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D’Ormesson-Sollers : rencontres du troisième type

D 5 décembre 2017     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



L’écrivain et académicien Jean d’Ormesson est mort d’une crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 décembre, à l’âge de 92 ans [1]. Début 1991, Jean d’Ormesson publiait Histoire du Juif errant, Philippe Sollers La Fête à Venise. Jérôme Garcin réunissait les deux écrivains pour un face à face que L’Evénement du Jeudi publiait dans son édition du 14 au 20 février. Rencontres du troisième type ? J’ai conservé cette archive improbable.

EN 1973, le comte Jean, Bruno,Wladimir, François-de­ Paule Lefèvre d’Ormesson était reçu en grande pompe sous la coupole, au fauteuil de Jules Romains. La même année, Philippe Joyaux, alias Philippe Sollers, publiait un livre halluci­natoire et cannabique formé d’une seule phrase : H. On ne saurait mieux stigmatiser tout ce qui distingue l’aristocrate conser­vateur du jacobin franc-tireur qu’en évoquant cette lointaine année pompidolienne.
La petite décennie qui sépare le gaulliste fervent du maoïste fugace figure une éternité : c’est que le maître de Saint­ Fargeau, alias le Plessis-lez-Vaudreuil, incarne à lui seul l’héritage du XIXe siècle tandis que le fondateur de Tel Quel s’applique depuis toujours à être un écrivain du XXIe. D’Ormesson rassure, Sollers inquiète. Le premier cultive la nostalgie d’une époque qui n’est plus, le second s’impatiente d’être en avance sur son temps. Deux versions, qui sait, d’une même schizophrénie.
L’académicien, formé à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, n’aura pas laissé, dans ses livres buissonniers et son comportement de dilettante, de faire oublier qu’il était agrégé de philosophie. Il a sur ce point réussi : son œil bleu Morgan n’a pas souffert des relectures de la Critique de la raison pure et son visage buriné par le farniente n’est pas celui d’un chercheur méritant du CNRS. A l’opposé, le béjaune bordelais d’Une curieuse solitude, porté par François Mauriac sur les fonts baptismaux de la littérature, n’aura eu de cesse, entretenant la provocation idéologique, esthétique, et même religieuse, de tenir pour caduque l’époque où, jeune diplômé de l’École supérieure des sciences économique et commerciales, tout le destinait à être un bel écrivain académique. Là encore, il a réussi : quelles qu’aient été ses palinodies, le directeur de la revue L’Infini demeure le chef de file des casseurs — du langage, de conventions, et du nouvel ordre établi.
En invitant d’Ormesson et Sollers à se rencontrer sous notre toit, on croyait ressusciter la querelle mythique des Anciens et des Modernes. Las ! nos deux bretteurs, même s’ils n’ont pas la même idée du roman (Sollers le veut collé au réel, d’Ormesson le souhaite imaginaire) jouent à fleuret moucheté. En commun l’élève de Chateaubriand et le disciple de Joyce ont la passion de Venise, l’amour des femmes, une érudition vibrionnesque, une place de choix dans les listes de meilleures ventes, et la phobie d’une fin de siècle amnésique, plus prompte que jamais, selon eux, à faire un autodafé de littérature. Charmeurs, cultivés, beaux rhéteurs, ils représentent. chacun à sa manière mais mieux que d’autres, l’hon­nête homme français, dont l’essence est de ne pas se dire. On les a vus tous deux, main dans la main, prendre fait et cause contre la réforme de l’orthographe. On les voit l’un et l’autre rivaliser de malice pour participer à cette société du spectacle dont ils dénoncent pourtant les effets pervers : d’Ormesson et Sollers sont deux brillants camelots cathodiques qui tutoient la caméra et, une rois éteints les feux de la rampe, se plaignent d’une même voix que le public réduise leurs livres à l’image de l’auteur, à la légende qu’ils ont savamment entrete­nue ! Expert en après-vente, Jean d’Ormesson a mis en place chez Gallimard un répondeur téléphonique (43.06.19.92) sur la bande duquel il résume avec brio l’Histoire du juif errant. Voilà exactement une idée que n’eût pas désavouée Sollers.
Enfin, le lecteur des nouveaux romans de Jean d’Ormesson et de Philippe Sollers constatera qu’ils commencent tous deux à Venise, qu’on y croise Stendhal dans l’un comme dans l’autre, qu’on y applique dans les deux cas l’art contemporain du zapping, et que l’académicien se risque à supprimer la ponctuation dans quelques chapitres, tandis que l’auteur de Paradis s’accommode d’une prose parfaitement classique. Ainsi va le temps, qui émonde les caractères les plus irréductibles, concilie des destinées divergentes, et confond, grâce aux hon­neurs que Pascal nommait « des grandeurs d’établissement », deux altérés de prestige littéraire. Notre entretien fait foi : l’esprit rouge pactise avec l’habit vert. L’heure, voyez-vous, est au daltonisme.

Jérôme GARCIN.


Philippe Sollers et Jean d’Ormesson en février 1991.
L’Événement du Jeudi, février 1991. Zoom : cliquez l’image.
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L’ÉVÉNEMENT DU JEUDI : Naturellement, vous vous êtes lus l’un l’autre...

Jean d’ORMESSON : La Fête à Venise est un livre très brillant. J’ai vu des points communs entre nos deux romans. Quand je lis chez Sollers : « A l’année prochaine, ou dans quelques siècles », j’ai l’impression de lire une réflexion du Juif errant !

Philippe SOLLERS : Me voilà transformer en Juif errant ! C’est un coup de baguette magique, ça !

J.d’O. : Et nous partageons une même passion pour les trous noirs, les big bang de l’Histoire !

Sans parler de votre amour commun pour Venise, qui est la ville d’où partent vos deux romans...

J.d’O. : C’est le type même d’évidence de lettre volée ! Pour revenir à nos deux livres, si je l’emporte par le nombre de pages, Philippe, lui, l’emporte par l’intelligence. Je passe nécessairement par l’anecdote, par les histoires. Au vrai, je pense qu’il n’y a rien de plus profond que l’anecdote. Tandis que la Fête à Venise c’est un livre-feu d’artifice. J’y ai lu le portrait de Philippe tel qu’il le trace de lui-même sous les traits de son personnage, Froissart. Les fusées partent à chaque page, dans tous les sens.

Ph.S : Il est possible que Froissart, ce chroniqueur de notre époque, venu du Moyen Age pour constater quelque chose de tout autre, soit, non pas la figure du Juif errant, mais celle du Juif permanent.

J.d’O. : Pourquoi l’avoir appelé Froissart et pas Joinville. cet autre chroniqueur du Moyen Age ?

Ph.S. : Parce que son nom rime avec « art ». Tout s’écrit à l’oreille. Le Juif errant, c’est un vieux projet de d’Ormesson : prendre la totalité de l’Histoire. En cela, nous sommes assez proches. Mon ambition est aussi de traiter de très longues périodes de temps, mais Jean le fait d’une façon qui est la sienne, en choisissant un mythe très chargé, en le transformant en une histoire imaginaire qui permet de remplir les blancs, d’inventer, d’imaginer hors de l’Histoire. Il agit en spiritualiste. De même qu’il a bien médité la leçon borgésienne énonçant que l’homme est un rêve, de même il aurait tendance à penser, comme le dit Shakespeare, que c’est le bruit et la fureur racontés, non par un idiot cette fois, mais par quelqu’un de bien informé...

J.d’O. : ...à des idiots !

Ph.S. : Oui. Ce couple qui l’écoute, bien conventionnel, bien sage, à l’abri des convulsions de l’Histoire, retournera à ses affaires. Il y a là une pointe de jugement de la part de d’Ormesson qu’on peut qualifier de pessimiste. Le récit du Juif errant les aura ébranlés un moment, mais l’Histoire n’aura fait que les frôler.

J.d’O. : Vous avez reconnu qu’elle c’est Vanessa Paradis, et lui, ce pourrait être François Sureau !

Ph.S. : Mais cela touche un problème essentiel. Dans la nouvelle tyrannie planétaire que nous allons vivre, ce qui va se mettre en place, c’est l’oubli de l’Histoire, l’amnésie. Certains se complaisent à parler de « fin de l’Histoire », alors qu’elle est en train d’éclater en une autre forme, juste sous nos yeux. On voit une volonté inquiétante de rendre la mémoire plus confuse, très aléatoire. La mémoire, ce dépôt du texte humain, tend à s’évanouir. Et là, nous ne sommes pas dans une Histoire spiritualiste. Moi, j’écris un roman pour montrer comment les gens ne veulent pas savoir. Le personnage de Jean d’Ormesson sait énormément de choses qu’il va raconter à des gens qui ne savent rien. Avec un narrateur fort de ses connaissances notamment sur l’histoire de la peinture, je vais essayer de prouver que les gens ne veulent rien savoir. Ce qui change, c’est la position et du narrateur, et du destinataire. Nous nous rejoignons, en revanche, en réagissant à cette sensibilité propre à la fin de notre siècle de considérer de longue périodes historiques. Et nous sommes à l’époque où, pour la première fois, pourrait être traitée la question de l’identité de ce Juif à condition qu’on veuille vraiment débattre de cela ouvertement. « Je serai qui je serai »...

J.d’O. : ... « l’année prochaine à Jérusalem », où nous nous sommes rencontrés d’ailleurs et où Philippe m’a prêté 20 dollars.

Ph.S. : Que vous avez mis combien de temps à me rendre ?

J.d’O. : Six ans.

Ph.S. : Voilà mon côté « marchand de Venise »...

J.d’O. : Shylock !

Ph.S. : Ce Juif errant, pris dans ce mythe chrétien, à forte résonance antisémite — ce que vous essayez de renverser si j’ai bien compris — participe à une foule d’épopées, est le témoin de la métaphysique générale... Mais ce qui m’étonne, c’est qu’à aucun moment, pas une seule fois, vous ne lui faites lire une Bible en hébreu. C’est énigmatique, au point qu’on pourrait raconter l’histoire drôle que vous connaissez sans doute : une brave dame catholique voit un homme lire un livre et lui demande de quoi il s’agit. « C’est la Bible », répond l’homme. « Vous la lisez en quelle langue ? » L’homme répond : « En hébreu. » Réflexion surprise de la dame : « Ah ! c’est déjà traduit en hébreu ! »

J.d’O. : Elle est épatante !

Ph.S. : De mon point de vue, la seule façon de traiter cette affaire du Juif errant, c’est par la négative : comment se fait-il que personne n’ait voulu savoir par exemple que le Christ était hébreu ? Bref, comment se fait-il que le trou noir, dans votre livre, soit l’Hébreu ?

J.d’O. : C’est très bien ; j’étais tout à fait tranquille en venant à ce rendez-vous parce que je savais que Philippe parlerait de mon livre, et moi du sien. C’était un énorme avantage pour moi, parce qu’il a parlé beaucoup mieux de mon roman que moi du sien ! Je voudrais répondre sur ce trou noir du Juif.

Ph.S. : Pas du Juif, seulement de la lettre juive, de la lettre !

J.d’O. : C’est admirablement dit. On me l’a reproché plus superficiellement, si j’ose dire, en remarquant que je ne plaçais pas mon personnage à Auschwitz.

C’est la remarque d’Edgar Reichman dans le Monde parlant de votre étrange « pudeur devant l’innommable. »

J.d’O. : D’abord, on ne peut pas placer le Juif errant qui, par définition, bouge sans cesse, est immortel, dans un endroit d’enfermement et de mort. L’autre raison tient à la nature de ce roman qui est un divertissement. Peut­ on concevoir Auschwitz dans un divertissement ? Non ! curieusement, ce qu’on me reproche est d’avoir créé un Juif dont j’ai gommé entièrement le « caractère juif ». On me jette : « Vous prétendez que ce Juif est un homme comme les autres ? »

C’est ce malaise dont faisait part l’écrivain israélien David Shahar sur le plateau de « caractères »...

J.d’O. : Oui, alors que non seulement il est comme les autres, mais en plus, il est chinois, arabe : il est tout, en plus d’être juif. Mon propos n’était pas d’écrire un roman sur le judaïsme !

Ph.S. : Mais au moins une fois au cours de ses périples, il aurait dû être confronté au texte...

J.d’O. : Au moment où il rencontre Guten­berg, il aurait pu être question d’une Bible juive. Je plaide coupable. Deux choses sur l’Histoire. Tout le monde a parlé, des marxistes aux libéraux (avec comme porte­-parole ce Japonais, Fukuyama), de la fin de l’Histoire en train de se faire. Mais il y a peut-être quelque chose d’autre : la fin de l’Histoire comme vécu. Il va arriver un moment où il y aura une trop grande masse d’Histoire, donc de culture, et ce poids de culture deviendra insupportable. C’était facile chez les Grecs anciens, encore aisé à la Renaissance de se colleter avec le poids de la culture. Cela devient difficile au moment des Lumières et, aujourd’hui, c’est peut-être impossible d’assumer le poids de l’Histoire. C’est ce poids de l’Histoire que voit si bien Sollers dans son livre. Et il se place dans une situation beaucoup plus moderne que moi : il est à Venise, à notre époque, à une terrasse, avec, autour de lui, une nuance érotique, très mince.

Moins érotique que dans les romans précédents, il est vrai...

J.d’O. : Oui, mais on sent quelque chose cependant... Il dit quelque part « hermétisme­ pomographie-mode » et tout cela est très habilement camouflé. De là, Sollers lance des fusées qui éclairent le temps !

Ph.S. : Des missiles !

J.d’O. : C’est beaucoup plus habile que mon truc. Je suis étonné qu’on ne me fasse pas le reproche — donc, je vais me le faire moi­ même — que ce roman est un peu scolaire, un peu BD. J’ai beau battre les temps comme des cartes, mon roman garde un côté Mallet et Isaac ! Sollers, lui, se place au centre du monde moderne pour l’éclairer. Moi ? je passe plutôt des diapositives, comme le type qui revient de croisière et qui raconte son voyage. Le personnage de Philippe s’occupe d’art, d’art et d’espionnage. On voit à quel point l’art est mêlé à l’argent, au sort du monde.

Ph.S. : L’art est mêlé au secret.

J.d’O. : Au sens où cet art charrie les secrets de l’univers, des banques, du pouvoir, des missiles... C’est cette Histoire que nous essayons de sauver, et pour cela, nous avons écrit des romans de la totalité.

Plus je vous écoute, plus je me demande pourquoi, il y a seulement dix ans, il eût été impensable de vous rassembler pour dialoguer ?

Ph.S. : Mais on s’est vu, il y a dix ans ! On a même parlé de Borges à la radio [2].

J.d’O. : Tu étais papiste ou, maoïste à l’époque ? (Rires).

Vous représentez deux littératures différentes, avec deux références oppo­sées : si Sollers est du côté de Joyce, d’Ormesson est du côté de Chateau­briand !

J.d’O. : Un mot à ce sujet, et ne croyez pas que ce soit de l’autoflagellation. Dans mon roman, un personnage dit : « Vous trouvez la littérature de notre époque nulle ? » La réponse est : « A peu près.  » Je partage cette opinion. Quand j’ai commencé à écrire, mes cinq premiers livres m’ont laissé inconnu. Tandis que Philippe a commencé par un coup d’éclat : Une curieuse solitude. Ce qui nous sépare, je vais vous le dire d’un mot : je trouve son premier livre génial, et lui l’a renié. Ce premier livre m’a fait blêmir de jalousie. Je doute qu’il ait éprouvé le même sentiment avec L’amour est un plaisir...

Non, ça n’est pas Sollers !
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Je marche je bois je baise je joue aux cartes aux dés je bois je marche je joue aux dés je baise je joue aux cartes je baise je marche je joue aux dés je baise je joue aux dés je bois je baise je marche ich gehe ich wandere je marche et ne meurs pas ando je hais les autres cojo je joue aux dés je vis echo un polvo je vis et ne vis pas je bois je marche je baise je pleure et ne pleure pas je ris et je ne ris pas je baise je bois je marche je hais les autres je crois à rien je joue aux dés je marche ich gehe wandere je ne peux pas mourir et je peux que marcher ich gehe ich wandere je baise et ne meurs pas je baise la mort ando la mort me baise cammino je marche je joue aux dés ando ando cammino I fuck I screw ich wandere ich gehe l’m walking ich wandere je marche je n’ai pas de nom je marche je n’ai pas de langue jeg skruer dove vai jeg knalder l’m going je bois je baise ich bumse a scopare je baise je joue aux dés je suis les autres jag gâr et je les hais jag knullar je bois je hais les autres et ces deux-là fucking them all.

Jean d’ORMESSON
Extrait de Histoire du Juif errant.

Non, ça n’est pas d’Ormesson !
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Quand aurions-nous pu nous rencon­trer ? Elle est venue pour la première fois en Italie avec ses parents à l’âge de huit ans, donc en 1974. Rome. Florence. Venise. Elle ne se souvient pas de grand-chose, églises, peintures, églises, peintures, mais quand même la lumière, l’eau, c’était en mai, j’étais là, je revenais de Chine, peut-être s’est-on croisés près de l’Académie ou du Rialto. Elle est ensuite à New York lorsqu’elle a douze ans, 1978, Uptown, je suis dans le bas de la ville pendant trois mois, je revois le grand loft blanc, le matelas par terre, Geena en train de préparer avec soin les lignes de coke sur la table (la paille en celluloïd mauve pour elle, rouge pour moi), été indien, week­-ends à Long Island, bains et après-midi nus sur l’herbe.

Philippe SOLLERS
Extrait de la Fête à Venise.

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Jean d’Ormesson, les monologues de Simon de Cyrène ou d’Isaac Laquedem dans le Juif errant sont stylistiquement sollersiens, non ?

J.d’O. : Oui, c’est presque un pastiche... J’ai pensé pour moitié à Sollers, pour moitié à Joyce.

Ph.S. : C’est une parodie et d’Ormesson a voulu montrer l’extrême pauvreté de la rumination intérieure de son personnage : « Je baise je marche » avec quelques variations en langues étrangères... La rapidité de l’élocution intérieure l’empêche de diversifier sa pensée. C’est un geste agressif, mais intéressant. Mais j’en pense le contraire : dans cette rapidité d’exécution, on peut saisir des phénomènes multiples et très différents de la réalité. Cela dit, chez Jean, c’est sur deux pages. C’est un effet de surface, dissocié du projet d’ensemble qui serait plutôt du côté d’une longue narration conférentielle. Vous devez être un très bon conférencier, monsieur d’Ormesson !

A l’inverse, dans la Fête à Venise, Philippe Sollers est d’une facture clas­sique eu égard à Paradis. Etes-vous plus sensible à ce Sollers qu’à celui de Paradis, Jean d’Ormesson ?

J.d’O. : Sincèrement, oui.

Si c’est une petite (r)évolution littéraire de vous voir si bien vous comprendre, c’est un fait que vos deux destinées sociales se rapprochent...

Jean d’0rmesson :
« Sollers
a toujours été
plus intelligent
que moi »

Ph.S. : Mais dans cette nouvelle tyrannie mondiale dont je vous parlais, fondée sur l’aplatissement de l’image, sur le stéréotype, sur la perte du vocabulaire et de la culture, même minimale, nous sommes, Jean d’Or­messon et moi, du même côté, du côté des lettrés. Ce qui nous rapproche, c’est de lutter contre la dévastation progressive de l’Histoire.

Vous êtes du même avis sur la question de l’orthographe ?

VOIR AUSSI

Ph.S. : D’Ormesson m’a rejoint ! Voilà un académicien atypique, un écrivain classique atypique ! La réforme de l’orthographe fait partie d’un programme de destruction. Il y a une controverse célèbre entre Staline et le linguiste Marr qui défendait l’idée qu’il y avait une langue bourgeoise et une langue prolétarienne. Ce qui fait dire à Staline : « Non, la langue n’est pas une superstructure ! » C’est l’érudit marxiste qui vous parle ! Si Staline s’est ému, il fallait bien que quelques académiciens s’émussent ! Au milieu de la barbarie montante, c’est programme minimal d’être ensemble !

J.d’O. : Sollers a toujours été plus intelligent que moi !

Pourquoi répétez-vous cela sans cesse ?

J.d’O. : Parce que j’ai été en dehors mouvement des idées. Je travaillais à faire des petites choses très amusantes dans mon coin. Pourquoi le nier ?

Ph.S. : Vous avez dirigé la revue Diogène tout de même !

J.d’O. : Oui, mais à l’ombre de Roger Caillois !

Dans une interview accordée au Figaro, vous stigmatisez l’invasion des phénomènes de société dans le roman, du sida aux mères porteuses. Or, beaucoup de ces éléments sont dans les romans de Sollers, et depuis longtemps...

J.d’O. : Oui, mais il ne les traite pas comme des dossiers. Ce sont des fusées, là encore.

Sollers intègre même aujourd’hui chaîne de télévision américaine dans un roman sur Watteau...

Ph.S. : Ma démarche est constante depuis dix ans : décrire la société dans laquelle nous vivons, mais de façon ironique, distanciée. Je critique les phénomènes sociaux pour éveiller à une conscience critique. A l’intérieur de mes romans, je propose ce qui devraient être la vraie vie, l’usage de son propre corps.

J.d’O. : Je me méfie beaucoup de cela, je crains que ça ne vieillisse très vite. Il est possible que, dans vingt ans, CNN ne signifie plus rien. Je me méfie de ces emballements de société.

Ph.S. : Non seulement il faut s’en méfier, mais il faut les critiquer !

J.d’O. : Alors, Philippe, il faut faire un essai !

Ph.S. : Non, il faut les critiquer dans le roman, comme l’ont fait Stendhal, Balzac et d’autres !

J.d’O. : Je vous rappelle le mot de Gide : « J’appelle journalisme ce qui sera moins intéressant demain qu’aujourd’hui. » Demain, ce n’aura d’intérêt qu’à l’état de
témoignage, et encore !

Ph.S. : Mais Gide a cru que Proust était un mondain parce qu’il avait des duchesses pour personnages ! Quelle erreur !

Si, comme l’a fait Jean d’Ormesson dans son roman, Philippe Sollers avait évoqué le raid israélien sur Entebbe, il aurait parlé de la « mise en scène » médiatique d’Entebbe.

Ph.S. : Oui, j’aurais parlé de cette substance nouvelle de la société planétaire qui est que la réalité s’efface derrière le montage du discours qu’on tient sur elle. La réalité est mise au secret, sous séquestre, nous n’avons plus de moyen d’en juger. Sommes-nous des corps ou des images d’images ?

J.d’O. : Sollers est du côté du sens, et moi du côté de l’anecdote, de l’histoire. Je ne sais pas très bien quel est le sens de ce que je raconte. C’est une chance quand mes histoires prennent un sens. Votre roman, Philippe, aurait pu être un essai.

Ph.S. : Non, le héros tutélaire de ce roman est Stendhal, et ce n’est pas par hasard. Lui, Balzac ou Proust sont des idéologues. Proust, par exemple, décrit la façon qu’a l’homo­sexualité d’irriguer une société qui n’en a pas conscience. J’ai envie de décrire la façon qu’ont les gens de résister ou d’être aliénés au spectacle de la réalité. Je crois que la fonction du romancier est d’éveiller. Le roman est la continuation de la guerre par un autre moyen.

J.d’O.  : En tant qu’écrivain, je me réclame, au contraire, d’Alexandre Dumas et de Shéhérazade. J’ai envie qu’en écrivant « le jour se lève », les lecteurs aient envie de connaître la suite. C’est là mon seul trucage. La littérature actuelle insiste trop sur le style jusqu’à emmerder le lecteur...

Vous êtes deux acteurs de la société du spectacle. D’Ormesson vantant son livre sur répondeur téléphonique, c’est un coup à la Sollers !

Ph.S. : Ce n’est pas moi qui ai inventé la publicité ! Jean et moi avons, c’est un fait, un tempérament d’acteur.

J.d’O. : J’aurais adoré être acteur [3] !

Ph.S. : Je considère que, d’une façon qui répond assez bien à l’ambiguïté de notre époque, être un schizophrène organisé est nerveusement nécessaire. Alors oui, on parlera de mon livre sans doute à cause de mon « image », mais, croyez-moi, il restera clandestin. Il y a des livres qui se vendent beaucoup, par exemple le Pendule de Foucault d’Umberto Eco. A mes yeux, il est de l’ordre de l’«  illisable » (sic). Je constate que l’appropriation d’un livre se fait de façon pavlovienne, comme un geste de reconnaissance sociologique. Les acheteurs se procurent un produit, ils ne le lisent pas, ne deviennent pas lecteurs pour autant qu’ils ont acheté un livre ! Ils se mettent dans une position sociologique à leurs yeux avantageuse.

J.d’O. : A ce sujet, je voudrais vous rappeler deux anecdotes que racontait Queneau. Il prétendait que si on avait acheté aussi massivement l’Être et le Néant de Sartre, c’est parce que le livre pesait exactement un kilo, et que dans les temps de pénurie d l’après-guerre c’était plus facile pour peser les pommes de terre. La deuxième, que j’ai vérifiée auprès de Claude Gallimard, est que dans la première édition il y avait un mastic dans les quarante premières pages : pas un ouvrage n’a fait l’objet d’une demande d’échange !

L’érudition est votre tasse de thé à l’un comme à l’autre ; souriante chez Jean d’Ormesson, référentielle chez Philippe Sollers.

Ph.S. : Le thème de mon livre est aussi de raconter des histoires mais sans oublier dans quelle situation cela se fait ; nous allons vers un déluge, un nouvel obscurantisme, nous sommes revenus en deçà des Lumières. Ce n’est pas la peine de brûler les bibliothèques, on ne saura bientôt plus se servir de la culture ! J’ai l’ambition pour ce roman d’avoir mis à flot l’Arche de Noé de la culture.

Jean d’Ormesson, vous verriez Sollers à l’Académie ?

J.d’O. : On n’a pas le droit d’engager sa voix mais oui ! Au point où il en est, le malheureux, il est mûr pour l’Académie !

Ph.S. : En tant que Juif permanent, ce n’est pas pressé et je ne me sens pas encore assez fatigué pour rejoindre ce corps d’élite qui dormait alors qu’on assassinait la langue française !

J.d’O. : Vous connaissez l’histoire des deux académiciens s’interrogeant sur la santé d’un troisième. « Il est à moitié gâteux », dit l’un, « Ah, il va donc mieux », répond l’autre...

Philippe Sollers, vous publieriez d’Ormesson dans l’Infini ?

Ph.S. : Je lui demanderais ce qu’il n’a pas l’habitude d’écrire, ce qu’il pense de Borges, d’aller plus loin dans sa réflexion sur la métaphysique. Là, il parlerait à des gens qui vont se battre et non à des ignorants qui vont retourner au rien après avoir quitté Simon le conteur.

J.d’O. : Je savais bien qu’en venant à ce rendez-vous il m’arriverait une tuile !

Propos recueillis par Jérôme GARCIN, L’Événement du Jeudi, 14 au 20 février 1991.

Jean d’Ormesson. Sollers jouant Voltaire [4].
Zoom : cliquez l’image.

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SUR LE SITE DE L’INA : Jean d’Ormesson, parcours d’un Immortel.

*

ÉLOGE DE LA LECTURE

Après la publication de La guerre du goût...

Philippe Sollers, le premier de la classe

« On pardonne tout à Sollers parce qu’il aime la littérature. Ce n’est pas que la lecture du prière d’insérer, signé Ph. S., incline à l’indulgence : "Que l’auteur ait été tenu tour à tour, et parfois de façon réversible, pour précoce, classique, moderniste, maoïste, insignifiant, farceur, imposteur, schizophrène, paranoïaque, infantile, nul, libertin, papiste, voltairien, et j’en passe, n’a pas grand chose à voir avec ce qu’il se propose de nous faire entendre." Encore heureux. Cette procession d’adjectifs déclinés avec un peu de complaisance n’annonce rien de bon. Non pas tant, d’ailleurs, comme il voudrait nous le faire dire, pour des raisons éthiques que pour des raisons grammaticales. Sollers sait mieux que personne qu’il faut se méfier des adjectifs. Toujours sujets à caution, ils deviennent détestables quand on les applique à soi. On renifle le long livre — 639 pages — avec un peu de méfiance. Et puis on l’ouvre. On regarde de plus près. Et on est enchanté. L’adhésion succède à l’inquiétude. Et une sorte d’affection à l’irritation. Dans ses textes courts, consacrés pour la plupart à un auteur classique et destinés, comme on dit, à "un journal du soir" — Le Monde, en l’occurrence —, Sollers se révèle, mais on le savait déjà, comme un critique de premier ordre. Ce qui frappe d’abord, c’est l’altitude. Rien ne vole bas dans La Guerre du goût (Gallimard/Folio). La littérature y est mise d’emblée à la place qui est la sienne : la plus haute. Non pas avec des pauses et des contorsions d’humaniste compassé et empesé, mais à coups secs et forts de citations rigoureuses et d’accumulations de détails vrais. Sous la plume de Sollers et de ceux dont il parle, la littérature devient une déesse exigente et cruelle. Elle dévore ceux qui ont choisi d’échanger leur vie contre son culte exclusif.
Mais ce qu’il y a de plus exigent chez Sollers c’est qu’elle les dévore dans la gaîté. Rien n’est plus gai que l’idée que se fait Sollers de la littérature et on rit plus d’une fois, comme lui-même — le rire de Sollers est célèbre —, en lisant ses études très savantes et sérieuses. Quand il s’interroge, par exemple, sur un sujet qui ne prête pas vraiment à rire, le Pape et les femmes, il s’imagine une femme archevêque — Madame l’archevêque —, une femme cardinale et, pourquoi pas ? une femme Pape : Habemus Mammam !
Ce qui frappe dans le livre de Sollers, c’est son allégresse à dénicher chez l’écrivain dont il parle la formule inattendue qui fait mouche et qui le résume. La lettre en trois phrases de Voltaire à Madame Denis : "On a voulu m’enterrer. Mais j’ai esquivé. Bonsoir." La formule du père de Sade à propos de son fils : "J’ai quelquefois vu des amants constants ; ils sont d’une tristesse, d’une maussaderie à faire trembler. Si mon fils allait être constant, je serais outré. J’aimerai autant qu’il fut de l’Académie." Voilà comment on forme des esprits libres. Ou encore la lettre à Morand où Claudel donne du style de l’auteur de Rien que la terre la définition la plus brève et la plus juste : "Vous allez vers les choses en trombe rectiligne." Pour pousser un peu plus loin, il faut s’adresser à Morand lui-même : "Je suis une mer fameuse en naufrages : passion, folie, drames, tout y est, mais tout est caché."
À chaque page, grâce à Sollers, grâce aussi et peut-être surtout à ceux qu’il présente — mais tout le talent du critique n’est-il pas, contrairement à ce qui se passe trop souvent aujourd’hui, de mettre en lumière les beautés de ceux qu’il étudie ? — on ressent une envie, un désir de littérature. Voici le dialogue fondateur du roman de Lancelot du Lac : "Beau doux ami, que voulez-vous ? — Ce que je veux ? Je veux merveilles." Voici le style de l’amour chez un auteur que Sollers a bien raison de vouloir réhabiliter, Crébillon Fils, l’auteur des Égarements du cœur et de l’esprit et des Lettres de la Marquise de M… au Conte de R… : "Je vous écris que je vous aime, je vous attend pour vous le dire." ou encore la réponse délicieuse de Casanova qui arrive à Paris venant de Venise. Madame de Pompadour : "De Venise ! vous venez vraiment de là-bas ?" Casanova : "Venise n’est pas là-bas, Madame : là-haut."
Il y a plus sérieux. Quand Hemingway écrit à Dos Passos : "Au nom du ciel, n’essaye pas de faire le bien. Continue de montrer les choses telles qu’elles sont. Si tu réussis à les montrer telles qu’elles sont réellement, tu feras le bien. Si tu essayes de faire du bien, tu ne feras pas le moindre bien, pas plus que tu ne montreras ce qui est bien", il règle d’un seul coup le problème de la morale en littérature et de l’engagement. Sur Madame de Sévigné, sur Genet, sur Nabokov, sur Saint-Simon, sur tant d’autres, Sollers dit des choses qui ont la chance assez rare d’être à la fois brillantes, savantes et justes. Elles éclairent à chaque coup l’écrivain dont il parle et, au-delà, un peu du mystère de la littérature. C’est peut-être sur Proust que les pages de Sollers, appuyées sur les textes, sont le plus passionnantes. À Morand, dont il a préfacé Tendres stocks, Proust écrit : "La littérature à pour but de découvrir la réalité en énonçant des choses contraires aux vérités usuelles." Wilde fait quelque part une remarque très comparable. "J’ai eu le malheur, dit encore Proust, de commencer mon livre par le mot je et aussitôt on a cru que, au lieu de chercher à découvrir des lois générales, je m’analysais au sens individuel et détestable du mot" Conclusion : ce n’est pas tant d’un microscope, comme on le répète si souvent, que se sert Marcel Proust, mais d’un "télescope braqué sur le temps" et sur les profondeurs de l’écriture et de l’âme, "là où les lois générales commandent les phénomènes particuliers aussi bien dans le passé que dans l’avenir".
Sollers, qui a si souvent épousé la mode — mais on connaît sa défense, qui n’est pas si loin de celle de Mitterrand à Vichy : c’était pour rire, pour se moquer, pour jouer double jeu et pour faire éclater, agent secret du temps, les choses de l’intérieur —, n’est pas vraiment tendre pour le monde d’aujourd’hui "où plus personne ne sait presque plus rien sur rien et où l’enseignement des lettres atteint des abîmes d’oubli". À propos de Voltaire qui donnait des Français une définition un peu rude : "Un composé d’ignorance, de superstition, de bêtise, de cruauté et de plaisanterie", commentaire de Sollers : "Qui ne voit qu’on pourrait désormais l’appliquer à l’humanité entière ?" Il va un peu plus loin quand il oppose notre temps au XVIIIe siècle où la guerre du goût ne cessait d’être gagnée : "Comme nous sommes, oui, dans une époque lourde, analphabètes et tristes (celle du populisme précieux), tout doit avoir l’air authentique et démagogique, alors que règne, sous couvert de cœur, une froideur rentabilisée. La brutalité d’un côté et le sentimentalisme de l’autre ont remplacé la sensibilité et l’ironie du goût." Sollers est un classique rebelle et farceur, doué comme pas un, toujours le premier de la classe, assez peu P. C. — "Politiquement correct" — et qui refuse de s’ennuyer.
Pour lui comme pour Stendhal, "l’essentiel est de fuir les sots et de nous maintenir en joie". Entre la littérature et lui se sont tissés des liens de gaîté, d’intelligence et de non-conformisme. Quelle chance pour lui ! quelle chance pour nous ! et quelle chance pour la littérature — pour la bonne littérature — qu’il aime et qu’il fait aimer et pour laquelle il se bat avec une savante allégresse qui ne s’en laisse pas conter. »

Jean D’Ormesson, Le Figaro Littéraire, 4 novembre 1994 (repris dans Odeur du temps, 2007).

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D’Ormesson

Grâce au Figaro et à une publicité intensive, Jean d’Ormesson s’empare de la bibliothèque, rééditions et préfaces à tout-va, volumes en vente pour 9,90 € chez tous vos marchands de journaux. Belle photo de trois quarts, l’œil bleu étincelant d’horizon et surtout de ces 10 centimes que vous économisez grâce au partenariat de France 2 et de France Info.

Voici donc des publications de référence des grands classiques avec 32 pages de documents inédits. Jean d’Ormesson est ainsi, tour à tour, Maupassant, La Fontaine, Molière, Stendhal avant d’être également Zola, Flaubert, Hugo, Dumas, Beaumarchais, etc. Il n’y a pas de raison que ça s’arrête. L’entreprise, en pleine crise, est un génial retour aux fondamentaux.

Faites confiance à Jean d’Ormesson et à l’Académie française. A propos de Molière, notre séduisant académicien écrit curieusement : « Au même titre qu’Hugo, que la Déclaration des droits de l’homme, que la baguette de pain et que le béret basque, Molière est un des mythes fondateurs de notre identité nationale. » Je ne vois pas le rapport entre Molière et le béret basque, mais j’ai sûrement tort. Molière a écrit Le Bourgeois gentilhomme. Jean d’Ormesson, avec générosité, vous donne l’exemple incontournable du gentilhomme bourgeois.

Philippe Sollers, Le journal du dimanche du 26 avril 2009.

Jean d’ Ormesson, Une autre histoire de la littérature française I, II

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Un seul héros, à part moi...


Mitterrand, d’Ormesson, Aragon.
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Intervention.
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[...] Un seul héros, à part moi, se dégage de l’histoire contemporaine, Jean d’Ormesson, implacable vivant, qui, après avoir incarné François Mitterrand au cinéma [5], met en scène son double historique qui n’est autre que Napoléon, et qui va bientôt, partout, incarner Aragon, mort glorieusement assis au Comité central du Parti communiste français. Voilà un résumé d’histoire dont on peut attendre que L’Express tire toutes les leçons, sous la plume du beau Jérôme Dupuis. L’interminable agonie du Parti communiste français devait donc passer par Mitterrand et Bousquet, Aragon et le Comité central du Parti communiste, pour la plus grande gloire de la confusion américaine généralisée, dont le sinistre et croûteux peintre Edward Hopper, loué partout dans la presse colonisée française, montre déjà le visage désastreux, au moment où surgit la grande peinture de De Kooning et Pollock, inspirée par la liberté européenne de Picasso. [...]

On trouve cette citation dans une vidéo du dimanche 14 octobre 2012, 19h30.

Fugues

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Fugues : « Je ne vois pas l’apocalypse, je vois l’aurore »

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[1Cf. Le Monde.

[2Émission introuvable.

[3Voeu tardivement exaucé. C’est Godard qui lui offrira un premier rôle furtif dans Éloge de l’amour, en 2001. D’Ormesson jouera ensuite le rôle de Mitterrand dans Les saveurs du palais (2012). A.G.

[4Photogramme du documentaire Empreintes.

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1 Messages

  • Viktor Kirtov | 7 décembre 2017 - 17:08 1

    Voici l’image collector du Figaro littéraire du vendredi 4 novembre 1994, en écho du texte ci-dessus


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    Nous devons ce document à Eric Cotheret qui a nous gracieusement fait don de ses archives sur Sollers, il y a quelques années déjà : deux chemises pleines de coupures de journaux. Cadeau précieux et royal pour nous. Qu’il en soit à nouveau remercié, ici. Collectionneur né, Il est aussi le créateur du site Biblioparfum.net « Le site dédié aux livres sur le parfum ».


    Deux chemises de coupures de journaux, don d’Eric Cotheret
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