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La main et la pensée

Quel avenir pour le livre et la littérature à l’ère d’Internet ?

D 28 février 2011     A par Viktor Kirtov - C 14 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


08/03/11 : ajout dessin.

Sollers dans les basques de Martine Aubry ? Le 18 février, France 5 programmait le numéro d’Empreintes qui lui était dédié avec l’épisode « Martine aux origines basques ». La veille, il chassait sur ses terres dans une conférence, au Palais des Beaux Arts de Lille, organisée par la Villa Marguerite Yourcenar, gérée par le Conseil général du Nord. Avec Josyane Savigneau [1]
Le thème :« Quel avenir pour le livre et littérature à l’ère d’Internet ? »

Pas un thème à remplir les urnes, ni à mobiliser les foules, ni à inspirer les échotiers de la Voix du Nord., hors le site du Conseil Général. Pas plus que les échotiers parisiens ne rendent compte de ses prestations, pourtant inspirées, au Collège des Bernardins. Ce n’est donc pas là, qu’il faille chercher un indice de la portée de ce qui se dit dans ses conférences.

Mais diable, Sollers en évangéliste du Net, difficile à imaginer, lui qui abhorre la technologie, qui ne s’est pas converti à l’ordi, et ne fait confiance qu’à la main pour écrire. Juste une concession à la « machinerie technique » — comme il désigne toute cette quincaillerie — avec une vieille machine à écrire pour la « mise au net » ...et ses amis Georgi Galabov et Sophie Zhang pour l’autre « mise au Net », car l’homme s’est récemment converti à la grand messe Internet.
... Et au royaume du Net, comme au royaume de Dieu, l’ouvrier de la 25ème heure doit être traité sans discrimination par rapport à son rang d’entrée. Les derniers seront les premiers, précisent même les Evangiles à l’endroit de ceux qui se croiraient autorisés à traiter avec quelque supériorité, les derniers convertis.

... Quand même, c’est un peu comme demander au pape une conférence sur le thème « Quel avenir pour la religion et le culte de Marie au temps de l’amour libre ? »
C’est avec ce mélange de scepticisme et de curiosité que j’ai abordé cette conférence, sachant aussi, que l’homme a quelques ressources rhétoriques, et le don de la parole. Des capacités, qui, en d’autres temps auraient pu en faire un prédicateur de l’ordre des Frères Prêcheurs,
Qu’allait nous dire Frère Philippe ?

Le site du Conseil Général nous prévient :

« Il s’est vite avéré que le sujet proposé ne serait pour Philippe Sollers qu’un prétexte à broder avec talent sur ses sujets de prédilection : la littérature, la langue française, la liberté et la révolte.

Josyane Savigneau tenta bien, souvent avec humour, de ramener la discussion sur les rails en évoquant tour à tour les réflexions de l’universitaire américain Robert Darnton, le débat « livre contre IPad » (« qui est idiot à mon avis ») ou la conservation des supports numériques (« il y a beaucoup plus de déperdition qu’avec le papier »).

Néanmoins, entre les digressions, telle l’histoire du Manuscrit de Casanova (« écrits en français, et j’étais le seul à en faire la remarque ! »), Frère Philippe a rappelé quelques vérités premières, aussi le mieux n’est-il pas de l’écouter dans ses oeuvres ? Puis ensuite, de passer au commentaire !

La littérature est faîte pour être entendue

Je crois très profondément
que ce qu’on appelle la littérature,
la littérature,
est faîte pour être en-ten-due,
ce qui fait que toute fixation à l’écran,
à la machinerie technique...
qui est extraordinairement intéressante,
il n’y a pas de semaine ou grâce à mes amis
Georgi Galabov et Sophie Zhang
qui sont là
on ne mette au point sur philippesollers.net
des choses qui sont immédiatement transcrites.
Il viennent de me dire que les consultations de Chine ne cessent d’augmenter.
On est au coeur de l’époque
c’est-à-dire qu’il faut aller dans la communication
de ce qu’on a écrit
pour le faire circuler

Dans la solitude de l’écrivain
ce qui compte
c’est l’écoute,
c’est la voix.
Ce qui compte avant tout
c’est la parole qui s’écrit et qu’il faut entendre.
Le problème doit être posé non pas quel est l’avenir de la littérature
à l’heure d’Internet ou des nouvelles technologies mais,
qui sera capable d’entendre ou de ne pas entendre les informations qu’il a sous les yeux
c’est-à dire, qui peut éventuellement sortir
de quelque chose chose d’absolument dictatorial, d’une certaine façon,
la communication, c’est-à dire :
messages simples ,
oubli de la plupart des mots
communication intensive
commerce, etc., etc.

Il y a toujours eu très très peu de lecteurs.
Pourquoi s’imagine t-on qu’il y en a eu ou qu’il y en a beaucoup ?
C’est faux.
Chaque lecteur doit être extraordinairement fier de pouvoir lire un livre.

La main et la pensée

(Passéiste où sage ? A la question « Où allons nous ? » Sollers retourne en fait la question et répond par « D’où venons nous ? »)

...alors je vais vous dire...
la main est très importante et elle est très en danger
la main, en même temps que la parole.
Je vais vous citer un texte, qui date d’il y a longtemps déjà,
de Heidegger,
qui pose la question d’une façon extraordinairement prophétique

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Philippe Sollers ajoutant quelques mots à son manuscrit en cours
(Documentaire "Empreintes")
« Dans sa provenance essentielle, dit-il,
L’écriture est le manu-scrit
Nous nommons l’appréhension et la perception décelantes de la parole écrite
« Lire » c’est-à dire recueillir, récolter (« glaner »)
en grec legein, logos ; mais ce mot est, dans la pensée initiale, un nom
pour l’être lui-même
logos
 [2]

(Voici ce qu’il dit, écoutez bien)

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Heidegger écrivant.
Être, parole, lecture, écriture, nomment
une connexion d’essence originaire
à laquelle appartient,
la main qui écrit et montre
Dans l’écriture manuscrite,
le rapport de l’être à l’homme,
à savoir la parole
est inscrit dans l’étant lui-même
 [3]

(Alors ça c’est très important.
On va aller, maintenant, vers ce qu’est le manuscrit
...qui prend de plus en plus de valeur,
à mesure que, justement, il est en train de disparaître
dans la communication technique)

Lorsque l’écriture fut arrachée à son origine essentielle,
c’est à dire à la main,
et lorsque l’acte d’écrire fut transféré à la machine,
une mutation est advenue dans le rapport de l’être à l’homme

Il importe peu, relativement à cette mutation,
de savoir combien d’hommes utilisent la machine à écrire
ou si certains n’en faisaient aucun usage...
 [4]

(Internet et compagnie, tout ça c’est la continuation de la même mise en technique de l’écriture)

Que l’invention de l’imprimerie coïncide avec le début de l’époque moderne
n’est nullement un hasard
 [5]

(Nous pourrions dire, aujourd’hui, que l’invention d’Internet, etc., etc., tout ce que vous voulez...,
se produise aujourd’hui, n’est nullement un hasard,
c’est-à dire que depuis l’imprimerie, quand même, il s’est passé beaucoup de choses .
et on ne peut pas dire que ça n’a pas énormément changé les choses...
Voilà ce qu’ajoute Heidegger :)

Les signes qui forment les mots deviennent des caractères
le trait de l’écriture disparaît,
les caractères sont composés,
ce qui est compose est mis sous presse.
Ce mécanisme de la composition
de la presse et de l’impression est le prélude à la machine.
A travers elle, le mécanisme fait irruption dans le domaine de la parole,
la machine à écrire conduit à la machine à composer,
la presse devient la rotative.
Dans la rotation, le triomphe de la machine se manifeste.
 [6]

(...C’est déjà très ancien, c’est plus de 70 ans !) [7]

Tout d’abord, l’imprimerie puis la machine à écrire
apportent des avantages et allègent...

(Et oui ! Et le Net aussi, toute la technique aussi...
c’est des avantages considérables.)

... et apportent des avantages et allègent les tâches
puisque toutes deux inclinent, sans qu’il y paraisse,
les exigences et les besoins,
vers ce mode de communication écrite.

La machine à écrire voile l’essence de l’écriture  [8]

(La machine à écrire, Internet, tout ce que vous voulez)

Elle retire à l’homme le rôle essentiel de la main
Sans que l’homme fasse l’épreuve de ce retrait,
Ni qu’il reconnaisse à travers lui
Une mutation du rapport à l’être
S’est déjà produite
 [9]

Je vous ai pris ça, parce que ça m’a frappé en relisant le livre de Heidegger sur Parménide qui est un des plus beaux qu’il ait écrit,
et je trouve que la question est parfaitement posée.

la main et la parole sont absolument liées, dans l’écrit, etc.
Alors la question c’est
qui est désormais visé,
au-delà...
des procédures techniques
il n’y a rien à craindre
du téléphone, de l’électricité, du chemin de fer, de tout ce que vous voulez, de la machine à écrire, des Iphones, des Ipad..!
ça n’a aucune importance

Le problème est de savoir
qui est là,
qui est réveillé par rapport à ça,
et qui en fait quelque chose
pour la parole silencieuse qu’est la littérature,
qui est une parole
mais on n’a pas besoin de nous la dire à l’oreille
ou alors, comme disait Céline,
vous aurez l’impression qu’on vous parle directement dans l’oreille,
mais c’est une parole silencieuse.

Donc, peu importe , au contraire, c’est très très bien que tout le monde se serve du Net,
que tout cela explose.
...Comme toujours, il y aura très, très peu de personnes qui trouveront là,
à travers la source d’information,
quelque chose de leur vie interne, de leur vie profonde,
ce que, en principe, la littérature doit leur apporter

La question qui se pose c’est que
la main étant liée à la parole
Il faut savoir si ce dessaisissement de la main
n’appauvrit pas , de façon très mécanique,
l’écoute et la parole ?

Quelqu’un qui a perdu sa main,
c’est comme un peintre qui perdrait son pinceau
si vous voulez.
D’ailleurs c’est en cours
La plupart des peintres d’aujourd’hui font des installations
et ne savent plus dessiner,
comme vous savez très bien.
C’est ce qu’on appelle l’art contemporain,
ou la bouillie qui s’installe, comme ça.
C’est sensible dans tous les arts
Il y a quelque chose qui racornit, qui empiète
sur la conscience que l’être humain peut avoir de son essence essentielle.

C’est tout ce que je dis.
C’est comme ça que je sens profondément les choses.
C’est pas grave non plus

... Ce qui est impliqué de pensée
dans la littérature
peut, pourra provoquer des surprises considérables
Et là, je crois que l’Internet est plus quelque chose qui déclenche un désir de liberté,
on en a la preuve tous ces jours-ci ;

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Bien sûr que j’y suis, sauf, c’est vrai, sur Wikileaks. Preuve que mes masques sont efficaces !
... Pas encore découverts mes activités d’agent secret (Le Coeur absolu, etc...), pourtant il suffit de me lire. Nous sommes dans une période d’illettrisation montante. On ne sait plus lire !

Que toute une classe politique s’effondre,
qu’il y ait des révolutions
à cause de Facebook et d’Internet,
c’est ahurissant...

[...]

...ce qui est très bon pour la littérature
qui par définition est un appel à la liberté,
c’est justement ce qui est en train de se passer.

...que La plupart des jeunes - oui parce que les autres sont pourris depuis longtemps -
ont intérêt à se renseigner, et Ils prennent Facebook etc, et ils vont aller consulter mon site...
(Josyane Savigneau intervient pour signaler qu’il existe aussi un autre site sur Sollers. Merci Josyane !)
...Il y en a un deuxième, en plus, ils sont indépendants, et, bizarrement, ils ne me critiquent pas (confirme Sollers)
...Vous voyez bien que ça m’intéresse considérablement.
puisque avec mes amis ici, présents, on a fait des tas de choses qui sont dédiées,
impliquées dans la technique la plus sophistiquée
D’ailleurs Ils sont là, ils sont en train de filmer.
Et, nous allons voir ce que nous allons tirer de notre conversation,
ici ou là,... donc que l’on va basculer sur le Web.
On remercie tout le monde d’être là,
vous êtes vraiment merveilleux d’être venus,
mais en réalité c’est pas si grave,
on pourrait enregistrer
— merci aussi beaucoup d’être là —
on pourrait enregistrer et basculer sur le Net
...L’avenir du livre et de la littérature, on s’en occupe tout le temps
Voilà ce que je voulais dire.

.... (question de Josyane Savigneau, inaudible)
.... « En croyant lire », entend-t-on Philippe Sollers répondre.

*

Livres :
Philippe Sollers, Trésor d’amour, Gallimard. (Le livre sur amazon)
Josyane Savigneau, Marguerite Yourcenar : l’invention d’une vie, Folio. (Le livre sur amazon)
Robert Darnton, Apologie du livre : demain, aujourd’hui, hier, Gallimard.(le livre sur amazon)

Crédit :
Conseil Général du Nord
Lille Métropole
Philippe Sollers


En guise de réaction à l’exposé de Philippe Sollers

Ce n’est pas le flacon qui fait l’ivresse

A propos de la version sollersienne du « ce n’est pas le flacon qui fait l’ivresse », comment ne pas adhérer à une telle vérité d’évidence. Judicieux rappel implicite que la littérature a commencé par la parole avant d’être écrite et le magnifique poème du Cantique des cantiques est là pour nous le rappeler.

Mais cette leçon de sagesse ne doit pas pour autant nous enfermer dans une vision passéiste et réductrice de la révolution qui a débuté avec l’ère Internet, un mot valise tellement sollicité qu’il provoque allergie ou indifférence à force d’avoir trop servi, une valise de banalités, même si quelques voix ont trouvé les mots pour qualifier cette révolution d’« aussi importante que celle qui a fait passer l’homme de la cueillette et la chasse à l’agriculture et l’élevage, autrement dit du paléolithique au néolithique ». C’est Michel Serres. Un penseur qui est utilisateur de la technologie dont il parle, qui la vit de l’intérieur, et du c ?ur du pays où elle a explosé, l’Amérique où il enseigne. Ce qui donne quelques lettres de crédit à ce qu’il en dit.

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Littérature et communication

Passons sur « la machinerie technique », où l’on peut entendre le dédain dans lequel Sollers tient la technique en général, mais c’est pourtant cette mal aimée qui a permis de passer du cru au cuit, de tailler le silex, d’imprimer des livres et d’ouvrir l’esprit de l’homme à la conquête du ciel et des étoiles...
Autre réduction sollersienne : Oui à la fonction de « communication » (pour faire connaître la Littérature )
Mais plus loin, on comprend que ce oui est en même temps un non à la littérature utilisant cette machinerie, au moins une grande réticence. L’argument avancé est « on ne lit pas 150 pages de La Recherche en une soirée », donc on n’a pas besoin de la vitesse.
Je n’irai pas lire La Recherche, sur écran, aujourd’hui, et en ai un peu développé les raisons, à propos de la version numérique de Trésor d’amour, mais la rapidité n’est en rien le critère d’objection. Et La réseautique ouvre bien d’autres portes que celle de la communication. (de la communication technique dit Philippe Sollers ).

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Réseautique

Pour ne plus utiliser ce terme Internet, trop usé, et répulsif par certains côtés et pour certains, vais en utiliser un autre « réseautique » qui n’est pas meilleur, mais a les couleurs d’une robe neuve (avant de devenir usée, ou simplement vieillie comme les autres). Réseau, comme interconnexion, groupe, échange, solidarité, extension du domaine de l’individu...
réseau comme réseau neuronal, extension du réseau neuronal de l’homme,
extension de la mémoire, externalisation de la mémoire humaine...

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L’homme est en train de sortir de l’espace de son corps

Si la pensée a quelque chose de lié avec la mémoire - la base de connaissance - alors cette réseautique est en train de toucher à quelque chose d’essentiel, aux mécanismes de la pensée, elle-même. Cette machinerie physico-électrico-chimique qu’est notre réseau neuronal qui devient capable d’interagir avec une mémoire externe, presqu’à la même vitesse et avec la même associativité. Est-ce qu’on peut le dire ?
Vitesse ? On n’en est pas loin. Les temps de réponse du cerveau s’expriment en millisecondes, ceux de Google en dixièmes de seconde.
Asociativité ? Les algorithmes de recherche de Google, par contre, sont encore loin des algorithmes associatifs du cerveau.
Mais, l’’homme est en train de sortir de l’espace de son corps ! C’est nouveau, c’est révolutionnaire, et nous ne sommes qu’au début du néolithique de la réseautique. La littérature, cette invention de la pensée humaine ne peut que suivre la même évolution, au sens de l’évolution de l’espèce.

J’entends les tenants de la littérature classique, dire à propos de l’externalisation de la mémoire, qu’elle a commencé depuis belle lurette, depuis que l’homme parle, dessine et écrit, sur la paroi des grottes , sur les morceaux de calcaire, ces « calculi » (ceux dont on fait les calculs arithmétiques ...et les calculs biliaires), ceux sur lequel l’homme écrivait le décompte de ses transactions ou bordereaux de livraison : tant de vin , de blé, de têtes de bétail... certifié conforme ! Sans parler de l’imprimerie. Oui certes, mais cette mémoire était localisée, non instantanée, et les moteurs de recherche encore à l’état d’ébauche très sommaire, vous en conviendrez. Sans parler de la capacité de cette mémoire minimaliste d’alors, face à la mémoire expansionniste qui nous est maintenant accessible, au bout des doigts - preuve que la main est encore loin d’avoir perdu de son pouvoir - une mémoire en expansion fantastique... à l’image de l’expansion du cosmos. L’homme qui devient un cosmos dans le cosmos, l’homme qui se fait poupée russe...

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Encyclopédie

La littérature, avec Diderot et d’autres, a aimé flirté avec l’Encyclopédie. Sollers aussi. Il l’a dit quelques fois. La Guerre du Goût et Eloge de l’Infini sont pour lui des contributions à la Grande encyclopédie de la littérature. La littérature comme grand livre qui continue à s’écrire. La littérature qui continue aussi à s’écrire sur le mode critique, celui où excelle Sollers dans les deux ouvrages cités.
C’est le Credo de Sollers. Là encore on ne peut qu’applaudir à cette déclaration de principe, mais qui peut penser que le genre encyclopédique littéraire ne va pas entrer dans le tourbillon de la réseautique, et que les forces centrifuges et centripèdes vont lui donner un nouveau modelé, autrement dit, le transformer. Que sera devenue l’encyclopédie de littérature générale publiée à Pékin vers 2050 où il aimerait figurer avec la mention « Sollers (Philippe) : écrivain européen d’origine européenne qui très tôt s’est intéressé à la Chine ». Peut-être qu’il n’y aura pas beaucoup plus ? Peut-être que quelques clics ou geste du doigt permettront d’accéder à son oeuvre entière, et lui qui se plaint que la critique ne s’intéresse pas assez aux personnages féminins de ses oeuvres, sur un nouveau geste du doigt, ou un clignement d’ ?il à l’endroit de ses héroïnes, ouvrira tout ce qu’il a écrit sur Ysia, ou Déborah, ou Dora..., tout ce que les critiques en ont dit, rapprochera ces écrits dans le contexte des relations franco-chinoises au moment où Ysia travaillait pour l’Ambassade chinoise à Paris, ou...

Sollers a toutefois raison de ne pas se lancer dans la prospective, toute projection des spécialistes ou non s’est le plus souvent avérée démentie par les faits. Et celle-ci-dessus n’y échappera pas non plus. Savez-vous quelle application commerciale avaient imaginée les créateurs du téléphone, ceux qui ont fondé la « Bell téléphone », l’application qui leur permettrait de récupérer les dépenses de recherche au centuple ?
- Parler à distance. Le téléphone d’aujourd’hui ?
- Non ! ...La diffusion à distance de concerts ... L’audience allait être multipliée...
Mais comme pour la lecture et la littérature, le nombre d’auditeurs reste limité.
Toutefois, le vynil, le CD et l’Internet ont quand même fini par élargir la base de l’audience.
Pourquoi la littérature, le livre ne suivraient-ils pas ce modèle ?

Sollers aurait quand même pu actualiser sa boutade sur l’encyclopédie chinoise, ne serait-ce que par une autre boutade. Il aurait pu nous dire qu’outre l’accroissement des visiteurs chinois sur son site officiel, les idéogrammes chinois qui ont longtemps freiné l’utilisation de l’informatique en Chine, reprennent du service, en force, dans les SMS. Là où le français et l’anglais utilisent un mini vocabulaire dégradé, les téléphones chinois proposent, à partir de quelques frappes, de choisir entre différents idéogrammes. Et comme un dessin en dit plus qu’un long discours, a fortiori ces « Short Messages » en disent plus en idéogrammes qu’en caractères alphabétiques. Un autre volet de la puissance du chinois dans l’univers réseautique, en somme ! Attention : danger ! ...Quand ces petits messages deviennent « l’étincelle capable de mettre le feu à toute la plaine » ! ...Ou quand ces gadgets, jugés avec dédain pour leur pauvreté sémantique ...quel intérêt, à quoi sert de demander « Où t’es ? »
...A indiquer le rendez-vous pour la prochaine révolution !
Ceci n’a pas échappé à Philippe Sollers mais il n’en tire pas toutes les conséquences, parce qu’il ne baigne pas dans cette eau là, parce que ce n’est pas son milieu naturel.
Les révolutions de la « machinerie technique » ne sont, c’est vrai, que des outils et des allumettes...

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La conversion de Sollers au Web

Philippe Sollers a son site officiel. Preuve que je suis « au c ?ur de l’époque », « grâce à mes amis
Georgi Galabov et Sophie Zhang, qui sont là »
Il existe aussi un autre site fait remarquer Josyane Savigneau.
Oui il s’agit d’un site indépendant confirme Sollers.
Merci à Josyane Savigneau et à Philippe Sollers d’avoir ainsi fait référence implicite à pileface, puisqu’il s’agit bien de notre site.

Précisons toutefois que pileface a été crée en 2005, avant que Philippe Sollers n’ait jugé opportun d’être aussi présent sur le Net avec un site officiel. Néanmoins, certains dépôts de vidéos sur le Net semblent avoir commencé tôt, sur YouTube, et ces premières vidéos pourraient bien porter l’empreinte de Sollers-Voltaire...

On peut ajouter que le fait d’être un site indépendant et l’angle de vue qu’a choisi pileface, « sur et autour de Sollers », nous permettent de donner un éclairage que nous ne retrouvons pas sur le site officiel. Et les textes sont présentés avec illustrations, liens et mises en contexte de commentaires tiers ou les nôtres, propres [10].
Reconnaissance indirecte et marginale, Il arrive même que des auteurs et des textes publiés sur pileface le soient ensuite dans la revue l’Infini. Le Web affluent de la littérature ? C’est trop, pour un si petit ruisseau, ici, mais les petits ruisseaux....

...Comment donc Philippe Sollers s’est-il converti au Web ?
...J’aurais aimé que ce côté anecdotique soit aussi abordé dans sa conférence, - puisque l’on peut s’y permettre des apartés hors sujet, sur la politique ou autre (et c’est tout l’art de l’orateur qui doit « tenir » une salle , ce que sait bien faire Sollers ). J’aurais aimé entendre Julia Kristeva lui parler directement dans l’oreille...

D’un côté une universitaire qui a adopté naturellement les outils de son temps, l’ordinateur, la messagerie électronique, le Web... Elle avait son site officiel avant Philippe Sollers. Et la filiation des deux sites saute aux yeux : le site officiel de Philippe Sollers est le petit frère de celui de Julia Kristeva, — ou PhilippeSollers.net est l’enfant de sa femme — comme vous voudrez, nouvelle version du thème de la Trinité cher à l’auteur.

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Julia Kristeva - Maison de l’île de Ré
(Documentaire Empreintes)
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Philippe Sollers (documentaire "Empreintes")

Et la Trinité reste encore un grand mystère, une grande source de questionnement malgré - ou à cause de - tout ce que nous en a dit Sollers. Et toute son oeuvre plaide en faveur de l’idée que la littérature et la lecture doivent garder leur part de mystère, invitation à l’ouverture d’esprit et non à la fermeture. Le Web est aussi une invitation à ouvrir les fenêtres et à regarder ailleurs. En littérature. Comme en art. Conversion utilitaire ou esthétique (la preuve de Dieu selon Ph. S.? [11]. Réponse :

Ca n’a aucune importance !
Le problème est de savoir « qui est réveillé par rapport à ça, et qui en fait quelque chose »

certes, mais c’est une sacré fenêtre sur le monde,
une sacré bouffée d’air !
De quoi en réveiller quelques uns
et en faire quelque chose
...pour éviter le syndrome de la grenouille (à écouter dans les extraits.)

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La littérature et la lecture sont élitistes

Oui !
Pas de raison que ça change, sauf que les sociologues ont bien noté que les révolutions - comme celles que l’on a vues en France, en Russie, en Amérique du Sud et maintenant en Afrique du Nord - se déclenchent quand le niveau d’éducation a atteint un niveau significatif de la population.

Littérature, lecture élitiste certes, mais la base élitiste s’élargit avec la diffusion et l’accès à la connaissance et à la culture. Effet mécanique.

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La main et la pensée

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Négatif de main (-27.000 ans avant notre temps)
Grotte Cosquer (Méditerranée).

Oui, la main-outil est devenu un prolongement de la pensée, dans la taille des silex, dans le jeté des lances pour la chasse, dans l’artisanat utilitaire et esthétique, dans le touché de piano, dans le geste du calligraphe et du peintre, dans l’écriture manuscrite.
L’évolution selon Darwin a montré les interactions organe/fonction dans le temps. Des griffes de l’hapocleirus sollers à la patte littéraire du Sollers-écrivain.

Et si l’homme a perdu beaucoup de son odorat par rapport à l’animal depuis qu’il n’a plus à sentir les excréments des animaux pour guider sa chasse vitale du jour, la main, moins sollicitée peut à la longue s’atrophier.

Mais rien n’empêche l’homme de compenser cette tendance évolutive par un développement de ses activités manuelles artistiques, peinture, sculpture, musique... Et puis le clavier sollicite encore activement nos mains !

Mais aussi, l’évolution magnifie plus souvent qu’elle atrophie. Le volume du cerveau humain en est un exemple. Et de là, est-il inimaginable d’ induire qu’un cerveau plus sollicité dans un univers cérébral étendu à la réseautique puisse magnifier ses possibilités ?
De la magnification du cerveau à la pensée, même Darwin, à la lumière de l’évolution des espèces, franchirait sans doute le pas.
Philippe Sollers pourrait nous dire qu’entre-temps, avec l’illétrisation montante, on risque bien d’avoir complètement oublié la littérature..

Pour ma part, je serais plus optimiste. D’abord parce que le pire n’est jamais certain et que même, dans le pire, je veux imaginer un archéologue du futur découvrant dans notre réseautique mise à mal par un cataclysme cosmique ou géologique ou la folie des nouveaux Barbares, une jarre encore intacte qui lui permettra de retrouver la Littérature d’avant l’illétrisation et le grand cataclysme.
(Sollers s’est bien enthousiasmé de la découverte des manuscrits de Qumrân,retrouvés près de Nag Hammadi, en 1945, conservés dans des jarres de terre).


[1Josyane Savigneau,Marguerite Yourcenar : l’invention d’une vie, Folio

[2Heidegger, Parménide, Gallimard, 2011, p. 139. A.G.

[3Idem.

[4Idem, p. 140.

[5Idem.

[6Idem.

[7Le Parménide de Heidegger fut prononcé durant le semestre d’hiver 1942-1943 à l’Université de Fribourg-en-Brisgau.

[8Idem.

[9Idem.

[10Mais rendons à César ce qui est à César, puisque Philippe Sollers connaît notre site, il connaît aussi nos larges emprunts à ses textes. Qu’il soit remercié de sa tolérance ainsi que ses éditeurs.

[11cf. Empreintes

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14 Messages

  • Pierre Vermeersch | 4 décembre 2020 - 18:03 1

    "...il semble que la main, sans être conduite par l’étude ou par l’art, atteigne d’elle même au but que lui assigne le peintre". Baldassare Castiglione, (circ. 1500 ).
    [Cité par H. Damisch,in, L’origine de la perspective, p. 337]

    Voir en ligne : http://theoriedelapratique.hautetfo...


  • Albert Gauvin | 24 mars 2015 - 15:45 2

    Sollers manquerait de... doigté ? Peut-être faut-il relire le très bel article de Frank Charpentier, Les doigts de Médium, dans L’Infini 130 (Hiver 2015, p. 29-34).


  • V.Kirtov | 24 mars 2015 - 11:42 3

    Suite au message d’Hélène Mackay :

    J’ai écouté la version intégrale de l’émission « Ce soir on en parle » sur le thème de l’exemplarité.
    et des mauvais exemples donnés par l’image des mannequins à la maigreur anorexique, les écarts de langage du footballeur Zlatan Ibrahimovic, l’usage de la cigarette…
    Sur le fond, Philippe Sollers a émis quelques messages intéressants : la place du spectacle et de l’argent derrière ces phénomènes etc., « lisez.Roberto Saviano, son livre "Extra pure" sur le trafic de cocaïne... », mais sur la forme, Sollers était à l’image de sa caricature, interrompant tout le monde sans cesse et donneur de leçons. Ces défauts sont gommés dans les extraits issus du site de Philippe Sollers. Ces écarts où l’ironie sollersienne est teintée d’arrogance ont pourtant valu à son auteur deux retours à l’envoyeur de la part de Thierry Lévy d’une part avec :« Sollers qui prend des allures de chanoine et de prêcheur… ». Puis, de Roselyne Bachelot, d’autre part, qui avait dénoncé un clip de très jeunes de banlieue (environ 10 ans) faisant l’apologie de la violence et de la drogue, quand Sollers se déclarait réservé sur cette position, dubitatif avec son sens de la provocation : « … alors il faudrait interdire Macbeth et tout Shakespeare ! » « je vous assure que c’est affreux Macbeth… » Et Roselyne Bachelot un peu excédée, de répondre : « Je connais Macbeth. Je sais lire et écrire… » Puis un peu plus avant… « quel ton méprisant ! »
    Oui, tout ceci n’apparaît pas dans les extraits. Sollers dénonçait les cigarettes « gommées » des photographies… Pourtant, ces écarts mauvais genre, mix d’impolitesse, de suffisance, d’ironie, d’arrogance sont aussi gommés des extraits. Ils font néanmoins partie du personnage médiatique télévisuel, sa marque. Dans sa logique, ces écarts font partie des règles du spectacle télévisuel. Ce qui n’exclut pas de siffler des hors-jeu quand le joueur outrepasse les règles du jeu. Car alors le spectacle est mauvais et il n’y a plus de plaisir.

    Interrompue aussi sans ménagement et avec une grande mauvaise foi, la philosophe italienne Michela Marzano que vous évoquez. A propos du livre de Saviano :
    « lisez Roberto Saviano, son livre "Extra pure" sur le trafic de cocaïne... ». Et Sollers (dans une posture courante chez lui) : « J’en parle, personne ne m’écoute... »
    Michela Marzano : « ...on connaît très bien, j’ai tout lu "Extra pure" »
    - « Vous n’avez pas lu "Extra pure" » - « Dîtes-moi où ça se passe ! »
    - Intervention de l’animateur pour rappeler que le plateau n’est pas un interrogatoire et Michela Marzano dépitée de ce déni de Sollers contre l’évidence : « Je connais Saviano. Je suis italienne...! »

    Parmi les invités, il y avait également la photographe Danielle Issermann. Sollers n’a pas fait état qu’il la connaissait et l’appréciait (voir ICI…).

    Mais vous avez raison en rappelant cette phrase de Denis Vasse : « Il n’y a qu’un seul lieu où ça parle dans l’Univers, c’est le corps humain », ce médecin psychanalyste et jésuite dans l’entourage de Jacques Lacan et Françoise Dolto, que vous m’avez permis de découvrir et vous en remercie.


  • Hélène Mackay | 22 mars 2015 - 19:37 4

    Et me revient en mémoire : " Il n’y a qu’un seul lieu où ça parle dans l’Univers, c’est le corps humain." de... j’sais plus qui. Non, c’est de Denis Vasse. ( Et cette dernière émission de "Ce soir ou jamais." Ouille ! Cette """philosophe""", est-elle italienne ? Est-elle italienne ? Et je me dis, fée- fan de Philippe Sollers : comme il faut aimer partager, parler de ce qui nous semble important, de ce qu’on aime pour participer à cela ! Et je ne l’en apprécie pas moins, au contraire.


  • Olivier-Pierre Thébault | 15 juillet 2013 - 12:02 5

    Révélations intéressantes à propos de l’art de l’Egypte ancienne, en particulier de celui du scribe-dessinateur (l’écrivain du temps). A voir (ou revoir) :


    http://videos.arte.tv/fr/videos/le-scribe-qui-dessine—7583918.html


  • V.Kirtov | 10 juin 2011 - 18:41 6


    Illustration de François Olislaeger
    Dossier Lautréamont : "Le chant d’un révolté" Revue Transfuge N° 50, juin/juillet 2011.

    ZOOM : cliquez l’image.

    Fin de l’article :
    _ Ducasse : "C’est un cauchemar qui tient la plume". Qui donc écrit en nous lorsque nous écrivons ? interroge Ducasse. Quelles forces de l’inconscient et quelle main de Satan nous impulsent d’écrire ? Quel monstre paranoïaque l’écriture fait-elle de nous et contre quelles peurs ce monstre nous défend-t-il ? Et finalement, sommes nos l’auteur de ce que nous écrivons si nous écrivons moins que nous sommes écrits ?

    Crédit : Transfuge


  • Un fumeur de pipe | 23 avril 2011 - 13:01 7

    Il est des critiques qu’il est bon de publier pour savoir ce qu’il faut en penser : le contraire, obstinément. C’est fait.


  • Serge ULESKI | 23 avril 2011 - 09:13 8

    Sollers : immensément et obstinément superficiel, futile et dérisoire

    ____________

    Dernier opus de notre homme de lettres : "Trésor d’amour"...

    .

    Ou quand Sollers écrit ses livres avec ceux des autres - auteurs morts de préférence et dont l’oeuvre est tombée non pas au fond d’un trou qui a pour nom oubli -, mais plus simplement... dans le domaine public.

    ***

    Caractère d’imprimerie le plus utilisé dans « Trésor d’amour » : les guillemets.

    Venise, Rome, Mozart, Stendhal (plutôt scolaire, tout ça ! Florence, Pompéi, Boulez, Wagner, Shakespeare... ça aurait eu une tout autre allure ! )...

    Plus il nous en parle ou tente de le faire, moins nous nous en (r)approchons (une brochure d’agence de voyages aurait mieux fait l’affaire ; et une anthologie de la littérature du 19e, aussi)...

    Sans oublier une certaine Minna (même si à aucun moment on ne croit à cette minette ; mais fallait-il le préciser ? Puisqu’il y a bien longtemps qu’on ne croit plus au(x)personnage(s) de Sollers ; et lui non plus, semble-t-il !)

    .

    Tout en creux, citations après citations comme pour faire le plein d’un vide absolu qui n’en demeurera pas moins abyssal...

    Bibliophile... car, quand Sollers écrit, bibliothécaire dans l’âme, Sollers lit, classe, indexe, compile encore...

    De platitudes en digressions, et en enfilades, de la Chartreuse dont on taira la ville, en passant par la couleur rouge et puis, fatalement... le noir,

    Il semblerait que Sollers soit l’incarnation même du Mal qu’il n’a de cesse de dénoncer, à savoir : la paresse, l’esbroufe (une référence littéraire, un nom, un lieu... toutes les deux phrases pour n’en rien dire et n’en rien faire !), le bâclage et puis surtout : "parler et écrire" pour si peu en comparaison avec tout ce qui nous a déjà été donné à lire... ailleurs, autre part et autrement.

    Gigantesque auto-mystification ?

    ***

    Difficile de ne pas penser à un certain Kusturica, cinéaste qui a pour maître Fellini mais dont les films ne sont, à notre grand regret, non pas felliniens mais tout bonnement assommants.

    Car, le cinéma d’un artiste ne se résume pas à l’analyse de ce qui nous est donné à voir et à entendre... mais bien plutôt, à tout ce qui nous est caché : une métaphysique : immanence et transcendance - un "donner à voir et à entendre" autre chose que ce qui nous est donné, là, sur l’écran... plus grand, bien plus grand que le réalisateur et le spectateur.

    Pareillement... Sollers semble, année après année, parution après parution, souffrir du même Mal : être capable d’identifier les cibles qui méritent toute notre attention de lecteurs - Homère, Dante, Casanova, Sade, Nietzche, Proust, Céline et la papauté -, et pourtant, en rater systématiquement leur coeur...

    Mal... qui a pour racine le fait d’ignorer ceci : « savoir et connaître » n’est pas « comprendre ».

    .

    Mais alors...

    Est-il encore temps pour Sollers de tenter de saisir ce qu’est un auteur, un livre, une oeuvre... et puis, le respect des lecteurs qui ne l’ont pas tous attendu pour lire des écrivains, des vrais, avec ou sans fume-cigarettes (1) ?

    Oui ?

    Non ?

    Au moins "Trésor d’amour" aura-t-il eu le mérite de soulever... avec ses tout petits bras, cette question.

    _______________________________

    1 - Qui a dit que le fume-cigarettes est à la pipe ce que la suffisante est à l’arrogance imbécile ?

    Voir en ligne : Littérature et écriture


  • A.G. | 22 avril 2011 - 16:52 9

    « Un généticien littéraire sonne le tocsin. Le phénomène est rare. Et si un spécialiste de l’interprétation des oeuvres littéraires d’après les archives de la création (brouillons, plans, épreuves corrigées, notes diverses, carnets, rebuts, chutes et tous documents de genèse) s’autorise une telle procédure d’urgence, c’est qu’il doit vraiment y avoir péril en la demeure. »

    Pierre Assouline, La mémoire vide des temps informatisés


  • Benoît Monneret | 10 avril 2011 - 09:27 10

    L'écran et le livre {JPEG}


    L’écran et le livre


  • Benoît Monneret | 5 mars 2011 - 11:37 11



    le syndrome de la grenouille qui ne peut plus sauter (cf. vidéo-extrait 3).

    ZOOM : Cliquez l’image.

    Voir en ligne : http://benoitement.blogspot.com/


  • V.K. | 1er mars 2011 - 20:57 12

    Je pensais aux abréviations SMS, reuch Michaël (comble du paradoxe, ce « reuch » en fait aussi partie ! L’exception qui confirme la règle.). Des exemples ?

    jSpR ktu va bi1 - j’espère que tu vas bien ?

    c KlR - c’est clair

    fo ke - faut que

    ki- qui
    _

    court, court :

    T -t’es

    Q - cul

    G - j’ai

    7— cet (te)

    moins court :

    OQn - aucune

    plus classique :

    qc - quelque chose

    qn - quelqu’un

    auj-aujourd’hui

    ayé - ça y est
    _

    deuxième niveau :

    4me - pour moi

    pk - pourquoi

    koi29 - quoi de neuf ? (kwa d’9 en version premier niveau)
    _

    sentiment

    Kl1- câlin

    T’M -t’aime

    5pa - sympa

    Kfar - cafard

    KiT - quitter

    sniiiif -pleurer
    _

    etc. - etc.... reuch MIKL[| :)

    prochain RV : place Tian’anmen...

    une étincelle peut mettre le feu à toute la place.


  • michael nooij | 1er mars 2011 - 17:24 13

    ...Ou quand ces gadgets, jugés avec dédain pour leur pauvreté sémantique ...quel intérêt, à quoi sert de demander « Où t’es ? »
    ...A indiquer le rendez-vous pour la prochaine révolution !

    J’avoue ne pas comprendre de quels gadgets sémantiques vous parlez. Voulez-vous parler d’idéogrammes chinoises adaptées pour un usage mondialisé ? En avez-vous des exemples ?

    Rien de mieux peut-être pour lancer l’Invisible insurrection (le mot "révolution" étant définitivement obsolète sinon réservé aux astronomes).

    Amitiés en attendant.

    MIKL[| :)

    Voir en ligne : http://michaelnooij.blogspot.com


  • écho | - 0:0 14

    « Le livre ne mourra pas », extraits d’une conversation à bâtons rompus entre Jean-Claude Carrière et Umberto Eco.