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La fin des Chrétiens d’Orient ?

D 9 janvier 2018     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Minée par les persécutions, l’exil et le recul de ses droits, la communauté chrétienne va-t-elle disparaître du Moyen-Orient ? Un saisissant panorama de sa fragile condition dans cinq pays : l’Irak, la Syrie, la Turquie, l’Égypte et le Liban.

Au début du XXe siècle, un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien. Aujourd’hui, ils sont largement minoritaires (11 millions parmi 320 millions de musulmans). Chaque année, des milliers d’entre eux sont massacrés, souvent parce qu’on les assimile à un Occident qui, pourtant, ne les soutient guère. Peu à peu, ils disparaissent de la région qui a vu naître leur religion. Ils descendent en effet des premiers chrétiens qui fondèrent des communautés religieuses au cours du Ier siècle, quand l’Europe était païenne. Au VIIe siècle, ils ont accompagné l’avènement de l’islam. Cet ample et passionnant documentaire explore leur fragile condition dans cinq pays : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l’Égypte. D’une région à l’autre, leur position minoritaire les conduit souvent à s’allier au pouvoir en place en échange d’une protection incertaine.

"Pris en étau"

Les chrétiens d’Orient "ont toujours été pris en étau entre l’Occident d’un côté et l’islam de l’autre", résume l’historien des religions Jean-François Colosimo. En Irak et en Syrie, ils fuient en masse les persécutions de l’État islamique, qui cherche aussi à effacer les traces de leur culture. Le père Najeeb Michael raconte comment, de façon rocambolesque, il a sauvé des milliers de manuscrits et tableaux, en les embarquant dans des cartons lors de son exode. Décimée en Turquie par le génocide de 1915 puis par l’émigration, plus importante en Égypte mais endeuillée par de récents attentats, la communauté chrétienne n’obtient pas la reconnaissance officielle qu’elle attend des autorités des deux pays. Il n’y a qu’au Liban qu’elle est majoritaire et joue un rôle politique, même si elle a perdu une part de ses prérogatives après l’accord de Taëf de 1989. Au fil des interviews d’historiens, de politologues ou de dignitaire religieux, des séquences émouvantes auprès des réfugiés ou des communautés religieuses, se dessine un monde éprouvé mais aussi baroque, chaleureux et multiple, réparti en six rites différents : syriaque, byzantin, arménien, chaldéen, copte et maronite. Le film permet de revisiter des pans d’histoire édifiants, du partage désastreux du Moyen-Orient entre l’Angleterre et la France, qui continue de peser sur la région, à l’échec du panarabisme en passant par la façon dont le clan Al-Assad a instrumentalisé les religions. Il rappelle aussi que la présence des chrétiens ou d’autres minorités religieuses, comme les yézidis, garantit un reste de pluralité culturelle dans une région que les juifs ont dû quitter. Enfin, le documentaire met en exergue l’esprit de résistance des chrétiens d’Orient et leurs efforts pour préserver leur culture.