jardiniers pour endiguer l’invasion ? Et que peut-on encore faire ? Décryptage.

Derrière cet épisode ordinaire et en fait secondaire, Bridgestone (japonais) n’est pas un trésor national comme l’est Michelin. Nous sommes face une guerre économique non déclarée. Et nous, Européens, continuons à traiter nos ennemis avec mille précautions. Mais pour gagner une guerre, il faut nous résoudre à combattre.

Cela entraîne des blessés et des morts, naturelles ou pas, mais c’est aussi l’espoir de sauver d’une mort lente et généralisée nos derniers bastions. Et, derrière Bridgestone, c’est aussi notre Trésor national et mondial, Michelin, qui est attaqué. Nous n’en avons plus tant que ça pour ne pas réagir. Mais l’intérêt bien compris de nos dirigeants n’est probablement pas de mettre des fonds d’état et de la Région afin de maintenir sous respiration artificielle une entreprise étrangère et une surproduction structurelle, ce qui ne ferait qu’ajouter aux difficultés de notre champion national Michelin, lequel rappelons le, a annoncé la fermeture de son usine de la Roche sur Yon (619 salariés) et d’ici à début 2021 son usine de Bamberg (sud de l’Allemagne, 858 salariés) ? Après avoir déjà fermé 11 sites dans le monde ces dernières années..
Les pompiers le savent bien, il faut faire la part du feu pour sauver l’essentiel.
Européens, réveillons nous,
L’Europe doit impérativement protéger ses bastions, comme aussi favoriser l’émergence de nouvelles percées, mais il appartient aux Industriels d’être assez véloces et inventifs pour s’adapter en permanence à leur marché et en conquérir de nouveaux.

V.K.

Ces pneus chinois qui déferlent sur l’Europe

Loïc Grasset

· JDD, le 20 septembre 2020

Après avoir pris d’assaut le marché américain, les marques chinoises de pneus s’attaquent à l’Europe, et gagnent du terrain. Et s’ils ont longtemps avancé masqués, ces groupes commencent à ouvrir des unités de production sur le Vieux Continent.


Dans une usine à Nantong, en Chine. (Barcroft Media/Barcroft Media via Getty Images)
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C’est une petite annonce comme il en paraît des dizaines de milliers chaque jour sur Le Bon Coin ou eBay, écrite dans un français approximatif et ne s’embarrassant pas de circonlocutions : "Célèbre marque de pneus chinois à la recherche pour le distributeur [sic]. Capacité de production : 12 millions d’unités par an. Prix à débattre : 28 $." Cet avis de recherche, qui figure cette semaine sur un site de mise en relation entre producteurs chinois et importateurs, interpelle à plus d’un titre. Le prix, tout d’abord, l’équivalent de 23 euros, quand un pneu Michelin de même gabarit (17 pouces) vaut dans le commerce 90 euros ; la quantité ensuite. Énorme, quand on sait qu’en France il s’est écoulé, en 2019, 18,2 millions de pneus sur le créneau tourisme, camionnettes et SUV.

De fait, piano mais sano, les pneus made in China gagnent du terrain en Europe. Selon une étude deTire Businessparue en 2019,leur part de marché est passée de 4 % à 23 % depuis 2000. Véhicules de tourisme, utilitaires, poids lourds (35 % de part de marché conquise en vingt ans), tous les segments sont touchés. Avec des conséquences sociales dramatiques, dontl’arrêt du site Bridgestonen’est que le dernier rebondissement.

Des usines "de plus en plus performantes"

"Tout ça est inéluctable : les pneus chinois sont deux fois moins chers et le consommateur n’écoute que son portefeuille, estime un expert français installé en Asie du Sud-Est, épicentre du caoutchouc (80 % de la production mondiale). Les pneus chinois utilisent pourtant une piètre technologie. Et leurs performances sont inquiétantes. À 50 km/h sous la pluie, un pneu chinois a besoin de40 mètres pour freiner contre 20à 25 mètres pour un Michelin ou un Bridgestone." Avec la baisse des cours des matières premières, la surcapacité de leurs usines, la chute du yuan face à l’euro et… le dumping, les manufacturiers chinois disposent d’un cocktail explosif.

Alors qui sont ces dévoreurs d’emplois aux noms occidentalisés comme Antares, Atlas, Sunny ou Goodride ? La Chine est, sans surprise, le premier producteur mondial de pneus (35 % de la production), maisaucun de ses fabricants n’appartient au top 10 planétaire, à l’exception de… Pirelli, racheté en 2015 par ChemChina, un conglomérat d’Etat, grâce à un prêt préférentiel de la République populaire. Du champion national, Zhongce (marques Westlake, Chaoyang ou Goodride), à Giti (3 milliards d’euros de chiffre d’affaires) en passant par Linglong (14,5 millions de pneus par an) ou Double Coin, l’ogre des pneus pour camions, l’empire du Milieu possède une dizaine de poids moyens (2 à 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires) aussi inconnus qu’ambitieux. "Ce n’est que le début, assure David Shaw, patron de Tire Industry Research. Le secteur est en pleine consolidation, avec des usines de plus en plus performantes qui recrutent des ingénieurs venus des leaders mondiaux et montent en gamme."

Les Etats-Unis ont multiplié les taxes

L’essor des pneus chinois a été aidé par l’énorme marché intérieur du pays et ses 2.400 voitures vendues par heure. Dès les années2000, les Chinois ont rêvé plus grand en partant à l’assaut du marché américain. Un blitzkrieg réussi. Entre 2004 et2008, leur part de marché est passée de 6,7 % à 29 %.Barack Obamaa, le premier, douché leurs appétits en instaurant, en 2009 puis en 2015, des taxes antidumping, arguant que les subventions chinoises représentaient de 21 % à… 100 % du prix facturé. L’administration deDonald Trumpa enfoncé le clou. Et le bouclier de taxes, qui dépassent parfois les 80 %, a stoppé l’hémorragie.

L’Union européenne s’est révélée bien moins acharnée à défendre ses industries, avec une centaine de mesurettes antidumping et antisubventions contre 700 pour les Etats-Unis. Les géants du pneu chinois ont, il est vrai, avancé masqués : produits au nom occidentalisé, pas ou peu de filiales détenues en propre, mais des accords avec des distributeurs locaux. Ainsi, en France, le grossiste Dipropneu, situé à Bondoufle, distribue aujourd’hui les pneus Triangle ou Leao, marque phare de Linglong, le numéro trois chinois. Autre axe privilégié, Internet (7 à 8 millions de pneus vendus en France par an) où, d’Allopneus.com à 1001pneus.fr, les Chinois sont omniprésents. Chaque fois, la nationalité du pneu est astucieusement dissimulée sous un écran de fumée. Ainsi, sur le site Allopneus, la marque Mazzini, incroyablement bon marché (39 euros pièce) et qui fleure bon le made in Italia, est en fait fabriquée dans les faubourgs de… Shanghai.

Décomplexés, les Chinois commencent à ouvrir des antennes sur le Vieux Continent, comme Zhongce à Francfort.Ils contournent de plus en plus les lois antidumping, qui ne concernent que la Chine, en produisant ou en réexportant leurs produits semi-ouvrés en Asie du Sud-Est (Thaïlande et Vietnam, avec dix usines construites depuis 2015 !). Mieux, fin 2019, Linglong est devenu le premier groupe chinois à ouvrir une unité de production en Europe, en Serbie (où la main-d’œuvre est 3,7 fois moins chère que dans l’UE). Avec l’objectif d’y produire 13,62 millions de pneus par an.

La chronique éclairante de Nicolas Barré sur Europe 1, le 21 septembre 2020

Les pneus chinois déferlent sur l’Europe (suite)


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Le gouvernement tente de peser pour éviter la fermeture de l’usine Bridgestone de Béthune qui subit de plein fouet la concurrence chinoise que l’on a laissée s’installer sur le segment des pneus de moyenne gamme. Nicolas Barré fait le point sur une question d’actualité économique.

Deux ministres se rendent aujourd’hui dans l’usine de pneumatiques de Bridgestone à Béthune, dans les Hauts-de-France. Le gouvernement tente de peser sur le destin de cette usine que la direction voudrait fermer.

C’est un classique : une usine ferme, les pouvoirs publics s’insurgent, les élus locaux assurent qu’ils ne laisseront pas faire et le parti communiste réclame la nationalisation. C’est exactement ce qui s’est passé depuis l’annonce de la fermeture totale du site mercredi dernier. Mais il y a dans tout ça beaucoup d’hypocrisie. D’abord et avant tout parce que si l’usine de Béthune est condamnée, c’est parce qu’elle subit de plein fouet la concurrence chinoise que l’on a laissée s’installer sur le segment des pneus de moyenne gamme. Cela fait des années que les géants européens du pneu comme Michelin ou Continental en Allemagne alertent sur le dumping chinois. Réclament des enquêtes car ils ne se battent pas à armes égales. Dénoncent les barrières et le pillage technologique qui existe en Chine alors que le marché européen est grand ouvert. Les Chinois ont bâti en vingt ans une industrie du pneu qui aujourd’hui est massivement excédentaire. Leur seule planche de salut, c’est d’inonder les marchés occidentaux.

C’est ce qu’ils font depuis le début des années 2000.

Oui, voilà pourquoi ce qui se passe à Béthune est tout sauf une surprise. L’Europe est une cible. Pékin a identifié quelques secteurs clés dans lesquels il vise la domination mondiale. L’industrie du pneumatique en fait partie. En 2015, les Européens ont laissé s’introduire en Europe un cheval de Troie chinois : la société chinoise ChemChina est devenue cette année-là l’actionnaire principal de Pirelli, le numéro 3 du pneu européen. ChemChina, ce n’est pas rien : c’est une société d’Etat dirigée par un haut cadre du parti communiste, un géant de la chimie qui a aussi racheté en 2016 le groupe suisse Syngenta, l’un des leaders mondiaux des semences pour l’agriculture. Secteur stratégique également. La fermeture de Béthune, c’est la conséquence d’un plan de conquête rondement mené depuis plusieurs années par l’industrie chinoise.

On se réveille trop tard ?

On peut toujours imaginer qu’avec beaucoup d’argent (on dit qu’il faudrait investir 200 millions d’euros, c’est gigantesque), on pourrait sauver le site. Mais alors se poserait une autre question que personne ne pose : pourquoi aider un groupe japonaisavec l’argent ducontribuable alors que nous avons un champion français, Michelin, qui est confronté lui aussi aux mêmes défis ? Allez demander ce que l’on en pense à La Roche-sur-Yon en Vendée, où Michelin est en train de fermer en ce moment même une usine qui employait plus de 600 personnes. Avant d’aider le concurrent japonais de Michelin, peut-être faudrait-il voir plus large et se demander comment sauver toute l’industrie européenne du pneu menacée par une concurrence déloyale.

https://www.europe1.fr/emissions/L-edito-eco2/les-pneus-chinois-deferlent-sur-leurope-3993201

Comment réagir ?

Il y a ceux qui disent :» Avant de mettre des barrières, il faut savoir que les chinois utiliseront des mesures de rétorsion qui peuvent très faire très mal. Soyons pragmatiques, réfléchissons et discutons avec les chinois.

Mais, depuis vingt ans nous déroulons le tapis rouge face aux Chinois qui, eux, ne s’embarrassent pas devant les mesures de rétorsion que pourraient prendre l’Europe pour non respect des lois anti dumping, manipulation de leur monnaie quand bon leur semble, le non respect de la propriété intellectuelle, le non respect de leur signature des traités qui régissent l’Organisation Mondiale du Commerce, le non respect de la règle de réciprocité des échanges en multipliant les obstacles pour les sociétés étrangères qui souhaitent investir leur marché intérieur.

C’est pourquoi, je serais plutôt d’avis de prendre toutes les mesures de protection à notre portée, sans craindre les mesures de rétorsion. Commençons par agir et discutons, après, car oui, il faudra finir par discuter. Mais commençons par nous battre.

Les Chinois ont déclenché une guerre économique à l’Europe, non déclarée. Contrairement aux Américains, nous n’avons pas déclaré la guerre économique à la Chine.

Face à la fermeture ordinaire de nos usines, l’une après l’autre, devons nous continuer à courber l’échine pour échapper aux coups de fouet ? Mourir à coup sûr, mais lentement, à petit feu, ou nous redresser pour combattre et affronter les coups de fouet, avec ses blessures, certaines pouvant même être mortelles.

Nous sommes face à une question de vie et de mort lente :

Les Chinois, sont devenus plus capitalistes sauvages que les nôtres,

De culture, les Chinois sont des commerçants hors pair

Ils sont aussi intelligents que nous et plus nombreux

Ils gèrent leur pays dans le temps long. Xi Jin Ping s’est quasiment fait élire Président à vie, lors du dernier congrès du Parti communiste. Les occidentaux gèrent dans le temps court des calendrier électoraux.

Ils ont ciblé, l’industrie pneumatique, parmi bien d’autres, comme un secteur clé avec objectif une domination mondiale du secteur à terme. Ils s’y emploient depuis 20 ans. Les Chinois sont constants dans leur stratégie et financent à perte, ces productions jusqu’à ce que l’objectif soit atteint.

Osons les taxer, à hauteur des soutiens financiers dont leurs industriels ont bénéficié.
Osons leur imposer des normes de sécurité pour prendre en compte les données ci-après relevées par le correspondant du JDD en Thaïlande :
« A 50 km/h sous la pluie, un pneu chinois a besoin de 40 mètres pour freiner contre 20 à 25 mètres pour un Michelin, ou un Bridgestone.
Etc., etc. Traquons les points d’attaque !

Face à une guerre économique, il nous faut un bataillon européen d’« économistes-killer » (comme on a aujourd’hui des costs-killer à l’intérieur de nos entreprises. Ouvrons un front extérieur. Osons réorienter une partie des fonctionnaires européens, en charge de l’économie ou de la protection douanière pour former ce bataillon. Des Economistes Killer qui vont traquer toutes les sorties de jeu des Chinois, imaginer les contre-attaques, veiller à leur application, nous défendre face aux envahisseurs.

C’est pourquoi vous propose une nouvelle version de la « Marseillaise » pour l’Europe - le territoire national n’est plus à l’échelle de la guerre économique que nous subissons, en nous croyant toujours libres et maîtres du jeu.


La nouvelle Marseillaise pour l’Europe


D’après Delacroix, La liberté guidant le peuple
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Refrain

Allons Européens de la fratrie
Le jour du sursaut est arrivé
Contre nous de la tyrannie
L’étendard sanglant est levé 2x

Entendez vous dans nos ateliers
Mugir ces féroces Chinois
Ils viennent jusque dans nos bois,
nos emplois liquider

Refrain :

Aux armes Européens. Formez vos bataillons !
Des bataillons d’économistes-killer

Pour bouter les envahisseurs
Qu’un sang impur abreuve nos sillons

Refrain :

Européens ! pour nous, ah quel outrage !
Quels transports il doit exciter !
C’est nous qu’on ose dépouiller
Pour nous rendre à l’antique esclavage !

Refrain :

Levons nous contre cette horde de Chinois
Taxons les, Imposons leur des normes de sécurité

Bataillons d’économistes killer, soyez notre bras armé
Pour traquer ces nouveaux barbares sans foi ni lois

Refrain

Entendez vous dans les campagnes
Mugir ces féroces Chinois
Ils viennent jusque sous nos toits,
Liquider vos fils, vos compagnes

Refrain :

Aux armes Européens ! Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu’un sang impur abreuve nos sillons

Paroles : D’après / Claude Joseph Rouget De Lisle

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