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La folle affaire Gauguin

D 10 août 2020     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


ÉNIGME. Installé au Mexique, un collectionneur amateur conteste l’authenticité d’une vingtaine d’oeuvres du maître

DOUTES. De grands musées amméricains tremblent, même si la crédibilité du trublion français fait débat.


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La folle affaire Gauguin

Mais enfin, comment un collectionneur amateur peut-il ainsi faire trembler certains des plus grands musées du monde ? Sacré personnage que Fabrice Fourmanoir, 63 ans, natif du Pas-de-Calais. Quand on l’appelle à Sayulita, le pueblo mexicain de la côte Pacifique où il vit désormais, il ne se fait pas prier pour raconter, avec l’accent indéfinissable des Français qui ont vécu longtemps à l’étranger, une vie présentée façon roman d’aventures, tour à tour marin des mers australes, prospecteur de cobalt et de nickel, galeriste à Huahine (Tahiti), marchand et collectionneur d’art, et surtout spécialiste autoproclamé de Paul Gauguin (1848-1903)… Un retraité énigmatique, que ses proches décrivent comme cultivé et charmant, mais prompt aussi à l’exagération (on l’a surpris plusieurs fois en flagrant délit), voire à la mégalomanie, persuadé qu’il est d’avoir « de grandes révélations » à faire, dans ce qui sera, selon lui, « l’un des plus grands scandales de l’histoire de l’art ».

Mythomane ou lanceur d’alerte, notre Français s’est en tout cas retrouvé le 30 juillet à la une du Washington Post, bouc blanc soigneusement taillé et Panama bien en place, façon vieux sage des mers du Sud. Sous la plume du prix Pulitzer Sebastian Smee, le quotidien américain s’interroge sur les révélations – et la crédibilité – du « French amateur detective » affirmant qu’une vingtaine de toiles de Paul Gauguin – celles de la dernière année aux Marquises – seraient des faux. « En 1903, avant de mourir, Paul Gauguin était tellement affaibli qu’il n’a pas pu peindre les toiles qu’on lui attribue. Elles sont exposées dans de grands musées, dont la National Gallery of Art de Washington et le Museum of Fine Arts de Boston. Heureusement, pas en France, où les spécialistes ont été plus prudents. »

Panique à bord, les musées font le mort. Même celui d’Orsay, qui n’est pourtant pas visé, fait savoir que ses experts préfèrent ne pas s’exprimer. Gravissimes, ces accusations, si elles se vérifiaient, pourraient causer des centaines de millions d’euros de préjudice. Ainsi va désormais le monde de l’art, où les oeuvres s’échangent à des prix stratosphériques, où l’on découvre que les plus grands conservateurs sont en contact avec les meilleurs experts, bien sûr, mais aussi avec de simples chercheurs amateurs, qui, parfois, déclenchent des tempêtes avec leurs trouvailles. Fabrice Fourmanoir est de ceux-là.


L’invocation (1903), l’une des toiles que Fabrice Fourmanoir juge faussement attribuée à Paul Gauguin. COURTESY NATIONAL GALLERY OF ART WASHINGTON
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Lorsqu’on l’appelle, il est 14 heures en France. À Sayulita, un ciel rose tendre annonce l’aube.

La conversation démarre en vidéo, par smartphones interposés. Derrière Fabrice Fourmanoir, l’oeil distingue les palmiers frémissant dans la brise tropicale et la beauté d’un lever de soleil du bout du monde, comme un clin d’oeil à Paul Gauguin, le grand voyageur, le peintre de l’exotisme et de la nature primitive. C’est peu dire que le postimpressionniste obsède Fabrice Fourmanoir. Voilà plus de quarante ans qu’il scrute ses oeuvres, mais aussi les catalogues des ventes, les enchères, les photos et les archives d’époque… « Nous avons de nombreux points communs : comme lui, j’ai été dans la marine marchande, j’ai vécu en Polynésie et j’ai aimé les femmes polynésiennes ! »

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Outre trois ex-épouses tahitiennes, le détective amateur affirme avoir des documents clés prouvant que certaines toiles sont des faux. « Tout a démarré en 1992, quand j’ai acheté un brouillon de lettre de Gauguin. Ruiné, isolé et malade dans son faré des Marquises, le peintre avait listé ses oeuvres. Quand j’ai comparé sa liste avec celle du marchand Ambroise Vollard, qui commercialisait l’art de Gauguin et des autres impressionnistes, ça ne collait pas. Depuis, j’ai fait mes recherches, jusqu’à arriver à la conclusion que Vollard avait manigancé la production de faux Gauguin quand il a compris que le peintre allait mourir. »

Depuis, Fourmanoir sollicite inlassablement les grands conservateurs et autres marchands d’art, « pour les prévenir ». Au Getty Museum de Los Angeles, les avertissements du Français visent une petite statue en bois de santal, avec des cornes lui donnant un air de diablotin, « l’un des très rares exemples de la sculpture de Gauguin », pour reprendre les mots de la conservatrice. Le Getty aurait dépensé 3 millions de dollars pour l’acquérir en 2002, autant dire un record pour une pièce de ce genre. Fier de son bébé, il l’a ensuite prêtée aux grandes
expositions Gauguin, à la Tate Gallery de Londres, au musée d’Art moderne de New York, au Museo delle culture de Milan… « Forcément, les experts qui ont écrit sur cette pièce n’ont pas trop envie aujourd’hui de dire qu’ils se sont trompés », tacle Fabrice Fourmanoir.

Avec le critique d’art américain Martin Bailey (qui confirme l’histoire auprès du JDD), le Français a bien été le premier à émettre des doutes, en 2002, sur l’authenticité de la statuette, dès sa mise en vente par la maison Wildenstein, l’une des plus puissantes du marché de l’art, avant que divers scandales ne l’affaiblissent ces dernières années. « J’ai tout de suite vu que ça clochait, assure le collectionneur amateur. La statue est trop bien finie, pas du tout le style de Gauguin. Elle est posée sur un socle alors qu’il n’en utilisait jamais. J’ai alerté le Getty, et puis les conservateurs de tous les grands musées qui l’exposaient. En vain. » Fabrice Fourmanoir s’entête. Enquête. Fouine. Et, dix-sept ans après, finit par dénicher dans un obscur fonds polynésien une photo d’époque, prouvant que la statuette existait avant l’arrivée de Gauguin à Tahiti, et qu’il ne peut donc en être l’auteur.

Catastrophe pour le Getty. En décembre 2019, la Tête à cornes est descendue de son piédestal. Reléguée au fond des réserves. Déclassée. Attribuée, finalement, à un « auteur inconnu ». De quoi embarrasser sérieusement le grand musée californien. Ce dernier perd de l’argent bien sûr, mais aussi, et dans le monde de l’art c’est encore plus gênant, de la crédibilité.

Le Getty a bien essayé de manger son chapeau discrètement. Mais d’autres avaient intérêt à ce que l’histoire se sache. À commencer par Fabrice Fourmanoir, évidemment, qui se fait un plaisir d’en raconter le moindre détail. Quitte à en rajouter, affirmant par exemple qu’il est un intime d’Anne Pingeot. Conservatrice au musée d’Orsay, l’ancienne compagne de François Mitterrand répond très aimablement qu’elle a bien échangé avec lui à propos de la statuette, uniquement par écrit. Elle citera d’ailleurs ses recherches dans un article à paraître en février 2021 dans le Getty Research Journal, à propos de la Tête à cornes. Mais d’inimité, point.

« Sur les tableaux
marquisiens,
Ii se laisse
emporter par son
Imagination
 »
Sylvie Crussard,
spécialiste de Gauguin

Alors Fabrice Fourmanoir fait-il dans l’exagération quand il conteste les ultimes toiles marquisiennes ? Ou est-il dans une juste intuition, comme pour la statuette ? « C’est un chercheur estimable car il connaît très bien le Pacifique et déniche plein de choses intéressantes, estime Sylvie Crussard, l’une des grandes spécialistes françaises du peintre, qui lui consacre ses recherches depuis 1978. Mais sur les tableaux marquisiens, je pense vraiment qu’il se laisse emporter par son imagination. Il est impossible que ces tableaux soient des faux, j’en ai vu beaucoup, aucun n’atteint la sensibilité, la subtilité des oeuvres de Gauguin.

Très malade, sous morphine, il n’a pas le même état nerveux et n’a plus le même brio technique. Mais ces toiles sont très émouvantes. En les regardant, on voit ses derniers jours. »

« Depuis que le prix des oeuvres s’est envolé, dans les années 1990, le monde de l’art panique dès qu’il y a un doute », ajoute l’experte, qui travaille à établir le catalogue raisonné, c’est-à-dire le listing de toutes les oeuvres attribuées au peintre, auprès du Wildenstein Plattner Institute à Paris. Une position qui, pour Fabrice Fourmanoir, exclut toute objectivité. Si l’institut clame son indépendance, il est – en partie – financé par la maison Wildenstein, qui elle-même vend des pièces de Gauguin, dont la fameuse statuette… Bref, on n’en sort plus. De quoi nourrir encore et encore les obsessions de l’énigmatique monsieur Fourmanoir, si avide d’exister depuis sa lointaine retraite dorée.

GUYLAINE IDOUX

La « Tête à cornes », sculpture du Getty Museum n’était pas un Gauguin

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LOS ANGELES / ETATS-UNIS

Une expertise confirme que le « Visage cornu » exposé au Getty depuis dix-huit ans n’est finalement pas de sa main.

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Tête avec cornes (détail), vers 1894, bois de santal avec restes de polychromie.
Courtesy The J. Paul Getty Museum.

La sculpture en bois de santal représentant un diable cornu, attribuée à tort à Paul Gauguin, a été retirée de l’exposition permanente dumusée de Los Angeles, après dix ans d’examen. Le musée avait acheté l’œuvre en 2002 pour 3 millions d’euros à la galerie new-yorkaise Wildenstein Co, qui l’avait elle-même obtenu d’une collection privée en Suisse.

La pièce, considérée comme un autoportrait symbolique du peintre, avait été étiquetée « idole marquisienne » par l’ingénieur et photographe français Jules Agostini, et apparaissait dans plusieurs dessins et gravures de l’artiste, notamment laFemme tahitienne et l’esprit démoniaque, qui présente un visage cornu similaire à celui de la sculpture. Deux photographies de la sculpture collées dans l’ouvrage Noa Noade Gauguin, illustré par ses soins à la fin des années 1890, avaient achevé de convaincre de l’attribution à Gauguin.


Tête avec cornes, vers 1894, bois de santal avec restes de polychromie., Courtesy The J. Paul Getty Museum.
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Lors de l’acquisition de la pièce, la directrice du Getty de l’époque, Deborah Gribbon, avait déclaré : « Les sculptures de Gauguin sont extrêmement rares, et cette œuvre fascinante en est un superbe exemple. » L’objet, qui a voyagé partout dans le monde, fut présenté comme une œuvre majeure de l’artiste, notamment à la Tate Modern de Londres, au Museo delle Culture de Milan et au Musée d’art moderne de New York.

Mais en 2008, la directrice du département de la sculpture et des arts décoratifs, Lise Desmas, avait décidé de mener des investigations. Après l’avoir comparée à d’autres sculptures de Gauguin, elle a pu constater que le diable ne présentait pas la signature qui figure habituellement sur les œuvres de Gauguin, et que le piédestal était très atypique.

Qui est l’auteur ?

« Même s’il ne s’agit pas d’un chef-d’œuvre, la tête cornue reste un objet très intriguant », a souligné Desmas. Les spécialistes de l’art polynésien s’accordent à dire que ce n’est pas une sculpture traditionnelle, tant pour des raisons stylistiques que pour son iconographie (le « diable », en tant que tel, n’existe pas dans les mers du Sud). Il aurait pu être créé par un artisan indigène pour le marché européen, ou encore par un Européen qui aurait voyagé dans les îles du Pacifique.

Chef de file de l’École de Pont-Aven et inspirateur des nabis, Paul Gauguin est considéré comme l’un des peintres français majeurs du XIXe siècle et l’un des plus importants précurseurs de l’art moderne. En 1887, il voyage en Martinique, puis s’installe en 1891 à Tahiti, où il espère pouvoir fuir la civilisation occidentale Il passera le reste de toute sa vie dans ces régions tropicales, d’abord à Tahiti puis dans l’île de Hiva Oa dans l’archipel des Marquises.

Jinane Dolbec

lejournaldesarts.fr, Le 2 février 2020

Van Gogh & Gauguin à Arles


Dates clés

1848 7 juin. Naissance de Paul Gauguin.
1853 30 mars. Naissance de Vincent Van Gogh.
1874 Van Gogh rejoint la maison Goupil à Paris.
1886 Il rencontre Paul Gauguin à Paris. 3 mois plus tard, il rencontre Georges Seurat.
1888 21 février. Installation à Arles. Le 21 octobre, Gauguin le rejoint.
1888 23 décembre. Dispute avec Gauguin. Van Gogh se coupe le lobe de l’oreille.
1890 21 mai. Van Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise. Il meurt dans la nuit du 29 juillet aux côtés de son frère Théo.
1891 9 juin. Gauguin arrive à Tahiti.
1903 8 mai. Mort de Gauguin aux Îles Marquises.


Une utopie

C’est en 1888 que Vincent van Gogh se rend à Arles, où la lumière provençale et la beauté des paysages l’inspirent considérablement. […]
Dans sa « maison jaune », où il installe son atelier, Van Gogh a un rêve : mettre en place une communauté artistique solidaire où expériences et recherches sont mis en commun. Et, c’est justement dans ce but que le rejoint Paul Gauguin, le 23 octobre 1888. Au début, la collaboration fonctionne mais leur relation s’envenime très vite jusqu’à la violente dispute du 23 décembre.


Vincent van Gogh, Autoportrait à l’oreille bandée. Institut Courtauld (P.1948.SC.175).
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Nous savons bien comment cela se termine, dans une scène violente restée célèbre1 [1] : regrettant d’avoir menacé Gauguin avec un rasoir, Van Gogh, pris de folie, retourne la lame contre lui et se tranche le lobe de l’oreille gauche. Cette crise fait grand bruit et, considéré comme dangereux pour l’ordre public, son internement est vite demandé. L’année suivante, il entre à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy-de-Provence, pour un séjour mouvementé mais productif.

Mais revenons à la lettre vendue hier soir, datée du 1er ou 2 novembre 1888, soit une semaine seulement après l’arrivée de Gauguin à Arles.

Une lettre à quatre mains

Les lettres de Van Gogh sur sa vie à Arles ne sont pas communes mais il est encore plus rare d’en trouver une qui réunit les deux artistes, s’appliquant sur une même lettre.

Dans cette lettre, Van Gogh raconte au peintre Émile Bernard son quotidien entre travail et lecture (« Ces jours ci nous avons beaucoup travaillé et entre temps j’ai lu le rêve de Zola, ce qui fait que je n’ai guère eu le temps d’écrire. ») et livre un rare portrait (à l’encre) de son collaborateur, Paul Gauguin. Puis, il mentionne ses excursions dans les bordels avant de terminer : « Je laisse une page pour Gauguin qui probablement va t’écrire […] ». Précisons que l’artiste était installé dans le quartier des maisons closes et avait offert son lobe d’oreille, enveloppé dans du papier journal, à une fille qui travaillait dans l’une de ces maisons.

Le chef de file de l’École de Pont-Aven termine la lettre modestement : « N’écoutez pas Vincent, il a comme vous savez l’admiration facile et l’indulgence dito. – Son idée sur l’avenir d’une génération nouvelle aux tropiques comme peintre me paraît absolument juste et je continue à avoir l’intention d’y retourner quand je trouverai les moyens.  »

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Vincent van Gogh & Paul Gauguin, lettre autographe signée à Émile Bernard, Arles, 1er ou 2 novembre 1888. Page 4. Photo : © Collections Aristophil.
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Lettre de Vincent van Gogh et Paul Gauguin à Émile Bernard

4 pages, en français

[de la main de Vincent van Gogh :]

Mon cher copain Bernard

Ces jours ci nous avons beaucoup travaillé et entre temps j’ai lu le rêve de Zola, ce qui fait que je n’ai guère eu le temps d’écrire. Gauguin m’intéresse beaucoup comme homme – beaucoup – Il m’a depuis longtemps semblé que dans notre sale métier de peintre nous avons le plus grand besoin de gens ayant des mains et des estomacs d’ouvrier – Des goûts plus naturels des tempéraments plus amoureux et plus charitables – que le boulevardier parisien décadent et crevé –

Or ici sans le moindre doute nous nous trouvons en présence d’un être vierge à instincts de fauve. Chez Gauguin le sang et le sexe prevalent sur l’ambition. Mais suffit, tu l’as vu de près plus longtemps que moi, seulement voulais en quelques mots dire premieres impressions. Ensuite je ne pense pas que cela t’épatera beaucoup si je te dis que nos discussions tendent à traiter le sujet terrible d’une association de certains peintres.

Cette association doit ou peut elle avoir oui ou non un caractère commercial. Nous ne sommes encore arrivé à aucun résultat et n’avons point encore mis le pied sur un continent nouveau. Or moi qui ai un pressentiment d’un nouveau monde, qui crois certes à la possibilité d’une immense renaissance de l’art. Qui crois que cet art nouveau aura les tropiques pour patrie.

Il me semble que nous mêmes ne servons que d’intermédiaires. Et que ce ne sera qu’une génération suivante qui réussira à vivre en paix. Enfin, tout cela, nos devoirs et nos possibilités d’action ne sauraient nous devenir plus clairs que par l’expérience même.

J’ai été un peu surpris de ne pas encore avoir reçu tes études promises en échange des miennes.

Maintenant ce qui t’intéressera – nous avons fait quelques excursions dans les bordels et il est probable que nous finirons par aller souvent travailler là. Gauguin a dans ce moment en train une toile du même café de nuit que j’ai peint aussi mais avec des figures vues dans les bordels. Cela promet de devenir une belle chôse. Moi j’ai fait deux études d’une chûte des feuilles dans une allée de peupliers et une troisieme étude de l’ensemble de cette allee, entièrement jaune.

Je déclare ne pas comprendre pourquoi je ne fais pas d’études de figure alors que théoriquement il m’est parfois si difficile de concevoir la nouvelle peinture de l’avenir comme autre chose qu’une nouvelle serie de puissants portraitistes simples et comprehensibles à tout le grand public. Enfin peut etre je vais sous peu me mettre à faire les bordels.

Je laisse une page pour Gauguin qui probablement va t’ecrire aussi et te serre bien la main en pensee. t[out] à t[oi] Vincent.

Milliet le sous off. Zouaves est parti pour l’Afrique et aimerait bien que tu lui écrives un de ces jours.

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[de la main de Paul Gauguin :]

Vous ferez bien en effet de lui écrire quelles sont vos intentions afin qu’il prenne les devants pour vous préparer la voie.– Mr Milliet, sous lieutenant de Zouaves, Guelma, Afrique. –

N’écoutez pas Vincent, il a comme vous savez l’admiration facile et l’indulgence dito. – Son idée sur l’avenir d’une génération nouvelle aux tropiques comme peintre me paraît absolument juste et je continue à avoir l’intention d’y retourner quand je trouverai les moyens. Qui sait, un peu de chance ? –

Vincent a fait deux études de feuilles tombantes dans une allée qui sont dans ma chambre et que vous aimeriez bien sur toile à sac très grosse mais très bonne.
Envoyez de vos nouvelles et de tous les copains. t[on] – Paul Gauguin

Lettre adjugée 210 600 € et acquise par le Musée van Gogh


L’Oreille de Van Gogh par Philippe Sollers

Sollers évoque brièvement Gauguin à propos de l’Oreille de Van Gogh

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Regardez cet autoportrait de Van Gogh daté de janvier 1889, tête bandée à l’oreille coupée, bonnet de fourrure et pipe. Regardez bien ce regard. Il faut être aveugle comme un universitaire, qui plus est allemand, pour ne pas voir que Van Gogh célèbre ici une grande victoire sur tout le monde et lui-même. Vouloir que cet épisode sanglant soit le résultat d’une rixe avec Gauguin, lequel aurait blessé son camarade agité d’un coup de sabre, en dit long sur les fantasmes qui agitent les esprits lorsqu’il est question de Vincent. Cette toile sur fond rouge traverse le temps. Compte tenu de l’extravagant conformisme de notre époque, on devrait la retoucher, enlever la pipe, par exemple, et rajouter une oreille entière. Et surtout oublier que ce peintre, à jamais mémorable, est allé offrir son morceau de chair fraîche à une prostituée de bordel ;
www.philippesollers.net/


Publié dans le journal d’Arles le Forum républicain, dimanche 30 Décembre 1888.

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Dans un entretien avec Aliocha Wald Lasowski

A. W. L. : Du côté des peintres, comment s’effectuent les liens ? Quelles sont les solidarités ?

Ph. S. :
L’artiste est du côté du parti minoritaire, qui n’est pas un parti. Van Gogh pensait qu’il fallait que les peintres s’entraident. Ce qui explique par exemple ses liens avec Gauguin. […
]

:Bien qu’il ne s’agisse pas de Gauguin, notons « La Fête à Venise » de Sollers, a pour toile de fond un trafic de faux tableaux

Découvrir une photo de Gauguin à Tahiti est le rêve de tout collectionneur


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Si l’homme debout, deuxième personne en partant de la gauche est Paul Gauguin, ce serait probablement l’unique cliché connu du peintre en Polynésie. Cette photo a été prise à Arue comme inscrit au dos de l’épreuve, mais elle est non datée. (© DR)

La photo pourrait avoir été prise à la fin du siècle dernier. Debout, le premier homme en partant de la gauche, ce personnage moustachu, “On dirait Gauguin…” Ange la fille de Fourmanoir montre la photo à son entourage : “C’est vrai ça lui ressemble.”
Mais comment le prouver ?

Si c’est le cas, Ange serait alors en possession d’une photo unique du grand peintre Paul Gauguin, entouré de femmes polynésiennes et d’amis tel que le docteur Gouzer, identifiable sur la photo.

Pour en savoir un peu plus, La Dépêche de Tahiti a contacté Fabrice Fourmanoir, au Mexique, plus précisément à Sayulita où il possède une galerie d’art.
Depuis cette “découverte”, Fabrice a analysé, par le biais d’un scan, la photo qu’il avait transmise à sa fille, il y a dix-sept ans.


Juxtaposition de la photo et l’autoportrait de Gauguin au Golgotha. (à gauche)
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Fourmanoir donne ses conclusions pour et contre une photo de Gauguin. Outre le docteur Gouzer, il identifie certaines des femmes polynésiennes. Qui sont-elles ?

L’intégrale de son texte ICI (pdf)

oOo

[1Il existe de nombreuses théories sur cette crise, parfois remettant en cause l’histoire de l’oreille coupée. Nous mentionnons ici l’hypothèse officielle, soutenue par le musée Van Gogh d’Amsterdam. Pour en savoir plus, voir les travaux de Bernadette Murphy et son ouvrage, Van Gogh’s Ear : The True Story (Chatto & Windus, 2016).

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