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La Chine : Un capitalisme bureaucratique : Forces et faiblesses, un essai de Au Loong Yu

D 30 août 2014     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Comment voit-on la Chine en Occident, et plus particulièrement, en France, aujourd’hui ? Au mieux, à travers les écrits de Simon Leys et ses Essais sur la Chine (Laffont, Bouquins, 1998 [1]). Mais c’est souvent en oubliant que Leys était avant tout un homme épris de justice et de liberté qui partageait largement la conception du monde d’un Orwell à propos duquel il écrivait dans Orwell ou l’horreur de la politique (1984) :

« On ignore trop souvent que c’était au nom du socialisme qu’il avait mené sa lutte antitotalitaire, et que le socialisme, pour lui, n’était pas une idée abstraite, mais une cause qui mobilisait tout son être, et pour laquelle il avait d’ailleurs combattu et manqué se faire tuer durant la guerre d’Espagne. [2] »

Quant aux spécialistes occidentaux de la Chine (sociologues, politologues), si leurs analyses factuelles ne manquent pas d’intérêt, leur « conception du monde » est souvent celle des « démocraties libérales ». C’est dire leurs limites implicites.
On lira donc avec intérêt ce que pensent les Chinois eux-mêmes ou, du moins, certains d’entre eux, et, par exemple, La Chine : Un capitalisme bureaucratique : Forces et faiblesses, un petit essai paru il y a quelques mois aux éditions Syllepses, écrit par Au Loong Yu, un auteur chinois qui vit à Hong Kong, « un observateur engagé, partisan d’un socialisme démocratique radicalement débarrassé des dérives staliniennes et totalitaires, et un activiste des droits sociaux en Chine », nous dit le préfacier. Il renouvelle l’approche des contradictions et des transformations de la société chinoise en analysant les formes de résistance qui secouent le pays.


- Comment la bureaucratie chinoise a épousé le capitalisme
- Luttes sociales et écologiques dans le plus grand atelier du monde
- Où va la Chine ?

Au moment même où l’Union soviétique s’écroulait, la Chine se jetait dans les bras du capitalisme. Le régime bureaucratique chinois ouvrait ses frontières aux investissements étrangers, privatisait des pans entiers de l’économie et maintenaitson régime coercitif d’une main de fer.

Licenciements et nouvelle pauvreté sont devenus le lot quotidien de centaines millions de Chinois qui ne sont pas restés pas sans résister. Entre stalinisme et business, quelle est la vraie nature de ce régime
chinois ?
Avant 2020, la Chine sera devenue la première économie mondiale. Ces trente dernières ont vu des bouleversements colossaux transformer ce pays essentiellement paysan. Désormais la majorité de la population chinoise vit dans les villes. Alors que la chute de l’URSS avait vu la disparition du Parti communiste et l’effondrement de sa mainmise sur la société, la classe bureaucratique chinoise au pouvoir a fait le choix risqué d’entamer un « grand bond en avant » vers le capitalisme tout en maintenant le régime d’État-parti unique.
Ces évolutions ont profondément transformé la société. Au sommet, des fortunes colossales se sont accumulées et la corruption est devenue endémique, en bas l’exploitation que ce soit dans les entreprises privées ou d’État s’est intensifiée, les dégâts sociaux et écologiques sont innombrables. La couche dirigeante, âpre au gain, a organisé l’entrée de capitaux étrangers à son plus grand profit. Elle a méthodiquement pillé les biens de l’État et détourné des fonds publics pour accumuler des richesses.
L’écrasement à Tiananmen en 1989 du mouvement démocratique initié par le mouvement étudiant [3], vite rejoint par des centaines de milliers de travailleurs dont certains fonderont un syndicat indépendant, a permis à la couche dirigeante bureaucratique
chinoise, profitant de la démoralisation de la société civile née de l’écrasement du mouvement pour la démocratie, de procéder à des contre-réformes économiques et sociales qui ont changé les bases mêmes de la République populaire de Chine.
Cette sombre période se clôt. Grèves et révoltes individuelles se multiplient. Un mouvement social se fait jour. La Chine est la veille de nouveaux bouleversements. L’ouvrage revient sur ces transformations et dresse un bilan détaillé de ces années. Après avoir étudié les réformes mises en
oeuvre par Deng Xiaoping, il se penche sur les contradictions qui agitent la bureaucratie chinoise et le capitalisme bureaucratique auquel elle a donné naissance.
Il analyse également, à partir de cas concrets, les différentes formes de résistance sociale qui secouent, parfois violemment, les entreprises chinoises d’État ou privées et la campagne face aux spoliations des terres.
Enfin, il revient sur la politique du Parti communiste chinois à l’égard du Tibet et dénonce sa politique d’assimilation forcée du peuple tibétain.

L’auteur

Membre du conseil éditorial du China Labor Net et du Globalization Monitor basés à Hong-Kong, il est le principal auteur
du livre {No Choice but to Fight : A Documentation of Chinese Battery Women Workers’Struggle for Health and Dignity} pdf (« Aucune autre alternative que la lutte. Documents sur la lutte des travailleuses de
l’industrie de fabrication des batteries pour la santé et la dignité ») publié à Hong-Kong.
Il a également écrit dans divers journaux progressistes ou syndicaux aux États-Unis et en Europe.

Éditions Syllepses

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Lire aussi : Les bouleversements de la société chinoise vus par des Chinois
La place de la Chine dans le capitalisme contemporain : le débat marxiste
Les courants anticapitalistes en Chine. Le point de vue d’une philosophe (Zhang Shuangli de l’Université de Fudan à Shanghai)


[2Lire à ce sujet l’entretien récent de Jean-Claude Michéa Simon Leys, le fléau des idéologues.