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La « Conversation infinie » de Philippe Sollers et Josyane Savigneau

A paraître le 23 janvier 2019 + Quelques questions additionnelles

D 7 janvier 2019     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



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La journaliste et le romancier dévoilent leur amitié en parlant d’amour.

Qui a décidé que, parvenus à un malentendu radical, les hommes et les femmes n’avaient plus rien à se dire ?
Voici la preuve du contraire : depuis plus de vingt ans, en fin d’après- midi, un écrivain connu et très controversé (Femmes, La Guerre du goût…) parle avec une journaliste réputée et elle-même controversée (biographie de Marguerite Yourcenar, un livre sur son ami Philip Roth…).

Ils abordent, dans une conversation qui n’est pas près de finir, les sujets qui préoccupent la société de leur temps, et leurs obsessions particulières. Tout y passe : l’amitié, l’amour, la fidélité, la littérature, la sexualité, la politique, la religion. Ils sont rarement d’accord, ce qui fait l’actualité de leurs échanges.

Le mot de l’éditeur

Dans cet ouvrage, l’ancienne directrice du Monde des livres, tient la plume pour faire entrer le lecteur dans une longue conversation avec l’écrivain le plus prolixe en matière de femmes et d’amour : Philippe Sollers. Ensemble, ils évoquent leur longue amitié et peu à peu, Josyane Savigneau amène Sollers à se dévoiler, à évoquer ses relations amoureuses, la jalousie, la création littéraire, mais aussi la vieillesse, la religion, la mort, le fait d’être catholique. Il se dégage du texte un charme très captivant, Philippe Sollers fait bien sûr preuve de l’esprit qu’on lui connaît, mais il livre aussi des réflexions très profondes, inédites, étonnantes et révèle, à 83 ans, une pensée pleine de jeunesse et d’énergie.

Philippe Sollers a publié, depuis 1958, des dizaines de romans et d’essais chez Gallimard. Il a obtenu le Grand prix du Roman de la Ville de Paris en 1988 et le Grand prix de Littérature Paul-Morand de l’Académie française en 1992.

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Josyane Savigneau est journaliste. Elle a dirigé le Monde des Livres, supplément hebdomadaire du Monde, de 1991 à 2005. Elle est l’auteure de plusieurs livres, dont deux biographies, de Marguerite Yourcenar et de Carson McCullers. Elle a publié en 2014, Avec Philippe Roth (Gallimard).

Plus sur son livre autobiographique Point de côté.

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Philippe Sollers & Josyane Savigneau, Une conversation infinie, Bayard Presse
150 pages, 17,90 €, parution le 23 janvier 2019.

Crédit : Anne&Arnaud.com


Quelques questions à Philippe Sollers

· 5 janv. 2019

· Par Mithra-Nomadeblues_

· Blog : Résonances

Ayant souvent été assez frustrée par les interviews que je lis de Philippe Sollers, et avant la sortie prochaine du livre de dialogue entre, et lui et Josyane Savigneau, cela faisait longtemps que je songeais à différentes questions que j’aimerais lui poser. Et peut-être spécialement sur ce qu’il appelle notre « mensonge social ».

Philippe Sollers dont j’ai beaucoup lu l’oeuvre que je considère comme étant magistrale (c’est en ayant refermé Une vie divine que j’ai fait ensuite le plus beau rêve de ma vie), à bien des égards, cependant, m’intrigue et m’interroge. Car si Sollers m’apparaît avant tout comme un « vivant » et absolument libre penseur, ne porte-t-il pas en lui des contradictions ? Et si l’on a compris depuis toujours qu’il a tout compris de la femme hystérique, que peut bien vouloir dire, à la fin, son excessive misogynie, sans jamais l’entendre parler des pervers ?

Ayant donc souvent été assez frustrée par les interviews que je lis de lui, et avant la sortie prochaine du livre de dialogue entre et lui et Josyane Savigneau [Une conversation infinie – Philippe Sollers, Josyane Savigneau], cela faisait longtemps que je songeais à différentes questions que j’aimerais lui poser.

Les voici :

Mithra-Nomadeblues_ : Philippe Sollers, bonjour. Vous répondez à Josyane Savigneau qui vous demande si vous avez des amis :

« Josyane Savigneau : Et d’abord, des amis, en avez-vous ? Plutôt des hommes ou plutôt des femmes ?

Philippe Sollers : Les deux. Est-ce à égalité ? Je ne sais pas, je ne compte pas. Ce que j’affirmerais dans les deux cas, c’est que ce sont des camarades de combat. Autrement dit, je ne fais pas attention à autre chose qu’à leur violent désir de liberté, entravé par les clichés et les opinions sociales.

Jo. S : Pourquoi avons-nous un combat commun, vous et moi ?

Ph. S : Parce qu’on déteste le mensonge social.

M-NB : Philippe Sollers, vous aviez déjà écrit : « Qu’il (le temps) soit divin ne préoccupe plus que très peu de personnes. Qu’il soit social, ça, en revanche, nous n’avons plus à en douter. Il faudrait donc que je me définisse comme un animal raisonnable et social en faisant le sacrifice de tout le reste pour expier on ne sait quelle faute. Mais l’aptitude au rassemblement doit commencer par soi-même, sans quoi je ne pourrai accueillir personne. »

Mes premières questions seront donc : « Qu’entendez-vous par « mensonge social » ? « Et que pensez-vous des « Gilets jaunes » ? Et n’avez-vous jamais d’empathie envers ceux qui souffrent d’être toujours socialement des dominés ? ». Et, d’après vous, qu’est-ce qui différencie un bourgeois d’un paysan ? Et êtes-vous conscient de notre monde (notre planète, la nature vivante) allant vers sa destruction ? À l’île de Ré, les odeurs sont-elles les mêmes qu’autrefois ? Mais parlez-nous encore plus avant de ce que vous dites très souvent, de notre « dévastation » en cours, dont j’ai personnellement parfaitement conscience, mais que j’aimerais vous entendre encore préciser. »

M-NB : Alain Finkielkraut dit qu’être un intellectuel aujourd’hui, c’est se battre contre le déni idéologique. Pour lui, la mission des intellectuels ne consiste pas seulement à se battre pour la liberté et la justice, mais pour les faits. Nier les réalités qui dérangent, telle est la nouvelles trahison des clercs.

« Vous êtes un écrivain, donc un "intellectuel" ou un "philosophe", mais écrivez-vous en pensant d’une certaine manière avoir une mission ? Et que répondriez-vous à Finkielkraut à propos de ce qu’il dit de notre déni ? »

M-NB : Vous êtes ou avez été un catholique (« à la Mauriac », dit de vous Julia Kristeva). Étant jeune, vous aviez même songé être prêtre. Vous êtes allé saluer le pape Jean-Paul II à Rome. Vous avez souvent parlé de notre société, peu préoccupée du salut de son âme. Vous avez écrit : « Je sais pourquoi je jouis. Je sais pourquoi je ne mourrai pas. Parce que je est qui je sera. » (et vous parlez donc là de votre « être »). Vous avez dit aussi, parlant sans doute du moment de notre mort : « Je crois que l’on sort du corps par la parole ». Mais dernièrement, ai-je bien compris ?, vous parlez de votre mort : "j’attends de mourir d’être happé par le néant" (cessation d’être), alors même que des psychanalystes – dont Lacan -, disent que l’on ne peut imaginer le néant. Ma question sera donc toute simple : « Qu’entendez-vous par néant ? » et/ou : « Croyez-vous en l’âme ou en l’Esprit, en une vie éternelle ? ».

Et aussi cette question : « Voudriez-vous nous parler de la « transsubstantiation » ? Ou « Comment expliqueriez-vous « la présence réelle » du Christ dans l’Eucharistie ? ».

M-NB : Vous avez écrit :

«  Le monde appartient aux femmes.

C’est-à-dire à la mort.

Là-dessus tout le monde ment. »

M-NB : « Pouvez-vous mieux nous expliquerce mensonge ? »

Et si vous reconnaissez être extrêmement misogyne (c’est vous-même qui le dites), pourquoi ne parlez-vous jamais de l’extrême perversion des hommes qui dirigent le monde qu’ils n’ont de cesse de détruire, et de détruire l’humain ? »

M-NB : "Que pensez-vous de "l’intelligence artificielle" ?"

M-NB : « Vous avez écrit : « L’Enfer c’est la morale ». N’avez-vous vraiment jamais éprouvé le moindre sentiment de culpabilité ? »

M-NB : « Avez-vous déjà lu le journal (le site) Mediapart ? Et si oui, qu’en pensez-vous ? Que pensez-vous des « réseaux dits sociaux » ?

M-NB : "Un de mes amis sur Mediapart, historien, a écrit dernièrement qu’il fallait "éradiquer la Bible", que toutes les religions n’étaient que sottises. Que lui répondriez-vous ?"

M-NB : "Avez-vous écouté le dernier enregistrement de Cecilia Bartoli, chantant Vivaldi ?". Si oui, qu’en pensez-vous ?"

M-NB : "En mars va paraître votre nouveau roman Le Nouveau. Que veut dire ce titre ?"

M-NB : « Quelles sont les questions que vous aimeriez que l’on vous pose encore ? »

M-NB : Mais pour finir, j’aimerais simplement encore vous citer, et que l’on apprécie votre langue :

« Pourquoi l’érotisme rend-il heureux ? Parce qu’il est un retour direct à l’enfance, à ses jeux, à sa gratuité, à sa profondeur de temps. L’enfant, on le sait depuis Freud, est un pervers polymorphe qu’on oblige ensuite, sous prétexte de nor- malité, à devenir un pervers honteux monomorphe (la famille, l’école et le travail s’y emploient). L’adulte est en général un enfant durci, puritain malgré lui, péniblement pornographe. Il s’applique dans le vice comme dans la vertu, il est ennuyeux, peu doué pour la régression enchantée qui définit l’érotisme. Ce n’est pas par hasard que « le vert paradis des amours enfantines » (Baudelaire) lui reste fermé. Il en rêve, l’adulte, il se sent jeté en enfer, il devient parfois bassement pédophile pour tenter de rejoindre son corps perdu. »

Et :
« Qu’est-ce qu’une rencontre ? Deux rythmes qui s’accordent, se relancent entre eux : le luth, la voix. C’est le côté miraculeux des rencontres, pas de celles qui partent en fumée (mais celles-là aussi sont belles par définition, elles célèbrent l’instant, voilà tout), mais de celles qui durent comme rencontres. »

*

Les réponses de PHILIPPE SOLLERS à MITHRA-NOMADEBLUES sur le site de Mediapart :

L’intégrale ICI

VOIR AUSSI

- « Une conversation infinie » - Premiers échos

- La Chine de Sollers dans « Une conversation infinie »

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1 Messages

  • Albert Gauvin | 27 janvier 2019 - 23:31 1

    Les réponses de Philippe Sollers aux questions de Mithra-Nomadeblues se trouvent sur Mediapart. Je cite :

    Et voici enfin les réponses de Philippe Sollers, par l’intercession de Josyane Savigneau qui m’a envoyé ce mail :

    ------------

    Chère Agnès
    C’est moi qui écris mais c’est Sollers qui parle.

    -----------------

    Ph. S : "Le mensonge social : que la société soit un montage effréné de mensonges j’en ai eu la révélation très tôt dès l’âge de 6 ans en écoutant pendant l’occupation nazie de la France les messages de radio Londres où se répétaient sans cesse Radio Paris ment Radio Paris est allemand.
    Aujourd’hui c’est la société tout entière devenue propagande du spectacle qui, avec l’océan des fake news ment plus que jamais.

    Excessive misogynie et non dénonciation des pervers : moins misogyne que moi ça n’existe pas ( je confirme jos) et toute mon existence le prouve. Quant aux pervers ils mériteraient l’attention s’ils n’étaient pas devenus aussi minables. Le grand sujet de notre époque n’est pas la perversion mais ce que j’appelle la perversation ( comme on dit malversation).

    La dévastation en cours : la dévastation est pire que la destruction. Vous avez eu d’énormes destructions criminelles au XX e siècle mais la dévastation est la perte de sens dans tous les domaines qui fait de la planète un rond point en cours d’explosion. Ce que les gilets jaunes ressentent dans la manifestation de leur misère.

    Finkielkraut. Je laisse ce membre de l’Académie française à ses élucubrations déprimées. N’oubliez pas que, moi, je suis un révolutionnaire d’où ma très mauvaise réputation à laquelle je tiens beaucoup.

    Le néant : le néant dit admirablement Heidegger dans ses livres sur Nietzsche n’est pas pris au sérieux, d’où le nihilisme généralisé. Penser le néant c’est penser l’être lui-même et, comme le disait déjà le vieil Hegel, expliquez moi donc la différence que vous faites entre l’être et le néant.

    La présence réelle : comme vous vous en doutez je ne suis absolument pas protestant. Cette présence réelle me paraît une invention formidable (l’expression « présence réelle » est ma préoccupation constante, puisque je suis confronté tous les jours à des présences imaginaires).

    Humanistes : Lacan, vous avez raison, n’était certainement pas humaniste. Pas plus que le personnage principal de La Nausée de Sartre. En revanche je ne vois pas comment une femme avertie par ce qu’elle entend tous les jours sur son divan pourrait ne pas être humaniste. Si elle ne l’était pas elle serait comme beaucoup de femmes aujourd’hui, proche de la folie. Ce n’est pas le cas de Julia Kristeva qui incarne à mes yeux une raison intrépide.

    La paranoïa : n’oubliez pas que la première enquête de Lacan porte sur la paranoïa féminine. C’était un progrès considérable que je pense avoir poursuivi dans toutes mes observations.

    La culpabilité : jamais , et c’est ça qui, dans mon cas, est étrange. On a essayé 10 000 fois de me culpabiliser mais comme le dit de façon souveraine Alfred Hitchcock, ce génial jésuite, « je n’arrête pas de décrire ce qui peut arriver à un innocent dans un monde coupable. »

    Renoncer au club des amis de la mort : il faut ici citer intégralement Rimbaud dans Une saison en enfer. Il se détache, dit-il , « des brigands, des mendiants, des amis de la mort, des arriérés de toutes sortes », pour « posséder la vérité dans une âme et un corps ». C’est ce que je fais sans cesse.

    Éradiquer la bible : c’est stupide et parfaitement obscurantiste. Je vous rappelle que la grande tradition consiste à être aussi à l’aise en hébreu qu’en arabe sans oublier le sanskrit et le chinois et surtout comme c’est le gouffre général restant exactement fidèle aux grecs et au latin."

    ----------------

    Jo S. : Je reprends la parole.

    "Sollers ne va pas sur les sites bien qu’il en ait un (allez voir le film sur le Nouveau) mais moi j’y vais et je suis abonnée à Mediapart. C’est comme ça que je lui ai parlé de votre blog et de vos questions.

    Quand je vois un article qui peut l’intéresser nous en parlons. Par exemple récemment la lettre inédite de Rimbaud de 1874 dont seul un blog de Mediapart a parlé en France. En Allemagne il y a eu une page dans la Frankfurter Allgemeine."

    Voilà
    Bon week-end
    Jo S

    *

    Note : Concernant la lettre de Rimbaud de 1874 qu’évoque Josyane Savigneau à la fin de son message, j’en ai parlé me référant à l’article de Frédéric Thomas dans mon article du 16 octobre 2018 Une lettre inconnue attribuée à Arthur Rimbaud. Cf. aussi l’article de L’Ardennais repris dans mon commentaire du 11 janvier 2019.

    Bonne semaine
    A.G.