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De l’étrangeté du phallus / ou le féminin entre illusion et désillusion

D 8 juillet 2011     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

JULIA KRISTEVA

De l’étrangeté du phallus
ou le féminin entre illusion et désillusion

Lorsque J.-M. Hirt m ?a invitée à ces journées intitulées « Le Roc du féminin », je venais de voir l ?exposition « La voie du Tao, un autre chemin de l ?être » au Grand Palais. La portée psychanalytique de ce roc de la résistance qui défie la castration ? et l ?analyse - a immédiatement évoqué chez moi les premiers mots qui accueillaient le visiteur de l ?exposition. Il s ?agit d ?un hymne du tao, le texte le plus ancien d ?une encyclopédie datant du IIe siècle avant notre ère : vertigineux tissage de « plein » et de « vide », de « saillant » et de « creux » ? comme il se doit dans le pays du yin et du yang, écoutez :

« Source jaillissant du creux, peu à peu il remplit le tout. Flot limoneux et turbide, peu à peu il se clarifie. Dressé, elle/la source/ comble l ?espace entre ciel et terre, répandu, il /le roc/ recouvre les quatre mers. »

La simplicité de cette logique apophatique où la source se dresse et le dressé se répand, faisant « advenir l ?être » à partir du « sans forme », invite le chercheur occidental à une mise en question radicale de nos catégories philosophiques. Dans mon esprit, cette source qui se dresse a rencontré l ?interrogation de la psychanalyse freudienne, et postfreudienne, au sujet du dualisme et tout particulièrement de la position féminine face à l ?Un, au Phallus et au Père. Comme si ce « creux qui se dresse » et ce « dressé qui se creuse » esquissaient ? déjà ! ? une appréhension, spécifique à la civilisation chinoise, de ce « roc de la castration » que nous essayons de clarifier avec les outils propres à notre tradition.

Ne vous inquiétez pas, j ?abandonne ici la fable taoïste, pour m ?en tenir aux concepts analytiques qui nous guident dans notre souci de cerner la place de l ? « autre sexe » dans un mode de pensée construit à partir de l ?Un et pour l ?universel. Pour le dire autrement : du roc, en somme, une femme en est-elle, ou n ?en est-elle pas ? L ?a-t-elle, ou ne l ?a-t-elle pas ? Telle est la question.

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