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Discours de Kennedy pour lancer le programme de conquête de la Lune

D 19 juillet 2019     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

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Il y a 50 ans, Apollo XI s’envolait vers la conquête de la Lune

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A son bord trois Américains : Neil Armstrong, Buzz Aldrin, Michael Collins.

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Neil Armstrong sera le premier homme à marcher sur la Lune, suivi de Buzz Aldrin, tandis que Michael Collins pilote du module de commande et de service restait en orbite pour récupérer ses co-équipiers, mission accomplie. Une prouesse technologique et humaine impulsée en 1961 par John-Fitzgerald Kennedy, moins de dix ans plus tôt.

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Extraits du discours de Kennedy le 25 mai 1961 devant le Congrès américain

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Le 25 mai 1961, le président américain John Fitzgerald Kennedy prononça un discours retentissant dans lequel il annonçait que les Etats-Unis "devaient s’engager à atteindre, avant la fin de cette décennie, ce but de faire atterrir un homme sur la Lune et de le ramener sain et sauf sur Terre". Le discours marqua le début du programme Apollo par lequel les Etats-Unis allaient, en juillet 1969, devenir la première nation à faire se poser un homme sur la Lune. Cette décision se prit dans le cadre de la Guerre Froide : l’URSS, sous Khrouchtchev, avait réussi, de façon spectaculaire, toutes les grandes premières de l’âge spatial naissant. Du premier satellite artificiel, avec le Spoutnik, le 4 octobre 1957, au premier vol orbital habité le 12 avril 1961, avec Gagarine, les Soviétiques avaient inauguré la conquête de l’espace. Bien que l’on sache maintenant que ces avancées n’avaient été que des coups de bluf et n’avaient été rendues possibles que parce que les Russes, n’ayant pas su miniaturiser leurs armes atomiques, disposaient de fusées puissantes, les Américains prirent ces défis au sérieux.

Suit un extrait du discours du 25 mai 1961, prononcé devant le Congrès américain. Intitulé "Special Message to the Congress on Urgent National Needs" ("message spécial au Congrès sur les besoins nationaux urgents") ; il s’agissait d’un discours général, mais il contenait cette section IX, intitulée "L’espace", dont l’extrait principal suit. Cette session du Congrès américain fut retransmise dans le monde entier par la télévision :

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le président John F. Kennedy s’adresse au Congrès américain le 25 mai 1961. picture courtesy NASA

[...] Finalement, si nous voulons gagner la bataille qui a actuellement lieu dans le monde entre la liberté et la tyrannie, les réussites spatiales spectaculaires qui ont eu lieu ces dernières semaines devraient nous avoir tous ouvert les yeux -comme l’avait fait le Spoutnik en 1957- sur l’impact que l’aventure de l’espace a partout dans le monde sur les hommes qui essaient de définir quelle est, entre ces deux alternatives, la route à suivre. Depuis les débuts de mon mandat, j’ai fait examiner nos efforts spatiaux. Avec l’avis du vice-président, qui est le président du National Space Council, j’ai examiné quels sont nos points forts et quels sont nos points faibles, j’ai examiné dans quels domaines nous pouvons réussir et ceux où nous ne le pouvons pas. Il est temps, maintenant, d’avancer à plus grand pas. Le temps est venu d’une nouvelle grande entreprise américaine. Il est temps que cette nation prenne clairement la tête de la conquête de l’espace, laquelle, par de nombreux aspects, peut détenir les clés de notre avenir sur Terre

Je pense que, pour cela, nous possédons toutes les ressources et tous les talents nécessaires. Cependant, il faut reconnaître que, jusqu’à présent, nous n’avons jamais pris, au niveau national, les décisions ni mis en oeuvre les ressources nationales qui nous permettrait ce leadership. Jamais nous n’avons établi de buts à longue distance avec un planning accéléré ni n’avons géré nos ressources et notre temps de façon à les assurer

Bien sûr, il nous faut reconnaître l’avance qu’ont prise les Soviétiques avec leurs puissants moteurs. Ils leur donnent de nombreux mois d’avance. Il faut aussi reconnaître qu’il est vraisemblable qu’ils exploiteront encore cette avance pour réussir des exploits encore plus impressionnants. Cependant, il nous faut, de notre côté, faire des efforts nouveaux. En effet, si nous ne pouvons être sûrs que nous serons les premiers un jour, nous pouvons être sûrs que si nous ne faisons pas ces efforts, nous serons les derniers. Un risque additionnel consiste en ce que nous faisons ces efforts spatiaux au vu et au su de toute l’opinion mondiale mais, par contre, cela, comme vient de le démontrer le vol de l’astronaute Alan Shepard, nous permet d’accroître notre stature internationale lorsque nous réussissons. Soyons aussi attentifs au fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une course : l’espace nous est ouvert maintenant et notre volonté de prendre part à cette conquête ne doit pas être dictée par les efforts des autres nations. Nous allons dans l’espace parce que, quoi que ce soit que l’humanité entreprenne, les hommes libres doivent en avoir pleinement leur part

C’est pourquoi je demande au Congrès, en plus et par-delà les augmentations que je lui ai déjà demandées pour les activités spatiales, de nous fournir les fonds nécessaires aux buts nationaux suivants

D’abord, je pense que notre nation devrait s’engager à atteindre, avant la fin de cette décennie, ce but de faire atterrir un homme sur la Lune et de le ramener sain et sauf sur Terre. Ainsi, il n’existera pas, au cours de cette période, de projet spatial qui soit plus impressionnant aux yeux du monde ni plus important en termes d’exploration spatiale à longue distance, ni aucun projet qui sera à ce point difficile ou onéreux à accomplir.

Nous proposons, ainsi, d’accélérer les travaux sur un véhicule spatial lunaire adapté. Nous proposons de fabriquer diverses fusées nouvelles, à carburant liquide et solide, plus grandes que tout ce qui n’a jamais été fait, jusqu’à ce que nous soyons certains de laquelle est la meilleure. Il nous faut aussi des fonds additionnels pour d’autres moteurs et pour des missions inhabitées. Ces missions sont particulièrement importantes en termes d’un but que notre nation ne devra jamais mésestimer : la survie de l’homme qui accomplira le premier ce vol audacieux. De plus, au sens vrai des mots, ce ne sera pas un homme qui ira sur la Lune mais la nation entière car chacun de nous devra contribuer à l’exploit

Ensuite, je demande 23 millions de dollars supplémentaires, qui s’ajouteront aux 7 millions déjà existants, pour accélérer la mise en oeuvre de la "Rover nuclear rocket" (ndt : ce concept est peu connu en termes d’histoire de la conquête spatiale et doit être un projet propre à ces années), qui nous permettra d’envisager, un jour, une exploration spatiale encore plus excitante et ambitieuse, peut-être au-delà de la Lune voire jusqu’aux fins mêmes du système solaire

Troisièmement, je demande 50 millions de dollars supplémentaires qui, en permettant d’accélérer l’envoi en orbite de satellites de télécommunications, nous permettra l’usage maximal du leadership que nous possédons actuellement

Quatrièmement, je demande 75 millions de dollars de plus -dont 53 millions pour l’agence météorologique (ndt : le "Weather Bureau") de façon à ce que nous disposions le plus tôt possible d’un système de satellites nous permettant des observations météorologiques mondiales

Enfin, soyons clair -et il faudra que les membres du Congrès se rallient finalement à ce point de vue. Soyons clair que je demande au Congrès et au pays qu’ils s’engagent solidement par rapport à ce cours nouveau des choses, un cours qui durera plusieurs années et qui entraînera des coûts très importants, soit 531 millions de dollars pour la seule année fiscale 1962 et 7 à 9 millions de dollars annuels au cours des cinq prochaines années. Car, si nous ne devions que parcourir la moitié du chemin, ou si nous devions réviser nos buts face à la difficulté, il vaut mieux, de mon point de vue, ne même pas commencer à prendre ce chemin

[…]

En effet, cette décision, en tant que nation, est d’une très haute importante. Tous vous avez vécu ces quatre dernières années et vu l’importance de l’espace et des aventures spatiales et personne ne peut prédire avec certitude quel sera le sens ultime que revêtera le contrôle de l’espace

Je crois que nous devrions aller sur la Lune. Par contre, je pense que tous les citoyens américains aussi bien que les membres du Congrès doivent bien y réfléchir avant de prendre leur décision -processus auquel nous nous sommes consacrées depuis de nombreuses semaines et de nombreux mois - car il s’agit d’une tâche lourde et se mettre d’accord sur le fait que les Etats-Unis s’affirment dans l’espace -ou le désirer- n’aura pas de sens si nous ne sommes pas prêts à accomplir cette tâche ni en assumer le poids pour en permettre la réussite. Si nous ne le sommes pas, nous devrions en convenir ce jour-même ou au cours de cette année

Une telle décision demande que nous nous engagions à un effort national majeur en termes de force de travail scientifique et technique, de matériel et de lieux, y compris en considérant qu’il nous faille soustraire de telles ressources d’autres activités importantes où, d’ailleurs, elles se trouvent déjà à la limite de leurs possibilités. Cela suppose un degré d’engagement, d’organisation et de discipline qui n’ont pas toujours caractérisé nos efforts en matière de recherche et de fabrication. Cela signifie que nous ne pourrons pas nous permettre des arrêts injustifiés de travail, une inflation des coûts des matériaux et des talents, des rivalités inutiles entre agences ou une valse excessive des personnels-clés

De nouveaux objectifs, de l’argent supplémentaire, à eux seuls, ne peuvent régler ces problèmes. Ils pourraient même, en fait, les aggraver sauf si chaque scientifique, chaque ingénieur, chaque militaire, chaque technicien, contractant et fonctionnaire s’engage personnellement par serment à avancer dans cette aventure enthousiasmante de l’espace avec toute la vitesse que permet la liberté [...]

Crédit : http://stars5.6te.net/

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NOTA
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On aimerait, aujourd’hui, un discours aussi retentissant pour un projet écologique de sauvegarde de la Terre. Il n’y a pas de plan B pour la Terre ont dit Nicolas Hulot et Emmanuel Macron !

Thomas Pesquet, Claudie Aigneret et les autres astronautes qui ont obervé la planète Terre depuis la station orbitale internationale ont été frappés par sa beauté et sa fragilité, petite boule isolée, "perdue", dans l’immensité de l’univers.

... Notre seul plan B - à long terme - à très long terme - reste néanmoins l’espace.
Les Américains se réintéressent à la Lune poussés par l’aiguillon des ambitions chinoises. L’Europe s’y intéresse aussi.
Nouvel objectif Lune, puis Mars, puis...?
Déjà Stephen Hawking réaffirmait en novembre 2006, lors d’une interview à la BBC, que "l’avenir de l’espèce humaine dépendait de sa capacité à coloniser une autre planète, hors de son système solaire" [ Harry Mac-Adam, "Search is Vital, Says Hawking," Sun, 28 décembre 2006 ; (Cité dans "L’incroyable Stephen Hawking" par Kitty Ferguson, Flammarion 2012 - ma lecture du moment).]

V.K.