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Le Jeu des ombres de Valère Novarina

D 15 octobre 2020     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Le Jeu des ombres de Valère Novarina est l’un des trois livres retenus pour le Prix décembre. Le lauréat sera annoncé le jeudi 5 novembre.

Le Jeu des ombres est la nouvelle pièce de théâtre de Valère Novarina. Quatre actes pour revisiter le mythe d’Orphée. Avec cette conviction que nous sommes tous des Orphée. Des ombres passent, parlent, reviennent de l’autre espace : l’espace des dessous. Ni feu ni flammes, les enfers sont le lieu des métamorphoses. On y trouve Orphée, Eurydice, Cerbère, Charon, Hécate, Pluton. Ils croisent Sosie, Flipote, les Machines à dire beaucoup, Robert Le Vigan, Michel Baudinat, Gaston Modot, Anne Wiazemski, Louis de Funès, Christine Fersen et Daniel Znyk. Les temps s’entrecroisent jusqu’à la discordanse des temps. Et dans ce grand dépérissement, le berger des langues, le gardien, l’amoureux de la parole, n’est plus Orphée tout seul, mais chacun d’entre nous. Nous sommes tissés de temps, et cependant étrangers à lui. Respirer, être vivant, chercher les ombres pour jouer avec la lumière. Les personnages du Jeu des ombres se retournent, imitent Orphée à l’envers et trouvent leur chemin.

Tout Valère Novarina est dans ce drame : l’homme, « animal capable de tout », la rosace des définitions de Dieu, les ritournelles de l’espace et du temps en langue spirale, « l’étrangeté d’être des animaux qui parlent », l’étonnement de parler, la stupeur d’être là. Editions P.O.L..

« Beaucoup de gens très intelligents aujourd’hui, très informés, qui éclairent le lecteur, lui disent où il faut aller, où va le progrès, ce qu’il faut penser, où poser les pieds ; je me vois plutôt comme celui qui lui bande les yeux, comme un qui a été doué d’ignorance et qui voudrait l’offrir à ceux qui en savent trop.
Un porteur d’ombre, un montreur d’ombre pour ceux qui trouvent la scène trop éclairée : quelqu’un qui a été doué d’un manque, quelqu’un qui a reçu quelque chose en moins.
Je continue, je quitte ma langue, je passe aux actes, je chante tout, j’émets sans cesse des figures humaines, je dessine le temps, je chante en silence, je danse sans bouger, je ne sais pas où je vais, mais j’y vais très méthodiquement, très calmement : pas du tout en théoricien éclairé mais en écrivain pratiquant, en m’appuyant sur une méthode, un acquis moral, un endurcissement, en partant des exercices et non de la technique ou des procédés, en menant les exercices jusqu’à l’épuisement : crises organisées, dépenses calculées, peinture dans le temps, écriture sans fin.
 »

Valère Novarina

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Mise en scène par Jean Bellorini, la pièce sera en tournée pour les saisons 2020 / 2021. La première représentation qui devait se dérouler au Palais des Papes lors festival d’Avignon cet été aura finalement lieu à Avignon le 23 octobre. Vous trouverez toutes les informations sur le site de l’auteur.

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LIRE : « Le Jeu des ombres » : Valère Novarina et Jean Bellorini revisitent le mythe d’Orphée

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Valère Novarina : "Pour moi les mots sont des animaux semi-sauvages"

France Culture. Les Masterclasses, 13 septembre 2020.

Avignon 2020. Nous pénétrons, grâce à cette masterclasse, dans les arcanes de l’oeuvre littéraire, plastique et théâtrale de l’artiste total Valère Novarina. Il y raconte le chemin jusqu’à l’écriture, son rapport au langage, aux langues, à la théorie et sa vision du travail.

Masterclasse de Valère Novarina par Sylvain Bourmeau, réalisée par Clotilde Pivin. Avec la collaboration d’Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Enregistrement durant la Fête du livre de Bron en mars 2017.


Valère Novarina en 2011.
Crédits : Martin Bureau - AFP. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Cette Masterclasse, menée par Sylvain Bourmeau, nous révèle l’écriture à l’oeuvre de Valère Novarina, un artiste total qui a commencé à publier des textes à la fin des années 70 puis, à partir de 1986, a mis en scène certains de ses ouvrages. Il y a dans son travail l’idée de l’action passive, la recherche d’un endroit où le travail se fait sans volonté, le renouvellement du corps : épuiser un premier corps pour en trouver un deuxième, un troisième… Il relie son écriture à l’oreille et aussi au geste de peintre, qu’il est. Il a étudié la philosophie et enfant, il était passionné par la théorie mais se considère aujourd’hui praticien.

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Jusqu’à l’âge de 23 ans, l’écriture est restée quelque chose de secret et même honteux, personne ne devait être au courant…

J’ai l’impression que l’impulsion d’écrire m’est venue d’entendre une sonate de Beethoven sur un poste à galène que j’avais fabriqué moi-même… La galène est une pierre qui parle lorsqu’on plonge une anguille en elle. L’écriture est venue de l’oreille, de l’espace de la musique.

Dans un mot, il y a déjà tout le livre. C’est un rapport excessivement matériel au langage, une onde que nous jetons dans l’espace par notre respiration…

Il n’y a jamais de page blanche, je travaille comme un menuisier, avec les copeaux tombés de l’objet précédent. La matière est déjà là et je procède par variations, creusements, ouvertures…

On vient au théâtre pour voir le langage, ce qui me frappe n’est pas tant de voir douze personnes parler sur le plateau mais plutôt que trois cent se taisent.

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Voici le dossier, toujours actuel, que je consacrais à Valère Novarina le 16 février 2012.

La grande révolte de Valère Novarina

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Valère Novarina


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Valère Novarina est, nous dit-on, « écrivain, dramaturge, metteur en scène, peintre et dessinateur ». Seulement ? Non. J’ajoute poète métaphysicien et anarchiste.

On lit dans sa dernière pièce, Le Vrai sang, créée au mois de janvier 2011 au Théâtre de l’Odéon et qui sera jouée à la Comédie de Reims les 24 et 25 mars 2012 :

LA MACHINE A RÉPARER LE VIDE JURIDIQUE.
Que fais-tu ?

L’HOMME DE BASE.
Je vais tâcher de reconstruire la démocratie.

LA MACHINE A COMMETTRE.
Dans quel but ?
Il recolle une colonne brisée.

L’HOMME DE BASE, à la foule.
Pour une urgence citoyenne ! Les paniers sont dans le même sac ! Sophie Lérot, Jean-François Bobrillot.

LE CANDIDAT SORTANT.
L’avenir a soif.

La scène ne se passe pas « en Pologne, c’est-à-dire Nulle Part », mais à « Nul-sur-Néant », c’est-à-dire un peu partout. Rendez-vous dans deux mois, lors du premier tour des élections présidentielles.


En 2003, à l’occasion de la réédition du Drame de la Vie de Novarina, Philippe Sollers précisait l’étrange art poétique de ce disciple d’Alfred Jarry, pas vraiment un « hôm », capable de s’écrier : « Vivez en verbe ! vivez en verbe ! »

Le Drame de la Vie

Le Monde des livres du 21-02-03 Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

par Philippe Sollers

Tout écrivain, un jour ou l’autre, rêve de tout recommencer, de défier la Bible et ses généalogies, d’écrire sa légende des siècles, de reprendre la question de l’engendrement et de l’origine, bref de défier Dieu, de devenir Dieu, dont la « maladresse sexuelle », comme disait Artaud, n’est que trop visible. Il connaît ses prédécesseurs, l’écrivain : Rabelais, Swift, Jarry, Roussel, Joyce, Beckett, et beaucoup d’autres. Et voici l’audacieux Novarina entrant en scène dans le théâtre vide, et posant la question des questions sous la forme d’Adam : « D’où vient qu’on parle ? Que la Viande s’exprime ? »

D’où vient, en effet ? Beaucoup de viande à répétition, beaucoup de paroles, mais pour quoi faire et à quoi bon ? Une catastrophe a sans doute eu lieu pour que l’Histoire soit devenue brusquement une préhistoire en folie et une apocalypse absurde et joyeuse. A peine Dieu mort ou mis à la question, des listes interminables surgissent, et l’homme n’en finit plus de s’incarner à la va-vite, à la six-quatre-deux. « Le monde entre en fusion, le monde entre en confusion. » Sommes-nous dans une usine, un stade, un cirque, un hôpital, un asile ? En tout cas, l’encombrement et l’embouteillage sont très agités. Une figure surgit, elle est nommée, elle disparaît vite. La grande révolte de Novarina est étrange. Que s’est-il passé en lui pour qu’il nous farcisse ainsi de litanies, de gueules, de dégueulis ? Faut-il rire, pleurer, danser, s’accabler, s’effondrer ? Voici un ambulancier qui déclare froidement : « Il y a des tas de choses que les hommes prennent des médicaments pour pas voir. » L’homme, toujours l’homme, encore l’homme, mais qui c’est, ça, au fond ? Et y a-t-il seulement un fond ? Une foule, en tout cas, une vraie galère, sortant de la valeur pour s’engouffrer dans une nouvelle ère, celle de Valère. Il voudrait sortir, l’homme, il n’est pas sûr d’être vraiment né, il meurt à chaque instant, il bafouille, cherche son trou, ignore tout de son anatomie de base, a oublié sa longue pérégrination antérieure. Ses droits ont disparu : il surgit pour s’étonner, changer d’identité à vue, tuer son voisin, se « décorporer », passer à la trappe, s’inscrire dans un mémorial faisant concurrence à l’état civil. Pourrait-il s’évader par le son, ce viandard ? Peut-être. En tout cas, l’auteur semble le croire dans son ivresse, puisqu’en lui et à travers lui le langage bout. Drôle de drame, drôle de marmite. Il y a l’homme de ceci, de cela, et puis de ceci et de cela encore. Appelez-le de tous les noms possibles, et essayez donc de remonter vers Adam. Bonne chance.


Le Monde des livres du 21-02-03 Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

« Vous vous croyez au spectacle, vous êtes dans l’hôpital de Viande », dit le Recteur Blond. Et Madame de Cade : « L’homme pense par instant, il entre par instant, il entre dans le monde par l’intérieur : c’est parce que toute sa chair l’empêchait de parler. » Le Verbe s’est-il fait chair ? Il ne semble pas. La chair peut-elle se faire Verbe ? C’est plus que douteux. D’où l’hécatombe : «  Nous sommes en viande et en souffrons. Nous voudrions être en bois. » Et encore : « Celui qui nous a faits n’aurait pas dû. Nous sommes comme des sujets condamnés à vivre de force dans des poissons nageant dans une rivière qui coule dans les deux sens. Qu’on fasse entrer, ou plutôt qu’on fasse sortir loin d’ici, loin de nous, toutes les matrices formeuses ! » On reconnaît là la prédication gnostique classique, celle qui accuse le mauvais démiurge d’avoir passé un contrat entre naissance et mort, entre matrice et tombe (ce qui s’entend mieux en anglais : womb c’est tomb). Au passage, Novarina invente le verbe crimer, l’histoire humaine étant celle des amis du crime, crime automatique, mécanique, forcé, engrenage et rouage, chacun crimant par nécessité. Ça marche tout seul, ça fonctionne. Voilà des organes, des tuyaux, des métamorphoses inutiles, à la Breughel, à la Bosch. Enfer ? Même pas, théâtre. « L’homme a-t-il lieu dans le théâtre du monde, ou le monde a-t-il lieu dans le théâtre de l’homme ? » Humain, trop humain... Cela dit, il y a peut-être une issue :

« L’homme seul, par le recours de sa pensée, peut réduire le monde à rien. De tous les animaux, il est le seul qui eut des bras pour le prendre et le porter à néant. Il a fait un trou dans le monde grâce à sa langue qui lui sert de bout à néant. Seul dans sa langue, se retournant, il est le seul des animaux pouvant dire qu’il n’est pas. Il est le seul à entendre en silence le drame de la matière que seul l’animal voit. C’est le drame de l’homme d’être du temps en silence, c’est le drame de ses yeux et de ses oreilles. Il le saura quand il aura détruit toutes les langues pour parler. »

Pauvre mais fabuleux homme, qui jusque-là, dit Novarina, n’a parlé que le langua.

Il est fou, ce Novarina ? Bien sûr, mais avec méthode. Il veut moins être lu qu’entendu. Il vous crétinise exprès, il vous tympanise, il tente de vous opérer de votre lourdeur à cercueil. Il est très confiant. Dieu, s’il existait, l’aimerait, c’est un moine sermonneur tenace. « L’homme ne vit pas que de sang » : on voudrait le croire. Misère de l’homme sans Dieu ? Sans doute : « Nous entrons en portant des morts, nous traversons la scène sans avoir rien fait, nous sortons sans être venus. » L’embêtant, en effet, c’est que « Dieu continue à hommer ». Il n’homme. Et c’est tout de même très fatigant :

« Je suis l’homme qui ne peut pas se voir sortir. Nous sommes parce que nous sommes. Au-delà de nos noms, au-delà de nos images, non pas parlant mais renversant nos langues, traversant nos noms, en travers, en traversée, dans une forêt de langues, dans une ville d’inscription, ceux qui passent, ceux qui traversent. »

En somme : tous ceux qui tombent. Naissance-mort-naissance-mort-naissance-mort. Mais voici du nouveau : le drame de la vie est tragique, soit, mais surtout comique. Rire bizarre et noir, rire inquiétant, rire métaphysique. Après tout, on pourrait peut-être laisser tomber l’affaire Adam. Tempête dans un verre Adam. Quant au coup du Nouvel Adam, il a eu lieu, c’est comme ça, on n’y peut rien, il faudrait que l’hôm s’en rende compte, en évitant de préférence le surhomme et sa conséquence fâcheuse, le sous-homme. Enfin, le drame continue. Mais est-ce un hasard si, parmi toutes les créatures apparues sur le théâtre, certaines s’appellent Jean ? Et même saint Jean ? Que dit l’Angiste : « Vivez en verbe ! vivez en verbe ! » C’est, depuis longtemps, la devise de quelques-uns.

Philippe Sollers, Le Monde du 21.02.03.

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Sur l’exposition 2.587 Personnages et 311 définitions de Dieu

Avec Valère Novarina et Brigitte Rambaud

Les 5 et 6 juillet 1983, dans la grande salle ronde de la tour Saint-Nicolas qui domine le port de La Rochelle, durant 24 heures consécutives, Valère Novarina va réaliser 2.587 dessins qui représentent les personnages de la pièce « Le Drame de la Vie », qui sera jouée au festival d’Avignon en 1986.

« Pourquoi 2.587 ? C’est un nombre comme un autre. [...] c’est un multiple de 13 comme tous les nombres de la Bible... »

Précisions.

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Pourquoi inventez-vous votre propre langage ?

Odéon Théâtre de l’Europe, 2001
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Entretien de Valère Novarina avec Laure Adler

Hors-champs, 10 février 2012 (44’)

Le langage. Le cirque Fratellini (1950). Le théâtre va plus vite que la pensée. La sous-langue maternelle. Le rythme pense. Alain Cuny lit Le Monologue d’Adramelech (1983). Définition du drame. Louis de Funès (2 janvier 1974). Le travail de la mise en scène. Jean Dubuffet (20 mars 1954). Ouvrir le langage. Tout est vrai.

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Le Vrai sang

de Valère Novarina

Texte, mise en scène et peintures de l’auteur.

Le modèle secret est peut-être Faust — non celui de Goethe — mais un Faust forain vu enfant à Thonon dans les années cinquante, joué entre deux airs de Bourvil par Gugusse, le « célèbre clown de la Loterie Pierrot ». Faust-Gugusse prétendait que toute notre vie avait lieu « en temps de carnaval », puisque le finale en était un « adieu à la chair » ; Mme Albertine, sa comparse dans le public, lui lançait, en trois mots, de prendre ça comme un don, une offrande : et elle lui proposait toutes les quatre minutes de jouer sa vie aux dés... J’essaye de reconstituer l’ordre des scènes de cette pièce vue enfant... Le Vrai sang est un drame forain, un théâtre de carnaval, en ce sens que les acteurs, d’un même mouvement... incarnent et quittent la chair, sortent d’homme, deviennent des figures qui passent sur les murs, des traces peintes d’animaux, des empreintes, des signaux humains épars, lancés, disséminés : des anthropoglyphes. »

Éditeur POL

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Extrait vidéo

(durée : 3’07" — Comédie de Reims)
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Réparer la démocratie

LES ÉCRITEAUX RÉVERSIBLES.

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« Hic homo ex ipso rebus factus est. » « Hic ex-homo rebibus factae sunt. » « Homo rebus est. » « Tout écriteau dit pancarte. »

ÉPHISE TAGAN.

Acheter et vendre, bouffer tout : manquer de tout, vomir partout.

LE CHANTRE.

L’homme vient d’être déclaré animal qui a mis l’homme à sa solde, et il emportera le prix de l’homme en solde : pour le prix d’un socle de l’homme. Élevez-lui une statue.

9. Réparer la démocratie.

LA MACHINE A RÉPARER LE VIDE JURIDIQUE.

Que fais-tu ?

L’HOMME DE BASE.

Je vais tâcher de reconstruire la démocratie.

LA MACHINE A COMMETTRE.

Dans quel but ?

Il recolle une colonne brisée.

L’HOMME DE BASE, à la foule.

Pour une urgence citoyenne ! Les paniers sont dans le même sac ! Sophie Lérot, Jean-François Bobrillot.

LE CANDIDAT SORTANT.

L’avenir a soif.

LE CANDIDAT PERMANENT.

Rejoignez-nous : le centre est à la limite des bornes.

LE CANDIDAT SORTI.

Avec nous, en vous, vers vous et partout. L’avenir n’a pas de minutes à perdre.

LE CANDIDAT ÉGAL.

Le passé compte double : ayez l’audace de déposer le constat.

L’HOMME DE BASE.

Le futur en héritage !

LE CANDIDAT SPÉCIAL.

Oser la statibilité. Choisir son bouillon.

LE CANDIDAT CLAMANT.

Le futur doit rester table rase ! Assez de paroles, des mots ! Votez Fabrice Bonjux et Mylène Larbouillot !

PAUL BEAUJEAN.

Paul Beaujean est le seul à donner la réponse à la question que se pose Paul Beaujean.

L’HOMME DE BASE.

Gibox : société gyrophare !

LE CANDIDAT DÉFAIT

Démocrates et démagogues ensemble réunis en un seul dême : le hidem, mouvement gogocrate. Osez l’espérance !

LE SUPPLÉANT REVENANT.

L’avenir est déjà dépassé.

L’HOMME DE BASE.

Vive la société de coordinidification ! République solitaire !

LE CANDIDAT PARACHUTÉ.

Pour une entité soignante !

LE SUPPLÉANT SORTANT.

République efficace : le parti des partisans de l’efficacité républicaine.

L’HOMME DE BASE.

Le futur dans l’espérance.

LE CANDIDAT POIGNANT.

L’avenir en héritage. Renouvelons le peuple sortant. Vive la société poignante ! Vive la compétifientibilité !

LE CANDIDAT SUPPLÉMENT.

La France vous guette.

LE COMBATIF CANDIDAT.

Mort à l’argent ! Halte aux ploutophobes : vive le fisque !

LE CANDIDAT DE BASE.

Vive la société éthiquetable : Rejoignez l’église de polyprégnathométrie !

LE SUPPLÉANT PASSANT.

Populations du peuple, rongez à l’aise !

LE CANDIDAT SEMBLANT.

N’y a que le poids du passé qui me retient d’aller d’l’avant !

LE CANDIDAT BALLOTE.

PSL : le Parti de la stabulation libre. L’Hyperprésent : seul parti radicalement là.

LE CANDIDAT BALLANT.

Nous devons avoir le courage de prendre le passé par les cornes de l’avenir.

L’HOMME DE BASE.

Peuple français ! Votre honneur ? Votre droit est de plus en plus courbe... Donc ? Donc je m’engage ici solennellement à ne plus prononcer quotidiennement d’engagements solennels ; je le jure sur la vie du peuple vivant : « Courbe est le droit. » Comme le disait le président sortant : il faut laisser de la place à l’espace, du laps au temps et trouver le moyen de mettre des bornes au mouvement.

LE CHANTRE.

La scène est à Nul-sur-Néant. Le futur représente un repentir. L’action va à vau-l’eau.

LE CONTRE-CHANTRE.

Le candidat du groupe post mortem est demandé à la sortie pour les raccompagner nulle part. Ou d’ici là-bas, à par là-bas dedans. Dans l’Outre-ça.

L’HOMME DE BASE.

Enrichissez-nous ! Halte au car ! Tout est comme !

LA MACHINE RÉIQUE.

Le Haut Comité à l’Utilité des Spécimens connus communique : « Selon des sources linguistiques motorisées, et dans le but non avoué de réinvestir les lettres de l’alphabet, un humain hors mesure vient d’être créé à partir de deux boyaux de femme prélevés sur l’une de ses petites-filles par alliance, convaincu d’anthropophobie, le patient a été passé par-dessus bord, et ce, selon le processus inventé à la clinique de Méribec-sous-Bois par le professeur Froncier-le-Sec.

LA MACHINE A AUTHENTIFIER LA MORT.

Le Vigilant observatoire à la critiquance des choses de la machine à observer les dégâts ainsi que la Très haute instance modératrice relative à la Parité Terminale communique : « La commission à l’enchaînement de la responsabilité des conséquences causales ainsi que le haut Conservatoire à la redéfinition des termes stipulent qu’à partir d’hier, tout mort devra au dos de son squelette porter écrite en date lisible sa date limite de sortie, tatouée lisiblement à la margelle du trou bref. Et ce, afin de vérifier le taux d’humanité encore présent dans l’homme, ainsi que le pourcentage de manquements hominoïdes imputable à ses dysfonctionnements résiduels. Et ce, malgré les hautes recommandations du Pressant Comité dérogatoire à la définition des termes. »

LA MACHINE A RESTER SUR LA LIGNE.

Jubilatoire et décapant : le Grand Laboratoire à la machine à Veiller sur le Grain communique : « Les pays où actuellement les dangerosités du péril de la mort virent au pire sont : la Libye, le Bourg-en-Bressan, la Charoise-du-Nord, la Charente Bénigne, la Charente Durciale, la Sardaigne grande et petite, la Bénitude, l’Irlande saragossinienne, le Berry libéré, la grande Pologne, la Baladurie du Nord, le Beneluxistan mélanchtonien, l’Agonissisthan, l’Épouthre, la Roragne. »

LA MACHINE A VIDER LE PLEIN.

Le Très Haut Service de la machine à veiller sur elle-même vous informe que : « La direction d’UBF-TDF met à la disposition de ses centres des outils d’assistance à l’élaboration de bilans de compétences et de comportement sous forme de deux logiciels que chacun de ses salariés pourra désormais s’adresser à lui-même à la demande de l’avis favorable des autorités compétentes. »

10. Les sept dormants.

LE CHANTRE.

Choisissons de mettre ensemble l’éventail des premiers et des derniers hommes ; divisons leur tout par le un et obtenons leur transfert dans la multitude. Spectateur, écoute les Sept Dormants. (p. 80-86)

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ARCHIVES AUDIOVISUELLES

Valère Novarina, écrivain, dramaturge

Entretien avec Olivier Lagarde le 31 décembre 2009 (56’54)

crédit : For intérieur

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Entretien avec Mediapart

par Sylvain Bourmeau, 15 janvier 2011

Dans ce premier volet, Novarina défend l’idée qu’on vient au théâtre « voir du langage ». Il met à jour sa logodynamie, cet art musical du leitmotiv, comme le retour d’un sans cesse renouvelé.


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Dans ce deuxième volet, Novarina expose son mode opératoire, l’usage du crayon et sa gomme comme un ordinateur avant la lettre, la puissance balistique du langage, l’effet musculaire du dessin sur l’écriture.


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Dans ce troisième volet, Novarina évoque la fête foraine de l’enfance, ses expériences de chromodynamie et sa fascination pour le Livre de Daniel.


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Dans ce quatrième et dernier volet, Novarina présente son vivier de noms, là où il a puisé ce fleuve de noms qui emporte le texte à la fin, il se souvient de l’importance des surnoms en Savoie, et confie, pour terminer, qu’il attend des comédiens qu’ils sachent lui expliquer pourquoi sa nouvelle pièce s’appelle Le Vrai Sang.


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DIVERS

Le site de Valère Novarina.

Valère Novarina dans Tel Quel

Naissance de l’homme de V. n° 85 Automne 1980
Naissance de l’homme de V. (fin) n° 86 Hiver 1980

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Entretien avec Arnaud Laporte le 8 janvier 2011 : Radio libre.

Articles dans la presse francophones

Thierry Toulze, Le sacrifice comique de Valère Novarina , « étude rhétorique de la période 1975-2010 », thèse de doctorat.

Jean-Pierre Thibaudat, Novarina, la Comédie-Française lui sourit, Libération du 28-01-06 (a propos de « l’Espace furieux »).

Fabrice Hadjadj, Valère Novarina, la preuve par l’absurde Le Figaro du 01-03-07 (à propos de « La Chair de l’homme »).

J.Paul Gavard-Perret, Le langage et la chair, Esprits nomades, 26-05-10.

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1 Messages

  • A.G. | 16 janvier 2017 - 14:25 1

    Valère Novarina : "Il y a dans l’homme de l’animal et du souffle de l’esprit"
    Pour donner naissance à la pièce "Vivier des noms" au Théâtre 71 (du 18 au 26 janvier), l’auteur, metteur en scène et plasticien a puisé dans les cinq mille noms imaginaires notés dans ses carnets. Il fait aussi paraître "Voie négative" chez POL le 16 février.
    La Grande table (1ère partie) Olivia Gesbert.