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Actualité éditoriale de Voltaire

D 30 décembre 2015     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Viennent d’être républiés aux éditions de L’Herne Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète et Du Coran et de la loi musulmane (extrait de l’Essai sur les mœurs), deux textes de Voltaire écrits à une vingtaine d’années de distance (1736 et 1756) .
Ajoutons la réédition de De l’horrible danger de la lecture et autres invitations à la tolérance (1765) en mai 2015 et une nouvelle biographie de Voltaire par François Jacob parue en octobre en Folio.
Annoncée également la réédition le 1er janvier 2016 du Traité sur la Tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas (1763), avec une postface de Philippe Sollers et, le 7 janvier, de L’affaire Sirven.

En 1736, Voltaire écrit une pièce, représentée pour la première fois en 1741, et qui se verra interdite quelques années plus tard : Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète.

Mahomet a acquis une grande puissance lorsque débute la pièce, mais parmi ses ennemis figure le dirigeant de la Mecque, Zopire, dont Mahomet avait enlevé les enfants des années auparavant. Il arrive à la Mecque avec son armée et influence le jeune Séide, en lui promettant la main de la belle esclave Palmire s’il tue Zopire…

Il semble que Mahomet n’ait formé un peuple que pour prier, pour peupler, et pour combattre.
Toutes ces lois qui, à la polygamie près, sont si austères, et sa doctrine qui est si simple, attirèrent bientôt à sa religion le respect et la confiance… Cette religion s’appela l’Islamisme, c’est-à-dire résignation à la volonté de Dieu ; et ce seul mot devait faire beaucoup de prosélytes. Ce ne fut point par les armes que l’Islamisme s’établit dans plus de la moitié de notre hémisphère, ce fut par l’enthousiasme, par la persuasion, et surtout par l’exemple des vainqueurs, qui a tant de force sur les vaincus.

Voltaire

Editions de L’Herne

« Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines. »

Avec une ironie mordante et une finesse qui fait mouche, Voltaire fustige la bêtise et la barbarie : dans un grand éclat de rire, il nous invite à la bienveillance et au respect des autres.

« Les hommes sont des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue. »

Qui est exactement Voltaire (1694-1778) ? Est-il d’abord le défenseur des Calas, Sirven, La Barre, c’est-à-dire l’apôtre de la tolérance, celui dont le nom, encore aujourd’hui, mobilise les foules sur toute la planète ? Est-il surtout, avec son Siècle de Louis XIV et son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, le promoteur d’une nouvelle écriture de l’Histoire ? Doit-on le considérer comme le plus grand tragédien de son siècle, l’égal, à son époque, de Racine et de Corneille ? Peut-on oublier qu’il fut un financier hors pair, voire un véritable homme d’affaires ? N’a-t-il pas été consacré, sur la fin de sa vie, seigneur de village ? Et qui d’autre que lui est devenu, au siècle des Lumières, l’icône de tout un peuple ? C’est de cet homme, et de ce peuple, qu’il est ici question.

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Convaincu de l’innocence de Calas exécuté en 1762, Voltaire met sa plume au service de la justice pour demander sa réhabilitation. Le négociant huguenot était accusé du meurtre de son fils qui voulait se convertir au catholicisme.
Avec une ironie mordante et un style inimitable, l’écrivain plaide pour le respect des croyances et l’esprit de tolérance.
Une réflexion très actuelle sur le système judiciaire, la responsabilité des juges et les effets pervers des lois.

La postface de Sollers
Folio

Janvier 1762 : le corps d’Élisabeth Sirven est retrouvé dans un puits. Après une enquête à charge, les parents, protestants établis près de Castres, accusés de l’avoir tuée parce qu’elle s’était convertie au catholicisme, sont condamnés à être pendus. Convaincu de leur innocence et révolté contre une sentence « si absurde », Voltaire s’empare de l’affaire.
Puisque il n’y a qu’« une famille entière réduite à la misère, cela ne vaut pas la peine qu’on en parle », ironise-t-il. Il en parlera pourtant avec obstination : pendant sept ans il refera le chemin qui l’a mené à la réhabilitation des Calas – autres protestants condamnés pour infanticide –, avec les mêmes étapes, et le même succès. Les Sirven sont acquittés en 1771.
À l’occasion de l’affaire Sirven, Voltaire rédige un nouveau Traité sur la Tolérance : l’Avis au public sur les parricides (1766), qu’on retrouve ici accompagné de ses lettres aux avocats et parlementaires en charge du dossier. Il grave ainsi, pour toujours, ce fait divers dans sa lutte contre le fanatisme, la superstition et l’intolérance.