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Edgar Poe ou La Lettre volée

D 30 mars 2009     C 1 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

2009 est l ?année du bicentenaire d ?Edgar Allan Poe, né le 19 janvier 1809 à Boston.

Occasion de rappeler ce qu’écrivait Philippe Sollers en 1978 :

« [...] A chaque instant, Poe insiste dans ces textes sur une confrontation entre la logique mathématique et la poésie. La Lettre volée, si on sait la lire, est un traité sur l’affrontement entre deux arts poétiques. [...] »

Philippe Sollers, Le tri, in Peinture, cahiers théoriques n°13, mai 1978
(repris dans Improvisations, Folio, 1991, p. 200-212).

ou encore :

« On peut rêver un moment sur le fait que « The Purloined Letter », « la Lettre volée » d’Edgar Poe a été publiée par le « Chamber’s Journal », en novembre 1841. C’est l’acte de naissance de la littérature moderne. L’histoire vient de devenir extraordinaire, le fantastique et une perversité tortueuse et mathématique envahissent le quotidien. »

Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur du 12-06-78 [1]

*

On sait — pour ne prendre que ces deux exemples — que c’est le célèbre Séminaire sur La Lettre volée (1956) qui ouvre les Écrits de Jacques Lacan (1966) et que ce texte — de Lacan, de Poe — fera l’objet d’une analyse lumineuse de Jacques Derrida publiée en 1975 sous le titre Le facteur de la vérité.

Qu’est-ce qui se joue, à la fin du XXe siècle, entre un psychanalyste, un philosophe et un écrivain sur cette « scène de l’écriture » ? Il faudra y revenir.

*

En attendant, un livre passionnant d’Henri Justin vient de sortir sur Edgar Poe : Avec Poe jusqu’au bout de la prose [2].

Voici sa présentation :

« Inventeur de la nouvelle, du conte policier et de bien d ?autres formes de la littérature populaire, annonciateur de la psychanalyse, Edgar Poe fut le frère spirituel de Baudelaire, le maître proclamé de Valéry et de Mallarmé. En 1894, ce dernier cisela de lui un portrait qui le place loin au-dessus de ses confrères humains et en fait « le cas littéraire absolu ». De longues années de familiarité avec l ??uvre de l ?Américain ont convaincu Henri Justin que cette étrange formule était la bonne.
Notant avec regret que Poe n ?est plus guère perçu aujourd ?hui dans le monde francophone que comme un bon écrivain dans la veine du fantastique, voire un auteur pour la jeunesse, Henri Justin s ?efforce de redonner à ses textes la logique de leur unité. L ?image de Poe s ?en trouve non seulement radicalement renouvelée, mais comme portée pour les générations actuelles à la hauteur où l ?avaient placée ses premiers traducteurs. C ?est que l ?auteur fait profiter l ??uvre de Poe de tout ce que Poe lui-même a apporté à la conscience littéraire et critique occidentale : une esthétique au service du seul texte, qui vise à fonder le texte littéraire en droit, dans son essence, aidant en cela à penser le fait littéraire. Sans jargon, clair, captivant, passionné, le livre s ?ouvre sur une présentation générale de la vie et de l ??uvre de Poe, après quoi il s ?élance dans une exploration de son espace d ?écriture. Loin de la thèse pour spécialistes, cependant, il s ?avance par étapes, avec haltes et détours. L ?auteur a beaucoup labouré Poe, et s ?il conduit le lecteur dans son ?uvre, c ?est en guide qui connaît les bons coins et qui sait faire goûter, sur les meilleurs exemples, l ?écriture au travail. »

L’américaniste Henri Justin, né en 1937, est professeur honoraire au Centre d’études et de recherches sur les littératures de l’imaginaire ? Université Paris XII. Il est le principal spécialiste français de l’oeuvre de Poe, à laquelle il a consacré toute sa carrière universitaire. Auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur le sujet, il a aussi traduit plusieurs de ses contes et poèmes.

*

Voir Edgar Poe et La Lettre volée (The Purloined Letter) (I)
et Edgar Poe ou La Lettre volée, dérobée, détournée... (II).

A.G.


Voir en ligne : Edgar Poe sur wikipedia


[1Début d’un article sur Bukowski, le Goya de Los Angeles. Sollers se trompe de date : La Lettre volée date en fait de 1844, c’est Le double crime de la rue Morgue — ou Les Meurtres de la rue Morgue — qui est de 1841 (mars).

[2On regrettera seulement que, malgré son immense érudition, Henri Justin semble ignorer le texte de Sollers dont nous avons extrait notre première citation.