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Le Rire de De Kooning

Entretiens avec Jean-Hugues Larché

D 25 mars 2021     A par Viktor Kirtov - Jean-Hugues Larché - C 8 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Le rire de De Kooning » avec Jean-Hugues Larché à la Librairie Mollat

Retour sur « Le Rire de De Kooning » par Jean-Hugues Larché que nous avons toujours plaisir à saluer, à l’occasion de son entretien à la Librairie Mollat à Bordeaux - en voisin (il est Bordelais) – le 20 mars 2021.

Jean-Hugues Larché nous avait révélé une belle plume, avec son essai « Le Rire de De Kooning », publié à La Librairie Olympique en 2019, dont nous avions rendu compte dans les lignes qui suivent. Cet entretien nous révèle aussi un conteur. Laissez-vous happer par sa parole : directe avec des mots simples, dionysiaque dans le choix des mots pour décrire les Women de De Kooning, experte pour resituer de Kooning dans la peinture américaine, son évolution dans le temps, ses affinités et parentés avec Picasso, Matisse, une parole musicale et personnelle.

« Les femmes de De Kooning sont démoniaques, débordent de sensualité, de puissance, d’énergie. Elles sont loin des images glacées, des images de prêt à porter de la femme américaine [de l’époque]. »

Nous avons aussi ajouté deux critiques qui ont salué la publication de son essai :

- Un coup de coeur (David Pigeret)

- Le Rire de De Kooning, par Jean-Hugues Larché, écrivain (Fabien Ribéry)

Le rire de De Kooning

Vient de paraître une monographie amoureuse – bien que dans le monde de l’édition on le dise plutôt d’un dictionnaire – « Le Rire de De Kooning » par Jean-Hugues Larché. Une petite monographie - en nombre de pages - mais intense et précieuse. D’autant plus précieuse qu’elle est éditée en tirage limité à 250 exemplaires par la librairie Olympique à Bordeaux.

Cette monographie aux couleurs qui rappellent celles de Gallimard avec sa couverture crème et son titre bordeaux, c’est de bon augure. L’écriture prolonge cette bonne première impression. C’est bien écrit, le choix des mots est juste : des mots à l’image des œuvres de De Kooning, des mots charnus, sexués, bruts, abrupts, violents, voire trash, …des mots qui vous secouent et donnent envie d’entrer dans l’univers du peintre et aussi sculpteur.

Son auteur est bordelais, comme Sollers qui figure en bonne place dans son panthéon, à côté de son opposé Debord, à côté de Nietzsche, Baudrillard, Godard…
Mais qui êtes-vous Jean-Hugues LARCHÉ auteur-réalisateur vidéo, éditeur, libraire et écrivain ? D’où venez-vous ? C’est la question que nous lui poserons dans une deuxième partie. Et comme l’écriture n’est pas le moindre de ses talents, dans un article addendum ultérieur, nous présenterons quelques autres extraits de ses textes, en particulier

- Virtuosité du cœur publié dans Sprezzatura N°5 et L’Infini n°124, Automne 2014
- L’Eveilleur publié dans L’Infini N° 138, Hiver 2017

Extraits

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A propos d’une photo

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Sur les trois illustrations du recueil, une est consacrée à la peinture, une autre à la sculpture et la troisième à une photo de l’homme De Kooning (1904-1997). J’ai aimé qu’au-delà de l’artiste et de ses œuvres, soit évoqué l’homme à travers son corps, car les œuvres résultent bien d’un corps en action. J’ai aussi aimé les mots qu’utilise J-H. Larché pour analyser cette photo, comme il le ferait d’un tableau. Et cette photo qui pourrait sembler banale, de prime abord, prend alors vie et sens sous ses mots :

« Peu après que De Kooning ait trouvé un terrain à East Hampton, au lieu-dit Springs, en 1962, Hans Namuth le photographie sur le chantier de son futur atelier. De Kooning est seul dans les fondations profondes aux larges parois déblayées au bulldozer. Le temps est couvert. Dans le fond, il y a des troncs aux branches dénudées et des arbres plus touffus qui forment une palissade naturelle. Il est debout au bord d’une trace striée par les roues d’un engin. Il porte une veste grise, une chemise claire et un pantalon sombre. Il rit légèrement arc-bouté en arrière, les mains dans le dos. Vient-il de plaisanter avec le photographe ? Un jeu de mots ou un lapsus ont-ils fusé ? Est-ce la conscience amusée d’occuper si peu de place sur ce terrain ? L’ampleur du chantier à venir ? En tout cas, De Kooning rit. »

Ce portrait littéraire ouvre le livre et donne le ton : De Kooning rit, lui qui peint ou sculpte des œuvres dont la légèreté et la joie ne vous sautent pas aux yeux : « Moi-même elle me fait peur (la Woman I), ce n’est pas tant le fait de la regarder que de penser comment elle est sortie de moi, comment ça s’est passé. » déclare De Kooning dans un propos relaté par J-H. Larché.

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De Kooning à Springs, New York, 1962,
© Hans Namuth / ZOOM : cliquer l’image
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Un salut à Philippe Sollers

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J-H. Larché salue, là, celui qui l’a précédé dans son exploration de De Kooning :

« Le seul écrivain français qui consacre un livre au peintre est Philippe Sollers [En 1988, paraît De Kooning, vite aux Éditions de la Différence]. Il rencontre De Kooning en 1977 à East Hampton dans sa chambre d’hôpital, en cure de désintoxication. Sollers dit avoir du mal à conserver une image de lui autre qu’électrique, mobile et tourbillonnante :

« Longtemps je reverrai cet homme aux cheveux blancs, d’une souplesse et d’une beauté admirables, assis comme un collégien sur le bord de son lit [ ... ]. Il parlait, cependant, survolté, les mains dessinant dans l’air, évoquant Tintoret et ses anges, réglant son compte à la pesanteur des volumes et des corps, comme s’il voulait à la fois nouer, détacher et trancher un obstacle, d’un coup. »

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A propos des Women de De Kooning

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Le choc des images et les mots pour le dire :

« Elles sont larges d’épaules les Femmes de De Kooning.
Elles sont ventrues, fessues, à grosses mamelles, mais leur bassin est étroit et leurs jambes tubulaires sont comme enfoncées, rivées au sol. Cette obésité de torse est posée sur des jambes roides, des jambes de bois affûtées. La face ou ce qui sert de visage est porcin, comme d’un travesti déclassé. Le prisme déformé des yeux paraît être sous loupe. D’atroces yeux de verres sont implantés de force dans l’orbite. Ces putes-vierges de De Kooning en véritable envers du spectacle médiatique sont la désacralisation de la figure féminine américaine. Le lecteur peut ici, pour mieux s’y retrouver, fermer les yeux en bref hommage à De Kooning qui dessinait ainsi dans les années soixante. »

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The Woman in the Country, 1954.
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Willem de Kooning, Woman I, 1950. < MoMA, New York

Plus sur le site du MoMA

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Et sur une sculpture de De Kooning

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Pour ma part, autant j’adhère à sa peinture, autant j’ai plus de mal avec sa sculpture préférant les rondeurs féminines sensuelles d’un Maillol - ou l’IRIS messagère des dieux d’un Rodin-, plutôt que cette matrice gargantuesque Standing Figure, écartelée par quelque supplice médiéval sauvage ? L’Origine du Monde, version De Kooning ? Mais vous laisse vous faire votre opinion à propos de cette sculpture, et « l’implosion, explosion » des mots de J-H. Larché pour la décrire,

« Elle se tient toute seule cette explosive apparition dans le jardin à la française des Tuileries ; c’est la Standing Figure de De Kooning.
Comme un aérolite qui serait tombé là sans faire de marque au sol. Une torsion originelle du monde en suspension. Une obscénité comique de trois mètres cinquante de haut sur plus de six de large. Son poids semble être de dix tonnes ou beaucoup moins si l’on perçoit sa légèreté voulue. Souple gesticulation ténébreuse à trois ou quatre tentacules, elle barrit silencieusement, sûre de sa puissance dans sa belle ironie de plomb. Bronze hystérique à toutes directions, ses appendices sont une série de jambes jetées en l’air, des modelages naïfs roulés au doigt qui perforent gratuitement l’espace.
Je vois une géante écartelée qui se débat, un fauve vrillant sous l’électrochoc d’un tir de balle, une éclaboussure involontaire de gros pot de peinture, un ressac infini, un combat maladroit à mains nues, une partouze compacte, une simple figure debout.

Un grand rectangle de pelouse lui sert de socle. Paris lui a aménagé ce bel espace presque digne des grands jardins des musées américains. Cette figure érectile est aussi bien un stabat mater qu’une pietà. De la souffrance en veux-tu en voilà. Debout, couché, d’accord ! Mais goûte cette suprême force de création dans son dépassement. Elle peut jouir de sa métamorphose perpétuelle. Rire d’elle-même ! Surmonter sa peur d’être incomprise. Laisser libre cours à l’imagination de quiconque. Passer à l’envi d’une situation aplanie à sa propre érection. Son repli et son déploiement sont à volonté. Explosion, implosion, indétermination. »


Standing Figure, 1965-1985
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Entretien avec Jean-Hugues Larché

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« J’ai l’intention de donner un écho à votre monographie « Le Rire de De Kooning » sur le site pileface.
A cette occasion, aimerais compléter cet écho par un portrait de vous
et vous adresserai un prochain mail dans ce sens. » avais-je écrit.
En voici le résultat :

V.K. J’aimerais mieux connaître l’homme en retrait derrière vos œuvres. Même si chez un artiste, dit-on souvent, c’est l’œuvre qu’il faut considérer plutôt que l’homme, pour ma part j’aime mettre un visage, une voix derrière une œuvre. Le corps en action est un élément de l’œuvre, d’ailleurs les peintres nous laissent des autoportaits ou se glissent dans leurs tableaux, comme Vélasquez dans Les Ménimes, des réalisateurs de films se glissent dans une séquence.
J’ai noté avec intérêt que parmi les trois illustrations de votre monographie, figure une photo de De Kooning, laquelle est magnifiquement analysée dans votre texte. J’aimerais aussi pouvoir illustrer cet entretien d’une photo de vous - même si vous devez forcer votre nature pudique - si j’en juge par les rares traces photos que vous avez laissées filtrer : tout juste si l’on peut capter un visage furtif dans une de vos interviews audiovisuelles.

Jean-Hugues Larché a répondu par ce dessin :


Autoportrait à 45 ans
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V.K. : Après avoir réalisé un DVD sur Nietzsche avec Philippe Sollers, été publié dans sa revue L’INFINI, votre texte sur De Kooning aurait pu l’être également dans sa collection L’INFINI. L’avez-vous proposé à Philippe Sollers ?

J-H. L. : La publication du Rire de De Kooning n’est pas de mon fait et ne constitue pas une auto édition. C’est le choix de la Librairie Olympique à Bordeaux à laquelle je suis géographiquement lié. Mon éditeur Jean-Paul Brussac qui est également sculpteur, connaît très bien la peinture américaine et plus particulièrement Barnett Newman, qui faisait partie avec De Kooning et d’autres (Rothko, Pollock, Motherwell, etc…) de la bande des Irascibles. Il est le partenaire idéal de proximité pour publier mon premier livre. Pour la présentation du livre ce 1er avril, jour de la saint Hugues, en dionysiaques bordelais nous avons trinqué avec les convives en musique et fait danser les Women en dissolvant leurs formes comme dans les peintures de Willem De Kooning.

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V.K. : Compte tenu du tropisme de pileface, souhaite revenir sur la relation que vous avez établie avec Sollers. Comment êtes-vous arrivé jusqu’à lui ?

J-H. L. : En ce début du XXI° siècle, après une lecture très suivie de Georges Bataille (Nietzsche volonté de chance, Le coupable et Conférences sur le non-savoir), je décide de mener une enquête sur Nietzsche que je lis passionnément depuis 15 ans. J’interviewe alors une dizaine d’intellectuels français dont Béatrice Commengé, Antonia Birnbaum, Marc-Alain Ouaknin ou Philippe Sollers. Ainsi je tente de faire le point en français sur le surhomme, l’éternel retour ou la volonté de puissance. Je cherche à savoir comment on peut départir Nietzsche de sa récupération politique par le fascisme et le populisme. Un film vidéo, Retour sur Nietzsche monté en 2003 reste à ce jour au fond d’un placard.

Début 2006, à partir de deux entretiens avec Philippe Sollers, je réalise le DVD Nietzsche miracle français.

Je relis Philippe Sollers depuis des années (à l’instar de Philip Roth) ; je trouve chez lui l’ironie romanesque française fondamentale (comme dans le Candide de Voltaire). Je suis vivifié par la lecture de ses romans de début d’année où souvent une nouvelle femme donne une nouvelle forme à son écriture. Le Nouveau (2019) m’a encore surpris par sa pertinence distanciée sur l’époque du ravage planétarisé et ses révélations sur Shakespeare et sur le Dieu extrême d’Heidegger. Je reprends régulièrement L’écriture et l’expérience des limites (1968), Théorie des exceptions (1986) et tous les textes sur la peinture que l’on retrouve de La Guerre du goût à Fugues. Et bien sûr à l’envie Le Cœur absolu ! Sur ma vision plus détaillée de l’œuvre de Sollers, il y a le texte L’éveilleur dans L’Infini 138.

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V.K. En tant que cofondateur de la revue littéraire de haut vol, Sprezzatura, dont pileface avait salué la naissance, j’aimerais que vous nous contiez cette aventure avec Sandrick le Maguer et les autres. Que sont devenus tous ces mousquetaires ou Don Quichotte (dans le bon sens du terme) de la littérature ?.

J-H. L. : C’est lors du séminaire de Gérard Guest sur Heidegger qui débute en 2007, que je croise, ce qui va constituer l’équipe de Sprezzatura que vous connaissez et dont vous parlez sur PileFace. Je me lie d’amitié avec Sandrick Le Maguer qui partage avec moi un vif intérêt pour la pensée de Sollers avec une prédilection pour Le Cœur absolu. Il publie l’excellent Portrait d’Israël en jeune fille dans la collection L’infini en 2008. Nous décidons en compagnie de Métie Navajo de créer la revue Sprezzatura qui constitue pour moi un véritable d’atelier d’écriture. Les mousquetaires de Sprezzatura quant à eux sont à ce jour par la contrainte des réalités, éparpillés au gré du Vent du nord-est, vent préféré d’Hölderlin car il promet aux marins, traversée heureuse et haleine ardente. Je garde un très bon souvenir de cette aventure et des dérives debordiennes entre le Rosebud et le parc Montsouris, les bords de Seine et le coté de la rue d’Alésia.

Lors du numéro 5 de la revue en 2013, Philippe Sollers avec son œil d’aigle récupère mon texte Virtuosité du cœur pour l’Infini N° 124. Le texte est truffé de références à l’auteur de Paradis et de Femmes et se déroule dans le paysage bordelais et atlantique en bonne compagnie. [Précisons que ce texte est magnifiquement illustré de peintures de Watteau, sensuelles à souhait (note V.K.)]

A ce jour, Sprezzatura, dirigé par Sandrick Le Maguer, a pour vocation de devenir une maison d’édition qui devrait franchir les limites du raisonnable dès 2020.

VOIR SUR PILEFACE :

La naissance de Sprezzatura (épisode 1).
Sprezzatura et ses auteurs (épisode 2)
Sprezzatura n°5, A l’oreille
Jean-Hugues LARCHÉ le troisième oeil

V.K. On ne naît pas spontanément adulte, quel enfant étiez-vous ? Dans quel environnement viviez-vous ? Vos premiers émois… Êt plus globalement, la question pourrait être : d’où venez-vous Jean-Hugues Larché et comment avez-vous évolué ?

J-H. L. : Comme vous m’y invitez, je fais retour sur mon enfance et sur mon parcours et j’y conjugue pour l’occasion un présent perpétuel.

Je suis un garçon à la parole déployée, spontané, raisonneur mais pas effronté, affectueux et résistant à toute tentative d’autorité. Je suis très sociable et fils unique. J’aime la préhistoire quand je vais à Lascaux avec mes parents avec la sensation de venir d’aussi loin que les animaux et les artistes magdaléniens. Je me lie naturellement aux itinérants de la fête foraine de mon village, situé à 35 km au nord de Bordeaux. J’aime les étrangers et j’ai une couleur différente de mon entourage, un roux flamboyant. Je suis amoureux vers 4 ans de ma voisine (Marie-Noëlle, même âge) la première à me laisser la voir de près. Je le suis aussi de ma professeure de français en sixième (Marie-Claire, 28 ans) laotienne d’origine qui me donne des leçons particulières. Je constate son intelligence et sa beauté et son intérêt pour moi. J’aime cette étrangeté bénéfique.

Ma jeunesse dans les années soixante-dix et quatre-vingt est faite d’insouciance, de fêtes, et d’amours tardifs mais intenses. Sans être musicien, la musique y tient un grand rôle. Ma mélomanie m’amène progressivement vers le classique, le jazz et les musiques du monde. La découverte de Thelonious Monk en 1983 est cruciale ainsi que celle de Charlie Parker. J’aime depuis longtemps Mozart et Bach pour nettoyer mes neurones brouillés parfois par les alcools. Par dessus tout j’aime Vivaldi qui incarne pour moi la sonorité vivante de Venise. Je n’oublie pas Billie Holiday, sans cesse réécoutée et goûtée dans le si bel album Lady in satin. J’apprends depuis peu le piano pour le simple plaisir d’improviser.
Après des études de sociologie plus passées à lire Nietzsche et Baudrillard, à analyser Godard ou Cassavetes ou à profiter du soleil océanique en compagnie de femmes libres, qu’à m’intéresser aux matières enseignées, je me livre nonchalamment pour des raisons alimentaires à des études statistiques du terrain économique. Puis je traverse la société du spectacle, accompagné (si j’ose dire) de Debord et de Sollers (quels meilleurs compagnons aux stratégies opposées !), tout en régissant les lumières de soirées théâtrales, musicales et autres plaisantes activités culturelles. Ceci de façon, un peu schizophrénique jusqu’à la fin du XX° siècle.

Je voyage peu ne mettant quasiment le cap que sur l’Italie et sur Venise en particulier. La peinture, les églises et l’Adriatique, me rafraîchissent. Je me marie en août 2001 dans les Pyrénées avec une femme au toucher sincère qui me correspond pour le meilleur et pour le rire.
Inlassablement, je continue à travailler mes thèmes favoris qui sont, vous l’avez compris, la musique, la peinture et la représentation féminine.

Bordeaux, le 3 avril 2019

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Post scriptum


Librairie Olympique

Mon éditeur Jean-Paul Brussac m’a confirmé ce week-end lors de l’escale du Livre de Bordeaux où j’ai pu dédicacé Le "Le Rire de De Kooning", qu’il le retirait à 200 autres exemplaires dans quelques semaines.
Nous avons en effet depuis un mois écoulé la moitié du premier tirage et placé le livre dans toutes les librairies bordelaises dont Mollat.

J-H. L. le 9 avril 2019

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Critique : Un coup de coeur de David Pigeret

Peinture Amérique

Un constat : pratiquement plus de monographies ou d’essais disponibles en français sur l’œuvre du grand peintre naturalisé américain (à part le livre de référence de Philippe Sollers, De Kooning, vite, éd. La Différence). Le livre de Jean-Hugues Larché vient réparer cette injustice. Cet essai bref et intense parvient à capter le mouvement (danse, musique) qui anime l’oeuvre de De Kooning. L’auteur multiplie, en effet, les formules poétiques, belles et définitives pour cerner l’essence du geste artistique du peintre, grande figure de l’Expressionnisme abstrait.

Ainsi pour parler des Womens  : “Elles dansent dans le magma de la peinture. Elles ondulent dans l’aléatoire de leurs traces. Elles ne veulent plus de la forme qu’on leur donne.” et plus loin, “Peinturlurées, délurées, délirantes, elles se sont renversées des pots dessus et badigeonnées de l’intérieur de la toile. Elles saccagent consciencieusement le tableau ! Elles ne le supportent pas. Elles n’ont pas fini d’en rire.”

Rire et jouissance font partie des maîtres-mots de l’oeuvre du grand peintre américain. Un grand rire qui englobe, le rire du monde, le rire de soi, un rire parfois grinçant, un rire du rire...“Comme pour Georges Bataille, il y a un rire majeur de De Kooning. Cela m’est bien perceptible dans ces bouches qui semblent émettre un rictus depuis le chaos ( il collait sur la toile des bouches préalablement découpées ). De Kooning est recrée par le rire de ses femmes. Il trouve la sortie. Il accepte d’être rit.”

La peinture de De Kooning se tord de rire et finit par jouir. Jean-Hugues Larché malicieusement raconte en parlant du peintre : « Sur la toile, il opère un coït entre lui et la chair qu’il figure. La chair de la peinture est malaxée, brouillée, mixée. Cette peinture vibre et tremble sans crainte, comme nulle autre, je crois. »

Passionnant aussi, Jean-Hugues Larché parle de l’oeuvre sculpturale assez méconnue de De Kooning. Une “sculpture Protée” qui résonne avec son oeuvre plastique, évoquant Standing Figure (1965-1985), il déclare : “Elle peut jouir de sa métamorphose perpétuelle. Rire d’elle-même ! Surmonter sa peur d’être incomprise.”

Un beau programme de vie, somme toute, et qui sans nul doute, je l’espère, vous donnera envie de lire ce très bel essai de Jean-Hugues Larché, Le Rire de De Kooning .

Critique ; Le Rire de De Kooning, par Jean-Hugues Larché, écrivain

Une critique de FABIEN RIBERY le 18 MARS 2019

Vous connaissez De Kooning, vite, de Philippe Sollers, publié une première fois aux éditions de La Différence en 1988.
Vous connaissez Le Rire de Rome, livre d’entretiens trop peu lu du même joyau avec Frans De Haes datant de 1992 (Gallimard, L’Infini).
Ne manquez surtout pas aux éditions Olympique (Bordeaux), le premier ouvrage de Jean-Hugues Larché, libraire et membre fondateur de la Revue Sprezzatura (Sandrick Le Maguer), Le Rire de De Kooning.
C’est un opuscule, mais c’est une fête.

[…]

De Kooning peint, sculpte, s’allège, invente des libertés de monstres.
Il y a une joie de l’artiste qui est de s’affranchir de la bienséance représentative, d’entrer sans crier gare dans le sexe des femmes, de faire exulter l’espace.

« Je vois, écrit Jean-Hugues Larché, une géante écartelée qui se débat, un fauve vrillant sous l’électrochoc d’un tir de balle, une éclaboussure involontaire de gros pot de peinture, un ressac infini, un combat maladroit à mains nues, une partouze compacte, une simple figure debout. »

Voir l’intégrale sur le blog L’Intervalle de l’auteur


La collection DVD "Penseurs du Vingt et Un".

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Par Jean-Hugues Larché réalisateur et créateur de la collection

Nietzsche, miracle français par Philippe Sollers (DVD), 2006
Disponibilité de la pensée chinoise par François Jullien (DVD), R de paradis, 2007
Ecoute de Nietzsche, Leçon philosophique de Philippe Sollers(2 CD), Frémeaux Associés, 2007
Déroulement du Dao par Philippe Sollers (CD), Frémeaux Associés, 2008
Résurrection de Proust par Stéphane Zagdanski (DVD), R de Paradis, 2008
Mille et Une lumières d’islam par Malek Chebel (DVD), R de paradis, 2009.

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Nietzsche, miracle français par Philippe Sollers

VOD / DVD Philosophie - 52 mn

« Nietzsche qui voit en Voltaire son seul prédécesseur, lui dédie Humain trop Humain en 1878. Début du XXIème siècle, Philippe Sollers repense Frédéric Nietzsche comme l’héritier et le continuateur des Lumières, qui apparaît ainsi comme le plus français des écrivains allemands. » J-H Larché

Le documentaire de Jean-Hugues Larché
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Résurrection de Proust par Stéphane Zagdanski

DVD Littérature - 70 mn

Ecrivain au grand style, auteur d’une vingtaine d’ouvrages, Stéphane Zagdanski, spécialiste de la Bible et des auteurs classiques, opère ici un remarquable midrash des textes de Proust, en retraversant « Sodome » et « Gomorrhe ». De l’hôtel Ritz au Père-Lachaise via Notre-Dame et les bords de Seine, Stéphane Zagdanski ressuscite Marcel Proust à la hauteur de son génie littéraire et de la cathédrale de pensée qu’est « A la recherche du temps perdu  ». Ici le style est retrouvé, à l’instar du véritable « sexe » de Proust.
Extrait vidéo

Mille et Une lumières d’islam

DVD Littérature - 138 mn

Malek Chebel est anthropologue et psychanalyste, il a écrit des ouvrages fondamentaux sur les questions de sensualité et d’érotisme en islam, et vient de terminer une nouvelle traduction du Coran. Pour la première fois à l’écran, il aborde ici en profondeur la place du féminin dans les Mille et Une Nuits, et donne à Shéhérazade une dimension de femme libre qui atteint à l’universel

Extrait vidéo

Disponibilité de la pensée chinoise par François Jullien

Asie - 110 mn

François Jullien, éminent sinologue, est auteur de nombreux ouvrages de philosophie où il réactualise la pensée chinoise en reliant par exemple Montaigne et Lao-tseu. Il démontre ainsi que la philosophie occidentale et la pensée chinoise peuvent converger vers une nouvelle voie dont il s’agit, ici, de disposer en toute liberté.

Extrait vidéo

Crédit : Films&Documentaires.com -Jean-Hugues Larché

Le making of de ces DVD

Entretien conduit par Renaud Garcia de Culture Wok en 2010 (extraits)

www.culturewok.com

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Liens

J-H Larché sur pileface

De Kooning sur pileface<

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8 Messages

  • Pierre Vermeersch | 9 octobre 2023 - 22:10 1

    "...le vrai s’auto-perfore du fait que son usage crée de toute pièce le sens, de ce qu’il glisse, de ce qu’il est aspiré par l’image du trou corporel dont il est émis, à savoir la bouche en tant qu’elle suce." [ Lacan J., Le Séminaire, XXIII, p. 85]
    Le vrai en peinture, c’est ce sens qui fait date.
    Le rire est causé par la jouissance jubulatoire, effet de la turbulence qui traverse l’imago spéculaire. Ainsi l’inscription gestuelle réfléchit cette image de la bouche suceuse. Alors que première, la succion s’enveloppe en sa jouissance.

    Voir en ligne : http://theoriedelapratique.hautetfo...


  • Albert Gauvin | 11 juillet 2019 - 18:15 2

    [Coup de Coeur] Le rire De Kooning


    Le rire de De Kooning.
    MOLLAT.COM. ZOOM : cliquer sur l’image.
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    Un constat : pratiquement plus de monographies ou d’essais disponibles en français sur l’œuvre du grand peintre naturalisé américain (à part le livre de référence de Philippe Sollers, De Kooning, vite, éd. La Différence). Le livre de Jean-Hugues Larché vient réparer cette injustice. Cet essai bref et intense parvient à capter le mouvement (danse, musique) qui anime l’oeuvre de De Kooning. L’auteur multiplie, en effet, les formules poétiques, belles et définitives pour cerner l’essence du geste artistique du peintre, grande figure de l’Expressionnisme abstrait.

    Ainsi pour parler des Womens : “Elles dansent dans le magma de la peinture. Elles ondulent dans l’aléatoire de leurs traces. Elles ne veulent plus de la forme qu’on leur donne.” et plus loin, “Peinturlurées, délurées, délirantes, elles se sont renversées des pots dessus et badigeonnées de l’intérieur de la toile. Elles saccagent consciencieusement le tableau  ! Elles ne le supportent pas. Elles n’ont pas fini d’en rire.”

    Rire et jouissance font partie des maîtres-mots de l’oeuvre du grand peintre américain. Un grand rire qui englobe, le rire du monde, le rire de soi, un rire parfois grinçant, un rire du rire…“Comme pour Georges Bataille, il y a un rire majeur de De Kooning. Cela m’est bien perceptible dans ces bouches qui semblent émettre un rictus depuis le chaos ( il collait sur la toile des bouches préalablement découpées ). De Kooning est recrée par le rire de ses femmes. Il trouve la sortie. Il accepte d’être rit.”

    La peinture de De Kooning se tord de rire et finit par jouir. Jean-Hugues Larché malicieusement raconte en parlant du peintre : « Sur la toile, il opère un coït entre lui et la chair qu’il figure. La chair de la peinture est malaxée, brouillée, mixée. Cette peinture vibre et tremble sans crainte, comme nulle autre, je crois. »

    Passionnant aussi, Jean-Hugues Larché parle de l’oeuvre sculpturale assez méconnue de De Kooning. Une “sculpture Protée” qui résonne avec son oeuvre plastique, évoquant Standing Figure (1965–1985), il déclare : “Elle peut jouir de sa métamorphose perpétuelle. Rire d’elle-même  ! Surmonter sa peur d’être incomprise.”

    Un beau programme de vie, somme toute, et qui sans nul doute, je l’espère, vous donnera envie de lire ce très bel essai de Jean-Hugues Larché, Le Rire de De Kooning  !

    Sud Ouest, 11/07/19


  • Ovide | 15 mai 2019 - 12:07 3

    Le livre peut aussi être directement commandé en ligne sur le site de la librairie Dialogues.

    Voir en ligne : Librairie Dialogues


  • Ovide | 3 mai 2019 - 19:00 4

    L’ouvrage est commandable à la Librairie Olympique, 23 rue Rode, 33000 Bordeaux au prix de 10 euros


  • Pierre Vermeersch | 16 avril 2019 - 19:36 5

    Les conditions imaginaires du tableau stimulent l’inspiration de l’écrivain. Alors que la visée ultime du peintre aura été la réduction aux principes de l’inscription de son geste.

    Voir en ligne : http://theoriedelapratique.hautetfo...

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  • Viktor Kirtov | 16 avril 2019 - 17:27 6

    Cher Thelonious, je relaie votre demande à Jean-Hugues Larché pour qu’il vous trouve une solution.
    Viktor


  • Thelonious | 13 avril 2019 - 22:26 7

    Une librairie à Paris où trouver la monographie de Larché, VITE ?!


  • Ovide | 10 avril 2019 - 12:06 8

    Voir aussi sur l’excellent blog L’Intervalle, la critique de Fabien Ribery

    Voir en ligne : Le Rire de De Kooning, par Jean-Hugues Larché, écrivain