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Roland Barthes, de Tiphaine Samoyault

Entretiens

D 7 février 2015     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Roland Barthes », de Tiphaine Samoyault. À partir d’un matériau inédit, cette monumentale biographie éclaire d’un jour nouveau 
les engagements de Roland Barthes, figure centrale de la pensée de son époque.

Figure centrale de la pensée de son temps, Roland Barthes (1915-1980) était aussi un être à la marge. Un père mort à la Première Guerre, l’amour inaltérable d’une mère, de longues années passées en sanatorium, la découverte précoce de son homosexualité lui donnent très tôt le sentiment de sa différence. Il a vécu à distance les grands événements de l’histoire contemporaine. Pourtant sa vie est prise dans le mouvement précipité, violent et intense de ce siècle qu’il a contribué à rendre intelligible.

Fondée sur un matériau inédit jamais exploré jusqu’ici (archives, journaux, agendas), cette biographie de Barthes éclaire d’un jour nouveau ses engagements, ses refus, ses désirs. Elle détaille la quantité des objets dont il a parlé, les auteurs qu’il a défendus, les mythes qu’il a épinglés, les polémiques qui ont fait sa célébrité, l’écoute des langages de son temps. Et sa puissance d’anticipation ? : si on aime tant le lire encore, c’est qu’il a exploré des territoires originaux et qui sont aujourd’hui les nôtres.

Le récit de sa vie donne de la substance et de la cohérence à la trajectoire de Barthes, conduite par le désir, la perspicacité et une extrême sensibilité à la matière du monde. À quoi on peut ajouter une forte réticence à tout discours d’autorité. En faisant reposer la pensée sur le fantasme, il a fait d’elle à la fois un art et une aventure. Entrer dans sa vie, approcher la forme de son existence aident à comprendre comment il fut écrivain et comment il fit de la littérature la vie même. Le Seuil.

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Entretiens radiophoniques avec Tiphaine Samoyault

1. La Grande Table, 29-01-15.

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2. La Suite dans les idées, 07-02-15.

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Tiphaine Samoyault : « L’écriture devient une promesse »


Tiphaine Samoyault SB © RADIO FRANCE Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

Aliocha Wald Lasowski — Comment comprendre l’expression «  enragé du langage  », qu’emploie Maurice Nadeau à propos de Roland Barthes dans Combat, en août  1947  ?

Tiphaine Samoyault — Lorsque Nadeau rencontre Barthes, grâce à Georges Fournie, trotskiste comme Nadeau et qui, à sa sortie de Buchenwald, s’était retrouvé au sanatorium de Leysin avec Barthes, il est stupéfait par l’intelligence du jeune homme. Il faut dire que, pendant toutes les années de sana (presque six ans), Barthes n’a cessé de lire, d’écrire, d’accumuler des milliers de fiches, en particulier sur Michelet et sur Marx. Tout son rapport au monde passe par les mots, et il est conscient que le bouleversement du monde après 1945 incite à promouvoir un autre rapport au langage. Nadeau lui demande d’écrire pour la page littéraire qu’il tient dans Combat. Il offre ainsi à Barthes un espace privilégié  : le journalisme issu de la Résistance qui va l’introduire très vite dans le milieu intellectuel. En retour, Barthes lui propose une réflexion d’avant-garde sur la responsabilité de la littérature, en dialogue direct avec Sartre. «  Enragé du langage  » veut dire que Nadeau a bien compris l’ambition de Barthes de rendre inséparables pensée et écriture.

Vous montrez aussi la manière dont Barthes, dans les années 1960, poursuit son travail de découverte de la littérature, et conjugue alors l’étude des classiques, du contemporain et de l’avant-garde…

Tiphaine Samoyault — Pour Barthes, il n’y a pas de franche opposition entre classiques et modernes. Aimer la littérature, pour lui, c’est aimer sa modernité, sa manière de dire le monde à neuf, sa puissance d’expression et de préfiguration  : aussi bien Racine que Michelet, Baudelaire que Cayrol, Proust que Sollers. Même si, par goût, Barthes préfère lire Proust, il ne veut pas exalter son œuvre contre la littérature présente. On le sait, personne n’a été aussi extraordinairement attentif que Barthes à son époque, à tous ses signes  ; il entreprend de critiquer tout ce qui relève du tout fait, du prêt-à-penser, de la doxa. Et souvent, c’est la littérature qui l’aide à le faire. La position du moderne n’est pas une place, ni une idéologie, mais la conviction d’une capacité de la littérature à poursuivre son action sur le monde. Il est tout simplement moderne, c’est la raison pour laquelle on le lit toujours. Son œuvre peut être un antidote aux pressions médiatiques proposant des images négatives, des fantasmes délirants et la ­destruction de toute communauté politique.

Que représente pour Barthes l’année 1977, avec son entrée au Collège de France, et la coupure déchirante, avec la mort de sa mère  ?

Tiphaine Samoyault — Il y a plusieurs années charnières dans sa vie  : l’année 1955, où il s’engage aux côtés de Sartre contre Camus  ; 1966, celle de la polémique avec Picard et de la découverte décisive du Japon  ; 1977 est celle de la parution des Fragments d’un discours amoureux, moment de forte reconnaissance publique, qui met en scène un autre genre de déchirement, celui de la passion amoureuse. Cette césure ouvre aussi sur autre chose, sur une vie nouvelle, une «  Vita nova  », comme il le dit après Dante. La mort d’Henriette Barthes précise le désir d’écrire  : ­l’obsession de lui laisser un monument traverse toutes les notes de cette période. Une équivalence se forme entre la mère et la ­littérature, dans ce projet de roman précisément intitulé Vita nova, que la mort accidentelle en 1980 vient interrompre. Les deux dernières années sont ainsi, pour Barthes, celles où l’écriture devient un engagement, une promesse, le désir intense (sans doute le dernier fantasme) de réaliser une œuvre qui soit ce monument.

Entretien réalisé par Aliocha Wald Lasowski, L’Humanité, 19 janvier 2015.

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Politique de la nuance

Lire l’article de Yannick Haenel sur l’essai de Tiphaine Samoyault, page 10.

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Rencontre avec Tiphaine Samoyault, Bertrand Galimard Flavigny et Laurent Danchin

Revue Transfuge


Rencontre avec Tiphaine Samoyault, Bertrand... par TRANSFUGE-magazine

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Tiphaine Samoyault s’entretient avec Yannick Haenel

Séance du séminaire « Fiction littéraire contre Storytelling : formes, valeurs, pouvoirs de la littérature aujourd’hui », 22 mai 2015.

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GIF Bibliographie de Tiphaine Samoyault au Seuil
GIF Travaux et publications

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