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Un peu de folie et de « contre-folie »

D 14 février 2014     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

par Isabelle Castéra

Publié le 14/02/2014

Venu présenter son livre, « Médium », paru chez Gallimard, Philippe Sollers a assuré le spectacle hier soir, sous le regard de Julia Kristeva.

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Philippe Sollers était de retour à Bordeaux
.© Photo G. Bonnaud

Cela aurait pu être une soirée très érudite, un peu ennuyeuse, mais pleine d’enseignements. Nous aurions sommeillé en prenant quelques notes, entre deux absences et un bâillement étouffé. À un détail près. Philippe Sollers était très en forme hier soir, couvé du regard par sa compagne Julia Kristeva, il a rempli sa mission d’écrivain iconoclaste. Chez Mollat, les habitués ne s’y trompent pas. Quel que soit le livre qu’il défend, avec Sollers, le spectacle est assuré. Jean-Marie Planes, critique littéraire rompu à l’exercice, a parfois capitulé face à la verve incontrôlable de l’écrivain.

« Médium », publié chez Gallimard sous la plume de Sollers ne fut pas forcément au centre des discussions. « Je raconte la folie des hommes, du monde d’aujourd’hui, la folie de l’argent, notamment, et à la fois je propose un manuel de contre-folie », résume l’écrivain. « Comment faut-il se comporter pour ne pas devenir fou. » Saint-Simon et Casanova sont convoqués. « Je suis élève de Saint-Simon, dit Sollers, comme l’était Proust de façon modeste, ou Céline. Saint-Simon a observé à Versailles les jeux du pouvoir, les complots, les assassinats, les intrigues en concentré. Le grand Stendhal a dit : ‘‘Les épinards et Saint-Simon ont été mes deux seules passions durables.’’ »

Cabotin et provocateur

Puis commencent les digressions sur les écrivains d’aujourd’hui, « les romanciers me gonflent, avec leur poésie misérable, ils n’apportent aucune lumière politique », les journalistes, les politiques qui préfèrent les actrices aux politiques, les histoires de scooter - « le bruit d’un scooter ne réveillera jamais le peuple » -, Julie Gayet et Elsa Zylberstein. « Je suis un écrivain du XXIe siècle, je m’occupe de l’essentiel de ce qui fait la société, même sur le plan technique. » Il claque ses doigts bagués, mouline l’air avec ses bras, vide ses verres d’eau les uns derrière les autres, lâche des regards complices à Julia Kristeva, psychanalyste et particulièrement amusée par la soirée. En fait, Philippe Sollers à Bordeaux, chez Mollat, ressemble au tonton facétieux de retour à la maison. Il cabotine, provoque, déclame des énormités pour faire rire autour de lui. Charme. Le public est plié en deux. Jean-Marie Planes tente de le ramener dans le droit chemin : son bouquin. Hélas. Revoilà Sollers qui s’amuse à décrire un repas à la Maison Blanche, avec Obama et Hollande. Il pouffe à la manière d’un enfant pris les doigts dans la confiture. Dans le public, une dame le questionne sur l’expression « le pénis est un parasite », écrite dans le livre. La réponse est irrésistible de drôlerie, entre Lacan et don de sperme. Fallait y être.

Isabelle Castéra

La vidéo de la rencontre

Extraits de Médium

La ronde des critiques