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La grotte Chauvet, l’art des origines/La grotte des rêves perdus

D 24 avril 2014     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Dans Lascaux ou la naissance de l’art, Bataille écrivait en 1955 :

« Autrefois, la véritable naissance de l’art, l’époque à laquelle il avait pris le sens d’une éclosion miraculeuse de l’être humain, semblait beaucoup plus proche de nous. L’on parlait de miracle grec et c’était à partir de la Grèce que l’homme nous paraissait pleinement notre semblable. J’ai voulu souligner le fait que le moment de l’histoire le plus exactement miraculeux, le moment décisif, devait être reculé bien plus haut. Ce qui différencia l’homme de la bête a pris en effet pour nous la forme spectaculaire d’un miracle, mais ce n’est pas tellement du miracle grec que nous devrions désormais parler que du miracle de Lascaux. » [1]

La grotte de Lascaux a 17000 ans. Eh bien, depuis 1994, la découverte de la grotte Chauvet, en Ardèche, si elle ne remet pas en cause le jugement de Bataille, nous permet de remonter encore plus haut dans le temps : il y a plus de 30000 ans.

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Le panneau des chevaux, fresque de la grotte Chauvet-Pont d’Arc, dans l’Ardèche.
DRAC Rhône-Alpes/Ministère de la Culture et de la Communication.
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C’est une grotte immense, protégée du monde depuis 20 000 ans parce que le plafond de son entrée s’est effondré. C’est un sanctuaire incrusté de cristaux et rempli de restes pétrifiés de mammifères géants de la période glaciaire. Pourtant, ce n’est pas le seul trésor que ce lieu unique au monde avait à nous offrir…
En 1994, au sud de la France, les scientifiques qui ont découvert la grotte sont tombés, ébahis, face à des centaines de peintures rupestres, des œuvres d’art spectaculaires réalisées il y a plus de 30 000 ans — presque deux fois plus vieilles que les peintures rupestres les plus anciennes découvertes jusqu’alors. Ces dessins, ces oeuvres, ces témoignages exceptionnels ont été créés à l’époque où les hommes de Neandertal parcouraient encore la terre, en un temps où les ours des cavernes, les mammouths et les lions étaient les espèces dominantes sur notre continent.

Les premiers films réalisés sur la grotte Chauvet sont dus à Pierre Oscar Lévy.

La grotte Chauvet, l’art des origines

Film réalisé par Pierre Oscar Lévy

Produit par Ardèche Images Productions et Aune Productions.

La grotte Chauvet (Ardèche), sanctuaire paléolithique de l’art pariétal, contient les vestiges artistiques les plus anciens connus au monde. Leur âge est de 36.000 années soit deux fois plus vieux que les peintures de la grotte de Lascaux. Aussi, la grotte Chauvet possède environ 1000 dessins, gravures et peintures, dont 425 représentations pariétales animales. Les rares visiteurs peuvent y voir des mammouths, des rhinocéros laineux, des lions et ours des cavernes...etc, dont l’identification et l’esthétisme ont bouleversé les connaissances sur l’origine de l’art.


La grotte Chauvet, l’art des origines par Pole_Projet_Chauvet

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La grotte des rêves perdus

un documentaire de Werner Herzog

86’, 2011.

Interview du réalisateur par Michel Ciment.


Entretien de Werner Herzog sur la Grotte... par metropolitan_filmexport

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La bande-annonce

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Werner Herzog, envoûtant cinéaste des cavernes

par Jacques Mandelbaum

Werner Herzog, 68 ans et une soixantaine de films au compteur, est le cinéaste bavarois le plus explosif que l’on connaisse. De fictions en documentaires, d’Aguirre, la colère de Dieu (1972) à Grizzly Man (2005), ce baroudeur prométhéen, partenaire électif de l’halluciné Klaus Kinski, n’a jamais eu qu’un objet de prédilection : l’exploit. Artistique, sportif, scientifique, linguistique, mental, physique, peu lui chaut, dès lors qu’il met en jeu la tension, et souvent la folie, par laquelle l’homme cherche à dépasser ses propres limites. C’est qu’au bout de la chaîne, réussite ou échec, se tient toujours l’impénétrable mystère de notre présence au monde.

La Grotte des rêves perdus, son nouveau documentaire, joint l’exploit au mystère. L’exploit, dont Herzog peut et ne manque d’ailleurs pas de s’enorgueillir, consiste à avoir arraché aux autorités compétentes l’autorisation de filmer sans doute pour la dernière fois la grotte Chauvet.

Dernière, mais pas première, comme l’affirme un peu vite le film, puisque le réalisateur Pierre-Oscar Lévy l’y avait précédé dès 2000. Ce lieu situé en Ardèche, extraordinairement protégé en raison de sa fragilité, regroupe l’ensemble de peintures pariétales le plus ancien au monde, un trésor de l’humanité riche de quelque quatre cents oeuvres datant d’il y a plus de trente mille ans. De quoi faire passer les croquis de Lascaux, qui remontent à dix-sept mille ans, pour de l’art moderne.

Le mystère est quant à lui partout dans le film. Du miracle de la préservation de ces peintures jusqu’au signe fascinant que nous envoient à travers elles nos ancêtres Sapiens, en passant par la remise en question de la théorie sur le développement linéaire de l’art que cette découverte a suscitée.

Mystère encore, et sans doute le plus épatant de tous, que la manière dont Herzog transforme cette passionnante exploration pédagogique en une sorte de transe méditative ouverte sur la singularité originelle de notre espèce, seule pour une raison qu’on ignore à représenter le monde qui l’entoure. Découverte en 1994 par les spéléologues Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hillaire, la grotte doit la remarquable préservation de ses trésors à l’effondrement du plafond de son entrée, il y a vingt mille ans.

Son accès est depuis lors restreint à des missions scientifiques triées sur le volet, dont les experts sont régulièrement sollicités par le réalisateur. Témoignages passionnants, qui n’échappent pas toujours aux pointes d’humour du cinéaste, désireux de marquer la limite de la raison scientifique, telle cette démonstration calamiteuse du lancement de javelot paléolithique par un expert sympathique mais petit bras.

On découvre surtout, grâce à la caméra de Herzog, l’intérieur de ce sanctuaire interdit, à la beauté minérale, au parois ornées d’un riche bestiaire (une quinzaine d’espèces représentées). Les peintures reproduisent des scènes de chasse, de lutte, d’accouplement, qui semblent captées sur le vif, et témoignent d’une technique élaborée, qui joue de l’alliance entre le trait et la surface, avec des effets saisissants de perspective, de mouvement, de relief. Le cinéaste s’y attarde longuement, silencieusement, presque religieusement.

Il les filme de surcroît en 3D, dont l’usage au cinéma, eu égard à la multiplication récente des navets tridimensionnels, n’aura jamais été plus justifié, esthétiquement et conceptuellement.

Ce film magnifique invite les vivants que nous sommes à éprouver ce que les premiers morts de notre espèce ont voulu nous transmettre. Il permet aussi de comprendre que le plus profond témoignage de la conscience qu’a l’homme de sa présence énigmatique au monde passe par la création. Herzog, cinéaste mediumnique qui reconduit l’inquiétude de ces pionniers de l’image en mouvement, trouve là une définition de l’art à sa mesure. Le Monde du 30-08-11.

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Grotte Chauvet. Main négative.
L’homme a laissé sa trace en pulvérisant les pigments sur une main plaquée à même la paroi.
Photo Drac Rhône-Alpes.

Cette main se trouve sur le site de Sollers à côté des « mains de l’auteur ».

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Site de La grotte Chauvet-Pont d’Arc.

La grotte Chauvet dans l’émission Des racines et des ailles du 24 avril 2014.

A.G.

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