3. « Cette parole mode signifie proprement la raison ou la mesure et forme de laquelle nous nous servons à faire quelque chose, laquelle nous astreint à ne passer pas outre, nous faisant opérer en toutes les choses avec une certaine médiocrité et modération, et, partant, telle médiocrité et modé ration n'est autre qu'une certaine manière ou ordre déterminé et ferme, dedans le procédé par lequel la chose se conserve en son être. - Étant les modes des anciens une composition de plusieurs choses mises ensemble, de leur variété naissait une certaine différence de mode par laquelle l'on pouvait comprendre que chacun d'eux retenait en soi je ne sais quoi de varié, principalement quand les choses, qui entraient au composé, étaient mises ensemble proportionnellement, d'où procédait une puissance d'induire l'âme des regardants à diverses passions.» (Lettre à Chantelou, Rome, le 24 novembre 1647.) Poussin cite encore les différents modes des Anciens: dorique (stable, sévère) ; phrygien [« qui a des modulations plus menues ... et un aspect plus aigu »); le lydien (choses lamentables); l'hypolydien (suave et doux); l'ionique (bacchanales). Puis il loue Virgile « qui met devant les yeux avec le son des paroles les choses desquelles il traite» (et le choix que celui-ci fait des mots). Pour moi, les tableaux de Poussin me font toujours penser à ces deux vers de Lucrèce :

Inter se mortales mutua vivunt,

Et quasi cursores vitaï lampada tradunt...

ainsi qu'au passage de Baudelaire:

Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets, les violons vibrant derrière les collines, avec les brocs de vins, le soir; dans les bosquets...