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Pierre Guyotat, Arrière-fond

D 9 avril 2010     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Pierre Guyotat. Hélie/Gallimard
ZOOM : cliquer sur l’image

Arrière-fond

Présentation [1]

« Suite à Formation (2007) qui n’est pas du "souvenir d’enfance" comme on l’a quelquefois écrit, mais le récit de formation d’un enfant qui pense pouvoir consacrer sa vie à la création, j’ai voulu concentrer mes forces de mémoire, d’empathie et de poésie sur la quinzième année de mon âge.
On trouvera ici, entre autres faits — Dieu Créateur, Dieu Rédempteur, Vierges, conflit au père, amitié de la mère dans les prémices de sa disparition trois ans plus tard, Cosmos, Histoire, filles, femmes, garçons, filles encore, Nature, animaux, ruines de guerre, cirque, et surtout, avec la Poésie, le sexe de femme —, l’histoire, la description, l’explication d’une pratique, la "branlée-avec-texte" qui, depuis l’esquisse de sa description en 1972 dans "Langage du corps" (in Vivre) où je la signale comme déjà révolue, a suscité et suscite toujours des interprétations erronées, des déformations, voire des racontars réducteurs, quand ce qui l’animait alors se situait bien au-dessus et bien en dessous de ce qu’on croit.
Plutôt que de reprendre le courant chronologique de Formation, j’ai procédé ici par journées souvent longues et suivies de leurs nuits, comprises entre la fin de Juin et la fin d’Août de l’année 1955. »

Pierre Guyotat.

Lire la présentation du livre par Jacques Henric et l’entretien avec Pierre Guyotat, ce mal étrange de poésie, qui ont été publiés dans le n° 365 d’art press (mars 2010).

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Une théologie du désir

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Pierre Guyotat en 1952 (cliché BnF)
Art press 365

À 15 ans, Pierre Guyotat se rend en Angleterre, où il tombe amoureux d’Annick, une fille à peine plus jeune que lui. Dans la famille qui l’accueille, un garçon, Anthony, le harcèle, le provoque, l’incite à l’exhibitionnisme. Loin de fuir ces contacts et d’autres encore, il s’y prête, mais se dérobe, tentant d’approfondir en même temps le lien qu’il sent indissociable entre le plaisir sexuel et la création littéraire. Il est sous l’empire de ce qu’il appelle "l’arrière-fond", dont il veut comprendre le fonctionnement "pour le secouer et le faire venir en avant de (son) cerveau, dans (sa) pleine raison, ou le disloquer et le détruire".

Avec une parfaite simplicité, il décrit les habitudes obsessionnelles qui lui permettent d’éprouver une jouissance solitaire, au moyen d’une "défroque" ou "dépouille". Mais ce sont tous les tourments d’un adolescent, attiré à la fois par le corps sensuel et tendre d’une jeune fille troublante et par le corps masculin pareil au sien, que l’écrivain retrouve dans un long monologue au présent (qui suit parfois minute par minute, avec une précision hallucinante, hallucinée, ce séjour révélateur), intacts, et porteurs de ce qui sera l’inspiration des livres à venir.
Au-delà de scènes violentes (un viol collectif) ou admirablement inspirées (au cirque) et de la capacité qu’a Guyotat de faire renaître en lui son adolescence, c’est l’élaboration d’un tempérament poétique qui est en oeuvre. Il met en place, à la manière du plus grand Genet réflexif (celui d’Un captif amoureux ou de Journal du voleur) une théologie du désir. "Pour qu’un fait soit tout à fait un fait, il me faut y croire comme alors je crois encore en Dieu : de toutes les forces de mon esprit, de mon coeur, de mon âme, de ma mémoire. Est-ce de la nécessité innée que, depuis deux ans, je fais de la poésie ? De cette obligation aussi, que je mêle à égalité, dans le secret, l’acte, le produit de l’acte, et les mots qui le justifient ?"

René de Ceccatty, Le Monde des livres du 02.04.10.

Voir également : Le corps du texte.

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Pierre Guyotat : "J’étais dans l’hébétude"

Entretien avec René de Ceccatty

Voilà dix ans, avec Explications [2], et plus encore depuis Coma (2006), que Pierre Guyotat fait entendre une voix différente de celle avec laquelle il s’était imposé sur la scène littéraire à la fin des années 1960. Différente de celle de Tombeaux pour cinq cent mille soldats (1967), d’Eden, Eden, Eden (1970), ou encore plus dure, plus radicale, plus intense, de celle de Prostitution (1975). De tous ces livres qui l’avaient isolé à la fois d’un lectorat bien-pensant qui a crié au scandale et a même obtenu, dans la pire période de la répression éditoriale, une interdiction (finalement levée), et d’une critique que la distorsion de la syntaxe et du lexique académiques offensait ou ennuyait [3].

Malade, considéré même comme fou par certains psychiatres, Guyotat aurait pu connaître définitivement le destin d’Antonin Artaud. Il a retrouvé la santé, la sociabilité. Le soutien de ses amis, son obstination aussi à poursuivre son oeuvre "en langue", ainsi qu’il le dit, c’est-à-dire dans un français oral, mais soumis à une métrique savante, ont eu raison des jugements sottement moralistes et de diagnostics mentaux hâtifs. Il n’a donc pas renoncé à la série des livres qui lui avaient valu le plébiscite de Leiris, Barthes, Foucault, Sollers. Dont la censure avait provoqué des pétitions où se côtoient les noms de Pasolini, Derrida, Duras, Genet, Violette Leduc, Hélène Cixous, Pierre Klossowski, Denis Roche, Iannis Xenakis, François Mitterrand.

Il écrit encore "en langue" Progénitures (2000) et annonce Labyrinthe. Mais, parallèlement, il entreprend le récit "plus accessible", en français "normatif", de certains épisodes de sa vie. Arrière-fond en fait partie, après Coma [4] et Formation (2007). Mais il ne s’agit pas d’une autobiographie en bonne et due forme. Certes, le père médecin, autoritaire et bienveillant, sévère et aimant, est là, figure incontournable, mythifiée. La mère, élevée en Pologne, raffinée, attentive, participant à l’élaboration d’une culture poétique et musicale de l’enfant. Et le surgissement d’une sexualité tourmentée et poétique qui sera le sujet plus précis de cet Arrière-fond.

On hésite à interroger un écrivain qui s’est souvent expliqué sur son rapport à la langue inventée, aux événements fondateurs de sa vie, aux déboires éditoriaux et politiques qu’ont rencontrés ses publications, à la maladie qui faillit le rendre mutique. Au lien entre l’écriture et la masturbation, qu’il appelle crûment la "branlée avec texte". A sa "virginité" longtemps maintenue, à son refus de tout partenaire sexuel. Dans Littérature interdite (1972) puis dans Vivre (1984), il s’est exprimé sur la genèse de son oeuvre. Mais il accepte, dans l’intimidant bureau de Claude Gallimard qu’on lui réserve, de répondre à nos questions, avec une douceur et une clarté qui tranchent tant sur l’idée que l’on pouvait se faire d’un écrivain de l’éructation, du viol, du sperme, du sang, de la prostitution.

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Sans doute, l’évocation de cet été 1955 et d’une adolescence rayonnante, curieuse, prête à aimer, craignant de se faire aimer, ajoute-t-elle à la sérénité de l’écrivain. Ce livre, il l’a dicté à une amie peintre, tous les matins, pendant six ou sept mois. Et les séances ont été filmées. Il s’est observé à l’écran avec étonnement :

« On ne voit rien. Pas de rougeur. Tout se passe à l’intérieur. On dit toujours "le corps, le corps", c’est idiot ! Je n’ai pas l’impression que quelque chose change dans mon corps quand je "parle" ce genre de texte. Rien n’en transparaît, sinon la peur. Dans le cas des textes "normatifs", une certaine angoisse, la même que celle d’un acteur. J’ai fait un peu de scène, je sais ce que c’est. Du trac. Le trac, ce n’est pas la peur du public, c’est la peur de ne pas être au maximum de ce qu’on croit pouvoir faire. Une peur devant soi. Pour les textes "en langue", j’entre dans un univers extrêmement matériel, excrémentiel, poisseux. Là, c’est autre chose, un désir sans limite. Là, c’est moins une peur d’aborder ce sujet que d’avoir à chausser le cothurne. Je ne change pas de langue, mais il y a une prise en compte très différente du mot, il y a la rythmique qui est désignée, mesurée, métriquement mesurée. Comme une peur de musicien. Peur de devoir prendre le grand registre. »

Qu’a-t-il fait pour faire resurgir l’adolescent qu’il a été ? A-t-il craint que l’adulte qu’il est devenu ne soit plus en accord avec un garçon de 15 ans qui s’appelait Pierre Guyotat, mais n’était pas encore Pierre Guyotat ?

« C’était une occasion magnifique de consolider tardivement cette période qui m’apparaît plus ferme que je ne l’avais cru en la vivant, à cause des récriminations du monde adulte qui guette le petit bonhomme. Mon père n’a jamais cessé de me reprendre. Jusqu’à sa mort, j’étais un enfant pour lui et j’avais 31 ans ! J’ai éprouvé un grand enthousiasme à retrouver, non pas moi, mais cette période-là. Je ne suis jamais au-delà de ce que je pense que je pouvais penser à cet âge-là. J’aurais pu chercher plus profondément dans la valise. Avec tout ce que je sais. Avec tout le confort moderne, si je peux dire, hein ? Mais j’ai voulu rester dans ce qu’alors j’étais capable de penser de moi et des choses. Je me disais — c’est peut-être très orgueilleux ! — que, si j’ai pu obtenir de la langue ce que j’en ai obtenu par la suite, c’est que déjà à ce moment-là, à 15 ans, je pouvais penser des choses assez profondes, et les éprouver profondément. »

Il était, dit-il, "dans l’inexistence", mais aussi "dans l’hébétude" : contemplation éblouie d’un paysage, relecture infinie du même poème qu’il recopie sur du papier Canson cousu artisanalement, de l’écoute répétitive de la même musique. Avec une volonté poétique irrépressible, où se mélangent Les Hauts de Hurlevent, Schumann, Fra Angelico, Jean-Paul Richter. " Un autre Paradis se développe en moi. "

Le Monde des livres du 02.04.10.

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Entretiens sur France Culture

1. L’atelier littéraire, 4 avril 2010.

Invités :
Pierre Guyotat. Ecrivain.
Marianne Alphant. Critique littéraire, écrivain.
Tiphaine Samoyault. Critique littéraire, écrivain et enseignante.
Alain Nicolas. Critique littéraire au journal L’Humanité.

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2. Du jour au lendemain, 4 juin 2010

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Pierre Guyotat l’insoumis

Hors champs, 27 au 31 décembre 2010.
Une série de cinq entretiens avec Laure Adler.

L’enfance.

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La guerre d’Algérie.

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Le retour en Algérie.

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Les années road movie. Le combi Wolkswagen.

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Lecture d’un extrait d’Arrière-fond.

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Archives A.G.

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Entretien avec Sylvain Bourmeau

Mars 2010, dans les jardins de la rue Sébastien Bottin.

S’il récuse le terme d’écrivain, lui préférant celui d’artiste, Pierre Guyotat est à 70 ans un monument de l’histoire littéraire contemporaine — l’un de ces auteurs dont chaque livre, depuis le début des années 1960, a constitué un événement.

Dans ce premier volet de l’entretien, il revient sur l’habitude de soi, son sentiment biographique et sa trajectoire, il explique combien la littérature est une aventure, pas une carrière. Plus sur www.mediapart.fr

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Dans cette deuxième partie, Pierre Guyotat se souvient de sa première lecture publique lors du colloque Artaud-Bataille de 1972 à Cerisy [5]. Il évoque aussi ce qu’il appelle la "branlée-avec-texte", un geste unissant le sexe et l’écriture. Il explique aussi son rapport à la vocalité littéraire.

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Dans cette troisième partie, Pierre Guyotat revient sur l’expérience de mai 68, vécu en décalé mais suffisamment intensément pour être arrêté deux fois. Cette "fête" n’a pour lui pas abouti politiquement, mais sur un plan culturel et sociétal.

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Dans cette quatrième partie, Pierre Guyotat revient sur son rapport à la politique et surtout sur son expérience de la guerre d’Algérie. Il publia cinq ans après la fin d’un conflit auquel il prit part comme simple soldat (et se rebella) ce qui demeure le grand texte littéraire sur la guerre d’Algérie : Tombeau pour 500.000 soldats.

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Dans cette cinquième et dernière partie, Pierre Guyotat il revient sur la guerre d’Algérie, et notamment des moments dont il a peu parlé avant comme le putsch des généraux de 1961 ou la toute fin de la guerre. Plus sur www.mediapart.fr

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Entretien avec Laure Adler et Bruno Racine

Le Cercle littéraire de la BnF, 3 mai 2010.

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Leçons de Pierre Guyotat sur la langue française

Université Paris VIII

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Alain Veinstein reçoit Pierre Guyotat

De 2001 à 2004, Pierre Guyotat a donné à l’université Paris-VIII Saint-Denis, dans le cadre de l’Institut d’Études Européennes, devant un auditoire composé de jeunes étudiants en grande partie étrangers, un cours d’« Histoire de la langue française par les textes », qui est ici retranscrit dans sa quasi-intégralité.

Lectures commentées, éléments d’une pensée de la langue et de l’Histoire, récits de la vie intérieure, sociale, politique, des grands auteurs et de la scolarité de Pierre Guyotat, dans la continuité de ses derniers livres, Formation et Arrière-fond (lire le dossier ci-dessus), permettent de renouveler l’idée que l’on se faisait des grands textes classiques et, en offrant une vue unique de la relation que l’auteur d’Éden, Éden, Éden (lire, sur pileface, Pierre Guyotat, tel quel) entretient avec eux, de remonter aux sources d’une oeuvre, la sienne, qui ne cesse de s’inventer.

L’ensemble forme une anthologie à la fois intime et universelle : parcours de savoir et d’imagination dans l’Histoire de la France et de l’Europe, et au-delà - le Nouveau Monde, l’Empire ottoman, la Chine... Du Serment de Strasbourg à Paul Claudel, de Rutebeuf à Buffon, de Montaigne à Tocqueville, de la science à la peinture, à la musique, à l’architecture et aux lois, d’Ézéchiel à l’Henry V de Shakespeare, c’est toute une tradition occidentale qui est ici exposée librement et liée à l’actualité immédiate, par un des créateurs les plus puissants du dernier demi-siècle.

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Pierre Guyotat, la langue qui court

par Mathieu Lindon

De 2001 à 2004, Pierre Guyotat a donné des leçons à l’université Paris-VIII en tant que professeur associé sans titre dans le cadre de l’Institut d’études européennes (la plupart de ses élèves n’étaient pas français). Ces textes ont été publiés au fil des numéros de la Revue littéraire, et une grande partie est recueillie dans les Leçons sur la langue française qui paraissent aujourd’hui, car c’est plus la langue que la littérature qui l’intéresse.

Il s’agit de transcriptions de la parole de Pierre Guyotat, de sorte que le style n’est pas du tout celui, châtié, habituellement propre à ce genre d’entreprise. Au demeurant, l’écrivain parle aussi de lui, prenant au maximum ses distances avec l’université, où il raconte avoir mis les pieds pour la première fois « dans des circonstances particulières », en Mai 68, à 28 ans, «  et j’y suis entré en tant que déjà auteur », après la publication de Tombeau pour cinq cent mille soldats. Paradoxalement, tout se passe comme si Guyotat voulait enseigner à ses auditeurs à devenir autodidactes.

Enfant, avec ses camarades, il reproduisait les batailles. « Dans ce théâtre, il y avait tous les conflits qui existaient entre nous, qui étaient extrêmement nombreux, bien entendu, parce qu’il n’y avait aucun exutoire autre que ça pour régler les différends. » De Rousseau, il dit qu’« il a fait des études par moments, un peu à sa fantaisie ou à la fantaisie des autres », le décrit comme « un autodidacte complet », d’où viendrait sa force par rapport à ses contemporains (et aussi, un temps, sa faiblesse). Apparaissent dans le volume la langue et la littérature françaises selon la fantaisie de Pierre Guyotat. « Bien sûr, mes choix sont très personnels et quelquefois hasardeux, par exemple quand un livre me manque ou que je n’ai pas envie de lire tel auteur — fût-il un auteur important. » Aucune volonté d’exhaustivité n’anime l’écrivain (« ce serait sans fin »).

Leçons sur la langue française comporte près de 700 énormes pages, mais la majeure partie d’entre elles sont constituées de textes de grands auteurs des siècles passés que lit durant les séances Pierre Guyotat, lequel est un excellent lecteur, et qui sont ici reproduites. Il parle des Serments de Strasbourg et du Code noir, de Flavius Josèphe et Edward Gibbon, Tite-Live et Abou Nawas, Stendhal et Buffon, Rabelais et André Chénier, Diderot et Chateaubriand, Musset et Voltaire, Michelet et Ronsard, Tocqueville et Rétif de La Bretonne... On découvre comment Proust est le contraire de Corneille, de même que Montesquieu est celui de Saint-Simon qui, lui, « parle de la politique avec beaucoup de nonchalance ». Il peut en revanche rapprocher Chénier et Hölderlin, Saint-Simon et Dostoïevski. Il y a une sorte de désinvolture engagée dans les lectures de Pierre Guyotat, qui interrompt régulièrement l’auteur qu’il est en train de citer pour des apartés divers : « C’est très beau » ou « C’est magnifique ». Il lui arrive aussi d’avoir des interventions inattendues, par exemple quand Chateaubriand, « qui n’est pas du tout apprécié à l’Université », évoque un moment « les traînards » et que le lecteur commente : « Ce sont toujours les plus dangereux, dans une armée. » « Belle phrase », dit-il aussi après avoir lu celle-ci, de Chateaubriand également : « Comme des crimes se sont trouvés mêlés à un grand mouvement social, on s’est, très mal à propos, figuré que ces crimes avaient produit les grandeurs de la Révolution, dont ils n’étaient que les affreux pastiches : d’une belle nature souffrante, des esprits passionnés ou systématiques n’ont admiré que la convulsion. » Il dit de Mathurin Régnier : « C’est un drôle de personnage. Il a vécu uniquement de ses poésies. Du reste, il est mort assez jeune. » On apprend aussi que le petit Pierre Guyotat chanta du Clément Marot.

Les préoccupations de l’écrivain quant à son propre travail sont évidemment présentes tout au long de cette anthologie commentée. Lui plaît, dans la Chanson de Roland, comment Roland, Olivier, Charlemagne, toutes ces « personnes d’une force certaine », s’évanouissent couramment. « Après la pâmoison, il y a éventuellement des complications et des raffinements psychologiques, mais c’est très rare. Moi, ça m’intéresse beaucoup. On est saturé de psychologie, dans le monde occidental, et c’est bien qu’il y ait des choses extrêmement simples, comme ça. » Il y a aussi le moment où Pierre Guyotat évoque l’enfant qui « ne sait pas encore bien qu’il y a une vie extérieure à lui, une vie extérieure à cette étrange vie intérieure qui est en nous ». « D’où l’intérêt, quand on est enfant et qu’on vit à la campagne, d’attraper les animaux et de les faire vivre devant soi. » Les voir boire, manger, dormir, comme il faisait avec ses frères, ses soeurs et ses copains. « Quand nous en attrapions, nous voulions qu’il vive toute sa vie, le maximum de sa vie, devant nos yeux.  » Il faut voir «  un maximum de vie » pour comprendre ce qu’elle est. « C’est vraiment une obsession : on les force à vivre, comme si c’étaient des acteurs. »

Mathieu Lindon, Libération du 8 décembre 2011.

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[1Gallimard, mars 2010.

[22000. Réédité en 2010, Editions Léo Scheer. Le reste de l’oeuvre est publié chez Gallimard. De nombreux titres sont disponibles dans les collections de poche "L’Imaginaire" ou "Folio".

[3Voir notre précédent dossier Pierre Guyotat, tel quel.

[4Prix Décembre 2006.

[5Colloque dirigé par Philippe Sollers.

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